Le foyer domestique et le foyer national. — Institution des Vestales. — Prise de la Vestale. — Service de cette prêtresse. — Émilia. — Les Pénates de Rome. — Le feu sacré pendant l'invasion gauloise. — La fontaine d'Égérie. — Tarpeia et les Sabins. — Le far. — La Vestale aux fêtes religieuses. — Ses privilèges. — Les funérailles d'une vivante. — Les Vestales condamnées. — Pitié que doit inspirer la Vestale, coupable. Sous le toit de chaume ou de tuiles qui, au temps de la fière pauvreté romaine, couvre cette humble maison de briques crues ou de bois qu'habitent même le roi, le sénateur, l'atrium est le point central où se groupent les membres de la famille. Tous se réunissent autour de l'autel qui s'y élève : la pierre du foyer. C'est l'autel de Vesta ; Vesta que les Romains considèrent comme le plus grand des Pénates et comme la déesse de ce feu qui est l'indispensable élément de la vie matérielle. Le foyer, où se rassemble la famille entière, devient ainsi le symbole de son existence morale. La chaste matrone, associée aux fonctions religieuses du chef de famille. a sa place ordinaire près de cet autel qui, nous le verrons plus loin, est bien réellement pour elle le foyer d'où rayonnent son activité laborieuse, sa tendre sollicitude d'épouse et de mère, ses fortes vertus et ses grands sentiments ; le foyer où convergent l'amour et la gratitude que lui témoignent les objets de son attachement et de ses soins. La flamme, qui échauffe et assainit, représente donc ici le feu sacré du travail, le feu sacré des saintes affections de la famille, le feu sacré du bien. Dans l'éclat de cette chaude lumière, la matrone nous révèle le sens de cette expression : la femme, gardienne du foyer ! Devant l'autel domestique sont aussi vénérés, non-seulement les Pénates inférieurs à Vesta, mais les esprits des ancêtres, les Lares. Et les traditions du passé sont ainsi confiées à la femme avec les soins du présent et les espérances de l'avenir. L'atrium verra naître les enfants de la matrone. Dans ce sanctuaire s'ouvrira le regard de la jeune fille ; elle y fera ses premiers pas ; elle y sera initiée au culte paternel, et, de même que son innocence soutiendra la vie morale de sa famille, de même aussi sa pure main alimentera au foyer la flamme où nous venons de reconnaître le symbole de cette existence domestique. C'est dans l'atrium enfin que la vierge se préparera à être la gardienne d'un autre foyer. Mais avant de suivre la femme dans sa vie habituelle, pénétrons dans un plus auguste atrium que celui de la maison romaine : l'atrium de Vesta, l'atrium royal, la Regia. Aux premiers temps de Rome, la Regia est le siège de la royauté dans sa mission sacerdotale : le roi et la reine y viennent invoquer les dieux protecteurs de l'État. Cette demeure qui, aux yeux des Romains, est tout imprégnée d'une double majesté divine et terrestre, cette demeure est la résidence des vierges qui sont chargées d'entretenir un autre feu que celui du foyer domestique : le feu sacré de Rome. Dans un édifice voisin de la Regia, remarquable par sa forme circulaire, brille la flamme sacrée qui, tout à l'heure emblème de la première des sociétés, la famille, représente maintenant l'union des citoyens, la patrie. L'amour du pays, le fier sentiment de la gloire nationale, le sacrifice de soi-même et de tous les liens de famille au salut de l'État, la valeur militaire et le courage civique, telles sont les flammes généreuses et purifiantes que symbolise le foyer public de Vesta. Comme nous le disions, c'est à la femme qu'est confié ce gage de la grandeur romaine. La femme est donc à Rome, et la gardienne du foyer domestique, et la gardienne du foyer national. Ce feu sacré, privé ou public, ne semble-t-il pas emprunté au foyer de la révélation primitive ? Mais au jour où nous écrivons ces premières lignes de la Femme romaine, la fête de la Pentecôte nous rappelle qu'au-dessus du feu que vénéraient les Romains, il est une flamme plus haute, plus vivifiante, et qui nous apparaitra aux dernières pages de ce livre. C'est à la ville d'Albe, leur métropole, que les Romains empruntèrent le culte de Vesta et l'institution de ses prêtresses[1]. Suivant leurs traditions légendaires, le fondateur de leur cité avait dû la naissance à l'union de la Vestale albaine Rhéa Sylvia avec le dieu Mars[2]. L'alliance de la pureté virginale et de la force guerrière planait ainsi sur les origines de la ville éternelle. D'après l'opinion la plus répandue, Numa institua le collège des Vestales romaines. Quatre vierges composaient alors cet ordre ; mais Tarquin Priscus ou Servius Tullius en éleva le nombre à six. Pendant la royauté, le souverain lui-même élisait, ou plutôt, pour employer le mot propre, prenait la Vestale ; mais nous ne savons quelles étaient les cérémonies primitives qui accompagnaient la consécration de la prêtresse avant que fût promulguée la loi Papia. D'après cette loi, le grand Pontife, héritier du pouvoir religieux des rois, désignait de sa propre autorité vingt jeunes filles âgées de six à dix ans, et qu'il faisait concourir à l'office de Vestale. Chacune d'elles devait être douée d'une beauté accomplie et d'une intelligence d'élite, issue de parents que l'esclavage n'avait atteints ni dans leur naissance ni dans leur vie, et qui, tous cieux, devaient encore exister au moment où leur fille était proposée pour les fonctions de Vestale. Nulle imperfection morale ou physique, nul souvenir de servitude ou de deuil, ne devaient se rattacher au nom de la vierge qui pouvait être chargée de veiller à la fortune de Rome. Toute jeune fille dont la sœur était déjà consacrée à Vesta était exempte du concours ; et, par un privilège particulier à la classe sacerdotale, les filles de certains prêtres et les fiancées des pontifes jouissaient aussi de cette dispense. Parmi les vingt jeunes filles qu'avait mandées le -grand prêtre, et qui étaient réunies devant les comices, le sort désignait celle qui allait être vouée à Vesta. Alors, arrachant la vierge à ce pouvoir paternel qui, en toute autre circonstance, était inviolable à Rome, le Pontife suprême la saisissait par la main comme une captive de guerre, dit Aulu-Gelle. Et c'est ainsi que la cérémonie par laquelle on consacrait une jeune fille à Vesta s'appelait la prise d'une Vestale. En s'emparant de sa captive, le grand prêtre lui adressait cette formule solennelle : Amata[3], je te prends pour être Vestale, afin que tu fasses les sacrifices ; que tu uses de ce que la prêtresse Vestale a le droit de faire en faveur du peuple romain et des Quirites : que tu entretiennes le feu suivant la loi très-bienfaisante[4]. Après cette cérémonie, viennent les adieux que la nouvelle prêtresse fait aux jeunes filles qui ont échappé au fatal honneur que lui a réservé le sort. Désormais elle ne partagera plus les jeux de ses compagnes. Désormais elle ne grandira plus, comme celles-ci, sous l'aile protectrice d'une mère... Pour elle, plus de parures, plus d'espérances d'hyménée ! Avant de franchir le seuil de la Regia, elle suspend sa chevelure au lotos qui croit devant le temple de Vesta. Et vêtue de la stola, longue tunique aux plis traînants, la tête ceinte de bandelettes, elle pénètre dans le royal atrium où s'écouleront trente années de sa vie. Pendant les scènes auxquelles nous venons d'assister, que d'émotions devaient agiter les pères et les mères des jeunes filles assemblées... les mères surtout ! Pour ces femmes, que d'angoisses dans le moment suprême où le sort était interrogé sur le choix de la Vestale... nous allions dire de la victime ! Et quand le sort avait prononcé, qu'éprouvait-elle, la mère à qui l'on enlevait l'enfant de ses douleurs, l'enfant de son amour, et qui la voyait disparaître dans l'impénétrable asile où elle ne pouvait la suivre ? Peut-être une horrible vision de l'avenir lui montrait-elle alors sa fille frémissante de douleur et de honte sous la verge du châtiment... ou même... se tordant au sein de ce tombeau... qui d'ordinaire ne se referme que sur les morts... Mais quant aux mères que le sort avait épargnées dans leurs filles, avec quel ineffable soulagement elles devaient ressaisir dans leurs bras les enfants qu'elles avaient redouté de perdre ! Toutefois la crainte pouvait aussi troubler cette joie, car si, par son tige, la vierge était exposée à être de nouveau requise pour le concours des Vestales, sa mère avait la perspective de subir encore les tortures que lui avait révélées une première épreuve. Pendant les dix premières années de son ministère, la Vestale est initiée aux fonctions qu'elle exercera durant les dix années suivantes. Elle consacrera enfin les dix dernières années de son sacerdoce à l'instruction des novices. Alors elle sera libre. Elle pourra, si elle le veut, déposer les insignes de sa charge, se dépouiller de son caractère sacré, rentrer dans le monde et s'y marier. Il n'en était pas primitivement ainsi. Cette faculté fut accordée pour la première fois par une loi à la Vestale Tarratia qui, après l'expulsion des rois, avait généreusement offert au peuple romain le Champ du Tibre, ou Champ de Mars. Tarratia n'avait point usé de ce droit, qui fut depuis étendu à toutes les Vestales. Peu de ces prêtresses consentirent à reprendre leur liberté. Les vierges de Vesta ne pouvaient avoir moins de trente-six ans à l'heure où finissait leur mission, et cet âge était trop avancé pour l'hymen citez un peuple qui avait la faculté de marier ses filles à douze ans. Puis les austères habitudes auxquelles ces prêtresses avaient été pliées dès leur enfance devaient les rendre tout à fait étrangères à ce monde en dehors duquel elles avaient si longtemps vécu. Aussi, celles des Vestales qui sortirent de leur asile en éprouvèrent-elles de si vifs remords que leur exemple fut peu suivi. Les vierges de Vesta étaient soumises à la surveillance du grand prêtre. Assisté du collège des pontifes, celui-ci jugeait la Vestale qui avait failli à ses devoirs[5]. La plus âgée de ces prêtresses était nommée la grande Vestale, la grande vierge, la vierge très-ancienne, la vierge trois fois grande. C'était à elle qu'appartenait la présidence des sacrifices[6]. Ainsi que, dans la demeure paternelle, la jeune fille entretenait le foyer domestique, la Vestale entretenait le foyer public de Rome. A tour de rôle, les prêtresses de Vesta alimentaient nuit et jour le feu perpétuel, que l'on renouvelait tous les ans aux calendes de mars, et qui ne pouvait s'éteindre sans que cet événement fût pour les Romains l'emblème et le présage de leur ruine nationale[7]. La flagellation était le châtiment réservé à la vierge dont la négligence avait mis en péril les destins de l'État. Une gracieuse légende, dont nous ignorons la date, nous a été conservée à ce sujet. La Vestale Émilia a vu s'éteindre le feu commis à sa garde. Un honteux supplice l'attend. Mais, invoquant sa déesse, elle jette sur l'autel un bout de son blanc vêtement de lin... A ce contact, dit la fable, le feu renaît, et Vesta a sauvé sa prêtresse[8]. De même que la matrone avait sous sa surveillance, non-seulement le feu domestique, mais les autres Pénates de la maison, les Vestales avaient encore la garde de certains objets mystérieux renfermés dans le sanctuaire de leur temple, accessibles seulement aux pontifes et à elles, et qui, désignés par Tacite comme les Pénates du peuple romain[9], étaient, aussi bien que le foyer national de Vesta, considérés comme les gages de la prospérité publique. Parmi ces talismans figuraient, disait-on, et les Pénates de Troie, la première et légendaire métropole de Rome ; et ce Palladium que les Athéniens, eux aussi, croyaient posséder à l'Érechthéion. Au temps de cette invasion gauloise qui, d'après Tite-Live, a été annoncée par une voix surhumaine vibrant au-dessus du temple de Vesta[10] ; tandis que la jeunesse monte au Capitole pour défendre ce dernier asile de la liberté, tandis que les sénateurs, assis dans leurs chaises curules, attendent avec calme et l'ennemi et la mort, voici que le plébéien Albinius, qui se retire de Rome avec les bouches inutiles, rencontre, sur la pente qui va du pont Sublicius au Janicule, des femmes qui portent des fardeaux. Ce sont les Vestales qui, après avoir déposé un lieu sûr la plupart des choses sacrées, fuient Rome, emportant et le feu perpétuel et les objets les plus précieux de leur culte. Albinius s'émeut du contraste que forme sa situation avec celle des Vestales. Lui, le plébéien, il conduit dans un chariot sa femme et ses enfants ; et les plus augustes prêtresses de Rome marchent accablées sous le poids de ce que la patrie a de plus sacré ! Aussitôt cet homme fait descendre de son chariot sa propre famille, et y faisant monter les Vestales il les conduit à Céré[11]. Rome peut tomber : tant que survivront les derniers des Romains, les objets de leur culte seront vénérés[12]. C'est dans leur cité en ruines que les Vestales rapportent leur précieux dépôt. Mais là où brûle encore le feu sacré, la patrie peut ressusciter. Aussi Camille combattra-t-il avec ardeur le projet d'abandonner Rome pour Véies. Déjà, avant mate l'invasion gauloise, alors que le peuple souriait à la proposition de transporter à Véies la moitié des Romains, les patriciens, animés par Camille, avaient montré aux plébéiens tout ce qui devait les retenir à Rome, et au premier rang, le Capitole et le temple de Vesta ! C'est encore le souvenir du foyer national qu'éveille Camille lorsque, au milieu des ruines de Rome, il adresse ces paroles à ses concitoyens : Que dirai-je des feux éternels de Vesta, et du signe qui, gage de l'empire, est tenu sous la garde de son temple ?... Pour les Vestales, certes, unique est ce séjour, d'où rien jamais, excepté la prise de la ville, n'a pu les éloigner... Et tes Vestales t'abandonneraient, Vesta ?[13]... Puis, en terminant son pathétique discours, le grand citoyen ajoutait : Ici sont les feux de Vesta ![14] Les Vestales abandonnèrent cependant, un jour, avec leur temple, lés talismans de Rome. C'était pendant la première guerre punique. Le feu avait pris au temple, et les prêtresses fuyaient. Alors un grand pontife, un personnage consulaire, le vainqueur des Numides, Cécilius Metellus, s'élance au milieu des flammes... Il reparaît avec le Palladium ; mais il est aveugle[15] ! Pour purifier le temple de leur chaste déesse, les Vestales devaient, suivant les prescriptions de Numa, puiser l'eau de la fontaine consacrée à Égérie[16], cette nymphe que l'on disait la conseillère du roi législateur, et dont la légende témoigne que, de même que leurs frères de l'Inde et de la Grèce, les Aryâs de l'Italie attribuaient à leurs sources une vertu inspiratrice et fatidique[17]. La Vestale portait sur l'épaule ou sur la tête l'urne d'argile dans laquelle elle puisait l'eau du culte, et qui, ne pouvant être déposées terre avec son contenu, devait être pointue à sa base[18]. A une époque plus éloignée que celle qui est généralement attribuée à l'institution des Vestales romaines, nous voyons, dans la cité de Romulus, la Vestale Tarpéia allant puiser l'eau purificatrice. Ce fut alors que, rencontrant les Sabins qui marchaient sur Rome, Tarpéia leur vendit sa patrie, elle, la prêtresse du foyer national ! Fille du commandant de la citadelle, la Vestale introduisit l'ennemi dans la forteresse. Comme salaire de sa trahison, elle avait réclamé ce que les Sabins portaient au bras gauche et, dans sa pensée, c'étaient leurs anneaux enrichis de pierres précieuses. Mais les Sabins, soit pour empêcher qu'il ne fa dit que la prise du Capitole n'était pas due à leur valeur, soit pour témoigner combien eux-mêmes méprisaient la vile créature dont ils s'étaient servis, les Sabins jetèrent sur la prêtresse, non leurs anneaux, mais leurs boucliers d'or : le prix de sa trahison devint ainsi l'instrument de son supplice, et le théâtre de son forfait le lieu de sa sépulture[19]. La roche sur laquelle se passa cette scène tragique prit le nom de roche Tarpéienne. C'était de ce sommet que l'on précipitait les criminels. D'après une autre version cependant, Tarpéia aurait manqué de foi, non à ses concitoyens, mais à leurs ennemis mêmes. Elle aurait effectivement demandé aux Sabins de lui donner leurs armes, se réservant de livrer celles-ci à Romulus. Ce serait donc par un ressentiment personnel que les envahisseurs auraient écrasé la Vestale sous le poids de leurs boucliers. La statue qui fut élevée à Tarpéia dans le temple de Jupiter, le magnifique tombeau qui recouvrit ses cendres, les libations et les sacrifices qui furent annuellement offerts à ses mânes, témoigneraient en faveur de cette opinion que Tite-Live mentionne brièvement sans l'appuyer ni la combattre, et que Denys d'Halicarnasse accueille avec sympathie[20]. Nous avons suivi Tarpéia alors qu'elle puisait l'eau nécessaire au culte de sa déesse. Trois fois par au, le jour des Lupercales[21], le jour le plus solennel des Vestalia ou fêtes de Vesta, et le jour des ides de septembre, les prêtresses du foyer public avaient encore la mission de préparer le far pium, la farine sacrée qui était employée dans tous les sacrifices du culte, et servait à préparer le gâteau que devaient se partager les époux dans la forme la plus solennelle du mariage. Par la préparation du far, les Vestales contribuaient donc au culte de tous les dieux honorés par le paganisme romain. Elles participaient même d'une manière directe à plusieurs solennités autres que les fêtes de leur déesse : c'est que le feu de Vesta brûlant sur tous les autels, la déesse était invoquée dans toutes les cérémonies religieuses. Elle y présidait même avec Janus, l'antique dieu solaire. Mais avant de nous arrêter au rôle que joue la Vestale dans divers cultes, remarquons le costume qu'elle revêt lorsqu'elle sacrifie. La longue stola et un vêtement supérieur l'enveloppent de leurs chastes plis. Sur sa tête s'enroulent, autour du bandeau nommé citta, les flocons de laine blanche qui forment une couronne, l'infula. Sur cette coiffure repose le suffibulum, espèce de mitre blanche bordée de pourpre et retenue sous le menton par une fibule[22]. Les Vestales apparaissent dans quelques-unes de ces fêtes agricoles si chères au peuple qui, de la même main, savait tenir la bèche du paysan et l'épée du général, cultiver et défendre la terre de ses aïeux, la terre de ses enfants ; féconder à la fois, et de ses sueurs et de son sang, le sillon tracé par sa charrue ; unir et honorer enfin, dans le même type, les deux premiers serviteurs de la patrie : le laboureur et le soldat ! Les Vestales sacrifient à Ops Consivia, la déesse des semences et des moissons ; à Consus, dieu qui lui paraît analogue et qui semble encore présider à l'hymen ; à Tellus, la Terre féconde ; à Bona Dea, qui personnifie la même idée, et que les Romains vénèrent en outre comme une déesse qui protège la dignité de leurs femmes et la pureté de leurs filles. Pour sacrifier à cette déesse, les Vestales se rendent, au jour de sa fête, chez la femme du consul ou chez la femme du préteur[23]. C'est aussi une Vestale qui consacre le temple de Bona Dea[24]. Remarquons ici que, de même que le grand Pontife, ce n'est qu'au nom du peuple romain que la prêtresse de Vesta a le droit de faire une dédicace religieuse dans un lieu public[25]. Pendant les fêtes du dieu de la guerre, le jour des ides de mars, la grande Vestale, accompagnant le Pontife suprême, monte silencieuse au Capitole[26]. Tous deux pénètrent dans le temple consacré aux trois grands dieux : Jupiter, Junon, Minerve : et offrent au premier de ceux-ci un sacrifice, auquel participent les prêtres de Mars, les Saliens. Le salut de Rome, son existence même, la gloire de ses armes, la fertilité de son sol, la richesse de ses moissons, le bonheur de ses habitants, se rattachent ainsi, pour le peuple de Romulus, au ministère des Vestales. Aussi, que de privilèges leur sont accordés ! Sans perdre leurs droits de succession, elles sont soustraites à l'autorité paternelle[27], ce joug si sévère à Rome ! Du vivant même de son père, la prêtresse de Vesta a le droit de faire un testament[28]. Elle peut même disposer de ses biens sans l'intermédiaire d'un curateur[29]. Lorsque la justice invoque son témoignage, elle est, il est vrai, obligée de se rendre au Forum, mais elle n'est pas soumise à la formalité du serment[30]. Comme les Errhéphores athéniennes[31], les Vestales sont entretenues aux frais de la nation. De l'argent, des terres peuvent même être légués à leur ordre[32]. La Vestale traverse-t-elle la ville ? le consul et le préteur se rangent respectueusement sur son passage, et font abaisser leurs faisceaux devant la religieuse majesté de la prêtresse. L'homme qui oserait passer sous sa litière serait puni de mort. La Vestale voit-elle sur son passage un criminel qu'on mène au supplice ? elle a le droit de le sauver si toutefois elle jure que cette rencontre n'a pas été préméditée[33]. Les Romains pouvaient-ils ne pas céder à la voix miséricordieuse par laquelle eux-mêmes faisaient transmettre leurs vœux aux Immortels[34] ? Lorsqu'une Vestale meurt, ses restes sont déposés dans le Pomerium[35], le sillon qui limite l'enceinte de la ville. Ses cendres, se confondant ainsi avec la terre sacrée qui marque la frontière de Rome, semblent appelées à protéger encore la patrie que soutenaient naguère, aux yeux de ses concitoyens, la vigilance et la pureté de la Vestale. Oui, suivant l'expression que Plutarque met sur les lèvres de Tibérius Gracchus, il n'y avait rien de plus saint ni de plus vénérable[36] pour les Romains que les vierges qui entretenaient la flamme de leur vie nationale et civile. Mais par quelles lois terribles, inexorables, ils cherchent à préserver la vertu de la Vestale, cette vertu d'où ils voient dépendre la sûreté de l'État ! Transportons-nous au Forum. Est-ce bien là ce centre de la vie sociale et politique des Romains ? Les temples, les édifices, les établissements publics sont fermés.... Au milieu des rites funèbres, s'avance une litière que suit une famille en pleurs. Une foule immense se range sur le parcours du cortège, et, muette, terrifiée, se joint à la lugubre procession. Tout nous dit que l'on conduit un mort à sa dernière demeure, un mort dont le trépas a frappé de stupeur la ville entière... Oui, c'est bien un mort, car en vain nous approchons-nous de la litière, nul cri, nul gémissement ne parviennent à notre oreille... Il est vrai que cette litière est hermétiquement enveloppée de coussins serrés par des courroies, et que si un être vivant souffrait dans ce cercueil, sa plainte, étouffée, ne pourrait se frayer un passage..... Parvenue devant la porte Colline, le cortège gravit un monticule et s'y arrête : c'est le Campus sceleratus, le champ du crime. Une ouverture est pratiquée à la surface du sol, et dans cette fosse est posée une échelle qui permet d'y descendre. Les licteurs délient les courroies qui entourent la litière. Le grand prêtre est là, assisté du collège pontifical. Il élève les mains vers les cieux, et ses lèvres murmurent une mystérieuse prière ; puis il tire de la litière un corps de femme, revêtu des ornements funèbres et couvert d'un voile..... Spectacle plein d'horreur ! Cette femme vit et respire : c'est une Vestale qui a enfreint son vœu de chasteté ; c'est une Vestale qui, après avoir été condamnée par le grand prêtre et le collège pontifical, après avoir été dépouillée de ses insignes sacerdotaux, après avoir subi l'ignominieux châtiment de la flagellation, va être enterrée vivante au sein de ce tombeau dont elle a déjà senti les affres dans le cercueil qui l'a conduite au lieu de son supplice[37]. Le Pontife suprême place la condamnée au sommet de l'échelle qui mène à la tombe. Alors il se retire, et l'exécuteur public, accompagné de ses aides, fait descendre à la malheureuse femme les degrés du souterrain. C'est ainsi qu'elle pénètre dans une cellule qu'éclaire une lampe. Une couche y est placée c'est le lit funéraire qui attend la Vestale. On a déposé dans ce tombeau quelques provisions : du pain, de l'eau, du lait, de l'huile. Celle qui fut prêtresse de Vesta ne doit pas succomber sous les étreintes de la faim. A sa déesse seule appartient le droit de la faire mourir. Vesta est la même divinité que cette Terre qui recèle le feu dans ses flancs, cette Terre qui est le commun foyer des hommes ! Et la Vestale sera étouffée dans le sein de la déesse qu'elle a trahie..... Les bourreaux sont remontés. Ils enlèvent l'échelle, comblent de terre la fosse jusqu'à ce que le sol soit uniformément nivelé, puis ils s'en vont... Et rien, pas même une inscription, n'apprendra au passant quel est l'endroit sous lequel a été déposée la victime. Nulle libation funèbre ne sera faite pour honorer les pestes de la condamnée. Son nom et sa mémoire doivent périr avec elle[38]. Ah ! si la femme qui donna le jour à la Vestale a pu survivre au supplice de sa fille, de sa fille innocente peut-être, aura-t-elle jamais la force de passer devant le Campus sceleratus, cette terre maudite qui, après avoir dévoré son enfant, n'offre même pas à la mère un cippe sépulcral devant lequel elle se sente plus près d'une morte chérie ? Quelles heures affreuses devaient se succéder pour la condamnée avant qu'un secourable trépas eût terminé son agonie ! Les angoisses de la suffocation, la pensée du châtiment que subissait son complice qui était flagellé et mis à mort ; l'absence des parents qu'elle aimait et dont la séparait pour toujours un tombeau anticipé, tout faisait du supplice de la Vestale la plus épouvantable torture que puisse rêver une imagination en délire. Ainsi périrent Pinaria, qui subit la première ce supplice, sous le règne de Tarquin l'Ancien[39] ; Oppia, dont la faute avait paru appeler sur Rome la vengeance divine qui s'était manifestée par des prodiges, par des troubles civils et la guerre étrangère[40] ; Urbinia, qui avait particulièrement attiré sur son sexe le courroux des dieux[41] ; Minucia, qui, par l'élégance de sa parure, avait éveillé sur elle le soupçon[42] ; une autre enfui dont nous allons parler et dont le souvenir rappelle de tragiques événements. Au temps du désastre de Cannes, les Vestales Opimia et Floronia, accusées de s'être déshonorées, furent condamnées au supplice prescrit. L'une le subit ; l'autre y échappa en se donnant la mort. Les Romains, voyant sans doute dans le crime de ces deux prêtresses l'origine de leur défaite, cherchèrent à apaiser les dieux ; et, d'après les prescriptions des livres sibyllins, ils enterrèrent vifs deux couples d'innocents : un Gaulois et une Gauloise, un Grec et une Grecque[43]. Quelle que fût la cruauté qui, trop souvent, se mêla aux vertus des Romains, les sacrifices humains étaient rares dans leur culte. Il est permis de supposer qu'en cette circonstance le désespoir d'une défaite qui ne leur était pas habituelle leur fit perdre toute notion du sens moral. La Vestale Postumia éveilla les soupçons par la recherche de son ajustement et la vivacité de son esprit ; mais elle fut acquittée par le collège pontifical, non sans avoir reçu l'avis de ne jamais se départir, aussi bien dans son costume que dans son langage, de cette austère simplicité qui seule convenait au culte de sa chaste déesse[44]. Les lois qui châtiaient la Vestale infidèle étaient d'autant plus barbares qu'elles punissaient la violation de vœux que la prêtresse n'avait pas librement prononcés. Enchaînée à un sacerdoce pour lequel elle avait été arbitrairement désignée, belle et intelligente comme devait l'être toute vierge de Vesta, que de luttes pouvaient agiter son cœur si le besoin des affections domestiques venait à s'éveiller en elle ! Certes, si son âme était forte, sa vertu devait suffire pour la faire triompher dans ce combat intérieur, et la crainte du châtiment était superflue. Mais si la Vestale ne savait pas se vaincre, si dans sa faiblesse et son aveuglement elle oubliait plus encore que l'imminence du supplice : le respect d'elle-même.... certes elle était coupable, bien coupable ; et cependant quelle pitié ne mérite pas à nos yeux cette malheureuse créature à laquelle une tâche sévère avait été imposée, et qui, pour l'accomplir, ne pouvait s'appuyer sur cette foi ardente et éclairée que seule inspire la religion du vrai Dieu ! Mais il est temps de quitter l'atrium de Vesta, et de rentrer dans l'atrium domestique pour y retrouver la jeune fille qui n'a pas eu à échanger les douceurs du foyer paternel contre les périlleux devoirs du foyer national. |
[1] Tite-Live, I, 20. D'après
Varron, le culte de Vesta aurait eu une origine sabine. Preller-Dietz, Les
Dieux de l'ancienne Rome, Paris, 1865.
[2] Tite-Live, I, 3-4 : Denys
d'Halicarnasse, Antiquités romaines, I, XVII, 3 ; etc.
[3] Aulu-Gelle rapporte une tradition
suivant laquelle Amata aurait été le nom de la première jeune fille qui fut
prise pour le culte de Vesta. Nuits attiques, I, 12.
[4] Fabius Victor, cité par
Aulu-Gelle, I, 12.
[5] Sénèque, Du repos du sage,
XXIX ; Denys d'Halicarnasse, Ant. rom., II, XVII, 3-6 ; II, XX, 2 ; Plutarque, Numa, Publicola
; Aulu-Gelle, I, 12 ; VI, 7 ; Gaston Huissier, La Religion romaine,
d'Auguste aux Antonins, Paris, 1874.
[6] Ovide, Fastes, IV, 639
; Suétone, Jules César, LXXXIII ; Domitien, VIII ; Tacite, XI, 32
; Pline le Jeune, Lettres, IV, 11 ; Orelli, Inscriptionum latinarum
selectarum amplissima collectio. Voir les inscriptions citées plus loin, au
premier chapitre de la seconde partie ; William Ramsay, Vestales (Smith's
Dictionary of greek and roman antiquities, London, 1865).
[7] Virgines Vestales in urbe custodiunto ignem foci
publici sempiternum. Ancienne loi romaine citée par
Cicéron, Des lois, II, 8 ; voir aussi Ovide, Fastes, II, VI ; Sénèque, De la
Providence, X ; Denys d'Halicarnasse, Ant. rom., II, XVII, 7 ; Gaston Boissier, ouvrage
cité. On ne pouvait rallumer le feu sacré que par frottement d'une branche
d'arbre purifiée, ou par la concentration des rayons solaires. Preller, ouvrage
cité.
[8] Il y a sur cette légende
diverses traditions. Properce, IV, 11 ; Denys d'Halicarnasse, ouvrage cité,
II, XVII,
9 ; Valère Maxime, I, I, 6, 7. Ce dernier auteur, qui ne nomme pas
l'héroïne de ce récit, dit que c'était une élève de la grande Vestale.
[9] En parlant de l'incendie de
Rome sous Néron, Tacite dit : Numæque regia et
delubrum Vestæ cum Penatibus populi romani, exusta. La Regia de Numa et le temple de Vesta, avec les
Pénates du peuple romain, furent consumés. Annales, XV, 41. Toutefois, Denys
d'Halicarnasse distingue d'autres Pénates publics, dieux troyens qui avaient
leur temple spécial à Rome. Ant. rom., I, XV, 19 ; comp. II, XVII, 4 ; Ovide, Fastes,
III, 6 ; Plutarque, Numa, Camille ; Dion Cassius, LIV, 24 ;
Preller, ouvrage cité.
[10] Tite-Live, V, 32.
[11] Tite-Live, V, 39, 40 ; Valère
Maxime, I, I, 10 ; Plutarque, Camille. L'hospitalité que les
Cérétes accordèrent aux Vestales et aux Flamines leur valut plus tard, à
l'occasion d'une offense faite par eux aux Romains, le pardon de ceux-ci.
Tite-Live, VII, 20.
[12] Flaminem
sacerdotesque Vestales sacra publica a cæde, ab incendiis procul auferre : nec
ante deseri cultum eorum, quam non supressent, qui colerent. Le
Flamine et les prêtresses Vestales emportèrent loin du carnage et des incendies
les objets du culte public ; les honneurs rendus à ceux-ci ne devaient point
leur manquer avant que ne fussent morts ceux qui les révéraient. Tite-Live, V,
39.
[13] Quid
de æternis Vestæ ignibus signoque, quod imperii pignus custodia ejus templi
tenetur, loquar ? etc. Tite-Live, V, 52.
[14] Hic
Vestæ ignes, Tite-Live, V, 54.
[15] Cicéron, Pour sa maison,
XL ; Ovide, Fastes, VI ; Valère Maxime, I, IV, 4 ; Denys d'Halicarnasse, Ant.
rom., II, XVII, 4 ; Plutarque, Parallèles d'histoires grecques et
romaines. Suivant ce dernier auteur, Minerve avait frappé de cécité l'homme
qui avait porté sur son simulacre une main téméraire ; mais elle lui aurait
rendu la vue plus tard. C'est ainsi que la légende donnait le caractère du
merveilleux à l'accident si naturel dont Metellus avait été victime.
[16] Plutarque, Numa. Plus
tard, il fut permis aux Vestales d'employer tonte eau vive. Il leur était
défendu de se servir de l'eau qui avait passé par des conduits. — M. Preller
fait remarquer que c'était surtout dans le culte de Vesta que l'on observait
cette pureté matérielle sans laquelle les choses sacrées ne pouvaient, suivant
les Romains, être agréables à leurs divinités.
[17] Cf. Preller, ouvrage cité
; Félix Néve, Essai sur le mythe des Ribhavas ; et nos ouvrages : la
Femme dans l'Inde antique ; la Femme grecque.
[18] Ovide, Fastes, III,
12-14 : Properce, IV, 4 ; Perse, II, 60. Ce vase, qui n'aurait pu être posé par
terre, sans que l'eau qu'il contenait se répandit, se nommait, futile : de là que vient l'expression de futilis, futile,
pour désigner un caractère sans consistance. Preller, ouvrage cité.
[19] Tite-Live, I, 11 ; comp.
Plutarque, Romulus, et Denys d'Halicarnasse, Ant. rom., II, X, 6-10.
[20] Antiquités romaines,
II, X,
6-10.
[21] Fêtes qui se rattachaient à
l'autre lupercal qui avait abrité la
louve, nourrice le Romulus et le Remus. Cf. Preller, ouvrage cité.
[22] Ovide, Fastes, III, 29,
30, VI, 4 ; Preller, ouvrage cité ; William Ramsay, Vestales (Smith's
dictionary).
[23] Les hommes étaient exclus de
cette cérémonie. Cicéron, Discours sur la réponse des auspices, XVII ;
Lettres, 18 ; etc. ; Dion Cassius, XXXVII, 45 ; cf. Plutarque, César.
[24] Preller, ouvrage cité.
Les Vestales officiaient encore à la singulière fête des Argiens. Le 13 mai,
elles se rendaient sur le pont Sublicius, ainsi que, les pontifes. Là, devant
les préteurs et d'autres magistrats, elles lançaient dans le fleuve
vingt-quatre mannequins d'osier nommés Argiens.
Peut-être cette cérémonie était-elle destinée à rappeler l'abolition des
sacrifices humains. Ovide, Fastes, V ; Preller, ouvrage cité.
Lorsque le culte grec d'Apollon eut été introduit à Rome, les Vestales
invoquaient dans le fils de Latone, le dieu Sauveur, Apollo Medicus, Apollo Pæan.
Preller, ouvrage cité.
[25] La Vestale Licinia, qui
appartenait à l'illustre maison des Caii, ayant personnellement dédié, au pied
du mont Sacré, un autel, un édicule et un lit, un sénatus-consulte proclama la
nullité de cette consécration. Cicéron, Pour sa maison, LIII.
[26] Moi,
jusque, dans les âges futurs, je grandirai par la gloire, tant qu'au Capitole
montera, avec le pontife, la vierge silencieuse. Horace, Odes,
III, XXX, 7-9. Le poète se trompait ; sa gloire devait survivre aux dieux du
Capitole.
[27] Loi des Douze Tables,
par Gaius, Institutes, c. I, § 145. Cf. l'ouvrage de M. Ortolan, Histoire
de la législation romaine, 9e édition, revue par M. Bonnier, Paris, 1875 ; Douze
Tables, V, 1.
[28] Cicéron, Traité de la
République, III, 10. Si la Vestale était morte sans avoir fait de
testament, il parait que ses biens passaient à l'État. Elle ne pouvait pas non
plus hériter d'un citoyen qui n'avait pas testé. Aulu-Gelle, I, 12.
[29] Plutarque, De l'utilité
qu'on peut retirer de ses ennemis.
[30] Tacite, Annales, II, 31
; Aulu-Gelle, a, 15. Ce dernier auteur (VI, 7), dit que, par la loi Horatia, la
Vestale Tarratia fut, entre toutes les femmes romaines, la seule qui eut le
droit de témoigner en justice. Comp. Plutarque, Publicola. Cependant, ce
droit n'ayant jamais été dénié aux femmes romaines, il a été conjecturé qu'on
pouvait le prendre ici dans un plus large sens, et y faire entrer le témoignage
particulier à la mancipation, c'est-à-dire à la cession juridique d'une
propriété. Voir Becker, Gallus, oder Römische scenen. Dritte berichtigte
und abermals sehr vormehrte Ausgahe von prof. Rein. Leipzig, 1863. Zweiter
Thiel. Erster Excurs. Cie Franen oder von der Römischen Ehe.
[31] Cf. notre précédent ouvrage : La
Femme grecque.
[32] Tite-Live, I, 20 ; Suétone, Tibère, LXXVI ; William Ramsay, Vestales
(Smith's dictionary).
[33] Plutarque, Numa.
[34] Cf. Cicéron, Pour M.
Fontéius, XX.
[35] Servius, cité par M. William
Ramsay, l. c.
[36] Plutarque, Tibérius
Gracchus. Écoutons ici un orateur chrétien, le généreux et si regretté abbé
Perreyve : La Vestale est le plus noble effort de
l'antiquité païenne vers l'idéal de la virginité religieuse ; le plus
raisonnable aussi, car il est fondé sur l'existence d'un sacrement. La Vestale
gardait le feu divin, tiré du soleil, et le palladium, c'est-a-dire l'arche
sainte de la fortune romaine. La virginité avait donc une cause certaine et
présente dans ses rapports perpétuels avec un objet sacré. Mais il n'y a rien
de plus singulier id de plus étonnant que l'impuissance où se trouve Rome de
réaliser dans l'institution des Vestales son idéal de virginité religieuse.
L'Église catholique et la sainteté morale. (Revue d'économie
chrétienne, avril 1863.)
[37] Chez les Albains, les Vestales
qui s'étaient déshonorées étaient flagellées et mises à mort. Ainsi fut
châtiée, suivant une tradition, Rhéa Sylvia, mère Romulus et de Remus ; mais, d'après une autre
version, Amulius lui fit grâce de la vie et la fit seulement jeter en prison.
Ce serait Tarquin l'Ancien qui aurait ordonné que les Vestales infidèles
fussent déposées vivantes dans un tombeau. — Denys d'Halicarnasse, Antiquités
romaines, I, XVIII, 5, 6 ; III, XX, 2 ; Dion Cassius, Fragments.
Cf. Tite-Live, I, 3, 4.
[38] Cependant Plutarque parle de
cérémonies funèbres que les prêtres faisaient encore, de son temps au lieu où
avait été enterrée une Vestale coupable, Questions romaines. Suivant un
traducteur de Denys d'Halicarnasse, l'abbé Bellenger, il s'agissait là de sacrifices expiatoires qu'on offrait, non pas aux mânes
des Vestales, mais aux dieux qu'elles avaient offensés par leurs crimes.
Pour les détails du supplice de ces prêtresses, voir Denys d'Halicarnasse, Ant.
rom., II, XVII, 7 ; Plutarque, Numa et Questions romaines ;
Pline le Jeune, Lettres, IV, 11 ; Ovide, Fastes, VI, 457-460.
[39] Denys d'Halicarnasse, Ant.
rom., III, XX, 2.
[40] Tite-Live, II, 42. Denys
d'Halicarnasse nomme cette Vestale Opimia, Ant. rom., VIII, XIV, 7, 8. Un fragment de Dion
Cassius semble se rapporter à Oppia.
[41] Denys d'Halicarnasse, Ant.
rom., IX, X, 1-3.
[42] Tite-Live, VIII, 15.
[43] Tite-Live, XXII, 57.
[44] Tite-Live, IV, 44.