LA FEMME BIBLIQUE

 

LIVRE PREMIER. — LA FEMME DEVANT LA RELIGION

Dieu, le culte, la loi morale, l'immortalité de l'âme

CHAPITRE PREMIER. — RÉVÉLATION PRIMITIVE.

 

 

La femme, fille de Dieu. — vérité. — Travail. — Les premiers sacrifices. Seconde influence de la femme. — Le déluge. — L'Ararat. — Le premier autel. — Alliance de Dieu et de l'humanité. — Peine du talion. — Unité d'origine et de foi. — Scission des races et division des croyances. — Panthéisme et polythéisme. — Souvenirs des anciennes traditions : Astlice, fille de Noé, la Ténus arménienne. — Abram et Saraï. — Leur mission. — Le Dieu de l'humanité : Élohim, Adonaï, El-Shaddaï, l'Éternel. — La vallée d'Hébron, le bois de Mamré, le désert. — Rapports familiers de Dieu avec les patriarches et leurs compagnes. — Sara, mère du peuple élu, et aïeule du Messie ; Agar, tige des Arabes du Hedjaz, et aïeule de Mahomet. — Culte ; la compagne du Sémite y avait-elle la même part que celle de l'Arya ? — Moralité, humanité des patriarches. — Incertitude des croyances patriarcales sur l'état de l'âme après la mort ; le schéol.

 

La femme, fille de Dieu, égale à l'homme devant Dieu, telle est sa première apparition dans nos annales sacrées. Ainsi la considère Moïse quand, répétant les antiques traditions de sa race, il évoque les scènes du monde primitif, et cherche dans la loi naturelle la base des institutions sinaïques.

Cette loi naturelle, cette révélation primitive, c'est la notion de ce qui est, c'est la vérité, reflet de l'Essence divine et lumière de l'âme humaine. Par la pénétration et par le culte de la vérité, l'être créé à l'image de Dieu se rapprochera de son idéal modèle ; et Dieu, la confiant à ses enfants, leur en accorde l'intelligence, leur en prescrit le respect.

Devant sa loi, il leur laisse la liberté. De même que l'homme, la femme peut choisir entre le bien, qui est le vrai ; et le mal, qui est le faux. C'est l'être moral et perfectible.

A la femme l'historien sacré rattache la première faute de l'homme, sa chute et son exil. Devant elle, devant celui qu'elle a perdu, se sont fermées les portes de cette divine patrie où tous deux s'étaient éveillés à la vie, au bonheur ! Des terres inconnues se sont présentées à (leurs regards attristés, et ce sol inculte, qui ne leur paiera désormais que le prix de leurs sueurs, ne leur offrira qu'un repos assuré : le tombeau !

Mais de leur châtiment même naîtra leur régénération[1]. Dans leur lutte contre une terre rebelle à les nourrir, à les abriter, ils puiseront une force qui, décuplant toutes leurs facultés, leur fera mieux comprendre leur véritable grandeur. L'âpreté du combat leur aura révélé leur énergie, et leur triomphe leur puissance. Victorieux de la nature, ils auront appris à se vaincre eux-mêmes ; et le Dieu qui agrée les premiers-nés des troupeaux qu'ils élèvent, les prémices des plantes qu'ils cultivent, recevra avec plus d'amour encore le sacrifice de leurs passions, l'hommage de leurs vertus.

Tel devait être le premier culte de l'humanité déchue.

 

Le sang d'un homme a rougi la terre ; et les descendants du meurtrier, se courbant sous la honte paternelle, n'en ont point rejeté le fardeau. Ici encore, le sombre législateur du Sinaï attribue à la femme la perte de l'humanité ; et c'est par leur alliance avec les filles de Caïn que les enfants de Seth méritent d'être engloutis dans cet immense cataclysme dont, un jour, depuis les bords du Nil jusqu'aux bords du Gange, les peuples devaient conserver le lugubre souvenir.

L'homme, chassé de l'Éden, disparaîtra-t-il de même de l'univers ?..... Comme au temps du chaos, les eaux recouvrent le globe..... La nature rentrera-t-elle dans le néant ?..... Mais au sein des vagues erre un esquif ; et sur cette arche flotte, avec quatre couples, ce qui reste à l'humanité de croyances et de vertus !

Les eaux se sont écoulées, et l'arche s'est arrêtée au sommet de ce mont qui domine la contrée où d'antiques traditions placent le paradis terrestre.

Jusqu'à notre siècle, une terreur superstitieuse préserva de l'empreinte de tout pas humain le pic mystérieux où avait reposé l'arche ; où, disait-on, ses débris reposaient encore. Aujourd'hui, du haut des glaciers qui couronnent l'Ararat de leur ceinture éblouissante, le voyageur a pu jouir du spectacle qui se déroula aux regards de Noé et de sa famille, à mesure que la terre rejetait son voile liquide[2].

Au pied de la montagne, l'Araxe, le Gehon de l'Éden, descendant du Piuraghen avec une molle lenteur, accélère son cours, s'engouffre dans d'étroits défilés, se brise avec fureur contre les rocs, jusqu'au moment où, parvenu au bord de l'abîme, il s'élance hors de son lit, et, décrivant une ample courbe, roule au fond du précipice la masse impétueuse de ses eaux[3]. Sur les rives du fleuve se dessinent de verdoyants paysages[4]. Cà et là des lacs étendent leurs nappes limpides ; et, à l'horizon, les glaciers de l'Alaguès étincellent sous les feux du soleil comme un diadème de pierreries.

Dans ce site enchanteur, sur le sommet culminant de l'Ararat, s'est élevé le premier autel que l'homme ait consacré au Dieu unique, éternel, infini. Là a été dressé l'holocauste d'actions de grâces. De là s'est élancée vers le ciel la prière de ceux qui allaient repeupler la terre. Et sur cette cime a plané, avec la bénédiction d'un Dieu apaisé, le signe de l'éternelle alliance, l'arc aux nuances irisées !

Près de son berceau même, l'homme reprend naissance. Dieu lui donne, la terre, et tout ce qu'elle nourrit, et tout ce qu'elle abrite. Il lui donne tout, hors la vie de son semblable : Dieu, n'imposant aux enfants de Noé qu'un précepte, la multiplication de leur race, ne leur a prescrit qu'une loi, la peine du talion contre le nouveau Caïn qui attenterait à la vie de son frère. La peine du talion ! Arme terrible que Dieu ne confiait qu'à l'enfance des sociétés ! La vengeance pouvait être le droit du faible ; le pardon est le devoir du fort.

 

Au pied de la tour de Babel[5], la famille humaine s'est dispersée, emportant au loin les derniers débris de la révélation primitive, les rayons affaiblis de celte lumière divine qui brillait encore au regard de l'homme sauvé du déluge. Là où se dirigent les peuples, les monts et les bois sont les temples de Dieu ; et, du fond de l'Orient l'homme adore Chang-ti, l'Être suprême[6], jusqu'au jour où, las d'une maturité précoce, il ne cherchera plus d'autre appui que le vide, d'autre espérance que le néant.

La scission des races entraîne la division des croyances. L'esprit de l'homme, ne sachant plus qu'exceptionnellement s'élever à l'idée de Dieu, dissémine dans la nature entière la force créatrice ; et l'imagination riante et enthousiaste de l'Arya, le génie rationnel du Chamite, animent d'une vie divine la terre et les cieux. La foi essentiellement monothéiste des fils de Sem subit elle-même l'influence des deux races congénères. Et le panthéisme devient le polythéisme, du moment où l'homme, s'éloignant de plus en plus par ses vices de l'Immuable Perfection, croit combler la distance qui le sépare de l'Être suprême par la création d'êtres chimériques n'ayant de la divinité que le nom, et incarnant jusqu'aux faiblesses de l'humanité.

Quelques souvenirs des antiques traditions se mêlent encore aux cultes nouveaux ; et dans la contrée qui servit de port à l'arche, Astlice, fille de Noé d'après la tradition arménienne[7], reçoit le culte des descendants de Japhet. Dans la province de Taronia qu'elle avait habitée, dans la ville de Vahevajan, où, disait la légende, Noé avait offert le premier sacrifice post-diluvien, s'élevait le temple de la déesse. Quand le printemps, souriant à la terre qu'il ressuscitait, la couronnait de feuillage, la revêtait de fleurs, les enfants de Haïg[8], célébrant peut-être l'anniversaire de la cessation du déluge, répandaient une pluie de roses dans le temple d'Astlice, se lançaient mutuellement des gerbes d'eau, rendaient à des colombes leur liberté. Et ainsi semble être éclos le mythe de la Vénus grecque[9], de la Lakchmî indienne, de la Freya scandinave, ce mythe qui symbolise la beauté, la fécondité, naissant du sein des ondes.

Non loin du point de dispersion des peuples vivait un descendant de Sem. Tandis qu'autour de lui, les fils de la Chaldée, les premiers observateurs de la voûte céleste, saluaient dans le soleil le principe du monde, Abram ne contemplait dans le globe de feu qu'une des manifestations d'une puissance supérieure, qu'une des forces naturelles que le Moteur suprême fait concourir à l'harmonieux ensemble de l'univers.

La voix du Dieu qu'il adore l'arrache au sol natal. Une femme l'accompagne, et, selon une légende arabe, cette femme a su, la première, comprendre et partager la mission de son époux[10]. Tous deux vont déposer sur la terre de Canaan le germe de l'idée de Dieu. Le Seigneur renouvellera avec Isaac, leur fils, avec Jacob, leur petit-fils, le pacte d'alliance qu'il conclut avec eux, et désormais la vérité se transmettra sans interruption du père au fils, de la mère à la fille.

Au début des annales sacrées, l'idée de Dieu et l'idée de l'humanité revêtent un sublime caractère d'universalité. Créateur de la nature entière, Dieu la soutient et l'anime. A son commandement, le matin succède au soir, et le soir au matin[11]. Il trace leur route aux globes qu'il a suspendus dans l'espace. Il retient dans son lit la mer frémissante sous le joug, et réduite, dans son impuissante fureur, à rejeter sur ses bords son écume blanchâtre. — Dieu parle, et le murmure de sa voix, le roulement du tonnerre[12], ébranlent sa tente de nuages[13], ce pavillon dont la foudre a déchiré les flottantes draperies. — Il donne la rosée à la fleur des champs, à l'herbe des prés. Il donne au reém[14] la liberté, à l'autruche, sa course rapide ; au cheval, son hennissement et sa belliqueuse ardeur ; à l'aigle, sa retraite inaccessible, son regard perçant ; au behémoth[15], au léviathan[16], leur structure merveilleuse et l'empire des mers. A tous les animaux, aussi bien à l'insecte qu'à la bête fauve, il donne l'instinct de la conservation et la nourriture matérielle. A l'homme enfin il donne l'intelligente et la sagesse qui la nourrit ; la sagesse dont lui seul est la source ; la sagesse, trésor plus précieux que l'or d'Ophir, la perle, l'onyx, le saphir ou la topaze d'Éthiopie ![17]

Effrayé de la force du Maître, l'homme l'a d'abord nommé Élohim[18] ; mais bientôt, pénétré de sa bonté, de sa justice, protectrices, omnipotentes, il l'appelle Adonaï, le Seigneur ; El-Shaddaï, le Tout-Puissant. Ignorant de l'origine de ce pouvoir bienfaisant qui a précédé, créé les générations, et les a vues se succéder, il salue du nom d'Éternel le Dieu sans commencement et sans fin.

Reconnaissant l'universalité de cette Providence qui veille à jamais sur tous les hommes, les patriarches ne considèrent en eux que le rameau sacré d'un tronc unique : Adam, Noé, chefs de leur race, sont aussi pour eux les pères de l'humanité ; et par le Christ, leur descendant, toutes les nations de la terre seront bénies en eux[19].

 

Princes et princesses sous leurs tentes, les patriarches et leurs compagnes vivent à l'abri de la protection immédiate, visible, de leur souverain Maître. Arrêtons-nous dans le site qui fut témoin de leurs rapports les plus intimes avec l'Éternel.

Au nord des déserts de l'Arabie, au sein de la montueuse et stérile contrée située à l'occident de la mer Morte, le roc laisse passer entre ses deux bras une vallée qui, débouchant du nord-nord-ouest, va se perdre au sud-sud-est. Large d'abord, elle court entre des ceps abondants ; et, en se rétrécissant, étage le long de ses pentes la ville d'Hébron. Ici, le sol, bien que rocailleux, se couvre d'une luxuriante végétation ; et sur le penchant des collines et dans le sein de la vallée, croissent des vergers de vieux oliviers, des bouquets de grenadiers et de figuiers, des vignobles où mûrissent les plus beaux raisins de Canaan. Ici aussi, l'herbe a sa fraîcheur, et les pentes se tapissent de cette verdure si rare dans les contrées où le soleil darde ses ardents rayons. Sur ces gras pâturages erraient les troupeaux, richesse des antiques pasteurs. — Des blés assurent la nourriture de l'homme, et au milieu même d'un champ, un chêne dont la vaste circonférence atteste la vieillesse rappelle l'hommage reconnaissant que, sous les ombrages, les patriarches rendaient au Dieu qui fécondait leur sol.

A l'entrée de cette vallée s'élevait le bois de Mamré[20]. C'est dans ce site rempli de grandeur et de sérénité, c'est dans ce site que devait se dévoiler sous un aspect imposant et doux le Dieu qui conversait dans l'Éden avec l'homme et la femme, le Dieu qui conseillait en ami ses enfants déchus, le Dieu qui, sur le sommet de l'Ararat, faisait planer l'arc de paix et de réconciliation. — C'est là que le Dieu d'Abraham[21], réveillant le patriarche de son sommeil, le guidait hors de sa tente, lui faisait compter dans les étoiles jaillissant des profondeurs de la nuit le nombre de ses descendants, et assurait à l'un des peuples sortis de son sein la possession de cette terre cananéenne qui s'étendait au loin, et dont la vallée d'Hébron n'était qu'un repli. C'est là que Sara aidait le vieux émir à exercer envers les messagers du ciel les devoirs de l'hospitalité, et que l'Éternel, devinant la secrète douleur de l'épouse stérile, lui accordait une divine maternité : celle du peuple qui devait conserver sa révélation, celle du Verbe qui devait la répandre dans l'humanité[22].

Quittons maintenant les vertes montagnes ; dirigeons-nous vers la contrée qu'elles dominent. Plus de végétation, mais des sables brûlants ; plus de sources rafraîchissantes, mais le vent du désert. L'homme n'y rencontre pas l'homme ; mais il y sent toujours Dieu. Et c'est du sein de cette solitude que le Seigneur, séchant les larmes d'Agar, guide l'esclave chassée vers cette âpre contrée du Hedjaz où elle sera la tige du peuple libre et fier, farouche et généreux, chez lequel le génie de la nation arabe se déploiera dans son plus hardi et plus poétique essor[23].

Étrange rapprochement ! de Sara, de la royale maîtresse de la tente, descendra le Christ, qui rendra à la femme sa dignité. D'Agar, de l'esclave, descendra le prophète de l'Islam, qui enlèvera à la femme cette liberté dont seul l'exercice imprime à un être humain sa valeur morale.

Également abrités par la même Providence, l'homme, la femme, l'imploraient dans leurs besoins avec une égale ardeur. Mais lui rendaient-ils alors le même culte, ce culte que Dieu acceptait, mais n'imposait pas ? La femme du patriarche était-elle auprès de son époux quand il élevait une stèle et plantait un bocage au lieu où il avait invoqué Adonaï ? De même que la compagne de l'Arya, assistait-elle son époux quand il présentait l'holocauste à la flamme dévorante ? — Devant cette question la Genèse reste muette ; mais elle nous initie aux transports de reconnaissance qu'inspirait à la femme le Dieu qui l'avait bénie par la naissance d'un fils !

 

Et par-delà de la mort, que devenait cette Providence ? L'âme, souffle de Dieu, retournait-elle à son principe ? Quelle récompense attendait ceux qui avaient servi Dieu en aimant l'humanité, ceux qui avaient conservé le respect de la famille, pris la défense de l'opprimé, abrité sous leur tente le voyageur et le pauvre, consolé la veuve et soutenu l'orphelin ? —Le patriarche qui pleurait sa compagne espérait-il la retrouver ailleurs que dans la tombe ? — Quand, au milieu de ses douleurs morales, de ses tortures physiques, Job, faisant succéder à l'accent de la résignation, le sanglot du désespoir et le cri de révolte de l'innocence méconnue, semblait demander raison à la justice suprême d'un châtiment immérité, voyait-il dans la mort autre chose que la fin de ses souffrances ? Croyait-il que la douleur fût la rançon qui ouvrît aux exilés d'ici-bas les portes de leur céleste patrie ?... Ah ! dans ce doute, dans cette incertitude, dut être le plus amer des châtiments imposés aux fils de la femme..... Pour les patriarches, la mort était le seuil du schéol, cette cavité souterraine où erraient les ombres... Là seulement ils devaient être réunis à leurs ancêtres jusqu'au jour où le Sauveur des vivants devait être aussi le Rédempteur des morts !

 

 

 



[1] Rappelons ici les généreux accents qu'inspirait à une voix bénie la puissance régénératrice du travail : Paroles de Mgr l'évêque d'Orléans, prononcées dans sa cathédrale, à son retour de Rome, le soir du dimanche des Rameaux, etc., 1864.

[2] Le docteur Parrot, savant russe, atteignit, le 27 septembre 1830, au sommet culminant de l'Ararat. Cf. pour la description de l'Ararat et des sites qu'il domine : Arménie, par M. Boré.

[3] Cf. Pomponius Mela, liv. III, chap. V.

[4] Au pied de l'Ararat, sur la rive droite de l'Araxe, la ville d'Érivan apparaît au sein d'une plaine verdoyante, et s'entoure d'une ceinture de forêts et de vignobles. Cf. la description imagée que fait d'Érouantaguerd, forteresse qui protège Érivan, l'historien arménien Moïse de Khorène, Histoire d'Arménie, traduction de Le Vaillant de Florival, Venise, 1841, livre second, chap. XLII. — Cappelletti et M. Boré ont esquissé, dans leurs descriptions de l'Arménie (ouvrages cités plus haut), quelques sites de la vallée de l'Araxe.

[5] Cependant, à quelque distance de l'Euphrate, s'élevait encore un énorme massif de briques que MM. Fresnel et Oppert reconnurent pour les restes de l'altière pyramide désignée par l'antiquité sous le nom de tour de Bélus, et par la Genèse sous celui de tour de Babel ou Babylone. L'emplacement se nommait autrefois Borsippa, et la conjecture de nos deux savants français s'est trouvée justifiée par les inscriptions recueillies plus tard dans le même lieu, surtout par les deux cylindres que sir Henry Rawlinson y découvrit aux deux angles de la tour. Nous en possédons trois traductions : la plus ancienne est due à M. Oppert ; les autres à sir Henry Rawlinson et à M. Fox Talbot. L'inscription est fort longue ; en voici quelques passages : Nabuchodonosor, roi de Babylone, serviteur de celui qui est, fils aîné de Napobolassar, roi de Babylone ; moi, je dis : Le Seigneur Dieu m'a choisi pour achever la pyramide, merveille de Babylone. Un ancien roi l'avait commencée : il n'était pas arrivé jusqu'à la cime ; puis l'ouvre avait été abandonnée après les jours du déluge. Les tremblements de terre en avaient séparé l'argile : les briques des parois s'en étaient détachées ; le seigneur dieu Mérodac m'avertit de les rétablir ; j'en ai respecté la place, je n'en ai pas changé la pierre angulaire ; j'ai refait les parois intérieures, et j'ai mis mon nom sur le monument. (Séance publique annuelle des cinq académies, du vendredi 14 août 1863, présidée par M. Pantin Paris, président de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Discours du président pour la proclamation du prix biennal, décerné au nom de l'empereur, sur la désignation de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, à M. Jules Oppert.)

[6] Cf. Description générale de la Chine, par l'abbé Grosier, Paris, 1785. Transcrivons ici quelques lignes de la belle étude de M. le marquis d'Hervey Saint-Denis sur l'art poétique et la prosodie chez les Chinois : L'idée de la Divinité, qui revient souvent dans les poésies antiques, s'y montre constamment avec une grande noblesse. Il s'agit toujours d'un Dieu unique, le Chang-ti (souverain Seigneur), qui habite le ciel, où il reçoit près de lui ceux qui ont pratiqué la vertu sur la terre, qui lient entre ses mains les destinées du monde, à qui tous les hommes ont recours comme au dispensateur des récompenses ou des peines. Point de demi-dieux ni d'influences secondaires, mais des invocations d'une grandeur si simple que les missionnaires du dix-huitième siècle ont pu, non sans justesse, comparer la religion des anciens Chinois à celle des premiers Hébreux. (Poésies de l'époque des Thang, Paris, 1862.)

[7] La Bible ne mentionne aucune fille de Noé ; elle ne cite que la femme et les trois brus du patriarche. Au sujet de cette légende, Cf. Cappelletti, ouvrage cité.

[8] Haïg, descendant de Japhet, et père de la nation arménienne.

[9] Cappelletti a comparé la Vénus grecque à l'Astlice arménienne.

[10] Cf. Maçoudi, Les Prairies d'or, texte et traduction par MM. Barbier de Meynard et Pavet de Courteille, Publication de la Société asiatique de Paris, 1861, chap. IV.

[11] Chez les Hébreux, comme chez plusieurs autres peuples qui avaient le calendrier lunaire, les jours commençaient par le soir (Lévitique, XXIII, 32), parce que le croissant se lève le soir. Dans le récit de la création, on lit toujours : Et il fut soir et il fut matin. Palestine, par M. Munck, Paris, 1845.

[12] Cf. Job, XXXVII, 2-5, traduction de Cahen.

[13] Cf. Job, XXXVI, 29, traduction de Cahen.

[14] Le buffle, Job, XXXIX, 9-12, traduction de Cahen.

[15] L'hippopotame, Job, XI, 15-24, traduction de Cahen.

[16] Le crocodile, Job, XI, 25-33, traduction de Cahen.

[17] Cf. Job, XXVIII, traduction de Cahen.

[18] Les commentateurs ne s'accordent pas sur la signification de ce nom. D'après Cahen, on désignait par Élohim Dieu considéré comme la collection de toutes les forces. Cf. Genèse, note 1 de la traduction de Cahen, et Jehovah by William Aldis Wright (A Dictionary of the Bible, edited by William Smith, London, 1863.)

[19] Genèse, XXII, 18.

[20] Cf. Biblical researches in Palestine, by Robinson and Smith, Boston, 1860. — M. de Saulcy identifie Kharbet-en-Nasara, la ruine des chrétiens, avec l'emplacement du bois de Mamré. Cf. Voyage en Terre Sainte, par M. de Saulcy, 1865. Cet ouvrage, où la spirituelle vivacité de l'écrivain sait donner de l'attrait aux sérieuses recherches de l'archéologue, contient les importants résultats de la mission de M. de Saulcy, en 1863.

[21] Treize ans après la naissance d'Ismaël, Dieu changea le nom du patriarche et celui de sa compagne. Abram, père élevé, devint Abraham, père de la multitude ; et Saraï, ma princesse, devint Sara, princesse. Cf. Genèse, XVII, 15 ; Palestine, par M. Munk.

[22] Ce ne fut pas dans la vallée d'Hébron que naquit Isaac, mais ce fut là que l'Éternel prédit à Abraham la naissance du fils de Sara. Cf. Genèse, XVII, XVIII.

[23] Les Arabes du Hedjaz, ou descendants d'Ismaël, s'entèrent sur les Arabes de l'Yémen, ou descendants de Yectan, par le mariage d'Ismaël avec une fille des Yectanides. Cf. Essai sur l'Histoire des Arabes avant l'islamisme, par M. Caussin de Perceval, Paris, 1847.