ANNIBAL DANS LES ALPES

 

INTRODUCTION.

 

 

Une question historique. — Quel chemin suivit Annibal pour traverser les Alpes ?

Voilà une question qui a été discutée longuement, quelquefois passionnément ; divers points ont été éclairés, d'autres sont restés obscurs ; mais les difficultés ont été reconnues, les impossibilités ont été mises en évidence. Les textes ont été contrôlés et discutés mot par mot, les terrains ont été explorés en tous sens. Les divers moyens d'investigation employés semblent avoir rendu tout ce qu'ils pouvaient fournir, et la vérité historique n'a pu se dégager. Parmi les systèmes contradictoires proposés, aucun n'est encore regardé comme une restitution certaine.

Pour rouvrir le débat, il faut faire intervenir quelque élément nouveau. C'est en effet sur des bases nouvelles que repose l'interprétation que nous allons discuter.

Documents. — Nous aurons à produire deux sortes de documents. Les uns sont des représentations de terrain, des cartes, croquis ou perspectives ; ils sont intercalés ou rejetés à la fin du volume. Les autres sont des textes ; ils figurent par des traductions et quelquefois par le texte original, lorsque l'interprétation peut être discutée.

Mesures. — Les longueurs que nous rencontrons sont exprimées en milles romains ou en stades grecs. Nous prendrons pour valeur du mille 1.480 mètres ; c'est à un pour cent près la valeur connue et adoptée par tout le monde. Le stade grec est évalué avec moins de précision ; mais comme, d'après Strabon[1], Polybe compte 8 1/3 stades dans un mille, nous prendrons le chiffre correspondant à 1480/8,333 = 177m,60[2].

 

 

 



[1] Strabon, VII, p. 322.

[2] On lit bien dans Polybe (III, 39, 8), que la route suivie par Annibal était jalonnée par les Romains tous les huit stades ; mais cette phrase, qui suppose la via Domitia établie, est évidemment une interpolation, une glose insérée dans le texte.

Salomon Reinach, d'après le docteur James Gow, adopte pour longueur du stade 177m,40 dans Minerva, Hachette, 1890, p. 86.