RICHELIEU ET LA MONARCHIE ABSOLUE

 

TOME QUATRIÈME. — ADMINISTRATION GÉNÉRALE (SUITE).

LIVRE IV. — ADMINISTRATION PROVINCIALE.

CHAPITRE II. — ANCIENS FONCTIONNAIRES LOCAUX. - GOUVERNEURS ET HOMMES D'ÉPÉE.

 

 

Rapports de la division par gouvernements avec la division provinciale. — Trois divisions administratives et trois autorités diverses : militaire, judiciaire, financière. — Fonctions des gouverneurs ; elles diffèrent selon les districts ; leur amoindrissement au seizième siècle. — Gouverneur toujours homme d'épée ; abus qu'il fait quelquefois de son pouvoir. — Ses rapports avec lés municipalités urbaines, avec les Parlements ; conflits qui s'élèvent entre les deux autorités ; leurs conséquences. — Situation sociale des gouverneurs. — Leurs appointements, leurs logements, profits qu'ils tirent de leurs charges ; leurs entrées solennelles. — Lieutenants généraux et lieutenants de roi. — Gouvernements de villes et de forteresses ; l'État évite de les confier aux chefs de provinces.

 

Trois autorités diverses : militaire, judiciaire, financière, administrent principalement le pays ; principalement, disons-nous, parce qu'à côté d'elles bien des gens se mêlent accidentellement d'administration locale. Des évêques, des généraux, des amis particuliers du secrétaire d'État, correspondent avec la cour ; ils donnent des avis et on leur demande des renseignements. Ces trois pouvoirs réguliers règnent sur trois circonscriptions différentes : les hommes d'épée sont à la tête des gouvernements, les magistrats président aux ressorts parlementaires et présidiaux, les trésoriers de France dirigent les généralités. Aucune de ces circonscriptions superposées ne concorde exactement avec les autres ; les gouvernements sont tantôt plus grands, tantôt plus petits que les généralités ou les provinces, les parlements ont une juridiction des plus variables ; telle portion du royaume appartient au gouvernement de Bordeaux et au parlement de Toulouse[1], comme aujourd'hui tel département dépend d'un corps d'armée dont le siége est à Rennes et d'une cour d'appel dont le siége est à Caen. Mais les attributions des gens s'enchevêtrent bien plus que les limites des territoires ne s'entrecroisent ; par la tendance naturelle qu'ils ont à empiéter les uns sur les autres, il arrive que c'est toujours le plus voisin qui est le plus fort. Ici, les membres du présidial sont à peu près les maîtres ; là, ce sont les officiers de finance, ailleurs, c'est le gouverneur, ou le parlement, ou les États. Car la France est partagée en deux zones : les provinces vivantes, les provinces mortes, celles qui s'administrent, celles qui sont administrées — ces dernières étaient d'ailleurs plus vivantes encore que nos départements du dix-neuvième siècle. L'aspect des anciens rouages est donc fort différent selon qu'on les regarde fonctionner à Amiens, à Bordeaux ou à Grenoble.           

Le dictionnaire de Furetière dit en propres termes, au mot gouvernement, qu'on ne peut en fixer précisément le nombre ; en théorie, il ne devait y en avoir que douze ; c'est en douze grands gouvernements, classés dans un ordre méthodique de préséance, que sont répartis les députés aux États généraux de 1614[2]. Ceux de Paris, de Rouen ou de Dijon, ne comprenaient que la province dont ils étaient le chef-lieu ; celui de Lyon embrassait, outre le Lyonnais, le Bourbonnais, l'Auvergne, la Marche, le Beaujolais ; celui d'Orléans joignait à l'Orléanais la Touraine, l'Anjou, le Maine, le Berry, le Nivernais, le Poitou et l'Angoumois. Mais, en pratique, il n'y avait guère moins de vingt-cinq gouverneurs principaux, sans compter les sénéchaux qui, dans leur bailliage, sont souvent qualifiés de gouverneurs[3], ni les lieutenants généraux auxquels étaient confiés en sous-ordre des fractions de provinces.

Le gouverneur avait commencé par être un vice-roi, maître du civil comme du militaire ; quand on venait de conquérir le Languedoc, la Normandie ou la Bourgogne, et que l'on craignait sans cesse de les voir échapper de nouveau, il fallait avant tout un bras de fer pour les faire entrer et les maintenir solidement dans le moule monarchique ; au délégué royal appartenait le droit d'évoquer devant lui les causes pendantes devant les juges ordinaires, d'octroyer des grâces, d'arrêter ou de permettre le commerce, même d'anoblir les roturiers ou de légitimer les bâtards. Un édit de Louis XII anéantit cette puissance ; le gouverneur de Dauphiné fut le seul qui continuât à nommer aux emplois de sa province et à faire publier sous son nom, jusqu'au règne de Henri III, les arrêts du parlement dont il demeura le chef, et qu'il présidait encore sous Richelieu. Véritable roi-dauphin, — ainsi que Catherine de Médicis avait surnommé Lesdiguières, — celui qui commandait à Grenoble, durant la minorité de Louis XIII, traitait avec le pouvoir central de vassal à suzerain plutôt que de fonctionnaire à ministre. Le comte de Soissons accueillait ironiquement les remontrances venant de la part du Roi : Oh ! oh ! disait-il, ce petit prince est donc bien en colère[4]. Quoique les provisions des gouverneurs les chargent encore de faire garder nos édits et nos ordonnances, aviser aux affaires occurrentes, empêcher nos sujets de recevoir aucune foule ni oppression ; ils ne s'occupent guère, en fait, de l'administration civile, sauf dans les pays fraîchement annexés : à Sedan, où la population, qui considérait son prince dépossédé comme légitime et notre Roi comme un usurpateur, n'obéissait qu'à contrecœur au représentant de la France : en Navarre, ou La Force est maître absolu ; en Catalogne, où le vice-roi La Mothe-Houdancourt a droit de vie et de mort[5]. Partout ailleurs le gouverneur, qui est toujours un homme de guerre, — nous ne voyons en trente ans qu'un seul exemple du contraire, et encore dans une petite province, — est surtout investi du commandement militaire, tant actif que territorial. Il a sur tous ceux qui portent l'épée un pouvoir discrétionnaire, les emprisonne au besoin sans jugement, ordonne à la noblesse qui doit, ou est censée devoir marcher, à toute réquisition, de monter à cheval pour l'aider à faire la grande police du plein air, écheniller le pays des maraudeurs et des meurtriers. C'est à lui que les États provinciaux et les conseils de ville adressent, en temps de troubles, leurs doléances pleines de lamentations et d'hélas ! pour obtenir le rétablissement du bon ordre sur les chemins et dans les champs ; c'est lui qui fait rebâtir les murailles des villes, autorise le port d'armes, permet aux paysans l'usage de l'arquebuse, sans abus, contre les oiseaux de passage qui gâtent les olivettes ou les blés, et pour instituer un tir au papegai il ne suffit pas des lettres patentes de Paris, il faut en outre l'approbation du chef provincial. Jaloux de tout détail qui concerne le maniement d'une arme quelconque, ce dernier l'est naturellement bien davantage de toute occasion d'en faire un usage plus sérieux ; et ce sont entre lui et les généraux d'armée des contentions perpétuelles, diversement terminées, à qui aura la conduite des opérations, en temps de guerre, dans le ressort de son gouvernement[6].

Que de pareilles situations inspirassent à ceux qui en étaient investis la pensée de tourner contre le Roi ces armes dont ils étaient, de par le Roi, si absolument maîtres, là était évidemment le danger ; surtout en provinces éloignées, comme la Bretagne, où le duc de Vendôme pensait ne voir jamais le souverain qu'en peinture. Quand un gouverneur persistait, malgré la cour, à conserver sur pied des soldats inquiétants, celle-ci n'avait d'autre ressource que d'armer, comme elle fit en 1620, le gouverneur de la province d'à côté pour obliger son voisin à obéir ; heureux si, l'affaire faite, ce dernier, désarmait à son tour de bonne grâce. Richelieu dans l'opposition, sous le ministère de Luynes, trouve fort naturel que le marquis de La Valette se mette en état de défense contre son prince, à Metz ; il apprend et développe pour son compte ces maximes à double fond dg la révolte, qui serviront plus tard contre lui : Que le service du Roi n'est pas toujours où est sa personne, que, quand un prince est tombé entre les mains de ses ennemis, on peut, sans être pour cela rebelle, combattre contre sa volonté pour le remettre en liberté ; qu'on ne devait pas, en cette occasion, s'épouvanter de son nom, puisqu'il n'était plus que l'instrument des passions de ceux qui s'étaient emparés de son autorité[7]...

Un gouverneur avait ou n'avait pas de crédit dans sa province ; entre les deux cas, il y a un monde. Le crédit s'acquérait par la résidence, les bons offices, par mille et un procédés, il se perdait de même. Sans crédit, le gouverneur était inutile à la cour, mais aussi point dangereux ; avec crédit, il pouvait être dangereux, mais il était utile. En général, le cabinet cherchait un moyen terme ; on n'eût pas toléré, sous Richelieu, des potentats comme Coustenan, gouverneur de Mantes, qui joua pendant la Fronde au petit tyran, dans la banlieue de Paris, avec autant d'impunité que si c'eût été dans le Bigorre, ou comme le duc de Fronsac qui faisait fermer à Marseille, pendant son dîner, les portes de la ville et entretenait cent gardes montés comme des Saints-Georges, pour rançonner le pays qu'on l'avait chargé d'administrer. On évitait autant que possible de donner une lieutenance générale à un seigneur que le pays ne goûtait pas, tel que le comte de Guiche qui semblait n'être venu en Normandie que pour en faire sortir les habitants. Satisfaire à la fois le vœu des populations et l'intérêt royal n'était pas si difficile qu'on eût pu le croire ; les administrés aimaient à avoir un gouverneur bien en cour qui se fit un point d'honneur d'arrondir les angles, de conserver la province ; ainsi faisait Brezé en Anjou ; les bons apôtres de Provence, pour être débarrassés du maréchal de Vitry, demandaient à grands cris à Richelieu de leur donner pour gouverneur son propre frère, le cardinal Alphonse[8].

Ce Vitry parait en effet un brutal, également odieux à tous les notables de sa province, dont il se vengeait de son mieux ; n'ayant pu trouver, au cours d'un de ses voyages, des porteurs pour sa litière, il força les consuls de la commune où il était à remplir cet office et donna l'ordre à ses domestiques de les relayer, associant, dit une des victimes de cette cuisante humiliation, par un révoltant abus, le chaperon et la livrée[9]. De pareils actes sont rares, les échevins ou les syndics menacés de traitements honteux à la qualité qu'ils ont savent se défendre ; et nous ne voyons pas que le plus souvent-les gouverneurs fassent sentir bien durement leur autorité aux villes et aux communautés rurales. A coup sûr, la plupart ne sont pas de saints personnages, comme ce prince de Conti, qui inscrit sur son Agenda spirituel, pour être lu et observé pendant les États prochains du Languedoc, les résolutions suivantes : Je donnerai à la prière le plus de temps que je pourrai, j'aurai une très-grande application aux affaires de mon gouvernement et surtout à celles qui regardent la religion, le soulagement des peuples, le bon ordre des villes ; je ne mangerai ni ragoûts ni entremets, etc. ; parfois ils pratiquent, dit-on, en matière d'élections municipales, ce que les modernes nomment la candidature officielle la plus éhontée ; Richelieu reprochait à d'Épernon de faire seul, en Guyenne, les magistrats populaires ; en Bourgogne, c'est Monsieur le prince, affirme l'intendant, qui choisit les syndics, les élections ne sont que pour la forme. Mais est-ce bien vrai ? Nous avons sous les yeux une lettre de Condé à messieurs de la ville de Bourg, la veille d'un scrutin : Étant informé du mérite du sieur X..., avocat à Bourg, et de sa suffisance et probité, je prie ceux qui ont droit d'assister à l'assemblée de lui donner leurs suffrages. Ils me feront beaucoup de plaisir, dont je leur témoignerai ma gratitude aux occasions. Ce n'est pas là un langage bien insolent ; on trouverait, dans les archives postérieures à 1789, bien des lettres de préfets en style analogue. A la fin du règne de Louis XIV, quand les charges édilitaires s'acquéraient à prix d'argent, les gouverneurs parlaient bien plus durement aux maires, et ces propriétaires de mairies n'avaient plus, pour leur répondre, le verbe aussi haut que leurs prédécesseurs issus de l'élection[10].

Écoutons le duc de Bellegarde, gouverneur de Bourgogne, s'adressant à une députation d'échevins et bourgeois de Dijon, au nombre d'une centaine environ, venus pour lui exposer leurs plaintes : Vous ne m'aimez pas, parce que je ne suis pas de la Compagnie de la Mère Folle (il l'avait fait récemment supprimer par le garde des sceaux), que je ne fréquente point les cabarets avec vous, que je ne joue point aux quilles et à la courte houle... — toutes choses qui se faisaient auparavant ; — voyons d'Épernon, qui ne passe pas pour facile à vivre, donner habituellement tort aux seigneurs de paroisses dans leurs contestations avec le, habitants ; Longueville, que l'on sait vain et orgueilleux, renoncer sans trop de difficulté à des velléités d'immixtion dans les affaires intérieures des États de Normandie, quand on lui représente qu'elles blessent la liberté ordinaire de la province ; le gouverneur de Provence demander formellement à être assisté, dans ses déplacements, d'un de ces délégués des États ayant titre de procureurs du pays ; et nous verrons qu'il y a quelque peu à rabattre des récriminations exagérées de l'histoire contre le rôle des gouverneurs et la façon dont ils le comprenaient[11].

Militaires de profession, de goûts et d'habitudes, ils préféraient en temps de paix le séjour de Paris ou de Saint-Germain à celui de leur chef-lieu ; tenus de résider six mois par an, ils s'absentaient à leur gré, même pendant ces six mois, à la condition de n'en point parler, comme le conseille à l'un d'eux le secrétaire d'État auquel ressort son gouvernement[12]. Étrangers à toute gestion financière, il leur est interdit d'autoriser aucune imposition sans lettres patentes ; le domaine judiciaire est sévèrement gardé par l'armée des gens de robe qui en occupe toutes les avenues ; d'autre part l'autorité parisienne n'a pas encore imaginé de s'ingérer, par ses mandataires, dans l'intimité de la vie communale ; les attributions civiles du gouverneur sont ainsi très-restreintes : l'exportation des blés ou des vins qu'il interdit ou autorise, suivant les circonstances, l'hygiène — il prescrit des quarantaines contre la peste — une haute surveillance politique, les différends entre communes mitoyennes à aplanir[13]...

Encore doit-il craindre d'empiéter, ne fût-ce que d'un pouce, sur le terrain administratif du parlement, fort chatouilleux en ce chapitre. Quand le parlement n'aimait pas le gouverneur, il n'était sorte de résistance qu'il ne lui opposât, sorte de niche qu'il ne lui fît — Concini en subit à Rouen l'épineuse expérience ; — quand il l'aimait, il demeurait néanmoins sur la défensive et toujours prêt à le prendre en grippe. Cette indépendance des fonctionnaires de l'État vis-à-vis les uns des autres entretenait l'élasticité de notre ancienne monarchie française, beaucoup moins autocratique -en réalité qu'en apparence, à l'inverse de gouvernements modernes qui ont introduit la liberté dans les lois, mais accru le despotisme dans l'administration. Le citoyen qui avait à se plaindre de quelqu'un ou de quelque chose ne se trouvait pas en face d'un état-major d'agents du pouvoir central se soutenant tous avec acharnement, et tous tremblant de se compromettre en quoi que ce soit vis-à-vis d'un supérieur ou d'un collègue ; il trouvait l'excès contraire : des pouvoirs rivaux, disposés sans cesse à se critiquer et à se combattre, mais dont les luttes permettaient au bon droit de se faire jour.

Il est assez difficile de se prononcer aujourd'hui avec l'impartialité voulue sur ces rivalités quotidiennes des parlements et des gouverneurs, que le Roi lui-même semble assez embarrassé de régler, puisque mainte fois il se contente de les inviter tous à vivre en repos et bonne intelligence. Les parlements ont laissé des écrits où, bien entendu, ils se donnent toujours raison ; ils ont beaucoup d'historiens qui nous font leur panégyrique ; les gouverneurs, au contraire, écrivaient peu ou pas, personne n'a cru devoir publier leur éloge ; leurs droits, faute d'archives et de traditions, étaient donc imparfaitement établis. Les ordres royaux, par exemple, étaient adressés aux parlements pour la publication. Mais les gouverneurs, ajoutait-on, ne laisseront pas d'en prendre connaissance pour ce qui est de l'exécution. Seulement, si cette exécution soulevait quelque difficulté, c'est le parlement qui la tranchait, car le, gouverneurs, selon la formule insérée au dos de leurs actes de nomination par les magistrats qui l'enregistraient, n'avaient point de juridiction contentieuse, mais seulement volontaire. Le gouverneur prend-il une décision illégale ? Le parlement s'empresse d'interdire par arrêt d'en tenir compte, et ordonne même qu'il en soit informé. Le gouverneur, contraint de se rétracter, donne seulement à l'acte par lequel il rapporte son ordonnance une date antérieure à l'arrêt des gens de justice, afin de sauver les apparences et de ne pas paraître leur avoir cédé[14]. Les deux puissances traitent sur le pied d'égalité : tel gouverneur consent à revenir sur une mesure qu'il a prise à condition que la Chambre des comptes supprimera des procédures commencées contre lui. En 1628, le ministère avise les gouverneurs et les parlements de la paix qui vient d'être signée avec l'Angleterre et leur enjoint de la publier ; mais la lettre adressée au gouverneur contenait des instructions pour procéder à des réjouissances publiques, dont il n'était pas question dans la lettre adressée au parlement ; le corps judiciaire se plaint qu'on ait négligé son intermédiaire, le Roi lui répond que c'est un simple oubli et consacre à nouveau son droit en tant que besoin. Pour ne pas le laisser mettre en doute, le parlement prescrit à son tour les fêtes officielles, et comme dans l'intervalle elles ont eu lieu, on les recommence. Les magistrats ne se contentent pas de défendre leur sphère, ils en sortent : Il ne me serait pas bien convenable, dit le gouverneur de Normandie à propos d'un litige de police, de faire la charge de premier président, et l'on se moquerait de moi, si je voulais l'entreprendre ; aussi je ne désire pas qu'un autre entreprenne sur ma charge. Soupçonnant qu'un officier général a livré par trahison une place aux Espagnols, dans la république de Gênes, le parlement de Provence fait arrêter des chefs militaires, et prévient le gouverneur qui, au contraire, engage la Compagnie à ne pas se mêler de la chose, et, pour anéantir son intervention, favorise l'évasion des prisonniers. Richelieu, en cette circonstance, soutint le parlement et lui fit dire de poursuivre le procès[15].

Sous ces hermines de province battaient des cœurs en qui l'esprit d'autonomie n'éteignait point le sentiment patriotique, pas plus que l'amour d'une liberté sage n'en excluait le respect de la personne royale. A Toulouse, en vérifiant les pouvoirs du lieutenant général de Languedoc, on prend soin d'y ajouter cette clause qu'il ne pourra convoquer les États sans la commission ou l'exprès commandement du Roi ; à Rouen, le premier président déclare au gouverneur, dont la fidélité est fort chancelante (1617), a qu'il est de son devoir d'aller volontairement au-devant de Sa Majesté R. A Bordeaux, il empêche le duc d'Épernon de mettre ses armes à côté de celles du Roi, au mai que l'on plante tous les ans devant l'hôtel de ville ; à Aix, il fait enlever, sur les vitraux de la chapelle du roi René, les armes du duc de Guise que ce gouverneur y avait fait peindre, et les remplace par les fleurs de lys[16].

Tout gouverneur est en effet porté à jouer au prince ; assez coulant sur le fond de son autorité, il est d'une vanité pointilleuse sur la forme. Certains affectaient de faire mettre leur chaise avec celle de leur femme sur un haut dais dans l'église, obligeaient le prédicateur à leur adresser la parole au commencement de son sermon, en les traitant de Monseigneur ; le clergé s'en plaignait ; il se plaignait aussi de ce que ces personnages prétendissent avoir le pas sur les évêques, contrairement à l'ordre du royaume qui donnait la préséance à ces derniers, sauf sur les princes du sang. En Languedoc, le lieutenant général ne voulait laisser passer avant lui que l'archevêque de Toulouse ; d'Épernon disait, à Bordeaux, en parlant du premier pasteur du diocèse : Qu'il sache bien qu'en ma qualité de gouverneur, j'ai le droit de l'envoyer quérir, lui archevêque, quand je le jugerai expédient, et qu'au cas où il refuserait de venir de gré, je le ferais bien venir de force. Avec la noblesse locale leur morgue est parfois ridicule : la maréchale de La Meilleraye faisait asseoir, à Nantes, les principales femmes de la ville sur de petits tabourets de trente centimètres de haut, tandis que ses sœurs étaient sur des fauteuils ; on n'osait danser sans le lui faire savoir et obtenir son agrément, car c'eût été un crime capital que d'avoir fait une assemblée, quand Madame avait témoigné qu'elle n'en pouvait être[17].

Fréquemment les gouverneurs, ceux des villes surtout, étaient dans leur province gens d'une large surface sociale ; au pouvoir administratif ils joignaient la propriété foncière. M. de La Baume-Montrevel, lieutenant de roi en Bresse, y possède marquisat, comté, quatre baronnies et quantité de terres seigneuriales ; Sourdis désire obtenir le gouvernement d'Orléans bien que de peu de conséquence, parce qu'il a la plupart de son bien dans la Beauce, et ses habitudes de père en fils parmi la noblesse de ce pays. Le même motif qui poussait des gentilshommes du cru, légers souvent et peu sûrs, à solliciter ces emplois, faisait craindre à la royauté de les leur confier ; ce qu'ils ambitionnaient par là : le grossissement de leur importance était précisément ce que le ministère redoutait le plus[18]. Il rêvait au contraire, pour les dépayser, de les changer de poste tous les trois ans, d'exécuter ce que nous appellerions des mouvements administratifs ; Richelieu le proposa en entrant au conseil (1625), et ne renonça à ce plan qu'après l'avoir reconnu impraticable. Il en fait l'aveu dans son Testament politique : Les gouvernements sont presque tous si peu utiles, que si on ne les donne à des personnes qui les souhaitent plus pour l'honneur et la commodité de leur voisinage que pour autre considération, il s'en trouvera peu qui en puissent supporter la dépense, et il n'y a pas dans les provinces assez de gens pour faire les changements nécessaires si les emplois sont rendus triennaux[19]. Nous avons déjà montré combien ces charges étaient onéreuses[20] ; elles ne rapportaient quelque chose que le jour où on les vendait : en démissionnant le gouverneur de Montélimar touche quinze mille livres de récompense, celui du Havre reçoit un brevet de duc et le don d'une terre de vingt-cinq mille livres de rente. Quelquefois les sommes ainsi données au partant sortaient de la caisse de l'État ou de la bourse des contribuables locaux ; le plus souvent elles étaient versées par le nouveau pourvu, et l'on avait rarement, comme le gouverneur de Neufchâtel, la chance de trouver preneur à cinquante et un mille livres d'une charge que l'on avait achetée cinq cents écus et qui ne valait annuellement que vingt livres de gages[21]. Depuis une trentaine d'années qu'on avait commencé à en trafiquer, les gouvernements tendaient à devenir des offices inamovibles ; bien qu'en théorie les titulaires fussent révocables à volonté, le Roi hésitait devant une disgrâce complète ; plutôt que d'exiger une démission par-devant notaire, on interdisait au fonctionnaire suspect l'entrée de sa circonscription, on lui laissait le temps et le moyen de traiter avec son successeur[22].

Les appointements fixes de chefs de provinces sont uniformément de six mille livres, payés sur l'extraordinaire des guerres et compris dans le budget des garnisons. Cette somme, qui correspond à trente-six mille francs de nos jours, semble infime, puisqu'ils devaient là-dessus payer leurs scribes, leurs frais de bureau, les dépenses de toute nature qu'une représentation à peu près obligatoire leur imposait[23], et qu'ils n'étaient même pas logés : M. d'Elbœuf habite à Rouen chez un particulier ; M. de Longueville, qui lui succède, s'installe dans l'abbaye de Saint-Ouen dont son beau-frère est commendataire. Mais les villes ou les généralités offrent volontiers le gîte au représentant du Roi ; les maisons étaient si bon marché au dix-septième siècle que ce ne sont pas là de grands sacrifices : à Nevers, le loyer est de deux cents livres ; les États ouvrent, à Aix, un crédit de trois mille livres pour l'achat de l'immeuble qui plaira au comte d'Alais[24].

Les mêmes États accordent périodiquement au gouverneur une assez forte somme pour sa compagnie d'ordonnance, avec ses gardes et son plat. Ils lui donnent en outre trente-six mille livres par an pour son entretien personnel, et, persuadé que ces allocations ordinaires ou extraordinaires tournent au plus grand profit de ses commettants, le pays (autrement dit les députés des trois ordres) prétend les continuer malgré les défenses de la Chambre des comptes et le refus même de celui qui en est l'objet[25]. En Picardie, le duc de Chaulnes est ainsi doté de huit mille livres de traitement supplémentaire, en Auvergne le maréchal de Toiras en reçoit vingt-quatre mille, et Montmorency soixante mille en Languedoc. En Normandie, les États qui allouent à Chevreuse dix-huit mille livres de gratification n'oublient ni ses lieutenants ni ses autres subordonnés. Partout les communes apportent leur petit contingent : l'une le chauffe, l'autre le nourrit, l'autre le voiture ; Bourg lui donne une jument pour faire ses courses, Avallon la coupe de deux ou trois arpents de bon bois, Vinsobres, en Dauphiné, choisit pour lui ses plus grosses truffes ; Saintes lève un impôt de trois cent soixante-quinze livres pour faire un présent au secrétaire de notre gouverneur en reconnaissance des peines qu'il a prises d'aller solliciter à Paris, auprès dudit seigneur, notre exemption des logements militaires. Tous ces cadeaux en effet, il n'est pas besoin de le dire, sont un peu intéressés[26].

H en est de même de ceux auxquels les entrées solennelles servent de prétexte ; dans les grandes villes, ces cérémonies comportent un apparat immense. Le gouverneur ne contracte plus mariage avec sa capitale, comme aux siècles antérieurs ; les bourgeois ne lui passent plus au doigt l'anneau d'or, à l'hôtel de ville, pendant qu'il fait serment de les entretenir en leurs franchises et libertés. Mais le poste, en perdant sa solidité, a gardé son faste. Le maréchal d'Albret est encore reçu à Cordeaux, en 1671, avec une pompe souveraine : les jurats, les consuls de la Bourse, accompagnés d'une troupe de hautbois et de violons, vont à sa rencontre sur la Gironde, et lui présentent une e maison navale n, richement parée et tirée par trois chaloupes ; on le harangue, on le canonne, on lui offre les clefs de la ville, on l'installe sur un trône à trois degrés, devant lequel tous les corps constitués défilent et font leur révérence et leur compliment. Il entre, enfin, à cheval, précédé de soixante soldats du guet, de la compagnie de ses gardes, de ses valets de pied conduisant ses chevaux de main, de ses trompettes, de ses pages, et suivi de la principale noblesse de la région, à travers une double haie de bourgeoisie sous les armes, dans les rues splendidement tapissées. Les jours suivants, festins et régalades en son honneur chez les jurats, les parlementaires, les diverses notabilités ; ses amis dé Paris lui écrivent pour le féliciter de son avènement à la couronne de Guyenne, et cependant ce gouverneur n'est plus qu'un postiche. Dans les autres cités du ressort, la fête recommençait avec plus ou moins d'éclat, selon les ressources et les bonnes volontés privées. en un emblème allégorique, peint à l'occasion de l'entrée du duc d'Halluin à Nîmes, la ville se représente elle-même sous la figure d'une femme couronnée de créneaux, offrant à monseigneur un cœur tout de flammes qui est celui des habitants, et traînant derrière elle vingt-quatre captives, pareillement crénelées, en souvenir des places que Nîmes avait autrefois subjuguées[27].

Pour montrer leur zèle, les conseils municipaux ne manquent pas d'emprunter partout des tapisseries, des armes destinées aux soldats de parade qu'on improvise. Les bourgeois de distinction ornent de leurs plus beaux meubles les chambres de la meilleure auberge, prêtent leur propre linge ; ils y ont d'autant plus de mérite qu'on leur rend généralement le linge troué et les meubles brisés. Peintures, décorations, chants, costumes, provisions de bouche, tout cela revient fort cher, et les gens du gouverneur, de même que ceux du Roi, s'emparent en son nom, en vertu du droit de leurs charges, d'une partie du matériel qui a servi à le recevoir le plus dignement possible ; il faut tout leur racheter à beaux deniers comptants. Peu de causes communales pouvaient suffire à ces lourdes dépenses, qui comprenaient un présent obligatoire variant de deux à cinq mille livres ; pour y subvenir, on emprunte, les finances en sont tout à fait dispersées. Afin de s'épargner cette visite et les frais accessoires où elle les entraînait, les municipalités préfèrent souvent traiter à forfait avec le gouverneur : l'une lui donne trois mille cinq cents livres, moyennant quoi il fait grâce de son entrée[28].

Que, dans ces conditions, les autorités locales se bornent à rendre au lieutenant de roi — le second du gouverneur — les petits honneurs, au lieu des grands, voilà qui parait assez légitime aux yeux de la postérité, bien que la chose ait en son temps fourni matière à de longs procès. Plusieurs lieutenances de roi ou lieutenances générales, car sous Louis XIII on dit l'un et l'autre[29], sont indépendantes et ne font partie d'aucun gouvernement ; tel est l'évêché et le comté de Nantes qui forme un district séparé, ne relevant que du pouvoir central. Rien n'est plus confus et plus variable que le rôle des lieutenants de roi ; il n'y en a pas partout et il en est dans la même province qui, quoique possédant des ressorts égaux, ont une situation fort différente. Le marquis de Raigny a la lieutenance en Bresse et en Charolais ; la première de ces charges vaut cent mille livres ; la seconde n'en vaut que vingt-cinq mille, parce qu'elle n'a nul emploi, dit-on ? Le Poitou a deux lieutenants généraux, la Provence pendant longtemps n'en a pas un seul ; en Languedoc, où plus tard il y en aura trois, on n'en voit un sous Richelieu que par intermittence, quand on se défie du gouverneur. C'est le caractère nouveau de la fonction ; la cour désire que gouverneurs et lieutenants ne soient pas trop bien ensemble, trop conjoints d'amitié ou de dépendance, et cesse, comme on le faisait jusqu'alors, de consulter les premiers sur le choix des seconds[30].

Une autre maxime de la politique royale était de ne jamais donner à un chef de province, dans l'étendue de son gouvernement, le commandement d'une place forte. La reine Marie, après sa réconciliation avec son fils (1620), jouit quelque temps en Anjou d'une autorité urbaine et rurale ; mais Richelieu, au pouvoir, n'eût rien toléré de semblable. En vain Bellegarde, gouverneur de Bourgogne, demande la citadelle de Chaton ; en vain, ne pouvant l'obtenir, il intrigue pour la faire abattre ; un prince a beau muguetter une ville dans sa province, le ministre ne se départ presque jamais de sa ligne de conduite : c'est avec la plus grande peine que M. le Prince parvient à échanger la Guyenne, où il n'a aucune place, contre le Berry où il possède le château de Chinon et la tour de Bourges. Sans ces quelques centaines de toises de gros mur, à l'abri desquels il peut, à l'occasion, faire sa retraite, le gouverneur est comme l'oiseau sur la branche ; Montmorency, dont le nom avait pourtant quasi plus de poids en Languedoc que celui de S. M., impuissant, lors de sa révolte, sur cette multitude de bastions et de forteresses semés entre le Rhône et la Garonne, espère que plusieurs villes se déclareront pour lui s'il est vainqueur, mais n'a pas une poterne qu'il puisse faire ouvrir devant lui s'il est vaincu[31]. Brézé, quoique beau-frère du cardinal, est dans le même cas en Anjou : Cette fortune, dit-il, pour laquelle on me fait des reproches que je crois entendre, consiste au gouvernement d'une bicoque qu'il a fallu raser avant que je l'eusse, et à une charge que je puis perdre par un trait de plume, et après demeurer sans bien aucun et sans retraite... Sauf celle restriction, le souverain concède assez facilement les petites villes plus ou moins fortifiées, qui couvrent alors la surface de la France : un seul personnage en a parfois quatre ou cinq, les unes au nord, les autres au sud ; d'Ornano est gouverneur de Honfleur et de Pont-de-l'Arche en Normandie, de Tarascon et d'Aubenas en Provence. De simples seigneurs engagistes du domaine royal, c'est-à-dire des préteurs hypothécaires qui jouissent de la terre sur laquelle on leur a emprunté, comme le prince de Joinville à Issoudun, y nomment en toute liberté les gouverneurs militaires[32].

Cette quantité de détenteurs d'une parcelle de force publique, sa lis pouvoir être bien dangereux, se trouvaient pourtant à même d'entraver singulièrement, dans le détail, l'exercice de la puissance de l'État : Celui qui aurait été gouverneur de Saint-Martin-de-Ré, dit le cardinal, n'aurait pas dépendu davantage de la France que de l'Espagne ou de l'Angleterre, si l'on n'avait pas démoli les fortifications qui la rendaient imprenable[33]... Les parlements, dès la minorité de Louis XIII, demandaient la suppression de ces petites places qui servaient aux méchants, mais point aux sujets fidèles, semblables aux arbres fruitiers, nés sur les précipices, dont les oiseaux et autres bêtes se nourrissent et dont les hommes ne goûtent point. Le rasement des forteresses inutiles (1630), dont nous avons plusieurs fois parlé, remédia largement à ce vice de notre administration ancienne. Dans les villes de guerre où l'on conserve une garnison, toujours trop faible au gré des gouverneurs, on modéra l'omnipotence de ces derniers en séparant le commandement de la cité de celui du château. Le château dominait la cité, la cité environnait le château de toutes parts, l'un ne pouvait rien sans l'autre ; il fallait, pour qu'une révolte ait chance d'aboutir, la connivence de deux autorités naturellement rivales et volontiers hostiles. Il fallait, en outre, le consentement des habitants, armés eux aussi, et immanquablement dévoués au Roi, qui n'hésitent pas à monter a garde, nuit et jour, à leurs portes, pour empêcher la défection d'un gouverneur prêt à trahir la cause de l'ordre.

 

 

 



[1] RICHELIEU, Mémoires, II, 409. — Lettres et Papiers d'État, I, 589.

[2] Voyez cet ordre à l'Appendice. RAPINE, Relation des États de 1614, p. 32.        

[3] Le marquis de Themines est traité dans un arrêt du Parlement de Paris du 19 juillet 1642 de sénéchal et gouverneur de Quercy ; Fr. d'Esparbez, marquis d'Aubeterre, reçoit les provisions de la charge de sénéchal et gouverneur des pays d'Agenois et Condomois. (Arch. dép. Lot-et-Garonne, B. 12, 44.) M. de Praslin est bailli de Troyes et lieutenant de roi en Champagne.

[4] Mémoires de RICHELIEU, I, 454 ; de BASSOMPIERRE, 318. — LE BRET, Souveraineté du Roi, p. 45. — Édit du 4 juillet 1580. — DAVITY, Etats de l'Europe en 1625, p. 119. — LA ROCHE-FLAVIN, Treize Parlements de France, p. 19. — Lettres et papiers d'État, I, 151.

[5] Dans la principauté de Sedan, réunie en 1642, on continua pendant deux ans à rendre la justice au nom du duc de Bouillon. DE BOUTEILLER, Vie de Fabert. — TALLEMANT, I. 226. — Arch. Guerre, XXVI, 55.

[6] Arch. Guerre, XXVIII, 73. — Arch. dép. Drôme, E. 4,757, 6,203. — Arch. com. Nîmes, KK. 16. — FLOQUET, Parlement de Normandie, IV, 442. — BASSOMPIERRE, Mémoires, 290. — On peut citer nombre de gouverneurs qui ont commandé, en vertu de leur titre, sans avoir de grade militaire.

[7] RICHELIEU, Mémoires, I, 201, 223, 233, 386, 436.

[8] Arch. dép. Bouches-du-Rhône, C. 108. — TALLEMANT, III, 35, 41 ; VI, 15. — FLOQUET, Parlement de Normandie, IV, 557.

[9] Le chaperon était l'insigne du consulat. PAPON, Histoire de Provence, IV, 474. — CABASSE, Parlement de Provence, II, 153. — Arch. dép. Bouches-du-Rhône, C. 16.

[10] Voyez (Arch. hist. de Saintonge et Aunis, VIII, 373) la correspondance du duc d'Uzès, gouverneur de Saintonge, avec le maire de Saintes. — Mss. Godefroy (Bibi. de l'Institut), t. 280, f. 101. — RICHELIEU, Mémoires, III, 243. Soc. d'émulation de l'Ain, ann. 1868, p. 35. — En 1631, on ordonne au gouverneur de Bourgogne d'avertir les maires (le sa province d'avoir à refuser leurs portes à Monsieur. Pour mettre sa responsabilité à couvert il se fait délivrer, par ces officiers municipaux, des certificats constatant qu'ils ont reçu sa lettre, et il envoie ensuite la liasse de ces certificats à du Châtelet, le nouvel intendant. (Aff. Étrang., t. 800, f. 59.)

[11] Aff. Étrang., t. 806, f. 98. — DE BAUREPAIRE, Cahiers des États de Normandie, I, 347. — Arch. dép. Bouches-du-Rhône, C. 20.

[12] Arch. Guerre, XXIV, 57. — FAUGÈRE, Journal d'un voyage à Paris, p. 20.

[13] Arch. dép. Lot-et-Garonne (Lagarrigue, BB. 2) ; Bouches-du-Rhône, C. 23, 25 ; Haute-Garonne, C. 815. — Arch. com. Toulon, GG. 48. — Les gouverneurs nomment les commissaires qui assistent, au nom du Roi, aux synodes protestants (BENOÎT, Hist. de l'Édit de Nantes, II, 522) ; ils confirment parfois l'élection des capitaines, lieutenants et enseignes de la garde bourgeoise. (Aff. Étrang., t. 806, f. 97.)

[14] Lettres et papiers d'État, I, 422. — Arch. Guerre, XXIV, 180, 181. — CABASSE, Parlement de Provence, II, 27. — BODIN, République, 104.

[15] Arch. dép. Bouches-du-Rhône, C. 14. — CABASSE, Parlement de Provence, II, 28, 47. — FLOQUET, Parlement de Normandie, IV, 305.

[16] RICHELIEU, Mémoires, II, 672. — Arch. dép. Haute-Garonne, H. 417 — FLOQUET, Parlement de Normandie, IV, 341.

[17] Arch. Guerre, XXII, 80. — TALLEMANT, III, 49. — Règlement du 14 avril 1636. — Arrêt du Conseil d'État du 10 août 1636. — Correspondance de SOURDIS, I, LXVII.

[18] Aff. Étrang., t. 1,669, f. 83. — Correspondance de SOURDIS, I, 414. — Société d'Émulation de l'Ain, p. 108.

[19] RICHELIEU, Testament politique, I, 230. Il s'agit, bien entendu, des gouvernements de places. — Lettres et papiers d'État, II, 161. — FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, 56.

[20] D'Ornano avait avancé, en 1626, 148.000 livres pour les réparations d'une ville dont il était gouverneur. (Aff. Étrang., t. 783, f. 28.)

[21] Arch. dép. Drôme, E. 6.239. — TALLEMANT, I, 200. — DE BEAUREPAIRE, États de Normandie, I, 149.

[22] Aff. Étrang., t. 794, f. 317 ; t. 798, f. 6. — Lettres et papiers d'État, I, 319. — L'acte de nomination des gouverneurs s'appelait une provision, tandis que pour les grades militaires il se nommait un brevet, terme qui est demeuré en usage. Les appointements d'un gouverneur de place étaient souvent d'une centaine de livres ; d'Artagnan a 135 livres pour le château de Montaner en Béarn. (Arch. Basses-Pyrénées, E. 357.)

[23] SCARRON, dans le Roman comique, nous apprend que plusieurs d'entre eux avaient une troupe d'acteurs à leur solde.

[24] Arch. com. d'Angers, BB, 56 ; de Nevers, CC. 273, 289. — Arch. dép. Bouches-du-Rhône, C. 108. — Aff. Étrang., t. 787, f. 250 ; t. 806, f. 207 ; t. 837, f. 71. — Plus tard le gouverneur de Provence habita, au palais de justice, l'appartement des premiers présidents parce que d'Oppède préférait habiter son hôtel particulier. CABASSE, Parlement de Provence, II, 73.

[25] Ce dernier ne veut accepter, dit-il, que le don des cœurs et des bonnes volontés des Provençaux. Arch. Guerre, XXVI, 37. — Arch. dép. Bouches-du-Rhône, C, 15, 23. — Correspondance de SOURDIS, I, 414.

[26] Arch. dép. Drôme, E. 4.991. — Arch. com. d'Avallon, CC. 241, de Bourg, BB. 73. — Arch. hist. de Saintonge et Aunis, XI, 352. — Aff. Étrang., t. 893, f. 209. — Arch. Guerre, LXVII, 74, 82. — RICHELIEU, Mémoires, II, 427. — DE BEAUREPAIRE, États de Normandie, I, 279.

[27] Arch. com. Nîmes, LL. 20. — Chronique Bourdeloise, par G. DE LURBE, t. II, p. 105.

[28] Arch. com. de Bourg, GG. 82, 93 ; d'Avallon, AA. 17, BB. 4. — Arch. dép. Haute-Garonne, B. 429. — Comte DE CARNÉ, États de Bretagne, I, 268. — Le vice-légat du Pape, annonçant sa tournée dans le Comtat, ordonnait modestement aux communautés de faire, pour lui et sa suite, une dépense de dix écus au dîner du matin et de quinze écus au souper du soir. (Arch. dép. Vaucluse, B. 2,587.)

[29] On donne quelquefois le titre de lieutenant général au gouverneur même de la province.

[30] Arch. Guerre, XXVI, 55 ; XXXII, 14. — Mémoires de BASSOMPIERRE, 318 ; de BRIENNE, 4. — Lettres et papiers d'État, I, 591. — DANIEL, Hist. de la Milice, II, 19. — CABASSE, Parlement de Provence, II, 157. — Soc. d'Émulation de l'Ain, 1869, p. 159.

[31] En cas pareil les commandants de place avaient ordre de ne plus obéir qu'au Roi seul et à ses ministres. (Aff. Étrang., t. 800, f. 33.) — Mémoires de PONTCHARTRAIN 367, 471 ; de FONTENAY-MAREUIL ; de RICHELIEU, II, 27 ; du DUC D'ORLÉANS, 594. — Le duc d'Epernon était cependant gouverneur du château de Nérac, dans sa province (Arch. Basses-Pyrénées, B. 3725), et le duc de Montbazon avait, dans l'Île-de-France, Soissons et Noyon ; mais ce sont des exceptions.

[32] Arch. dép. du Cher, C. 989 ; de l'Isère, B. 2,408. Les gouverneurs de place n'avaient la préséance sur les baillis que lorsque ceux-ci n'avaient pas la qualité de juges royaux. — Aff. Étrang, t. 783, f. 27 ; t. 802, f. 397.

[33] Arch. nat. KK. 1,355, f. 8. — RICHELIEU, Mémoires, I, 237, 300, 533. — FLOQUET, Parlement de Normandie, IV, 284. — Lettres et papiers État, I, 286.