La solde, ce qu'elle est, comment elle est payée. — Les vivres et l'entretien des troupes. — Situation matérielle du soldat. — Systèmes adoptés pour la nourriture des hommes. — Logements et cantonnements, pas de casernes. — Transports militaires, train des équipages. — Entretien des régiments à l'étranger. — Hygiène de l'armée, ambulances et hôpitaux militaires. — Invalides, frères lais ; mortes-payes, vétérans. — Administration, inspection et contrôle ; commissaires des guerres et intendants d'armée. — Fraudes et abus ; passe-volants. — Le budget de la guerre ; grands besoins d'argent.Il en restait bien davantage encore dans l'intendance. — L'armée est sur pied, elle est imposante ; à sa tête sont des officiers d'une bravoure extrême ; les généraux savent commander, les soldats savent obéir. Les citadelles sont en état de se défendre ; les canons sont prêts à tirer ; rien n'est fait encore, car tout peut se défaire en quelques semaines, si l'on n'y prend garde, Il faut les payer, ces hommes engagés pour si petit gain, et qui méritent leur salaire aussi bien que tout honnête ouvrier ; des mains avides interceptent leur solde au passage, il faut les couper. Il faut nourrir les armées ; pour les nourrir, il faut non-seulement de l'argent, mais du blé, de la viande, du vin, etc. ; or il est souvent plus aisé d'avoir des écus d'or que des miches de pain ; et il est encore moins difficile, en ce temps, de fabriquer le pain que de le conduire à ceux à qui il est destiné. Ce n'est pas tout : il faut des hôpitaux pour réparer les soldats-cassés, certains services sanitaires pour prévenir les maladies qui les usent, sans profit pour l'État ; tandis qu'il convient de ne les user qu'utilement, de les empêcher de mourir ailleurs que dans le combat. Il est bon enfin que, devenus vieux ou invalides, on ne les abandonne pas sur le pavé, d'abord parce que ce serait inhumain, ensuite parce que la sécurité de l'avenir inspire davantage le goût du métier. Tout cela eût été impossible à un homme ordinaire ; tout cela se résout pour un ministre du génie de Richelieu, par une question d'argent. Encore faut-il, pour faire vivre le militaire, ne pas tuer le civil — la poule aux œufs d'or ; — que le budget de la guerre n'écrase pas le budget de l'État, u point d'anéantir l'État. Quand on a l'Europe sur les bras, ce sont des questions qu'on n'a pas le temps de se poser ; l'histoire les pose, admire, mais se permet certaines réserves. Le chiffre de la solde varie extrêmement, selon les
années, parce que tantôt elle consiste seulement dans le prêt — ce terme est déjà en usage — tantôt elle
comprend le prêt et les vivres. En 1627, on donne au soldat 3 sous par jour,
en 1630, on lui donne 9 à 10 sous, mai ; il doit se nourrir à ses frais ; le
gouvernement ne lui fournit que le pain de munition[1]. En théorie, la
solde devait être donnée d'avance, et à jour fixe ; en pratique elle l'était
à des dates indéterminées, quand l'État avait de l'argent. On appelait montre le jour de la paye, sans doute parce que
le capitaine devait faire voir ses hommes au commissaire chargé d'en vérifier
le nombre. Par extension la paye elle-même
se nomma montre. Rangés sur les
remparts de la ville spécialement destinée à cet objet, les hommes émargent à
tour de rôle, en regard de leurs noms, sur de grands parchemins, où ils sont
alignés comme sur le terrain, en plusieurs colonnes[2]. En principe la
montre avait lieu tous les mois, à moins que pour empêcher les soldats de se
débander, après avoir touché et dépensé leur argent, on ne les payât tous les
huit ou neuf jours comme on fit pendant le siège de A ceux quia demeuraient assidûment dans leur garnison n,
on donnait deux fois par an, une indemnité de 6 à Aujourd'hui, pour entretenir sur le pied de paix, environ
420.000 hommes, L'État, après avoir hésité pour nourrir l'armée, entre deux systèmes qu'il pratiqua successivement : l'un qui consistait à acheter les vivres à un munitionnaire, et à les fournir aux hommes en nature, l'autre par lequel il donnait aux soldats de l'argent pour se nourrir, finit par s'arrêter à un troisième qui demeura en vigueur jusqu'à la fin de la guerre de Trente ans. Il mit l'entretien des soldats à la charge des villes, des provinces où ils stationnaient ; et remboursa les États provinciaux et les municipalités de leurs avances, au moyen de deux impositions : les quartiers d'hiver et les étapes, recouvrées sur tout le territoire français, en même temps que les tailles[7]. Une ordonnance sur les étapes avait tracé quatre grandes
brisées, qui sillonnaient On obligea chaque capitaine à avoir un vivandier pour administrer les vivres au prix des marchés. Ces vivandiers pillaient tout dans la campagne ; il fallut les contraindre, sous peine des galères, à s'enrôler dans les régiments où ils voulaient servir[12]. L'État, quand il nourrissait ses troupes en nature, était le premier à fermer les yeux sur les larcins des soldats, à condition d'en tirer profit. Un agent du cardinal écrit très-naïvement : que le prix courant du blé entre paysan et paysan est de trois pistoles la charge, mais qu'il en a eu à deux pistoles, attendu qu'il l'a acheté des soldats[13]. Dans les villes assiégées, ou en rase campagne dans les pays ruinés, il fallait bien que l'autorité militaire pourvût elle-même à la subsistance des armées ; elle le fait assez chichement, et encore avec mille peines. Quand les soldats ont épuisé les biscuits, percés par le milieu, qu'ils portent à leur ceinture, ils doivent se sustenter avec une livre de riz par deux ou trois hommes[14]. Dans les garnisons, où les soldats ne vivent qu'au jour la journée, dès que l'argent leur manque, si les officiers ne leur en prêtent plus, ils sont réduits à n'avoir pas de pain, car de crédit chez les bourgeois il n'en faut point parler pour eux[15]... Souvent on avait du blé, mais aucun moyen de le réduire en farine ; un commissaire de l'artillerie inventa des moulins à bras pour les troupes, et l'État obligea tous les ouvriers capables du royaume de travailler à la confection de ces instruments cessant et postposant tout autre ouvrage[16]. Heureusement le soldat français n'était pas difficile et se contentait de peu. Il n'en était pas de même des régiments étrangers, des Anglais par exemple que nous avions à notre service, sous la régence d'Anne d'Autriche : huit sous par jour et le pain ne suffisent pas, à cette nation carnassière, parce qu'elle n'est pas satisfaite du pain de munition, n'y étant pas accoutumée, et en ayant toujours eu d'autre[17]. D'organisation administrative, aucune trace, pas même un
léger embryon. Aussi, à peine la guerre commence-t-elle, guerre préparée
pourtant de longue main, que les vivres font défaut ; à tout moment on e
besoin de l'assistance des particuliers. Tout le monde se mêle des
approvisionnements : magistrats, évêques, secrétaires du Roi, ambassadeurs à
l'étranger. Inutile de dire que Richelieu s'en occupe personnellement, et
dans les plus minutieux détails[18]. Ce ministre
qui, dans la plénitude de sa puissance absolue, doit appeler encore le Roi à
son aide pour fixer le prix du pain, et régler la distribution, est amené à
supputer le nombre de livres de beurre, de têtes de bétail et de barriques de
vinaigre qu'il faut à telle ou telle garnison[19]. II ne suffisait
pas de prévenir les grandissimes fourbes des
munitionnaires, il fallait éviter cet inconvénient
qui est ordinaire à ceux qui entreprennent des marchés pour le Roi, savoir
est qu'ils promettent tout et ne tiennent rien[20]. Le prétexte des voleries que font les munitionnaires,
écrit le maréchal de Puis, il y avait le gaspillage. — Il
ne faut que bon pain, bon vin et bon fourrage, disait le maréchal de
Gassion ; le comte d'Harcourt mangeait en public, pour faire voir qu'il
n'avait pas de meilleur pain que les simples soldats. Mais c'étaient là des
exceptions ; la plupart des généraux voulaient avoir dans les camps un train magnifique ; et chacun s'efforçait d'imiter
leur exemple. Aussi quand on confiait, en certains cas, le soin et la garde de la farine aux principaux officiers
de chaque régiment, le remède était médiocre ; certes ils ne la
volaient pas, mais ils la dissipaient avec une parfaite insouciance[22]. Le
munitionnaire de l'armée de Provence tombe malade, on charge un officier de
surveiller la fabrication du pain ; celui-ci s'empresse de faire faire et
d'offrir au général en chef 2.000 pains avec de l'anis, 800 à chacun des
maréchaux, et proportionnellement à tout l'état-major. Il faut donc avouer
que l'Édit royal n'a pas tort, quand il se plaint que le peu d'ordre apporté à la distribution des vivres, fait que
l'on consomme quelquefois en un jour, ce qui devrait suffire pour un mois
entier[23]. Souvent, nous l'avons dit plus haut, les vivres
existaient, mais on ne pouvait pas les faire parvenir aux troupes. La
question des transports militaires, si peu aisée même dans les temps
modernes, crée à cette époque des difficultés insurmontables. Ni routes, ni
charrettes, ni chevaux, ni charretiers. Par contre, énormément de bagages ;
tout le monde en a, jusqu'aux simples soldats d'infanterie, mais personne ne
veut les porter. Le capitaine devait
se munir de charrettes suffisantes pour lui
et sa compagnie, mais il s'en souciait fort peu, trouvant plus simple de
prendre celles qui lui tombaient sous la main. Accompagnés à la guerre, comme
ils le sont souvent, de leurs femmes et de leurs enfants, les officiers de
tout grade, avaient pourtant un volume respectable de caisses de tout genre[24]. Les simples
fantassins, à qui il était permis d'avoir une charrette à huit ou dix pour
leurs hardes, ne s'en contentaient pas ; on eut peine à les empêcher d'entretenir
individuellement un cheval[25]. Et tandis que
chacun montrait grand souci de ses objets personnels, tout le monde regardait
comme au-dessous de soi de s'occuper du charroi général. J'ai mille obligations à tous ces messieurs, que je vois
souvent à la promenade, écrit de Bordeaux le prince de Condé, mais nul ne
fait conduire les munitions ni par terre ni par mer. Richelieu dut y
mettre la main, s'initia au métier... secoua les uns, activa les autres : Faut savoir combien porte une charrette, combien pèse le
setier de blé... il faut des charrettes bien
faites, couvertes de toile cirée, à la flamande, pour mettre le pain et
farine à couvert[26]. Des chariots de
l'armée impériale, montés sur quatre roues, le corps en osier couvert de cuir
noir, étant tombés entre nos mains, nous servirent de modèles[27]. De Noyers, avec
son esprit organisateur, imagina ce qu'on nomme aujourd'hui le train des
équipages. Il propose d'avoir des chevaux, des
charrettes et des charretiers supernuméraires, pour remplacer ceux qui
se cassent ou meurent. Au lieu d'un capitaine du charroi dans une armée, il
en faudrait deux... il faut des bourreliers,
maréchaux et charrons. Quelque beau que soit un équipage lorsqu'on se met en
campagne, il périt en peu de temps, faute de tout cela[28]. En attendant que le secrétaire d'État de la guerre eût
réalisé les vœux qu'il formait là, le transport des vivres demeurait
non-seulement fort onéreux — le duc de Savoie qui se charge de faire parvenir
4.000 sacs de blé à Casal, veut les survendre le triple de leur valeur[29] — mais bien
souvent tout à fait impossible. Plus d'une fois les soldats français auraient
pu, comme les janissaires révoltés en Orient, accourir au quartier du
général, portant en signe de protestation les marmites
renversées[30]. Il n'est pas
rare, même après une victoire, de voir l'armée manquer de pain deux ou trois
jours ; tantôt les mauvais temps, tantôt l'absence de mulets, comme au pas de
Suze, empêchent les subsistances d'avancer. Un général déclare que plus il
aura d'infanterie, et moins il obtiendra de résultat, à cause de la difficulté de leur fournir du pain suffisamment pour se
mouvoir[31].
Cette rareté des vivres prend parfois les proportions d'une véritable
disette. Dans l'armée de l'Est, en 1637, la
nécessité a réduit les uns à mourir de faim, et contraint les autres à piller
du pain et du fruit dans les marchés, et déterrer les morts pour ôter les
linceuls de leur sépulture. La bourgeoisie s'est soulevée, en a tué
quelques-uns et mis dehors les autres. Cela sera universel par toutes les
garnisons[32]. Cependant la
volonté du ministre était formelle ; pour lui, traiter une contrée en pays conquis voulait dire qu'on voulait la
traiter mieux que Plus le désir de s'annexer la ville ou la contrée est vif, plus les prévenances se multiplient ; tel est Strasbourg : J'ai été à Strasbourg, écrit de Noyers à Richelieu, pour leur présenter des lettres du Roi, et les faire bien payer de toutes les munitions de bouche qu'ils avaient fournies à l'armée. Nous l'avons fait avec applaudissements, et leur avons distribué quelques médailles du Roi, pour témoignage de l'affection de Sa Majesté envers eux. Ils les ont reçues avec de grandes marques de satisfaction, mais je n'y vois rien à espérer davantage... ils sont républicains, et fort amoureux de leur liberté, qu'ils croiraient blessée par le simple mot de protection[35]. Chaque année, à l'entrée de la mauvaise saison, les
troupes étaient cantonnées dans les villes frontières, pour la durée de
l'hiver. Comme il n'existait nulle part de casernes, et qu'on n'avait même
pas idée d'en construire, puisque l'armée était destinée à disparaître à la
paix, les soldats logeaient toujours chez l'habitant. Rude charge pour la
population civile ; en Hollande, ce pays modèle de la liberté, on ne donne point de billets pour les loger. Les bourgeois
les choisissent eux-mêmes sur la place ; les uns en prennent deux, les autres
quatre, et non pas tous d'une même compagnie. Le pays donne deux sous par
jour à l'hôte, pour le logement de chacun. Ceux qui restent et qui n'ont
point été pris, sont mis dans des corps de garde. Pour l'ordinaire il n'y a
que les plus mal faits et mal vêtus qui demeurent sans logement ; quand on
les a un peu rajustés il se trouve quelqu'un qui les retire, mais on ne peut
l'y contraindre[36]. En France, le
logement était obligatoire ; et le soldat a droit au
lit, linge de table, pots, écuelles, verres, place au feu et à la chandelle
de l'hôte, selon la formule connue. Bien que des règlements eussent
défini soigneusement les droits respectifs de l'hôte
et de l'homme de guerre, que le nombre des bûches et la
grosseur de la chandelle fussent spécifiés selon le grade, ainsi que les
dates de changement des draps de lit et du linge de table, cette cohabitation
donnait lieu à des plaintes perpétuelles[37]. Le gouvernement
reconnait que l'ustensile — le logement
avec ses accessoires — servait assez ordinairement
de prétexte aux vexations des soldats ; aussi, faut-il voir comme
chacun cherche à s'y soustraire. Sans cesse on écrit au secrétaire d'État
pour lui demander, ou lui donner ordre, d'exempter du logement des gens de guerre tel ou tel village qui appartient à
ce maréchal, cet évêque ou ce grand seigneur. Le ministre de Noyers donne
lui-même l'exemple ; il recommande à Un grand arbitraire présida, jusque vers 1638, à cette
répartition des troupes sur la surface de La question des vivres fit ainsi, sous Richelieu, un
progrès notable ; on n'en peut dire autant de la solde. La solde, c'était un
luxe ; le gouvernement traite un peu ses soldats comme don Juan monsieur
Dimanche. On envoie une montre à la cavalerie qui
est dans Casal, dit Richelieu, mais pour
l'infanterie à qui l'on donne pain, vin et viande, on ne juge pas à propos de
lui rien bailler, que de bonnes paroles[43]. Sans cesse des
officiers, au nom de leurs troupes, réclament le payement des sommes
arriérées. Pontis est, à cet effet, député de Montpellier à Paris. Nul ne se plaindra de moi que de manque d'argent,
écrit Condé, et cette maladie ne se guérit point par
embrassades, avec les vieux régiments. L'État, toujours gêné,
s'exécute à contrecœur ; M. de Chatillon s'en va en
son gouvernement, il a fallu payer deux mois à ses gardes dont il aura
besoin. Un intendant des finances trouve en rentrant chez lui, un
homme endormi dans sa salle et le reconnait. C'était un officier d'armée qui
venait souvent solliciter son payement. — Il est
temps, dit-il à son secrétaire, de chasser
cet homme, il commence à devenir trop importun[44]. Le payement manque toujours, ou parce qu'il n'y a point de
fonds, ou parce que celui qui est destiné à cet usage est détourné. Le
lecteur l'a vu dans les Finances, il est inutile d'y revenir ; tout ce
qui touche à l'administration des deniers publics est déplorable. Rien que
sur les soldes des Suisses, notre ambassadeur près des Cantons, le sieur de
Castille, à qui l'on avait donné ce poste pour se remplumer,
gagne en quelques années Or l'absence de solde est chose avec quoi l'on ne
plaisante pas. Le régiment de Heureusement que les autres nations, sauf La comptabilité militaire, machine vaste et compliquée, depuis lors formée et reformée pièce à pièce à travers les siècles, n'existait pas encore. On cherche, on tâtonne ; il ne se passe pas une période de six mois, en quinze ans, où il n'y ait quelque modification fondamentale au service des trésoriers de régiments. On les supprime, on les rétablit, on les réduit à deux ou trois, ou en crée trente ou quarante ; on abolit les anciennes charges, pour les faire revivre quelque temps après sous de nouveaux noms. La vénalité des offices exerce, ici comme ailleurs, ses ravages. Des emplois sans but inventés pour être vendus, et vendus au premier venu, constituent dans l'organisation nouvelle un rouage non-seulement inutile, mais nuisible[49]. Les officiers eux-mêmes, depuis le capitaine jusqu'au maréchal de France, en prenaient à leur aise avec les deniers du Roi. Forcés par l'État de faire souvent des avances, ces gentilshommes qui empruntent en leur propre et privé nom, qui mettent les bijoux de leurs femmes en gage, pour payer leurs soldats, comme fit le marquis d'Uxelles[50], n'étaient pas des hommes d'argent ; mais il leur semblait, en détournant à leur profit tout ou partie des sommes qui leur étaient remises pour la paye, qu'ils faisaient un emprunt à Sa Majesté, tel que Sa Majesté leur en eût fait un à l'occasion. Le Roi le sait bien, et ne s'en étonne pas outre mesure. Il défend aux officiers le séjour de Paris pendant les quartiers d'hiver, parce que la plupart d'entre eux consomment en débauches, l'argent que je leur fais donner pour leurs troupes. Le prince de Condé obtient des fonds pour payer un quartier de sa compagnie de gendarmes, mais il aime mieux se prévaloir de cet argent à son profit, que de l'employer audit payement[51]. Le cardinal, donnant un corps d'armée à commander au duc d'Angoulême, lui dit : Monsieur, le Roi entend que vous vous absteniez de.... (Et en disant cela, il faisait avec la main la patte de chapon rôti, lui voulant dire qu'il ne fallait pas griveler[52].) — Le bonhomme, comme vieux courtisan, lui répondit en souriant, et en haussant les épaules : Monsieur, on fera tout ce qu'on pourra pour contenter Sa Majesté[53]. Une des fraudes principales était les passe-volants. C'étaient le plus souvent des valets d'officiers, des marchands suivant les troupes, ou des gens sans aveu, à qui l'on mettait, pour la revue du commissaire, l'épée au côté, le mousquet sur l'épaule. D'autres fois, c'étaient de vrais soldats que les capitaines se prêtaient obligeamment et réciproquement les uns aux autres, et qui passaient et repassaient ainsi sous les yeux du commissaire, comme ces personnages de comédie qui remplissent successivement plusieurs rôles dans la même pièce[54]. Pour lutter contre cet abus, qui ne fut complètement déraciné que dans la seconde moitié du siècle, le surintendant d'Effiat déposséda les capitaines du droit où ils étaient jusqu'alors de payer leurs hommes ; les commissaires des guerres furent chargés de ce soin. Pourvu qu'on payât les soldats à la banque, sur des revues certaines, vingt régiments ne coûteraient pas plus que dix, qu'on présupposait complets, et qui ne l'étaient jamais[55]. Énergiquement appuyés par le pouvoir civil, contrôlés par les sergents-majors de chaque compagnie, auxquels on donnait dans ce but un supplément de solde, les commissaires des guerres ne rendirent cependant pas les services qu'on s'en était promis tout d'abord. L'emploi était vénal, l'achetait qui voulait ; ni la moralité, ni la position sociale des premiers titulaires de ce poste, n'était eu rapport avec l'autorité qu'on leur attribuait. Surveillants, ils eurent vite besoin d'être surveillés ; arbitres entre les officiers et les soldats, ils eurent besoin d'être soutenus contre les uns et les autres[56]. Les commissaires font signer aux capitaines d'infanterie les rôles en blanc, et ils les remplissent après à leur fantaisie avec les trésoriers. Ils obtiennent des généraux des ordonnances de fonds, sans leur faire voir le menu de la dépense[57]. Pour contrôler, et diriger les commissaires, autant que pour donner à ces agents isolés la cohésion qui leur manquait, on créa les intendants d'armée. Ce ne fut pas par un édit spécial (que l'on chercherait vainement puisqu'il n'existe pas), mais par des nominations individuelles et successives à cette fonction, qui peu à peu se définit et se généralise[58]. Leurs attributions : tout, sauf le commandement militaire ; l'intendant d'armée est même bien souvent intendant de la province où il réside ; c'est un proconsul. A l'avènement de Louis XIV, sa situation était légalisée ; les règlements avaient fixé ses gages, comme son pouvoir. Déjà il avait ses subdélégués, pour triturer la menue besogne, et veiller à l'exécution de ses décisions[59]. L'intendant était pris dans ce que la robe avait de plus élevé ; par sa fortune, ses alliances, c'était un personnage ; tout différent des pauvres diables de payeurs qui grouillaient dans les bas-fonds de la hiérarchie. Par l'appui aveugle du ministère, ce personnage fut un autocrate ; par ses traditions de magistrat, cet autocrate fut un honnête homme. Il n'eut d'autre vice que le vice qu'il fallait avoir : autorité absolue sur ceux qui étaient au-dessous de lui, soumission sans bornes à ceux qui étaient au-dessus de lui. Nous disons vice, parce que pour la justice et l'administration provinciale proprement dite, confiée à l'intendant, à nos yeux c'en fut un mais pour l'armée, ce fut le salut ; ces civils donnèrent aux militaires l'exemple de la discipline. A la même époque, par les soins des intendants et ceux clergé, était organisé le service sanitaire[60]. Richelieu préférait même pour cette tache les religieux aux laïques : Faut donner le soin de chaque hôpital à un ecclésiastique actif et zélé, au lieu de le confier à des maîtres des requêtes, qui savent mieux plaindre la misère des soldats blessés, qu'y apporter remède et les faire secourir. Il estimait plus 2.000 soldats, sortant guéris de l'hôpital, et en quelque sorte rompus au métier, que 6.000 recrues nouvelles[61]. Cependant, jusque vers 1039, il n'y eut aucun hospice militaire, ni dans les villes ni dans les camps. Il n'ya même guère de médecins. Les officiers riches ont dans leur train des barbiers-chirurgiens ; le plus souvent on se contente des médecins du lieu, de quelques empiriques. Le blessé qui n'a pas de quoi se faire soigner à ses frais, a grand'chance de succomber. Les soldats, dit Arnaud, voient que dans leurs maladies on a moins soin d'eux que l'on n'en a des chevaux, lesquels on fait panser soigneusement, parce qu'on ne les peut perdre sans qu'il en coûte de l'argent pour en avoir d'autres[62]. Les malades que l'on pouvait transporter à l'intérieur du royaume, étaient confiés aux soins des municipalités, qui faisaient enjoindre aux chirurgiens, par arrêts des tribunaux, de les visiter et panser sous peine de fortes amendes[63]. L'hygiène était détestable ; la mortalité par les maladies était énorme dans toutes les armées. Dans l'armée allemande en particulier, il y avait toujours quelque germe de peste. Une troupe qui campe, dit un rapport officiel, ne peut demeurer longtemps en même lieu sans qu'il y ait une extrême infection par la saleté des soldats, les tripailles des bêtes que l'on tue, et des chevaux qui meurent. Il faut avoir des gens destinés à mettre l'ordre là dedans, car aussitôt qu'une armée a un peu pâti, il ne s'en trouve plus qui le puissent ou le veuillent faire ; les soldats le refusent absolument, et s'ils y consentent, leurs capitaines les en empêchent, en disant que cela est indigne d'eux[64]. Les nouveaux intendants qui se donnaient des peines incroyables pour faire enterrer les chevaux morts, se préoccupèrent à plus forte raison de soigner les hommes vivants. Sur divers points du territoire, on voit des dépenses faites pour les hôpitaux de l'armée, et pour les gens et drogues nécessaires. De plus, à chaque corps, il y eut des Jésuites et des cuisiniers pour donner des bouillons et des potages, à tous les malades qui ne voulaient pas aller aux hôpitaux, un chirurgien et un apothicaire, pour saigner et secourir de médicaments ceux qui en avaient besoin. Les Pères Jésuites semblent cumuler la direction des ambulances, avec la charge de l'aumônerie. Comme ambulanciers, ils avaient à leur disposition deux charrettes, des vivres et six moutons tous les jours ; comme aumôniers les susdits Jésuites devaient avoir un soin particulier de se trouver aux occasions périlleuses, pour donner des absolutions générales, après avoir exhorté et tiré des soldats des actes de douleur de leurs fautes[65]. On s'occupait aussi des invalides ; — des estropiés comme
on les nommait — dont la destinée était lamentable. Au moyen âge, le pouvoir
civil d'accord avec le clergé, avait créé dans les abbayes des places de
religieux laïques ; mais le temps avait entièrement corrompu cette
institution, et au dix-septième siècle on voyait souvent les abbés donner ces
places à leurs propres domestiques, en guise de salaire. La portion monacale
de ces frères lais, ou oblats, pouvait être évaluée en argent à Une maison d'invalides avait été ouverte par Henri IV, rue de l’'Oursine à Paris ; ce fut l'idée mère des Invalides grandioses de Louis XIV, que Richelieu tenta d'ailleurs d'exécuter sous son ministère. Oublié par l'histoire, l'essai du cardinal a droit pourtant à une mention. Par un édit de 1633, fut établie au château de Bicêtre une communauté en ordre de chevalerie, sous le titre de commanderie de Saint-Louis, pour la nourriture et l'entretènement de tous les soldats estropiés à la guerre, au service de Sa Majesté[68]. L'exécution de ce dessein était confiée à Richelieu ; son frère le cardinal de Lyon devait être le directeur de cet ordre hospitalier, auquel une subvention levée sur tous les bénéfices ecclésiastiques de 2.000 francs et au-dessus devait fournir des fonds suffisant. Le projet reçut peu d'accueil, même dans l'entourage immédiat du premier ministre. Un seul bâtiment ne suffira pas, lui écrivit un de ses confidents ; il y a plus de 4 à 5.000 invalides épars en France, qui accourront à Paris comme à leur asile, voyant les constructions entreprises. Retenir ces soldats estropiés dans une maison, c'est un abus ; s'ils sortent, ils pourront jour et nuit voler les maisons en force, se réunir, etc. Il faut les disperser en divers édifices qui se trouveront vides, en province : léproseries, hôtels-Dieu, et autres maisons de piété désertes, qui ne servent à rien[69]. Le temps et l'argent, ces deux puissants facteurs de toute entreprise, que Louis XIV eut à discrétion, et qui manquèrent tous deux à Richelieu, ne permirent pas à la commanderie de Bicêtre d'être fondée sur des hases durables. Au bout de peu de temps, elle était en complète décadence. L’argent, c'est par lui que nous terminons ces chapitres militaires ; bien que nous en ayons déjà longuement parlé, dans le précédent volume. Les reproches que nous y avons formulés nous ont valu plusieurs critiques, qui revenaient toutes à développer ce grand mot toujours jeune : la raison d'État, les nécessités de la politique étrangère. Après avoir exposé dans la constitution de l'armée, toutes les difficultés qu'a rencontrées le cardinal de Richelieu, et le génie pro- fond, la dévorante activité avec lesquels il les a pour la plupart surmontées, nous devons ajouter qu'il fut, selon l'expression vulgaire, un terrible et systématique bourreau d'argent. Si le Roi se résolvait à la guerre, disait-il, à son arrivée au pouvoir, il fallait quitter toute pensée de repos, d'épargne, et de règlement du dedans du royaume... Sans argent on ne fait rien, proposez de grands moyens extraordinaires, les Parlements s'y opposent, ils font crier les peuples ; cependant il faut, pour un temps, mépriser cela, et se laissant calomnier, passer outre... L'argent est inutile aux rois, s'ils ne s'en servent aux occasions nécessaires à leur réputation et à leur grandeur, et fermer les yeux à la dépense est le meilleur ménage qu'on puisse faire à leur avantage[70]. Mettant en pratique ces nobles théories, le cardinal ordonne volontiers de faire tel ou tel ouvrage à graisse d'argent. Et le gouffre financier qui se creuse sous ses pas, et qui
devait aboutir à la banqueroute, ne le touche ni ne l'inquiète ; il en prend philosophiquement
son parti : Ce qui est bon pour un des maux (intérieur ou extérieur) est mauvais pour l'autre... il faut trouver des expédients qui pourvoient à tout ; le
mieux que faire se pourra. Cependant d'année en année la misère du
royaume augmente, et la détresse du Trésor public ne diminue pas, au
contraire. Le gouvernement ne peut pas être riche quand le pays est pauvre ;
cette vérité économique prit à la gorge les ministres de Louis XIII. Toutefois
les écrivains officieux recevaient l'ordre d'expliquer et d'atténuer de leur
mieux : Bien que le Roi, écrit Balzac, soit infiniment sensible à la misère et aux plaintes de
son peuple, il n'a pu néanmoins s'empêcher de l'amaigrir en le guérissant, ni
de tirer de ses veines et de sa substance de quoi lui procurer son salut[71]. De Noyers
disait bravement aux évêques de France, lors de l'assemblée du clergé de
1641, que les peuples contribuaient agréablement et
sans aucune difficulté par la levée du quartier d'hiver, payé dans
toute On disait publiquement qu'après
un an ou deux, à toute extrémité, il faudrait faire la paix ou succomber,
étant impossible que l'État supportât plus longtemps de semblables charges.
Le surintendant Bouthillier, informant en 1642 le premier ministre qu'il
avait fallu prendre l'argent des rentiers, terminait fort tristement sa dépêche
: Ce qui m'afflige est que les fonds extraordinaires
se peuvent dire taris, et est à craindre que les ordinaires nous manquent
tout à coup en beaucoup d'endroits du royaume... Il est besoin, Monseigneur, de penser à tout cela
sérieusement, et est tout à fait nécessaire de régler les dépenses selon les
fonds, n'étant plus du tout possible de régler ni trouver les fonds selon les
dépenses. Entre eux, les secrétaires d'État se laissaient aller à une
franchise naturellement plus brutale qu'avec leur chef. Les traitants nous abandonnent, écrit Bullion à
Chavigny, et les peuples ne veulent rien payer, ni
les droits anciens, ni les nouveaux. Nous sommes maintenant au fond du pot,
n'ayant plus de moyens de choisir entre les bons et mauvais avis. Et je
crains que notre guerre étrangère ne dégénère en une guerre civile[75]. Les renseignements
de tout genre que l'on peut recueillir, les rapports de l'ambassadeur de
Venise par exemple, qui observe tout du fond de son hôtel, avec un esprit
sagace et de nombreux moyens d'information, nous initient aux détails de
cette lamentable situation[76]. N'était-il pas possible de faire autrement ? Doit-on
croire avec Fontenay-Mareuil que s'il eût fallu
assembler les États, comme il se fait en d'autres lieux, ou dépendre de la
bonne volonté du Parlement, on n'aurait jamais eu l'argent nécessaire[77] ? Nous ne le
pensons pas ; le Parlement et les États Généraux n'ont cessé, aux moments les
plus difficiles de notre histoire, de donner les preuves du plus ardent
patriotisme ; avec leur contrôle, les dissipations eussent été évitées. C'est
en effet par la mauvaise administration des deniers publics, autant que par
la guerre elle-même, que l'on a été amené à faire ce que Michelet nomme une Saint-Barthélemy d'argent. Avec un surintendant
honnête et capable, on eût dépensé moitié moins. Le siège de En effet, le budget de la guerre, en 1639, s'élève d'après
nos évaluations, d'accord en cela avec celles de Richelieu et de la plupart
des contemporains, à 86 millions[79], ainsi répartis
: sommes entrées à Paris ou en province dans le trésor public, et figurant
avec une destination connue dans un des chapitres du budget : Ces 86 millions, multipliés par 6 pour avoir leur valeur actuelle, représentent à peu près 516 millions d'aujourd'hui, et comme la population française était moitié moindre que de nos jours, ils correspondent à plus d'un milliard. La charge, énorme en elle-même, était presque doublée par les frais de recouvrement annuels, qui montaient à 40 millions, et par les rentes, intérêt accumulé des frais de recouvrement des années précédentes, qui s'élevaient à 28 millions. C'est là l'ombre du tableau. Quelle que soit la grandeur du but —c'est un devoir pour l'historien de le dire — l'homme d'État n'a pas le droit de l'atteindre par tous les moyens. Ce sera au lecteur de juger ce qu'il était possible de faire, avec les ressources limitées du crédit et de la fortune publique au dix-septième siècle, et de savoir si les traités de Westphalie ne valaient pas le prix qu'on les a payés. |
[1]
Lettres et papiers d'État, t. II, p. 366 ; t. III, p. 65. — Arch. Aff.
Étrang., t. 813, f° 26 ; en 1636, la solde des fantassins non nourris est de 10
sous ; celle des cavaliers, de 20 sous environ, sauf les gendarmes qui ont 3
chevaux et 2 hommes sous leurs ordres, et qui touchent 3 et
[2]
Cf. Arch. Nationales, K. 409. Spécimen de montre faite pour 6 mois écoulés. — MONTEIL, Matériaux
Mss., t. I, p. 65. — Lettres et papiers d'État, t. I, p. III, 423. —
Ce terme de montre, employé dans le sens
de paye, était particulier à
[3] En 1629, les Espagnols, en Flandre, devaient à leurs troupes plus de dix montres. — RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 575. — Lettres et papiers d'État, t. II, p. 751 ; t. IV, p. 523. — Ordonnance de janvier 1629. — FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 197.
[4]
Arch. Aff. Étrang., t.
[5] On voit encore des traces de ces usages dans notre armée de mer. — Arch. Aff. Étrang., t. 780, f° 75. — Règlement du 24 juillet 1638. — Sous la régence de Marie de Médicis, on donnait une indemnité d'entrée en campagne qui était de 8 écus par reitre (Herighelt), et de 1 écu par lansquenet (Ostghelt). Lettres et papiers d'État, t. I, p. 23.
[6]
Voyez à la fin du volume les Appendices I et III. — On peut consulter
sur les dépenses militaires Arch. Aff. Étrang., t. 783, 0.28, t.
[7]
Voyez l'Appendice à la fin du volume, et le tome II, p. 203,
[8] Ordonnance du 14 août 1623. — Ordonnance de 1629. — RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 453.
[9]
Lettres et papiers d'État, t. IV, p. 185, — Autrefois,
disait le duc d'Angoulême, la montre était donnée tous
les mois, maintenant, elle ne l'est plus que tous les 45 jours, et pourtant les
denrées de toutes sortes sont surhaussées de plus de moitié. — Arch.
Aff. Étrang., t.
[10]
Dans l'infanterie, on donnait 40 sols au mestre de camp, 20 au capitaine, 15 au
lieutenant, 10 à l'enseigne ; dans la cavalerie, les capitaines de gendarmes
(qui avaient 12 et 15 chevaux) recevaient
[11]
Arch. Aff. Étrang., t.
[12] Arch. Guerre, XXVII, 8 bis ; XXIX, 288. — Règlement du 9 octobre 1629 ; voyez l'Appendice du tome II.
[13] Arch. Aff. Étrang., t. 796, f° 209. — Lettre de du Fargis à Richelieu.
[14] RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 214,267. — Lettres et papiers d'État, t. III, p. 17. — Arch. Guerre, XXV, 62.
[15]
Arch. Aff. Étrang., t.
[16] Arch. Guerre, XXIV, 144. Ordre au gouverneur du Lyonnais. — RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 437.
[17] Journal d'un voyage à Paris en 1637, publié par M. Faugère, p. 151.
[18] Lettres et papiers d'État, t. II, p. 488 ; t. III, p. 683 ; t. V, p. 725 ; t. VIII, p. 283. — RICHELIEU, Mémoires, t. III, p. 9.
[19] Lettres et papiers d'État, t. II, p. 662, 734 ; t. VI, p. 728.
[20] Lettres et papiers d'État, t, IV, p. 344. — Arch. dép. Haute-Garonne, C. 712. — L'année passée (1635), écrit le cardinal, on donna marché des vivres de toutes les armées à un seul munitionnaire, dont on s'est mal trouvé ; il faut diviser l'emploi. Ce munitionnaire général était le sr Rose. — Lettres et papiers d'État, t. V, p. 312, 725. — Arch. Aff. Étrang., t, 796, f° 143.
[21]
[22] TALLEMANT, I. VI, p. 158. — RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 276.
[23] Édit de mai 1635. — PONTIS, Mémoires, p. 561.
[24] Ordonnance de janvier 1619, art. 161. — Arch. Guerre, XXIV, 162. — Arch. dép. Aube, G. 817. — A cet égard, notre armée était bien loin derrière certaines autres, si l'on en croit TALLEMANT, qui raconte que les Portugais ayant perdu une bataille, on trouva 14.000 guitares sur la place. T. IX, p. 38.
[25] Arch. Guerre, XXVII, 8 bis. — DANIEL, Histoire de la milice, t. I, p. 247.
[26] Lettres et papiers d'État, t. V, p. 725, 932. — Arch. Guerre, XXIV, 373. — Correspondance de SOURDIS, t. II, p. 12.
[27]
En 1635. PUYSÉGUR,
Mémoires, I. I, p. 153. —
[28]
Arch. Aff. Étrang., t.
[29] RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 122, 134. — Le duc de Savoie, chargé du ravitaillement de l'armée, l'interrompait à sa fantaisie ; on dut ne lui donner de l'argent qu'à mesure qu'il fournissait des vivres. Id., ibid., p. 154.
[30] DE GRAMMONT, Relations sur Alger, t. III, p. 6.
[31] RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 8, 615. — FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 223.
[32]
Lettre du maréchal de Brézé à Richelieu. (Lettres et papiers d'État, t.
VIII, p. 133,) — On imagine à quel degré d'intensité pouvait atteindre la
famine dans les villes assiégées, à
[33]
Arch. Guerre, XXVI, 53. — RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 139. — Édits de février
1832 et de février 1638. Règlement du 24 juillet 1638, où l'armée de
[34] Arch. Guerre, XXV, 151. — Arch. Aff. Étrang., t. 809, f° 146 ; t. 810, f° 83. — TALLEMANT, t. II, p. 194. - RICHELIEU, Mémoires, t, II, p. 83.
[35]
Aff. Etrang., t.
[36] PUYSÉCUR, Mémoires, t. I, p. 170.
[37] Règlement du 21 juillet 1616. — Ordonnance du prince de Condé du 16 décembre 1637. — L'hôte devait des linceux blancs de quinze en quinze jours ; la chandelle à fournir variait depuis une livre par jour à un mestre de camp, jusqu'à une chandelle des seize (c'est-à-dire seize à la livre) à un simple soldat.
[38] Arch. Guerre, XXVIII, p. 110 ; XXXI, p. 147 et passim.
[39] TALLEMANT, t. II, p. 237. — Il avait pourtant employé cet argent à bâtir la citadelle de Verdun.
[40] Arch. Guerre, XXIV, p. 149 ; XXXI, p. 173. — Arch. dép. Haute-Garonne, C. 2, 134 ; 11. 476. — Lettres et papiers d'État, t. I, p. 281.
[41] Arch. Aff. Étrang., t. 800, f° 20. — Lettres et papiers d'État, t. I, p. 347.
[42]
Règlement du 24 juillet 1638. — Voyez à l'Appendice. — Arch. Guerre, les
volumes XLIX et autres, passim, où l'on voit que la subsistance est
levée par toute
[43] RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 267.
[44]
Arch. Aff. Etrang., t.
[45]
Arch. Aff. Étrang., t.
[46]
Arch. Aff. Étrang., t.
[47]
Lettres et papiers d'État, t. V, p. 367. — Condé avait raison quand il
disait qu'on pouvait, sans danger, donner au duc
d'Orléans une armée commander, parce qu'avec le manque du payement d'un mois,
on défaisait ce qu'on avait fait, à volonté. — (RICHELIEU, Mémoires, t. I, p.
492.) — M. TOPIN,
Louis XIII et Richelieu. — Arch. Aff. Étrang., t.
[48] Mémoires de l'abbé ARNAUD, p. 506 ; de RICHELIEU, t. I, p 419, 430 ; t. II, p. 623. — Arch. Guerre, XXIV, p. t38, 161. — Lettres et papiers d'État, t. IV, p. 522. — SCHILLER, Guerre de Trente ans (trad. Carlowitz), p. 418, 433.
[49] Édit de février 1625 ; édit de janvier et de mai 1635. — Commission à Le Page, du 9 décembre 1633.
[50] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 546. — Lettres et papiers d'État, t. I, p. 475.
[51]
PONTCHARTRAIN, Mémoires,
p. 313. — Dix-sept ans plus tard, en 1628, il écrit qu'il
veut bien qu'on le pende, s'il a pris, cette année, un denier de plus que ses
états et parties ; qu'il a fait des choses impossibles à un autre ; le pain de
munition n'a coûté, en son armée, que
[52] Voler de l'argent à l'État.
[53] TALLEMANT, t. I, p. 220.
[54] C. ROUSSET, Histoire de Louvois, t. I, p. 170.
[55]
RICHELIEU, Mémoires,
t. I, p. 513 ; t. II, p. 152. — ARNAUD D'ANDILLY, Mémoires,
p. 415, 457. — Arnaud (du Fort-Louis) ordonna qu'en faisant la montre, il y
aurait de grands intervalles entre les compagnies, afin que les soldats ne
pussent passer des unes dans les autres sans être vus. — Lettres et papiers
d'État, t. III, p. 11. — BALZAC, discours IV, De la gloire. Que dira la postérité, si elle voit dans l'histoire les capitaines
devenus marchands, et de moitié avec les trésoriers, pour ne pas laisser
échapper les plus petits gains ? — PICOT, Histoire des États Généraux, t.
IV, p. 168. — Arch. Guerre, XXVI, 17, — Arch. Aff. Étrang., t.
Il parait que cet abus est de tous les temps et de tous les pays, puisque la guerre récente nous a fait connaître que, dans l'armée chinoise, un bataillon porté à 600 hommes sur les mandats de solde, n'a que 300 hommes présents sous le drapeau.
[56]
Arch. Aff. Etrang., t.
[57] En 1636. — Lettres et papiers d'État, t. V, p. 977, 1044 ; t. IV, p. 551.
[58]
L'un est qualifié : Ayant la charge de la justice et
finances, police et vivres de l'armée. Arch. Aff. Étrang., t.
[59]
Le règlement du 24 juillet 1638 lui attribue
[60] Arch. Guerre, LXII, p. 320. — Commission au P. Chauveau, Jésuite, pour avoir la direction des hôpitaux des armées de Flandres et de Bourgogne. — Ibid., f. 338. Commission d'intendant des hôpitaux du Barrois, Lorraine, Alsace et Allemagne pour M. l'évêque de Mende.
[61] Lettres et papiers d'État, t. IV, p, 717 ; t. V, p. 726.
[62] Mémoires d'ARNAUD D'ANDILLY, p. 455 ; de PONTIS, p. 500.
[63] Arch. dép. Haute-Garonne, B. 412. — Arch. com. de Nîmes, LL. 21.
[64]
Arch. Aff. Étrang., t.
[65]
Aff. Étrang., t.
[66]
Arch. Nationales, KK. 201. — Compte de l'Argenterie. Ces secours à de pauvres soldats estropiés sont donnés à titre
d'aumône, et non à titre de chi.
[67]
Arch. Nationales, K. 114. Lettres de Louis XIII autorisant un soldat blessé à
entrer comme frère lai à l'abbaye de Saint-Denis, — Arch. Lot-et-Garonne, B.
15. Même place dans l'abbaye de Chirac. — Arch. dép. Yonne, H., 8. Même place
dans l'abbaye de Sainte-Colombe, pour Clément de Bonnaire, sieur de
[68] Édit de novembre 1633. — Cette croix de Saint-Louis devait être ou était (car nous ne savons si elle a jamais existé) une étoile à quatre branches et à huit pointes. Au milieu était une image de saint Louis, et le tout reposait sur une L couronnée.
[69]
Arch. Aff. Étrang., t.
[70] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 332, 428 ; t. II, p. 191, 482. — Lettres et papiers d'État, t. IV, p. 153.
[71] BALZAC, le Prince, p. 99. — Ceux qui liront l'histoire de Richelieu l'aimeront-ils ou l'estimeront-ils moins, à cause que de 'son temps les rentes de l'hôtel de ville se seront payées un peu plus tard, ou que l'on aura mis quelques nouveaux officiers dans la chambre des comptes ? Toutes les grandes choses caftent beaucoup. VOITURE, Lettres, p. 179. (Édition de 1701.)
[72] DE MONTCHAL, archevêque de Toulouse, Mémoires, t. II, p. 386. — Le chancelier disait au Parlement (dès 1635), que le Roi était bien informé des grandes charges dont le peuple de son royaume était pressé, que c'était avec regret de sa part qu'elles avaient été imposées, et qu'elles continuaient. TALON, Mémoires, p. 41.
[73] Richelieu à Bullion, 1639 ; Lettres et papiers d'État, t. VI, p. 51.5. — A Bouthillier il écrivait : Comme il faut choyer les peuples d'une part de peur d'aigrir ces humeurs farouches, je sais bien que d'autre, la nécessité veut que vous trouviez de l'argent. Ibid., t. VI, p. 885.
[74] Lettres et papiers d'État, t. V, p. 763, 988 ; t. VI, p. 901. — RICHELIEU, Mémoires, t. III, p. 259. — Préface de l'état général des finances en 1639. — Bibliothèque de l'Arsenal, Ms. 4187.
[75] Lettres et papiers d'État, t. VI, p. 608 ; t. VII, p. 108. — FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 240, 241. — Déclaration du 16 août 1636.
[76] Cf. Relazioni dei ambasciatori Veneti ; Francia, t. II, p. 342, 344.
[77] FONTENAY-MAREUIL, p. 172, 241. En Angleterre, le consentement des Chambres à l'impôt devait être renouvelé à chaque avènement du Roi à la couronne. — RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 95.
[78] RICHELIEU, Mémoires, I, 246.
[79]
Dans la succincte narration (Mémoires, t. III. p. 343), le cardinal dit
: La dépense des cinq années que
[80]
On voit fréquemment des lettres du surintendant à Richelieu, lui disant : Voulez-vous faire passer cette finance par une ordonnance de
comptant, ou par les mains de tel trésorier ordinaire ? Arch. Aff.
Étrang., t.