Extraits des registres de la
Cour[1]. — Le 10
février 1631, Après quoi la séance est levée. Au bas de l'escalier allant à Le président Loysel lui dit
qu'ayant appris qu'il étoit envoyé vers Le prince répondit qu'il regrettoit de n'avoir pas été averti plus tôt, et MM. Viguier et Le Bret dirent au comte de Soissons : Voilà qui n'est pas bien. — M. Loysel répliqua que cela était très-bien, puisque la cour l'avoit ainsi ordonné pour maintenir son autorité. Le comte de Soissons déclara que
le Roy lui ayant commandé d'aller en Le 11 février, M.
Tiraqueau, avocat général, dit qu'il étoit allé la veille trouvé le garde des
sceaux, et lui ayant remontré que, suivant les édits et ordonnances, Extraits des registres du
conseil d’État. — Le 27 février, on y rapporte ce qui s'étoit
passé à Le Roi en son Conseil, ne voulant laisser cette désobéissance impunie, a interdit tous les officiers de ladite Cour de l'exercice de leurs offices pour le temps et espace d'un an, commencer du jour de la signification du présent arrêt. Ils étaient en même temps privés de leurs gages, et leurs attributions étaient transportées au conseil. L'arrêt de Extrait du registre de Dudit jour les huissiers du
conseil, ayant leurs chaînes d'or au col et leur toque de velours noir, ont
sommé Dupin, clerc du greffe de Du 7 mars. — Lettres
patentes portant commission à MM. Le Bret et Favier[4], conseillers
d'État, MM. Thevin, de Paris, de Lanoy, Courtin, Deschamps, Dufay, Gobelin,
Mangot et Seguier, maistres des requêtes, et MM. Charpentier, Le Tonnelier,
Thiersault, Dorien, Lanier et Le Gros, conseillers au grand conseil[5], pour se
transporter en Dudit jour. — Lettre de cachet
du Roy aux officiers du grand conseil, qui défend de délibérer sur la
question de savoir si les conseillers députés par Sa Majesté pour aller
exercer en Pareille défense aux maîtres des requêtes de délibérer sur ladite proposition et interdiction de maîtres Thévin, Turquant[7] et de Charve, pour l'avoir agitée. On voit que ces deux corps entièrement dévoués au Roi et
au ministère, furent. néanmoins opposés à cette mesure violente. Du 10 mars. — Ce jour,
MM. les commissaires nommés pour tenir Du 13 mars. — Défenses
ont été faites par le Roy à messieurs de la cour de Parlement de
s'entremettre en aucune manière de la connoissance de Les 13, 11 et 15 mars, les commissaires ordonnèrent vainement aux greffiers, commis et huissiers d'apporter les registres et rôles pour rendre la justice. Le 17 mars, on enregistra l'édit portant révocation de l'imposition du quatrième du vin vendu au détail (édit qui avait causé l'émotion populaire)[8]. Tout conspirait contre les commissaires. Les huissiers avaient emporté les registres, les procureurs et avocats ne voulaient pas occuper et plaider devant eux, les officiers pourvus en province ne voulaient pas se faire installer par eux, et personne ne les considérait comme un corps véritable. Le 24 mars, les commissaires mandèrent les procureurs de communauté, et leur enjoignirent d'avertir le bâtonnier des avocats que les audiences seront données ; afin que les avocats se tiennent prêts pour plaider les causes qui seront appelées sur le rolle. Le même jour ils arrêtèrent que MM. Lormyer et Guérin seront tenus dès demain de remettre au greffe les procès qui sont à leur rapport, sinon dès à présent ladite Cour les a condamnés chacun en 300 francs d'amende. Du 28 mars, le bâtonnier
des avocats et les procureurs de communauté mandés en Du 1er avril. — M.
Maillet, bâtonnier des avocats, mandé, enquis quelle diligence il a faites
pour faire venir les avocats aux audiences de ladite Cour, a dit qu'il n'a pu
avoir aucune résolution des avocats au sujet dudit arrêt. Mais il demande à Cette audience ne peut avoir lieu, puisque le procès-verbal porte : Il paroit que depuis ledit jour 1er avril jusqu'au 29, du même mois, MM. les commissaires sont entrés de temps en temps, mais qu'ils n'ont expédié que quelques requêtes. Pendant ce temps, les négociations se poursuivaient
activement entre le gouvernement et Du 15 mars. — M. le
président de Maupeou, deux conseillers, M. de Marle de Versigny, procureur
général[9], sont allés
visiter M. le comte de Soissons, et ont parlé d'abord à M. de Senneterre, qui
leur a dit de bien prendre garde que le Parlement parlât pour eux, car cela
ruineroit leurs affaires. Ledit sieur de Senneterre[10] leur a demandé
si A quoi ledit sieur de Senneterre a répliqué qu'on ne vivoit pas à présent comme autrefois, qu'ils avoient été eux-mêmes disgraciés autrefois pendant deux ans. Que le Roy étoit le maître, et se feroit obéir, et que si le Parlement pensoit s'en mesler, décimation auroit lieu. Ensuite MM. les députés ayant
été présentés à M. le. comte de Soissons, M. de Maupeou lui aurait dit que la
cour était fondée à délibérer sur les édits, et la forme n'étoit pas que le
Roi les fasse publier par un prince, auparavant les remontrances. Du 21 mars. — Messieurs
étant assemblés chez M. le premier président, mondit sieur le premier
président leur a dit qu'il a été avec deux de Messieurs et M. le procureur
général à l'hôtel du comte de Soissons, lequel n'étant pas levé, ils ont
parlé à M. de Senneterre :lequel leur a dit que pour obtenir le
rétablissement de Le même jour, Du 14 avril. — M. le premier président a fait récit du voyage de MM. les députés, contenant qu'ils étoient partis de Paris le dernier mars, dans le carrosse de M. le premier président, à six chevaux et quatre chevaux de selle, et étoient arrivés à Auxerre, le 3 avril au soir. Qu'ils avoient été salués par les officiers de l'élection et du grenier à sel, qui leur apportèrent des présents, comme avoient fait les autres officiers des lieux où ils avoient passé. Que sur l'avis qu'ils y eurent du retour de Sa Majesté à Fontainebleau, ils étoient arrivés le 8 ; et avaient été visiter M. le garde des sceaux, M. le cardinal de Richelieu, et M. d'Effiat, surintendant des finances. Que le lendemain, M. le garde des sceaux les avoit invités à dîner, où il étoit seul assis au bout de la table, M. le premier président à sa main droite, M. Hébert près de lui, et MM. les maîtres des Requêtes de l'autre côté ; que M. le garde des sceaux, après dîner, avoit présenté au Roy MM. les députés qui saluèrent Sa Majesté, laquelle croyant que M. le premier président s'alloit mettre à genoux, lui fit signe de parler debout, ce qu'il fit, et avoit dit au Roy entre autres choses, qu'ils supplioient Sa Majesté de leur permettre d'appeler de sa puissance absolue au tribunal de sa justice et bonté souveraine, de son suprême pouvoir à sa débonnaireté singulière, espérant que Sa Majesté, en considération des longs et fidèles services qui lui ont été rendus, fléchiroit à la requête très-humble qu'ils lui faisoient, pour le rétablissement de leur Compagnie ; à quoi le Roy avoit répondu qu'il aviseroit de cette affaire avec son conseil. Du 10 mai. — Béranger,
huissier, a dit que les procureurs de communautés demandoient à entrer. M. le
premier président ayant dit de les faire entrer, ils ont dit qu'ils étoient
députés de la part de la communauté des avocats et procureurs, pour témoigner
à la cour leur joie de son rétablissement ; comme ils avoient ressenti avec
beaucoup de déplaisir et d'affliction que messieurs auroient cessé de rendre
la justice par la volonté du Roy. M. le premier président leur a dit que |
[1] Collect. Rondonneau. — Archives nationales ADIa. (Au registre étant au greffe de l’Hôtel de ville, commençant le 16 août 1628 et finissant le 14 août 1632).
[2] Le procureur général et les avocats généraux.
[3]
René de Longueil, sieur de Maisons (sa
terre fut érigée plus tard en marquisat), premier président de
[4] Favier avait été intendant de justice, police et finances en 1617, dans le Perche, et en 1628 en Provence.
[5]
Tanneguy de Lanoy, sieur de Criqueville, conseiller au grand
conseil, puis maître des requêtes, enfin président au Parlement de Rouen ; †
1650 ; il avait payé sa charge 62.000 écus. Il n'a rien de commun avec la
comtesse de Lanoy, dame d'honneur de
— François Couran,
conseiller au Parlement depuis 1595, fut reçu maître des requêtes en 1613. Son
fils avait épousé une nièce de Picard, trésorier des parties casuelles, fils de
ce cordonnier Picard, si populaire à Paris, que les gens du maréchal d'Ancre
insultèrent. Courtin fut secrétaire des commandements de
— Pierre Gobelin, sieur du Quesnoy, était le fils de Balthazar Gobelin, trésorier de l'épargne en 1603. Il fut chargé de diverses missions en Lorraine. Bassompierre se plaint de lui dans ses Mémoires, et Richelieu le blâme de n'avoir pas envoyé de l'argent pour les troupes en un cas urgent. Sa sœur Marthe épousa le président Lescalopier. On voit un Jacques Gobelin, trésorier des finances à Soissons, et une Marguerite
Gobelin mariée à Mathieu Langlois, procureur à
— Claude Mangot, sieur de Villarceaux, fils du secrétaire d'État de ce nom disgracié par Luynes. Le père avait peu de bien. Commissaire d'un procès où le maréchal d'Ancre pouvait être fort compromis en 1613, sa conduite adroite lui valut la faveur de ce favori, qui le nomma ambassadeur en Suisse, premier président au parlement de Bordeaux et garde des sceaux (1616).
— Séguier de Raney,
marquis de Sorel, avait épousé Marguerite de
— Charpentier fut ensuite conseiller d'Etat et président au parlement de Metz.
— Lanier fut
chargé en 1618 d'instruire le procès de Barbin, le surintendant, par ordre de
Luynes, à qui il allait en rendre compte chaque soir. Bien que Barbin, créature
du maréchal d'Ancre, fût innocent, Lanier aurait promis, si l'on en croit
Richelieu, de faire donner un arrêt de mort contre lui. Il fut, en 1635, envoyé
en Suisse pour juger et condamner un nommé Clausel, coupable « de mauvaises
propositions n contre
[6]
De Mesme, sieur
d'Yrval, frère du président de Mesmes et du comte d'Avaux, fut
l'héritier de ce dernier. Il fit donner à son fils, par le crédit de sa
famille, une abbaye de
[7]
Turquant (ou Turcan)
avait été précédemment conseiller au grand conseil. On fit plusieurs chansons
sur son compte, et Tallemant dit qu'il fut toujours «un
diseur banal de fleurettes. Madame Turquant sa mère se remaria avec le
marquis de Royan, de la maison de
[8] La révocation datait du 10 mars 1631.
[9]
Le président de Maupeou était sans doute
le fils de Pierre de Maupeou, président à
— Christophe-Hector de
Marie de Versigny, procureur général à
[10]
Henri de Senneterre (ou Saint-Nectaire), 1573-1632, marquis de