A peine sut-on dans la capitale que l'édit d'impôt du quart sur le vin venait d'être envoyé à Le prévôt des marchands ayant tenté de les calmer, ils
reprirent que l'imposition retomboit sur tous les
pauvres gens, qui n'avaient pas moyen d'avoir du vin en cave[3]. Ils finirent par
se retirer, mais en descendant les montées disoient
tout haut qu'il falloit aller en la maison de Bryois, pour le traîner en la
rivière[4].
Ils s'y rendirent en effet, et messieurs de On alla chez le garde des sceaux, et au Louvre pour avoir du secours, et M. d'Hocquincour, grand prévost de France, fut envoyé avec ses archers, ainsi que le chevalier du guet ; ils firent d'abord reculer le peuple, mais se virent bientôt entourés dans la cour d'une milliasse de racaille de peuple, qui menaçoit tout haut de tout tuer. Les bourgeois de Paris ne voulant pas sortir pour cette affaire, on envoya deux compagnies de gardes qui tuèrent quelques émeutiers et en firent d'autres prisonniers. On tendit les chaînes dans les rues voisines, on fit bivouaquer les troupes dans les environs, et le soir, le duc de Montbazon, gouverneur de Paris, vint enlever dans son carrosse le fermier Bryois, par ordre du Roi, pour le mettre en sûreté. Le désordre continua les jours suivants, et le prévost alla trouver le cardinal de Richelieu, pour le supplier de faire révoquer l'édit, ce qu'il promit. |
[1] Marchands de vin, membres de la chambre syndicale, dirait-on aujourd'hui.
[2] Registre étant au greffe de l'Hôtel-de-Ville, copie aux Archives nationales (Coll. Rondonneau ADIa. — 3 février 1631).
[3] Une loi votée en 1873 par l'Assemblée nationale a pour la première fois modifié ce régime.
[4] Bryois, sieur de Bagnolet, était fermier adjudicataire des aides depuis 1628. — Il fut assassiné quelques années plus tard à Vanvres par un garçon, dit Tallemant, à qui il avait fait quelque déplaisir.
[5] La garde de ville, qui avait ses colonels de quartier.