La fabrication en fut ordonnée par déclaration du 31 mars
1640. — Il y eut trois espèces de louis de valeurs différentes : 5, 10 et Les deux autres s'appelèrent demi-louis et double louis.
On a vu que La création des louis mit en relief un homme dont le nom
est célèbre dans la numismatique. Jean Warin, faiseur de jetons de son
métier, avait été condamné à être pendu pour crime de fausse monnaie. Le
cardinal de Richelieu, qui avait ouï parler de son adresse, le sauva, et se
contenta de le bannir en Angleterre. Ce fut de là qu'on le rappela, pour le
placer à la tête de Le louis était, du reste, tellement supérieur à toutes les monnaies précédentes, qu'il excita l'enthousiasme universel. Il faut avouer, dit Le Blanc[6], qu'on n'avait jamais rien vu de si, beau pour les monnaies, depuis les Grecs et les Romains, que ces nouvelles espèces. Elles avaient même cet avantage, pardessus les antiques, qu'il n'était pas possible de les rogner, sans qu'il y parût, par le moyen du grenety, tant elles étaient parfaitement rondes[7]. Au milieu du seizième siècle, on avait inventé le
balancier qui frappait les deux côtés de l'espèce à la fois, en même temps
que la tranche. Bien des obstacles s'opposèrent à l'emploi du balancier et à
la fabrication dite au moulin. Non-seulement, dit Le Blanc, les ouvriers qui fabriquaient la monnaie au marteau, mais Henri II avait fait frapper au moulin des testons ou quarts d'écu dans son palais du Louvre en 1553. Le marteau reparut sous Henri III, et ne fut définitivement abandonné qu'un siècle après l'invention du moulin, en 1645, après avoir soutenu contre son concurrent une lutte longue et acharnée[8]. VARIATIONS DE VALEUR. DES MÉTAUX PRÉCIEUX AU DIX-SEPTIÈME SIÈCLE AU POINT DE VUE DU RAPPORT DE L'OR ET DE L'ARGENT[9].
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Il y eut aussi des pièces de plaisir de
4, 6, 8, et même 10 louis, dont on voit les spécimens à
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Par suite, le demi-louis de
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Arrêt de
[4] Partout où il est parlé d'écu avant 1641, c'est de l'écu d'or qu'il s'agit.
[5] Né en 1604, † en 1692, Warin, qui était huguenot, se convertit en 1640. Il exécuta, jeune encore, un buste en or du cardinal de Richelieu, qui passa ensuite dans le cabinet du président de Mesures. On a de lui au Louvre un buste de Louis XIII en bronze. (Cf. sa biographie par M. Courajod.) Tallemant et Guy Patin content tous deux une anecdote tragique sur la fille du célèbre graveur.
[6] Traité historique des monnaies, publié en 1692 (p. 384).
[7] Quand les premiers louis d'or furent faits, raconte Tallemant, Bullion dit à ses amis : Prenez-en tant que vous en pourrez porter dans vos poches. Bautru fut celui qui en porta le plus. Il en mit 3.600. (t. III, p. 6.)
[8] Pour l'histoire et les détails du monnayage, cf. ABOT DE BAZINCHEM, Dictionnaire des monnaies, t. I, p. 80, et t. II, p. 48.
[9] On sait que le rapport légal, qui du reste a cessé aujourd'hui d'être le rapport exact, est depuis le commencement du dix-neuvième siècle de 1 à 15 ½ ou 15,50 entre l'or et l'argent.