Anciens pairs créés par le Roi[1].
Ainsi depuis le commencement de la dynastie capétienne jusqu'à la mort de Louis XIII, c'est-à-dire en plus de six siècles et demi, il n'avait été créé que 59 duchés ou comtés-pairies. Et si l'on subdivise cette période, on verra que depuis 1297 (date de la première érection) jusqu'en 1550 — soit deux siècles et demi — il fut fait 22 pairs ; de 1550 à 1642 — soit en un siècle — il en fut fait 36 ; de 161t2 à 1715 — soit trois quarts de siècle — il en fut fait 37. Louis XV accentua encore cette proportion. Quelle distance sépare le duché de Bretagne (1272) du duché de Montmorency (1551) ; et quelle autre distance sépare le duché de Montmorency, du duché de saint-Simon (1635) ! Maintenant le lecteur qui veut se convaincre de la vérité
des remarques faites par nous dans Des 59 pairies créées de 1297 à 1642, 27 seulement
subsistaient encore à l'avènement de Louis XIV ; c'étaient par ordre
d'ancienneté les duchés-pairies de Nemours[6], Guise, Uzès,
Epernon, Luxembourg, Elbeuf, Retz, Halluin, Montbazon, Ventadour, Thouars,
Sully, Fronsac, Danville, Lesdiguières, Brissac, Chevreuse, Luynes,
Bellegarde, Chaulnes, De ces 27 ducs existant en 1643, 12 étaient déjà morts
sans postérité au bout de 50 ans ; il n'en restait plus que 15 en 1694, comme
on le voit par le procès Luxembourg[7]. C'étaient les
ducs d'Uzès, d'Elbeuf, de Montbazon, de Ventadour, de De ces 15 ducs, remontant à
Louis XIII et au delà, il n'en reste plus que 6, à l'heure actuelle.
Une autre statistique n'est pas moins probante : il y a aujourd'hui en France
69 ducs, c'est-à-dire soixante-neuf Français, portant des titres de ducs,
institués et conférés par des souverains ayant régné sur Dans ce nombre il n'en est que 22 dont le titre soit
antérieur à 1789 ; et de ces 22, il n'en est que 13 remontant au dix-septième
siècle.— Ce sont, par ordre d'ancienneté : les ducs d'Uzès (1572), de Thouars ( Or il y avait en 1789 53 duchés-pairies ; il s'en est donc éteint 31 en moins d'un siècle. Les mêmes observations peuvent s'appliquer à l'Angleterre,
mais là, on peut les faire pour la noblesse titrée tout entière, et pas
seulement pour les ducs. Sur les 372 pairs temporels
d'Angleterre, écrivait en |
[1] D'après Le Laboureur (Arch. Nat.). — Les ducs siégeaient par ordre d'ancienneté ; il y eut cependant quelques exceptions ; les ducs de Joyeuse et d'Épernon obtinrent sous Henri III de faire insérer, dans leurs lettres d'érection, qu'ils siégeraient immédiatement après les princes du sang, et avant les autres ducs. Il fallut des lettres de jussion pour contraindre le Parlement à enregistrer cette clause. — Sous Louis XIV, les princes légitimés passèrent tous sans distinction après les princes du sang.
[2] A partir de cette époque, toute pairie fut érigée sous titre de duché.
[3] Premier pair créé qui ne fût pas prince du sang.
[4] En faveur de Philippe d'Évreux, mari de Jeanne de France.
[5] En faveur de Gaston de Foix.
[6] Nous ne tenons pas compte des princes du sang.
[7] Mémoires de Saint-Simon (édit. Cheruel), t. I, p. 179.
[8] Avenir politique de l'Angleterre, p. 364.
[9] Cf. DE FRANQUEVILLE, Institutions de l'Angleterre, p. 126.
[10] En voici la liste jusqu'en 1800, par ordre de préséance, d'après le Genealogical and Heraldic Dictionnary of the Peerage and Barone age (London, Colburn) : Norfolk (Howard), 1483 ; Sommerset (Saint-Manr), 1546 ; Richmond et Lennox (Gordon-Lennox), 1675 ; Grafton (Fitz-Boy), 1675 ; Beaufort (Sommerset), 1682 ; Saint-Albans (Beauclerck), 1684 ; Leeds (Osborne), 1694 ; Bedford (Hastings-Russel), 1694 ; Devonshire (Cavendish), 1694 ; Marlborough (Spencer-Churchill), 1702 ; Rutland (Mamers), 1703 ; Hamilton et Brandon (Douglas), 1643 ; Buccleuch et Quensberry (Montagu-Douglas-Scot), 1663 ; Argyll (Douglas-Campbell), 1701 ; Atholl (Stewart-Murray), 1703 ; Montrose (Graham), 1707 ; Roxburghe (Innester), 1707 ; Fortland (Scot-Bentinck), 1716 ; Manchester (Montagu), 1719 ; Newcastle (Clinton), 1756 ; Northumberland (Percy), 1706 ; Leinster (Fitz-Gerald), 1766.