RICHELIEU ET LA MONARCHIE ABSOLUE

 

APPENDICES.

APPENDICES DU LIVRE SECOND (Suite).

II. — LE COMPTE D'UN BALLET DE COUR.

 

 

(Extrait du Compte de l'Argenterie, pour l'année 1625. — Archives nationales KK. 200.)

 

A cause du Ballet du Roi :

A Jean Archambault la somme de : 12,832 liv., pour dépenses par lui faites pendant les quartiers de janvier et avril à cause dudit ballet.

A savoir :

Pour l'habillement des 21 violons (robes de 7 aulnes de taffetas incarnadier à chacun) : 672 liv.

Plus pour la garniture des robes, boutons dorés, passements et galons d'or : 21 liv. 12 s.

Pour le Récit de la musique (son costume) : 92 liv. 10 s.

Pour Guillemine la quinteuse : 109 liv.

Pour un grand Colosse en forme de femme, représentant la musique : 86 liv.

Pour douze musiciens de la campagne : 450 liv.

Pour le Roy, représentant avec M. de Blainville deux joueurs de guitare. (Ils avaient deux cappes à l'espagnole avec capuchon en satin rose, doublées de satin amarante. Dessous, des pourpoints en satin blanc, avec collets à l'espagnole, chamarrés de galon d'argent ; le tout orné de plumes, de boutons d'argent, de taffetas céladon, d'aiguillettes, etc. Le Roi et son compagnon portaient la culotte de satin isabelle, et le chapeau à l'espagnole en satin amarante.) Les deux costumes revenaient à : 455 liv.

Pour le sieur de la Barre, représentant un vieil Espagnol chaconish[1] (il avait une soutane et un long manteau[2]).

Pour le sieur Carra, représentant une jeune Espagnole.

Pour le Récit du feu.

Pour un Laquais.

Pour deux Bertrands[3].

Pour huit Jollets (sorte de laquais).

Pour cinq Esprits Noirs (vêtus de pourpoints et de culottes de satin noir).

Pour un Coq (vêtu d'une camisole et d'une paire de grègues chamarrées de plumes).

Pour le Récit des Estroppiés de cervelle (extravagants).

Pour cinq Embalouins (gens qui en font accroire).

Pour Monseigneur, frère du Roi.

Pour M. de Blainville, représentant un des fantasques.

Pour M. de Liancourt, représentant Jacqueline l'Entendue.

Pour six Esperlucaz (gens malins, qui ne se laissent pas tromper).

Pour le Récit des vaillants combattans.

Pour Alizon la Hargneuse.

Pour quatre Tambours.

Pour un Hérault.

Pour un Page bossu devant et derrière.

Pour un Page à long nez.

Pour un Parrain botté des tenants.

Pour un Parrain à deux visages.

Pour son ami borgne.

Pour un autre, son ami, boiteux.

Pour un Maréchal de camp.

Pour le Roi, représentant un soldat. (Il portait dans ce second rôle de longues grègues où larges culottes, couleur aurore doublées de taffetas bleu, un casque de carton doublé de satin blanc, une cuirasse pareille à laquelle pendaient des lambrequins de satin bleu ; avec force rubans et passements d'argent.)

Pour M. de Liancourt, représentant un Suisse.

Pour un Esprit combattant à qui l'on coupe la tête.

Pour un Esprit combattant.

Pour un autre Esprit combattant.

Pour un Esprit combattant à qui l'on coupe le bras.

Pour la Quintaine.

Pour cinq Médecins.

Pour le Récit de la Danse.

Pour Macette, la Cabrioleuse, fée de la Danse.

Pour le Porte-queue de la dite Cabrioleuse.

Pour huit Bilboquets[4].

Pour quinze habits du grand ballet.

Pour MM. de Liancourt et de Blainville, premiers gentilshommes de la chambre de Sa Majesté.

A la somme énoncée plus haut de 12.832 livres, il fallait ajouter 700 livres pour le prix de la broderie de quinze habits ; 1.355 livres pour la machination, assez rudimentaire du reste ; 182 livres de pièces d'artifice ; 211 livres au parfumeur ; 199 liv. au cordonnier pour fourniture de souliers de satin blanc, de souliers et de bottes de maroquin, de bottines de cuir doré, etc.

La dépense s'élevait ainsi à 15.479 livres, et comme on le voit, elle était supportée tout entière par le trésor royal.

 

 

 



[1] D'après le Dictionnaire de Furetière, on appelait ainsi les Espagnols habitant les colonies de l'Amérique du Sud (aujourd'hui Paraguay, République Argentine, etc.), du nom de Chaco, que les Espagnols donnaient anciennement à ce pays.

[2] Nous passons le détail des étoffes qui composaient ces costumes : soies velours ou satin ; toujours les mêmes, leur couleur seule varie. Nous ne donnons pas davantage leur prix particulier ; comme on le voit, ils varient de 40 à 200 livres.

[3] Nom de type à la mode, venu du proverbe italien : Qui aime Bertrandi aime son chien.

[4] Allusion à un jeu consistant, selon Furetière, en une petite figure ayant des plombs aux pieds, et qui se mettait toujours debout de quelque façon qu'on la tint.