RICHELIEU ET LA MONARCHIE ABSOLUE

 

LIVRE III. — ADMINISTRATION GÉNÉRALE.

LES FINANCES.

CHAPITRE IV. — REVENUS DU DOMAINE ET DROITS DOMANIAUX.

 

 

Le Domaine royal ; ses administrateurs. — Ses deux branches de revenus : immeubles, location des maisons et des terres, coupes de bois ; revenus mobiliers : enregistrement, taxe des biens de mainmorte, droits d'aubaine, de l'égale, etc. — Pourquoi le domaine rapporte si peu : il est mal connu ; les droits mobiliers souvent impayés ; les immeubles presque tous engagés.

 

Ce morceau de budget royal n'est autre que l'ancien budget féodal du duc de France, immensément accru depuis l'origine de la monarchie, mais qui, dans la grande bourse publique, gardera sa place à part, et sa physionomie propre. C'est un ruisseau qui coule au milieu d'un fleuve, sans s'y mêler. L'argent versé dans la caisse particulière du domaine provient des sources les plus diverses, et en apparence les moins faites pour se trouver réunies, — produit d'une coupe de bois, fortune d'un étranger décédé en France, revenu d'un évêché vacant, impôt sur la vente d'un fief ; — en réalité ces sommes sont entre elles un lien traditionnel : ce sont les recettes seigneuriales, les mêmes que l'on payait à Louis le Gros ou à Philippe le Bel, dans les mêmes cas, pour les mêmes motifs ; en un mot, tout ce que le Roi touche comme suzerain des fiefs.

De siècle en siècle il a touché davantage, parce qu'il a vu son domaine augmenter ; mais plus son domaine augmentait, moins il était libre d'en disposer. Ers déclarant inaliénable le domaine de la couronne, ses sujets roturiers s'emparaient en quelque sorte, au profit de la royauté, de ce que le Roi possédait ou acquérait personnellement de ses vassaux nobles. Cette tendance, toute nationale, venait de la Chambre des comptes, dont les officiers étaient les administrateurs-nés du domaine. C'étaient eux qui en avaient la surintendance et le contrôle supérieur[1] ; ils avaient été créés spécialement dans ce but ; et s'ils omettent parfois de mentionner dans leurs registres les réunions des grandes provinces elles-mêmes au domaine de la couronne[2], ils ne manquaient jamais de batailler énergiquement avec le pouvoir, quand il s'agissait de la cession à un particulier, à quelque titre que ce fût, d'une parcelle de ce territoire qui lentement devenait la France[3].

Grâce à eux, la mode des grands apanages disparut ; le Roi cessa de donner d'une main à ses cadets ce qu'il recueillait de l'autre main avec tant de peine ; en même temps, grâce à la politique matrimoniale et aux confiscations, le nombre des fiefs royaux se multiplia durant tout le seizième siècle. Non-seulement le souverain profite comme roi, au point de vue politique, de la disparition des grandes maisons féodales, mais comme propriétaire il hérite de leurs biens, biens immenses en général, puisque ce sont des débris de royaume. Henri IV, arrivant au trône avec peu de fortune du côté de son père, mais avec des terres magnifiques de ses ancêtres maternels, les Albret (notamment son petit royaume de Navarre), récolta la succession particulière de Henri III, qui était énorme.

En tout le royaume, le domaine comptait des fiefs innombrables, depuis le Languedoc jusqu'à la Picardie, depuis la Bretagne jusqu'à l'Auvergne. Chacune de ces propriétés donnait un revenu comme terre, avait comme fief des droits féodaux sur les gens et sur les choses[4], et jouissait enfin de la suzeraineté sur d'autres fiefs[5]. De là trois sortes de produits, dont les uns sont actuellement représentés par le domaine national, les autres par l'enregistrement[6], et par la taxe sur les biens de mainmorte, et dont quelques-uns, tels que les droits de francs-fiefs ou d'aubaine, n'ont plus d'analogues aujourd'hui[7].

Dans le domaine royal, figurent à Paris grand nombre de maisons, de places, d'arcades, de ponts, d'étaux, de boucheries, etc. Chaque jour on vendait ou l'on affermait au Louvre des portions de domaines ; boutiques des changeurs du Pont-au-Change pour 30 livres ; vingt-deux maisons, échoppes et boutiques, près le perron de la grand'salle du Palais, de 500 à 7.500 livres ; places à vendre tripes... deux étaux à poisson[8]..., et ainsi de suite. Le plus général, sinon le plus important des revenus fonciers, c'était le cens (rente perpétuelle). Celui qui prenait une terre où une maison à cens s'engageait par devant un tabellion, pour soi, ses hoirs et ayants cause au temps à venir[9]. En 1642, le cens des constructions nouvelles dans la capitale n'est que de un denier par toise et par au, plus un prix principal une fois payé, qui ne dépasse guère 100 livres par maison dans les quartiers les plus populeux ; à la campagne, un à deux sous par arpent, plus 20 à 15 livres de deniers d'entrée, selon l'expression du temps[10].

Les bois royaux, très-vastes et très-bien aménagés par les maîtres particuliers des eaux et forêts, auraient été d'un rendement considérable, si la valeur vénale des coupes eût été ce qu'elle est aujourd'hui[11]. La pauvreté des moyens de transport et le grand nombre des forêts existant sur la surface de la France, empêchaient cette valeur de s'élever. L'abondance de l'offre nuisait au chiffre de la demande. En 1639, le Roi ordonnait des coupes importantes dans les futaies de l'État, et défendait en même temps aux ecclésiastiques et aux communes de vendre les leurs, pour ne pas avilir les prix ; cependant, en cette même année, le produit des bois n'est prévu que pour 900.000 livres[12], et cette somme, année moyenne, est rarement atteinte. Pour augmenter le revenu des bois, le gouvernement avait aliéné aux riverains des droits d'usage et de chauffage, mais rien n'était plus dommageable, et n'excitait davantage les plaintes de l'administration des forêts : Il est certain, disait-elle, que sous le nom de buissons, bocqueteaux, broussailles, bois rabougris... les acquéreurs de ces droits couperont et essarteront à discrétion, afin que le Roi n'y puisse jamais rien prétendre[13].

Ce que nous appelons aujourd'hui droits d'enregistrement se nommait alors quints et requints quand il s'agissait de biens féodaux, lods et ventes quand il s'agissait de biens roturiers. Ils étaient bien plus doux sur les successions il y a deux siècles qu'ils ne le sont de nos jours, puisque les mutations en ligne directe étaient exemptes, et qu'en ligne collatérale on ne devait jamais qu'une année de revenu[14]. Sur la vente d'un bien-fonds, noble ou non, l'impôt, qui variait de 8 à 15 % de la valeur primitive, était souvent modéré ou racheté à perpétuité[15], et plus souvent encore impayé, malgré les lois qui menaçaient de saisie toute terre qui n'aurait pas acquitté les droits seigneuriaux[16]. Sous ce terme : droit de notifications, existait une taxe en tout semblable à celle du timbre ; elle variait de 8 sous à livres, pour les divers actes notariés, selon leur importance[17]. Les droits de sceaux portaient le même nom qu'aujourd'hui, et s'appliquaient aux mêmes pièces[18].

Le droit d'amortissement, c'était la taxe des biens de mainmorte ; comme on disait alors, la permission aux gens d'église, corps, collèges et communautés de posséder héritages en France, en payant finances. En principe, ils devaient payer pendant quarante ans 2 ½ % du revenu des acquisitions nouvelles (soit en totalité le revenu d'un an) ; par conséquent l'impôt ne portait que sur les biens productifs, et non sur les bâtiments publics proprement dits, tels que casernes, hôpitaux, chapelles, monastères, hôtels de gouverneurs, d'évêques ou de curés. En fait, le droit d'amortissement était peu et irrégulièrement perçu[19]. De temps à autre l'État semblait s'en apercevoir, il décrétait de sévères recherches, pour une période de quinze, vingt ou trente années en arrière ; on recouvrait ainsi des sommes importantes d'un seul coup, et non sans susciter des plaintes très-vives. Ccs recherches intermittentes en effet prenaient aisément un caractère vexatoire, et ressemblaient fort à des réquisitions extraordinaires[20].

La même observation s'applique à l'impôt de franc-fief, censé payé par les roturiers qui achetaient des terres nobles, mais fort tombé en désuétude au dix-septième siècle. Un tribunal spécialement institué sous Richelieu pour faire connaître à ce sujet les fraudes du passé, et empêcher celles de l'avenir, ne réussit pas à faire rendre à l'épargne plus de quelques centaines de mille livres[21]. D'autres droits domaniaux eussent été plus lucratifs si le Roi en avait conservé le produit dans sa caisse : la confiscation, l'aubaine, la bâtardise[22]. La confiscation, quand elle avait lieu, était complète, le fisc s'emparait de tout, même de ce qu'il trouvait dans les poches du condamné ; seulement on le restituait en général à un membre de la famille[23]. Pour le droit d'aubaine, tous les étrangers, à l'exception des Hollandais, y étaient sujets ; mais les biens dont le Trésor héritait ainsi étaient presque toujours donnés à un particulier en faveur : don à Bassompierre de la fortune d'un sieur Corbinel, Italien ; don au cardinal de Lyon du bien des sieurs de Roussy, père et fils[24], Savoisiens. Pontis raconte avec quelle impatience on attendait la mort d'une lingère de la Reine, Espagnole de nation, qui ne s'était pas fait naturaliser, et était extrêmement malade. Avant son décès, son héritage, qui montait à 200.000 livres, était déjà demandé et promis par Louis XIII[25]. Tous ces droits indirects, y compris celui de régale, qui fut l'objet de discussions si vives entre Rome et Versailles, dans la seconde moitié du siècle, et par lequel le souverain jouissait des bénéfices ecclésiastiques sans titulaires[26], tous ces droits ne rapportaient donc presque rien. Richelieu en 1639 estime à 2 millions, dans son état de finances les revenus du domaine, meubles et immeubles, et c'est à peine s'ils y atteignent[27].

A cela deux causes : ces immenses possessions territoriales sont mal connues de leur propriétaire, surtout pour les provinces éloignées. On n'était pas encore parvenu à dresser un terrier général de toutes les seigneuries qui relevaient du Roi, et des droits qui en dépendaient[28] ; or certaines terres avaient dans leur mouvance plusieurs centaines de fiefs nobles. Dans la généralité de Paris, on comptait quarante-trois grandes terres domaniales ; dans la généralité de Soissons, il y en avait trente-cinq, mais au loin on eu sait à peine le chiffre ; à plus forte raison n'en connaît-on point la valeur. Elles sont parfois usurpées par des particuliers[29], et en tout cas très-mal affermées. Du reste, quel profit tirer à trois cents lieues de distance, de celles qui doivent des redevances en nature ? Ne sachant comment faire valoir son domaine, le Roi s'estime encore heureux de le vendre, ou du moins de l'engager, car il ne vend jamais qu'à faculté de rachat perpétuel.

Ce procédé sommaire d'administration datait du milieu du seizième siècle ; et le maréchal d'Effiat constatait, dès le commencement du ministère de Richelieu, que le domaine de la couronne n'était que d'un très-médiocre produit, à cause des aliénations et des engagements des temps passés[30]. Les engagistes des domaines étaient comme des créanciers hypothécaires, à qui l'on eût laissé la jouissance du gage, pour le payement des intérêts de la somme prêtée. Ils n'étaient donc pas propriétaires, mais simples usufruitiers ; à ce titre, ils n'avaient pas la charge des grosses réparations[31], et parvinrent même à se dispenser des petites[32]. Le Roi touchait, il est vrai, en sa qualité de nu-propriétaire, le produit des coupes dans les bois de haute futaie ; mais à chaque coupe, l'engagiste se faisait indemniser pendant plusieurs années, de la perte qu'il disait avoir éprouvée par la diminution des droits d'usage. Et comme il n'était pas de grand seigneur ou de ministre qui ne tint par engagement plusieurs terres domaniales ; comme chacun d'eux cherchait naturellement à les acheter le moins cher possible (au denier 10 en général)[33] ; qu'une fois en possession, il s'appliquait de toutes ses forces à empêcher le Roi d'y agir en propriétaire, pour les revenus, à l'obliger d'y agir, en cette qualité, pour les dépenses, le domaine ne rapportait rien au Trésor.

Cependant, toujours pressé d'argent, l'État ne cessa de procéder de la même manière durant tout le règne de Louis XIII, vendant et revendant le domaine de la couronne dans toute la France[34] : maisons de rapport, seigneuries brillantes, fermes utiles, c'est un emprunt perpétuel[35]. En une seule année (1640) on en aliène pour plus de 9 millions ; souvent ces ventes sont une façon de rembourser les dettes publiques ; l'État invite son créancier à chercher lui-même les moyens de se faire payer, par la découverte de quelques terres qui ne fussent pas encore engagées, ou qui le fussent à si bas prix, qu'on les puisse surcharger pour plus grande somme[36]. La France, d'ailleurs, n'est pas seule dans cette situation difficile : en Angleterre, le duc de Buckingham a hypothéqué la moitié du revenu ordinaire du Roi ; en Espagne, les Génois sont propriétaires de presque tous les biens domaniaux[37].

 

 

 



[1] Réceptions à foi et hommage, aveux, dénombrements, actes féodaux de toute nature, dons domaniaux, juridiction des régales, etc., étaient de leur ressort. — Seuls en France, les membres des Chambres des comptes étaient dispensés de payer au Roi les droits féodaux. (Édit de mars 1621.)

[2] On ne trouve dans les registres que les réunions : du duché de Normandie en 1424 (Mémorial, F., fol. 1) ; du comté d'Auxerre en 1476 (Mémorial, P., fol. 65, 132) ; des duchés d'Auvergne, de Bourbonnais et de Châtellerault en 1531 (Mémorial, F., fol. 2, 292, 294) ; du duché de Bretagne en 1532 (Mémorial, G., fol. 2, 12) ; de l'ancien domaine de Navarre en 1603 (Mémorial, 1608, fol. 219) ; des comtés d'Auvergne, de Clermont et de la baronnie de la Tour en 1609 (Mémorial, 1619, fol. 81). Cf. pour le domaine les Mss. Godefroy, CXXX à CXLVIII. (Bibliothèque de l'Institut.)

[3] Les gens des comptes juraient, en entrant dans la compagnie, de ne consentir point l'aliénation des domaines du Roi, de tout leur pouvoir. Le jugement .du contentieux du domaine appartenait aux trésoriers de. France. Il fut fait sous Louis XIII diverses ordonnances sur l'administration du domaine (édit de mai 1639, déclaration du 26 septembre 1631), mais elles demeurèrent sans effet. Cf. aussi le Guidon général des finances, par HARDY (1644), et BODIN, République, p. 857.

[4] Dans un document officiel, nous en relevons plus de trente, de genres différents.

[5] On disait d'ailleurs que tous fiefs étaient censés relever du Roi à moins de prouver le contraire par titre. (Ordonnance janvier 1629.)

[6] Si les domaines et l'enregistrement, — choses qui n'ont entre elles aucun rapport, — sont encore réunis dans la même direction au ministère des finances, cela ne vient-il pas du maintien de l'ancienne tradition domaniale ?

[7] Dans les Mss. Godefroy, on voit une division du domaine en : immuable, muable et casuel. (CXXXV I, fol. 242.)

[8] Requête des bouchers (1638), Archives nationales, Rondonneau, et Mss. Godefroy, CXXXI, fol. 6, 44, 100.

[9] Voyez le chapitre Fortune, capital et revenus, dans le livre précédent.

[10] Convention du 10 janvier 1642. (Mss. Godefroy, CXXXIII, fol. 202.) Le cens de la rue de la Ferronnerie valait 44.010 livres.

[11] Ceux-ci avaient aussi juridiction sur les bois du clergé et des communes (sauf les communes placées sous la haute justice d'un seigneur). Aux environs de Paris, les capitaines des chasses royales avaient la surveillance des forêts. Il y avait 18 capitaineries en 1578, 32 en 1600, et 89 en 1612. (Mss. Godefroy, CXXXVI, fol. 195.)

[12] Déclaration du 18 décembre 1639, et Mss. 11487, Bibliothèque de l'Arsenal. — Il est vrai que sept généralités seulement figurent dans l'état des bois, et que dans la généralité de Paris et dans ses voisines, on ne voit figurer ni Fontainebleau, ni Compiègne, ni Vincennes, ni Versailles. — Sept forêts rapportent ensemble 217.000 livres. Ce sont celles de Saint-Germain, Crécy en Brie, Hallatte, Guise, Bièvre, Montfort l'Amaury et Crottais-lez-Dreux. — En 1881, le produit de nos forêts nationales a été de 38 millions.

[13] Mss. Godefroy, CXXX, fol. 13. Mémoires des officiers au siège de la table de marbre. — Arrêt du Conseil d'État du 24 mai 1642. — Aliénation des gruries de la forêt d'Orléans, 30 avril 1619 ; A. DE BOISLISLE, Chambre des comptes. — Dans les droits domaniaux, en matière de forêts, figurent ceux de gruries, paisson, mortbois et bois mort, etc. (Cf. aussi le Ms. français 18510, fol. 263, à la Bibliothèque nationale, sur les larcins commis dans les bois royaux.)

[14] Ce que l'on nommait droit de relief ou rachat.

[15] Lopez, le marchand de pierres précieuses, donne 6.000 livres pour abolir le droit de lods et ventes que les chanoines de Saint-honoré avaient sur sa maison de la rue des Petits-Champs. (TALLEMANT, t. III, p. 186.) On agissait de même avec le Trésor.

[16] On voit pour droit de vente payer seulement 10 sous. (Arrêt du Grand Conseil, 18 septembre 1620, Plumitif de la Chambre des comptes, P. 2760, 119.) Une fois fixés, ils étaient invariables, ce qui clans la suite des siècles les réduisait à presque rien.

[17] Règlement du Conseil, 9 mars 1630. — Édit de mai 1635. — Arrêt du Conseil d'État du 14 janvier 1640.

[18] Des lettres de naturalisation coûtaient 12 livres ; des lettres de noblesse coûtaient. 97 livres 10 sous ; les provisions d'un office, 12 livres. (Édit de mars 1631.)

[19] Mss. français, 18510, fol. 209. — En 1604, on proposa à Henri IV une recherche de cet impôt, qu'il refusa d'autoriser.

[20] Déclarations du 30 mai 1639, des 7 janvier, 24 octobre et 12 décembre 1640. — La recherche de 1640 produisit 3.600.000 livres. Le Roi, sur les réclamations des agents du clergé, déclara qu'il ne voulait pas que le total dépassât cette somme.

[21] Ce tribunal comprenait des membres du Parlement, de la Chambre des comptes, et du bureau des finances de Paris. La procédure fut arrêtée presque aussitôt qu'entreprise. (Arrêts du Grand Conseil, 13 août 1633 et 12 mai 1634.)

[22] Voyez le chapitre Transmission des biens, dans le livre précédent. — D'autres droits, tels qu'épaves ou déshérence, existent encore à présent.

[23] Cf. Plumitif de la Chambre des comptes, P. 2756, fol. 396. — En 1632, le Roi fait apposer les scellés chez Montmorency ; on trouve chez lui 550.000 livres, qu'on porte aussitôt au Trésor. (RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 404.)

[24] Plumitif de la Chambre des comptes, P. 2760, 370, et 2762, 130. — Les Hollandais avaient été exemptés par le traité de Cambrai en 1529, sur la demande de Charles-Quint.

[25] PONTIS, Mémoire, p. 557. — On devenait héritier par un brevet de donation du Roi. — Le duc d'Elbeuf et le marquis de Rambouillet disputent à Pontis le don de cette aubaine. — Par le droit de bâtardise, le Roi succédait aux enfants naturels non légitimés.

[26] Il eût pu aussi, de par le droit de régale, hériter du mobilier des évêques, sauf l'ustancile nécessaire à un simple chanoine, que l'on doit délaisser en l'hôtel épiscopal. (DU CROS, Traité des aides.)

[27] D'après Richelieu : bois, 882.899 livres ; domaines, 1.146.433 livres. D'après Mallet : bois, 759.838 livres ; domaines de France, 305.704 livres ; droits domaniaux, 714.550 livres.

[28] Lettres patentes du 31 décembre 1641. — Règlement du Conseil d'État du 28 décembre 1666.

[29] Beaucoup de détenteurs de biens domaniaux furent ainsi contraints à restituer en 1643. (Mss. Français, 18510, fol. 165.)

[30] Il est presque tout aliéné, disait Bodin en 1580, pour 15 ou 16 millions, et vaut plus de 50 millions ; s'il était racheté et affermé, il rapporterait 3 millions par an. (République, 863.)

On voit vendre en 1554 à Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, pour 6,540 livres (terrain et bâtiments compris), l'hôtel d'Etampes, situé rue Saint-Antoine ; il avait quarante-huit mètres de façade sur la rue, trois corps d'hôtel, sans compter les communs. La contenance totale était de 3.600 mètres, dont 700 bâtis. Le prix du mètre ressortait ainsi à 1 livre 15 sols. Le manuscrit ajoute : C'était à la vérité la maîtresse du Roi, et il est marqué dans le contrat qu'il n'y eut point d'enchères sur la vente. Mss. Godefroy, CXXXI, fol. 44. — Cette vente exceptionnelle ne peut donc être prise comme type des aliénations du seizième siècle, mais il est notoire qu'elles ont été faites à très-bas prix.

[31] Plumitif de la Chambre des comptes, P., 2762, fol. 131. Bouthillier fait payer au Trésor 20.000 livres pour la réfection des moulins d'un domaine engagé ; cette somme est déduite du prix de l'engagement.

[32] Mss. Godefroy, CXXXVI, fol. 243.

[33] Édit de François Ier en 1644 ; bien que les terres féodales avec justice soient ordinairement estimées et vendues au denier 30, et en dignités au denier 50 et plus. (République, 861. — Cf. aussi les Mss. français, 18510, fol. 209.)

[34] Lettres patentes du 16 octobre 1623. — Déclaration du 30 novembre 1633. — Édit de janvier 1637.

[35] Mss. Godefroy CXXXI, fol. 6 et 244 ; CXXXII, fol. 359 ; CXXXV, fol. 268. — Hôtel de Chémereau, M. de Noailles, 52.500 livres ; maison devant Saint-Leufroy, A la diligence, à la comtesse de Lansac, 6.600 livres ; maison du Petit-Bourbon ; maison des Quatre-Vents ; maison du vidame de Chartres ; domaine en Navarre, au chancelier Séguier, 15.000 livres.

[36] BASSOMPIERRE, Mémoires, p. 40. — Les engagistes des domaines devaient aussi le prix des Lettres de ratification, montant à 390 livres, si leur engagement n'excédait pas 2.000 livres ; à 1.500 livres, s'il était supérieur à ce chiffre.

[37] FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 289. — RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 99.