I LES AIDES. — Elles sont peu élevées ; tout le monde y est soumis. — Leur assiette ; les douanes intérieures. — Cinq grosses fermes. — Grand nombre des fermiers. — Impôts généraux et péages particuliers. — Les contributions indirectes sont des taxes de circulation ; à ce titre elles semblent légères. — Influence des moyens de transport. — Impôts sur le vin. — Échec du sou pour livre. — Taxes nouvelles sur le tabac, sur les cartes. — Mauvaise confection des tarifs ; défauts du recouvrement par fermiers.Les impôts indirects nous apparaissent dans les dernières
années de Richelieu sous deux formes : droits sur toutes les marchandises (sauf le sel), 12 millions, — ce sont les
aides ; droits sur le sel, 19 millions, — ce sont les gabelles. 12 millions,
c'était un chiffre fort modéré pour des taxes frappant 4.000 objets divers.
D'autant que là-dessus 2 millions représentent uniquement les droits sur le
vin bu à Paris, et que par suite les contributions indirectes de toute La modicité de la somme explique la faveur relative dont jouissaient les aides dans l'opinion publique ; car, il ne faut pas s'y tromper, l'impôt indirect, si décrié aujourd'hui par une certaine école, était populaire au dix-septième siècle. Ici, du moins, impossible d'être condamné à payer plus qu'on ne possède ; on peut toujours se soustraire à la charge en ne consommant pas. Une autre cause de cette popularité : l'égalité devant l'impôt. Pas de privilège, tout le monde paye. Les gens riches qui achètent et vendent sont les premiers visés, tandis que les tailles pèsent exclusivement sur les pauvres, qui, selon l'expression énergique du roi Louis XII, n'avaient et ne maniaient argent que celui qu'ils gagnaient en grattant la terre[1]. Aussi n'est-il pas un ouvrage financier du temps où l'on ne recommande au souverain d'augmenter les aides pour diminuer les tailles ; et n'est-il pas une ville qui, libre de s'administrer à sa guise, ne préfère établir des droits sur les marchandises, plutôt que des sous additionnels à l'impôt personnel. En regardant de bien près, on aperçoit encore, il est
vrai, quelques exemptions concédées ou vendues à des particuliers, à des
corps ou à des villes : qui pour le vin, qui pour le blé, car les dispenses sont
restreintes et partielles[2]. Comme toujours
en pareil cas, l'abus ne se faisait pas attendre : par exemple, les archers
de En effet, si la répartition des aides sur toute la
surface.de Chaque impôt ayant son fermier particulier, on trouvait à chaque pas des administrations juxtaposées, toujours rivales, souvent hostiles. Qu'on suppose aujourd'hui les douanes de certains départements du Nord exploitées par un particulier, celles des départements du Midi par un autre, celles des départements de l'Est par un autre encore ; qu'on imagine à l'intérieur une série de fonctionnaires percevant, chacun pour son compte, le premier l'impôt sur le vin, le second l'impôt sur les sucres, le troisième l'impôt sur les huiles, et l'on aura l'image exacte du recouvrement des taxes indirectes avant Colbert. C'est à Colbert en effet que revient l'honneur d'avoir débrouillé ce chaos, et donné un corps à ces perceptions éparpillées sur la surface du royaume. Pour représenter avec quelque justesse l'idée des fermes, dit Mallet, il faudrait faire un volume. Ce volume, s'il était fait, — car il ne l'a pas été, —ne trouverait pas de lecteurs. Comment d'ailleurs formuler des règles générales et absolues ? Les édits ne sont pas d'accord avec les baux des fermes, les baux des fermes ne sont pas d'accord avec les tarifs ; ce qui a pu être vrai en théorie cesse de l'être en pratique. A peine pensions-nous pouvoir définir en une phrase tel ou tel droit général sur les marchandises, qu'aussitôt des exceptions apparaissaient, des distinctions multiples s'imposaient, des interprétations contradictoires nous donnaient à réfléchir, et tenaient notre plume en suspens. Il faut reconnaître d'ailleurs que, depuis Henri IV jusqu'à Mazarin, de louables efforts furent faits par le gouvernement pour unir toutes les fermes en une seule. Déjà, sous Richelieu, on voit les principales taxes syndiquées — selon l'expression moderne — sous les titres d'aides de France, de cinq grosses fermes, de foraine de Languedoc[8]. Cependant, malgré les progrès accomplis, il reste encore beaucoup de petites fermes, indépendantes et locales[9]. Nous ne parlons pas ici de ces contributions extraordinaires, créées pour subvenir à des besoins passagers ; un vit ainsi ct des archers, des sergents et des gens de guerre faire payer à la fois vingt-deux sortes de levées différentes[10]. Mais, par exemple, en temps normal, aux portes de Paris il y a quinze fermiers de l'octroi : l'un pour la draperie, l'autre pour les bestiaux, un troisième pour le poisson, et ainsi de suite ; les divers droits sur le vin sont levés par six fermiers différents. Rien d'étonnant si les allées et venues qu'il faut faire d'un bureau à l'autre retardent la vente et en diminuent le prix[11]. Et ces impôts d'État qui frappaient tout, tout ce que
les hommes peuvent vendre ou acheter, et qui le frappaient d'une manière si
incommode, embrassant tantôt une moitié de Ainsi organisée, la perception de l'impôt indirect fait l'effet à nos yeux modernes d'un véritable instrument de torture, dirigé contre le contribuable ; d'autant que les tarifs, par leur confection grossière, semblent grever plus particulièrement les objets de première nécessité. Ces tarifs consistent le plus souvent en une taxe uniforme du vingtième de la valeur, pour toutes les marchandises. Comment, dira-t-on, une vache, un sac de farine, une corde de bois ou un quintal de lard sont mis sur le même pied que des objets de luxe : une aune de dentelle, un panier d'oranges ou une pièce de soie ? L'abus n'est-il pas criant ? Cependant personne ne réclame, et en vérité il ne parait pas que personne ait souffert de cette uniformité choquante. Le fait peut surprendre, mais c'est un fait. L'explication en est simple ; elle réside dans la nature
même des droits. Une marchandise peut être atteinte par l'impôt de trois
façons : chez le fabricant, chez le consommateur, ou à son passage du premier
chez le second. Nous n'avons guère aujourd'hui à l'intérieur de Mais, dira-t-on, c'est l'impôt de circulation lui-même qui
empêchait par son incommodité ces denrées si nécessaires d'aller d'un bout à
l'autre de Dans un pays comme Une autre preuve de ce fait, c'est la façon dont les
peuples supportaient le seul impôt de consommation : l'impôt sur le vin,
demeuré soumis à la taxe de 5 pour 100 du quatorzième siècle. Le vin, du
reste, est à cette époque la marchandise la plus grevée de toutes. Avant de
pénétrer dans certaines villes, dans Paris surtout, le vin que les gens aisés
faisaient venir des pays vignobles, pour leur usage personnel, déjà doublé de
prix par suite des frais de port, port, était encore augmenté de moitié par
les impôts[23].
Ajoutez à cela la taxe des marchands de vin et le droit de détail pour les
boissons vendues à pot et en assiette dans
les cabarets[24],
et vous verrez qu'une pièce de vin de Il est Fort probable qu'ici l'exagération des taxes
diminuait la vente et paralysait le commerce. Ainsi, malgré le prix bien
modique du vin en ce temps-là, comparé à son prix actuel, le Parisien eu
buvait moins il y a deux siècles qu'il n'en boit de nos jours. D'après des
statistiques comparées, que nous avons lieu de croire exactes, il en consomme
aujourd'hui en moyenne Un autre fait qui démontre jusqu'à l'évidence combien les
impôts de consommation semblaient plus durs alors que les impôts de
circulation, c'est la tentative infructueuse du recouvrement du sou pour livre, sur la vente de toutes les marchandises,
dans les grandes villes comme dans les campagnes. Le surintendant des
finances et son entourage n'y songèrent que dans les dernières années, du
ministère de Richelieu, dans ces années difficiles de la guerre de Trente ans
où Nous ne prétendons pas que, même en temps ordinaire, les
agents des fermiers fussent extrêmement sympathiques aux contribuables ;
quand une surtaxe faisait rumeur, la foule se soulageait en maltraitant un gabelou.
Tantôt c'est le parlement de Bordeaux qui fait pendre un commis plus ou moins
régulièrement[30]
; tantôt c'est le peuple de Marseille qui force pendant la nuit les bureaux
de la traite foraine, et égorge les malheureux qui lui tombent sous la main[31]. Mais les
désordres de ce genre sont très-rares et promptement réprimés. Au contraire,
contre le sou pour livre de 1640, la révolte fut terrible ; la population,
qui supportait paisiblement les anciens impôts, repoussa le nouveau avec une
véritable fureur[32]. A Yssoire, écrit l'intendant d'Auvergne, ils ont jeté les commis dans une chaudière pleine de chaux
vive. Une sédition s'en est suivie ; le mal empire dans les élections de
Brioude et Aurillac. On fait des rebellions de toutes parts, en
Champagne et en Picardie, en Languedoc et en Bourgogne[33]. J'ai su, écrivait Richelieu, l'émotion arrivée à Grenoble, au sujet de l'établissement
de la subvention dans la ville, dont j'ai eu beaucoup de déplaisir[34]. Un sursis fut
d'abord accordé aux provinces qui criaient le plus fort. Mais, disait Bouthillier, les
autres prétendront la même chose ; et le cardinal lui répondait : Si on ôte l'impôt de Languedoc et Bourgogne, il le faut
ôter de toute la France[35]. Jusqu'aux
portes de Paris, le sol pour livre rencontrait de violentes résistances[36]. Le moment était
critique ; un rien pouvait suffire à soulever le pays. Le comte de Soissons,
révolté, tenait en échec nos armées de Champagne ; il perdit la vie dans sa
victoire de Les réclamations cette fois furent si vives contre l'impôt du vingtième, qu'au bout d'un an on fut contraint de l'abolir[38]. On fut plus heureux dans la création de deux autres impôts, qui subsistent encore aujourd'hui : sur le tabac, sur les cartes à jouer. Avis nous a été donné, disait le Roi en 1629, que depuis peu de temps on fait venir des pays étrangers quantité de petun (nom que portait alors le tabac) sans paver aucun droit d'entrée, sous prétexte qu'il n'a pas été compris dans les anciens tarifs et pancartes[39] ; de sorte que nos sujets, à cause du bon marché, en prennent à toutes heures ; dont ils reçoivent grand préjudice et altération dans leur santé[40]... Par ces motifs, on frappait le tabac d'un droit de 30 sols la livre, — il coûtait 12 francs, — bien minime si on le compare au monopole actuel. L'usage du tabac d'ailleurs était peu répandu ; fumer était une habitude ignoble, un goût crapuleux. On parlait d'un fumeur avec plus de mépris qu'on ne parlerait aujourd'hui d'un ivrogne[41]. D'après les calculs officiels d'alors, il se serait consommé en France deux millions de livres de petun par an, dont la moitié entrant en fraude[42]. Le produit de cet impôt, qui de fait ne figure pas dans les états de finances, devait servir à l'entretien des galères, concurremment avec une taxe sur le sucre, elle-même peu onéreuse au public[43]. Sur les cartes à jouer, l'État prélevait à la fin du règne
de Henri IV un droit de trois sous par jeu ; sous Richelieu, la vente des
cartes et tarots
devint un monopole ; les jeux de cartes, dont la plupart venaient jusque-là
de Thiers en Auvergne, durent tous être fabriqués à Paris, dans les ateliers
du concessionnaire, et nul ouvrier n'eut le droit de travailler ailleurs[44]. Cet impôt
rapporta au Trésor Sous le ministère de Richelieu, où l'imagination des
chercheurs d'impôts était pourtant si fertile, on ne créa pas d'autres
contributions indirectes, sauf le droit de Massicault[47], surtaxe
douanière à l'embouchure de certains fleuves, et aux ports les moins grevés du royaume. Nous touchons ici au côté le plus
défectueux des aides : les tarifs. C'est par la mauvaise confection des
tarifs qu'elles sont surtout à charge au public commerçant. Les droits
varient à l'infini d'une province à l'autre, et dans la même province, à une
distance de deux ou trois lieues[48]. A la frontière
même, tel objet payait à son entrée par Lyon moitié plus qu'à son entrée par Joignez à cela la confusion des poids et mesures indifféremment employés. Afferme-t-on les cendres de Paris, il y a trois objets et trois bases de perception différentes[51]. A la douane de Lyon, les marchandises étrangères sont pesées à la livre de seize onces, les marchandises françaises à la livre de douze onces, plus légère d'un quart ; c'était de la protection à rebours. Les tarifs sont à la fois minutieux et vagues. On y trouve vingt-quatre sortes de peaux, et sept sortes de plumes[52]. Et à côté de ces classifications savantes de la qualité, la quantité est point ou mal déterminée. La voie, la balle, la caisse, le sac, le panier, la charretée, sont autant de termes généraux qui fournissent matière à d'amples discussions[53]. Et les abus étaient nombreux. Les fermiers des contributions étaient sans cesse condamnés à restituer des sommes qu'ils avaient perçues indûment, Un arrêt du Conseil constate qu'ils font payer souvent dix fois plus que les taxes légales[54]. Tantôt sur un objet, tantôt sur l'autre, la lutte s'engage entre le commerce et le fisc ; elle se prolonge souvent, avec des chances diverses et des arrêts contradictoires, pendant vingt-cinq ans, au bout desquels un édit termine le différend en établissant en tant que besoin est, la taxe en litige[55]. Cette ardeur dans le recouvrement, cette tendance à la
concussion, sont assez ordinaires dans les pays où les impôts sont affermés ;
ce n'est pas un fait particulier à Qu'ils soient officiellement à ses gages, ou que secrètement ils reçoivent ses pots-de-vin, tous les fonctionnaires, directeurs et receveurs des aides, copistes et commis de ville ou de campagne, dépendent étroitement de lui. Les plus importants d'ailleurs n'ont-ils pas le droit d'être ses associés[59] ? Par conséquent aucun contrôle possible ; ceux qui avaient à se plaindre des agissements d'un fermier devaient plaider ; et les procès coûtaient cher aux contribuables, tandis qu'ils ne coûtaient rien à l'administration de la ferme, toujours abonnée avec les tribunaux pour les frais de justice. Pour garantir les populations contre les abus de pouvoirs des traitants et pour s'éclairer lui-même, l'État institua des contrôleurs-visiteurs des fermes[60] ; mais comme ces charges s'acquéraient à prix d'argent, les fermiers en faisaient cadeau à quelques-unes de leurs créatures. De la sorte les contrôleurs et surveillants furent parfaitement soumis à ceux qu'ils devaient surveiller et contrôler. Parmi les obligations qui incombaient à ces officiers, figure celle de connaître la valeur du revenu des fermes, et de tenir registre des marchandises entrées ou sorties. Comme ils ne l'ont pas remplie, nous ne connaissons pas le produit brut des impôts indirects sous Louis XIII[61]. Les chiffres des baux nous apprennent bien ce que le traitant payait au Roi, mais ils ne nous font pas connaître ce qu'il percevait lui-même sur le public. Cet écart, qui contient à la fois les frais de recouvrement des impôts indirects et les bénéfices du fermier, nous échappe, aussi bien pour les aides que pour les gabelles[62]. Les uns et les autres étaient considérables. Il est notoire que le bien du Roi n'est pas affermé à ce qu'il vaut. Bien que l'adjudication publique fût dès cette époque en vigueur, il n'y avait pas beaucoup de liberté dans les enchères, et souvent le surintendant était contraint, par de puissantes influences, d'accepter le moindre de deux partis qui se présentaient[63]. Ces abus sont de tous les temps ; le nôtre même n'en est pas exempt. Ce qui les rend plus saillants sous Richelieu, c'est qu'ils s'appliquent à l'ensemble des revenus publics. Les mêmes fermes adjugées en 1604 pour Les financiers connaissaient trop bien le profit qu'on
faisait en ce genre d'affaires, pour se laisser rebuter par des augmentations
de loyers, si énormes qu'elles paraissent. Rocher Portail, qui savait à une pinte près ce qu'on buvait de vin et de
cidre dans les évêchés de Rennes, Saint-Malo et Nantes, y eut la ferme
des aides vingt-quatre ans de suite, au bout desquels un y mit II LES GABELLES. — Le sel et son exportation. — Exemptions personnelles
très-rares ; illégalités territoriales ; un tiers de
|
[1]
Dans le bail
[2]
Le détail en serait long et sans intérêt. — Le clergé, les nobles, les
officiers commensaux du Roi étaient exempts des droits, mais seulement pour le vin de leur cru. (Arrêts du Conseil d'État et
de
[3]
Cette exemption fut abolie par l'édit de février 1624 ; mais en enregistrant
l'édit,
[4] Déclaration du 30 janvier 1621.
[5]
C'est là un fait positif, bien qu'il ait fourni matière à contestation entre
plusieurs écrivains. Les uns prétendent que les droits dits de Traite foraine, Resve
et Haut-Passage étaient seulement
payables à la sortie ; les autres affirment qu'ils étaient dus à l'entrée en
France comme à la sortie. Les premiers peuvent avoir raison dans le principe,
bien qu'un édit de François Ier, en 1540, ordonne de payer ces droits à
l'entrée et à la sortie, que le Guidon Général (les finances (éd. de 1644, p.
207) dise la même chose, ainsi que plusieurs baux des fermes et arrêts du Conseil.
(Arrêt du Cons. d'État, 13 octobre 1639, bail Bailly, 1623, Plumitif de
[6]
[7]
La douane de Lyon, dit Forbonnais, intéresse les deux tiers de notre commerce extérieur.
Créée en 1563, elle était sous Louis XIII comprise dans le bail des cinq
grosses fermes. — La douane de Valence était affermée séparément
[8]
Les aides de France comprenaient tous les droits de gros et de détail sur les
boissons. (Cf. bail Bullot, 4 décembre 1641.) — Les cinq grosses fermes étaient
les lignes de douanes générales, sauf le Midi. (Cf. le bail de Noël de Pars.)
Sous le nom générique de Foraine
se cumulaient des taxes diverses, Rêve, Haut-Passage, Traite
domaniale, Traite foraine proprement
dite. Ainsi en Provence
[9]
Telles étaient le denier Saint-André en Vivarais, les 45 sols de Peccais, la
coutume de Bayonne, la traite d'Arzac (Gascogne), la ferme des ports de
Bretagne, celle d'In3rande (sur
[10] Savoir : 1° et 2° l'emprunt et les rejets de l'emprunt ; 3° les subsistances ; 4° les droits d'amortissement ; 5° de notifications ; 6° de franc-aleu ; 7° décharge de l'arrière-ban ; 8° et 9° des aisés et sous-aisés ; 10° la subvention ; 11° les taxes du fonds des boutiques ; 12° les taxes des suppléments pour le bien engagé des ecclésiastiques ; 13° celle du clergé ; 14° celle des biens communaux ; 15° les levées des chevaux ; 16° des charrettes ; 17° des soldats ; 18° des fournitures d'avoine ; 19° des farines ; 20° du pain de munition ; 21° des étapes pour le passage des gens de guerre ; 22° des garnisons pendant les quartiers d'hiver. (Remontrances des trésoriers généraux de France à Paris, en 1643. — Mss. Joly de Fleury.)
[11]
Arrêt du Conseil d'État, 30 août 1630. — A Paris, on remédia à cet inconvénient
eu forçant les divers fermiers à faire recouvrer leurs droits par les mêmes
commis ; autrement il y aurait eu à chaque porte15 bureaux d'octroi les uns à
côté des autres. En pratique, les contrôleurs et receveurs des portes de Paris
(au nombre de 36) étaient pavés simultanément par tous les fermiers, qui leur
donnaient chacun l5 livres par mois. Les marchandises ne pouvaient entrer que
par 13 bureaux : trois sur
[12]
Mss. français, Bibliothèque nationale, 18510, fol. 193. — Ces péages étaient
d'un bon rapport ; celui de Mantes était vendu, en 1551,
[13]
Déclaration du 12 janvier 1633 (pour
[14]
Lettres et papiers d'État, t. I, p. 591. — Il y avait sur
[15]
Ce droit passa aux Condé après l'exécution du dernier duc. Il était de 2 %.
(Arrêt du Conseil d'État, 3 mars 1633.) Pour les droits sur les routes, cf. la
déclaration du 1er février
[16] Arrêts du Parlement des 13 mars et 7 septembre 1620. TALLEMANT, Historiettes, t. III, p. 149, 157. — Arrêt de la amiable du trésor du palais de Paris, 14 décembre 1620.
[17] Montesquieu indique ainsi les bases d'une bonne imposition : Le nécessaire ne doit pas être taxé, l'utile doit l'être, le superflu doit l'être aussi, mais moins que l'utile, parce que la grandeur de la taxe empêche le superflu. (Esprit des lois, p. 293, édition Didot.)
[18] C'est pour cela qu'il n'est pas possible de déterminer d'une manière générale la quotité des tarifs, et de dire : les bestiaux payaient tant pour cent, les liquides tant, les tissus tant ; pour dire ce qu'une marchandise doit au fisc, il faut savoir non ce qu'elle est, mais d'où elle vient et où elle va, afin de calculer les lignes de douane et les péages qui séparent le vendeur de l'acheteur.
[19] Par une singulière bizarrerie, on avait établi des droits assez lourds sur l'entrée à Paris des bestiaux achetés dans un rayon de plus de vingt lieues, tandis que les animaux provenant de la zone la plus rapprochée de la capitale n'étaient soumis qu'au sou pour livre.
[20] C'est de cette absence de circulation qu'il faut surtout tenir compte. Ainsi, sur certaines routes, le fermier avait négligé d'entretenir des bureaux, u estimant que la dépense de perception excéderait la recette (Déclaration du 30 juin 1621.)
[21] DU PLESSIS DE LAUNAY, Mémoire sur les finances, présenté Louis XIV.
[22] Mss. français 18510, fol. 193. — Vers 1643, ces droits augmentèrent jusqu'à 4 sols 10 deniers pour livre, et excitèrent des plaintes. Il est vrai que les vendeurs jurés de poisson, fonctionnaires de l'État, allaient attendre cette denrée à Saint-Denis, et en vendaient une partie extra muros, au préjudice des droits du Roi, qu'ils étaient chargés de maintenir.
[23] Une pipe de quatre cents litres, venant des Charentes, coûtait dix-sept écus rendue en cave à Paris ; or le propriétaire ne l'avait sans doute pas vendue plus de six écus. (Lettres et papiers d'État, t. I, p. 53.)
[24]
Déclaration du 1er août 1642 ; arrêt de
[25]
La taxe était établie comme aujourd’hui, sur la contenance, sans égard pour la
valeur, et sans distinction de cru. Les contemporains se plaignaient déjà de cette inégalité, préjudiciable à ceux qui n'ont moyen acheter des vins excellents. — Les
droits d'octroi étaient de
[26]
Cf. Annuaire statistique de
[27] Voyez le récit de cette émeute à l'Appendice.
[28] Édit du 10 mars 1631, révoquant le précédent.
[29] Édit du 10 mars 1631, révoquant le précédent.
[30] Il était préposé à la recette d'un droit sur les vins dit Convoi de Bordeaux. (Lettres et papiers d'État, t. IV, p. 201 ; t. V, p. 567. — Arrêt du Conseil du 2 juillet 1631.)
[31] PONCHARTRAIN, Mémoires, p. 343.
[32] Louis XIII s'engageait pourtant ?t supprimer toutes les contributions directes nouvellement établies, rien n'y fit. — Il est vrai que les mêmes marchandises devaient payer la taxe autant de fois qu'elles étaient vendues, revendues et échangées. (Édit de novembre 1640.)
[33] Lettres et papiers d'État, t. VI, p. 858.
[34] Lettres et papiers d'État, t. VI, p. 856.
[35] Lettres et papiers d'État, t. VI, p. 883, 897. — Octobre 1641.
[36] D'autant plus que les marchands, pressurés par le fermier, pressuraient à leur tour le consommateur, et haussaient le prix de toutes choses. La main de papier valait 5 sols, avec le droit elle devait se vendre 5 sols 6 deniers, les marchands la vendirent 6 et 7 sols. (FORBONNAIS, Recherches.) Ce qui se vendait auparavant 50 sous, et qui aurait dû se vendre 52 sous et demi avec le droit, était subitement haussé jusqu'à 75 sous, témoin la toile de soie, les souliers et les bottes. (Lettres et papiers d'État, t. V, p. 428.)
[37] Lettres et papiers d'État, t. VI, p. 99, 822, 830. Les habitants, dit Richelieu lui-même, perdent le cœur et l'affection pour le Roi, le tout pour la satisfaction d'un partisan quelconque.
[38]
Arrêt du Conseil d'État, 25 février 1643. — On le transforma en impôt direct :
l'Équivalent. On fit payer aux villes,
de ce chef, une bomme de
[39] La pancarte était le tableau affiché dans les bureaux de douane, contenant la nomenclature des objets soumis aux droits et le chiffre de leur taxe.
[40]
Déclaration du 17 novembre 1629. — Le tabac de Saint-Christophe et de
[41] MONIER, Notes de l'Histoire des Français, t. VIII, p. 435. — FURETIÈRE (Roman bourgeois, t. II, p. 41) dit d'un homme que sa langue essuyait tous les jours la vapeur de six pipes de tabac.
[42] Lettres et papiers d'État, t. II, p. 166. Chiffre probablement exagéré. Aujourd'hui, le produit des tabacs est porté au budget pour 322 millions.
[43] D'un sou par livre, et le bon sucre se vendait alors aux environs de 20 sous la livre. — A l'heure actuelle où le sucre ne coûte que 55 centimes la livre, l'impôt est de 20 centimes environ depuis 1880, et avant 1880, il était de 34 centimes, soit plus de 100 %.
[44] Déclaration du 12 octobre 1635. — Le droit fut alors réduit à 15 deniers par jeu. (TALLEMANT, t. X, p. 42.) En 1629, un sieur de Valles s'était rendu adjudicataire de cet impôt. — En 1638, d'après les Mémoires du président BIGOT DE MONVILLE, on donna les droits des cartes à la duchesse de Croy pour la rembourser d'un prêt qu'elle avait fait à l'État.
[45]
MSS. français, 18510, fol. 195, Bibliothèque nationale. — Ce papegai ou papegault était
un oiseau de bois ou de carton, servant de cible aux tireurs à l'arquebuse, à
l'arc ou à l'arbalète. — A
[46]
J'ai peur, écrit Guy Patin en 1637, qu'enfin on ne mette de nouveaux impôts sur les gueux qui se
chaufferont au soleil, et sur ceux qui p
dans la rue, comme fit Vespasien. (Lettres, t. I, p. 43.)
Sous la régence d'Anne d'Autriche, fut établi le papier timbré (déjà connu en
Espagne et en Hollande depuis 1636). Il y avait 9 valeurs différentes, de 1 sou
à
[47] Du nom de son second fermier. Le premier était un sieur Fournier, qui en donna 150.000 en 1638. Ces taxes furent englobées ensuite dans les cinq grosses fermes. — Il faut mentionner aussi le droit de 10 sous par cent livres de fer, et par cinquante livres d'acier. Il était assez lourd pour que les maîtres de forges fussent tentés de vendre en secret ces marchandises aux voituriers qui les venaient querir de nuit. Les commis du fermier étaient si souvent battus qu'ils ne voulaient plus retourner aux forges . On décida que l'impôt serait perçu sur la matière première.
[48]
Le quart de muid d'eau-de-vie paye
[49]
Les soies, qui payaient pour entrer en France
[50] En 1623, on affranchit le pastel des droits de sortie de Languedoc et Provence, pour favoriser la grande exportation de ces provinces.
[51] Déclaration du 31 août 1634.
[52] On y distingue les plumes d'autruche d'Orient, qui payent un droit, des plumes d'autruche d'Alexandrie, qui en payent un antre. (Cf. les tarifs de la douane de Lyon, 16 février 1633.)
[53] Cf. Mss. français, 18510, fol. 152. Les marchandises entrant à dos de mulet payaient à raison de trois quintaux par charge.
[54]
Du 21 avril 1621. — On voit Jean de
[55] Arrêt du Conseil d'État, 6 mars 1630. — Cf. FORBONNAIS, Recherches et Considérations.
[56] Richesse des nations, liv. V, chap. II. — En Italie, presque toutes les contributions indirectes sont encore affermées.
[57]
Faute de déclaration du vin : confiscation, et
[58]
Guidon général des finances, et Bail de François Chandonnay, 1er
octobre 1634. — Les commis des fermiers étaient de vrais agents d'État. Nous
voyons les gardes de
[59] Tous les baux constatent ce droit. — (Bail du 5 juin 1627, bail Chandonnay du 1er octobre 1634, etc.) Les trésoriers de France et les élus étaient seuls exceptés.
[60] Édits de décembre 1632, décembre 1633 et mai 1625.
[61] Au dix-huitième siècle, les fermiers payaient une somme fixe pour le bail, le surplus des bénéfices était partagé entre le gouvernement et la ferme, déduction faite des frais de régie, déterminés à l'avance d'un commun accord.
[62] Les États au vrai, ou comptes de clerc à maître, selon l'expression alors usitée, sont extrêmement rares à cette époque. (Arrêt du conseil d'État, 18 février 1624.) Les fermiers ne demandaient à compter avec le Trésor que dans le cas où ils n'avaient pas gagné tout ce qu'ils espéraient.
[63]
RICHELIEU, Mémoires,
t. I, p. 211. — Édit de mai 1635. Mss. français, 18510, fol. 9. Traité des
aides, tailles, de DU
CROS ; Bail
Bailly, du 11 mars 1623. Les ducs de Longueville et de Bouillon étaient
propriétaires de certaines aides par engagement. La comtesse de Soissons en
avait aussi plusieurs ; si l'on cherchait à les rembourser, ils s'écriaient
qu'on voulait les déposséder. (Arrêt de
[64]
Les cinq grosses fermes rapportent
[65]
TALLEMANT, t.
II, p. 36. — Les fermiers sous-louaient à d'autres avec bénéfice une portion de
l'impôt dont ils s'étaient rendus adjudicataires. Bryois cède le choit de 5
pour 100 sus la draperie à Paris, pour
[66]
En 1638, le Roi avait accordé depuis le commencement de la guerre plus de 4
millions de remises au fermier. (Déclaration du 24 avril 1638.) — Feydeau
obtint en 1621 une diminution de
[67] Ils se fournissaient auparavant aux salins d'Evice. (Arrêt du conseil d'État, 4 avril 1637.) Les villes d'Aigues-Mortes et de Peccais, importantes par ce trafic, appartenaient au maréchal de Chatillon, qui les vendit au Roi en 1622. (BRIENNE, Mémoires, p. 25.)
[68] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 447. Nous aurions pu payer aux cantons suisses leur pension, en sel, ce qui eût évité de laisser sortir notre argent.
[69] RICHELIEU, Mémoires, t. I p. 439, 447 ; Lettres et papiers d'État, t. II, p. 490. — Il parait que le sel d'Espagne était trop acre et consommait les chairs ; celui de France ne l'était pas assez, et ne suffisait pas dans les voyages de long cours pour empêcher les viandes de se corrompre, mais l'un et l'autre mêlés ensemble sont tels qu'on les peut désirer. Aujourd'hui encore, notre exportation atteint 120 à 150 millions de kilos. L'industrie du sel a d'ailleurs été modifiée sensiblement par la découverte des mines de sel gemme qui fournissent à la moitié de la consommation.
[70] On disait à l'origine les gabelles sur le sel, on finit par dire les gabelles tout court. En Italie, gabella signifie encore douane, impôt ; gabellare, payer les impôts. — Il y avait au dix-septième siècle en plusieurs pays d'Europe des gabelles sur le sel.
[71] Édit de juin 1627. Ordonnance de janvier 1639. Une déclaration du 6 mai 1633 réduisit encore les privilèges existants.
[72]
Arrêt du conseil d'Etat des 21 septembre 1630 et 26 février 1632. — Déclaration
du 2 mars t633. — Lettres patentes de juin 1621. — Ce droit consistait en un
minot de sel (
[73]
Mss. Godefroy, CXXXVI, 14.8. Affranchie par Lettres patentes de 1557, moyennant
un impôt annuel de
[74] Tous se sont rachetés par un versement unique fait en 1553, sous Henri II.
[75]
Témoin celui que
[76] Déclaration du 17 mars 1627, et Lettres et papiers d'État, t. I V, p.191.
[77]
Des 72 départements compris dans
[78] Lettres et papiers d'État, p. 638. Afin, dit le ministre, qu'ils n'aient pas sujets d'être si mécontents qu'ils sont.
[79] A Montreuil en Picardie, dans le duché de Châtellerault, règlement 12 janvier 1645. Pour y acheter du sel, il fallait être porteur d'un certificat de domicile, délivré par son curé.
[80] Règlement du 21 octobre 1624. — Dans les vicomtés de Coutances, Saint-Lô, Avranches, Vire. (Cf. DE BEAUREPAIRE, États de Normandie, t. I, p. 161 ; t. III, p. 31.)
[81] Des 287 greniers existant en France, 95 étaient de sel d'impôt, 192 de vente volontaire.
[82] L'ambassadeur de Venise approuve le système des greniers d'impôts, qui, dit-il, ben sarebbe da imitarsi, e darebbe grande utile.... ; mais il ajoute : Si sono grossamente accresciute le imposte del sale, senza riguardo allo stridore del popolo, incapace di sopportare l'aggravio. (Relazionni, Francia, t. II, p. 343.) En 1638.
[83]
Mallet dit : Il est presque aussi inégal qu'il y a de
provinces dans le royaume. La déclaration de décembre 1630 porte que les impôts levés dans les greniers du ressort de
[84]
H. TAINE,
[85]
Ms. 4060, Bibliothèque de l'Arsenal. —
[86]
Le muid de sel était une mesure de capacité idéale, contenant
[87]
Lettre d'un gentilhomme vendômois en 1624 (plaquette ; Bibliothèque nationale).
En 1630, le muid coûtait
[88]
Supprimés et rétablis aussitôt en février 1648. — Ils avaient le demi-parisis du prix de la vente, et le peuple
était bien forcé de s'adresser à eux, puisque les greniers à sel ne vendaient
pas moins d'un boisseau ou
[89]
Arrêt de
[90] R. DE BEAUREPAIRE, États de Normandie, t. I, p. 150. Il existe encore en quelques vieux châteaux des fauteuils dont le siège cache une caisse, où le propriétaire mettait sa provision de sel ; fauteuil où il s'asseyait habituellement, sûr ainsi qu'on ne lui déroberait pas ce précieux condiment.
[91]
Édit de juin 1622 ; les receveurs des gabelles avaient
[92] Simple arbitrage au début, le grenier à sel était devenu tribunal véritable, avec avocats, procureurs et greffiers pour la justice. (Cf. édit d'avril 1630.)
[93] Arrêts du Conseil d'État des 4, février 1623 et 24 octobre 1626.
[94] Il était tenu de se servir exclusivement de matelots français pour le transport du sel, et comme notre fret était plus cher, il recevait une indemnité de l'État. — Il arrivait assez souvent que les greniers éloignés de la nier manquaient de sel. Les villes situées sur le passage des bateaux l'accaparaient pour leur consommation. (Arrêt du Conseil d'État. 8 juin 1629.)
[95] RAPINE, Relation des États de 1614, p. 103.
[96] Cahiers des États de Normandie, t. I, p. 184.
[97] Édits de janvier 1622 et de septembre 1634. On fraudait aussi sur les mesures. (Édit de déc. 1633.)
[98] Arrêts du Conseil d'État des 20 avril 1634, 22 septembre 1625, etc. — Cette question du pot et salière remplit pendant deux siècles les annales des tribunaux financiers.
[99]
Mss. Godefroy, CCLXXX, 67. — Remontrances de
[100]
[101] Lettres et papiers d'État, t. II, p. 738. (En 1627.) — En 1691, un mémoire sur les finances présenté à Louis XIV donne des chiffres qui concordent avec ceux de Richelieu. (Cf. Appréciation de la fortune privée au moyen âge, par LEDER, p. 283.)
[102] Ordonnance de janvier 1639.
[103] Arrêt du Conseil d'État, 9 mars 1623.
[104]
Le bannissement, la flétrissure, le fouet, sans parler d'une amende de 100 à
[105] Et s'intéressaient, dit l'Ordonnance de janvier 1630, dans ce trafic sordide, déshonnête et indigne de leur condition.
[106] PONTIS, Mémoires, p. 601. Le Roi en rit avec Pontis et dit : Je ne les empêcherai pas d'être faux-saulniers ; mais s'ils sont pris par la justice, je ne les empêcherai pas aussi d'être pendus.
[107] Lettres et papiers d'État, t. V, p. 485.
[108] Lettres et papiers d'État, t. VI, p. 405. — Cf. Archives des affaires étrangères, 834, fol. 16 et 41. Lettres de Séguier et Bullion. — Il est étrange que dans ces conditions, Richelieu ait conseillé dans son Testament politique l'augmentation des gabelles.
[109] Le sel coûtait bien plus cher que la morue ou le beurre.
[110] Arrêts du Conseil d'État, 13 février 1633, 17 décembre 1636, décembre 1637. Ord. de janvier 1639.
[111]
[112]
Ce sont là des évaluations approximatives, car personne ne savait exactement ce
que gagnaient les fermiers sous Louis XIII. (Seulement les remises, quand elles
étaient spécifiées à l'avance, étaient de 25 010 au minimum.) Le Roi chercha
vainement à se rendre compte de la quantité de sel vendue annuellement en ses
greniers ; les officiers refusaient d'envoyer les états de la vente, ou
envoyaient des états informes. (Arrêts du Conseil d'État des 6 octobre 1627, 21
septembre 1630, 9 mars 1633. — Attache des trésoriers de France, 4 septembre
1620.) On garantissait à Flamel, fermier des grandes gabelles, la vente de
10,225 muids par an, qui, à
Letrosne avance, au dix-huitième siècle, que pour 30 millions que l'État retire des aides, le peuple en paye 60 millions ; il ajoute que le préjudice causé an développement de la richesse nationale est de 80 millions ; cela ne nous semble pas sérieux, surtout à l'époque où Letrosne écrivait. Les fermiers généraux comptaient alors de clerc à maître avec le Roi.
[113]
Jean de Moisset, dit Montauban, célèbre partisan. (Cf. TALLEMANT, t. I, p. 204.) Sous le
maréchal d'Ancre, Moisset eut un procès pour avoir
voulu faire un miroir enchanté propre à donner de l'amour. (Mémoires
de d'Estrées et de Pontchartrain, p. 462.) Il fut mis à la conciergerie et
délivré à l'avènement de Luynes. Le Roi lui cria en l'apercevant au Louvre : Moisset, Moisset, on ne fera plus ton procès. Moisset
avait commencé par être tailleur ; Richelieu l'appelle dans ses Mémoires un homme fort déréglé en ses lubricités, mais ces
accusations ne sont nullement prouvées. Ce fut Moisset qui bâtit le château de
Ruel. Il fut l'amant, dit-on, de la duchesse de Villars. Nous voyons en 1627,
dans le Plumitif de
[114] Un des fermiers des gabelles fit bâtir un palais au Marais ; on l'appelait l'hôtel salé ; Jodclet, l'acteur, lui dit qu'il ne devait pas oublier de mettre parmi les statues de sa galerie celle de la femme de Loth. (TALLEMANT, t. IV, p. 229.)
[115]
En 1639, 26 millions de livres, divisés par 11 millions d'âmes, donnent
[116]
12 millions environ, plus 40 % de frais et bénéfices, =
[117]
Le maréchal d'Effiat donne en 1626 le chiffre de 12.500 muids. Nous savons
d'autre part que les grandes gabelles montent à 10.225 muids, que les gabelles
de Lyonnais et Languedoc sont comptées pour 1332 ; il resterait un millier de
muids pour