I SERVICE DU ROI. — Causes de ruine ; obligations qu'impose le service militaire. — Dignités onéreuses ; aucun moyen de s'enrichir. — Le commerce et l'opinion. — Les gentilshommes nécessiteux.Et cependant, tandis que les revenus diminuent, les
dépenses augmentent. Dépenses de luxe ou de nécessité, facultatives ou
obligatoires, vont toujours croissant ; de là un état de gêne visible. Les nobles, disait l'évêque de Luçon en 1614, aussi pauvres d'argent que riches en honneur et en
courage, ne peuvent avoir ni charges en la maison du Roi, ni offices en la
justice, puisqu'on ne parvient plus à tels honneurs que par des moyens dont
ils sont dépourvus[1]. Les dons, les
subventions, n'allaient pas à la masse de la noblesse, un petit nombre
seulement en profitait. Pendant qu'un Nicolas de L'Hôpital gagne à la cour Le tiers, écrivait-on au
seizième siècle, est le plus populeux des trois
états ; serait le plus riche si
l'on prenait moins sur lui. La noblesse est le moindre en nombre, le moins riche de tous les trois ;
mais sur lui, le prince ne prend rien que le service de l'épée[5]. Ce genre de
service était fort onéreux. Durant la guerre de Trente ans, les
gentilshommes, pour se trouver en bon équipage dans
les armées, avaient tellement prodigué leurs biens, que la plupart en étaient
très incommodés, jusques à souffrir des condamnations en leurs personnes et
des saisies en leurs biens... On dut pour les mettre à même de
continuer leur service, et les sauver d'une entière ruine, défendre de les constituer prisonniers pour debtes, et de
faire vendre leurs biens par décrets[6]. Les pensions avaient
beau être augmentées, la noblesse, qui achetait au
prix de son sang l'argent qu'on lui donnait, en dépensait deux fois autant de
son patrimoine, et laissait bien souvent ses enfants nécessiteux[7]. On commence à
parler sous Richelieu des pauvres gentilshommes,
à s'occuper de les secourir, de les employer avec
bons appointements, de faire instruire gratuitement leurs fils[8]. Les comptes de
l'épargne mentionnent sans cesse des gentilshommes
nécessiteux à qui le Roi fait don de quelque monnaie par charité et aumône. A côté d'un pauvre roullier qui reçoit Pour ceux qui exerçaient les grands commandements, qui
possédaient les dignités enviées, à côté des bénéfices, il y avait les
obligations ruineuses de l'emploi. Un colonel, un capitaine, était moralement
tenu de payer de sa poche la solde de ses hommes, si l'État ne le faisait pas[10]. Un gouverneur
s'engageait tacitement à réparer avec son propre argent, s'il le fallait, — et
il le fallait souvent, — les remparts de la citadelle que Sa Majesté lui
avait confiée. Le remboursement de ces avances s'effectuait ensuite
difficilement ; on devait mettre en jeu de hautes influences pour l'obtenir.
La plupart ne l'obtenaient jamais. Le maréchal de Brézé se plaint des lourdes
dépenses que lui occasionne le gouvernement de Calais (1636). Il lui faut avancer la solde de la garnison, il a vendu à cet effet sa vaisselle d'argent ; il doit
envoyer tous les samedis 2.000 francs à Calais, il s'y ruine[11]. Les gouverneurs de On ne s'enrichissait pas toujours à la guerre. Condé
demandait 10.000 écus pour se mettre en équipage
afin de combattre le duc de Rohan ; mais tout le monde ne pouvait se faire
indemniser ainsi d'avance de ses frais d'entrée en campagne[14]. Le comte
d'Harcourt n'avait d'autre bien que son épée[15]. Le duc de
Weimar ne laissa en mourant que les 40.000 ou Après cela on empruntait pour vivre. Lisez les gazettes satiriques : Il s'observe une coutume fort louable... qui est qu'un homme qui n'a fonds, meubles, rentes, cens, héritages ni caution, trouve qui lui preste de l'argent, à la charge de le rendre quand il sera riche[20]. Les dettes n'étaient pas cependant à la portée de tous ; expédient passager d'ailleurs, et non ressource permanente. A ne consulter que les documents officiels, la noblesse parait demander le droit de faire le grand trafic sans déroger ; celui d'avoir part et entrée en commerce sans déchoir de son privilège ; mais à sonder profondément l'opinion, on s'aperçoit que ces vœux étaient simplement émis pour la forme ; personne dans l'aristocratie n'ayant sérieusement l'intention de profiter de l'autorisation, au cas où elle eût été donnée. Plus d'une occasion s'offrit aux gentilshommes de s'intéresser à des entreprises commerciales, de se faire armateurs, colons, industriels ; ils ne s'en souciaient aucunement. Ce qu'il faut accuser ici, ce n'est pas le gouvernement, ce sont les mœurs[21]. Tout moyen de dépenser l'argent était noble, c'est-à-dire glorieux ; presque toutes les manières de le gagner étaient roturières, c'est-à-dire peu estimables. Le seigneur besogneux attend tout de la faveur ou des
chances de la vie de cour. En attendant, il vit de peu, tout en s'efforçant
de faire bonne figure. Chabot, le futur mari de mademoiselle de Rohan, vivait
gratis à la table de Goulas, secrétaire de Monsieur, et empruntait pour aller
au bal des habits et du linge au maitre des requêtes Tallemant[22]. Racan,
capitaine des gendarmes du maréchal d'Effiat, logeait dans un cabaret borgne,
où le soir on lui trempait un potage pour rien[23]. Comment se
plaindre ou se désespérer, alors que les fluctuations de la politique
faisaient mourir II TRAIN DE MAISON. — Personnel : organisation intérieure, officiers et serviteurs. — Pages ; hommes de lettres domestiques. Trains d'apparat, plusieurs maisons montées à la fois. — Hospitalité et clientèle. — Besoin de paraître. — Équipages : carrosses, leur nouveauté, leur luxe. — Train de voyage. — Chevaux, leur nombre. — Chaises à porteurs. — Table : collation bourgeoise ; repas de gentilshommes. — Leur profusion ; qualité des mets. Vaisselle d'argent, étiquette et service à table. — Habitations : les nouveaux hôtels de Paris. — Luxe des appartements, mobilier, tentures, objets d'art.A la noblesse riche, les convenances sociales et la vie mondaine imposent des charges écrasantes. Pour un homme d'un rang un peu élevé, certain superflu est plus indispensable que le nécessaire. Le luxe, apporté d'Italie et d'Espagne au siècle précédent, n'est pas encore répandu dans la masse de la nation, mais il est poussé à son comble par la haute classe. Luxe grandiose plus que confortable : les fils des rudes guerriers, ligueurs ou huguenots, qui vivent à cette époque de transition, préfèrent le déploiement extérieur au raffinement intime. Économe et calculateur, le gentilhomme conserve encore, sans compromettre ses finances, un train fort propre et en bon état ; mais s'il est magnifique et libéral selon le goût du temps, s'il veut avoir des tableaux, des bijoux, des chevaux, des chiens, des oiseaux, des mignonnes, jouer, faire grande chère, et être superbement meublé, il est vite réduit aux expédients et à la détresse. Le train de vie habituel est déjà fort lourd. Chaque hôtel
est organisé comme une petite cour. La maison d'un grand seigneur est une
vaste administration. Depuis l'intendant qui plane sur le tout, jusqu'aux
derniers des laquais, chaque branche du service comprend une série de
domestiques qui, sous les ordres des chefs d'emploi, — le maitre d'hôtel,
l'argentier, le premier aumônier, le premier secrétaire, le premier écuyer,
le premier valet de chambre, cuisinier, sommelier, cocher et muletier, — ont
pour mission de veiller aux besoins moraux et matériels du maitre[25]. L'intendant
faisait la recette générale des revenus, et gardait à titre de gages jusqu'à
5 pour 100 des sommes qu'il encaissait[26], sans compter ce
qu'il s'attribuait indûment. Les autres officiers, dont les appointements
étaient assez faibles, se payaient en nature. Mon
sommelier, disait le grand prieur de Les laquais, placés au dernier rang dans la hiérarchie domestique, personnalités sans conséquence, dont le maitre ignorait souvent les noms[29], formaient dans la maison d'un seigneur une troupe imposante, — vingt-cinq ou trente à l'ordinaire, — l'effectif d'une compagnie de gens de pied. Trois d'entre eux se tenaient toujours debout derrière les carrosses. La nuit, on se faisait porter le flambeau clans les rues par un laquais[30], — le moindre gentilhomme en usait ainsi. — On allait à l'église suivi d'un page, qui portait un carreau de velours, et d'une escouade de laquais ; en promenade, une dame avait des laquais qui portaient le carreau, le parasol, l'écharpe, la coiffe, le mouchoir[31]... Les princes, les ducs, et beaucoup de gens de qualité, avaient, outre leur maison civile, une maison militaire, gardes, estafiers, qui les accompagnaient à pied et à cheval ; gentilshommes qui leur faisaient escorte[32]. Quelques-uns entretenaient des domestiques d'un genre spécial. Le prince de Joinville avait trois trompettes à son service[33] ; Richelieu, un joueur de viole attitré : le fameux Maugars. Aux demoiselles de grande maison il faut, à l'imitation des filles de France, un équipage particulier. Mademoiselle de Rohan possède un écuyer. Dans les collèges, le jeune gentilhomme a son gouverneur, son précepteur et ses laquais. Les premiers dans la maison d'un grand ont, aux frais du maitre, un train personnel. Le Père Joseph, chez le cardinal, jouit d'un carrosse, d'une litière et de mulets pour le voyage. M. le Prince tenait des équipages complets en plusieurs
maisons ; c'était un luxe délicat et assez répandu. Bassompierre, emprisonné
depuis cinq ans à Un seigneur un peu qualifié avait aussi des pages en assez grand nombre, auxquels il faisait apprendre tous les exercices, et qui pour la plupart étaient de race noble. Richelieu n'admettait à remplir dans sa maison ces fonctions honorifiques que des fils de comtes ou de marquis. Le jeune homme nourri page dans une maison illustre, — selon le sens latin du mot, — en portait la livrée. La livrée n'avait encore rien de bas, c'était un honneur de la revêtir ; on l'endossait, comme au moyen âge on arborait les couleurs de son chef. Avec le temps, les simples gentilshommes, n'ayant plus ni soldats ni pages, ne firent plus porter leurs couleurs que par des laquais, et leur livrée devint servile ; tandis que la livrée du Roi, appelée plus tard l'uniforme, demeurait seule glorieuse et recherchée. Les pages ne rendaient qu'un service de parade, précédant le seigneur en diverses circonstances, et portant en cérémonie la queue de Madame ; mais nul dans un certain rang ne pouvait se dispenser d'en avoir[36]. On était également tenu par la mode d'avoir sur l'état, de
sa maison un homme de lettres en vogue, gentilhomme di belle littere, usage italien
adopté en France. Les gens d'esprit à vos gages composaient des vers pour
vous, vous entretenaient d'un million de choses, et vous disaient quel
jugement il fallait faire des ouvrages du moment. Le duc de Longueville
donnait à Chapelain une pension de Notre société démocratique a perdu la notion de ces rapports de dépendance honorable : entre patron et client dans l'ancienne Rome, entre suzerain et vassal au moyen âge, entre seigneur et domestique au dix-septième siècle. Ces amis inférieurs, qui ne sont pas des pique-assiettes, mais qui acceptent sans humilité ce qu'un autre se fait gloire de donner, n'ont pas d'analogues aujourd'hui. Le soin extrême de l'égalité, qui rend blessante toute idée de protection, rehausse la dignité individuelle, mais relâche le lien social. Ce terme : être à quelqu'un, qui révolterait nos contemporains, paraissait tout naturel sous Louis XIII. Celui qui était à un grand seigneur avait place à sa table, et se servait de ses carrosses ; s'il ne logeait pas à son hôtel, il y envoyait chaque soir querir sa chandelle, se faisait soigner gratis par son chirurgien, et en recevait mille petits offices. Les familiers du comte de Soissons, du duc de Nemours, prenaient sans cérémonie un des carrosses des hôtels de Soissons ou de Nemours. Dans chaque demeure seigneuriale, plusieurs voitures ne faisaient d'autre service que celui des domestiques. La cuisine d'un personnage servait à nourrir non-seulement ses gens, mais encore leurs familles et quelquefois leurs amis, qui tous vivaient à ses frais, dans son hôtel, et agissaient comme chez eux. Ceux à qui des dettes ou des actions peu régulières faisaient redouter la prison trouvaient asile et protection dans les communs de ces vastes maisons, hôtelleries sympathiques et gratuites[42]. Le maréchal de Vitry défendait aux gens de la ville voisine de son château de loger personne, parce qu'il voulait recevoir chez lui tous ceux qui le venaient visiter ; par un esprit bien différent de celui de beaucoup de seigneurs d'aujourd'hui (ceci était écrit sous Louis XIV), qui ont fait venir la mode d'envoyer à l'hôtellerie tous les équipages de leurs amis[43]. On y mettait de l'amour-propre. L'ambassadeur de France revenant d'Angleterre avec 400 personnes, tient à défrayer tout ceux qui passent la mer avec lui. Il dépense ainsi 14.000 écus à Douvres en quatorze jours, en attendant un vent favorable[44]. Le faste prenait parfois en ce genre la forme d'une libéralité brutale qui choque nos susceptibilités modernes, mais qui semblait alors digne d'admiration. Souscarrière servit ainsi deux mille louis d'or dans un plat au roi d'Angleterre, en un repas qu'il fit chez lui à Paris[45]. Le duc de Lerme, traitant Monsieur en Flandre, faisait apporter à la fin des repas deux sacs de 1.000 pistoles, au bout de la table, pour ceux qui voulaient jouer[46]... Entre maîtres et serviteurs, bien que la distance sociale fût grande, l'union était néanmoins profonde ; les contrats étaient plus sérieux qu'ils ne le furent par la suite. Certaines coutumes prescrivaient à tous gens n'ayant pas.de bien suffisant, ou n'étant pas d'un état capable pour s'entretenir, de se donner aussitôt ou service des honnêtes gens[47] ; mais le service des honnêtes gens n'avait rien de vil. Le chef s'intéressait à ses domestiques, leur honneur était. lié au sien, il en était en quelque sorte responsable. Ceux-ci, de leur côté, prenaient à cœur la dignité de sa maison. Les luttes de préséance entre carrosses, si fréquentes dans les rues de Paris, se terminaient souvent par des batailles, où les laquais mettaient volontiers l'épée à la main. M. de Tilladet fut tué ainsi par les gens du duc d'Epernon[48]. Les valets se piquaient de galanterie pour le compte de leur patron. Un laquais de Bassompierre, voyant une dame traverser la cour du Louvre, sans que personne lui portât la robe, alla la prendre en disant : Encore ne sera-t-il pas dit qu'un laquais de M. le maréchal de Bassompierre laisse une dame comme cela ![49] Les trains somptueux que le grand seigneur entretenait à
l'ordinaire, dans son château et à Paris, n'étaient rien auprès du faste
presque royal qu'il lui fallait déployer, quand une circonstance particulière
de sa vie, ou une fonction considérable, le mettait eu évidence. Ce n'est
plus une dizaine de gentilshommes qui le suivaient alors à la promenade, ni
une garde de quelques soldats qui fait le service de son hôtel[50], mais des
centaines d'officiers, et des bataillons de serviteurs qui constituent son
escorte[51].
Le duc de Créqui, ambassadeur de France à Rome, avait, à lui appartenant, six suisses, des trompettes, une garde
de carabins, un nain, seize pages, vingt-quatre mulets ayant chacun leur
muletiers...., sans compter sa maison véritable. Il prenait
habituellement ses repas sous un dais, avec trente gentilshommes, outre les survenants[52]. Aux obsèques du
maréchal de Saint-Géran, paraissaient soixante sergents de
ses terres, ayant devant et derrière l'écusson de ses armes ; conduits par
son prévôt... que suivaient à cheval deux cents officiers de ses mêmes
fiefs, vêtus de deuil, suivis d'autant de pauvres, parés de même ; chacun une
torche en main. Quatre cents prêtres marchaient ensuite[53], etc. Ce goût de
la représentation était partagé par les étrangers. L'ambassadeur d'Angleterre
à Paris se montre avec toute sa suite dans un somptueux équipage, qui lui
coûte plus de Le besoin de paraître possédait ceux même qui n'en avaient pas les moyens. Richelieu, pauvre évêque de Luçon ayant à peine de quoi vivre, prend un gentilhomme pour maitre d'hôtel. Cela fait bien, dit-il, il dirige la maison, et reçoit la compagnie[57]. Deux malheureux hobereaux, qui vivent à l'auberge, acceptent d'un commun accord de passer tour à tour chacun pour le gentilhomme de l'autre[58]. Miossens, tout misérable qu'il était dans sa jeunesse, s'offrit un suisse en disant : Cela a bon air ; quoiqu'il ne garde rien, il semble qu'il garde quelque chose, on le croira[59]. Segrais raconte que Chambonnières, voulant faire le grand seigneur, avait un carrosse traîné par deux méchants chevaux, avec un page en effigie, rempli de foin, attaché par derrière[60]. Le luxe des équipages correspondait en effet à celui des gens.
Il n'y avait point eu de carrosses à Paris avant la fin die On en possédait toujours un nombre respectable, toutes attelées de six chevaux. La reine Marie, quittant Paris en 1617, en emmenait près de vingt pour elle et pour sa suite[68]. Le Roi en envoie trente recevoir à Bourg-la-Reine l'ambassadeur d'Angleterre[69] ; les particuliers modestes, toutes proportions gardées, ne restaient pas beaucoup en arrière. Ils voyageaient communément avec trois ou quatre carrosses, suivis de dix à douze chevaux de selle, de leur chariot, de leur fourgon, de leurs mulets[70]. Dans ces conditions, la litière historique de Richelieu, portée par vingt-quatre hommes qui se relayaient, ne parait plus aussi invraisemblable. Le duc de Bellegarde, venant de Bourgogne à Paris, marchait à quarante chevaux de poste. Quelque soin que nos compatriotes missent à rechercher leurs commodités en voyage, ce train était peu de chose auprès du faste de ce gouverneur de Milan qui envoyait de deux milles en deux milles, des charrettes, pour porter de l'eau, et arroser les chemins par où il passerait, de peur de la poussière[71]. A côté des chevaux de service pour la selle et l'attelage, figurent les coursiers de Naples, les chevaux à courbettes, acquis à prix d'or, le cavallo di respetto qu'on tenait à l'écurie, pour s'en servir en une nécessité[72]. Les harnais étaient à l'avenant ; Fontenay-Mareuil parle d'un cheval de 1.000 écus, dont la housse de broderie d'or, traînant jusqu'à terre, avait pareille valeur[73]. A la ville, on usait de litières, de chaises à porteurs, ces retranchements merveilleux contre. les insultes de la boue et du mauvais temps, selon le langage des précieuses. Elles étaient d'invention nouvelle, ainsi que ces vinaigrettes, petites chaises à roues qu'un homme suffisait à faire mouvoir[74]. Bien qu'il y eût des chaises et des carrosses publics numérotés, le prix exigé pour leur location les rendait inaccessibles à la bourgeoisie moyenne, qui se contentait, dans ses déplacements, du bidet ordinaire équipé sans étriers, avec les bornes de pierre pour montoir. Le luxe des moyens de transport, prodigieusement accru en trente ans, demeurait donc tout aristocratique. Il en était de même des somptuosités de la table. Pendant
que le commun du peuple ne connaissait rien de mieux, pour faire carrousse[75], que la
collation avec une tourte, un poupelin, et une tasse de confitures faites à
la maison, ou le pique-nique des dimanches et jours de fête, tandis que la
greffière cachait la clef de l'armoire au pain, et que le barbier-étuviste
faisait un salmigondis sur les cendres, auprès du feu[76], l'ordinaire
d'un grand seigneur était de trois broches chargées
de viandes, plusieurs pots de viandes bouillies, un four garni de
pâtisseries, et une table à dresser couverte de toutes sortes de volailles,
et de nombreux plats de gâteaux, sans compter une quinzaine de pièces montées
de friandises[77]. Dans les
festins organisés, les plats atteignaient la centaine, et la dépense
dépassait souvent 10.000 francs de notre monnaie[78]. Tous les plats
se relevaient huit fois dans les banquets offerts en 1616 à M. le Prince[79]. M. de Beaufort, dit mademoiselle de Montpensier, nous donna à Chenonceaux un souper de huit services, de
douze bassins chacun[80]. Chaque service
paraissait, renfermé en une grande manne couverte, où
un homme aurait pu demeurer étendu tout de son long ; tous étaient
réglés avec science — il existait des tactiques de plats[81] — et l'on
consultait journellement le Cuisinier
français, ouvrage dû à la plume de l'écuyer de cuisine du marquis d'Uxelles. Les coteaux
étaient le sobriquet de ceux qui se piquaient de raffiner en bonne chère ;
l'abbé de Bernay, conseiller au Parlement, présidait lui-même à ses fourneaux
avec un tablier de satin ; Bullion avait pour le vin
des raffinements tout extraordinaires, les gens d'affaires se tuaient à lui
en chercher[82]. Bien que les
goûts aient beaucoup changé depuis Louis XIII, que divers aliments, par
exemple le thé et le chocolat, considérés alors comme des drogues, aient été adoptés ensuite par l'usage, tandis que les
friponneries,
le cotignac d'Orléans, la nompareille, les talemouses et autres délices de
l'époque, aient semblé plus tard un assez mince régal, les gourmets de ce
temps ne le cédaient en rien à ceux du nôtre[83]. Les veaux de
lait nourris-en Normandie, avec dix-huit œufs par jour, devaient constituer
un mets assez coûteux ; et l'on voit un conseiller au grand Conseil dépenser
10.000 écus en chapons de Bruges, d'après les comptes de son rôtisseur. On
tenait encore plus d'ailleurs à la quantité qu'à la délicatesse. Les
seigneurs estimaient peu les viandes apprêtées plus
pour la parade que pour manger. On servait ordinairement à La haute société dînait entre midi et une heure[85], elle soupait
entre huit et neuf ; ces deux repas étaient fort abondants, si abondants
qu'une ordonnance essayait de les réduire, en défendant d'avoir plus de trois
services (on n'en avait pas moins de cinq en
général), un rang de plats par service, et six pièces au plat, ce qui
revenait à autoriser en totalité dix-huit plats par repas, chiffre fort
raisonnable aujourd'hui[86]. Entre le dîner
et le souper avaient lieu ces collations, dont les contemporains parlent sans
cesse, qui jouaient un si grand rôle dans les rapports mondains, prétexte à
galanterie, à divertissement ou à magnificence. On faisait apporter les citrons doux
et les confitures dans une quinzaine de bassins de vermeil. Tous les gens de
quelque importance se servaient journellement de vaisselle d'argent. II n'y a aujourd'hui si petit de nos sujets, dit un
Édit royal, qui ne fasse parade de richesse, par la
montre des pièces d'orfèvrerie de poids excessif, jusqu'aux plus vils
ustensiles de sa maison[87]... Richelieu
nous apprend que sa vaisselle plate valait plus de A côté de ces élégances toutes récentes et un peu enfantines, l'homme du moyen âge se retrouvait, à la façon de boire les santés debout ou à genoux, mais toujours le chapeau bas et l'épée nue à la main ; souvent au bruit des timbales et des trompettes qui sonnaient toutes ensemble dans la salle, et auxquelles d'autres trompettes répondaient du dehors[92]. Il se retrouvait encore dans ce mélange de raffinement et de rusticité, par lequel des gens qui se lavaient soigneusement avant et après les repas, qui frottaient leur cuiller avec cérémonie plutôt que de toucher les premiers au potage, ne faisaient pas difficulté de se curer les dents à table avec leur couteau, ainsi que le chancelier Séguier en usait chez le Cardinal[93]. A ces tables immenses, que la pompe du seigneur voulait nombreuses et remplies, on se plaçait comme au temps jadis, en enfilade, le plus considérable tenant le haut bout, n'ayant personne à sa droite, le second en dignité assis à sa gauche, et ainsi des autres jusqu'au bas bout, après lequel on remontait de l'autre côté dans le même ordre. L'amphitryon y prenait place plus ou moins haut, selon son rang ; mais s'il était prince ou de grande qualité, il avait un dais au-dessus de sa tête, son cadenas devant lui, et derrière sa chaise son maître d'hôtel, qui le servait l'épée au côté, et le manteau sur les épaules[94]. Jusqu'à Louis XIII, la vie du grand seigneur, à plus forte
raison celle du gentilhomme, est toute locale ; il ne sort de sa province
qu'accidentellement ; son foyer, son home est à son château. C'est là que résident
en son absence sa femme et ses enfants ; tous ses intérêts y sont concentrés.
Ce château — maison forte — est l'œuvre de ses pères, bâtie pour des siècles,
sans confort possible, mais sans réparations nécessaires[95]. Ses affaires
l'appelant parfois au chef-lieu de la province, il y avait un pied-à-terre,
et s'il était riche, un hôtel, mais il n'avait pas d'hôtel à Paris. A quoi
bon, puisque le Roi lui-même au seizième siècle y habitait si peu, toujours
nomade, d'une résidence à l'autre, et plutôt attaché aux bords de Le mouvement qui entraînait la baute noblesse vers la
capitale ne se dessina que dans le commencement du dix-septième siècle ;
Richelieu, qui avait le goût de la truelle, qui alignait à lui seul une ville
toute neuve alentour du château qui porte son nom, tout en construisant à
Paris le Palais-Cardinal, et d'autres palais ailleurs, contribua pour sa part
à développer ce goût chez ses contemporains[96]. Tout le monde
ne pouvait pas le satisfaire au même degré, mais tout le monde voulut avoir
son hôtel dans la première ville du royaume. Cet hôtel fit partie de la
grande existence, il en devint le cadre obligé. Suivant cette tendance, des quartiers
nouveaux s'élevèrent et se peuplèrent d'hôtes seigneuriaux. En même temps le luxe gagnait l'intérieur, la distribution
des appartements devenait plus étudiée ; plusieurs,
sans être de grande qualité, commençaient déjà à mettre une salle et une
antichambre devant leur chambre[100]. Sous Henri IV,
on ne savait que faire une salle à un côté, une
chambre à l'autre, et un escalier au milieu. Ces escaliers étaient
bâtis en pierre de taille et en spirale, avec une corde fixée au mur ; fort
rarement ils étaient à jour comme les escaliers modernes. On apprit de madame de Rambouillet à mettre les escaliers
à côté, pour avoir une grande suite de chambres, à exhausser les planchers,
et à faire des portes et des fenêtres hautes et larges, et vis-à-vis les unes
des autres ; et cela est si vrai que La salle, la chambre, l'antichambre et les cabinets,
c'est-à-dire les petites salles, composaient seuls les appartements de
l'époque. Par le mot salon, on n'entendait pas comme aujourd'hui un local spécial,
destiné à la réception, mais la réunion elle-même des visiteurs, qui se
tenait indifféremment dans n'importe quelle pièce de l'hôtel, selon l'heure,
la saison ou le hasard. Ce que nous nommons salle à manger n'existait pas
davantage ; on ne trouverait pas dans tout le château de Versailles une seule
pièce exclusivement affectée aux repas. On dînait dans sa salle, dans son
antichambre ou dans sa chambre. Chaque jour on dressait la table, ou bien on
l'apportait toute servie, dans une pièce choisie sans règle fixe, selon le
nombre des convives. La chambre à coucher elle-même n'était pas installée à
demeure. Son mobilier n'avait rien de stable. On tendait et l'on détendait un lit et une tapisserie dans les habitations particulières,
comme dans les palais royaux, en raison des nécessités du moment. La chambre
du Roi, son lit et le reste voyageaient avec lui, et c'est parce que Louis
XIII n'avait pas de chambre tendue au Louvre qu'il alla coucher chez Ce qu'on soignait surtout, c'étaient les peintures murales
faites d'un beau dessin et fort richement,
par plusieurs artistes dont les uns étaient chargés de la grisaille et les
autres des ornements d'or. Tantôt on couvrait les murs de moquette du haut en
bas, tantôt on les ornait de tentures en cuir doré, sur lesquelles étaient
représentées en relief diverses sortes de
grotesques, relevées d'or, d'argent ou de vermillon. Le Roi possédait
grand nombre de tapisseries, qui, mal conservées, pourrissaient dans les
galetas du Louvre. Ces tapisseries étaient cependant fort chères, et il
n'était pas rare d'en trouver qui dépassaient Près de la cheminée, des râteliers chargés d'armes de prix
; aux poutres du plafond des cages pleines d'oiseaux[106] ; les raretés —
bibelots d'aujourd'hui — se plaçaient sur un relais ménagé dans le lambris[107]. Peu de siéger
cependant : on ne connaissait guère que les anciennes chaires des aïeux, les
tabourets, et les carreaux de broderies importés d'Espagne. Les chaises perspective,
inquiétude,
à tournerie,
les sophas à
la capucine, ne furent inventés que plus tard[108]. En revanche,
des meubles d'un prix exorbitant, destinés à prouver la richesse ou le goût
des propriétaires. La duchesse de III VÊTEMENTS ET BIJOUX. — Costumes des gentilshommes ; leur prix élevé : leur nombre. L'élégance et la mode. — Le linge et les dentelles.. — Les gants et les rubans. — Tenue des gens de robe. — Toilette des femmes. — Cosmétiques et parfums. — Bijoux, armures et leur valeur. Habillements populaires.Louis XIII n'aimait les somptuosités ni en habits, ni en
linge ; il refusait souvent de porter ce que Cinq-Mars commandait pour lui ;
son grand maître de la garde-robe était trop
magnifique, il lui en faisait souvent
réprimande[112]. Un manteau était toujours orné de trois ou quatre livres
de passements d'or, dont la valeur n'était pas moins de A tous ces costumes, se joignaient les accessoires
indispensables, gants, chapeau, bas de soie, chemisettes, collets de
dentelle. Au temps de C'étaient là les costumes d'apparat pour le bal et la promenade ; il en fallait d'autres pour toutes les circonstances de la vie : jupes de chasse, petites et grandes, en satin ou en drap de seau — un drap qui coûtait vingt livres l'aune, — manteaux de tontes couleurs pour Paris et pour la campagne, robes pour faire toilette, collets de peau de buffle doublés de satin, que l'on portait sous la cuirasse ; costumes de guerre, armes de tout genre, bottes de toutes formes — Cinq-Mars en avait trois cents paires[128]. La garde-robe d'un seigneur représentait ainsi une somme imposante. Un homme propre, dit le maître des requêtes Tallemant, ne peut se passer à moins de six robes de chambre, une d'hiver et une d'été, autant à la campagne, une noire pour recevoir les parties, et une belle pour les jours qu'on se trouve mal[129]. Les garnitures de rubans à l'habit, au chapeau, à l'épée —
la petite oie
complétaient l'habillement ; à la fin du règne, elles augmentent tellement qu'il semble, dit Furetière, qu'elles sont montées en graine, et viennent jusqu'aux
pochettes[130]. Il en était de
même des dentelles, mode récente, pour laquelle la haute société se
passionnait. Non-seulement les collets et manchettes en étaient ornés, mais
même les draps de lit et les serviettes[131]. Grâce à elles,
les austères fraises du règne précédent s'élargissaient en retombant sur les
épaules, pour devenir ces cols merveilleux que l'on vendait jusqu'à Les gants n'étaient pas moins luxueux ; certaines dames ne les gardaient jamais plus de trois heures[137] ; les hommes portaient des gants de senteur d'Espagne, des gants en broderie d'or et d'argent pour les fêtes, des gants de cuir ouvrés, garnis de soie, pour les exercices ; on en faisait venir de Rome pour l'élégance, d'Angleterre pour la solidité[138]. La tenue de deuil, longues robes à queues trainantes, bonnets carrés, avec chaperons pendants sur l'épaule, que les hommes d'épée portaient encore aux cérémonies funèbres, formait un étrange contraste avec les costumes ordinaires[139]. C'était un souvenir des vêtements du moyen âge, abandonnés par les gentilshommes, que seuls les gens de justice et de finance — gens de robe — avaient conservés. Les magistrats de robe courte portaient la tocque ; les magistrats de robe longue, le bonnet quarré ; quelques-uns avaient le jupon,
petit justaucorps à longues basques ; presque tous, la simarre, sorte
d'étroite soutane qui ne les quittait pas. A tous il était interdit de porter
les habits courts ; on voyait le garde des sceaux Châteauneuf caracoler en
simarre de soie violette à la portière du carrosse de madame de Chevreuse. Autant
l'homme d'épée était magnifique, autant l'homme de robe était simple : il y a
entre eux deux un abîme. Face à face dans le même tableau, ils ne paraissent
pas appartenir à la même époque, ni au même pays. Ces hommes de loi qui
portent le linge uni et la moire-lice, dont
l'élégance consiste dans la forme d'un rabat, dans la pose d'une barrette[140], et dont
l'extérieur paraît être de cinq siècles en retard sur celui de leurs
concitoyens, légueront néanmoins aux temps modernes la robe qu'ils ont reçue
des anciens ; elle sera encore en usage quand les pourpoints à crevés seront
entrés depuis longtemps dans le domaine de l'histoire[141]. Les femmes de la cour — on le devine — ne restaient pas en
arrière sur le chapitre de la toilette. Les trois robes qu'elles portaient
l'une sur l'autre : la modeste, la friponne, la secrète[142], offraient un
vaste champ à l'activité de leurs tailleurs[143]. Devants de
couleurs, robes de satin en broderie, par-dessus des jupes de tabis
passementées d'or et d'argent ; jupes de toile d'or avec grandes dentelles ;
manches pendantes et renouées sur les bras avec des pierres précieuses : tout
ce qu'une imagination naturellement capricieuse et désœuvrée peut inventer
pour se distraire, est le passe-temps des dames qui se piquent de braverie[144]. Au bal,
décolletées en carré ou en pointe sur le devant de la poitrine, la gorge fort ouverte, selon l'expression du temps[145] ; dans la rue,
le visage couvert d'un masque — signe distinctif de noblesse ; — montées sur
des patins si elles marchent, le chapeau garni de plumes pour se garantir du
soleil, si elles sont à cheval, ou tenant à la main, en, carrosse, un de ces
parasols aux couleurs éclatantes, ornés de dentelles d'or sur les coutures,
que l'on faisait venir à grands frais d'Italie[146] ; telles nous
apparaissent les femmes de la cour entre 1620 et 1643. Leurs chapeaux, selon le
flux et reflux de la mode, devenaient hauts comme
des pots à beurre, ou plats comme des calles[147] ; mais c'était
à la coiffure, cette œuvre compliquée où Les moustaches, boucles pendantes le long des joues, jusque sur le sein, étaient réservées aux demoiselles ; les bourgeoises n'eussent osé en porter[148]. Quelques femmes préféraient les cheveux à serpenteaux qui descendaient jusqu'à la ceinture ; d'autres affectionnaient les cavaliers, frisés sur les tempes. Les combinaisons nouvelles remplaçaient les coiffures rondes, frisées et poudrées, que l'on portait au commencement du règne, et qu'Anne d'Autriche n'abandonna que fort tard[149]. Au sommet de la tête était le galant, une touffe de soie rose ; l'apprétador, chaîne de diamants ou de perles, était entrelacé dans les cheveux[150]. Partout des nœuds et des rubans emblématiques : sur le cœur, le mignon ; à la pointe du corset, le favori ; au bas de l'éventail, le badin. La société de ce temps n'ignorait ni ne dédaignait l'art,
presque aussi ancien que le monde, d'embellir la nature ; le rouge, le noir
et le blanc jouaient dans la toilette un rôle de premier ordre. On se plâtrait avec un pinceau le visage, la gorge et les
bras. La duchesse de Montbazon se fardait ouvertement, madame de Rambouillet
se mettait du rouge aux lèvres ; d'autres en mettaient aux joues, si
abondamment que ce rouge appliqué mangeait le rouge naturel ; tandis que
quelques-unes, pour paraître plus blanches, se tenaient au lit avec des draps
écrus, ou mangeaient des citrons pour se rendre pâles[151]. On se faisait
les sourcils, non seulement avec des crayons,
mais au moyeu de véritables teintures ; la teinture d'ailleurs était déjà
employée pour la barbe et pour les cheveux. — M. de Le plus parfait ajustement Sans elles n'aurait point de grâce. Les jeunes gens, de leur côté, se couvraient la tête d'une poudre qui inondait leurs collets. L'huile de jasmin, la pommade de madame des Essarts, adoucissaient leur peau ; les sachets de violette et de roses musquées parfumaient leur linge et leurs habits[154], tandis que l'eau d'Ange à l'iris de Florence, le genièvre brûlé et le vinaigre impérial embaumaient les appartements[155]. La mode des bijoux n'était pas moins générale que le goût
des cosmétiques et des parfums ; elle était d'autant plus dispendieuse que
les diamants et les perles, comparativement aux
autres marchandises, avaient un prix plus élevé au dix-septième
siècle que de nos jours. On portait des pierreries non-seulement au cou, aux
doigts, aux oreilles, mais sur tout le vêtement. La reine Marie, au baptême
du Dauphin, avait une robe étoffée de trente-deux mille perles et de trois
mille diamants[156]. Or le diamant d'Alençon et les pierreries
du Temple — ces bijoux faux de l'époque — n'étaient pas en état, par
leur fabrication grossière, de procurer beaucoup d'illusion. On ne pouvait
guère avoir recours à eux[157]. Richelieu
donne à la princesse d'Orange, de la part du Roi, des pendants d'oreilles en
diamants de 50.000 écus. Madame de Guise donne à sa fille son grand diamant estimé Les perles atteignaient des chiffres analogues. La
maréchale d'Ancre avait un tour de col de quarante perles à Les hommes aussi affectionnaient les bijoux de prix,
chaînes de diamants de 60.000 écus, épées dont la garde valait Les jouets eux-mêmes, récréation ordinaire des enfants
princiers, atteignaient des chiffres qui semblent inouïs à notre époque, où
pourtant les prodigues ne manquent pas : 2.000 écus (plus de 36.000 francs aujourd'hui) payés par le cardinal de Pendant que la classe opulente s'épuise ainsi en dépenses multiples, le bourgeois, qui ne connaît ni roses au soulier, ni ruban au genou, porte ses cheveux rasés au-dessus de l'oreille, s'habille à la friperie, et sa femme entrevoit à peine dans ses rêves la robe de velours, tandis que la plus haute ambition de sa fille consiste en un collier d'ambre, des gants neufs et des souliers noircis[165]. IV LES DIVERTISSEMENTS ET LE JEU. — Le noble en temps de paix ; chasse et danse. — Vénerie et fauconnerie royale. — La paume et autres exercices. — Les jeux innocents. — Les carrousels. — Les bals ; on ne danse bien qu'en France. — Ballets, leur nombre et leur prix. —Musique et théâtre. — Le jeu : prime, dés, quinola, trictrac. —Grandes pertes ; maisons de jeu ou brelans.Grand train, table abondante, vastes demeures, riches vêtements, tels sont les éléments d'une vie seigneuriale. Que peut être cette vie elle-même ? Que fait le propriétaire de tous ces biens ? Il s'occupe peu de ses affaires privées, encore moins des affaires publiques ; il n'est ni artiste, ni lettré ; l'agriculture ne l'intéresse pas, il la dédaigne ; le commerce est au-dessous de lui, il le méprise. En temps de guerre, il est merveilleux, rien ne le rebute ni ne le fatigue ; c'est son métier, et jamais homme n'a mieux que lui connu son métier. Il l'a étudié dans sa jeunesse, exercé dans son âge mûr ; dans sa vieillesse, il y prépare ses enfants. Il en a l'amour, et grâce à l'influence des milieux, de l'hérédité, il en possède la qualité maîtresse, la bravoure. Les institutions et les mœurs ont fait de lui un soldat, il l'est avec perfection, avec passion, mais il n'est que cela. Organisée pour la guerre, la noblesse en temps de paix est une épée au fourreau, soit un meuble inutile, une troupe eu garnison c'est-à-dire quelque chose qui a servi et qui servira, mais qui présentement ne sert pas. N'ayant pas d'occupations, elle se crée des passe-temps qui répondent à son tempérament. Habitué à un exercice continu, le noble, ne pouvant se battre, chasse et danse, double gymnastique du dehors et du dedans, qui lui permet de satisfaire, en plein air comme à huis clos, ses instincts de mouvement perpétuel. Existence plus brillante à la cour, plus rustique à la campagne, partout d'une singulière monotonie. A Paris, on danse, on se promène, on se visite davantage. Dans les châteaux, on s'applique exclusivement à la chasse, parce qu'on n'a guère d'autre ressource pour tuer le temps. Le gentilhomme campagnard est chasseur de profession, de père en fils, et d'un bout à l'autre de l'année, comme ses paysans sont laboureurs ou pasteurs. Certains procédés de vénerie sont plus relevés que d'autres, certains gibiers sont plus distingués ; mais toute chasse est noble, et tout chasseur, par conséquent, doit appartenir à la classe aristocratique. Chasses à courre, à tir, à la huée, ainsi que nos pères nommaient les battues, étaient savamment réglées, et avaient leurs amateurs. Charles IX, dans sa Chasse royale, ne s'occupe que du cerf, et délaisse complètement les oiseaux. Louis XIII, au contraire, les aimait de prédilection, ce qui ne l'empêcha pas de récompenser par un brevet de duc le savoir de Saint-Simon de bien porter en un cor sans baver dedans[166]. Poil ou plume d'ailleurs, les animaux ne manquaient pas. On n'en était pas encore arrivé à protéger les bêtes comme si elles étaient des hommes, et à poursuivre les hommes comme s'ils étaient des bêtes[167]. Les grands seigneurs étaient néanmoins très-sévères sur le chapitre cynégétique. Brezé, gouverneur de l'Anjou, passait, en fait de chasse, pour le plus grand tyran du monde, jusque-là que les personnes de qualité n'osaient avoir un chien ni une arquebuse pour tirer seulement dans leur parc. Autour de Paris, les forêts royales de Monceaux, Compiègne, Versailles, Saint - Germain, Vincennes, Fontainebleau, Livry, Sénart, Longjumeau, Château -Thierry, pour ne parler que des plus importantes, étaient défendues avec un soin jaloux par les gardes, qui, ne recevant aucun gage, faute de fonds, n'avaient d'autre indemnité que leurs privilèges[168]. Le Roi encourage ses procureurs à veiller avec plus de soin et d'affection à la conservation de ses chasses et plaisirs, comme étant son plus agréable divertissement, dans le séjour qu'il fait et pourrait faire en sa bonne ville de Paris. Parmi les grands offices de la couronne, il n'en est pas moins de trois exclusivement affectés à la chasse : le grand veneur, le grand fauconnier, le grand louvetier. La vénerie ne comprend que trois cents et quelques chiens, mais admirablement répartis entre le cerf, le chevreuil, le lièvre, et certaines espèces de lièvres ; plus les lévriers, les dogues, les chiens courants de toute race, les levrettes et les épagneux[169]. La fauconnerie était un ministère. Vol pour milan, vol pour corneille, pour héron, pour les champs et pour rivière, chacun avec un chef, et des gentilshommes servant au vol[170]. Louis XIII aimait à chasser avec des oiseaux de proie, toute
sorte de gibier, même la perdrix. Voler le perdreau,
voler le merle, ou répéter le ballet,
— il y avait toujours un ballet en répétition, — étaient les deux objets
entre lesquels il partageait les longues journées qui ennuyaient tant ses
favoris[171].
La livrée que les chiens portaient au cou sous forme de collier, les faucons
et leurs congénères la portaient à la patte sous la forme d'une vervelle, anneau
de cuivre ou d'argent, aux armes du maître[172]. Le Roi, qui
chassait constamment, mais économiquement, ne dépensait pas ainsi de bien
grosses sommes ; les seigneurs y mettaient souvent plus de magnificence ;
la chasse n'était pas seulement pour
eux un sport, c'était aussi une fête. M. de Faute de chasse, on court la bague, on tire le papegai[173] ; on joue à la paume, à la longue paume, au volant ; on fait partie de tirer des hirondelles au Pré-aux-Clercs, ou d'aller jouer au Mail, au Palais-Royal avec les dames[174]. On se délassait de ces exercices par quelqu'un de ces jeux que les modernes ont baptisés d'innocents, et que les hommes de ce temps pratiquaient le plus sérieusement du monde. Le Gage touché, Votre place me plaît, faisaient les délices de plus d'un grand Roi[175]. Les courses de chariots autour de deux pyramides, — souvenir des anciens Grecs, — qui faisaient fureur à Florence[176], pas plus que les courses de chevaux établies en Angleterre sous Jacques Ier, n'avaient pu réussir en France. Pourquoi un homme brave s'amuserait-il avec un animal dont le plus grand mérite serait de l'aider à fuir plus rapidement ?[177] Les carrousels, où les plus qualifiés de la cour paradaient devant la foule du peuple, suivis de troupes allégoriques superbement équipées aux frais des tenants, répondaient mieux au goût de représentation, si vif dans la haute classe, mais coûtaient trop cher pour être répétés souvent[178]. Le divertissement le plus apprécié, le plus répandu, toujours renouvelé et toujours en honneur, c'était la danse. Sans la danse, un homme ne saurait rien faire, dit le maitre à danser du Bourgeois gentilhomme, et il disait vrai ; il n'y a rien qui soit si nécessaire. Feux de joie, feux d'artifice, lanternes en papier colorié, lanternes magiques, festins publics, étaient les démonstrations d'allégresse accoutumées du populaire[179] ; le bal seul était l'accompagnement obligé d'une fête de bonne compagnie. On ne l'entendait bien qu'en France. En Italie, les femmes, séparées des hommes, étaient assises sur une estrade au bout de la salle ; en Espagne, on y gardait trop de roideur ; en Angleterre, on y mettait trop d'étiquette ; mais en France, tout le monde en rond, se tenant par la main, dansait les branles avec l'entrain d'une noce de village. Les distances s'effaçaient, la morgue disparaissait. Les femmes engageaient les hommes en leur présentant des bouquets ; le Roi même prenait part à l'assemblée comme un simple particulier ; la première venue le choisissait, pendant qu'un gentilhomme portait son hommage à une princesse. Chabot fit son chemin par la courante, qu'il dansait à ravir[180]. Un pas bien exécuté valait à son auteur presque autant de réputation qu'une ville prise ; c'étaient des coups d'éclat de diverses sortes. Depuis la pavane déjà vieillie, jusqu'à la boccane d'invention récente, une multitude de pas, savamment étudiés, compliqués avec grâce, exigeaient une attention toujours en éveil, une tactique soutenue dans les jambes, les bras, la tête, tout le corps. La sarabande, la figurée, la panadelle, la bourrée, n'étaient pas des conceptions vulgaires ; un courtisan qui savait en faire ressortir toute la délicatesse était tout de suite un homme classé[181]. Mais c'est surtout dans les ballets que l'imagination se donne libre carrière. Il en est pour toutes les circonstances de la vie, pour toutes les époques de l'année. Ballets demi-deuil et de carême, ballets politiques avec allusions transparentes ou cachées[182] ; ballets graves ou sérieux, historiques ou romanesques. En une seule année, on en dansa cinq nouveaux à la cour : celui des Turcs, des Amoureux, des Lavandières, des Nymphes, des Docteurs Gratiens[183]. Mademoiselle va visiter un de ses domaines ; l'intendant danse un ballet en son honneur le jour de son arrivée, et la princesse constate avec soin dans ses Mémoires que voilà un homme de bonne compagnie et qui sait vivre[184]. Les grands ballets de cour où figuraient près de cent
cinquante personnes, et dont la dépense était supportée par le Roi seul,
revenaient quelquefois à cent mille francs. Le monarque y paraissait sous lei
déguisements les plus variés ; dans la même soirée, il représente tour à tour
un joueur de guitare et un simple soldat. Les colosses en baudruche, les
types familiers de l'époque : Guillemine Cela semblait suffisant, l'imagination n'allait pas au delà. Il est vrai que la musique et l'art dramatique n'existaient pas plus l'un que l'autre. Vingt-quatre violons suffisaient aux besoins mélodiques de la capitale, — on les nommait les vingt-quatre violons. Ils servent indistinctement dans les besoins d'amour, de danse, de cérémonies multiples ; à la cour ainsi qu'à la ville, au bal, à la sérénade, à l'église, leur emploi est universel[189]. Trois d'entre eux étaient ordinaires de la chambre du Roi, mais les vingt et un autres y jouaient aussi sans avoir le titre[190]. Onze hautbois, douze trompettes et quatre tambours complétaient l'orchestre royal, avec les enfants de la musique de la chambre[191]. S'il était nécessaire de le renforcer en instruments, on n'avait d'autre ressource que de requérir les violons de la campagne, ou les fifres et tambours des Cent-Suisses et de l'écurie. Le théâtre venait à peine de naître. La comédie de salon, représentée par des personnes particulières qui ne
faisaient point profession de comédiens, était une exception ; plaisir
peu répandu, et encore moins goûté. Un amateur comme le marquis de Sourdéac
se donnait le luxe de dépenser 10.000 écus pour faire jouer dans son château Tout autre était l'attrait du jeu, pour ces personnages
sans cesse à court d'argent, et qui, à défaut du gain, retrouvaient autour
d'une table de prime ou de trictrac, à une partie de dés ou de quinola,
les émotions fortes de la bataille et les hasards agréables à leur humeur[193]. Le duc
d'Orléans jouait à prime quelque dix heures par jour[194], Bassompierre y
gagna 100.000 francs en 1606, et Au jeu, le maréchal de Créqui perd 200.000 écus ; le
maréchal d'Estrées, Il est vrai que beaucoup, assimilant trop exactement le jeu à la guerre, se croient en droit de corriger la chance par d'ingénieuses tricheries, comme un bon général décide la victoire par un habile stratagème. Dés pipés, cartes biseautées, deviennent vulgaires à force d'être employés. La malice de ceux qui font profession de jouer cause des scandales publics, que les lois même se croient obligées de signaler, et atteint du premier coup la perfection du genre[197]. L'ordonnance de 1629 parle de l'effrénée passion du jeu, qui porte quelquefois à jouer les immeubles. Elle déclare nulles toutes dettes de jeu, et proscrit comme infâmes tous ceux qui auront été surpris trois fois aux brelans[198]. Les maisons de jeux clandestines étaient nouvelles en France. La paix, dit le Mercure, a engendré les nouvelles académies publiques, où, à l'imitation des grands, chacun n'y parle que de jouer des pistoles qui ne s'y voient que par monceaux ; des personnes y perdent tout leur vaillant... Je ne parle point des seigneurs qui s'y sont ruinés, mais des enfants d'avocats, des jeunes financiers auxquels, à les ouïr parler, mille pistoles est moins que n'était un sol du temps du roi François Ier[199]. Le gouvernement se plaint du grand nombre d'académies ou brelans qui se font en plusieurs maisons des meilleures villes du royaume, où l'on joue à toutes sortes de jeux de hasard, et où se commettent ensuite infinies mauvaises actions... outre la ruine et désolation de beaucoup de famille[200]. Malgré la recherche prescrite aux commissaires, et
l'amende de |
[1] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 84.
[2] L'Hôpital avait eu quatre mille livres de rente de légitime de ses parents. — Nogent était capitaine des coches de la porte, et frère de Guillaume de Bautru.
[3]
M. PICOT, États
généraux, t. IV, p. 154. Elles réclamaient le
droit de retirer en 1614 les biens vendus depuis 1578, moyennant restitution de
la somme versée. — GUIZOT (Histoire de la civilisation, p. 356) signale le
même fait en Angleterre.
[4] Édit de mai 1579.
[5] HURAULT, Discours (en 1591), p. 29.
[6] Déclaration du Roy, 29 avril 1639.
[7] Discours du premier président de la chambre des comptes en décembre 1626.
[8] Déclaration du 16 février 1626.
[9] Compte de l'Épargne, KK. 201, fol 3505. (En 1614.) Archives nationales.
[10]
Archives nationales, E. 78a.
Arrêt du Conseil d'État 18 janvier 1624. On voit des colonels mourir créanciers
de l'État, pour des sommes de 100.000 à
[11]
Lettres et papiers d'État, t. V, p. 575. — Urbain de Maillé, marquis de
Brézé, 1597-1650. — De la maison de Maillé ; mais la maison de Brézé étant
entré dans la sienne, il en devait porter le nom. Épousa, 1617, Nicole du
Plessis-Richelieu, sœur du Cardinal, qui mourut en 1635, folle et enfermée.
1620, capitaine des gardes de
[12] FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 251.
[13] Mémoires, p. 129.
[14] RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 492.
[15] Lettres et papiers d'État, t. VI, p. 15.
[16] RICHELIEU, Mémoires, t. III, p. 85.
[17] Jean-Baptiste Budes, comte de Guébriant, d'une ancienne famille bretonne, né 1602, maréchal 1642, † 1643. Avait épousé mademoiselle du Bec-Crespin, d'une bonne maison, issue des Grimaldi.
[18] TALLEMANT, t. I, p. 201.
[19] PONTIS, Mémoires, p. 553.
[20] Bibliothèque nationale. — Le Courrier véritable arrivé en poste, en 1632.
[21] Montesquieu lui-même, cet esprit si libéral d'ordinaire, déclare nettement qu'engager les nobles à faire le commerce, ce serait détruire la noblesse. (Esprit des lois, p. 355, édit. Didot.)
Le préjugé était si fort en France à cet égard, qu'en
1718 il y eut au Parlement bien des difficultés pour l'enregistrement de l'acte
de création de
En 1750, un gentilhomme ne dérogeait plus comme notaire, avocat, médecin, peintre, architecte, professeur ; mais il dérogeait encore comme procureur (avoué), fermier, marchand, etc. (RENAULDON, Dictionnaire des fiefs.)
[22] MONTPENSIER, Mémoires. TALLEMANT, t. VIII, p. 138.
[23] TALLEMANT, t. III, p. 123.
[24] Lettres et papiers d'État, t. VII, p. 46. Voyez sur quelques fortunes minimes, TALLEMANT, t. I, p. 212-107-228.
[25]
Richelieu avait quarante premiers officiers
de sa maison. (Cf. son testament.) Son intendant était le marquis de Sourdis ;
son premier écuyer, le sieur d'Hebaudy ; son argentier,
[26]
Lettres et papiers d'État, t. V, p. 483. (Pour le seigneur de
Pont-Courlay.) — Dépenses sûres du duc d'Épernon (d'après les Mss
Godefroy, CXXX, 2). Dépenses ordinaires de la maison de Monseigneur à raison de
[27] TALLEMANT, t. X, p. 169. Voyez les gages des domestiques au Pouvoir de l'argent et l'Appendice.
[28] Lettres et papiers d'État, t. V, p. 4.83, 502. Cf. le Pouvoir de l'argent.
[29]
On les appelait simplement laquais, ou d'un nom de province, Champagne,
Bourguignon ; ou d'un surnom, Verdure,
[30] PONTIS, Mémoires, p. 551. — Il n'y avait pas de réverbères, et Paris n'était pas plus avancé, à cet égard, que du temps de Philippe-Auguste.
[31] FURETIÈRE, Roman bourgeois, et TALLEMANT, t. VIII, p. 70.
[32] TALLEMANT, t. IX, p. 9. — FONTENAY-MAREUIL, p. 364. — L'ambassadeur d'Espagne à Rome avait quarante estafiers.
[33] Plus tard, duc de Chevreuse. (Archives nationales, KK, 201. Compte de l'argenterie.)
[34] BASSOMPIERRE, Mémoires, p. 337.
[35] TALLEMANT, t. I, p. 176.
[36]
Cf. le chap. Ier,
Madame Arnaud avait des pages. Cavoye, capitaine des gardes de Richelieu, avait deux petits pages.
[37] TALLEMANT, t. IV, p. 156 ; t. III, p. 147.
[38] TALLEMANT, t. X, p. 235.
[39] TALLEMANT, t. IV, p. 138.
[40] Nous ne parlons pas de ceux qui recevaient pension de Richelieu ; le premier ministre agissait par goût et non par mode.
[41] Roman bourgeois, t. II, p. 91.
[42] Voyez PONTIS, Mémoires, p. 653. TALLEMANT, Mémoires, t. VII, p. 55 ; t. VIII, p. 230.
[43]
ABBÉ ARNAUD, Mémoires,
p.
[44] BASSOMPIERRE, Mémoires, p. 257.
[45] TALLEMANT, t. VII, p. 103.
[46] DUC D'ORLEANS, Mémoires, p, 602.
[47] Coutume de Furne, titre 34.
[48] G. PATIN, Lettres, t. III, p, 46 (édit. Réveillé).
[49] TALLEMANT, t. IV, p. 199. Cf. BASSOMPIERRE, p. 363.
[50] Le duc de Sully, retiré à Villebon, avait, dit Tallemant (t. I, p. 150), sept ou huit vieux reîtres de gentilshommes, qui au son de la cloche se mettaient en haie pour lui faire honneur... Il avait aussi une espèce de garde suisse.
[51] Cf. BASSOMPIERRE, Mémoires, p. 79.
[52] Gazette du 22 juillet 1633.
[53] Gazette du 22 janvier 1633.
[54] Mémoires de lord HERBERT CHERBURY, p. 141.
[55] BASSOMPIERRE, Mémoires, p. 150.
[56] Lettres et papiers d'État, t, VIII, p.201. — RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 69. Wallenstein, duc de Friedland, général de l'Empereur, avait douze comtes ou barons de l'Empire pour gentilshommes de sa chambre, un grand écuyer, un grand maître et un grand maréchal, 1.200 gardes de livrée, 60 hallebardiers, 200 lances, 200 pistoliers, 200 carabins, 200 mousquetaires à cheval, 200 Croates, 36 carrosses et 120 chariots. Sa cour était de 6.000 chevaux. — RICHELIEU, Mémoires, t. II, p. 543.
[57] Lettres et papiers d'État, t. I, p. 25.
[58] TALLEMANT, t. IX, p. 103.
[59] TALLEMANT, t. V, p. 8.
[60] SEGRAIS, Mémoires, p. 88. Un jour que les carrosses se suivaient au Cours, les chevaux du carrosse suivant, sentant le foin, se mirent à déchirer les jambes de ce page, à la grande confusion du propriétaire.
[61] FONTENAY-MAREUIL, Mémoires ; BASSOMPIERRE, p. 47, et TALLEMANT, t. I, p. 145.
[62] Cf. FURETIÈRE, Roman bourgeois ; TALLEMANT, t. III, p. 78.
[63] TALLEMANT, t. III, p.7 ; FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 223. — C'est ce que le surintendant Bullion appelait faire printemps. La civilité consistait à laisser le fond à sou hôte : quand on ne voulait pas être vaincu en politesse, on s'asseyait à une portière, et le fond demeurait vide.
[64]
Mémoires de
[65] TALLEMANT, t. V I, p. 53.
[66] Déclaration du 16 avril 1634. Les bottes étaient le cuir des portières où l'on mettait les jambes ; l'usage s'en conserva jusqu'au dix-huitième siècle pour les voitures publiques. Les mantelets s'abattaient sur les portières et aux côtés du carrosse, pour défendre de la pluie et du vent. Les custodes étaient des appuis garnis de crin, au fond du carrosse, destinés à adoucir les cahots. Les gouttières étaient des parements de cuir attachés à l'impériale, qui empêchaient l'eau de tomber dans le carrosse et sur les ornements.
[67] TALLEMANT, t. II, p. 47.
[68] PONTCHARTRAIN, Mémoires, p. 474.
[69] Gazette du 26 février 1633.
[70] PONTCHARTRAIN, Mémoires, p. 474. — TALLEMANT, t. II, p. 228.
[71] FONTENAY-MAREUIL, Mémoires, p. 68.
[72] Lettres et papiers d'État, t. V, p. 302. — PONTIS, Mémoires, p. 555. Voyez les tableaux annexes du Pouvoir de l'argent, à l'Appendice.
[73] Mémoires, p. 52. (En 1612.)
[74] TALLEMANT, t. III, p. 10 ; t. V, p. 217. Les porteurs avaient des places attitrées, et formaient un personnel populaire spécial. Les chaises se louaient un écu la course. — FURETIÈRE, t. I, p. 10.
[75] Faire bonne chère.
[76] FURETIÈRE, t. I, p. 21, 85. — Les jeunes filles, dans la bourgeoisie, se levaient au dessert, emportant elles-mêmes leurs assiettes. Si l'une d'elles eût mangé des asperges ou des artichauts, on l'aurait montrée au doigt. (Ibid., p. 181.)
[77] Mémoires de lord HERBERT CHERBURY, p. 169.
[78] Mémoires de lord HERBERT CHERBURY, p. 141.
[79] FONTENAY-MAREUIL, p. 105.
[80] MONTPENSIER, Mémoires, p. 9.
[81] TALLEMANT, t. III, p. 190.
[82] TALLEMANT, t. III, p. 171 ; t. VI, p. 180. Il avait des cerneaux tout le long de l'année, et de la poudre de champignons toujours dans ses poches.
[83] Voyez MONTPENSIER, Mémoires, p. 4. Lettres et papiers d'État, t. IV, p. 572. TALLEMANT, t. IV, p. 208 ; t. IX, p. 39. Comte D'HAUTERIVE, Observations sur la dépense d'une grande administration de l'ancien régime, p. 151. On voit figurer dans les menus de Louis XIV des arbondilles, bouillants, brezolles, bergeronnettes, crespines farcies, simpotades, poupetons, pampiettes et salpicon, plats dont le nom même nous est inconnu. Richelieu reproche à son frère de se servir du nouveau remède de scocolato (chocolat.) G. Patin fulmine souvent dans ses lettres contre le thé. (t. I, p. 383 ; t. II, p. 292.) Il l'appelle l'impertinente nouveauté du siècle. Un docteur publie une thèse sur le thé, et des confrères se font gloire de la brûler. Mazarin prenait du thé contre la goutte. Un docteur hollandais recommandait d'en prendre jusqu'à cent et deux cents tasses par jour, pour nettoyer le marais de l'estomac.
[84] MONTEVILLE, Mémoires, p. 67.
[85]
Les moines dînaient à onze heures, et soupaient à six heures du soir. (Lettres
et papiers d'État, t. IV, p. 77.) En 1614, les députés aux états dînaient
vers trois ou quatre heures du soir. (RAPINE, États généraux, p. 272.)
[86] Ordonnance de janvier 1629.
[87]
Ce qui cause, continuait-on, la pénurie et rareté des monnaies. (Édit du 20
décembre 1636.) On eut des meubles d'argent massif dans toutes les familles,
jusqu'à la guerre de 1689, à l'occasion de laquelle tout le monde, pour imiter
le Roi, envoya son argenterie à
[88] Lettres et papiers d'État, t. VI, p. 174 ; t. VIII, p. 164.
[89] TALLEMANT, t. X, p. 78. Un particulier recevant le duc de Bellegarde servit toute la pâtisserie en figure de mors de bride, par allusion à la qualité de grand écuyer du Roi qu'avait son hôte.
[90] TALLEMANT, t. V, p. 195.
[91] TALLEMANT, t. X, p. 112.
[92] LENET, Mémoires, p. 264 ; PONTIS, Mémoires, p. 637.
[93] Cf. TALLEMANT, t. VIII, p. 249 ; PONTIS, p. 484.
[94] FONTENAY-MAREUIL, p. 223 ; DUC D'ORLEANS, Mémoires, p. 590. — Le cadenas était un coffret d'or où l'on mettait le couteau, la cuiller et la fourchette.
[95]
Cf. FONTENAY-MAREUIL, p. 66. Mémoires
de
[96] Dans la ville de Richelieu, les maisons sont toutes d'une même structure, et toutes de pierres de taille ; c'est une ville de cartes. Malgré tous les privilèges que le Cardinal y mit, on ne s'y habitua point. Cf. TALLEMANT, t. II, p. 178. MONTPENSIER, Mémoires, p. 7, et MONTEIL, Matériaux manuscrits, t. I, p. 51.
[97] TALLEMANT, t. I, p. 51.
[98] Maison achetée en 1626 à demoiselle Marie de Mouy. Elle était vendue par autorité de justice. (Plumitif, P. 2759, 36.)
[99]
Voyez
[100] FONTENAY-MAREUIL, p. 21. (En 1610.)
[101] TALLEMANT, t. III, p. 212. SAUVAL (Antiquités de Paris, t. II, p. 201) admire aussi comme une nouveauté les fenêtres sans appui qui règnent de haut en bas, depuis son plafond jusqu'à son parterre, et laissent jouir sans obstacle de l'air, de la vue et du plaisir du jardin.
[102] SAUVAL, t. II, p. 201.
[103] TALLEMANT, t. III, p. 213.
[104] MONTGLAT, Mémoires, p. 61.
[105] Lettres et papiers d'État, t. VII, p. 154.
[106] FURETIÈRE, Roman bourgeois, t. I, p. 86.
[107] Lettres et papiers d'État, t. IV, p. 304.
[108] Voyez MONTEIL, Histoire des Français, t. VII, p. 457 (notes).
[109] TALLEMANT, t. VIII, p. 56.
[110] Gazette du 23 avril 1632. Cf. TALLEMANT, t. II, p. 96.
[111] Cf. TALLEMANT, passim. — MONTEIL, Histoire des Français, t. VIII, P. 442.
[112] MONTGLAT, Mémoires, p. 80.
[113] MOTTEVILLE, Mémoires, t. II.
[114] Déclaration du 16 avril 1634.
[115] Déclaration du 16 avril 1634. On permettait aux hommes d'enrichir leurs vêtements de deux bandes de broderie, qui ne devaient être appliquées qu'alentour du collet et au bas des manteaux, sur le long et le canon de leurs chausses, sur les coutures des manches, au milieu du dos, le long des boutons et boutonnières, et aux extrémités des basques des pourpoints. — Aux femmes, il était permis d'appliquer ces broderies au bas et au devant des jupes et robes, autour des basques et corps de robe et sur le milieu des manches.
[116] Déclaration du 24 novembre 1639.
[117] KK, 199, Comptes de l'argenterie (1616). Archives nationales. — Les boutons d'or valaient cinq livres la douzaine ; la ganse d'or valait vingt sous l'aune.
[118] Cf. KK, 199, Argenterie, Archives nationales. Le Roi donne un vêtement de douze cents livres à un seigneur. D'usage immémorial, les prévôts des marchands, échevins et premiers officiers de la ville de Paris, recevaient à l'occasion du mariage des rois des robes de soie pour aller à leur rencontre. Pour le mariage de Louis XIII, elles coûtèrent trois mille soixante livres.
[119] KK, 200, fol. 36.
[120] KK, fol. 35.
[121] BASSOMPIERRE, Mémoires, p. 50. Le Compte de l'argenterie (KK, 199, fol. 29) nous fournit le détail des éléments qui servaient à composer le costume.
[122] TALLEMANT, t. III, p. 188.
[123] FURETIÈRE, t. I, p. 37.
[124] FURETIÈRE, t. I, p. 52. — Le journal de modes tient lieu aujourd'hui de ces avis et de ces espions. L'idée de faire un semblable journal paraissait plaisante à Brantôme, et au siècle suivant, à Furetière. Les temps ont changé.
[125] Lettres. — Collection Michaud, p. 322. (En 1631.)
[126] PONTCHARTRAIN, Mémoires, p. 477.
[127] TALLEMANT, t. VII, p. 9.
[128]
Les esprits forts du Marais portèrent, en 1637, des bottes à fort long pied, et
pour s'en moquer, quelques capitaines aux gardes dansèrent un ballet des Longs
Pieds. L'usage de la botte, qui disparut sous Louis XIV, était particulier à
[129] Cf. TALLEMANT, t. I, p. 259 ; t. III, p. 222. — PONTCHARTRAIN, p. 458, et Comptes de l'Argenterie, loco citato.
[130] TALLEMANT, t. I, p. 63. Venir en visite amoureuse avec une jambe tout unie, un chapeau désarmé de plumes, et un habit qui souffre une indigence de rubans ; bon Dieu, quels amants sont-ce là ? (MOLIÈRE, les Précieuses, scène V.)
[131] Déclaration du 24 novembre 1639.
[132] Cf. TALLEMANT, t. VIII, p. 33. — On mettait dessous des peintures découpées.
[133] Déclaration de janvier 1635. — Au seizième siècle, Bodin nous apprend qu'un financier envoyait blanchir ses chemises de Paris, en Flandre, à un teston (15 sous) pièce, et jamais ne donnait moins d'un teston pour les épingles.
[134] Ordonnance du 5 décembre 1641.
[135] Ordonnance du lieutenant civil du 26 août 1637.
[136] FURETIÈRE, t. I, p. 49. — TALLEMANT, t. II, p. 94 ; t. X, p. 175.
[137] TALLEMANT, t. V, p. 100. — On les portait souvent pendus à son côté, ainsi que le mouchoir ; les pochettes eussent été trop étroites pour les contenir.
[138] Lettres et papiers d'État, t. III, p. 283, 118 ; t. VII, p. 251. Ils sont beaucoup mieux cousus à l'anglaise, dit Richelieu.
[139] Plumitif, p. 2757, fol, 73. — TALLEMANT, t. X, p. 169. En Espagne, on portait de même le deuil avec la longa caparuzza et le capirole. (BASSOMPIERRE, p. 155.)
[140] FURETIÈRE, t. I, p. 155 ; t. II, p. 52. — La corne la plus élevée devait être par derrière, jamais sur le devant ni de côté. — Le rabat était la première marque à laquelle on reconnaissait qu'un homme était bien mis, et l'on n'y pouvait employer trop de temps et trop de soin. Il fallait qu'il vînt de chez la bonne faiseuse, qui prenait un écu de façon ; qu'il fût bien empesé et échancré avec goût. (Ibid., t. I, p. 51.)
[141] Les médecins portaient dans les occasions solennelles la chape d'écarlate, usage tombé depuis en désuétude. (Cf. GUY-PATIN, Lettres, t. II, p. 539.) Sur le costume du tiers état, cf. RAPINE, États généraux, p. 41 ; — MOLIÈRE, Tartufe, acte V, scène IV. — REGNIER, satire IX.
[142] Sans compter un calson de frise qu'elles mettaient sous leur cotte durant l'hiver. (PONTCHARTRAIN, p. 470.)
[143]
BASSOMPIERRE, Mémoires,
p. 126, parle de Zocoli, tailleur de
[144] Cf. MOTTEVILLE, p. 16, 24 ; PONTCHARTRAIN, p. 480.
[145] En 1636, les dames font des mouchoirs de toile de soie à mettre sur leur gorge. (Lettres et papiers d'État, t. V, p. 428.)
[146] MONTPENSIER, Mémoires, p. 11 ; — Lettres et papiers d'État, t. IV, p, 643. — L'Italie était renommée alors pour les charmantes fantaisies dont Paris a aujourd'hui le monopole.
[147] FURETIÈRE, t. I, p. 53.
[148] TALLEMANT, t. IX, p. 106. — On en portait aussi de postiches, attachées avec un ruban noir ; les coins de cheveux n'étaient pas encore inventés.
[149] MOTTEVILLE, p. 25.
[150] Les veuves portaient le bandeau traditionnel ; les femmes âgées ou retirées du monde relevaient leurs cheveux en languettes. (TALLEMANT, t. III, p. 12.)
[151]
TALLEMANT, t. I,
p. 128 ; t. VI, p. 134 ; t. IX, p. 21, 156. — Marion de Lorme se tenait des
matinées entières les pieds dans l'eau, parce que le
nez lui rougissait quelquefois. (Ibid., t. V, p. 100.) Pour être chaussées mignonnement, quelques filles de
[152] TALLEMANT, t. X, p. 78 ; t. V, p. 10. — Beaucoup de gens apportaient des artifices à leur barbe pour la faire devenir noire. (SEGRAIS, Mémoires, p. 239.) On cessa de porter la barbe sous Louis XIV. Le seul changement que remarqua Bassompierre, en sortant de prison au bout de douze ans, c'est que les hommes n'avaient plus de barbe, et les chevaux plus de queue. (Abbé ARNAULD, p. 510.)
[153] TALLEMANT, t. VIII, p. 9. — Régnier dit d'une femme (sat. IX) :
Et tout ce qui de jour la fait voir si doucette,
La nuit, comme en déprit, est dessus la toilette....
[154] Les sachets coûtaient quinze livres la pièce.
[155] Lettres de mademoiselle de Rambouillet à madame de Sablé ; — TALLEMANT, t. V, p. 162. — Richelieu remercie un correspondant de l'envoi d'eaux et poudres de senteur si excellentes, qu'il ne saurait assez les estimer. (Lettres et papiers d'État, t. II, p. 364.) L'usage était donc général.
[156] Mercure français, année 1506, p. 111. — Cf. MOTTEVILLE, p. 24.
[157] Lettres et papiers d'État, t. V, p. 55. — TALLEMANT, VI, 73.
[158]
Lettres et papiers d'État, t. VII, p. 276 ; — duc D'ORLÉANS, p. 570 ; — Compte
de l'Argenterie, KK. 199, fol. 26. — Cent soixante boutons d'or émaillés
pour
[159] PONTCHARTRAIN, p. 469. — TALLEMANT, t. X, p. 190. — ARNAUD, p. 527.
[160] PONTCHARTRAIN, p. 462. — TALLEMANT, t. VII, p. 96.
[161]
Lettres et papiers d'État, t. III, p. 906. — MONTPENSIER, Mémoires, p. 5, 10.
— Le Roi achète un pistolet, au bout duquel il y avait
une montre d'horloge,
[162]
RICHELIEU, t. III,
p. 36. — Mercure, 1606, p. 111. — Lettres et papiers d'État, t.
VII, p. 813. — BASSOMPIERRE,
p. 31. — Boite en diamants, donnée à l'ambassadeur de Suède,
[163] FONTRAILLES, Mémoires, p. 263.
[164] TALLEMANT, t. I, p. 182. — Mademoiselle de Brézé, femme du grand Condé, tenait de Richelieu une petite chambre avec six poupées, une femme en couches, une nourrice quasi au naturel, un enfant, une garde, une sage-femme et la grand'maman. Elle y jouait avec mesdemoiselles de Rambouillet et de Bouteville. (Ibid., t. II, p. 216.)
[165] Cf. sur les mœurs de la bourgeoisie de l'époque, FURETIÈRE, Roman bourgeois, t. I, p. 10, 46, 108, 181.
[166] TALLEMANT, t. III, p. 65
[167] TAINE, Ancien Régime.
[168]
Henri Poissier, seigneur de
[169] En 1640. — Le grand veneur nourrit 70 chiens, plus une meute de 24 chiens d'Ecosse, chassant pour le lièvre, plus 54, y compris 4 limiers, formant la meute du chevreuil, 24 chiens chassant aux toilles, 4 grands lévriers et dogues, 50 chiens blancs chassant pour le cerf, 70 chiens courants, 18 épagneux, 4 levrettes servant clans la chasse au faucon, 6 lévriers à lièvres de Champagne.
[170] Le grand fauconnier était le duc de Chevreuse ; nous voyons Charles de Bourbon, chef du vol pour les champs ; Gilles de Ligny, seigneur d'Iurmont, chef du vol pour héron ; Denis Zamet, seigneur de Vaux, gentilhomme servant au vol pour corneille. Il y avait en 1640 103 oiseaux, 20 au vol pour milan, 12 pour héron, 46 pour corneille, 8 pour les champs, 6 pour rivière, 3 pour pie, 8 pour émerillon.
[171] Le Roi va voller le perdreau, qui est la chasse de la saison. (Le 14 juillet ; ils étaient donc bien précoces.) (Gazette du 16 juillet 1633.) Le Roi ne parle guère que de sa chasse. (Voyez Louis XIII et Richelieu, par M. Marius TOPIN.)
[172] TALLEMANT, t. VIII, p. 202.
[173] A l'arc ou à l'arquebuse ; c'était un oiseau de carton, juché sur une perche.
[174] TALLEMANT, t. X, p. 242, 133, 142. — Les paysans jouaient à la pierrette. Louis XIII y était fort adroit. — Le jeu de boules était le régal de la bourgeoisie ; la paume était de luxe, les gens malaisés jouaient à crosser, chassant une balle avec un bâton recourbé.
[175] Lettres et papiers d'État, t. VIII, p. 84. — Témoin Gustave-Adolphe, qui y jouait avec sa cour.
[176] BASSOMPIERRE, p. 17. — TALLEMANT, t. X, p. 155. — On y pratiquait aussi le pallio, course de chevaux.
[177] Lord Herbert CHERBURY, Mémoires, p. 46. — Je n'approuve pas, dit-il, l'usage de monter dans les courses de chevaux, parce que c'est un jeu où on triche trop souvent.
[178]
Tel est en 1606 le carrousel de l'Eau, de
[179] KK. 200, fol. 22, Archives nationales. — RICHELIEU, Mémoires, t. I, p. 328. — RÉGNIER, satire XI. — MONTPENSIER, Mémoires, p. 7. — Lettres de cachet, 5 septembre 1638.
[180] Abbé ARNAULD, p. 514. — BASSOMPIERRE, p. 20. — TALLEMANT, t. V, p. 25 ; t. V, p. 129 ; t. VIII, p. 24.
[181]
Il y avait des danses bourgeoises, comme les Cinq Pas, les Trois Visages,
et des danses grotesques, comme
[182]
En 1621, Luynes jouant dans un ballet le rôle de dompteur des monstres, lors de la brouille du Roi avec sa mère, faisait mettre
[183] BASSOMPIERRE, p. 22, 51, 123. — En 1608, ballets des Inconstants, de Maître Guille, des Dangereux, des Dieux marins.
[184] MONTPENSIER, p. 4.
[185] La mode des Bertrands venait du proverbe italien : Qui aime Bertrand, aime son chien.
[186] Cf. à l'Appendice la liste des personnages d'un ballet en 1625.
[187]
Le premier touchait
[188] Le maitre à danser, ridiculisé par Molière, n'est nullement outré. — Dans les ouvrages chorégraphiques du temps, il est question d'Aristote à propos d'un simple rond de jambe. Les auteurs appellent à leur aide toute l'antiquité classique.
[189]
C'était un divertissement bien vu de la part d'un auteur, de donner les violons à la comédie, c'est-à-dire de faire
jouer une douzaine de violons, pendant les entr'actes de ses pièces.
[190]
Cf. Plumitif, P. 2760, fol. 48. — Archives nationales, KK. 201. — Les
trois titulaires étaient, en 1614, Antoine Desnoz, François Lechassier, Claude
Crestot, dit
[191]
Les enfants à qui l'on apprenait à chanter étaient élevés aux frais du Roi. A
l'âge de la mutation de la voix, ils sortaient
de la musique, et recevaient
La musique de la chambre se composait, d'après un état
de 1640 (à
[192] Histoire de l'Opéra, p. 23, Paris, 1753. — BASSOMPIERRE, p. 130. Cf. TALLEMANT, t. VII, p. 33 et suiv.
[193] On jouait aussi au sexte-partie, et l'abbé Arnaud nous apprend (Mémoires, p. 504) que M. de Saint-Aignan — toujours plein d'inventions nouvelles, comme chacun sait — inventa un nouveau jeu de cartes, dont il ne nous dit pas le nom.
[194] Lettres et papiers d'État, t. IV, p. 633.
[195] On les nommait quinterotes, à cause qu'elles allaient bien vite, du nom de Quinterot qui avait ramené d'Angleterre des chevaux très-vite. (BASSOMPIERRE, p. 51, 52, 123. — Lettres et papiers d'État, t. III, p. 471.)
[196] TALLEMANT, t. X, p. 8 ; t. IV, p. 198, 201.
[197] La déclaration du 12 octobre 1635 parle des cartes plus longues, plus larges ou plus épaisses les unes que les autres ; aucunes lissées, 'narguées, poncées, et faites de divers et différents papiers ; des dés chargés, inégaux, mal et faussement marqués. (Cf. TALLEMANT, t. X, p. 6.)
[198] Ordonnance janvier 1629, art. 137, 138, 140. — Elle permet aux ascendants de reprendre toutes les sommes perdues au jeu par leur enfants, sur ceux qui les auront gagnées.
[199] Ann. 1609, p. 324. — On vit louer une maison quatre cents livres pour quinze jours, pour y tenir une académie. Dans les académies, certains grands cabinets ou garderobbes se louent des pistoles par heure.
[200] Déclaration de janvier 1635.
[201] TALLEMANT, t. X, p. 6. — FURETIÈRE, t. I, p. 29. — Lettres et papiers d'État, t. VI, p. 636.