SAINTE-HÉLÈNE

DEUXIÈME PARTIE. — LA PETITE ISLE

 

CHAPITRE II. — L'ENLÈVEMENT DE LAS CASES.

 

 

LE 25 novembre 1816, Napoléon, assis sur un tronc d'arbre, au tournant de l'allée qui conduisait au bas du jardin, devisait avec Gourgaud, Las Cases et Montholon. Il venait de recevoir l'amiral Malcolm, retour du Cap[1], qui lui avait apporté des journaux et une caisse de belles oranges. Il était de bonne hun.eur. Aly lui ayant présenté cinq de ces oranges sur une assiette avec du sucre et un couteau, l'Empereur en donna une à Las Cases pour son fils et se mit à couper les autres en tranches qu'il mangeait ou distribuait à ses compagnons.

— J'ai fait avec Bertrand, disait-il, de la fortification toute la journée. Aussi m'a-t-elle parue très courte.

Il se leva, fit quelques pas. Le vent, quoiqu'on fût au printemps, devenait froid. L'entretien roula sur l'amiral, sur Piontkowski qui avait voulu se faire passer au Cap pour un des familiers de l'Empereur. Puis Napoléon d'un signe donna congé aux deux généraux et rentra avec Las Cases.

Dans le parloir et le salon, il continue de causer à bâtons rompus. Tout à coup il s'arrête devant une fenêtre. Il a vu une petite troupe de cavaliers, panache au vent, entrer dans l'enclos. Il distingue le gouverneur, accompagné de Bingham, de Reade, du capitaine Blakeney, du nouvel inspecteur de police Rainsford et de deux dragons. Abrité derrière sa persienne, Napoléon voit Lowe et Gorrequer faire halte, tandis que les autres se dirigent vers la maison. Presque aussitôt, Gentilini vient annoncer que Reade demande Las Cases.

— Allez voir, mon cher, ce que vous veut cet animal, dit l'Empereur.

Un quart d'heure après, Marchand entre, bouleversé. Reade vient d'arrêter Las Cases pour correspondance clandestine avec l'extérieur ; tous ses papiers ont été saisis dans sa chambre par Rainsford. Napoléon court à la fenêtre il aperçoit son confident que Reade et un soldat emmènent vers Hutt's Gate.

Emmanuel suit son père, escorté par Blakeney et Rainsford, qui emporte deux malles pleines de papiers.

Longwood s'agite comme une ruche attaquée. Napoléon appelle ses officiers. Qu'a pu faire Las Cases pour donner prétexte à cet enlèvement ? Le chambellan lui a demandé, voilà quelques jours, la permission d'écrire à Lucien Bonaparte et à son amie lady Clavering, par le truchement de James Scott, jeune domestique mulâtre que le gouverneur lui a retiré[2] et qui va partir pour l'Europe avec un nouveau maitre. L'Empereur lui a répondu que ce serait une folie, et n'y a plus pensé, Las Cases aura passé outre et il a été dénoncé par Scott au gouverneur...

Quoique cette sottise l'irrite, il veut tirer Las Cases de ce mauvais pas. Il ordonne au grand-maréchal de se rendre aussitôt à Plantation House pour réclamer son chambellan :

— Allez, ne perdez pas de temps. Ce pauvre Las Cases doit souffrir cruellement.

Bertrand n'obéit pas. Las Cases, pense-t-il, n'a que ce qu'il mérite en se mêlant de pareilles intrigues. Il dit à Gourgaud :

— Ah ! j'ai au cœur bien d'autres inquiétudes que celles que me cause Las Cases !

Il est bouleversé par une lettre de Mrs. Skelton, que le gouverneur lui a montrée tout à l'heure, et qui annonce la mort de sa belle-mère, Mme Billon. Il ne songe qu'à retourner près de sa femme à qui il veut cacher la nouvelle.

Les Montholon ont pris aisément leur parti de l'arrestation, Seul Gourgaud, qui a bon cœur, parait touché.

Après le dîner, à quatre couverts, Napoléon passe chez lui et se déshabille. O'Meara, revenant de la ville, se fait annoncer. Il sait l'événement. Sur la route il a rencontré le gouverneur qui lui a dit, ironique :

— Vous trouverez votre ami Las Cases en sûreté.

A Jamestown O'Meara a appris quelques détails sur l'affaire ; elle fait le sujet de toutes les conversations. Las Cases a en effet écrit deux lettres qui, copiées sur des taffetas, ont été glissées dans la doublure d'une veste de James Scott, pour être portées par celui-ci en Angleterre. Le jeune mulâtre, ayant tout raconté à son père[3], celui-ci effrayé du risque qu'il court, est allé prévenir Hudson Lowe. Le délit commis par Las Cases est flagrant : il a contrevenu à l'engagement qu'il avait pris. Le gouverneur a là une trop belle occasion de le renvoyer en Europe. En attendant, il a été conduit avec son fils dans le petit cottage du major Harrison, à Hutt's Gate, et mis au secret.

Napoléon est confondu :

— Comment un homme de tant d'esprit a-t-il pu se fier à un esclave, qui ne sait lire ni écrire, qui ne connaît personne en Angleterre et à qui le gouverneur, à moins d'être un coglione, un scioccone, n'aurait jamais permis de quitter l'île ? Cela est incompréhensible. Il faut que Las Cases ait perdu tout bon sens !

Il affirme au docteur qu'il ignore tout de ces lettres. Elles doivent être pour lady Clavering ou pour le banquier de Las Cases. Il est très mécontent : Las Cases avait ses papiers, Lowe les a pris qu'en fera-t-il ?

— Quelle certitude ai-je, continue-t-il en s'échauffant, que le gouverneur ne viendra pas, sous quelque prétexte, lorsque j'aurai à peu près fini mon histoire, s'en emparer aussi ? Il faut que je brûle tout ce que j'ai écrit !... Cela me servait d'amusement dans cette triste demeure et cela aurait pu être intéressant pour i le monde, mais avec ce boja[4], il n'y a ni sécurité ni garantie. Il viole toutes les lois. La joie rayonnait dans ses yeux quand il est venu, parce qu'il avait trouvé un nouveau moyen de nous tourmenter. Comme il entourait la maison avec son état-major, j'ai cru voir des sauvages de la mer du Sud dansant autour de prisonniers qu'ils vont dévorer.

Le lendemain, vers midi, Bertrand se décide à aller à Plantation. Il n'obtient rien : il a dû se montrer peu éloquent[5]. Du moins rapporte-t-il des précisions. Des à lettres de Las Cases, que Lowe lui a produites, la première, résumé des événements survenus depuis le départ de Malmaison, était adressée à Lucien Bonaparte[6]. La seconde, aussi inutile et imprudente, était destinée à lady Clavering.

L'Empereur reste fort préoccupé. Le journal que tenait Las Cases n'est-il pas compromettant ? Aly le transcrivait. Il le fait venir, l'interroge :

Comment est traité l'amiral Cockburn ?

— Comme cela, sire. (Avec un geste qui veut dire ni bien ni mal.)

Est-il dit que je l'avais appelé requin ?

Oui, sire. Mais que Votre Majesté sait sa probité et ne peut lui refuser son estime.

Et sir George Bingham ?

— Il en parle très bien ainsi que du colonel Wilks.

— Parle-t-il de l'amiral Malcolm ?

— Oui, sire, il le traite fort bien.

— Il ne dit rien du gouverneur ?

Aly ne peut s'empêcher de sourire :

— Il en parle beaucoup, sire.

— Répète-t-il que j'ai dit : C'est un homme ignoble, et que sa figure était la plus basse que j'ai jamais vue ?

— Oui, dit Aly, mais il ajoute que souvent les expressions étaient plus modérées.

— Dit-il que je l'ai appelé sbire sicilien ?

— Oui, sire.

— C'est son nom, fait l'Empereur.

 

Les papiers de Las Cases avaient été triés devant lui par Lowe. On y trouva, outre le volumineux journal, les récits des campagnes d'Italie, avec notes et documents annexes, la correspondance échangée entre Napoléon, Cockburn et Lowe, divers projets et copies, enfin ses papiers personnels, lettres de famille, testament, etc. On en fit plusieurs paquets que le jeune Emmanuel scella avec la bague de son père. Les fragments d'histoire militaire et la correspondance officielle furent renvoyés à Napoléon. Ils le furent d'ailleurs en plusieurs fois, si bien que l'Empereur resta persuadé qu'on ne les lui rendait qu'à mesure qu'ils étaient copiés[7]. Par Bertrand, il fit réclamer le journal[8]. Las Cases, qui avait permis à Lowe de le parcourir, le réclama de son côté, comme lui appartenant en propre. Le gouverneur préféra le garder jusqu'à décision de lord Bathurst[9].

Napoléon envoyait Gourgaud et Montholon vers Hutt's Gate pour apercevoir Las Cases et recueillir de ses nouvelles. Après deux jours passés dans la cabane de Harrison, il avait été transféré avec son fils à Ross Cottage, chaumière de plaisance où Balcombe avait aménagé un parc à volailles. Ils se trouvaient tous deux dans un faible état de santé, surtout Emmanuel qui depuis plusieurs mois éprouvait des palpitations violentes et chez qui O'Meara et le docteur Baxter, médecin en chef de l'île, envoyé par Lowe, craignaient la rupture d'un anévrisme[10]. De leur petite maison, située en face de Longwood, mais qui en était séparée par plusieurs crêtes et précipices, on pouvait suivre à la lorgnette, les allées et venues des gens de l'Empereur. Ils étaient bien traités. Hudson Lowe qui venait presque chaque jour pour examiner les papiers de Las Cases ou répondre à ses lettres, s'enquérait de leurs besoins. Il leur envoyait leurs repas de Plantation. Las Cases souvent invitait à sa table l'officier de garde. Le gouverneur, je dois le confesser, écrit-il, était avec moi, depuis qu'il me tenait entre ses mains, dans les rapports de la politesse la plus attentive et des égards les plus recherchés. Je l'ai vu déplacer lui-même, de sa propre personne, une sentinelle qui eût pu blesser mes regards, disait-il, et l'aller poster derrière des arbres, pour que je ne l'aperçusse plus.

Cependant il adressa à Lowe une protestation emphatique dont les termes sont à peser :

Par suite d'un piège, selon toutes les apparences, tendu par mon valet, j'ai été enlevé de Longwood et tous mes papiers saisis... Sans connaître encore quels peuvent être vos projets sur ma personne, je me suis imposé déjà moi-même le plus grand des sacrifices... Il y a peu de jours encore vous m'eussiez arraché jusqu'aux dernières soumissions par la crainte de me voir éloigner de l'empereur Napoléon, aujourd'hui vous ne sauriez plus m'y faire revenir. On m'a souillé en me saisissant presque à sa vue. Je ne saurais plus désormais lui être un objet de consolation, ses regards ne rencontreraient plus en moi qu'un objet flétri et des souvenirs de douleurs[11].

Qu'est-ce à dire ? En quoi son arrestation déshonore-telle Las Cases ? Craint-il, s'il revenait à Longwood, que l'Empereur et ses compagnons ne lui fassent de trop vifs reproches sur son imprudence ? N'est-ce pas plutôt que, sous sa rhétorique, il suit un dessein précis, et dès longtemps préparé ? N'a-t-il pas voulu, en transgressant les règlements du gouverneur provoquer un éclat qui oblige Lowe à l'éloigner de Sainte-Hélène ?

Depuis plusieurs mois, le petit chambellan longtemps si patient, si épanoui dans la soumission, pliait sous le poids de sa chaîne. Il n'en pouvait plus il était trop malheureux.

Logé plus mal que les domestiques, détesté de Montholon et de Gourgaud qui brimaient en lui sans merci le courtisan, le barbon, le civil[12], inquiet de l'état de son fils, lui-même se portait mal, souffrait d'étourdissements et souvent de coliques. Il était toujours vu avec amitié par Napoléon, mais il ne jouissait plus de l'intimité qui lui avait fait trouver si doux le séjour aux Briars. Surtout il ne recevait plus ce paiement suprême de demeurer l'historiographe exclusif de Napoléon. Les autres avaient aujourd'hui leur part de rédaction. Le grand dessein de Las Cases, pour lequel il avait tout quitté, l'histoire totale du règne de son héros, il sentait bien à présent qu'il devait y renoncer. Son journal exigerait déjà pour l'impression, cinq ou six volumes. Las Cases ne doutait pas de leur prodigieux intérêt ; il croyait que cette publication dont il tirerait prestige personnel, sinon fortune — car l'argent ne le préoccupait guère —, servirait assurément la cause de Napoléon près de la France, amènerait même peut-être un revirement en sa faveur.

Pour lui, s'il parvenait à regagner l'Europe, un nouveau rôle pourrait donc s'offrir, bien propre à tenter ce serviteur dévoué, mais avide de bruit : devenir l'ambassadeur de Napoléon, le héraut de son infortune. C'est pourquoi il avait résolu de quitter l'île, sans consulter son maître, par une ruse dont nul ne pourrait soupçonner le motif[13]. C'est pourquoi aussi, ayant réussi à se faire enlever, il s'était montré si anxieux de recouvrer le fameux Journal[14]. Là il avait échoué. Mais ce n'était que partie remise. Tôt ou tard il faudrait bien qu'on le lui rendit. En attendant, sa plume était assez féconde pour retracer de mémoire l'essentiel de la Captivité, pour décrire la misérable vie de Longwood, le dévouement, les souffrances des Français fraternellement unis dans le culte du grand homme, pour proclamer parmi tant de souffrances la sérénité olympienne de l'Empereur. Ses lettres, ses suppliques, ses discours soulèveraient l'attention du public, éveilleraient peut-être le remords des souverains. En tout cas, le monde retentirait de son nom.

A cette idée, son imagination s'enflamme, il se jette sur le papier et écrit à perdre haleine, brassant vérités, mensonges, accusations, panégyriques, habiletés, imprudences, dans une espèce de dévoiement littéraire où lui-même à la fin ne se reconnaît plus[15].

Las Cases écrivait trop. Il parlait trop aussi. Dans les conversations qu'il tenait avec Lowe et avec Gorrequer, il se laissa entraîner à des appréciations dont le gouverneur put ensuite tirer argument. Surpris par les prévenances de sir Hudson, il lui dit ainsi que tout lui apparaissait maintenant sous un jour nouveau : A Longwood, on voit les faits à travers un voile de sang. Il s'exprima librement sur l'Empereur : Il faut le considérer comme un vrai malade, on doit lui passer beaucoup de choses...[16]

Ces rencontres donnèrent à leurs rapports un tour imprévu. Ils en vinrent à discuter de la façon dont Lowe pourrait concilier ses devoirs avec une compréhension plus large de la position de l'Empereur. Sir Hudson demanda à Las Cases de lui préparer une note suggérant les amendements qui lui paraissaient nécessaires, et il promit de l'examiner de bonne foi. Il était, disait-il, peiné de la triste situation des Français à Longwood, mais ils la rendaient pire qu'elle n'était réellement ; quand il cherchait à l'améliorer, c'étaient eux qui s'y opposaient.

Il semble que Lowe ait été sincère. Il craignait le retentissement qu'aurait le retour de Las Cases en Europe et les reproches que pourrait lui adresser le ministère à propos d'une mesure dont lui-même sentait l'excès. Elle ne servirait qu'à rappeler sur Sainte-Hélène une attention qu'il était de l'intérêt anglais d'assoupir.

Déjà le 4 décembre, il est venu à Longwood remettre à Bertrand des papiers de Napoléon. Il a ensuite avec O'Meara un long entretien. Il prie le docteur d'expliquer sa conduite. Ses actions ont toujours été mal interprétées. Ce n'est pas sa faute si ses ordres sont plus rigoureux que ceux de Cockburn. Et il exprime le vœu d'un accommodement.

— Eh bien, s'il veut nous arranger, répond l'Empereur, qu'il remette les choses sur le pied où elles étaient du temps de l'amiral... Qu'il se comporte bien avec moi, je dirai que je m'étais trompé sur la mauvaise opinion que j'avais eue de lui... Mais cet homme est faux... Il dit que Las Cases ne manque de rien : il ne fait aucune attention aux besoins moraux ; il ne considère que les besoins physiques les plus grossiers...

Le lendemain lady Lowe, en grande toilette, vient rendre visite à Mmes Bertrand et de Montholon[17]. Gracieuse, elle regrette que Plantation soit trop éloignée pour que les enfants puissent jouer ensemble. Mme Bertrand dit hardiment que sir Hudson Lowe ferait le plus grand plaisir à l'Empereur s'il lui rendait Las Cases. Lady Lowe, embarrassée, se tait. Elle demande si elle pourra voir Napoléon. On lui répond qu'il est indisposé et ne reçoit pas[18].

L'Empereur est surpris de cette visite. Le gouverneur a-t-il voulu donner le change, gettare la polvera negli occhi ?[19]

— Elle a mal choisi son temps. Son mari l'envoie au moment où il traite Las Cases avec tant de barbarie. Rien de plus insultant que d'ajouter l'ironie à l'injustice !

L'arrestation de Las Cases l'a profondément affecté. Disparu son petit chambellan qui, en habit bleu, à la main son haut chapeau de castor gris, le suivait partout comme un caniche, il voit quelle place il tenait dans ses habitudes. Son regret, son chagrin, il les montre trop à ceux qui restent. Bertrand grogne, Montholon prétend que l'Empereur veut négocier l'échange de Las Cases contre Gourgaud et lui :

— L'Empereur ne nous voit pas, s'écrie Gourgaud, parce qu'on lui a ôté son Las Cases ; les derniers venus sont les plus aimés !

Il ne sort guère de son intérieur, ne travaille plus, ne s'habille pas. Il refuse de voir les Malcolm. D'ailleurs il souffre vraiment : fièvre, maux de tête, agitation nerveuse qui le prive de sommeil. O'Meara lui conseille l'exercice. S'il n'en veut prendre, dit-il, il sera bientôt attaqué d'une maladie sérieuse.

Tanta meglio ! répond l'Empereur, più presto si finira e non mi si tormentira più ![20]

Pensant ne plus revoir Las Cases, il dicte pour lui une affectueuse lettre d'adieu. Écrite par Marchand[21], elle n'a pas encore été signée par Napoléon quand, le soir du 12 décembre, après dîner, l'Empereur prie Gourgaud d'aller la chercher et de la lire tout haut devant les Montholon. Il leur demande ce qu'ils en pensent Gourgaud répond que ce style louangeur et tendre ne convient pas à l'Empereur envers M. de Las Cases qu'il ne connaît que depuis dix-huit mois et qui ne lui a fait aucun sacrifice, ni donné de grandes preuves de dévouement. Et, se montant, il ajoute que jamais Sa Majesté n'a écrit une lettre pareille à un ancien et meilleur ami tel que Duroc ou Lannes.

Napoléon, mécontent, se lève. Il ne demande pas conseil sur ce qu'il doit faire. Il veut seulement savoir quel effet une telle lettre produira sur Hudson Lowe.

Mme de Montholon, les coudes sur la table, affirme que la lettre est fort bien et que Gourgaud a tort.

Gourgaud lui réplique avec insolence. Napoléon se promène dans le salon. Montholon, pour calmer Gourgaud, murmure, naïvement cynique :

— Tant mieux que la lettre soit ainsi, cela prouve que Sa Majesté nous en écrira de semblables.

L'Empereur s'assied, demande une plume et, signant la lettre, par esprit de contradiction y ajoute ces mots inusités : Votre dévoué. Il charge Montholon de la porter à Poppleton.

Bientôt apaisé, il dit à Gourgaud :

— Allons, Gourgaud, jouez une partie d'échecs, cela vous remettra. Pourquoi paraissez-vous toujours fâché ?

Le jeune homme débonde sa colère :

— Sire, j'ai un grand défaut, c'est d'être trop attaché à Votre Majesté. Ce que j'ai dit ne m'est pas dicté, comme on le suppose, par la jalousie ; je ne saurais être jaloux d'un homme qui n'a rendu aucun service à Votre Majesté. Mais j'ai cru de mon devoir de vous dire que cette lettre n'est pas digne de vous ! Il semble que vous soyez abandonné ici et que nous soyons tous des zéros... Je vois bien que dans ce monde, il ne faut jamais dire la vérité aux souverains et que les intrigants et les flatteurs sont ceux qui réussissent le mieux !

L'Empereur l'interrompt :

— Je veux qu'un jour Las Cases soit votre meilleur ami !

— Jamais, je le déteste !

— Ah ! Gourgaud, cela n'est pas généreux !

— C'est Tartufe ; un jour, Votre Majesté elle-même le reconnaîtra.

Napoléon hausse les épaules et dit amèrement :

— Eh, que voulez-vous ? Qu'il me trahisse ? Qu'il dise du mal de moi ? Eh, mon Dieu ! Berthier, Marmont que j'avais comblés, comment se sont-ils conduits ? Je défie aucun individu de m'attraper. Il faudrait que les hommes fussent bien scélérats pour l'être autant que je le suppose...

L'enragé réplique encore... Et Napoléon, excédé, n'a que la ressource de s'en aller.

 

La peur de Lowe, son désir d'éviter un éclat le poussent alors à une démarche significative.

En réponse aux lettres dont Las Cases l'assassine, il lui propose de retourner à Longwood où Emmanuel recevrait les soins quotidiens d'O'Meara, en attendant que des instructions arrivent d'Angleterre au sujet de leur départ. Las Cases refuse. Tout ce qu'il demande, c'est d'être transféré dans un lieu où l'assistance d'un docteur pourra être immédiate. Il ne veut pas retourner à Longwood, il ne le doit pas, à moins d'un ordre exprès de l'Empereur. Cet ordre, il sait que, par fierté, Napoléon ne le donnera pas.

La lettre qu'il a reçue de l'Empereur, quel plus bel exeat ? Il craint, s'il revenait à Longwood, de ne plus pouvoir en sortir, d'y être comme Napoléon prisonnier à vie. En termes presque suppliants, il insiste près de Lowe pour quitter l'Île le plus tôt possible.

Quand Napoléon apprend que Las Cases a reçu permission de revenir près de lui, et n'en veut pas profiter, il demeure incrédule, malgré les assurances d'O'Meara :

— S'il le peut, pourquoi ne revient-il pas ?

Il ajoute qu'il voudrait voir une lettre de Las Cases lui-même déclarant qu'il était autorisé à revenir.

Talonné par Lowe, Las Cases finit par écrire à Bertrand, non sans embarras, qu'il a repoussé l'offre. L'Empereur hausse les épaules. Une de ses dernières illusions sur les hommes vient de tomber.

Bien qu'il dise qu'il ordonnera à ses trois généraux de partir, afin d'être indépendant, parce qu'alors il ne craindrait plus de les voir tourmenter par le gouverneur pour se venger de lui, il semble redouter d'être dans l'avenir de plus en plus isolé. Voyant autour de lui ces visages mornes et ces yeux qui se mesurent, car Montholon et Gourgaud, naguère alliés contre Las Cases, en sont déjà aux couteaux tirés, il cherche à les pacifier. Ils sont très bien ici, leur dit-il, même très heureux, ils peuvent se promener partout à cheval, accompagnés d'un officier. Ils ont une bonne table. Si l'on se plaint, c'est qu'il faut toujours se plaindre. Ils ont la liberté de s'en aller quand ils voudront. Ils se sont couverts de gloire autrefois, ils seront bien reçus partout, auront des sujets de conversation pour le reste de leur vie.

Lui, il ne peut se promener escorté. Il n'est pas libre, on espionne ses démarches. Et s'irritant tout à coup, il reproche à Gourgaud son indiscrétion, sa mauvaise tête, les querelles qu'il cherche sans cesse à Montholon.

Gourgaud, yeux noirs abaissés, répond sans adresse. Alors l'Empereur que son chagrin aigrit, frappe en furieux :

— Que m'importe que vous soyez honnête homme ?... Laissez-moi. Vous avez des vertus sauvages. Las Cases a un caractère. Vous en étiez jaloux et vous avez eu l'impudeur de le montrer... Vous avez cru en venant ici être mon camarade. Je ne le suis de personne... Vous voudriez être le centre de tout ici, comme le soleil au milieu des planètes. C'est moi qui dois être le centre. Vous m'avez causé tous mes soucis depuis que nous sommes ici. Si j'avais su, je n'aurais amené que des domestiques... Si vous êtes si mal, plutôt que de chercher querelles à Montholon, vous pouvez nous quitter !

Gourgaud, les larmes aux yeux, balbutie. Sa peine touche Napoléon. Allons, Gourgaud est trop franc. Il n'est pas bon de dire tout ce qu'on pense, il faut dissimuler pour vivre en société. Gourgaud se rassérène. Il est une heure du matin, et l'on va se coucher.

 

Invoquant la santé d'Emmanuel, Las Cases a sollicité la faveur d'être embarqué directement pour l'Angleterre. Lowe n'y consent pas. Il faut, pour gagner du temps, pour préparer l'opinion à Londres, que Las Cases passe d'abord par le Cap. Il espère d'ailleurs que la perspective de ces mois de mer et d'attente découragera Las Cases, l'inclinera vers la rentrée à Longwood. C'est le connaître mal.

En réponse au grand-maréchal qui a réclamé pour Las Cases l'autorisation de venir prendre congé de l'Empereur, Lowe déclare qu'un officier anglais devra assister à l'entrevue. Il la rend ainsi impossible il veut empêcher Napoléon de donner à son confident un message pour l'Europe...

Le 29, Bertrand vint à Plantation. Lowe le conduisit au château de Jamestown où Las Cases était établi avec son fils depuis le 24. Le grand-maréchal les embrassa tous deux.

— Eh bien ! Las Cases, lui dit-il, vous allez donc partir ?

Las Cases demanda des nouvelles de l'Empereur. Il parlait de façon confuse et exaltée. Bertrand, à mi-voix, car Lowe et Gorrequer étaient présents, le conjura de renoncer à son projet :

— Pourquoi ne pas rester et revenir à Longwood ? Quelle difficulté y a-t-il à cela ?

— Il y a une grande difficulté et un grand inconvénient. J'ai pris cette décision parce que je crois que je dois agir ainsi.

— Mais si l'Empereur vous priait de rester ?

— Je resterais, parce que son désir serait pour moi une loi.

Bertrand ne put que lui répéter ce que Napoléon avait dit à lui-même et à O'Meara : qu'il laissait Las Cases à sa propre inspiration, qu'il le verrait rester avec plaisir, partir avec plaisir[22].

Près de se séparer de ce compagnon que pourtant il n'aimait pas, Bertrand se sentait ému. Il insista en son nom personnel. Las Cases ne céda point. Il avait offert pour l'usage de l'Empereur la somme de quatre mille louis qu'il avait en Angleterre. Bertrand le pria de préparer treize lettres de change à son ordre. Balcombe les ferait toucher ; elles serviraient à couvrir les dépenses privées de Longwood. Il reviendrait les chercher le lendemain.

Il revint en effet, accompagné de Gourgaud, dont la haine fondait en pitié, Las Cases remit à Bertrand, du consentement de Lowe, les lettres de change contre un reçu de l'Empereur, lui donnant ainsi le moyen de se faire rembourser par le prince Eugène[23]. Enfin il glissa dans la main du grand-maréchal, au premier moment d'inattention des officiers anglais, le collier d'Hortense confié par l'Empereur sur le Bellérophon et qu'il n'avait pu restituer avant de quitter Longwood.

Lowe permit aux Français de déjeuner ensemble, sous la surveillance de Poppleton, qui savait mal leur langue et ne comprenait rien dès qu'ils parlaient vite. Le gouverneur ne l'ignorait pas. Mais il voulait laisser Las Cases sous une bonne impression. Quand le père et le fils partirent, il les mena jusqu'à la porte du château et les salua courtoisement, Ses officiers, pour leur faire honneur, les accompagnèrent jusqu'à la barque qui devait les conduire au Griffon. De son aveu, Las Cases se jeta avec empressement dans le canot. En traversant la petite baie, il passa près de l'Orontes, qui arrivant du Cap, allait repartir pour l'Europe. A son bord étaient Piontkowski et les trois serviteurs. Ils le saluèrent de la main. A trois heures le Griffon leva l'ancre. Avant qu'il fût nuit, les reclus de Longwood, le cœur gros, purent le voir contourner le Barn et s'enfoncer vers le sud, portant les premiers déserteurs[24].

 

 

 



[1] Sir Pulteney et lady Malcolm étaient partis le 22 septembre pour le Cap où l'amiral devait inspecter la station navale placée sous son commandement.

[2] Hudson Lowe, averti par le commissaire autrichien que Las Cases avait fait passer par Scott un message à la baronne Stürmer, avait le 13 novembre informé Las Cases qu'il eût à le congédier. Las Cases refusa de prendre un autre domestique du choix du gouverneur. Napoléon lui donna alors Gentilini pour le servir. (Las Cases, VII. 229-230. O'Meara, I, 207.)

[3] John Scott, père du serviteur de Las Cases, était un blanc.

[4] Bourreau.

[5] Il semble avoir été extrêmement tiède dans cette démarche. Minute Gorrequer, 26 novembre 1816. (Lowe Papers, 20.117.)

[6] Pendant les Cent jours, Las Cases avait été détaché par l'Empereur près de Lucien. Cette lettre à Lucien, complaisamment étalée dans le Mémorial, reproduisait une lettre déjà expédiée par Las Cases au même destinataire en septembre 1816. Le comte Corti a retrouvé celle-ci dans les papiers de Metternich dont le cabinet noir fonctionnait à merveille. (Revue napoléonienne, janvier-février 1926.) Ce second envoi n'avait donc pas d'intérêt réel.

[7] O'Meara à Finlaison, 29 décembre 1816. Ces papiers avaient-été seulement feuilletés par le gouverneur.

[8] ...disant que c'était un journal qui était tenu par ses ordres exprès et le seul mémorandum qu'il eût de tout ce qui lui était arrivé. (Lowe à Bathurst, 3 décembre 1816. Lowe Papers, 20.117.) Bertrand montra beaucoup de mauvaise volonté pour signer et envoyer la lettre. (Gourgaud, I, 283.)

[9] Bathurst lui prescrivit, le 7 février 1817, de ne le laisser sous aucun prétexte, sortir de ses mains jusqu'à nouvelles instructions. (Lowe Papers, 20.118.) Le journal ne sera restitué à Las Cases, par l'intermédiaire de lord Holland, qu'en septembre 1821 par lord Bathurst qui exigea du reste, pour le lui remettre, le consentement écrit des exécuteurs testamentaires de Napoléon. Il y avait, dit Montholon, qui là semble véridique, neuf cent vingt-cinq pages d'écriture à demi-marge qui se trouvaient sous le triple scellé du comte Las Cases, du comte Bertrand, et de sir Hudson Lowe. (I, 446.)

[10] Après tout, que fait la mort d'un enfant à la politique ? aurait dit Lowe (Las Cases, VII, 381.) Ce cynique propos, rapporté à Las Cases par O'Meara, n'a certainement pas été tenu. C'est Lowe lui-même qui avait envoyé le Dr Baxter à Ross Cottage. Le mal dont souffrait le jeune Las Cases n'avait aucune relation avec le climat. Mais O'Meara exprimait l'avis que les occupations sédentaires d'écriture et de lecture auxquelles le jeune homme se livrait presque constamment par l'ordre de son père, bien que les conséquences dangereuses qui pouvaient en résulter lui eussent été souvent signalées... devaient avoir considérablement aggravé l'indisposition de son fils. (Rapport d'O'Meara, 24 décembre 1816. Lowe Papers, 20,117.) Il semble que l'affection d'Emmanuel était surtout d'ordre nerveux. Il avait d'ailleurs un air de bonne santé remarquable. Il se rétablira parfaitement et ne mourra qu'en 1854, sénateur du Second Empire.

[11] Las Cases, VII, 361. Le 4 décembre, Lowe vint voir Las Cases avec Gorrequer et protesta contre cette accusation d'un piège qui lui aurait été tendu. Las Cases avec facilité déclara que puisque le gouverneur l'en assurait, il le croyait et était heureux d'être détrompé. (Minute Gorrequer, 4 décembre 1816. Lowe Papers, 20.117.) Las Cases, en publiant sa lettre dans le Mémorial, effacera la phrase : selon toutes les apparences, renforçant ainsi après coup son accusation contre Lowe.

[12] Une exclamation du jeune Emmanuel, rapportée par Gourgaud, est lourde de sens. O'Meara, le rencontrant le jour de l'arrestation, lui demande s'il est vrai que son père ait remis des lettres à James Scott ; Emmanuel en pleurant répond :

— Que voulez-vous ? Nous sommes dans une si horrible gêne !

Bien entendu, gêne ne peut s'entendre ici que dans le sens de misère morale, persécution. (Gourgaud, I, 278.)

Les sentiments de Montholon et Gourgaud pour Las Cases ressortent éloquemment du Journal de Gourgaud. Le 13 novembre, quelques jours avant l'arrestation, il note : Si Las Cases passe encore devant moi (pour dîner), je lui donnerai un coup de pied. (Inédit.)

Le 23 décembre : On me raconte que lorsque Balcombe avait assuré que Las Cases allait revenir, M. de Montholon avait été sur le point de se trouver mal de rage. (Gourgaud, I, 339.) Les valets eux-mêmes traitaient Las Cases avec insolence. On comprend qu'à la fin il ait pu être excédé.

[13] A cet égard, il se trompait. O'Meara écrira à Finlaison (29 déc.) : Il avait donné ces lettres à l'esclave exprès pour qu'elles fussent découvertes afin d'être expulsé de l'île, la bienséance ne lui permettant pas, après toutes ses protestations de fidélité éternelle et inaltérable à l'Empereur, de demander la permission de s'en aller. (Lowe Papers, 20.216.) Las Cases avait eu du reste un mot malheureux au moment de son arrestation. Il dit en riant à Reade qui l'emmenait à Hutt's Gate : Ainsi, je suis arrêté en conséquence de la dénonciation de Scott ? Je savais bien que le gouverneur me l'avait envoyé. (Rapport Reade, L. P., 20.117.)

Même note chez les Français. Gourgaud dit à l'Empereur le 12 décembre que Las Cases n'a accompli aucun sacrifice en raccompagnant. S'il est venu à Sainte-Hélène, ce n'est pas par attachement, mais pour faire parler de lui, écrire des anecdotes et gagner de l'argent. (I, 316.) Napoléon se contente de répondre : Drouot aussi, qui s'exposait tant, agissait ainsi pour faire parier de lui !

Le 24, Gourgaud écrit encore : J'estime que l'on ne manquera pas de dire que toute son affaire avait été menée pour avoir un prétexte de nous quitter. (I, 342.)

[14] Il avait même offert à Lowe de corriger tout ce qu'il lui prouverait être erroné dans les passages qui le concernaient personnellement (Minute Gorrequer, du 22 décembre 1816. Lowe Papers, 20.117.)

[15] Son exaltation l'entraînera à adresser au gouverneur, sans préjudice de lettres presque journalières, un mémoire de cinquante pages (que le malheureux Emmanuel dut copier). Des phrases comme celle-ci en rendent le ton général : Nos maux étaient tels dans cette demeure (Longwood) que, s'il était possible d'y interrompre un moment le devoir sacré qui remplit nos âmes et les gouverne, s'il était possible, dis-je, qu'il y eût ce moment de distraction qui rendrait chacun à soi-même, je ne serais pas surpris que nos malheureux compagnons l'employassent à s'entredonner la mort, à l'exemple de quelques anciens, pour se libérer des peines de la vie, et qu'on vint vous apprendre un matin que Longwood n'est plus qu'un sépulcre et que vous n'avez plus à votre garde que des cadavres. (19 décembre 1816.)

[16] Minute Gorrequer, 16 décembre 1815, (Lowe Papers, 20.117.)

[17] C'était sa première visite. Elle n'avait pu venir plus tôt, semble-t-il, parce qu'elle était grosse ou en couches. (O'Meara, I, 246.)

[18] Gourgaud, I, 291. Trois semaines plus tard, le 24 décembre, elle enverra à Mme Bertrand des bonnets et des robes d'enfant.

[19] Jeter de la poudre aux yeux. (O'Meara, I, 246.)

[20] Tant mieux, c'en sera fini plus vite et on ne me tourmentera plus. (O'Meara à Lowe, 16 décembre 1816. Lowe Papers, 20.117.)

[21] Gourgaud, I, 314. Avec des fautes d'orthographe, ajoute Gourgaud, toujours bienveillant. La lettre à Las Cases est trop connue pour que nous la reproduisions ici. (Mémorial, VII, 431 et s.)

[22] Las Cases, VIII, 43. Rapport Gorrequer sur l'entretien de Las Cases avec Bertrand, 29 décembre 1816 (Lowe Papers, 20.117.) Dans sa lettre à Finlaison (29 déc., L. P., 20.216) O'Meara ajoute toutefois que Napoléon l'avait chargé de dire à Las Cases (ce qu'il fit avec l'autorisation du gouverneur) qu'il pensait qu'il serait mieux pour lui de revenir à Longwood parmi ses amis que d'aller au Cap parmi des étrangers.

[23] Cette pièce, dont on a souvent nié l'existence, était ainsi libellée :

Reçu du comte de Las Cases la somme de 100.800 francs.

Pour lui être remboursée sans délai.

NAPOLÉON.

Longwood, ce 30 décembre 1816.

Lowe Papers, 20.141.

[24] Las Cases, débarqué au Cap le 17 janvier, y fut retenu pendant huit mois. Il ne partit que le 20 août 1817 pour arriver en Angleterre le 16 novembre. On ne lui permit pas d'y résider. Il alla alors à Ostende d'où on le chassa et ne trouva un refuge qu'a Francfort, le 11 décembre 1817, près d'un an après son départ de Sainte-Hélène.