SÉNÈQUE ET SAINT-PAUL

DEUXIÈME PARTIE. — DES ÉCRITS DE SÉNÈQUE ET DES ÉPITRES DE SAINT PAUL. SÉNÈQUE A-T-IL LU ET IMITÉ LES LIVRES DES CHRÉTIENS ?

CHAPITRE IX.

 

 

De la morale chrétienne de Sénèque. — Rapprochement dont la fausseté ou la frivolité est évidente. — Maximes banales sur la vertu, la conscience, la mort, les richesses, les passions.

Commençons par quelques rapprochements évidemment faux, par des citations sans valeur et sans portée, sur lesquelles il est superflu d'insister. Cet examen préalable dégagera les points essentiels de la comparaison[1].

 

§ I. — COMPARAISONS ET MÉTAPHORES.

Saint Paul, dans l'Épître aux Éphésiens, parle en ces termes de la vertu divine, c'est-à-dire de la puissance de Dieu qui a ressuscité Jésus-Christ d'entre les morts et l'a fait asseoir dans le ciel au-dessus des Principautés et des Dominations : Pour que vous sachiez combien est excellente la grandeur de sa vertu qui se manifeste envers nous... vertu qui a éclaté envers le Christ en le ressuscitant d'entre les morts, et en l'établissant à sa droite au-dessus des principautés, des puissances, des dominations et de tout autre nom[2]. — Sénèque définit quelque part la vertu, en l'opposant à la volupté : La vertu est quelque chose de haut, de sublime, de royal, d'invincible, d'infatigable ; la volupté est basse, servile, faible, caduque ; rien n'est au-dessus de la vertu[3]. Quel rapport peut-on apercevoir, je vous le demande, entre ces attributs de la sagesse stoïcienne et la puissance de Dieu ou la majesté du Christ ? Il n'y a pas l'ombre de ressemblance, ni pour le fond, ni pour la forme. Il eût été facile, ce semble, de trouver matière à quelque comparaison plus ingénieuse dans les nombreux éloges de la vertu que renferment les livres sacrés et les livres profanes ; il est vrai que l'abondance des textes et la facilité des rapprochements en détruit l'intérêt : pour ce qui est des définitions philosophiques de la vertu, on peut consulter Stobée et le Recueil des Pensées de Cicéron[4]. Quant à la pensée de saint Paul, on n'en trouvera l'équivalent dans aucun auteur profane.

Parmi les éloges décernés à la vertu, il en est un qu'on lui a de tout temps accordé, c'est d'être peu commune. Et on avouera que l'esprit humain pouvait bien, par ses propres forces, découvrir cette vérité. Enchérissant sur cette idée, les stoïciens ont fait de la vertu, non plus le privilège de quelques hommes d'élite ou un don spécial de la Divinité, mais un phénomène extraordinaire, une merveille introuvable. Suivant eux, le sage n'apparaît qu'à de rares intervalles dans la vie des peuples ; et quoi d'étonnant ? il n'a plus rien de l'homme. Interprète de cette pensée, Sénèque dit qu'il naît tous les cinq cents ans, comme le phénix[5]. A quelle sentence des livres saints pensez-vous que ce mot corresponde ? à celle-ci : Beaucoup d'appelés, et peu d'élus[6]. Les paroles de Sénèque sont, dit-on, une réminiscence des paroles de Jésus-Christ. Au moins on ne soutiendra pas qu'il a imité ici jusqu'aux tours particuliers à la langue des Écritures. Il y a plus de justesse dans le rapprochement que fait saint Clément de cette maxime évangélique et de la formule des anciens mystères : Beaucoup prennent le thyrse, mais peu sont inspirés par le Dieu[7]. Platon la cite, ainsi que ce vers de Pittacus, répété par Simonide : Il est difficile d'être homme de bien et de demeurer tel ; et il ajoute lui-même : Il n'appartient pas à l'homme d'être toujours vertueux ; Dieu seul jouit de ce privilège[8]. Au surplus, si l'on doute que la vertu ait toujours été rare et considérée comme telle, on peut, encore une fois, consulter Stobée et les compilateurs de maximes.

Voici maintenant une métaphore, ou plutôt une comparaison dont Sénèque évidemment n'est pas l'inventeur. Il s'agit des principes de vertu qu'une éducation philosophique développe dans l'âme. L'auteur les compare à des semences : si elles sont déposées dans un terrain bien cultivé, elles germent et fructifient ; si on les néglige, elles ne produisent que des herbes stériles[9]. Comparer l'esprit à une terre, l'éducation à une culture, la parole à une semence, les vices aux mauvaises herbes, n'est-ce pas là un de ces traits dont Sénèque ne trouvait aucun modèle chez ses devanciers, une de ces façons de parler inconnues aux Grecs et aux Romains ? Où en a-t-il pris l'idée ? Nécessairement, dit-on, dans les paraboles évangéliques du semeur, de l'ivraie et du bon grain[10].

De même, pour désigner la félicité apparente et mensongère des heureux du monde, qui recouvre bien souvent la laideur et la misère du vice, il n'eût jamais, sans doute, imaginé de les comparer à des murs peints et dorés, à de frêles mosaïques, s'il n'avait lu la terrible parole de Jésus aux hypocrites : Sépulcres blanchis. N'est-il pas en effet extraordinaire, n'est-ce pas chose nouvelle qu'un philosophe pense à distinguer le fond de la forme, la réalité de l'apparence, et que, peu dupe des dehors brillants qui déguisent de profondes turpitudes, il emprunte à l'un des usages les plus communs du luxe contemporain une image saisissante pour rendre ce contraste[11] ?

Faut-il croire aussi que Sénèque n'ait pas pu appeler la vie un fardeau, sans avoir appris de saint Paul cette métaphore ? Est-ce de Job que les stoïciens romains tiennent cette expression : La vie est un combat ; vivere, militare est. Qu'est-ce que la philosophie, qu'était-ce surtout que le stoïcisme, sinon une guerre à outrance, déclarée à la mollesse et à la corruption publiques ? La vie est un poste, dit Cicéron ; Le courage n'est autre chose que la vertu sous les armes. Antisthène aimait à répéter ce mot : La vertu est une arme[12]. Nous lisons dans Platon : C'est un grand combat, oui, bien grand, celui où il s'agit de devenir vertueux ou méchant, combat d'une telle importance que ni la gloire, ni la richesse, ni la puissance, ni enfin la poésie, ne méritent pas que nous négligions pour elles la justice et les autres vertus[13]. Ailleurs il compare l'homme vertueux, qui reçoit après sa mort une céleste récompense, à un athlète victorieux qu'on mène en triomphe. Comment s'étonner qu'on ait assimilé le sage à un soldat, à un gladiateur, lorsque la même expression signifiait tout à la fois vertu et courage, et que l'homme de bien s'appelait indifféremment vir bonus et vir foras ? Ajoutons que si cette métaphore n'était pas aussi vieille que la philosophie, parce qu'elle en exprime un des caractères essentiels, c'est à home qu'elle aurait dû naître.

 

§ II. — GÉNÉRALITÉS PHILOSOPHIQUES. - DE LA MORT.

Les raisons alléguées jusqu'ici pour démontrer que Sénèque imite les livres saints, se réduisent à cet argument fort simple : étant donnés quelques termes, anciens d'ailleurs et communément usités, qui se rencontrent à la fois dans Sénèque et dans les livres saints, il suit de là que Sénèque les a empruntés au texte original ou à la traduction de ces livres[14]. Les arguments que nous allons examiner ne diffèrent en rien des précédents ; seulement, au lieu de rouler sur des mots, ils roulent sur des maximes ; mais ils ont la même force logique et aboutissent aux mêmes conclusions. Ainsi qu'il se trouve çà et là dans les auteurs sacrés et dans Sénèque quelques sentences générales sur la vie humaine et la condition de l'homme ici-bas, sur les éternels objets des réflexions de la philosophie et des sévères avertissements de la religion, la conséquence qu'on en tire est celle-ci : ces pensées ont été suggérées à Sénèque par l'Ancien ou le Nouveau Testament, et sans le secours de ces lumières il n'aurait pas pu dire, par exemple, que l'homme est mortel, qu'une bonne conscience est le principe de la félicité, et que les richesses créent des périls à la vertu. Éclaircissons cette remarque par quelques détails.

Tout le monde connaît ce début de l'Ecclésiaste : Vanitas vanitatum, et omnia vanitas. Sénèque ne l'ignorait pas non plus, lui qui a dit dans l'Épître 101, à propos de la mort d'un ami : « Tous les jours, toutes les heures nous prouvent notre néant. » Réflexion qu'il n'eût point faite, s'il n'avait lu l'Ecclésiaste[15] ! Lorsqu'il rappelait à Marcia qu'elle était mortelle, qu'elle avait enfanté des êtres mortels, étant elle-même un corps de boue et périssable[16], il lui citait, avec quelques changements, la Genèse : Souviens-toi, homme, que tu es poussière et que tu retourneras en poussière[17]. — Mais, dit-on, cette autre imitation, comment la nier ou la dissimuler ? Job avait dit : Dieu me l'a donné, Dieu me l'a enlevé. — Sénèque répète : Cesse de te tromper sur les bienfaits de la fortune ; elle te les a enlevés, mais c'est elle qui te les avait donnés[18]. — C'est une variante, n'est-il pas vrai, de la maxime biblique ; et il faut en dire autant de ces vers de Ménandre : Ô homme, cesse tes vains regrets et tes plaintes excessives : richesses, femme, enfants, la fortune t'avait tout donné, elle t'a tout enlevé[19].

Euripide imite aussi Job à sa manière, dans ce passage : Le bonheur n'est rien, c'est une vaine image qu'un Dieu a tracée et qu'il efface encore plus vite[20].

Disons mieux : aucun de ces auteurs n'est ici l'écho d'un autre, mais tous expriment un sentiment bien naturel à la faiblesse humaine, c'est la résignation aux volontés d'un Être supérieur de qui nous tenons tout, et dont la main peut sans injustice nous ôter ce qu'elle nous a donné. Est-il donc si extraordinaire que des pensées semblables se ressemblent par l'expression ?

 

§ III. — DE LA CONSCIENCE.

Les anciens connaissaient-ils la conscience ? Trouve-t-on ce mot et cette idée dans leurs écrits ? Leur est-il arrivé de dire quelquefois que le vrai bonheur consiste dans la paix de l'âme et dans le témoignage sincère d'une conscience irréprochable ? Ou bien Sénèque est-il le premier qui ait hasardé dans le monde ces maximes ? Lit-on aussi dans les anciens qu'il faut mettre sa gloire en soi-même, et non dans le témoignage des autres ? Platon, les cyniques, les stoïciens ou quelques-uns des sept sages ont-ils recommandé de fuir et de fouler aux pieds les faux biens que le vulgaire estime ? Ou bien est-ce encore une invention de Sénèque ?

Nous n'osons pas non plus prendre sur nous d'affirmer que la philosophie ancienne ait conseillé d'éviter la société des méchants, et que l'esprit humain ait été capable de trouver cette maxime : la compagnie perd l'homme. Elle abonde dans Sénèque. Si ces préceptes ne se rencontrent dans aucun philosophe antérieur à Sénèque, nous sommes prêt à reconnaître qu'ils sont imités du Nouveau Testament.

On se rappelle peut-être une Épître, que nous avons citée, sur les cours publics de philosophie fréquentés par notre philosophe dans sa jeunesse. Sénèque, en dépeignant ses anciens condisciples, note une classe d'auditeurs que la curiosité seule et le goût des belles et retentissantes paroles attirait : Ils viennent pour entendre et non pour apprendre[21]. On nous apprend qu'en leur infligeant ce blâme, il songeait aux paroles du Psalmiste : Ils ont des oreilles et ils n'entendent pas.

Trouverons-nous, enfin, parmi les preuves des plagiats philosophiques de Sénèque autre chose que des maximes du sens commun et des adages de la sagesse universelle ? Mettrons-nous au rang des vérités nouvelles, peu connues, que nul esprit n'a enfantées, que nul écrit n'a publiées, ce précepte : Il faut mettre de la mesure dans la vertu même ; ou celui-ci : Philosophons sans faste et sans nous rendre odieux ; dissimulons notre sagesse avec prudence, de crainte d'exciter des ombrages dangereux. Le premier est un lieu commun, et le second un sentiment épicurien qui est trop timide et trop égoïste pour un disciple de l'Évangile[22].

Ce serait un travail aussi long que superflu de rassembler tous les rapports de mots ou de pensées qui peuvent exister entre la morale philosophique et l'Évangile. Combien de sentences, de métaphores, de comparaisons semblables se lisent à la fois dans les auteurs sacrés et dans les livres profanes ! Qu'il nous suffise d'en avoir donné un aperçu dans ce chapitre.

Sénèque a dit comme l'Écriture : Tous les hommes sont enclins au mal. Mais Ménandre, Horace, Sénèque le rhéteur et cent autres, ont exprimé sous la même forme cette même pensée ! Nous obligera-t-on de citer ces maximes communes qui pendant six siècles ont défrayé les moralistes et les poètes, et qui vont aboutir à Sénèque après avoir fait le tour de la littérature[23] ?

Sénèque, qui cependant vivait dans !'opulence, a vanté les avantages de la pauvreté, il a signalé les périls et l'usage corrupteur de la richesse[24]. Les apôtres, avec plus de sincérité, puisqu'ils n'étaient pas millionnaires, en ont fait autant. Qu'est-ce que pela prouve ? Les pûmes anciens sont remplis de ces maximes, et, comme le remarque Sénèque lui-même, tous les jours elles retentissaient sur les théâtres. La nouveauté, dit-il, n'est pas de les exprimer, ce serait de les mettre en pratique[25].

Sortons donc de ces généralités où les partisans du christianisme de Sénèque ont le tort de chercher de vains arguments. Laissons-les s'y égarer et s'y appesantir.

Si l'on voulait, quels rapprochements ne pourrait-on pas instituer entre la morale philosophique des anciens et les prescriptions des livres saints !

Voici certainement un mot dont l'accent est bien chrétien, et qu'on ne s'attend pas à rencontrer hors de l'Évangile : Il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes. Eh bien, il est dans Platon à peu près dans les termes rapportés par les Actes : Si vous me disiez : Socrate, nous rejetons l'avis d'Anytus et nous te renvoyons absous, niais c'est à condition que tu cesseras de philosopher selon ta coutume ; et si tu y retombes, tu mourras... je vous répondrais sans balancer : Athéniens, je vous honore et je vous aime, mais j'obéirai plutôt à Dieu qu'à vous ; et tant que je respirerai, je ne cesserai de m'appliquer à la philosophie[26].

Quand Platon dit : Exceller dans la vertu, si l'on vit dans l'opulence, est impossible ; ne pense-t-on pas aussitôt à ce mot de l'Évangile : Il est plus facile à un câble de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume des cieux ? Cela est si vrai que Celse reprochait à saint Mathieu d'avoir ici copié Platon. Sénèque, en exprimant une pensée semblable, est moins chrétien que Platon : Il y a, dit-il, plus de grandeur d'âme et plus de force de caractère à pratiquer la vertu quand on est riche. C'est un grand mérite que de ne pas se laisser corrompre par un tel voisinage[27].

Combien de fois le reproche de folie n'a-t-il pas été adressé aux philosophes, à Socrate, à Platon, à Cléanthe[28] ? Le monde n'a-t-il pas dit la folie de la sagesse, avant de dire la folie de la Croix ?

Qu'on se rappelle maintenant tous les passages des anciens que nous avons dû rapprocher des livres saints, dans le cours de cette étude ; qu'on lise les recherches d'Eusèbe et de saint Clément, et on se convaincra combien il est facile de multiplier ces comparaisons. Est-il si surprenant que les mêmes objets, et des objets connus et familiers, se trouvent désignés par les mêmes termes, par des métaphores analogues, à la fois dans les Écritures et dans les livres profanes ? Quelle impossibilité que la raison humaine, capable de vertu et de sagesse, ait en se développant conçu des vérités que le christianisme a consacrées ? Si on refuse à l'esprit humain la faculté de trouver par lui-même les vérités du sens commun et de la morale, comment supposer qu'en les empruntant il ait pu les comprendre ?

Ce n'était pas d'ailleurs dans ces généralités, trésor de sagesse où l'humanité a puisé de tout temps, qu'il fallait chercher matière à un parallèle entre Sénèque et saint Paul. De telles preuves ne sauraient être concluantes. Sur quoi, en effet, doit porter le débat ? Sur ces maximes élevées et généreuses que toute l'antiquité n'a pas connues, ou qu'elle a découvertes assez tard et imparfaitement pratiquées ; sur cette partie épurée de la morale qui atteste les derniers progrès de la raison, et qui commençait à convertir les âmes d'élite, lorsque le christianisme surprit l'esprit humain dans ce travail et, se substituant ou s'alliant à la philosophie, acheva la révolution des consciences. Sénèque s'est-il uniquement inspiré des idées récemment émises par ses devanciers les plus illustres, et déjà familières aux écoles philosophiques de son temps ? ou bien s'est-il élevé au-dessus de son siècle et de ses prédécesseurs, grâce à des secours étrangers à la philosophie ? Là est le vrai point de la question.

 

 

 



[1] On trouvera les rapprochements essayés entre Sénèque et saint Paul dans Schœll (Litt. rom., II), M. Durozoir (Sénèque Panckoucke), t. VII ; M. Greppo (trois Mémoires), Th. Morell (Épit. à Lucil. trad. en anglais), et dans M. Fleury, t. I, p. 23-125.

[2] I, 19, 20, 21.

[3] De vit. beata, 7. — Ép. 67.

[4] 1er Discours. Nous citerons particulièrement, comme se rapprochant assez des expressions de Sénèque, ces vers d'Horace :

Virtus, repulsre nescia sordidæ

Intaminatis fulget honoribus ;

Nec survit aut ponit secures

Arbitrio popularis auræ ; (Od. 2, l. III.)

et ces vers de Ménandre : «Dans la vie, il n'est rien de supérieur à la sagesse... celui qui la possède est magistrat, général, chef du peuple, tribun : le sage est maître de tout. Fragments de Ménandre, éd. Didot, p.25.

[5] Ép. XLII. Tanquam phœnix semel anno quingentesimo nascitur.

[6] Saint Matthieu, XXII, 14.

[7] Phédon, trad. de M. Cousin, p. 211. — Stobée (préf. de Grotius).

[8] Protagoras, ibid., p. 80-86.

[9] Ép. LXXIII. — Ép. XXXVIII.

[10] Rapprocher du passage de Sénèque, Cicéron, Tusc., III, 1. — Perse, S. V, 62. — Horace, Ép. I, 40.

[11] Horace se sert d'une autre métaphore pour exprimer la même idée : Introrsum turpem, speciosum pelle decora, (Ép. I, 17, 45.)

[12] Cicéron, Cato major. — De off., I. — Tusc., l. II. — Diog. Laërte (Antisthène).

[13] Ép., l. X, p. 265, trad. de M. Cousin.

[14] La Vulgate, œuvre de saint Jérôme, est, comme on sait, la reproduction épurée d'une traduction ancienne des livres saints, et spécialement du Nouveau Testament, en latin. Cette traduction primitive s'appelle la version italique. A quelle époque remonte-t-elle ? On ne le sait pas précisément. Cette incertitude permet donc de lui assigner une date très-ancienne, lorsqu'on a intérêt à le faire. Mais, si ancienne qu'on la suppose, elle ne peut pas avoir précédé l'original ; or, cela serait presque nécessaire pour qu'elle ait pu servir de modèle à Sénèque. Le bon sens indique d'ailleurs qu'un certain nombre d'années a dû s'écouler entre la publication des Évangiles et des Épîtres et leur traduction. En effet, puisque les livres sacrés furent composés soit en hébreu, soit en grec ; apparemment il y avait urgence à les traduire eu latin ; sinon, quelques.mns du moins eussent été écrits en cette langue par les apôtres. Or, même l'Épître aux Romains fut écrite eu grec. — On n'a donc pas le droit, en comparant Sénèque et saint Paul, de citer la Vulgate, qui pas plus que la version italique n'existait à cette époque : il faudrait citer le texte grec. C'est une licence que prennent les partisans du christianisme de Sénèque, et nous ne croyons pas nécessaire de leur chercher querelle à ce sujet. Cette concession est de nulle conséquence.

[15] Qu'on se rappelle les expressions si connues des poètes grecs : Nous ne sommes sur la terre que des ombres. (Sophocle, Ajax.) — L'homme est un souffle et une ombre, l'ombre d'une fumée. (Eschyle.)

[16] Ch. II.

[17] III, 19. — Ménandre : La terre, qui enfante tout, reprend tout. — Simonide : La vie est courte, et l'homme va bientôt s'enfermer sous la terre.

[18] Abstulit, sed dedit. Ép. 63.

[19] Édit. Didot. Page 61.

[20] Voyez Stobée, Flor., t. CXIII. — On lit dans les Controverses de Sénèque le rhéteur : Ludit de suis fortuna muneribus, et quæ dedit aufert, et quæ abstulit reddit. (Excerpt., V. 2.)

[21] Ép. CVIII. Veniunt ut audiant, non ut discant.

[22] Cicéron : Philosophiæ quidem præcepta noscenda, vivendum autem civiliter. (Ad Marcum fil.) — C'est la morale de Philinte.

[23] Sénèque, De ira, I, 14. — II, 27, 26. — De clem., I, 7. — Controv., 11, 12. — IV, 25. — Horace, Sat. l. 1, 3, — Catulle, Carm., XXII. — Phèdre, IV, F. x. — Juste Lipse, Manud., III, 20.

[24] Ép. CVIII, XXXI, LXXXII, LXXXIII, CXVIII. — De vita beata, ch. XXIV, XXV. — J. Lipse, Manud., II, 24.

[25] De tranq. animi, VIII. — Ép. CVIII. — Horace, Sat., l. I, s. 1. — Sénèque, Ép. XXV, CX, XVII, LXXIV.

[26] Apologie de Socrate, Éd. de M. Cousin.

[27] Stobée, Florileg. Préface de Grotius. — Saint Math., XIX, 24. — Origène, Contre Celse, VI, 16. — Sénèque, Ép. XX. — On trouve dans Zénon une pensée analogue au fameux verset : Beati pauperes spiritu. Il répétait souvent, nous apprend Diogène, ces vers d'Euripide : Il avait de grandes richesses, mais il ne s'enorgueillissait pas de son bonheur, et il n'avait pas des sentiments plus hauts que s'il eut été pauvre. (Diog. Laërte, l. VII, 2.) — Comparez Ménandre : Ô trois fois malheureux ceux qui pensent fièrement d'eux-mêmes ! Ils ne connaissent guère la nature humaine. — Autre similitude. On lit dans Cicéron : Quæ domus tam stabilis, quæ tam firma civitas est, quæ non odiis atque dissidiis funditus everti possit ? N'est-ce pas la sentence évangélique : Tout royaume divisé contre lui-même sera dévoré, toute ville, toute maison divisée tombera ? (Saint Mathieu, XII.)

[28] Diogène Laërte. — La folie de Cléanthe était proclamée en plein théâtre.