§ 1. Étude sur les principaux textes historiques relatifs au développement du domaine géographique de la race celtique avant la décadence de la puissance militaire de cette race au IIIe s. av. J.-C.Si l’on s’en rapporte à l’ouvrage si connu qui est le
principal titre littéraire d’Amédée Thierry, les populations celtiques de La plus ancienne mention de la race celtique que nous
trouvions chez les auteurs de l’antiquité date de l’an 500 ou environ avant
notre ère ; elle est par conséquent postérieure de onze siècles à la date à laquelle
Amédée Thierry fait commencer son récit. L’auteur de cette mention est
Hécatée de Milet. Hécatée de Milet est célèbre par le conseil qu’il donna à ses
compatriotes de ne pas faire la guerre au roi des Perses[1]. C’était en l’année
500 avant notre ère. Pendant les années précédentes, de l’an 513 à l’an 501
environ, il avait parcouru la plus grande partie du monde connu des anciens ;
il résuma dans un ouvrage, aujourd’hui perdu, mais dont on nous a conservé
des fragments, les notions qu’il avait acquises dans ses savantes pérégrinations.
Cet ouvrage était intitulé Περίοδος
γής qu’on peut traduire Voyage autour du Monde.
Il paraît avoir été écrit entre les années 506 et 478 avant notre ère[2]. Dans les débris
qui nous en sont restés, il est question deux fois des Celtes. Le plus
important de ces passages nous apprend que Marseille est une ville de C’est probablement la monarchie qui donna aux Celtes l’unité
militaire que Parmi les faits importants qui ont signalé le début de
cette décadence, un des moins connus est la révolte des Germains. La
domination gauloise en Germanie, pendant la période où la race celtique
exerça la plus grande puissance sur le continent, c’est-à-dire pendant le IVe siècle avant
notre ère, ne peut être contestée ; elle explique la confusion faits jusqu’à
César entre les Gaulois et les Germains par les auteurs grecs et romains ;
elle fait comprendre le maintien traditionnel de cette confusion chez
plusieurs écrivains, conservateurs d’habitudes devenues classiques, et qui
refusaient d’admettre dans leur langue l’expression des découvertes
ethnographiques dues au génie administratif des Romains. On sait que les
Grecs se sont servis exclusivement du mot Κελτός,
Celte, pour désigner la race celtique jusqu’à l’invasion qui commença en l’année
281. De cette invasion date le mot Γαλάτης,
Galate, dès lors synonyme du substantif Κελτός,
Celte, et que les écrivains grecs emploient concurremment avec lui pour
exprimer la même idée. Or, pour Diodore de Sicile, qui écrit comme on le sait
peu après la mort de César, les Germains, vaincus par César dans son
expédition au delà du Rhin, en l’année 55, sont des Galates[15]. Non seulement
Dion Cassius donne le nom de Κελτός,
Celte, aux Gaulois cisalpins, en guerre avec les Romains au IVe siècle avant
notre ère[16],
mais il l’attribue systématiquement aux populations qu’avec César nous
appelons germaniques et qui interviennent dans son récit à partir de l’an 55
avant notre ère. Les Tenctères et les Usipètes, Germains, comme nous le
savons, sont suivant lui des peuples celtiques, et le Rhin sépare de C’est que, si la race germanique est ancienne, si elle remonte à la même antiquité que les autres grandes familles de souche indo-européenne, comme les Grecs ou les Celtes, son indépendance, au il, siècle avant notre ère, était un phénomène relativement nouveau, accompli depuis les grands travaux historiques et géographiques des Grecs du Ve et du IVe siècle, depuis la dislocation de ce vaste empire celtique qui, suivant Ephore, contemporain d’Alexandre le Grand, constitue une des quatre grandes sections du monde barbare, vis-à-vis l’Inde, entre l’Ethiopie et la Scythie[24]. Ce fut probablement au IIIe siècle que les Germains secouèrent le
joug ; mais les Gaulois ou Celtes occupèrent longtemps encore une portion
notable des contrées qui depuis se sont appelées Germanie, et qui sont
situées au nord du haut Danube, à l’est du Rhin. Quand Tacite écrivit sa Germania,
à la fin du Ier
siècle de notre ère, on conservait encore la mémoire d’un temps où les
Helvètes habitaient entre le Rhin au sud-ouest et le Main au nord, c’est-à-dire
dans le grand-duché de Bade, le Wurtemberg et une partie de § 2. La domination celtique en Germanie attestée par les noms géographiques gaulois qui persistent en Germanie au IIe siècle de notre ère.Les monuments de la domination gauloise en Germanie sont
de deux sortes : les uns appartiennent à la nomenclature géographique la plus
ancienne de cette contrée, telle que nous la fait connaître principalement
Ptolémée, dans la première moitié du IIe siècle de notre ère ; les autres consistent en certains
mots du vocabulaire des langues germaniques. Nous commencerons par la
nomenclature géographique. Il n’y a pas à insister beaucoup sur les noms celtiques
ou gaulois, par exemple : 1e de la grande chaîne de montagnes
qui forme d’abord entre 3. Les lois grammaticales du celtique établissent qu’il est proche parent du latin et parent fort éloigné du germanique.La seule partie de Pour bien comprendre ce que nous voulons dire, il faut d’abord considérer les faits qui établissent l’intime parenté du celtique avec le latin, et qui séparent le celtique du germanique. Ces faits consistent dans certaines lois grammaticales que le celtique possède en commun, tantôt avec le latin et avec d’autres langues, tantôt avec le latin seul, et auxquelles les langues germaniques opposent des lois différentes, tandis que, entre le vocabulaire germanique et le vocabulaire celtique, il y a de curieuses analogies : le celtique et le germanique ont emprunté l’un à l’autre un certain nombre de mots que leurs vocabulaires possèdent en commun et qu’on ne trouve pas dans les autres langues indo-européennes. Le celtique et le latin, d’une part, le germanique, de l’autre, se rattachent à une souche commune, qui est l’indo-européen. Mais le celtique et le latin ont entre eux une parenté plus proche que n’est leur parenté avec le germanique. Premièrement., l’observation de divers faits grammaticaux nous montre les langues indo-européennes divisées en deux groupes dont la composition varie, mais le celtique est presque toujours dans un groupe différent du groupe où nous rencontrons le germanique. Ainsi, à partir de leur séparation du tronc commun, les langues indo-européennes d’Europe ont été atteintes, si l’on nous permet cette expression, d’une sorte de maladie ou d’affection dialectale dont l’effet a été d’étendre au nominatif pluriel des thèmes nominaux en -o- la désinence caractéristique des pronoms. La désinence primitive pour ce cas, lorsqu’il s’agissait de thèmes nominaux en -o-, était -ôs par o long. Les pronoms substituaient à cette désinence -oi. La déviation européenne à cette loi a consisté à terminer en -oi le nominatif pluriel des thèmes nominaux en o-. On dit en lituanien vilcai, des loups, en vieux slave ce mot est vluci, pour un plus ancien vlucoi, en grec λύxοι ; le latin archaïque poploe, plus tard populi, s’explique par un primitif poploi[53] : en gaulois archaïque, on trouve knoi, les fils[54], nom. pl. de cnos, et cette désinence gauloise oi- a eu le même sort que la désinence correspondante du latin, elle s’est changée en -i final. Cet -i est devenu interne au moyen âge : en irlandais maie, les fils, = maqui ; en gallois gwyr, les hommes, = viri, pluriel de gwr, homme[55]. Le germanique a échappé à cette affection dialectale. Il conserve s final au nominatif pluriel des thèmes nominaux en o- ; en même temps, il a une tendance à remplacer par un à long l’ô long primitif de cette désinence. On sait que cette tendance a triomphé en sanscrit, où l’on dit par exemple açvâs, les chevaux, pour ekvös. En gothique -ôs persiste : fiskôs, des poissons ; en vieux saxon, on prononce -ôs et -âs, fiskôs, fiskâs ; ailleurs, l’a domine exclusivement, fiscăs en anglo-saxon, fiskăr avec r = s en vieux scandinave, l’a est devenu bref dans ces deux langues ; il est resté long dans le vieux haut allemand, qui a perdu l’s final, viskâ. Ce sont la des nuances dialectales propres au germanique, et toutes s’expliquent par une désinence primitive en -ôs, qui est indo-européenne, et à laquelle d’autres langues, parmi lesquelles le celtique, ont substitué la désinence pronominale -oi. Une partie des langues indo-européennes d’Europe nous offrent une autre affection dialectale. Elle consiste à distinguer l’adjectif du nom en combinant l’adjectif avec un pronom. Le thème de l’adjectif forme le premier terme d’un composé asyntactique dont le second terme est un pronom. Cet usage est propre au germanique et au slave. Il n’est connu ni en grec, ni en latin, ni en celtique. Ce n’est pas ici le lieu d’approfondir ce point de grammaire[56]. Nous nous bornerons à appeler l’attention de notre lecteur sur la désinence du datif singulier de l’adjectif germanique. En gothique, blinds, aveugle, fait au datif singulier blindamma ; en vieil allemand plinter, qui a le même sens, fait au datif singulier plintemu, qui est devenu en allemand moderne blindera. La désinence -mata, -mu, -m est identique à celle du pronom qui veut dire celui-ci ou celui-là, et dont le datif est en gothique thamma, en vieux haut allemand demu, en allemand moderne dem. De même, en vieux slave, le thème dobru, bon, nous offre le datif singulier dobruumu. Ce datif n’est indo-européen que lorsqu’il s’agit des pronoms ; au gothique thamma, comparez le correspondant sanscrit ta-smai. Dans ta-smai, il y a deux éléments pronominaux : ta est le premier, sma est le second, i est la désinence casuelle. Non seulement le grec et le latin n’ont pas étendu à la déclinaison des adjectifs l’emploi du pronom annexe -sma, mais ils l’ont fait disparaître de la déclinaison pronominale ; comparez à l’allemand dem et au sanscrit tasmai, le grec τώ et le latin ti dans is-ti. La même loi s’étend au celtique, la déclinaison de l’article irlandais l’établit, son datif singulier masculin a été primitivement sin-du, composé dont le second terme = τώ. L’étude du datif pluriel de la déclinaison nominale nous offre un autre exemple d’un groupement analogue des langues indo-européennes. Au datif pluriel, le vieux slave, le lituanien et le germanique s’accordent pour caractériser ce cas par une désinence dont l’in est la consonne caractéristique, aux loups se dit en vieux slave vlucomu, en lituanien vilkams, en gothique vulfam ; l’m final du gothique se retrouve en vieux haut allemand, en anglo-saxon, en vieux frison, en vieux scandinave ; le vieux saxon l’a remplacé par un n[57]. Le celtique, comme les autres langues indo-européennes d’Europe et d’Asie, ignore cette façon de former le datif. Enfin le germanique s’est créé une place à part au milieu des langues indo-européennes par l’excessive pauvreté de sa conjugaison, qui ne tonnait que trois temps : le présent et deux temps passés, qui a perdu notamment l’imparfait ou présent secondaire, le futur et l’aoriste sigmatique, et qui n’a pas eu la force de réparer ces pertes à l’aide de temps composés nouveaux, son prétérit dental excepté. Les phénomènes dialectaux, dont nous avons parlé jusqu’ici, nous montrent le germanique placé dans des groupes différents de ceux auxquels le celtique appartient. Ici le germanique tient une place a part et forme à lui seul un groupe distingué par la pauvreté de sa conjugaison, tandis que le celtique partage la richesse commune. Prenons comme exemple le futur sigmatique. Il est indo-européen ; il est commun au sanscrit, au zend, au grec, au latin archaïque, au vieil irlandais, au vieux slave et au lituanien. Nous nous bornerons à citer le grec στείξω de στείχω ; le vieil irlandais tiasu de tiagu, je vais, le latin archaïque faxo, je ferai. Il n’y en a pas trace dans le germanique. Tel a été aussi le sort de l’aoriste sigmatique que possèdent le sanscrit, le zend, le grec, le vieux slave et le latin. Nous citerons le grec όλεξα, le latin sumpsi, l’irlandais ro-gabus pour ro-gabsu, j’ai pris, le germanique a également perdu ce temps. Les faits que nous avons observés jusqu’ici nous montrent le celtique placé dans des groupes auxquels le germanique n’appartient pas ; mais en général il ne résulte pas de ces faits que le celtique soit plus prochainement apparenté avec aucune des langues avec lesquelles nous le voyons s’accorder. En effet, lorsqu’on passe d’un phénomène à l’autre, le groupement diffère. S’agit-il du nominatif pluriel, le premier groupe comprend le sanscrit, le zend et le germanique, celui-là conserve la tradition ; le second groupe, le groupe novateur, comprend le grec, le latin, le celtique, le slave et le lituanien. Passons à la déclinaison des adjectifs. Le premier groupe, celui qui garde la tradition, comprend le sanscrit, le zend, le grec, le latin, le celtique ; le second groupe, celui qui rompt avec la tradition, renferme le germanique, le lituanien et le slave. Le datif pluriel en -m est-il un cas ancien ou une création nouvelle ? Nous l’ignorons, mais son étude nous offre le même groupement que l’étude de la déclinaison des adjectifs. Le germanique, toujours opposé au celtique, a pour associés dans ces deux derniers phénomènes dialectaux le slave et le lituanien, qui l’ont abandonné quand il s’agissait du premier. Enfin, aucune des vieilles langues de l’Europe ne partage la pauvreté de la conjugaison germanique, et le celtique est sur ce point une de celles dont la richesse présente le contraste le plus frappant avec la pauvreté germanique. Le latin est, de toutes les langues indo-européennes, celle qui offre avec le celtique le plus de similitude. Ces deux langues ont des lois morphologiques communes, et qui sont étrangères aux autres langues indo-européennes. Ainsi le passif et le déponent en r sont une formation propre au celtique et au latin[58] et dans les deux langues elle présente cette particularité que la seconde personne du pluriel lui manque ; le latin la remplace par un participe, legimini[59], le vieil irlandais lui substitue la personne correspondante de l’actif quand il s’agit d’un verbe déponent, et recourt à une périphrase quand c’est du passif qu’il est question. Le celtique et le latin s’accordent pour tirer d’un certain nombre de racines verbales des dérivés en -tio qui servent d’infinitifs à la fois en vieil irlandais et dans le vieux latin qu’écrivait encore Plaute ; le suffixe -tio, prononcé en vieil irlandais -tiu et qui a un n aux cas indirects, est inconnu aux autres langues indo-européennes, qui ne possèdent que les suffixes -ti et -tia, dont le suffixe -tio, -tiu est dérivé[60]. Le latin et le celtique s’accordent aussi pour donner à leurs verbes dérivés un futur en -bo qu’aucune autre langue ne connaît, et le seul point sur lequel ici le latin se distingue du celtique consiste dans le développement qu’il a donné à cette création nouvelle en lui attribuant un passé en -barn, son imparfait, inconnu au celtique. La ressemblance du latin et du celtique s’étend à deux curieux détails de prononciation. Ainsi, les deux langues remplacent par une voyelle brève la longue qui précède la nasale finale du génitif pluriel, en sanscrit -âm, en gothique -ê pour *-ên, en grec ων, mais en latin -ŭm pour ŏm, en celtique *-ŏn[61]. De même, le latin et le celtique s’accordent pour assimiler la première consonne explosive à la seconde, dans le nom de nombre indo-européen *penque, cinq, et dans la racine indo-européenne *pequ, cuire. A une époque reculée, les Latins et les Celtes semblent n’avoir formé qu’un seul peuple, chez qui *penque, cinq, est devenu quenque, et pequ, cuire, s’est changé en quequ. Puis ces mots ont donné dans le latin classique quinque, cinq, et -coquere = *quoquese, cuire. Pendant ce temps, le celtique subissait la révolution phonétique qui lui a enlevé sans exception tout p initial[62]. C’était au plus tard au IVe siècle avant notre ère[63]. Si la consonne initiale de l’indo-européen primitif, *penque et *pequ, a pu persister en celtique malgré cette révolution phonétique, c’est qu’antérieurement à cette révolution, il s’était changé en qu dans la prononciation celtique comme dans la prononciation latine. La gutturale initiale celto-latine persiste dans le vieil irlandais coie, cinq, comme dans le vieil irlandais cucann, boulangerie, si ce mot n’est pas emprunté au latin. Par un phénomène singulier, certaines langues celtiques, chez qui une loi nouvelle change en p le q indo-européen, ont rétabli un p initial dans le nom de nombre et dans la racine verbale dont nous parlons ; on dit en breton de France pemp, cinq, et poaz, cuit, mais ce p initial = qu a beau avoir le même son que le p indo-européen, il n’est pas étymologiquement la même lettre. Son histoire nous fait remonter à l’époque reculée oit les Celtes et les Latins ne formaient qu’un peuple et parlaient la même langue, et des Latins ici il ne faut pas séparer les Ombriens et les Osques, leurs frères cadets. Des phénomènes morphologiques et phonétiques dont nous venons de parler, on peut rapprocher une loi de la syntaxe. Le celtique et le latin s’accordent pour employer, avec valeur de génitif, le locatif singulier des thèmes masculins en o-. Le latin viri, de l’homme, le vieil irlandais fir = *viri sont tous deux un locatif qui a supplanté, dans ces deux langues, le génitif indo-européen ; la désinence de celui-ci est -*osyo, en grec -οιο, puis ου, en sanscrit -asya, en gothique is = *asya-. Il y a donc entre le celtique et le latin une étroite intimité. On remarquera que sur tous les points que nous venons de traiter ces deux langues se séparent du grec. Ainsi le grec n’a ni le passif, ni le déponent en r, ni le suffixe -tio, ni le futur en -bo ; il conserve la voyelle longue du génitif pluriel -ων, le p initial du nom de nombre, qui veut dire cinq, et de la racine, qui veut dire cuire[64]. Il y a cependant un phénomène morphologique commun au grec, au latin et au celtique et qui est inconnu ailleurs ; c’est la suppression du pronom annexe -sma dans les désinences pronominales. Nous avons déjà signalé la présence de ce pronom annexe dans le datif sanscrit d’un pronom démonstratif, ta-smai, en gothique thamma, il est supprimé dans le grec τώ, dans le latin is-ti, dans l’irlandais préhistorique sin-du. Voici une loi phonétique commune aux trois langues. Le grec, le latin, le celtique s’accordent pour traiter d’une façon identique la syllabe nasale initiale de όμφαλός, en latin umbilicus, en vieil irlandais imbliu, nombril, et de δνυξ, en latin unguis, en vieil irlandais inga, ongle ; ces trois langues mettent la voyelle avant la nasale, tandis que partout ailleurs la nasale précède la voyelle : nombril se dit en sanscrit nabhis, en allemand napel, en vieux prussien (langue du rameau slave) nabis[65] ; le mot qui veut dire ongle est en sanscrit nakhas, en allemand napel, en vieux slave noguti[66]. Cela n’empêche pas le celtique d’être beaucoup plus proche parent du latin que du grec[67] et cela confirme ce que nous avons dit plus haut des différences considérables qui séparent le celtique du germanique. § 4. Le germanique et le celtique possèdent en commun un certain nombre d’expressions dont plusieurs sont certainement d’origine celtique et qui rappellent l’époque oie les Germains vivaient sous la domination des Celtes ou Gaulois.Malgré ces différences, le celtique et le germanique ont en commun plusieurs mots dont nous allons parler, et la présence de ces mots dans les deux langues ne peut s’expliquer que par un emprunt. La plupart concernent soit l’organisation sociale, soit la guerre. Parlons d’abord de la première de ces deux catégories. Le sanscrit possède, comme second terme de composé, un thème râj-, primitivement râg-, qui, hors de la composition, prend un suffixe, râjâ, roi. Inconnu au grec, ce thème, prononcé rêg- en latin, joue, dans le vocabulaire politique de cette langue et des langues qui en dérivent, un rôle considérable ; ainsi le latin rêx, rêgis, est devenu roi en français. L’â du sanscrit, qui devient ê en latin, se prononce ordinairement î en celtique ; par conséquent, le thème râj- du sanscrit, le thème rêg- du latin ont pour équivalent en celtique rig. Ainsi, roi se disait en celtique rix, au génitif rigos. Ce mot, dans les langues germaniques, offre la même voyelle qu’en celtique. On écrit en gothique reik-s, prononcez rîk-s, roi. Les Francs ont formé avec ce mot le second terme de leurs composés latinisés, Childe-ricus, roi du combat, Theude-ricus, roi du peuple, en français Thier-ry. Les Allemands en ont fait leur dérivé rîchi, royaume, royauté, quand il est employé substantivement, puissant, glorieux, quand il est employé adjectivement ; aujourd’hui reich dans les deux sens. Le français riche en est une variante ; ce mot français est d’origine germanique. Mous l’avons emprunté à la langue des Germains à une époque où, par l’effet de la conquête barbare, la puissance politique passée entre les mains des Francs avait mis à leur disposition chez nous toutes les fortunes comme toutes les vies. A une période plus reculée, probablement environ huit siècles plus tôt, les Germains l’avaient emprunté aux Celtes, alors leurs maîtres. Si, chez les Germains, il était d’origine indo-européenne, sa voyelle radicale serait un ê en gothique, un à en allemand, c’est l’équivalent de l’â sanscrit représenté par ê en latin. Exemple en sanscrit, mûs, mâsas, mois, en latin mensis, en gothique mênôths, en vieux haut allemand mândt, mais en vieil irlandais mî, et en breton miz. De la racine indo-européenne sâ, semer, sont venus en latin se-men, en gothique sêths, en vieil allemand sût, aujourd’hui saat, et sâmo, aujourd’hui same, mais en vieil irlandais sîl, semence. Les langues indo-européennes ont une racine dhâ, allaiter et sucer, d’où en sanscrit dhâ-trî, nourrice, mère, en latin fê-mina, dont l’f tient lieu d’un d aspiré et qui est un ancien participe présent moyen, en vieil allemand tâ-an, téter, donner à téter, mais en vieil irlandais dî-nu, celui qui tette, c’est-à-dire l’agneau. Ainsi, le mot germanique rîk-s, roi, a été emprunté au celtique[68]. Si en germanique il remontait à la période de l’unité indo-européenne, sa voyelle serait non i, mais ê ou â, suivant les dialectes. Il date de l’époque où les Germains, placés sous la domination gauloise, n’avaient pas d’autres souverains que les chefs, rïgĕs, des Gaulois. C’était au IVe siècle avant notre ère. Des deux mots qui, joints à ethnique deutsch, expriment la notion de la plus grande puissance politique qui existe aujourd’hui dans l’Europe centrale, Kaiser, empereur, et Reich, empire, l’un doit son origine à la tradition historique de Rome, dont les souvenirs sont partout conservés par les monuments de la littérature et des arts, l’autre est emprunté à la langue politique de ces conquérants gaulois dont tout le monde a oublié la puissance, détruite depuis si longtemps[69]. Les langues germaniques n’offraient pas d’expression pour rendre la grande idée que ces deux mots expriment et dont le type a été donné à l’Europe occidentale par les monarques gaulois du IVe siècle avant J.-C., par les empereurs romains des quatre premiers siècles de l’ère chrétienne. L’allemand moderne amt, fonction, charge, emploi, tient lieu d’un mot vieux haut allemand, ambahti, dérivé lui-même de ambaht, serviteur, fonctionnaire. Les Francs possédaient ce dernier mot sous l’empire romain : suivant les lois de leur langue, ils devaient le prononcer *ambacthas. Delà le surnom Ambacthius d’un certain Januarinius dans une inscription romaine de la Zélande[70]. La langue franque avait aussi un dérivé correspondant à l’allemand ambahti ; ce dérivé était *ambacthia, il devient dans le bas latin de la loi salique ambaxia et ambascia[71]. On en tira le verbe dénominatif ambasciare, puis enfin le substantif ambasciator, d’où le français ambassadeur, nom du plus élevé des fonctionnaires dans les relations avec l’étranger. Le vieil allemand ambaht, le franc *ambacthas, auquel ce nom remonte, sont d’origine celtique. On le sait par Ennius, mort l’an 169 av. J.-C.[72] Ambactos était le nom donné par les chefs gaulois aux gens de condition inférieure dont ils s’entouraient. On y reconnaît deux éléments : le préfixe arrabi, autour, et le participe passé passif d’une racine ag, faire marcher, qui appartient au celtique comme à d’autres langues indo-européennes[73]. César semble avoir connu cette étymologie quand il dit que plus est haute la naissance et plus est grande la fortune d’un chef gaulois, plus il a d’ambacti et de clients autour de lui, circum se[74]. Circum est la traduction d’ambi[75]. Quand les chefs gaulois, soumis à la domination romaine, abandonnèrent leur vie guerrière, leurs ambacti, autrefois compagnons de leurs combats, se transformèrent en laboureurs. Laboureur est le sens de ce mot dans sa forme moderne, en gallois amaeth = ambactos, au pluriel emeith = ambacti[76]. Malgré sa destinée modeste, ce mot gallois, identique au nom celtique des clients qui entouraient le chef gaulois, nous fait remonter à l’origine et du mot allemand amt, titre de la puissante bureaucratie allemande, et du mot français ambassadeur. A l’époque de la domination celtique, les chefs gaulois ont eu parmi leurs ambacti des Germains ; peut-être quelques Germains ont-ils à ce titre marché dans les rangs des Gaulois qui se sont emparés de Rome au IVe siècle avant notre ère, de Delphes au IIIe. Ayant pris l’habitude de ce titre sous la domination gauloise, les Germains l’ont conservé après leur affranchissement, sans se rappeler qu’il était un monument de leur servitude passée. Le vieil irlandais possède un substantif fiadnisse, témoignage. Il existait déjà à l’époque où la prédication chrétienne introduisit l’évangile en Irlande. Il fut l’expression reçue pour rendre le latin testamentum, dans la formule consacrée Nouveau Testament. C’est un dérivé de fiadan, témoin, lequel dérive lui-même de fad, devant, en présence de. Ce mot a pénétré dans les langues germaniques, l’anglais witness, témoin, n’y est pas isolé ; on trouve en vieux haut allemand le composé gi-wiznessi. L’allemand moderne erbe, en vieux haut allemand et en vieux saxon erbi, en gothique arbi, héritage, n’a pas d’explication dans les langues germaniques. Mais le vieil irlandais a un mot identique, orpe ou arbe, composé du préfixe celtique bien connu or ou ar et d’un thème be qu’on trouve aussi dans tor-be, profit ; di-ba pour di-be, succession ; comparez aussi le verbe er-pim pour er-bim, je confie. Ainsi, les deux termes de droit, dont la forme irlandaise est fadnisse et orpe ou arbe, ont pénétré du celtique dans le germanique comme les mots gaulois rix et ambactos. Voici d’autres termes de droit communs aux deux langues, sans qu’on puisse établir rigoureusement que les Germains les aient empruntés aux Celtes, mais cet emprunt est vraisemblable. Serment se dit en allemand eid, en anglais oath ; le plus ancien exemple connu de ce mot est le gothique aith-s. On doit supposer un primitif *oito-s. On le retrouve dans l’irlandais oeth[77]. Le celtique et le germanique sont les seules langues qui nous offrent l’exemple de ce mot. Bann, en allemand moderne, plus anciennement par abus ban, qui est l’orthographe anglaise, mais en anglo-saxon bann = band, veut dire prescription, défense. On retrouve ce mot dans le second terme du composé irlandais for-banda[78] ou for-bandi[79]. Ce composé, qui est un accusatif pluriel, signifie prescriptions, ordres[80]. Il a pénétré en français sous la forme ban, en italien bando, d’où le verbe italien bandire, qui conserve le d de l’irlandais for-banda, for-bandi, ce qui n’empêche pas le mot d’être d’origine germanique dans les langues romanes. Mais, en germanique, il est fort probable qu’il est d’origine celtique[81]. L’allemand moderne geisel, otage, plus anciennement gîsal, suppose un primitif *geisala-s identique au vieil irlandais gîal, qui a le même sens. Le gothique dulgs, en vieil allemand tole, thème dulga-, et plus anciennement *dlga-, signifie à la fois blessure et dommages-intérêts dus pour une blessure, dette par conséquent. L’antiquité de ce nom dans les langues germaniques est prouvée par le nom du peuple Dulgubii chez Tacite. Il est commun au germanique et au celtique. Dans les langues celtiques, le thème *dlga- est devenu régulièrement *dligo-, d’où le vieil irlandais dligim, j’ai droit à, et le breton dle, dette. Dans les langues slaves, ce mot parait d’origine germanique[82]. Mogu-s en gothique veut dire non seulement enfant, mais aussi esclave ; comparez le latin puer. Il a un dérivé, magula, petit enfant. On dit au féminin mavi et mavilo. Magus est identique au vieil irlandais mug = *mogu-s, esclave. La formation du breton mevell = *moguillo-s, valet, est presque la même que celle du gothique magula. Jeune fille se dit en gothique magath-s ; le cornique matheid et le breton matez, servante, sont tirés de la même racine par un procédé de dérivation analogue sans être identique. Le mot skalk-s en gothique, scale en vieux saxon et en vieil allemand, sceale en anglo-saxon, skalk-r en vieux scandinave signifie domestique, serviteur. En allemand moderne, il se prononce schalk et veut dire fripon. Ce mot a pénétré en français dans les composés séné-chal, maré-chal, dont le sens est, pour le premier, domestique en chef, pour le second, domestique attaché aux chevaux, palefrenier. Sous l’influence de la féodalité, ces mots, qui désignaient d’abord des fonctions infimes, se sont élevés en dignité, tandis que le mot allemand, par un sort différent, se prend en mauvaise part. Dans skalk-s, thème skalka-, ka paraît être un suffixe ; comparez la gutturale du mot fol-k, peuple, dérivé comme full, pour puln, d’une racine pl qu’on trouve renforcée par la réduplication et suivi du suffixe o dans le latin archaïque po-plo-s, plus tard po-pulus. Au thème germanique skalko-
correspond en celtique un thème scalo-, au
féminin scalâ, dans lequel le suffixe est -o, -â,
au lieu de ho. Le sens le plus
ancien de ce mot est domestique. Nous
le trouvons dans les gloses du saint Paul de Wurzbourg conservées par un
manuscrit du IXe
siècle, qui est probablement la copie d’un manuscrit plus ancien. Dans Le gothique thaurp, champ cultivé, en allemand dorf, village, suppose un primitif trbo-n qui, suivant les lois ordinaires de la phonétique, a fourni au vieux breton le mot treb, aujourd’hui trev, village, et au vieil irlandais le thème trebo-, d’où le verbe dérivé irlandais trebaim, j’habite et je cultive, cf. A-TREBA-tes. On reconnaît aussi ce thème dans le substantif irlandais treb glosé par tech, maison[87]. Land, mot gothique et vieux-saxon, dont l’orthographe en vieil allemand est lant, désigne la terre qui est devenue la propriété de quelqu’un, soit d’un individu, soit d’un être collectif. C’est un des sens du mot irlandais la, génitif lann, qui veut dire terre affectée à un usage déterminé, par exemple dans ith-la, littéralement terre à blé, c’est-à-dire endroit où on bat le blé, aire[88]. Du thème lann, qui apparaît nettement au génitif, est venu le substantif lann, terme consacré en Irlande et en Bretagne pour désigner le sol affecté au culte sous le patronage d’un saint ; exemple : Lampaul, Lanna Pauli[89] ; en gallois, llan veut dire enclos, cour, église de village. Le vieil allemand lâchi, médecin, en gothique lêkei-s, en anglo-saxon laece, s’explique par un thème lêkea-, qui s’est prononcé lêgia- avant la permutation germanique des moyennes en ténues. Ce thème est dérivé d’un plus ancien, lêgi, qui est celui de l’irlandais lîaig, médecin, = *lêgi-s, au génitif lêga ou lêgo = *lêgoy-os[90]. Ces termes, relatifs à l’organisation de la société civile, remontent à l’époque où les Germains habitaient pacifiquement leur patrie, sous la domination celtique. Les mots dont nous avons à parler maintenant sont autant de témoignages attestant qu’à la même époque un certain nombre de Germains, mêlés aux clients qui accompagnaient les chefs gaulois à la guerre, prenaient part à ces nombreuses expéditions qui ont été la terreur de l’Europe méridionale, notamment des Romains, au ive siècle avant notre ère. Le vieil allemand possède un substantif hadu-, combat, que l’on reconnaît dans l’anglo-saxon headhu- ; tous deux n’ont été conservés que par des noms composés : sa forme scandinave est hödh-r, c’est le nom d’un dieu de la guerre. Il est identique au gaulois catu-s, combat[91]. Le vieil allemand bâgen, qui veut dire combattre, quereller, correspond au vieil irlandais bâigiu, je combats, je querelle ; il dérive d’un substantif féminin, bâga, combat, en vieil irlandais bâg, également féminin, thème bâga-. Les Gaulois ont combattu dans des chars, dont le nom était rêda. Au degré de civilisation où vivait alors la race celtique, comme à celui que décrit l’Iliade, l’homme ne monte pas le cheval, il ne fait usage du cheval que comme animal de trait. L’art de diriger les chevaux est inséparable de l’idée de char : Eporêdios, comme nous l’apprend Pline, mot composé de epo-s, cheval, et de rêdio-s, dérivé de rôda, voulait dire en gaulois dompteur de chevaux. Quand l’usage des chars de guerre disparut et que la cavalerie lui succéda, le mot rêdios survécut. En vieux scandinave reid veut dire à la fois char et équitation ; on a en vieil allemand rîtar, aujourd’hui reiter, cavalier, dont ritter, chevalier, est un doublet. L’anglais to ride, aller à cheval, est identique à l’allemand rîtan, reiten, qui signifie d’une manière générale voyager. A côté du mot egos, cheval, identique au sanscrit açvas, au grec ϊππος et au latin equus, formes diverses de l’indo-européen *ek-vo-s, les Gaulois avaient un terme technique pour désigner le cheval de guerre, c’était marco-s ou marca. Les Grecs ont appris à le connaître pendant les guerres, si désastreuses pour eux, où les Gaulois pillèrent le temple de Delphes, 278 avant J.-C.[92] Parmi les cochers qui, assis à la droite du guerrier, conduisaient son char et prenaient soin de ses chevaux, il y avait des domestiques d’origine germanique. Leur nom en gaulois était vraisemblablement *marco-scalos, en germanique, *marka-scalcas ; voilà l’origine du vieux haut-allemand marah, cheval, dont l’antiquité est attestée par la loi des Bavarois et par celle des Alamans ; en vieux scandinave marr, en anglo-saxon mear, dont le féminin subsiste dans l’anglais mare ; de là aussi le vieil allemand marah-scalk et le français maré-chal[93], qui est d’origine germanique ; mais les Germains, qui nous l’ont apporté au Ve siècle de notre ère, l’avaient emprunté aux Gaulois huit ou neuf cents ans plus tôt. Le vieux et moyen allemand gêr,
javelot, qui se retrouve sous la même
forme en vieux saxon, et qui s’écrit au nominatif singulier geir-r, en vieux scandinave, s’explique par un
primitif masculin *gaisa-s. Les Romains le
font neutre, gaesa au nominatif pluriel, et,
chez eux, c’est une arme gauloise. César, dans le récit des événements de l’année
56 avant J.-C., nous montre les Gaulois armés de gaesa
qu’ils lancent contre les Romains[94]. Plus tard, la
même arme fournit à Virgile un des éléments du tableau où il peint les
Gaulois montant à l’assaut du Capitole. Les Gaulois qu’il décrit sont ceux de
son temps : Leurs cheveux sont couleur d’or,
leurs vêtements dorés, leurs manteaux rayés et brillants ; sur leur cou blanc
comme du lait, ils portent des colliers d’or ; dans la main de chacun d’eux
brillent deux gaesa dont les Alpes ont
fourni le bois ; de longs boucliers protègent leurs corps[95]. L’usage de
porter deux gaesa est constaté antérieurement
à Virgile par Varron[96], et, plusieurs
siècles après Virgile et Varron, le souvenir de cette vieille coutume
celtique apparaît encore dans des vers de Claudien[97]. Du nom du gaesum, les Gaulois avaient tiré un verbe dénominatif
signifiant porter le gaesum. Le participe passé
du verbe était gaisatos, armé du gaesum,
dont le vieil irlandais nous offre la variante dialectale gaide = *gaisatios[98]. Les Romains ont
désigné par le nom de Gaesati des soldats
gaulois qui, arrivant du nord-ouest des Alpes, vinrent au secours des Gaulois
cisalpins, l’an 232 avant notre ère[99], et qui reparurent
en 225[100]
et en 222[101].
Les écrivains anciens qui nous parlent de ces événements militaires, c’est-à-dire
Polybe et Orose, reproduisent, en l’abrégeant, le récit de Fabius Pictor. Cet
auteur avait personnellement fait partie de l’armée romaine qui se battit
contre les Gaesati en 225[102]. Plus tard,
sous l’Empire, il y eut des Gaesati[103] ou des Gaesates[104] parmi les
troupes auxiliaires romaines. On les levait dans des pays celtiques, en
Helvétie et en Rhétie[105]. L’antiquité de
leur nom ne se prouve pas seulement par la présence de ce nom chez Fabius
Pictor, qui écrivait vers la fin du IIIe siècle. Elle résulte du nom de Gaisatorios
ou Gaisatorix porté par un roi galate mêlé au
récit de faits militaires qui appartiennent à l’année 182 avant notre ère, et
une partie de L’allemand burg veut dire château.
C’est un thème féminin en i :
le nominatif singulier a été primitivement *brgi-s.
On le retrouve en gothique, en vieux saxon, en anglo-saxon et en vieux
scandinave[108].
C’est le même mot que le gaulois briga = *brga, second terme d’un grand nombre de noms de
lieux composés. Ces mots composés sont surtout fréquents en Espagne. Tels
sont Ceto-briga, près de Lisbonne ; Laco-briga[109], probablement
Lagos dans les Algarves ; nous citerons aussi Eburo-briga
en Gaule, près d’Auxerre, et Arto-briga, sur
la rive gauche du Danube, dans une partie de Le vieux scandinave possède un substantif neutre tûn, enclos, qu’on trouve en vieux saxon avec le même sens, et qui a pris celui de ville en anglais ; en allemand, ce mot se prononce zaun et signifie haie[110] ; c’est le gaulois latinisé dûnum, forteresse, en vieil irlandais, dûn = *dûn-os. Ces deux termes, et notamment burg,
le premier, se rattachent à l’art militaire, dans lequel les Gaulois avaient,
au IVe siècle
avant notre ère, la supériorité sur les Germains. La supériorité était passée
aux Germains quand, pour la première fois, ceux-ci, devenus indépendants, se
trouvèrent en contact avec les Romains ; depuis ils conservèrent toujours
cette supériorité, et une des conséquences en fut l’adoption du mot germanique
baurg[i]-s par les Romains. Ceux-ci l’écrivirent
burgus. On en trouve un dérivé vers la fin du
IIIe siècle dans
le nom de lieu Teuti-burgium, que nous
connaissons par l’Itinéraire d’Antonin et qui se rapporte à une
localité de Nous arrivons maintenant à quelques termes dans lesquels la même civilisation se présente à nous sous divers autres aspects. Tel est l’allemand eisen, fer, prononciation affaiblie d’un substantif neutre îsarna-n, en anglo-saxon isern et en gothique eisarn. Le thème correspondant en celtique est isarno- ou êsarno- ; le premier se retrouve dans le vieil irlandais îarn, le second dans le breton houarn[112]. Ni le latin ni le grec ne connaissent cette expression. L’allemand balg, en gothique balg-s, thème balgi-, en anglo-saxon baelg, veut dire outre, c’est-à-dire sac de peau destiné à conserver des liquides. Or, nous savons, par Festus, que bulga était le nom donné par les Gaulois aux sacs de cuir[113]. Festus écrivait au IIe siècle de notre ère, et l’exactitude de son assertion est confirmée par les manuscrits irlandais qui, à partir du VIIIe siècle, nous offrent le mot bole ou bolg avec le même sens[114]. L’allemand wagen, en vieil allemand wagan, en anglo-saxon vaegn, en vieux scandinave vagn, suppose un primitif *vagno-s[115]. Ce mot diffère à peine de l’irlandais fên = *vegnos. La racine existe dans le latin veho pour *vegho, dans le grec, Ϝόχος, voiture, = vogho-s. Mais le substantif formé avec le suffixe -no- appartient au domaine commun du celtique et du germanique. L’allemand krug, plus anciennement ehruog, en anglo-saxon erdg, vase de terre, thème crôga-, ne peut se séparer du gallois erwe, seau, et de l’irlandais crocann, pot. Le français cruche est probablement d’origine germanique, mais quand, aux vases grossiers fabriqués par le potier primitif, les Germains substituèrent les vases plus élégants que, dans leur langage, le thème crôga- désigna, ce fut probablement des Gaulois plus civilisés qu’ils les reçurent avec le nom. Les Gaulois eurent sur les Germains l’avantage d’un contact immédiat avec le monde grec au ive siècle ; dès le commencement du Ve siècle, ou même dès la fin du VIe, ils avaient avec les Grecs des relations commerciales, et voilà comment, vers l’an 500, Hécatée de Milet a pu connaître leur nom. Parmi les mots celtiques qui ont pénétré dans les langues germaniques, quelques-uns y sont certainement entrés antérieurement à la grande révolution phonétique qui a donné aux consonnes germaniques un son à part dans le monde indo-européen. En effet, elles ont subi cette révolution. Ainsi, le g celtique est devenu k, exemple : thème gaulois rîg-, roi, en gothique reik- (prononcez rîk) ; irlandais liaig, médecin, en gothique leikeis ; c celtique est devenu h : gaulois ambactos, client, en vieil allemand ambaht ; catis-s, combat, en vieil allemand hadu ; marca, cheval, en vieil allemand marah ; d celtique est devenu t : vieil irlandais feadnisse, témoignage, en anglais witness, témoin ; gaulois latinisé dûnum, forteresse, en anglais town ; t celtique est devenu th ou dh : thème oito- (en irlandais oeth), serment, en gothique aith-s ; catu-s, combat, en anglo-saxon headhu-. A l’époque archaïque (IVe siècle) où remontent les principaux emprunts du celtique au germanique, le germanique avait conservé les sonores aspirées gh, dh, bh de l’indo-européen ; le celtique aussi ; les deux langues ont depuis substitué à ces aspirées les moyennes correspondantes. De là l’identité des gutturales dans le thème irlandais mogu-, esclave, et dans le gothique magu-s = maghu-s ; dans le gaulois gaiso-n, javelot, et dans l’allemand gêr = ghaisa-s ; dans l’irlandais dligim, je dois, et dans le gothique dulg-s = dhlghu-s, dette ; l’identité des dentales dans le gaulois rêda, char, et dans l’anglo-saxon rîdan, voyager, thème reidhaya- ; l’identité des labiales dans le gaulois ambactus, client, et dans le vieil allemand ambaht = ambhacta-s, dans le gaulois briga = bhrgha, en gothique baurg-s = bhrghi-s. Le germanique et le celtique out alors supprimé l’aspiration des moyennes aspirées. Mais les langues germaniques ont seules transformé les moyennes non aspirées en ténues ; rîg-, thème du mot signifiant roi, est devenu chez elles rîk-. Le b de trebo, village, champ, s’est changé en p dans thaurp. Des ténues elles ont fait des spirantes ; de catu-, thème du mot signifiant bataille, headhu-, hoedh-. Le celtique a, comme le latin et le grec, conservé les moyennes et les ténues primitives ; il a continué à dire rîg-os, du roi, catus-s, bataille. Quand, à une date plus récente, les langues germaniques, ayant terminé leur évolution, ont adopté des mots celtiques, elles n’ont pas changé les consonnes primitives que le celtique avait gardées. Le français cruche s’explique par un mot franc crûca qui a exactement les consonnes de l’irlandais crocann. A la même période appartient le premier contact du germanique avec le latin, et de là vient que les langues germaniques ont conservé intactes les consonnes des mots latins qu’elles ont empruntés. Le mot gothique kaisar, aujourd’hui kaiser, empereur, gardant le son primitif de l’initiale du latin Caesar, que nous assibilons depuis treize siècles, est un exemple caractéristique. Citons encore kirsch de cerasus, que nous prononçons cerise. Ces mots ont été adoptés par le germanique au Ier siècle de notre ère. Le thème gaulois rîg-, qui a pénétré dans le germanique quatre siècles plus tôt, est devenu reih- en gothique, par l’effet d’une évolution phonétique qui, au Ier siècle de notre ère, était généralement terminée[116] et n’atteignait plus, dès lors, les mots nouvellement empruntés. De tout ce que nous venons de dire, il résulte qu’à une époque antérieure à celle où les langues germaniques ont pris dans le monde indo-européen, par la déformation de leurs moyennes et de leurs ténues, une place à part, la race germanique a vécu sous la domination des Celtes. Ceux-ci lui ont imposé un certain nombre d’expressions relatives à la constitution de la société politique, au droit, au métier des armes, à divers objets mobiliers qu’une civilisation supérieure fournit à des peuples chez lesquels les arts ont atteint un développement moins élevé. C’était à l’époque de la grande puissance des Celtes, dans ce Ive siècle où les Celtes ont pris Rome et où leurs ambassadeurs ont, par leur fierté, provoqué l’étonnement d’Alexandre le Grand[117]. § 5. Dislocation de l’empire celtique. Soulèvement des Germains contre les Gaulois. Une partie des Celtes de Germanie émigre en Gaule. — IIIe siècle avant J.-C.Dans le siècle suivant, la décadence commença. Une des causes principales fut probablement le soulèvement des Germains. Ce soulèvement n’est attesté par des témoignages formels que dans les dernières années du III siècle avant notre ère. C’est dans les dernières années du u° siècle que deux peuples germains, les Cimbres et les Teutons, furent, par leurs succès prodigieux, la terreur du monde romain. Mais une si grande puissance militaire dut se préparer de longue main. Le peuple gaulois le plus septentrional dans Des relevés faits avec soin dans l’Italie septentrionale ont permis de dresser une longue liste de noms de villages et de bourgs dont la désinence en -aseo ou en -asca est d’origine ligure. On en a compté, dans cette région, deux cent cinquante[135]. On en trouverait moins de ce côté-ci des Alpes. En voici cependant quelques-uns : Annevasca, aujourd’hui Nevache, département des Hautes-Alpes[136] ; Manoasca ou Manuasca, aujourd’hui Manosque, Basses-Alpes ; Gratiasca, plus tard Graciasca, Grezascha, aujourd’hui Gréasque, Bouches-du-Rhône[137]. On cite encore Urnasca, aujourd’hui Urnaeschen, dans le canton d’Appenzel, en Suisse[138]. Ainsi, la conquête gauloise, aulne siècle avant notre ère, n’a pas supprimé toute trace de l’antique établissement des Ligures du côté des Alpes où nous habitons[139]. Tandis qu’une partie des Gaulois, chassés de Pendant que la tradition gauloise se conservait ainsi à l’est
du bas Rhin, les Gaulois émigrés à l’ouest de ce fleuve gardaient le souvenir
de la patrie qu’ils avaient perdue. Quand César, l’an 57 avant notre ère,
demanda des renseignements ethnographiques sur les Gaulois établis entre A l’époque où César arriva en Gaule, l’an 58 avant J.-C.,
la portion des races celtiques établies en Gaule, qui portait, à proprement
parler, le nom de Celtes, habitait entre De tous ces faits, il résulte que l’idée d’une Gaule
comprise entre le Rhin, l’Océan, les Pyrénées, la mer Méditerranée et les
Alpes est une conception relativement moderne dans l’histoire de l’Europe. C’est
une idée administrative des Romains. Cette Gaule est une circonscription de
leur empire. L’histoire et l’ethnographie contredisent cette doctrine
romaine, dont César est l’auteur. De travaux nombreux et dont les propres
aveux de César sont le point de départ, il résulte que la région de sa Gaule
située au sud de Ainsi, la circonscription que, conformément à l’usage
romain, nous appelons Gaule n’est pas § 6. Examen du passage de Tite-Live où il est dit que la première invasion des Gaulois en Italie est contemporaine de la fondation de Marseille.Mais, dira un critique, que faites-vous de l’autorité de
Tite-Live ? Tite-Live affirme que les Gaulois sont entrés en Italie deux
siècles avant leur première guerre contre les Romains, en 390. Ils venaient,
suivant lui, de Avant d’entendre parler de Gaulois ou Celtes en Italie
chez les auteurs Grecs, il faut atteindre la seconde moitié du IVe siècle. Aristote
sait la prise de Rome par les Celtes[152] ; Scylax de
Caryanda nous montre des Celtes installés au fond de l’Adriatique[153]. Mais, pour
trouver des détails un peu circonstanciés, il faut arriver au milieu du ne
siècle avant notre ère, c’est-à-dire à Polybe. Celui-ci nous apprend que la
domination gauloise ou celtique, dans l’Italie septentrionale, a été précédée
par celle des Étrusques. C’est un point sur lequel il est d’accord avec
Tite-Live[154].
En sorte que la question de savoir à quelle date les Gaulois ont fait la
conquête de l’Italie septentrionale revient à celle-ci : à quelle date la
domination étrusque, dans l’Italie septentrionale, a-t-elle pris fin ? Polybe
nous donne la réponse. Les plaines qu’arrose le Pô ont été, nous dit-il,
possédées par les Étrusques au temps où le même peuple était maître des
champs phlégréens qui entourent Capoue et Nole[155]. Il faut, dans
les derniers temps de l’histoire des Étrusques, distinguer la période de la
toute-puissance, où ils ont possédé un vaste empire, et celle où ils ont été
réduits à un étroit domaine, entre le Tibre, la mer et l’Apennin. La première
période est celle de l’unité monarchique ; la seconde, celle de De Polybe nous arrivons à Diodore de Sicile, qui écrivait peu de temps après la mort de César, 44 avant J.-C. Diodore n’a pas exactement la même chronologie que Tite-Live, qui date de l’année 390 la prise de Rome par les Gaulois. Sa chronologie est celle que nous retrouvons plus tard chez Denys d’Halicarnasse, qui met la prise de Rome en 388[165]. C’est à cette époque qu’eut lieu un événement beaucoup plus important que la prise de Rome aux yeux des Grecs du IVe siècle, le siège de Rhegium par Denys, tyran de Syracuse. Or, suivant Diodore, ce siège est contemporain de l’invasion gauloise en Italie, c’est-à-dire de la conquête, parles Gaulois transalpins, des régions situées entre les Alpes et l’Apennin, d’où ils chassèrent les Étrusques ; le siège de Rome suivit immédiatement cette conquête[166]. Il n’y a donc pas, entre cette conquête et ce siège, les deux cents ans d’intervalle dont parle Tite-Live. Jusque vers la fin du Ier siècle avant notre ère, le récit de l’invasion gauloise en Italie est un peu sec, là où Rome elle-même n’est pas en jeu. Enfin, les développements surgissent. Le premier consiste à mêler une histoire de femme à l’énoncé de ce grand événement militaire. La femme d’un certain Arruns de Clusium avait été séduite par Lucumon, c’est-à-dire par le premier magistrat de la cité. Le mari, outragé, voulut se venger. Il passa les Alpes, alla trouver les Gaulois, leur apportant du vin et de l’huile, liqueurs dont ils n’avaient pas goûté jusque-là. Il leur persuada de venir s’établir dans un pays qui donnait des produits si agréables au goût. Telle fut la cause de l’invasion gauloise en Italie. Les Gaulois arrivèrent directement à Clusium et, de là, gagnèrent Rome. Cette légende est rapportée par Tite-Live, qui l’inséra dans le cinquième livre de son histoire, écrit peu de temps après l’an 27 avant J.-C.[167] Le grave Denys d’Halicarnasse la raconte dans son Archéologie romaine[168], qu’il publia l’an 7 avant notre ère. Plutarque, un siècle environ après, la répète encore[169]. Elle est d’accord avec la doctrine de Polybe et de Diodore de Sicile, qui présente le premier passage des Alpes par les Gaulois et leur arrivée à Rome comme séparés par un espace de temps fort court. La seconde légende est celle qui donne pour auxiliaire aux fondateurs de Marseille, en 600, l’armée gauloise en route pour fonder en Italie la première colonie celtique. Tite-Live est le premier qui nous l’apprenne. Il écrivait cinq cent soixante-treize ans après la fondation de Marseille. Où a-t-il pris ce renseignement ? Les documents romains, source ordinaire de ses récits, n’ont pu lui fournir ce synchronisme qui n’a aucun rapport avec l’histoire de Rome. Si, au lieu d’histoire ancienne, il s’agissait d’histoire de France, quelle valeur attribuerait-on à une indication historique qu’on trouverait pour la première fois sans mention de source chez un auteur postérieur à l’événement de cinq cent soixante-treize ans ? D’ailleurs, par une contradiction singulière, après avoir intercalé dans son ouvrage ce récit d’une prétendue invasion gauloise en Italie antérieure de deux siècles à la prise de Rome, Tite-Live continue son exposition comme il l’a commencée, conformément à la doctrine reçue jusqu’à lui, sans tenir compte de l’innovation qu’on lui doit. C’est aux chapitres XXXIII et XXXIV du livre V que Tite-Live a prétendu imposer la date que nous contestons. Il n’y pensait pas encore, quand, au chap. XVII, § 8, racontant les événements de l’année 396, c’est-à-dire de l’année où Melpum fut pris par les Gaulois, il nous représente l’assemblée générale des Étrusques délibérant sur le siège de Véies par les Romains : on y parle, suivant lui, des Gaulois en les qualifiant de gentem invisitatam, novos accolas, peuple inconnu, voisins nouveaux. Quand il a écrit ces mots, il n’avait pas encore adopté son système chronologique ; il semble l’avoir oublié quand, au chapitre XXXVII du même livre, ayant encore à parler de ces Gaulois établis en Italie depuis deux cents ans suivant lui, il les appelle, dans le récit des événements de l’année 390, un ennemi inconnu dont on n’avait pas entendu parler jusque-là, venant de l’Océan et des extrémités de la terre apporter la guerre aux Romains[170]. Ainsi, Tite-Live, en contradiction avec le reste des auteurs de l’antiquité que nous connaissons, n’est pas d’accord avec lui-même. Ce que son récit présente d’intéressant, c’est qu’il nous
a conservé le souvenir d’Ambigatos, ce monarque suprême qui, soumettant à l’unité
les innombrables peuplades des Gaulois, leur donna la puissance militaire. La
source immédiate est probablement un auteur grec ; Ambigatos est roi de Ainsi, c’est vers le commencement du IVe siècle que les Gaulois sont venus s’établir
en Italie. A cette date, ils possédaient déjà une partie de H. D’ARBOIS DE JUBAINVILLE. |
[1] Hérodote, livre V, c. 36.
[2] Rudolf Nicolai, Griechische Literatur Geschichte, t. I, p. 255, cf. Charles et Théodore Müller, Fragmenta historicorum Græcorum, t. I, pp. XI-XI. Max Duncker, Geschichte des Alterthums, VI (1882), p. 332, modifie légèrement ces dates.
[3] Aristote, Meteorologicorum, lib. I, c. 13, § 30. Aristotelis opera, édition Didot, t. III, p. 570, lignes 47-50. Johann Gustav Cuno, Vorgeschichte Roms, Merster Theil, Die Kelten, p. 90.
[4] Scylax de Caryanda, § 3, 4, chez Charles Müller, Geographi græci minores, t. I, p. 17.
[5] Forbiger, Handbuch der alten Geographie, t. III (1848), p. 542 et suiv.
[6] Testus Avienus, Ora maritima, vers 130-157, 196-198. Cf. Muellenhof, Deutsche Alterthumskunde, p. 95. Cet auteur, sans démontrer tout ce qu’il affirme, a fait sur Avienus un travail d’une grande valeur.
[7] Hérodote, livre II, c. 33, § 3.
[8] Hérodote, livre IV, c. 49, § 4. Cf. Callimaque, In Delum, 174.
[9]
Il n’est nullement démontré que les mots Albion
et Jerne, qu’on trouve employés comme
ethniques chez Avienus, Ora maritima,
vers 111, 112 et suivants, noms primitifs de
[10] Cette conquête n’était pas ancienne alors. Voir chez Muellenhof, Deutsche Alterthumskunde, p. 97-176 et surtout 106-108, une étude sur l’Espagne avant l’invasion celtique.
[11] Tite-Live, livre V, c. 34.
[12] Strabon, livre VII, c. 5, § 11, édition Didot, p. 264. Cf. Justin, livre XXIV, c. 4 ; Théopompe, fragment 41 : Müller, fragmenta historicorum græcorum, I, p. 284-285.
[13]
Ephore, fragment 43 : Müller, fragmenta
historicorum græcorum, t. I, p. 245, cf. Strabon, édition Didot, p. 165,
lignes 37-40. Voyez aussi Ératosthènes, cité par Strabon, livre II, c. 4, § 4,
édition Didot, p.
[14] Polybe, livre II, c. 1, 13, 36 ; livre III, c. 13-17 : 2e édit. de Didot, p. 68, 76, 93, 127-130 ; Diodore de Sicile, livre XXV, fragm. 9, 10 ; édit. Didot, t. II, p. 458.
[15] Diodore de Sicile, livre V, c. 25, § 4, édition Didot, t. I, p. 269, cf. César, De bello gallico, liv. IV, c. 16-19.
[16] Édition d’Immanuel Bekker, t. I, p. 27, fragment 34.
[17] Dion Cassius, livre XXXIX, c. 47, 49, édition Bekker, t. I, pp. 205, 206. Cf. Cougny, Extraits des auteurs grecs, t. IV, pp. 286, 287, 290, 291 ; Zeuss, Die Deutschen, p. 89.
[18] Dion Cassius, livre LIII, c. 12, § 6 ; édition Bekker, t. II, p. 37.
[19] Denys d’Halicarnasse, livre XIII, c. 10 ; éd. Teubner-Kiessling, t. IV, p. 196.
[20] Denys d’Halicarnasse, liv. XIV, c. 1 ; éd. Teubner-Kiessling, t. IV, pp. 198, 199. On pourrait encore citer : Plutarque, Marius, XI, 6, éd. Didot, p. 490 ; le Corpus inscriptionum græcarum, t. II, n, 2058. Comparez le nom gaulois de la ville de Carrodunum, en Scythie, chez Ptolémée, III, 5, 30. Voyez Ch. Mueller, Cl. Ptolemaei geographia, p. 434.
[21] De oratore, livre II, chap. LXVI, § 266.
[22] Jugurtha, c. 114.
[23] Voir l’étude faite sur ce point par Zeuss, Die Deutschen, p. 141-146.
[24] Ephore, fragment 38. Fragmenta historicorum græcorum, t. I, p. 244.
[25] Tacite, Germania, 28.
[26] Tite-Live, livre XXXVII, c. 57 ; cf. livre V, c. 35.
[27]
Strabon, livre IV, c. 6, ë 8 ; édition Didot, p.
[28] Tacite, Germania, 28.
[29]
Strabon, liv. VII, c. 2, § 3 ; édition Didot, p.
[30] De bello gallico, livre VI, c. 24.
[31] Tacite, Germania, c. 43, 3e édition de Schweizer-Sidler.
[32]
Meteorologicorum, lib. I, c. 13, §
20. Aristotelis opera, édition Didot,
t. III, p.
[33] De bello gallico, livre VI, c. 24, § 2 : c. 25.
[34]
Strabon, livre VII, c. 2, § 5 ; édition Didot, p.
[35] Ptolémée, liv. II, c. 11, § 30. Cf. Forbiger, Handbuch der alten Geographie, t. III, p. 418 ; Ch. Mueller, Cl. Ptolemaei geographia, t. I, p. 275, cf. 273. Ce nom est le même que le nom ancien d’Yverdun, canton de Vaud.
[36]
Ptolémée, liv. II, c. 11, § 29 ; cf. Forbiger, t. III, p. 415 ; suivant Ch.
Mueller, Cl. Ptolemaei geographia, I,
274, Krappvitz sur l’Oder. Les Gaulois avaient fondé deux autres Carrodunum, 1°
en Pannonie supérieure, aujourd’hui en Hongrie, près du confluent de
[37] Ptolémée, liv. II, c. 11, § 29 ; cf. Forbiger, t. III, p. 418.
[38]
Ptolémée, liv. II, c. II, § 28 ; Forbiger, t. III, p. 415. Rigo-, second terme du composé, se
rencontre comme premier terme dans les noms de lieu, Rigodunum en Grande-Bretagne ;
Ptolémée, liv. II, c. 3, § 16 ; Rigo-dulum en Gaule, entre Trèves et Mayence,
Tacite, Histoires, livre IV, c. 71 :
cf. Forbiger, t. III, p. 246 ; Rigo-magus, sur la route d’Andernach à Bonn,
Ammien Marcellin, livre XVI, c. 3 ; Table de Peutinger, chez Desjardins, Géographie de
[39] Ptolémée, liv. II, c. 11, § 28 ; c£ Forbiger, t. III, pp. 413, 414 ; Foerstemann, Ortsnamen, deuxième édition, col. 1024 ; Ch. Mueller, Cl. Ptolemaei geographia, t. I, p. 270.
[40]
Les textes du temps de l’empire romain nous font connaître, dans les régions
celtiques soumises à la domination romaine, sept localités appelées Mediolanium
ou avec une légère variante orthographique Mediolanum. L’une est connue dès le temps de
[41] Tacite, Annales, livre I, c. 60.
[42] Strabon, livre VII, c. 1, § 4 ; édition Didot, p. 242, 1. 32. Teutos est un mot gaulois qui a fourni le premier terme du nom d’homme Teuto-matus, César, livre VII, c. 31, 46, et dont la variante Toutos est employée comme nom d’homme dans une inscription du musée de Klagenfurt, Corpus inscr. lat., III ; 4906.
[43] Ritum, en gaulois, veut dire gué ; comparez Augusto-ritum, aujourd’hui Limoges. Le nom allemand est furt, chez Ptolémée φοΰρδον dans Τουλί-φουρδον et Λούπ-φουρδον, livre II, c. 11, § 28. Loco-ritum est mentionné par Ptolémée, livre II, c. II, § 29 ; cf. Forbiger, t. III, p. 422, et Ch. Mueller, Cl. Ptolemaei geographia, I, 272.
[44] Ptolémée, livre II, c. 11, § 29 ; Forbiger, t. III, p. 422, et Ch. Mueller, Cl. Ptolemaei geographia, I, 273.
[45] Ptolémée, livre II, c. 11, § 29 ; Forbiger, t. III, p. 422. Ce nom ne diffère que par une variante dialectale, i = é, de Divona, ancien nom de la ville de Cahors ; Ausone, Clarae urbes, XIV, v. 32 ; comparez aussi Devana, nom de ville de Grande-Bretagne (Ptolémée, livre II, c. 3, § 19), qui ne se distingue du nom de ville germanique que par la voyelle du suffixe. Ces mots dérivent d’un thème divo-, devo-, deva- ; comparez les noms de Divo-durum, Metz, et de Deva, rivière de Grande-Bretagne.
[46] Ptolémée, livre II, c. 11, § 30 ; cf. Foerstemann, Ortsnamen, deuxième édition, col. 77, et Zeuss, Grammatica celtica, deuxième édition, p. VII.
[47] Ptolémée, livre II, c. 11, p. 30. Cf. Forbiger, t. III, p. 426.
[48] On croit que le géographe de Ravenne écrivait au IXe siècle et que la base de son travail est un traité composé en grec au VIIe siècle. Teuffel, Geschichte der rœmischen literatur, troisième édition, p. 1183.
[49]
En irlandais dobur,
en gaulois dubro-
dans le composé Verno-dubrum,
Pline, livre III, § 32, nom d’une rivière qui s’appelle aujourd’hui Verdouble,
Longnon, Atlas historique de
[50] Inferias caesis mactat Labarumque Padumque, Punicorum, liber IV, v. 232. Cf. Zeuss, Grammatica celtica, deuxième édition, p. 3 ; et Foerstemann, Ortsnamen, deuxième édition, col. 952, 953.
[51] Voyez Karl Müllenhoff, Deutsche Alterthumskunde, pp. 479 et suivantes ; cf. Kiepert, Lehrbuch der allen Geographie, p. 540, note 3.
[52]
Ainsi s’explique le passage où Florus, abréviateur de Tite-Live, copiant cet
auteur, qui copiait lui-même un auteur plus ancien, donne
[53] Bücheler, Précis de la déclinaison latine, traduit par L. Navet, p. 60.
[54]
Dictionnaire archéologique de
[55] Cette invasion de la déclinaison pronominale dans le domaine de la déclinaison nominale s’étend aux thèmes en a- : en grec χώραι dès une époque préhistorique ; en latin, à une date relativement récente, en l’an 186 avant notre ère, tabelai, plus tard tabulae. Bücheler, Précis de la déclinaison latine, traduit par Havet, pp. 58, 59. Sénatus-consulte des Bacchanales, Corpus inscriptionum latinarum, t. I, p. 43, n° 196, ligne 30.
[56] On peut consulter Bopp, Grammaire comparée des langues indo-européennes, traduction de M. Bréal, t. II, pp. 152 et suivantes.
[57] Moritz Heine, Kurze Grammatik der altgermanischen Dialecte, pp. 255 et suivantes.
[58] Je passe sous silence ici l’osque et l’ombrien, qui sont, pour ainsi dire, un patois du latin. Ces deux langues ont, comme le latin, un passif en r, mais nous le connaissons d’une façon trop incomplète pour qu’il y ait intérêt d en parler ici.
[59] Comparez le grec λεγόμενοι.
[60] Sur ce suffixe voyez Bopp, Grammaire comparée, traduction de M. M. Bréal, t. IV, p. XII, 114, 174 ; § 844, 867. Les noms en -tio gouvernent l’accusatif dans la grammaire de Plaute.
[61] En vieil irlandais, cet o bref tombe. Les lois phonétiques nous apprennent qu’il se serait maintenu s’il avait été long.
[62] Exemple, le vieil irlandais athir, père, pour *patir.
[63] Le préfixe augmentatif, ar, er, tient lieu en celtique d’un plus ancien, par, per ; comparez le grec περι le latin per-, le français par-fait, per-fection. On trouve ce préfixe au IVe siècle dans Άρxύνις όρη chez Aristote.
[64] Ce n’est pas ici le lieu d’expliquer pourquoi la seconde consonne explosive, originairement gutturale, s’est changée en dentale dans πέντι, cinq, et en labiale dans πέπτω, je cuis.
[65] G. Curtius et E. Windisch, Grundzuege der griechischen Etymologie, 5e édition, p. 294.
[66] G. Curtius et E. Windisch, Grundzuege der griechischen Etymologie, 5e édition, p. 321.
[67] Il y a cependant deux points de phonétique sur lesquels le grec et le celtique s’accordent pour faire subir aux sons primitifs une modification que le latin ne connaît pas et qui est étrangère aux langues germaniques. Le grec et le celtique changent gu en b : au grec βίος, vie, comparez le vieil irlandais biu, vivant, en latin vivos, pour *gvigvos, en gothique qius.
Enfin l’usage des voyelles prothétiques, si fréquentes en grec, a laissé quelques traces dans les langues celtiques. Όφρύς, sourcil, a un o prothétique, comme le prouve la comparaison avec l’allemand braue et avec le sanscrit bhru. Cet o prothétique est représenté par un a dans le breton abrant, sourcil, et dans le moyen irlandais abra, génitif abrat, cil. L’a prothétique du grec άελλα, tempête, pour αελλα, se retrouve dans le breton avel, en gallois awel. Enfin, le celtique et le grec possèdent en commun une troisième personne du singulier du présent primaire de l’indicatif sans t final. Cette troisième personne manque partout ailleurs. Le passif irlandais berir, il est porté, suppose un actif beri, sans t, comme le grec φέρει. Mais φέρει peut être une forme indo-européenne primitive, et les phénomènes phonétiques précités peuvent s’être produits d’une façon indépendante.
[68] L’origine celtique du mot allemand reich est acceptée par Kluge, Etymologisches Vicerterbuch der deutschen Sprache, troisième édition, 1884, p. 268.
[69] Reich, empire, en vieil allemand rihki, en gothique reiki, thème rîkja-, est identique au vieil irlandais rige, royaume, thème, rigio-. Le mot germanique est neutre, le mot celtique parait du même genre.
[70] Brambach, Inscriptiones rhenanae, n° 36.
[71] Loi salique, titre I, $ 4. Hessels et Kern, col. 5, 7.
[72] Ambactus apud Ennium lingua gallica servus appellatur. — Festus.
[73] Curtius-Windisch, Grundzuege der griechischen Etymologie, 5e édition, p. 170 ; cf. Rudolf Thurneysen, Keltoromanisches, p. 28-31.
[74] De bello gallico, livre VI, c. 15. Cf. circum se habere, I, 18, 5.
[75] Le gothique andbaths, même sens, substitue à ambi-, par l’influence d’une étymologie populaire, le préfixe germanique and. De là, un mot inintelligible, car bahts n’existe pas.
[76] Grammatica celtica, deuxième édition, p. 156.
[77] C’est un des mots expliqués dans le Glossaire de Cormac, chez Whitley Stokes, Three irish glossaries, p. 33. Cf. Whitley Stokes, Sanas Chormaic, p. 128. On trouve l’accusatif pluriel oelhu dans le traité des devoirs royaux qui a été inséré dans le récit légendaire intitulé : Serglige Conculaind. Windisch, Irische Texte, t. I, p. 213, ligne 26.
[78] Zimmer, Glossae hibernicae, pp. 45, 117, 130.
[79] Zimmer, Glossae hibernicae, p. 186.
[80] Le vieux breton avait un mot identique, gur-bonn, de sens légèrement différent, non pas ordre, mais prière, d’où la troisième personne du singulier du futur do-gur-bonneu, rogaverit. Whilley Stokes, Breton glosses at Orleans, p. 11, n° 52 ; cf. Loth, Vocabulaire vieux-breton, p. 110.
[81] Sur sa famille, dans les langues celtiques, voyez Whitley Stokes, Breton glosses at Orleans, p. 12, et Loth, à l’endroit précédemment cité. Ad-bonnar veut dire il est signifié, Ancient laws of Ireland, III, 298, ligne 6.
[82] On peut consulter Schade, Altdeutsches Wœrterbuch, t. II, p. 945, col. 1, et Fick, Vergleichendes Wœrterbuch der indo-germmmischen Sprachen, t. II, p. 388 ; t. III, p. 152. Nous ne savons pas comment le vieux slave représente l’l résonnant ; nous ne pouvons par conséquent déterminer l’origine du premier u du vieux slave dlugu, dette. Cependant, il semble reproduire avec métathèse l’u du gothique dulgs.
[83] Zimmer, Glossae hibernicae, p. 64 ; cf. Grammatica celtica, deuxième édition, pp. 746, 812, 854.
[84] Marianus Scotus, chez Zimmer, Glossae hibernicae, p. 274, cf. Grammatica celtica, deuxième édition, pp. XXI, 260, 812. On écrit aujourd’hui Sgolog : Bible irlandaise, saint Mathieu, XXI, 33-35.
[85] La chute des désinences du thème -o pour le masculin, -a pour le féminin, a produit la nécessité de distinguer les genres au moyen de la composition, et par l’emploi, comme premier terme, des mots fer, homme, et ban, femme. Le masculin est fer-scal, le féminin est ban-scal.
[86] Windisch, Irische texte, t. I, p. 384, au mot banscal ; p. 544, au mot ferscal ; p. 570, au mot scal.
[87] Voyez O’ Donovan, Supplément à O’ Reilly, p. 717, col. 2. Windisch, Irische texte, t. I, p. 845. Il n’est nullement établi qu’il y ait une relation quelconque entre ce mot et le latin tribus.
[88] Grammatica celtica, deuxième édition, p. 264 ; cf. 147, 266, 267.
[89] Voyez Loth, Vocabulaire vieux breton, appendice, p. 229.
[90] Schade, Altdeutsches Wœrterbuch, deuxième édition, t. I, p. 532 ; cf. Windisch, Irische texte, t. I, p. 662.
[91] Schade, Altdeutsches Wœrterbuch, deuxième édition, t. I, p. 361. Kluge, Etymologisches Wœrterbuch, 3e édition, p. 118, au mot hader.
[92] Pausanias, livre X, c. 19, § 12 ; édition Didot, p. 517.
[93] Schade, Altdeutsches Wœrterbuch, deuxième édition, t. I, p. 591. Kluge, Etymologisches Wœrterbuch, troisième édition, p. 217.
[94] De bello gallico, liv. III, c. 4.
[95] Enéide, livre VIII, vers 659-662 ; cf. saint Augustin, Locutions in Heptateuchum, VI ; chez Migne, Patrologia latina, t. XXXIV, col. 539. (Il s’agit de Josué, VIII, 19.)
[96]
Qui gladiis cincti sine scuto cuva binis gaesis essent.
Varron, chez Nonius, XVIII, 19. On sait que Varron a vécu de l’an 116 à l’an 26
avant notre ère, Virgile, de 70 à
[97] De consulatu Stilichonis, livre II, vers 240.242 ; édition donnée par Louis Jeep en 1876, t. I, p. 239.
. . . . . . . . . . . . . . Tum fulva repexo
Gallia crine ferox evinctaque torque decoro
Binaque gaesa tenens animoso pectore fatur.
[98] Grammatica celtica, deuxième édition, pp. 52, 764 ; cf. Gesalius : Corpus inscriptionum latinarum, t. V, n° 4144, et Gesatia, ibid., t. III, n° 5947.
[99] Polybe, liv. II, c. 22, deuxième édition, Didot, t. I, p. 83.
[100] Polybe, liv. II, c. 28 ; édition Didot, p. 88 ; la source de Polybe est évidemment ici Fabius Pictor, auteur contemporain cité par Orose, livre IV, c. 13 : Hermannus Peter, Historicorum romanorum relliquiae, t. I, p. 36-37 ; cf. Migne, Patrologia latina, t. XXXI, col. 888.
[101] Polybe, liv. II, c. 34 ; édition Didot, p. 92. Comparez les vers de Properce, 4, 10, 39, sur la mort du chef gaulois Virdumarus, 222 av. J.-C.
[102] Sicut Fabius historicus qui eidem bello interfuit scripsit, Orose, IV, 13.
[103] Gaesati... Helvetii, Corpus inscriptionum latinarum, t. V, n° 536 ; Raeti gaesati, ibidem, t. VII, n° 1002.
[104] Corpus inscriptionum latinarum, t. VIII, n° 2728. Cette inscription a été gravée l’an 152 de notre ère.
[105] Voyez, dans le Corpus inscriptionum latinarum, les observations sur les inscriptions précédemment citées.
[106] Polybe, livre XXV, c. 11, 2e édition de Didot, t. II, p. 3, écrit Γαιξοτόριος. Mais Strabon, livre XII, c. 3, § 41, parle d’une région de Paphlagonie, qui, ayant pris le nom d’un de ses anciens rois, s’appelait terre de Gezatorix : Γεξατόριγος, édition Didot, p. 481, ligne 42.
[107] Il est peu probable que les Romains en aient connu le nom beaucoup plus anciennement. Si ce mot eût pénétré dans leur langue à l’époque de la prise de Rome par les Gaulois, 390, comme on pourrait être tenté de le conclure du récit de Virgile, l’s de gaesum se fût changé en r sous la censure d’Appius Claudius Caecus en 312 ; Pomponius, au Digeste, livre I, tit. II, loi 2, § 36 ; cf. De Vit, Onomasticon, t. II, p. 309.
[108] Schade, Altdeutsches Wœrterbuch, t. I, p. 92. En gothique, ce mot a plusieurs thèmes. Voyez Grimm, Deutsche Grammatik, deuxième édition, t. I, p. 610.
[109] Comparez quant au premier terme Loco-ritum en Germanie, dont il a été question plus haut.
[110] Schade, Altdeutsches Wœrterbuch, 2e éd., t. II, pp. 1300, 1301. Kluge, Etymologisches Wœrterbuch der deutschen Sprache, 3e éd., p. 382.
[111] Livre IV, c. 10.
[112] Schade, Altdeutsches Wœrterbuch, t. I, p. 458 ; Kluge, Etymologisches Wœrterbuch, p. 63.
[113] Bulgas Galli sacculos scorteos appellant, Pauli Diaconi excerpta, liv. II.
[114] Windisch, Irische texte, t. I, p. 400.
[115] Schade, Altdeutsches Wœrterbuch, 2e éd., t. II, p. 1074 ; Kluge, Etymologisches Wœrterbuch, 3e éd., p. 360.
[116] Un témoignage attestant un effet de cette évolution, au milieu du Ier siècle avant notre ère, est celui de César quand il écrit avec un ch initial le nom des Cherusci, De Bello gallico, VI, 10. Ce ch spécial à l’orthographe franque équivaut à l’h des autres dialectes germaniques, Cherusci est dérivé de haira ou hera, thème du mot qui veut dire épée, dont la racine est la même que celle du sabin caris, lance. Cherusci veut dire porteurs d’épée, comme quirites, porteurs de lame, Grimm, Geschichte der deutschen Sprache, troisième édition, p. 426 ; cf. Schade, Altdeutsches Wœrterbuch, t. I, p. 393.
[117] Ptolémée, fils de Lagus, fragment 2, chez Mueller-Didot, Scriptores rerum Alexandri magni, p. 87. Cf. Strabon, livre VII, c. 3, § 8 ; édition Didot, p. 250, et Arrien, livre I, c. 4, § 6-8, édition Didot, p. 5.
[118] Scylax de Caryanda, § 3, 4, 18, 19 ; cf. Ptolémée, fils de Lagus, fragment 2, chez Mueller-Didot, Scriptores rerum Alexandri magni, p. 87, et Strabon, liv. VII, c. 3, § 8 ; édition Didot, p. 250.
[119] Au passage de Scylax, cité plus haut, comparez Scymmus de Chio, vers 200-219, chez Mueller-Didot, Geographi græci minores, t. I, p. 204 ; cf. Avienus, Ora maritima, vers 608-610, 621. C’est à tort qu’on oppose le fragment 19 d’Hécatée, où une grosse bévue des éditeurs remplace par un renvoi à Hécatée un renvoi d’Étienne de Byzance à Strabon : au lieu de Έxαταϊος Εύρώπη, lisez Στράβων τετάρτη.
[120] Livre XXI, c. 26, § 6.
[121] Tite-Live, liv. XXI, c. 31, § 4, 5.
[122] Le scoliaste de Juvénal, satire VIII, vers 234, s’exprime ainsi : dicti igitur quia ex alio loco fuerant translati, et les travaux des grammairiens modernes confirment cette étymologie ; Zeuss, Grammatica celtica, 21 édition, p. 207.
[123] Germania, 28.
[124] Plutarque, Camille, c. 15, § 1. Édition Didot, p. 162.
[125] Avienus, Ora maritima, vers 682, 683 ; cf. Muellenhof, Deutsche Alterthumskunde, t. I, p. 178.
[126] Romans, Dictionnaire topographique du département des Hautes-Alpes, p. 154.
[127] Chap. 89, Aristote de Didot, t. IV, 1re partie, p. 89.
[128] Didot-Mueller, Geographi græci minores, t. I, p. 204, vers 211-214.
[129] Ptolémée, livre III, c. 2, § 5 ; cf. Muellenhof, Deutsche Alterthuntskunde, p. 194.
[130] Voyez notamment livre IV, c. 1 et 2, édition Didot, p. 147.
[131] Livre II, c. 8, § 14.
[132] Ora maritima, vers 615-620. Cf. Muellenhof, Deutsche Alterthumskunde, p. 193.
[133] L’orthographe Cevenna, chez César, liv. VII, c. 8, 56, tient à la basse époque des manuscrits ; cf. Cebenna, Pline, livre III, § 31, et livre IV, § 105.
[134] Voyez le dictionnaire gallois d’Owen, deuxième édition, au mot cevyn ; cf. Grammatica celtica, deuxième édition, p. 138.
[135] Voyez Giovanni Flechia, Di alcane forme de’ nomi locali dell’ Italia superiore, pp. 60-74.
[136] Testament d’Abbon en 739, chez Pardessus, Diplomata, t. II, p. 372.
[137] Ces noms se rencontrent plusieurs fois dans le Cartulaire de Saint-Victor de Marseille.
[138] Vie de saint Gall chez Pertz, Scriptores, t. II, p. 158. On pourrait mettre en regard le Canascus locus du Cartulaire de Brioude, pièce n° 37.
[139] On pourrait augmenter beaucoup cette liste si l’on considérait les désinences en -oscus et en -uscus comme une variante de la désinence en -ascus. Les deux orthographes antiques du nom de Tarascon (Bouches-du-Rhône), Ταρασxων et Ταρούσxων, l’une chez Strabon, l’autre chez Ptolémée, confirmé par Pline, pourraient justifier ce système. On sait qu’il y a dans l’Ariège un autre Tarascon. Quant à la désinence -iscus, on sait qu’elle est celtique, en même temps grecque et germanique ; Zeuss, Grammatica celtica, 2e édition, p. 808 ; Ad. Regnier, Traité de la formation des mots dans la langue grecque, p. 206, 207 ; J. Grimm, Deutsche Grammatik, 2e édition, t. II, p. 373-377.
[140] De sacris sylvarum quae Nimidas votant, dans l’Indiculus superstitionum et paganiarum, Concile de Leptine de 743. Migne, Patrologia latina, t. LXXXIX, col. 811. Moriz Heyne, Kleinere aliniederdeutsche Denkmaeler, 2e édition, p. 89.
[141] On en trouve un écho dans la traduction irlandaise de Darès de Phrygie, où le latin ara est rendu par bois sacré, fid-neimed. Whitley Stokes, Togail Troi, p. 19, cf. p. 159. On rencontre aussi cette dénomination dans le Senchus Mor, Ancient laws of Ireland, t. 1, p. 162, ligne 29 ; p. 164, ligne 3.
[142] De Bello gallico, livre II, c. 4 ; cf. Tacite, Germania, 28.
[143]
Strabon, IV, c. 1, § 14, édition Didot, p. 157, lignes 19 et suiv., se trompe
quand il croit que Celte est primitivement le nom des habitants de
[144] Livre XLIV, c. 26 ; cf. liv. XXXVIII, c. 17.
[145]
Hermann Peter, Historicorum romanorum
relliquiae, t. I, p. 183 ; cf. Mommsen, dans le Rheinisches Museum, année 1861, t, I, p. 450. Voir aussi Scholia bernensia ad Vergilii bucolica atque
georgica edidit, emendavit, praefatus est Hermannus Hagen. — Jahrbuecher fuer classische philologie
herausgegeben von Alfred Fleckeisen, vierler Supplementarband. Leipzig,
[146] Tite-Live, livre XXXVIII, c. 16 et suivants.
[147] Cimbri, Teutoni alque Tigurini ab extremis Galliae profugi. Édition d’Otto Jahn, livre I, c. 37, p. 60, ligne 8. Florus écrivait au commencement du IIe siècle de notre ère.
[148] Tite-Live, livre V, c. 33, 34.
[149] Cent vingt ans avant la bataille de Salamine, suivant Timée, cité par Scymmus de Chio, vers 206-214. Didot-Mueller, Geographi græci minores, t. I, p. 204.
[150] Hérodote, livre V, c. 9.
[151] Hérodote, livre I, c. 94 ; cf. liv. IV, c. 49.
[152] Aristote, cité par Plutarque, Vie de Camille, c. 22, éd. Didot, p. 167 ; cf. l’édition d’Aristote donnée par Didot, t. IV, seconde partie, p. 299, col. 1.
[153] Scylax, c. 18, Didot-Mueller, Geographi græci minores, t. I, p. 25.
[154] Polybe, livre II, c. 17, § 3 ; deuxième édition Didot, t. I, p. 80 ; Tite-Live, livre V, c. 33, § 7-11, c. 34, § 9.
[155] Polybe, livre II, c. 17, § 1 ; deuxième édition Didot, t. I, p. 80.
[156] Strabon, livre V, c. 2, § 2 ; édition Didot, p. 182, lignes 48 et suiv.
[157] Strabon, livre V, c. 4, § 3 ; édition Didot, p. 202, lignes 20 et suiv.
[158] Denys d’Halicarnasse, livre VII, c. 3 ; édition Teubner-Kiessling, t. III, p. 4.
[159] Fragment 69, chez Hermann Peter, Historicorum romanorum relliquiae, t. I, p. 71, d’après Velleius Paterculus, livre I, c. 7, § 2. Avant sa colonisation par les Étrusques, Capoue existait comme ville osque ; Hécatée, qui écrivait vers l’année 500, parle d’elle.
[160] Tite-Live, livre XXVI, c. 14.
[161] Tite-Live, livre IV, c. 37, § 1.
[162] Tite-Live, livre IV, c. 44, § 12.
[163] Cornelius Nepos, Chronica, cité par Pline, livre III, § 125. La prise de Melpum est probablement la conséquence immédiate de la victoire remportée par les Gaulois sur les Étrusques auprès du Tessin ; Tite-Live, livre V, c. 34, § 9.
[164] Tite-Live, livre V, c. 20, 21.
[165] Livre I, c. 74 ; édition Teubner-Kiessling, t. I, p. 91, lignes 28 et suiv.
[166] Diodore de Sicile, livre XIV, c. 113 et suivants ; édition Didot, t. I, p. 621 et suivantes. Comparez le passage d’Appien cité plus bas, avant dernière note.
[167] Tite-Live, livre V, c. 33, § 2-4.
[168] Livre XIII, c. 10 ; édition Teubuer-Kiessling, t. IV, p. 195.
[169] Plutarque, Camille, c. 15 ; édition Didot, p. 162. Ce récit fait partie d’un cycle d’histoires d’amour dont plusieurs concernent les Gaulois, voyez Aristide de Milet chez Didot-Mueller, Fragmenta historicorum græcorum, t. IV, p. 320, Parthenius, c. 8 ; Plutarque, De virt. mul., c. 22.
[170] Invisitato atque inaudito hoste, ab Oceano terrarumque ultimis oris bellum ciente, c. 37, § 2 ; cf. Zeuss, Die Deutschen, p. 165.
[171] La quantité de la première syllabe du nom des Sénons d’Italie est établie non seulement par l’orthographe de Polybe, mais par la quantité de la première syllabe du nom de Séna, leur capitale, Lucain, II, 407, et Silius Italicus, VIII, 455 ; XV, 555 ; chez Polybe, II, 19, 12, Σήνη.
[172]
Les Cenomani d’Italie ont eu un peuple homonyme dans
[173] Per Taurinos saltusque Juliae Alpis transcenderunt, livre V, c. 34, § 8.
[174] Appien, au second siècle de notre ère, fait arriver directement des bords du Rhin les Gaulois qui ont assiégé Clusium et pris Rome. Il ne parle pas d’établissement des Gaulois en Italie avant cette expédition (édit. Didot, p. 25, 26).
[175] Voyez notamment Zeuss, Die Deutschen, p. 161 et suivantes ; Mommsen, Rœmische Geschichte, 6e édition, t. I, p. 324 et suivantes ; Duncker, Geschichte des Alterthums, t. VI (1882), p. 298.