PREMIÈRE PARTIE —
Nul écrivain sérieux ne saurait admettre qu’Énée soit venu
en Italie, opinion si chère à l’orgueil des grandes familles romaines qui
rattachaient leur origine à cette migration fabuleuse, opinion dont s’aida
César, ce prétendu descendant d’Ascagne, pour établir la tyrannie par la
légitimité. En effet, ce n’est pas là une tradition indigène, et qui, comme
telle, pourrait contenir quelque mélange de vérité ; c’est une fable
étrangère inventée par des historiens et des poètes grecs, et adoptive par
les Romains, quand ils se prirent de passion pouf les choses grecques, quand
partout en Italie les villes rattachèrent leur fondation aux légendés
mythologiques ou héroïques de L’origine troyenne des Romains n’est pas même appuyée sur l’antique poésie des Grecs ; Homère, loin de la favoriser, lui est contraire, car, dans l’Iliade (II, XX, 307), Neptune prédit à Énée que sa race régnera à jamais sur les Troyens ; on osa, il est vrai, altérer cet oracle embarrassant pour les prétentions romaines, et on fit dire à Neptune que les descendants d’Énée régneraient sur tous les peuples[1] ; mais il est évident qu’Homère, n’ayant point lu l’histoire romaine dix-huit cents ans avant qu’elle fût écrite, n’a pu penser à cela. Bien longtemps après lui, on voit se former peu à peu la fiction dont la vanité des Romains devait tirer un si bon parti. On croit que Stésichore, au second siècle de Rome, fit voyager Énée vers l’Occident ; Stésichore ne songeait pas aux Romains, que personne alors ne connaissait. Beaucoup plus tard, Callias imagina de conduire Ulysse et Énée en Italie. Selon cet historien, les femmes des Troyens brûlèrent les vaisseaux d’Énée. Rome reçut son nom de l’une de ces femmes[2]. Timée, contemporain de Pyrrhus, et célèbre dans l’antiquité par ses mensonges historiques, est le premier qui paraisse avoir propagé la tradition de l’origine troyenne, telle qu’elle fut admise depuis. Les Romains s’empressèrent d’accepter cette généalogie,
qui les rattachait aux temps héroïques de Pour prendre acte de cette noble extraction qu’on leur prêtait et dont le bruit commençait à se répandre, les Romains déclarèrent à plusieurs reprises s’intéresser aux habitants d’Ilion, comme étant de leur sang[3]. Ilion était alors peu de chose ; les Romains faisaient ce que font les parvenus, qui reconnaissent pour leur parent un noble ruiné[4]. Flamininus, par égard pour les traditions épiques des Grecs, dont il avait proclamé le dérisoire affranchissement, affirmait, dans une inscription placée à Delphes, que lei Romains sortaient de la race d’Énée. Pour retrouver leurs aïeux parmi ces aïeux adoptés par le peuple romain, les grandes familles profitèrent de quelques ressemblances de nom fortuites et souvent forcées. Les Jules descendirent d’Ascagne, qui s’appelait aussi Iulus ; les Sergius auxquels appartenait Catilina, de Ségeste ; cinquante familles romaines prétendaient à une origine troyenne. Aujourd’hui encore, la famille des Caetani, dont l’antiquité très réelle n’a nul besoin de celte antiquité fabuleuse, pourrait, si ceux qui la représentent n’avaient. trop d’esprit pour cela, mettre en avant la prétention, que les généalogistes ont eue pour elle, de venir en ligne droite de Caieta, nourrice d’Énée. La croyance que César descendait d’Iulus était tout juste aussi bien fondée. Juvénal appelait les grands seigneurs romains, enfants de Troie, et aujourd’hui l’homme du Transtevere se proclame sans hésitation de sang troyen. Je pense qu’il en est de la venue d’Énée à Rome, comme de celle d’Évandre et d’Hercule ; fausse en elle-même, cette tradition tient à une tradition véritable, l’arrivée des Pélasges en Italie et à Rome ; les Troyens d’Énée, aussi bien que les Arcadiens d’Évandre et les Argiens d’Hercule, étaient des Pélasges[5]. Cette opinion me parait offrir d’autant plus de vraisemblance, que j’ai cru reconnaître, dans d’autres fictions du même genre, la même transformation d’une origine pélasgique en une origine grecque, la même substitution du peuple grec, fort à la mode, au peuple pélasge, à peu près oublié ; du frère cadet au frère aîné. Quoi qu’il en soit, en acceptant les imaginations de
Stésichore, de Callias et de Timée, les Romains voulurent les rattacher à
leurs divinités nationales ; on assura qu’Énée avait rapporté de Troie, avec
la statue de D’une nymphe latine, Anna Perenna, on fit, grâce à la similitude du nom, Anna, sœur de Didon[6]. Cette Anna Perenna était une divinité du pays et resta populaire à ce titre. Tandis que les lettrés la confondaient avec la sœur de Didon, que le peuple ne connaissait point, le peuple continuait à célébrer sa fête en allant boire et se divertir à un mille de Rome, sur la voie Flaminienne. Ovide[7] fait de cette fête une peinture animée et familière, qui rappelle les amusements populaires des Romains de nos jours, quand par exemple, au mois d’octobre, ils vent boire et se réjouir du même côté de Rome, dans les hôtelleries de la voie Flaminienne, sur la route de Ponte molle. Quelques détails de cette joie populaire décrite par Ovide se retrouvent dans les divertissements actuels des Romains, entre autres celui-ci : Ils chantent ce qu’ils ont entendu au théâtre. Il faut le dire à l’honneur des Romains modernes, Ovide ne les verrait plus revenir chancelants par l’effet du vin et une vieille femme avinée traînant un vieil ivrogne. Les romains boivent, mais on ne les voit jamais ivres dans les rues. On avait transformé Anna Perenna en une sœur de Didon ; elle devait subir encore une autre métamorphose, et une chapelle chrétienne a été dédiée à l’antique divinité latine, sous le nom d’Anna Petronilla[8]. Ouvrons maintenant Virgile, et suivons rapidement le récit qu’il fait de l’arrivée et de l’établissement d’Énée en Italie, cherchant dans ces admirables six derniers livres de l’Énéide quelques renseignements sur la physionomie des lieux, tels qu’ils y sont décrits, sur les origines, les mœurs, le culte des diverses races qui occupèrent Rome avant les Romains. Les vaisseaux d’Énée entrent à l’aurore dans le Tibre par un grand calme. En deux vers Virgile résume très bien cette succession de nuances diverses que présente un lever du soleil près de Rome[9]. La
mer rougissait des premiers rayons, et du haut de l’Éther la jaune Aurore
brillait sur son char rose. Il faut oublier la donnée mythologique obligée de l’Aurore et dry son char, pour remarquer comment Virgile a su y faire entrer une peinture vraie et d’après nature ; en effet le soleil, quand il apparaît, répand d’abord horizontalement des feux rougeâtres sur la mer ; puis le ciel prend des teintes roses et soufrées. Cela, on peut le voir tous les matins à l’embouchure du Tibre ; mais ce qu’on ne voit plus qu’en partie, c’est ce que Virgile montre ensuite[10]. Là, Enée aperçut de la mer un grand bois ; à travers ce bois, le Tibre, d’un cours gracieux, se précipitait en tourbillons rapides, et roulait dans ses ondes un sable jaunâtre ; de nombreux oiseaux, accoutumés à ces rives et au lit du fleuve, charmaient l’air de leurs chants et volaient à travers le bois. Les tourbillons du fleuve, le sable qui le jaunit caractérisent aujourd’hui l’aspect du Tibre comme au siècle de Virgile ; mais on ne peut plus parler de son cours gracieux, le bois a disparu et les oiseaux se sont envolés ; tin ne voit aux embouchures du Tibre qu’une plaine sans arbres, comme sans habitants, où des buffles paissent parmi les marécages. Aux buffles près, qui sont modernes[11], ce lieu devait être ainsi avant que le voisinage d’Ostie y eût fait naître une végétation qui s’en est allée avec Ostie. Aujourd’hui c’est une plage stérile plus semblable qu’au temps de Virgile à ce qu’elle était au temps d’Enée. Il y avait encore une autre différence topographique entre ce qu’avait été l’embouchure du Tibre à l’époque où Virgile place l’arrivée d’Énée, et ce qu’elle fut à une époque plus récente ; le rivage qui avance perpétuellement avait moins empiété sur la mer. L’île sacrée qui a été formée par le bras artificiel du Tibre, le seul navigable de nos jours, file Sacrée n’existait pas. Ce fut depuis un lieu charmant qu’on appelait l’encens de Vénus[12] à cause des rosiers qui l’embaumaient. Les roses d’Ostie ont fait place, comme les roses célèbres de Pœstum, à une plaine désolée. L’aspect de ce rivage est donc très peu semblable à la peinture qu’en a tracée Virgile, d’après ce qu’il avait sous les yeux ; et, bien que cet aspect soit moins différent aujourd’hui que sous Auguste de celui qui aurait frappé les regards d’Énée, s’il eût jamais abordé au rivage Laurentin, on vient de voir qu’il en diffère, cependant, à quelque égards. L’histoire des lieux a ses phases de splendeurs et de ruines, et fait rêver comme l’histoire des hommes. Énée trouve dans le Latium le vieux roi Latinus, qui gouvernait depuis longtemps ses peuples au sein d’une paix profonde : c’est la paix de Saturne qui règne encore ; c’est une allusion à cet âge de tranquillité qu’on plaçait à l’aurore de la vie latine. Latinus a une fille, Lavinia, qui donna son nom à la ville de Lavinium. Ce nom, par une confusion qui tient à la ressemblance des sons, a été dans les temps modernes transporté à Lanuvium, aujourd’hui Città-Lavinia ; grâce à cette transposition, il s’est formé une tradition absurde qui ne tient aucun compte de la nature des lieux et d’après laquelle on montre, scellé dans une muraille, à Lanuvium, qui est assez loin de la mer, l’anneau de fer auquel Énée aurait attaché son vaisseau. Un prodige vient épouvanter le vieux roi Latinus une flamme a paru tout à coup autour de la tête de Lavinia. Latines va consulter l’oracle de Faunus dans les bois qui sont au-dessous de la haute Albunée, la plus grande des fontaines sacrées, qui verse à travers les forêts une eau retentissante, exhalant une odeur méphitique sous les ombrages épais. Le nom de Faunus donné à cet oracle reporte son origine à l’époque des hommes des bois et de la forêt primitive. Ces hommes sauvages paraissent, comme je l’ai dit, avoir éprouvé un respect superstitieux pour les eaux sulfureuses qui guérissaient les maladies, et dans le voisinage desquelles devaient se produire des phénomènes volcaniques dont les causes agissaient encore. On suppose en général que Virgile a placé cet oracle de Faunus près de Tivoli c’est une erreur : l’oracle se rendait près de la solfatare d’Altieri, aux environs de Laurentum (Tor Paterno ou Capocotta[13]). Cependant Énée a débarqué et a tracé un camp fortifié
qu’il entoure d’un fossé et d’un relèvement de terre avec un mur crénelé. La
description qu’en fait Virgile donne l’idée de ce que devait être Il y avait au temps de Varron, près de Laurentum, un lieu appelé Troja ; peut-être ce nom qui se retrouve ailleurs, en Italie[14], avait-il été apporté par les Pélasges ; peut-être a-t-il aidé à l’établissement de la fable de l’invasion troyenne. On connaît la truie aux trente nourrissons, dont l’histoire se lie à la fondation de la ville d’Albe. Cette truie figure encore dans les armes de la petite
ville d’Albano, et un bas-relief qui la représente au milieu de sa famille,
encastré dans le mur d’une maison au-dessus d’une fontaine, a donné à une rue
de Rome le nom de rue de Les envoyés d’Énée trouvent le roi Latinus dans la ville de Laurentum, nom qui atteste l’existence d’un bois de lauriers pareil à celui qui croissait sur l’Aventin ; et ce qui rappelle aussi l’Aventin, la demeure de Latinus était enveloppée de forêts, horrendum sylvis. Ces deux mots peignent énergiquement l’aspect primitif du Latium ; mais, dans ce qui suit, Virgile se permet un anachronisme évident, Latinus habite un palais dont le toit est soutenu par cent colonnes ; ses chevaux sont couchés sur la pourpre et portent des colliers d’or. Puis l’imagination du poète revient des magnificences
exagérées de Connaissez
les Latins, la nation de Saturne qui n’est point juste par contrainte ou par
l’empire des lois, mais spontanément, et se gouverne selon les coutumes de
son antique dieu. Du reste, le tableau que nous présente Virgile du théâtre de la guerre des Troyens et des Rutules est encore, en certains endroits, d’une assez grande fidélité pour que l’aimable auteur du Voyage sur le théâtre des six derniers lires de l’Énéide, M. de Bonstetten, ait pu dire à propos des environs de Laurentum ; Tel est le pays que j’ai vu dans Virgile et dans la nature. La guerre s’engage. Ascagne ayant tué à la chasse le cerf chéri d’une jeune fille latine, les féroces habitants de la forêt en sortent, conduits par le père de la jeune fille, lequel était dans ce moment en train de fendre un chêne et s’avance, respirant le meurtre. Je crois voir s’avancer un bûcheron de ces parages, qui vient faire une vendetta. Il y a dans ce qui reste de forêts au bord de la mer des bûcherons qui ont cet air-là. Ces forêts elles-mêmes sont peintes par Virgile telles
qu’elles sont encore, formées d’arbustes serrés parmi lesquels s’élèvent çà
et là de grands arbres[16] ; c’est ce qu’on
nomme Puis commence l’énumération des races latines soulevées contre les Troyens. Nous retrouverons là, peintes par des traits dont quelques-uns se reconnaissent aujourd’hui, les populations que l’histoire nous a fait entrevoir et que la poésie va nous montrer. D’abord paraît le farouche Mézence, le chef des Tyrrhéniens venus avec lui de Cœre qui s’appelle encore de son nom pélasgique, Agylla. Mézence représente énergiquement l’idée qu’on se faisait de ce qu’avaient été les Tyrrhéniens dams l’âge de la piraterie, quand leur cruauté envers leurs prisonnier était célèbre, quand on disait proverbialement les attaches des Tyrrhéniens pour exprimer la coutume attribuée à ce peuple d’attacher ses prisonniers à des cadavres[17], comme le fait Mézence dans Virgile. Les Tyrrhéniens, qui passaient pour être des Pélasges, devaient être réputés impies ; aussi Mézence est-il appelé par Virgile le contempteur des dieux. Vient ensuite Aventinus, qui a donné son nom à une des sept collines de Rome, et dont j’ai déjà eu occasion de parler. Virgile confirme la fondation de Tibur par les Pélasges, il appelle les Tiburtins : Argiva juventus, les guerriers d’Argos ; en effet, on racontait que l’un des fondateurs de Tibur avait été le conducteur de la flotte d’Évandre l’Arcadien. Il y avait à Tivoli un célèbre temple d’Hercule dont les restes existent encore[18] ; si le culte d’hercule à Tibur était ancien, il devait remonter aux Pélasges ; en général, les villes d’origine pélasgique ont un temple d’Hercule. Préneste, aujourd’hui Palestrine, a été plus certainement fondée ou au moins occupée très anciennement par les Pélasges ; les murs de la forteresse sont le plus bel échantillon de murs pélasgiques que l’on rencontre aux environs de Rome ; elle a porté le nom grec de Polystéphanon, à plusieurs couronnes, c’est-à-dire à plusieurs enceintes[19]. Virgile célèbre son fondateur Cœculus, fils de Vulcain,
divinité pélasgique. Puis, dit-il, viennent ceux qui cultivent les champs de Dans le tableau des populations de cette partie de l’Italie nous allons relever de précieux détails sur l’état ancien de toutes celles qui nous ont apparu confusément dans l’histoire de Rome avant les Romains. Dans la plaine sont les habitants du Latium antique, Sicules, Rutules, Ligures, Ausoniens. C’est un pêle-mêle animé qui représente bien cet océan tourmenté de peuples dont le flux et reflux inondait tour à tour ou abandonnait le Latium. La peinture que fait Virgile des hommes de la montagne est empreinte de la rudesse de leurs coutumes et de leurs mœurs[21]. Tous, dit-il, ne possèdent pas des armes, des boucliers, des chars ; la plupart lancent avec la fronde des balles de plomb ; d’autres portent à la main des javelots et coiffent leur tête de la peau fauve des loups ; leur pied gauche est nu, une guêtre grossière couvre leur jambe droite. Aujourd’hui ces montagnards lancent encore très volontiers des balles, mais c’est avec un fusil ; ils ne se couvrent pas de peaux de loups, mais de peaux de moutons. Ils portent encore la guêtre des temps primitifs, mais aux deux jambes ; la coutume de n’avoir qu’une jambe couverte était une coutume grecque[22] venue en Italie avec les Pélasges. Messapus, fils de Neptune, divinité qui devait être chère
aux Pélasges, ces grands navigateurs, amène les habitants du pays situé entre
Nous rencontrons donc chez Virgile le souvenir des Pélasges dans la contrée où les monuments, les noms de lieux, les cultes religieux nous ont indiqué leur présence. Ensuite nous voyons entrer en scène un peuple dont j’ai déjà parlé et dont j’aurai- beaucoup à dire, le peuple sabin. Voici les Sabins que conduit leur chef Clausus. Clausus est l’aïeul des Claudius, famille Sabine qui, admise dans la cité romaine, y porta l’âpreté de sa race et s’y fit toujours remarquer par sa hauteur et sa fermeté, qui produisit Appius le décemvir et Appius Claudius Cœcus, ce type du Patricien, enfin, qui après avoir été déshonorée par les infamies de Tibère, se releva par la vaillance de Claude le Gothique, aïeul de Constantin. D’autres montagnards sont représentés attachant des traits à un fléau[23], d’autres encore couvrant leur tête de l’écorce du liége[24]. Non seulement personne dans le pays romain ne se sert plus du fléau pour y attacher des traits, mais on ne s’en sert pas même pour battre le blé. On le fait fouler sur l’aire par les chevaux, suivant l’usage antique. Quant au chêne liége, bel arbre, moins beau cependant que le chêne vert, il n’est pas très rare aux environs de Rome, mais je ne sache pas qu’on en fasse autre chose aujourd’hui que des bouchons. A côté des ressemblances entre l’état ancien des populations que décrit Virgile et leur état présent, il y a aussi les différences introduites par le temps, et qui souvent ne sont pas moins piquantes que les ressemblances. La nation des Èques, ces ennemis acharnés des Romains durant es premiers siècles de la république, est ainsi caractérisée par Virgile[25]. La nation des Èques d’un aspect sauvage (horrifia) accoutumée à chasser dans les forêts. Ceux-ci cultivent la terre tout armés. Les descendants des Èques, de même que d’autres populations de la montagne, sont, comme leurs aïeux, des cultivateurs armés ; ils piochent le fusil sur le dos. Virgile ajoute : Ils se plaisent à enlever sans cesse de nouvelles proies et à vivre du bien volé. Les populations dont il s’agit aiment encore beaucoup à vivre de ce bien-là. Virgile ne pouvait oublier les Marses, qui savaient l’art d’assoupir les vipères, de les apprivoiser par des chants et des attouchements et prétendaient guérir de leurs morsures[26]. Cet art, ou plutôt cette jonglerie, est encore pratiqué aux environs du lac Fucin par les petits-fils des Marses ; ceux qui disent en avoir le secret sont sous la protection de saint Dominique et s’appellent viperavi. De chez les Volsques est venue la guerrière Camille,
vierge farouche qui ne se livre pas aux travaux
de Minerve, mais est exercée à endurer de rudes combats, et devance les vents
à la course[27]. Plus d’une
jeune femme du pays des Volsques, où se trouve Sonino, célèbre village de brigands,
est aussi farouche que Camille ; comme elle, légère à la course, quand elle
suit son mari à la montagne, elle peut braver avec lui de rudes combats. La
brigande de Sonino ne porte pas, comme Camille, de pourpre royale ; mais en
cela pareille à la jeune Volsque, elle attache ses cheveux avec une épingle
d’or ou une agrafe du même métal, On voit que les tableaux de Virgile sont encore vrais et encore vivants, et qu’en donnant aux peuplades qu’il décrit une forte teinte de la sauvagerie du passé, il les a peintes telles, à peu près, qu’elles devaient être un jour. Il y a dans l’Énéide d’autres traits caractéristiques des races que Virgile met en scène. Camille, par exemple, dit au Ligure qui lui demande de combattre à pied contre elle, et, quand elle est descendue de cheval, se met à fuir de toute la rapidité du sien : Ligure trompeur, tu essayes en vain des artifices de ta race. On se souvient que les Ligures, peuple ibérien, ont une certaine parenté avec les Gascons, qu’on dit un peu rusés, et une parenté étroite avec les Basques, célèbres par leur agilité ; or, le Ligure qui cherchait à tromper Camille est, comme on voit, assez gascon, et, poursuivi par la guerrière, fuit devant elle avec la rapidité d’un Basque. La visite d’Énée au roi Évandre, sur le Palatin, est un
des plus charmants morceaux de l’Énéide. Virgile y exprime admirablement ce
que d’autres poètes, Ovide, Properce, Tibulle, ont souvent cherché aussi à
rendre : le contraste de On sent dans les vers de Virgile comme un regret
mélancolique des temps primitifs de Énée remonte le Tibre, que Virgile représente comme ombragé par celte antique forêt qu’il ne manque pas une occasion d’indiquer, ainsi que j’ai soin de le faire toujours, et qui, de son temps, devait avoir commencé à disparaître. Les Troyens, en suivant les sinuosités du fleuve, passent sous des forêts dont leurs navires fendent l’image, reflétée dans les ondes tranquilles[29]. Énée ne trouverait rien de pareil aujourd’hui. Il débarque en avant du Palatin, au-dessous de Rome, tout entière alors sur le Palatin, dans un bois sacré[30] dont nous connaissons la place, car c’est celle du temple d’Hercule, auquel le roi Latinus offrait un sacrifice. Un reste du bois sacré, que la tradition plaçait en ce lieu, existait peut-être encore du temps de Virgile, à l’extrémité du quartier élégant et animé du Vélabre, là on est aujourd’hui la place pittoresque sur laquelle s’élèvent la tour de Santa Maria in Cosmedin, une fontaine et le joli temple qu’on appelle à tort le temple de Vesta. Si ce lieu n’est plus ombragé, il est encore solitaire. Les bœufs y viennent boire à la fontaine, et on y rencontre souvent des troupeaux de chèvres, qui paissent à Rome dans les rues écartées. Virgile, qui a la connaissance de toutes les origines, n’a garde d’oublier la parenté des Arcadiens et des Troyens. Énée, dans le discours qu’il adresse au fils d’Évandre, Palas, invoque cette parenté en remontant à Dardanus, père des deux peuples. Évandre, après avoir raconté au chef étranger la mort de Cacus au pied de l’Aventin, qui en fut le théâtre, lui retrace l’histoire du lier où ils sont, qui est l’histoire primitive du Latium, telle que je l’ai exposée moi-même. Il lui peint d’abord les peuples sauvages de la forêt qui vivaient de leur chasse, sans lois, sans civilisation[31] ; puis la civilisation apportée par Saturne, l’âge d’or, temps de paix auquel succèdent l’âge de fer et les combats, l’arrivée des Sicules[32] et de nations venues du sud de l’Italie. Ensuite Évandre prend avec lui son hôte pour lui montrer Borne, c’est-à-dire les lieux ignorés que ce nom fera un jour célèbres, comme il nous arrive chaque jour de servir au même endroit de cicérone à un ami fraîchement débarqué ; ainsi fait Évandre pour Énée. Suivons donc dans cette promenade le premier des cicérone et le plus ancien des voyageurs. Enée regarde avec étonnement, il porte çà et là un regard empressé ; charmé, il interroge et recueille tous les souvenirs de l’antiquité. On voit qu’Enée est un curieux sensible aux souvenirs, que les lieux intéressent et qui a déjà presque des impressions de voyage. Évandre, avant tout, conduit Énée au tombeau de sa mère, Carmenta, là où est aujourd’hui le théâtre de Marcellus ; pour y arriver il fallait passer le Vélabre, Virgile ne le dit point. Comme nous le verrons pour Tite-Live, à propos de la naissance de Romulus ; en présence des magnificences du Forum et du quartier toscan, le Palais-Royal de Rome qui avait remplacé le Vélabre, Virgile a oublié cette fois l’état primitif de ces lieux et le grand marais qui les couvrait en partie au temps d’Évandre. Puis ils reviennent sur leurs pas en longeant cette fois le Vélabre et en contournant l’escarpement méridional de la roche Tarpéienne. Évandre montre alors à Énée le bois de l’Asile, grand bois, dit Virgile, qui ne le concevait pas comme l’ont fait les antiquaires romains et comme le font les antiquaires de nos jours, resserré entre deux sommets sur l’étroite esplanade du Capitole, où Énée aurait eu de la peine à l’apercevoir du pied de la roche Tarpéienne ; mais, comme il faut se le figurer, couvrant toute la partie méridionale de la colline[33] et descendant jusqu’à l’autel de Saturne qui était l’autel de l’Asile. Le bois de l’Asile était pour Énée et pour Évandre sur leur gauche. Virgile le nomme avant l’antre Lupercal qui était à leur droite, un peu en arrière, et avant le bois Argiletum qu’ils avaient en face. Il semble qu’on fasse avec eux cette promenade des temps héroïques, portant les yeux tantôt à droite, tantôt à gauche, tantôt devant soi, s’arrêtant, se retournant et écoutant les récits du bon Évandre sur l’histoire ancienne de ces lieux dont l’histoire future alors est pour nous une si vieille histoire. Ils n’ont pas gravi le Capitole, auquel on ne pouvait que difficilement arriver de l’autre côté, où conduisait, de celui-ci, un chemin qui traversait le bois de l’Asile, et s’appelait encore montée de l’Asile au temps de Vespasien. Je puis préciser les détails de cette course imaginaire parce que Virgile est toujours précis, même quand il est fabuleux. Les indications sur les localités anciennes ne sont point à dédaigner ; d’ailleurs on ne sera pas fâché peut-être de pouvoir refaire pas à pas le chemin qu’Évandre est dit par Virgile avoir fait avec Énée. Enfin ils montèrent au Capitole, à ce Capitole étincelant d’or au temps de Virgile et, comme il le dit très justement lui-même, à l’époque dont il retrace les souvenirs, hérissé de broussailles. Aurea
nunc, olim sylvestribus horrida dumis. Beau vers, qui va comme un éclair d’un pôle de l’histoire romaine à l’autre. Virgile se transporte admirablement par l’imagination dans cet âge du Capitole inhabité, mais rempli de terreurs et de pressentiments[34]. Déjà
la religion formidable du lieu épouvantait les pâtres timides, déjà ils
redoutaient la forêt et le rocher. Ce bois, cette colline aux cimes
ombreuses, quel dieu, on ne sait ; mais un dieu les habite. Les Arcadiens
croient y avoir vu Jupiter secouant soit égide et amassant les nuages. Le tonnerre en effet devait frapper souvent[35] ce sommet isolé, sur lequel outre les broussailles croissaient aussi de grands chênes. Puis Évandre montre à Énée les ruines de plusieurs villes déjà détruites : Saturnia dont j’ai parlé, et Janiculum, dont je parlerai bientôt. Car dans cette visite à Là, dit Virgile, des bœufs mugissaient dans le Forum romain et dans les opulentes Carines[36]. Romano
que Foro et lautis mugire Carinis. Ce vers m’a toujours profondément frappé, lorsque je
traversais le Forum, aujourd’hui Campo-Vaccino
(le champ du bétail)
; je voyais en effet presque toujours à son extrémité : des bœufs couchés au
pied du Palatin. Virgile, se reportant de J’aimais à les contempler à travers quelques colonnes moins vieilles que les souvenirs qu’ils me retraçaient, reprenant possession de ce sol d’où les avait chassés la liberté, la gloire, Cicéron, César, et où devait les ramener la plus grande vicissitude de l’histoire, la destruction de l’empire romain par les barbares. Ce que Virgile trouvait si étrange dans le passé n’étonne plus dans le présent ; les bœufs mugissent au Forum : ils s’y couchent et y ruminent aujourd’hui, de même qu’au temps d’Évandre et comme s’il n’était rien arrivé. Ensuite le vieux chef arcadien introduit Énée dans Énée, par le conseil d’Évandre va demander des secours à Tarcho, roi de Cœré. Tarcho a succédé au féroce Mézence ; il fait alliance avec le chef troyen. L’idée de cette alliance me parait avoir été suggérée à Virgile par la tradition qui voulait qu’un lucumon étrusque fût venu au secours de Romulus. La guerre recommence ; pendant une trêve de douze jours, Latins et Troyens vont ensemble couper des arbres dans la forêt voisine du camp d’Enée. Cette forêt est celle de Castel-Fusano, célèbre par ses beaux pins à parasol, dont nul de ceux qui les a une fois admirés ne peut perdre le souvenir. Ces pins figurent dans l’Énéide[37]. ...
Ever,untque altas ad sidera pinus. Ils
renversent les pins qui s’élevaient jusqu’aux astres. Aujourd’hui ce ne sont plus les Latins ou les Troyens qui les font tomber sous la hache, mais les propriétaires de Castel-Fusano , pour les débiter aux entrepreneurs du chemin de fer. Virgile ne suit pas son héros jusqu’à sa mort ; Ovide s’est chargé de compléter la vieille tradition en racontant la disparition du héros, noyé dans les eaux du Numicius, mai a qu’Ascagne déclare avoir vu changé en dieu ; fable renouvelée depuis pour Romulus. Virgile avait caractérisé d’un mot le fleuve, en parlant des marais qu’il forme. En effet, le Rio torto, nom actuel du Numicius, est un petit fleuve au cours paresseux, serpentant à travers un pays de marais, comme font tous ceux qui se traînent sur un sol plat et à demi submergé. Dans l’Asie Mineure j’ai vu le Méandre, qui est aussi un rio torto, comme le prouve l’emploi qu’on a fait de son nom pour désigner ce qui est tortueux, j’ai vu le Méandre créer dans la plaine de Magnésie un vaste marais. Ovide[38] ajoute au tableau un trait non moins d’après nature : ...
lectus arundine serpit ; il
se glisse sous les roseaux. Silius Italicus, déjà poète de la décadence, peint beaucoup moins fidèlement les lieux que Virgile et Ovide ; pour lui le Numicius coule sur un lit de sable, il sort de grottes cristallines[39]. Les eaux du Rio torto sont fangeuses dans la réalité comme dans l’Énéide. Aux environs de Laurentum plusieurs localités rappelaient le souvenir d’Énée. Une source dont l’eau était très bonne portait le nom de source de Juturna, sœur de Turnus, ou plutôt les poètes avaient donné à cette sœur le nom d’une nymphe de la contrée. On conservait d’Enée non seulement des souvenirs, mais même des reliques. Denys d’Halicarnasse en parle, et Timée, qui ne mentait pas toujours, disait les avoir vues. C’était d’abord la fameuse truie que l’on gardait salée. On montrait le vaisseau d’Énée dans l’arsenal de Rome, encore au temps de Procope, lequel, tout bon chrétien qu’il était, déclare surnaturelle la construction et la conservation du vaisseau, et semble y voir, comme Denys d’Halicarnasse dans les monuments élevés à la mémoire d’Énée en Italie[40], une preuve qu’il y était venu[41]. On serait tenté de croire que ces reliques prouvaient au
moins l’existence d’une tradition locale et populaire, mais il n’en est rien.
Les créations de l’art deviennent, avec le tempe, des réalités pour la foule.
A Lavinium on montrait la ‘truie, et le vaisseau à Rome, parce qu’il est fait
mention de tous deux dans l’Énéide, comme à Circéï on montrait la coupe de
Circé, parce qu’il en est parlé dans l’odyssée. En Écosse on montre bien aux
voyageurs le lieu où ont vécu les personnages que Walter Scott a inventés ;
l’île de Aujourd’hui même ces souvenirs locaux d’Énée n’ont pas entièrement péri. Aux environs dé Lavinium une petite rivière s’appelle encore rio di Turno, ruisseau de Turnus, et une colline prés d’Ardée a été indiquée à M. Abeken par un jeune garçon, qui confondait les Troyens et les Rutules, comme portant le nom de montagne de Troie, monte di Troja[42]. Il est difficile que la tradition toute seule ait conservé parmi le peuple ces souvenirs de Turnus et de Troie ; on peut croire qu’elle a été rafraîchie par l’érudition plus ou moins grande de quelque antiquaire des environs et par les fables sur les origines troyennes de Rome, qu’à Florence, au temps du Dante, les mères en filant leur quenouille racontaient à leurs enfants. Le sanctuaire consacré à Énée et la plupart des temples qu’on croyait avoir été élevés par lui-même aux environs de Lavinium étaient encore debout sous Auguste, entre autres le temple des Pénates. Le culte des Pénates, à Lavinium, culte qu’on faisait remonter jusqu’à la venue d’Énée, est du petit nombre de ceux qui ont survécu à la proclamation officielle du christianisme. Après l’édit de Théodose qui ordonnait de fermer les temples, sans doute le temple des Pénates fut fermé à Rome, à Lavinium il était encore ouvert et fréquenté[43]. Car, si ce sont les classes populaires des villes qui, Ies premières ont embrassé la religion nouvelle, ce sont les classes populaires des campagnes qui ont le plus tard abandonné l’ancienne croyance, les paysans (pagani), comme le prouve le nom donné par les chrétiens aux sectateurs obstinés des faux dieux et qui est devenu le nom de païens en général. Et puis, ce qui tenait à des origines flatteuses pour la vanité romaine était ménagé même alors par cette vanité dont le christianisme n’avait pas encore complètement triomphé. A Rome, au-dessous de Le vieux temple, transformé en une vieille église, fait passer en in clin d’œil l’esprit des plus antiques religions de l’Italie au christianisme. Ces rapprochements soudains de l’antiquité et des temps modernes, provoqués par la vue d’un monument dont la destinée se lie à l’une et aux autres, sont très fréquents à Rome. L’histoire poétique d’Énée aurait pu m’en fournir plusieurs. Ainsi dans l’Énéide, aux funérailles de Pallas, une longue procession s’avance, portant des flambeaux funèbres[45], suivant l’usage antique, dit Virgile En effet, on se souvient que l’usage des cierges remontait à l’abolition dies sacrifices humains, accomplie dans les temps héroïques par le dieu pélasgique hercule. La description que fait Virgile des funérailles de Pallas pourrait convenir à un de ces enterrements romains où l’on voit de longues files de capucins marchant processionnellement en portant des cierges. ...
Lucet via lungo Ordine
flammarum. (Virgile, Æn., X,143.) Le culte des Pénates aurait pu nous offrir un rapprochement encore plus frappant entre une légende antique et une légende moderne. On racontait que les Pénates ayant été transportés par Ascagne dans la ville d’Albe, quittèrent leur nouveau séjour et revinrent à Lavinium[46]. C’est ainsi que le célèbre enfant Jésus de cire, si vénéré à Rome sous le nom de Bambino, ayant été enlevé revint, le lendemain matin, frapper à la porte de l’église d’Ara-Cœli. On voit qu’à Rome certaines choses n’ont pas beaucoup changé depuis le temps d’Ascagne. |
[1] Naturellement Virgile a adopté cette version de la prophétie qu’il a mise dans la bouche d’Apollon, Æn., III, 97.
[2] Schwegler, Röm. gesch., I, 298.
[3] Scipion, Sella, l’empereur Claude, sous grands amis de l’hellénisme, se signalèrent par des démonstrations de cette espèce.
[4] La satisfaction lit réciproque entre ces parents un peu éloignés et qui s’étaient perdus de vue assez longtemps. (Justin, XXXI, 8.)
[5] Si Évandre vient
d’Arcadie et Hercule de l’Argolide, qui sont des pays pélasgiques, Énée vient
de l’Ida qui ne l’est pas moins. Il tient à Dardanus, qui part d’Italie et va
dans l’Arcadie,
[6] Ovide, Fastes, III, 545 et suiv.
[7] Ibid., 523 et suiv.
[8] A monte di Leva, près de Pratica, Lavinium, la ville fondée par Énée. Ovide suppose qu’Enée avait retrouvé dans le Latium Anna Perenna, dont il ne manque pas de faire la sœur de Didon. (V. Bonstetten, Voyage dans le Latium, p. 197).
[9] Virgile, Æn., VII, 25.
[10] Ibid., VII, 29.
[11] Les buffles ne sont jamais mentionnés par les auteurs latins, on croit qu’ils ont été amenés en Italie par les Barbares.
[12] Libanus almæ Veneris. Géographe anonyme du cinquième siècle, cité dans le Handbook for central Italy, part. II, Rome and its environs, p. 301.
[13] Virgile, Æn., VII, 82. Oraculum ejus (Fauni) in Albuneà Laurentinorum sylvà est. (Probus, Georg., I, 10 ; ap. Klausen.)
[14] Il y a encore en Étrurie un monte di Troja. (Denn., Sep. of Etr., II, 277.)
[15] Virgile, Æn., VII, 202.
[16] Ibid., IX, 381.
Sylva fuit, latè dumis atque ilice nigra
Horrida, quam densi complexant undique sentes
;
Rara per occultos ducebat semita calles.
[17] Aug., Contra Julian Pel., IV, 78.
[18] Nibby, Dintorno di Roma, III, 190. Nibby croit
reconnaître les restes d’un temple d’Hercule dans ce qu’on appelle improprement
la maison de Mécène (Ibid., p.
183-1), et n’est pas éloigné d’en voir un autre, comme on le fait en général,
dans
[19] Strabon, V, 3, 11. Comme on le voit encore dans la ville pélasgique de Segni.
[20] . . . . . . Roscida
rivis
Hernica saxa colunt.
Il y a peut-être une intention dans le rapprochement de Hernica et de Saxa ; herna, dans la langue des Sabins, voulait dire rocher.
[21] Virgile, Æn., VII, 685.
[22] Hygin. ap. Macrobe, Saturnales, V, 18.
[23] Virgile, Æn., VII, 731.
[24] Ibid., 742.
[25] Ibid., 746.
[26] Ibid., 754.
[28] Ibid., XI, 715.
[29] Ibid., VIII, 95.
[30] Ante urbem in luco. (Ibid., 404.)
[31] Ibid., VIII, 314.
[32] Tum manus ausoniæ, et gentes venère sicanæ. (Ibid., 328.)
Les Sicules ont été souvent appelés Sicani, surtout en poésie. Les vrais Sicanes étaient un peuple ibère.
[33] Denys d’Halicarnasse (II, 50) parle d’un bois qui descendait jusque dans le Forum et qui fut abattu après la guerre de Romulus et de Tatius. C’était le bois de l’asile. On laissa subsister un bouquet d’arbre sur le penchant de chacune des deux hauteurs dont se composait le mont Capitolin, mais ce n’était qu’un faible reste du grand bois qui couvrait primitivement une partie de ce mont.
[34] Virgile, Æn., VIII, 349.
[35] Niebuhr remarque avec une malice toute protestante, bien que la remarque soit attribuée aux Romains, que le tonnerre tombe beaucoup plus souvent sur Saint-Pierre que sur le Capitole. Sans tenir à faire des représailles catholiques, je rappellerai seulement que le dôme de Saint-Pierre est trois fois plus élevé que le mont Capitolin.
[36] Les Carines au nord-est, comme le Vélabre au sud-ouest du Forum étaient devenues un des quartiers brillants de Rome.
[37] Virgile, Æn., XI, 136.
[38] Métamorphoses, XIV, 353.
[39] Silius Italicus, Guerres puniques, VIII, 191.
Donec arendo, sic fama, Numicius illam
Suscepit remio, vitreisque abscondidit antris.
(et arrive au fleuve Numicius, qui, selon la renommée, la reçut dans son lit, et la cacha dans ses retraites de cristal)
[40] Procope, De bell. goth., IV, 22.
[41] Denys d’Halicarnasse, I, 54.
[42] Ou montagne de la truie, ce qui serait une autre forme du même souvenir. Ce mot troja, dont nous avons rait truie, est curieux et atteste par lui-même une réminiscence de la truie qui figure dans l’histoire du troyen Énée.
[43] V. Nibby, Dintorni di Roma, II, 226-8.
[44] Denys d’Halicarnasse, I, 68.
[46] Valère Maxime, I, 8, 7.