L’HISTOIRE ROMAINE À ROME

PREMIÈRE PARTIE — LA ROME PRIMITIVE ET LA ROME DES ROIS

III — CLIMAT PRIMITIF DE ROME ET DE LA CAMPAGNE ROMAINE.

 

 

Quel fut à cette époque antique le climat de la contrée où devait être Rome ?

Ce climat était certainement alors plus rude.

Ce ciel sous lequel on vient respirer un air doux et salutaire aux poitrines affaiblies était un ciel inclément ; ces hivers tièdes aujourd’hui étaient des hivers rigoureux. En général il en va ainsi : la température devient moins froide par l’effet de la culture et de la civilisation ; la disparition des forêts, ces réservoirs d’une humidité qui se vaporise aux dépens du calorique humain, amène un adoucissement de la température qu’on a remarqué partout ; la nature semble s’amollir, échauffée par l’haleine de l’homme.

Rome, au temps de la république, vit des hivers comme elle n’en voit plus. Denys d’Halicarnasse[1] parle d’une année, qu’il cite, il est vrai, comme extraordinaire, où il tomba sept pieds de neige, et où le froid fit mourir les hommes et les troupeaux. Tite-Live nous montre les routes obstruées et la navigation du Tibre interrompue[2].

Une autre année, la neige tint quarante jours[3] ; les arbres périrent, les animaux mouraient de faim, les loups parcouraient la ville et traînèrent un cadavre jusque dans le Forum où la neige s’élevait à une hauteur effrayante. Horace peint encore les fleuves couverts de glace et les arbres chargés de neige, il voit la neige sur le mont Soracte[4], où il est très rare de l’apercevoir. Au temps de Martial[5], un enfant fut tué par un morceau de glace tombé du portique d’Agrippa. Ces froids extraordinaires devaient, d’après ce que j’ai dit de l’influence des forêts sur le climat, être plus fréquents à l’époque primitive qu’au quatrième et au cinquième siècle de la république, au temps d’Horace ou de Martial ; maintenant on ne voit rien de semblable.

Quoi qu’on en dise, il neige à Rome presque tous les hivers, mais un ou deux jours seulement, et en général très peu. Ce qui le prouve, c’est que, lorsqu’il neige, les écoles sont fermées et les écoliers ont vacance. Au temps de Cicéron, dans un cas pareil, bien qu’il dût se reproduire plus souvent, le sénat levait la séance[6].

Il est reconnu que la chaleur nuit à l’énergie des peuples ; on abuse de ce fait véritable en lui attribuant l’affaiblissement moral des Romains, qui tient à d’autres causes ; car leur climat n’a pas sensiblement changé depuis le moyen âge, et au moyen âge la vigueur ne leur manquait point.

Il n’en est pas moins à remarquer que le peuple romain a commencé à vivre sous un climat plus âpre et a respiré en naissant cane atmosphère plus fortifiante. Le berceau de Romulus a flotté sur le Tibre à une époque où le Tibre gelait.

Un trait du climat romain, que le temps n’a, malheureusement pas effacé, c’est la malaria[7] ; c’est cette influence funeste qui, pendant quelques mois de l’année, plane sur la ville et principalement sur la campagne romaine ; c’est cette fièvre de Rome, que l’on peut éviter avec des précautions, mais à laquelle la moindre imprudence vous expose à succomber ; qui frappe les habitants, chasse les étrangers, fait de la plaine qui entoure Rome un désert et répand sur elle comme une poésie formidable.

Toutes les explications qu’on a données de ce phénomène me semblent inadmissibles.

On l’attribue en général aux marais ; cela peut être vrai pour le littoral, mais la campagne qui entoure immédiatement Rome n’est point un pays marécageux ; les endroits les plus secs, les plus aérés ; sont souvent les plus malsains. Je citerai la villa Albani et le Monte-Mario. On parle des marais Pontins ; mais comment seraient comparativement sains Albano et Frascati, plus voisins de ces marais et placés sur le chemin des vents qui en apportent, dit-on, les miasmes ? miasmes du reste que l’analyse chimique n’a jamais pu découvrir.

C’est du sol même de l’Agro romano qu’émane la cause, quelle qu’elle soit, du fléau ; car, à une certaine hauteur, à plus de quinze cents pieds au-dessus de la mer, à Rocca di papa par exemple, cette cause n’agit plus.

Pourquoi ce terrain produit-il des exhalaisons pestilentielles On répond : Parce qu’il est volcanique. Comme si l’Auvergne et la région de l’Etna étaient des contrées pestilentielles.

C’est l’absence des arbres, a-t-on dit aussi, qui fait l’insalubrité de la campagne romaine. Brocchi[8] nie formellement que l’abondance des arbres soit une garantie de salubrité et le prouve par la présence de la malaria dans les parties de l’Agro romano où il y a encore des forêts.

Il y voit plutôt, au contraire, une cause d’insalubrité, et son opinion est conforme à celle des Romains modernes qui, en cela bien différents de leurs ancêtres, ont horreur des arbres.

On dit aussi C’est l’humidité qui produit la fièvre à Rome. Pas toujours, car les maisons de Ripetta, qui ont le pied dans le Tibre, sont saines, et les maisons du Cœlius, du haut Esquilin, loin du Tibre, ne le sont point. Il est certain que l’agglomération des êtres vivants combat l’influence de la malaria ; le Ghetto, où les juifs sont entassés dans des rues sales et étroites, est un des quartiers de Rome sur lequel l’action du fléau est la moindre ; mais il ne s’ensuit pas que la dépopulation soit la seule cause de la malaria, elle en est bien plutôt l’effet ; elle l’augmente, mais elle ne la crée point ; il est des pays très peu peuplés, comme l’intérieur du Mexique, où la malaria n’existe pas[9].

De plus, on peut établir par les témoignages des anciens que l’air de Rome et de la plaine qui avoisiné Rome a toujours été mauvais, qu’il y a toujours eu là une cause encore ignorée, je crois, mais réelle, de maladie. Seulement cette cause a été combattue et affaiblie par le peuplement et par la culture ; quand le peuplement et la culture ont diminué, la cause inconnue de la malaria a agi plus énergiquement.

Sans doute plusieurs des contagions, des pestes, comme parlent les anciens, n’avaient rien à faire avec la fièvre de Rome ; on peut l’affirmer de toutes celles qui attaquèrent les animaux sur lesquels la malaria, dont cette circonstance ne rend pas la nature plus facile à expliquer, n’a aucune prisé ; mais évidemment il n’en est pas de même des cas que je citerai tout à l’heure. Nibby[10] pense que l’air s’est amélioré sous les empereurs.

Il me coûte, je l’avoue, d’admettre que Rome ait dû quelque chose de bon à l’empire.

Cependant il est certain que, comme le veut Nibby, la multiplication des villas a pu contribuer à assainir les environs de Rome ; mais à Rome mérule on voit que sous Auguste l’air était encore très mauvais. Il était plus aisé d’étouffer la liberté mourante que de changer les conditions de l’atmosphère. La nature ne se laisse pas dompter si aisément que l’homme..

Au siècle d’Auguste la fièvre de l’été et du commencement de l’automne est clairement indiquée à Rome. Properce déplore les chaleurs qui ont rendu malade sa chère Cinthie[11] ; il s’écrie ailleurs : Redoute le cancer sinistre[12].

Horace dit qu’au mois d’août la plus petite fatigue amène les fièvres et fait ouvrir les testaments[13]. Aussi pour éviter toute fatigue, les Romains, quand ils ont trente pas à faire au soleil, les font-ils avec une lenteur vraiment curieuse. C’est pendant ce mois que j’écris, et j’apprends que nos pauvres soldats, malgré tous les soins qu’on prend de leur santé, sont atteints en si grand nombre, que leur excellent médecin, le docteur Mayer, est obligé de demander pour eux un nouvel hôpital. A Rome, le mois de septembre passe encore aujourd’hui pour le mois le plus dangereux, et Horace parle des morts fréquentes en automne[14] ; de là l’épithète terrible donnée par Juvénal[15] à cette saison : lethifer autumnus, l’automne qui apporte la mort !

Les jours où souffle le sirocco, vent de sud-est, sont les plus funestes. Horace signale comme ayant une influence désastreuse[16] ce vent de plomb, expression qui désigne très bien l’effet du sirocco, plumbeus auster[17].

Plus tard, sous Néron, il mourut en un automne trente mille personnes[18].

A Rome, la fièvre a quelquefois changé de quartier ; telle localité qui était saine dans l’antiquité a cessé de l’être de nos jours.

Cicéron[19] déclare salubre le Palatin, qui aujourd’hui est à peu près inhabitable et presque entièrement inhabité.

Quand Tite-Live fait dire à Camille que les collines de Rome sont très saines[20], il exagère et anticipe sur l’époque à laquelle il écrivait, époque où ces collines étaient devenues moins malsaines sans cesser de l’être tout à fait.

L’Esquilin aussi est appelé salubre chez Horace, mais c’est par comparaison avec ce qu’il était avant. que Mécène eût mis ses jardins à la place des charniers qui l’empestaient[21].

La partie supérieure de l’Esquilin, qui aujourd’hui est malsaine, devait l’être dans l’antiquité, car sur cette colline prétendue salubre se trouvaient un des temples dédiés à la Fièvre, le temple de Méphitis près du lac ou marais qui devait ce nom à des exhalaisons dont l’effet ne pouvait être salutaire[22] ; enfin le temple de Libitina dans lequel on enregistrait les décès, et la demeure des entrepreneurs des pompes funèbres[23].

En général, la persistance au même lieu de la cause morbifique est remarquable. L’air du Vatican est si mauvais que les papes évitent d’y demeurer l’été ; il avait déjà cette réputation au temps de Tacite. Une partie de l’armée, dit-il, s’étant dirigée vers les parties mal famées, infamibus[24], du Vatican, il en résulta des morts nombreuses, et c’est à côté de Saint-Pierre que fut au moyen pige l’église dédiée à la madone des fièvres.

Voilà pour Rome ; nous avons des témoignages pareils de l’insalubrité de la campagne. Dans les premiers siècles de la république, les soldats se plaignaient de combattre pendant l’été autour de Rome, sur un sol brûlant et pestilentiel[25] ; il y avait comme aujourd’hui des étés plus fiévreux les uns que les autres. Tite-Live parle d’une contagion pestilentielle, née des chaleurs excessives[26]. C’est donc bien de la fièvre de Rome pendant l’été qu’il s’agit. Tite-Live mentionne aussi une année où les maladies furent plus pernicieuses que longues[27], c’est le caractère et jusqu’au nom de la fièvre pernicieuse de Rome. Ce fut pour l’éviter que les consuls, lorsque Marius menaçait Rome, prirent le parti de quitter les environs de la ville, et d’aller camper sur le mont Albain.

Pour la campagne romaine comme pour Rome, il y a des points où la condition hygiénique n’a pas changé. Antium, par exemple, était sain[28], quoique le reste de la côte ne le fût point ; Porto d’Anzo, qui a succédé à Antium, l’est encore aujourd’hui. L’insalubrité d’Ardée était célèbre[29], et près d’Ardée est le Campo-Morto, lieu si dangereux qu’on ne pourrait trouver personne pour y cultiver la terre si l’on n’en avait fait un refuge où le chapitre de Saint-Pierre, qui en est possesseur, n’admet, m’assure-t-on, que sur preuve d’homicide dûment constaté.

Ailleurs il y a eu des déplacements dans la malaria. L’air de Véies était sain[30] et a cessé de l’être. Chaque année le fléau gagne du terrain et envahit même Albano, et surtout Frascati, qui offraient contre lui de si charmants asiles. Sans être aussi commune qu’à Rome, la fièvre y est aujourd’hui moins rare que par le passé.

Le littoral a toujours été insalubre, et Strabon l’excepte de l’éloge qu’il fait de la salubrité du Latium[31]. Caton parle de lieux où l’on ne peut habiter l’été[32] ; mais il faut reconnaître que la fièvre ne régnait pas dans la campagne romaine comme elle y règne de nos jours, de manière à rendre cette campagne inhabitable, puisqu’elle était, habitée. Aujourd’hui, les paysans qui restent l’été dans les fermes sont certains d’avoir la fièvre. Avec cette certitude, il n’y aurait eu nulle part des villas d’été[33].

La conclusion de ce qui précède est celle-ci :

Quoique l’air de Rome et des environs fût moins malsain sous la république et sous l’empire qu’il ne l’est aujourd’hui, il était déjà malsain.

Je crois qu’il l’était dès les temps primitifs.

D’abord le culte de la Fièvre prouve l’antiquité de la fièvre à Rome ; la Fièvre était une divinité redoutable qu’on implorait pour la désarmer. Cicéron, qui assure que le Palatin était salubre à l’époque de Romulus, nous apprend lui-même que la Fièvre avait un temple et un autel antique sur le Palatin[34], et Pline[35] en parle comme existant au temps où il vivait, ce qui montre que la fièvre n’avait pas cessé de régner à Rome sous l’empire.

La Fièvre avait deux autres sanctuaires, l’un sur l’Esquilin, dans les environs de Sainte-Marie-Majeure[36], l’autre sur le Viminal, à l’extrémité de la rue Longue aujourd’hui la rue Saint-Vital, dans un lieu que je sais être fiévreux pour l’avoir habité.

Or le culte de la Fièvre à Rome date de très loin ; l’autel qu’elle avait sur le Palatin était, au dire de Cicéron, fort ancien ; cet autel fort ancien de la Fièvre surie Palatin, quia été le berceau de Rome, ne donne-t-il pas à penser que la fièvre fut déposée dans ce berceau ?

Le nom de la fièvre était un mot antique et sacré, le nom même de la douleur et de Pluton[37]. De ce nom provenait celui des purifications prescrites dans les livres des pontifes. Ces purifications avaient eu sans doute pour objet, dans l’origine, de combattre le mal endémique et que l’on croyait infernal. Februus[38] était un mot étrusque, et febru-arius (février) était le second mois de l’année, attribuée à Numa ; d’autre part, Frontin dit que la pesanteur de l’air de Rome l’avait déjà discréditée chez les anciens[39]. Tout cela nous reporte à une époque reculée et donne déjà à la malaria une assez respectable antiquité.

On peut remonter plus haut encore ; une tradition voulait que les Aborigènes, précurseurs de Romulus sur le Palatin, l’eussent quitté à cause de l’incommodité des marais que le Tibre formait au pied de cette colline[40]. L’incommodité dont parle Solin, que pouvait-elle être, si ce n’est la fièvre que produisaient les marais ?

Enfin, d’après une autre tradition qui passait pour antique, les Fièvres quartes étaient filles de Saturne[41], et Lua, qui ressemble beaucoup à lues, maladie épidémique, était sa femme ou sa fille[42]. Or Saturne, comme nous le verrons, est la personnification de la civilisation primitive du Latium ; les souvenirs de Saturne sont les plus anciens souvenirs que la tradition romaine ait conservés. Dire qu’il était le père de la fièvre de Rome, c’était affirmer que l’on croyait cette fièvre aussi ancienne que la première civilisation du Latium[43].

Pourquoi n’aurait-elle pas existé dès lors ? Les conditions du sol lui étaient bien plus favorables qu’elles ne le furent depuis. J’emprunte à Brocchi, géologue habile et qui ne manquait pas d’imagination, la peinture qu’il l’ait de la campagne de Rome aux époques primitives peinture tracée avec énergie et, je crois, avec vérité[44]. Des marais nombreux et vastes, des bourbiers profonds encombraient ce sol inégal et bossué[45], ainsi conformé dès l’origine, et où les pluies, qui encore aujourd’hui tombent avec tant d’abondance au printemps, s’amassaient dans les creux des terrains les plus bas et formaient de véritables lagunes.

Tel était donc très anciennement l’état de la campagne romaine. Plus inondée, elle devait être plus malsaine, alors que le fléau mystérieux de la malaria, encore sans victimes, attendait et guettait l’homme qui allait paraître pour le dévorer[46].

L’homme vint et il résista.

La race qui prenait possession de ce sol empesté était une race foi-te, rustique ; elle se couvrit de la laine de ses troupeaux comme font aujourd’hui les pâtres de la Campagna ; elle alluma des feux dans ses forêts, où te bois rte lui manquait point ; elle s’établit sur les hauteurs d’où chaque jour elle descendait pour cultiver les endroits qu’elle avait défrichés, ainsi que le pratiquent encore les habitants des petites villes de l’État romain, qu’on voit tous les matins aller à plusieurs milles se livrer aux travaux de la campagne et le soir remonter à la ville portant la serpe et le hoyau.

Avec le temps et par l’action de l’homme, le climat devint moins terrible, mais il demeura hostile et dangereux.

Ce fut là une première lutte dans laquelle s’aguerrirent et se fortifièrent les populations latines, une première conquête des Romains. Nous verrons qu’à l’origine tout était contre eux. Une grande nation civilisée et guerrière, la nation étrusque menaçait de la rive opposée du Tibre leur petit établissement du Palatin, et des peuples belliqueux pouvaient fondre sur eux des montagnes qui formaient leur horizon. Ce fut l’épreuve et l’école de leur valeur.

Mais avant d’avoir à lutter contre ces redoutables voisins, ils eurent à combattre d’autres ennemis, le sol même qu’ils labouraient, l’air que respirait leur poitrine. Ils en triomphèrent comme ils devaient triompher de tout ; le ciel leur avait fait une rude destinée : c’est pour cela qu’elle fut grande.

Si l’on cherche ailleurs l’influence qu’exerça sur cette destinée la situation où furent placés ses commencements, on se trompera.

Cette situation, de toute manière, était mauvaise, mais l’obstacle fut l’aiguillon. Ainsi seulement on peut trouver une intention de la Providence dans le choix du lieu préparé pour être le berceau du peuple romain. Ce berceau fut dur et pauvre comme celui de Romulus et comme lui envahi par les eaux. C’est en ce sens qu’on peut dire avec Tite-Live : Non sine consilio ad incrementum urbis natum unicè locum : lieu formé providentiellement pour l’agrandissement de Rome[47].

 

 

 



[1] Denys d’Halicarnasse, XIII, 8. Tite-Live, V, XIV, intolerandam hiemem.

[2] Tite-Live, V, 13.

[3] Saint Augustin, de Civ. D., III, 17.

[4] Horace, Carm., 1, 9, 1-4.

[5] Épigrammes, IV, 18.

[6] Cicéron, ad Quint. fr., II, 10.

[7] On ne peut écrire ce mot sans penser tout d’abord au beau et pathétique tableau de M. Hébert.

[8] Il attribue, comme on l’a fait depuis, le développement de la fièvre romaine à des changements survenus dans la manière de se vêtir. Mais des changements pareils ont eu lieu dans d’autres pays où la fièvre ne s’est pas développée.

[9] Dans le Giornale Arcadico, XXXIX, p.17-53, le docteur Folchi a très bien réfuté les différents systèmes qu’on a imaginés pour rendre raison de la malaria. Il nie l’existence fantastique des miasmes ; il dit avec raison que la fièvre se produit dans des contrées dont les terrains sont très différents : les marais Pontins et la campagne de Rome. A ceux qui voudraient expliquer la présence de la malaria seulement par les marécages, il cite (p. 41) une partie du Portugal très fiévreuse et très aride ; un village fort malade était ensablé. Venise, infectée l’été par ses lagunes, n’a point de fièvres. A la Guadeloupe, la Pointe-à-Pitre, entourée de maremnes, n’en a point. Dans les environs de Rome, le docteur énumère des lieux très secs où la fièvre règne, Castel dell’Osa (Collatie), l’Isola Farnèse (Veles), les monts Parioli, etc.

[10] Nibby, Dint. di R., I, XXXVI.

[11] Properce, El., III, XXIV, 3-4.

[12] Ibid., V, I, 450.

[13] Épîtres, I, 7, 8.

Opella forensis

Adducit febres et testamenta resignat.

[14] Automnusque gravis, libitinæ questus acerbæ. Satires, II, 6, 19.

[15] Satires, IV, 56-7.

[16] Carm., II, 14, 5-6.

[17] Horace, Satires, II, 6, 19.

[18] Suétone, Néron, 39.

[19] De Republica, II, 6. Dans ce passage, Cicéron reconnaît que les environs du Palatin étaient pestilentiels. Il oppose la salubrité de la colline à l’insalubrité de la région marécageuse qui l’avoisinait.

[20] Tite-Live, V, 54.

[21] Horace, Satires, I, VIII, 14.

Nunc licet Exquilis habiture salubribus...

[22] Sævamque exhalat opaca Mephitim, dit d’exhalaisons analogues Virgile, qui sans doute pensait comme moi.

[23] Denys d’Halicarnasse, IV, 15.

[24] Tacite, Histoires, II, 93.

[25] Tite-Live, VII, 38.

[26] Pestilentiamque in agro romano ex siccitate caloribusque nimiis ortam (la famine et la peste qui s'étaient répandues sur le territoire romain, à la suite de sécheresses et de chaleurs extrêmes). Ibid., V, 31.

[27] Ibid., XXVII, 23.

[28] Caligula y naquit le 31 août.

[29] Strabon, V, 3, 5. Sénèque, Lettres, 105. Martial, Épigrammes, IV, 60.

[30] Denys d’Halicarnasse, XII, 19.

[31] Strabon, V, 5, 5.

[32] De re rustica, I, XIV, 5.

[33] Toutes les villas tournées vers le nord étaient des villas d’été. Quelques-unes avaient un appartement au midi pour l’hiver et un autre au nord pour l’été ; telle était celle de Pline le Jeune, près de Laurentum, agréable en hiver, dit-il, et en été plus agréable encore. On pouvait donc passer impunément prés de Laurentum les mois chauds de l’année ; ce serait impossible aujourd’hui, aussi bien qu’à Alsium (Palo) où César, Pompée, Marc-Aurèle eurent des villas et que Fronton (I, 179) appelait un lieu de délices.

[34] De leg., II, 11 ; De Nat. deor., III, 25.

[35] Hist. nat., II, 7, 5.

[36] Valère Maxime, II, 5, 6.

[37] Lydus, de mensibus (éd. Schow, p. 61).

[38] Februum, purification (Varron, De ling. lat., VI, 15) ; februare, faire des purifications.

[39] Apud veteres rubis infamis aer fuit. Fronton, de aquæd, 88.

[40] Solin, I, 14.

[41] Quartanas Saturni filias affirmavit antiquitas. Théod. Prisc., cité par Handb. d. k. alt. de Becker, IV, p. 23.

[42] Varron, De ling. lat., VIII. 36.

[43] On pourrait penser que cette opinion sur l’origine de la fièvre est venue de la croyance aux mauvaises influences de la planète qui porte le nom de Saturne. (Macrobe, Somn. Scip., I, 19.) Mais dans le passage cité il est question d’une croyance antique. Si elle l’était réellement, elle ne pourrait s’expliquer par les idées sur l’influence des planètes, idées peu anciennes et qui ne furent connues à Rome que lorsque l’astrologie des Chaldéens y fut apportée, ce qui n’eut lieu qu’assez tard.

[44] Brocchi, Descriz., p. 217.

[45] Montaigne me fournit cette pittoresque épithète qui rend si bien l’aspect vrai de la campagne romaine.

[46] Roma vorax hominurn...

Roma ferax febrium...

Rome qui dévore les hommes...

Rome féconde en fièvres...

disait Pierre Damien au moyen âge. (Ep ad Nic., I)

[47] Tite-Live, V, 51.