JULIEN L'APOSTAT

TOME PREMIER. — LA SOCIÉTÉ AU IVe SIÈCLE. - LA JEUNESSE DE JULIEN - JULIEN CÉSAR.

LIVRE I. — LE PAGANISME AU MILIEU DU IVe SIÈCLE.

CHAPITRE PREMIER. — LES IDÉES ET LES DOCTRINES.

 

 

I. — L'évolution du paganisme gréco-romain.

A l'époque où Constantin, en faisant monter le christianisme avec lui sur le trône, changea toute la politique religieuse de l'Empire romain, le culte dont pour la première fois le souverain se séparait publiquement n'offrait plus que l'apparence de ce qu'il avait été aux siècles passés. Rome honorait toujours par les mêmes rites ses dieux officiels, et les divinités adorées dans son Capitole recevaient les mêmes sacrifices et le même encens dans les Capitoles provinciaux élevés sur tous les points de l'Empire, en signe de la suprématie de la ville éternelle ; mais ce culte officiel ne répondait plus que dans une faible mesure aux sentiments intimes des plus dévots parmi les païens, et il demeurait plutôt comme le symbole toujours respecté de l'unité romaine que comme le vrai centre religieux des peuples.

A cet égard, on se tromperait en faisant une distinction très marquée entre l'Orient et l'Occident : dans cette moitié de l'Empire, à Rome même, le paganisme issu de la fusion entre les cultes de l'Italie centrale et ceux de la Grèce, et devenu la religion publique des pays soumis aux Romains, avait depuis longtemps perdu presque toute son action sur les Unes : non seulement le peuple, avide de changements, ou les femmes, portées aux superstitions et au mysticisme, mais même la plupart des vieux patriciens qui s'opposèrent le plus fermement, pendant le IVe siècle, aux progrès de la révolution chrétienne, demandaient à des croyances très différentes les moyens de lui résister. On peut dire en toute vérité que de l'ancienne constitution religieuse du monde romain, l'écorce seule demeurait : une nouvelle sève coule dans le tronc vieilli du paganisme, essayant de lui faire produire de nouvelles branches.

Une renaissance, de ce côté, pouvait sembler possible, car le paganisme gréco-romain se prêtait facilement aux transformations : religion toute rituelle, qui n'avait eu d'autres théologiens que des pètes, d'autres enseignements que des fêtes, il n'offrait pas la fixité, les cadres inflexibles de doctrines arrêtées. Son histoire avait déjà montré l'extrême mobilité et comme la fluidité de ses symboles. C'est ainsi que les dieux abstraits, sans images

sans aventures, de la Sabine et du Latium avaient pu se confondre avec les divinités plus brillantes, mais moins chastes et moins graves enfantées par le génie de la Grèce, au point que le Jupiter latin prit les traits et la personnalité du Zeus hellénique, que la Minerve italique s'identifia avec Pallas, Junon avec Héra, Mars avec Arès, Vénus avec Aphrodite, que la Diane sabine cessa d'être la parèdre de Janus pour devenir l'Artémis grecque, sœur d'Apollon. C'est ainsi encore que les dieux purent changer de rang, ou même s'effacer et disparaître : comme Janus, le premier et le plus grand de la religion latine, totalement éclipsé ensuite par les divinités de l'hellénisme, et perdant sinon tout culte, au moins toute personnalité distincte pour n'avoir pu se fondre avec aucune de celles-ci[1] ; comme le dieu latin Vejovis, dont les contemporains d'Ovide ont oublié même le nom[2] ; ou comme une autre vieille divinité italique, la Dea Dia, dont le collège sacerdotal, composé cependant des plus grands personnages de Rome, se dissout au milieu du me siècle de notre ère, laissant son temple tomber en ruines, et son bois sacré devenir un repaire de brigands[3]. Si l'on feuillette les recueils épigraphiques qui nous ont conservé, encore mieux que les historiens ou les poètes, le tableau de la dévotion populaire à Rome et dans les provinces, on est frappé de voir, à l'exception de Silvain[4] et d'un petit nombre d'autres, les anciens dieux italiques presque partout supplantés par les divinités helléniques ou hellénisées. Aux vicissitudes du paganisme latin plus encore qu'à celles de la langue et de la littérature semblent s'appliquer les vers célèbres d'Horace sur la caducité de ce qui fut florissant, sur la renaissance de ce qui fut caduc, sur la perpétuelle instabilité, qui est moins un progrès qu'un changement. A leur tour les dieux grecs, après avoir absorbé les latins, sont menacés par d'autres : les inscriptions montrent à côté d'eux, et bientôt invoquées plus souvent qu'eux, des divinités de provenance étrangère, aux noms et au culte bizarres ; on entrevoit, d'abord s'annonçant de loin, puis se précipitant, une dernière évolution du paganisme, et comme un grand flot de lumière orientale, qui fait enfin pâlir tous les dieux nés sous le ciel tempéré de la Grèce.

Ce que leur culte, devenu celui de Rome, perdrait au contact des divinités de l'Orient, avait été de bonne heure annoncé par des esprits clairvoyants. Virgile montrait déjà avec dégoût une foule de divinités monstrueuses, jointes à l'aboyant Anubis, lutter les armes à la main contre Neptune, Vénus et Minerve, les Pénates et les grands dieux[5]. Properce regrettait le temps où une pieuse terreur attachait la foule au culte national[6]. Le satirique Lucien s'étonnait de voir d'informes divinités partager les honneurs des dieux de l'Olympe ou même recevoir des honneurs plus grands[7]. Plutarque s'indignait d'entendre tant de gens souiller leur langue par des mots étrangers et barbares qui offensent la majesté divine et la sainteté de la religion nationale[8]. Mais ces plaintes de Romains patriotes ou de Grecs éclairés, pas plus que le mécontentement d'Auguste et les rigueurs de Tibère, n'avaient pu arrêter l'invasion depuis longtemps commencée. En devenant la capitale du monde, Rome en était, bon gré, mal gré, devenue le Panthéon. Tout y avait contribué, la conquête, le commerce, les relations chaque jour plus faciles et plus suivies entre les peuples, la présence d'esclaves de tous les pays, le recrutement des légions et des divers corps militaires parmi les hommes de toute race, de toute croyance et de toute contrée. L'Empire s'était fondé à une époque où le paganisme officiel perdait sa force, malgré les réformes et les encouragements d'Auguste, où de vagues rumeurs, entretenues par l'influence alors très grande des Juifs, couraient sur une rénovation religieuse devant venir d'Orient, où les cultes de la phrygienne Cybèle, du persan Mithra, des divinités alexandrines, étaient déjà implantés à Rome. Les vicissitudes du pouvoir impérial contribuèrent à la propagation des religions exotiques. Parmi les successeurs mêmes d'Auguste et de Tibère, plusieurs Césars s'y montrent favorables. Les idées orientales, qu'elles viennent de la Judée ou de l'Égypte, ont une grande puissance sur l'esprit des Flaviens. Loin de défendre les Antonins contre les superstitions du dehors, la philosophie, dès lors amie du merveilleux, les y livre sans défense. Sous les Sévères, ce n'est plus le Jourdain ou le Nil, c'est l'Oronte qui se dégorge dans le Tibre. Enfin, quand aux dynasties régulières ont succédé, dans la dernière moitié du IIIe siècle, des aventuriers de toute provenance, ordinairement sortis de l'armée, et souvent d'origine barbare, les cultes observés par les soldats, en particulier celui du Soleil sous toutes ses formes, n'ont pas de sectateurs plus ardents que les souverains.

On se tromperait en attribuant aux seules causes extérieures, ou même à la faveur des princes, l'extraordinaire fortune des religions orientales. Il y avait longtemps que le culte officiel ne répondait plus aux besoins des esprits. Un vide existait dans les rimes, qu'il avait contribué à creuser, mais qu'il ne savait remplir. Comme toute religion, il avait posé des questions sans nombre sur l'origine, les fins dernières de l'homme, la justice divine, le péché ; mais, ayant des fables et point de doctrines, des cérémonies et pas d'enseignement, des prêtres choisis pour faire ces cérémonies parmi les premiers de l'État ou des cités, mais aucun clergé attaché au culte des dieux, à la conduite ou à la consolation des fidèles, au soin des malheureux, il n'offrait, en quelque sorte, de la religion que ce qui peut irriter la faim spirituelle, sans rien de ce qui la peut satisfaire. Tout autres étaient les cultes orientaux. Dans leurs plus dangereuses erreurs, dans leurs rites les plus repoussants, paraissait une pensée, un désir, un vague espoir de purification ou de renaissance. Ils semblaient entrouvrir sous les yeux ou sous les pas de leurs sectateurs l'abîme du péché, les pousser même aux plus monstrueux débordements des sens égarés, pour les relever brusquement ensuite, et les faire passer de la souillure à l'extase, de toutes les ivresses de l'homme déchu à la souveraine paix de l'initié. Ces violentes secousses arrachaient les âmes à la torpeur, ouvraient aux rêves de l'imagination des champs sans limites, et semblaient donner à ceux qui s'y livraient de bonne foi le sentiment d'un commerce intime avec les dieux. Le surnaturel, dont se dépouillait de plus en plus le paganisme officiel, devenu une vraie religion civile, le culte laïque de l'État et du foyer, paraissait au contraire couler à pleins bords dans les religions de l'Orient, où se fondaient en un bizarre mélange la sensualité et la mortification, l'ascétisme et la volupté ; où la pompe des fêtes les plus extravagantes, des plus grotesques cavalcades, s'achevait parfois en des cérémonies simples et grandes ; où le dernier terme était toujours l'initiation, l'attrait du mystère, le sentiment de la confraternité pieuse, la persuasion d'être élevé à un degré supérieur de vie et de sainteté. Le caractère qu'on y recevait paraissait ineffaçable ; il purifiait pour l'éternité ou pour un nombre déterminé d'années ; on l'inscrivait avec orgueil sur les pierres sépulcrales. On gravait également sur celles-ci le degré d'initiation auquel un défunt était parvenu. Tout cela suivait les adeptes en ce monde et hors de ce monde, marque indélébile attachée à leur âme et parfois à leur chair. Ajoutons qu'aux rites, aux cérémonies, aux purifications, aux mystères, dans la religion d'Isis et d'Osiris, comme dans celles de la Grande Mère, de la Déesse syrienne, de la Bellone de Comane, de la Vierge Céleste, de Mithra ou de Baal, présidait un vrai clergé, c'est-à-dire des prêtres voués au culte, séparés du monde par le costume, par l'habitation, par le genre de vie, étrangers aux occupations civiles, au service de l'État ou de la cité, et entourés de confréries qui formaient au dieu ou à la déesse comme une garde d'honneur. Dans la société romaine, à laquelle ne suffisaient plus les cérémonies pompeuses et froides du culte national, les cultes orientaux entretenaient une atmosphère religieuse, chaude et parfumée, mêlée d'ombres mystérieuses et traversée d'ardents rayons.

Cela explique comment le christianisme trouva en eux ses plus dangereux rivaux. Déjà le judaïsme, si répandu sous les premiers empereurs, avait fait moins de prosélytes à mesure que l'influence du paganisme asiatique s'était accrue aux dépens de l'hellénisme. Les hiérophantes et les Galls, les prêtresses d'Isis et les prêtres de Mithra s'emparaient maintenant des âmes avides d'émotions religieuses, avec une puissance de séduction à laquelle n'arrivaient plus les mendiantes et les sorcières juives, dont les contemporains de Juvénal avaient écouté si docilement les avis. Désormais, ce n'est plus le sabbat que célèbrent les Romains et les Romaines fatigués des dieux du Capitole ; mais ils suivent processionnellement la barque d'Isis, descendent dans la fosse taurobolique, ou vont affronter les épreuves de l'initiation dans les cavernes mithriaques. Ces dévotions, qui donnaient l'illusion d'une vie pieuse, sans imposer aucune contrainte morale, et en s'alliant même parfois aux égarements les plus étranges, convenaient mieux à beaucoup de païens que les pratiques sévères et minutieuses du judaïsme, et surtout que la complète transformation, la conversion totale exigée par la religion chrétienne. De celle-ci elles imitaient parfois, ainsi que l'ont remarqué plusieurs Pères de l'Église, les rites et les symboles, prétendant attacher à leur parodie la même vertu purificatrice ou la même grandeur idéale : des mœurs païennes elles gardaient ou augmentaient encore la corruption. Sur la tombe d'un prêtre de Sabazius, dans un célèbre souterrain de la voie Appienne, paraissent des images rappelant tantôt les mythes les plus élevés du paganisme : le jugement de l'âme, Alceste ligure du dévouement conjugal, tantôt les symboles chrétiens : l'âme introduite par son bon ange dans le jardin du paradis, le mystique banquet des élus. Mais l'épitaphe est de la plus basse et de la plus lourde philosophie épicurienne[9]. Il se peut que les tombes voisines, ornées d'inscriptions et d'emblèmes à première vue fort étranges, ne soient pas, comme on l'avait cru d'abord, celles de sectateurs du culte de Mithra[10] : mais ce culte, si pur en apparence, renfermait aussi des secrets honteux, si l'on en croit certains témoignages[11]. Il n'en était pas autrement dans les mystères, si populaires encore à la fin du IVe siècle, où les plus grands personnages, hommes et femmes, se paraient du titre d'hiérophante, de prêtresse d'Hécate, se faisaient initier à Éleusis, à Lerne, à Égine ou à Samothrace[12] : là, de grandioses apparitions, une éblouissante fantasmagorie dévoilaient, paraît-il des secrets de la vie future, et faisaient naître dans les âmes l'enthousiasme sacré ; mais on en rapportait d'immondes amulettes, à la fois souvenir et symbole[13].

Telles étaient ces religions : le sommet paraissait lumineux, mais la base demeurait plongée dans la fange. On s'étonne que l'antinomie qui faisait, en quelque sorte, leur essence ait été inaperçue non seulement du vulgaire, mais encore des fiers patriciens, des âmes délicates, de tant de personnes honnêtes et bien élevées qui, dans les derniers temps du paganisme, avaient grossi la clientèle des cultes orientaux, et les pratiquaient même avec une singulière ferveur. Il faut se souvenir qu'à ce moment une philosophie nouvelle avait entrepris d'effacer les contradictions et de couvrir les impuretés de la mythologie. Pour peu qu'on y apportât quelque complaisance, les explications données par elle mettaient les âmes en repos. Tandis que les anciens philosophes s'étaient montrés plus ou moins ouvertement les ennemis des dieux, et que la libre-pensée romaine en avait même fait l'objet de son dédain et de ses railleries, l'école née au confluent de l'Orient et de l'Occident, dans la cosmopolite Alexandrie, en pleine crise du paganisme, avait tenté entre les mythes et la science, entre la fable et la raison, entre les dieux et Dieu, une conciliation chimérique, mais séduisante. Ce que la Gnose essaya sans succès au sein du christianisme, dont les rigides doctrines repoussaient toute altération, le néo-platonisme le fit aisément dans la sphère vague et flottante des religions païennes, ouverte sans obstacle à toutes les expériences comme à toutes les aventures intellectuelles. De l'absolu divin, séparé du monde par des espaces infinis, la pensée des héritiers plus ou moins dégénérés de Plotin descendait jusqu'à l'homme au moyen d'innombrables degrés intermédiaires, d'êtres bienfaisants ou redoutables, dans lesquels le païen reconnaissait aisément les dieux, les demi-dieux, les héros, les génies, objet de son culte ; puis elle remontait vers l'absolu, non par le raisonnement, mais par l'extase, par la théurgie, par lés opérations magiques, où les adeptes des religions orientales retrouvaient les pratiques en usage dans leurs rites mystérieux. Alliée à ces religions pour disputer au christianisme l'empire des âmes et restaurer le polythéisme, la philosophie alexandrine, suivant leur exemple, mêlait à ses conceptions empruntées tour à tour à Platon, aux gnostiques et aux fables de la mythologie, d'autres emprunts faits au christianisme lui-même : dans la hiérarchie des éons intermédiaires, tantôt confondus avec les astres, tantôt identifiés avec les principales divinités de la fable, elle introduisait aussi des anges et des archanges ; puis, au sommet, elle plaçait une trinité mystérieuse, dans laquelle il est bien difficile de ne pas reconnaître, sinon à l'origine avec Plotin, au moins au terme avec Proclus, une imitation à peine déguisée de la Trinité chrétienne. Éclectiques, les Alexandrins prenaient partout les éléments de leur doctrine, mais ils fondaient ces éléments hétérogènes en une vaste synthèse, dans laquelle ils ne craignaient pas de faire entrer, à titre de symboles consacrés par la tradition et susceptibles d'une explication philosophique, les plus vilains détails des rites païens. Porphyre[14], l'empereur Julien[15] commentent avec complaisance le mythe impur de Cybèle et d'Attis, et approuvent la mutilation de leurs prêtres : le néo-platonicien, auteur du traité Des Mystères, trouve un sens louable au culte du phallus[16]. L'indulgence de ces grands hommes désarmait d'avance les scrupules des consciences timorées, et leur apprenait comment une interprétation ingénieuse peut tout justifier et au besoin tout permettre.

Ce rôle accepté par les philosophes surprendra moins, si l'on fait attention que la plupart des néo-platoniciens célèbres, du IIIe au Ve siècle, furent parmi les sectateurs les plus fervents des rites orientaux, et en général de toute la partie occulte des religions antiques. Une atmosphère d'oracles, de divination et de sorcellerie les entourait. Ces professeurs de sagesse ressemblaient par bien des côtés aux médiums de nos jours moins attachés à la possession des vérités métaphysiques qu'à celle des formules propres à évoquer les âmes et à faire descendre les dieux sur la terre, ils mettaient jusque dans la poursuite de la science je ne sais quoi de nerveux et de mal équilibré, plus de paroles que de pensées, plus de promesses que de résultats ; leurs écoles avaient fini par ressembler à ce que sont maintenant les réunions de spirites. La biographie de leurs maîtres, écrite par Eunape, semble en certaines pages un recueil de contes de fées. Le divin Jamblique a commerce avec les immortels[17], Sopatre est un magicien[18], Edesius reçoit la nuit les oracles des dieux[19], Eustathe et sa femme Sosipatra vivent au milieu de génies et de prodiges[20], Maxime, par ses conjurations, anime des statues[21]. Au rapport de Libanius, Julien connaissait les formes et les traits des dieux aussi familièrement que ceux de ses amis, pour les avoir vus dans toutes les grandes crises de sa vie ; il avait accompli des cérémonies secrètes avec l'hiérophante d'Eleusis, et s'était soumis aux sanglantes purifications du taurobole et du criobole[22], comme pour effacer de son front le sceau du baptême[23] ; les amis désireux de lui plaire devaient se faire initier aux mystères de Mithra[24]. Proclus, le dernier représentant de l'école, se qualifie lui-même de prêtre universel, d'hiérophante de toutes les religions ; au moyen d'une sphère constellée, il déchaîne les vents et fait tomber la pluie ; il arrête les tremblements de terre[25]. Le nouveau platonisme, qui avait commencé, avec Plotin, comme un grand mouvement philosophique, mais s'était rempli, dès le temps de Porphyre, d'un violent sentiment de haine contre le christianisme, se continue et s'achève en une tentative de résurrection du polythéisme par la complaisance des doctrines et l'extravagance des pratiques.

Une marque très caractéristique de son alliance avec les nouvelles formes religieuses qui dominaient dans le monde romain, c'est le culte rendu au Soleil par les philosophes alexandrins comme par les sectateurs des diverses religions apportées d'Orient. Pour Porphyre aussi bien que pour Jamblique, le soleil et la lune sont des dieux visibles. Mais c'est Julien, le néo-platonicien couronné, qui professe avec le plus de ferveur le culte du Soleil. Il prétendait avoir eu à Vienne une apparition de ce dieu, qui lui prédit sa grandeur future[26]. Écrivant contre les chrétiens au peuple d'Alexandrie, il parle de la folie qu'il y aurait à adorer un homme et à ne pas adorer les astres, surtout le Soleil, le grand Soleil, l'image animée, intelligente et bienfaisante du Père intelligible[27]. Ces expressions permettent peut-être d'entrevoir le rôle que jouera le soleil dans la nébuleuse théologie de Julien, qu'assurément l'astre du jour ne remplit point de sa clarté. Dans son discours en l'honneur du Roi Soleil[28], dont il se déclare l'assesseur, Julien expose l'obscure théorie de la triple hiérarchie des mondes, le monde intelligible, le monde intelligent, le monde visible ou des phénomènes. Dans chacun de ces trois mondes réside un principe central, qui est l'objet du culte et la source de la puissance ; le Roi Soleil est le centre du monde intermédiaire ou intelligent. J'ai voulu, s'écrie Julien, offrir au dieu un hymne d'actions de grâces en entreprenant de raconter son essence dans la mesure de mes forces ; et peut-être ce discours ne sera-t-il pas tout à fait inutile, car je tiens que ce mot du poète : Il faut honorer autant qu'on le peut les dieux immortels, s'applique non seulement aux sacrifices, mais aux louanges. En récompense de ma bonne volonté, j'adresse au Soleil, mon Roi, ces trois demandes : qu'il soit pour moi bienveillant et propice, qu'il me donne une vie pure, une science accomplie, et, au moment marqué pour la fin de mes jours, une mort paisible. Que je puisse alors m'envoler dans son sein et y demeurer sans retour ! Mais si c'est là une trop haute espérance pour la vie que j'ai menée, qu'il me donne de vivre longtemps ici-bas ! L'enthousiasme dont ces paroles sont animées montre que Julien les adresse, non à un astre insensible ou à un vague symbole, mais à un dieu vivant et personnel, capable d'entendre les prières et de les exaucer. Si l'on regarde de près à la première partie du discours, qui renferme ce qui pourrait en être appelé la théologie, on reconnaîtra facilement, avec M. Naville, dans le Soleil Roi une sorte de contrefaçon du Verbe divin[29]. S'inspirer des doctrines chrétiennes en se déclarant leur adversaire est la tendance ou la tactique commune au néo-platonisme militant et aux cultes en vogue dans la dernière période du polythéisme. Ce discours doit avoir été prononcé le 25 décembre, jour où le calendrier païen marquait le natalis invicti, en connexion avec le solstice d'hiver, et où les sectateurs de Mithra célébraient la fête de leur dieu. Nous avons déjà vu que Mithra fut une des principales dévotions de Julien.

Si vagues qu'elles fussent, ou peut-être à cause de ce caractère même, des explications théologiques dans le genre de celles de Julien réconciliaient beaucoup d'esprits avec la prédominance presque exclusive que le culte du Soleil possédait, au IVe siècle, dans le paganisme renouvelé. Elles leur laissaient le choix entre l'astre matériel et le Soleil des âmes, la lumière intellectuelle. Cela suffisait pour leur faire accepter, sans autre vérification historique, les cultes orientaux, qui avaient tous été plus ou moins, à l'origine, des cultes solaires, et le devinrent davantage encore en se développant dans le monde romain. Comme personnification du soleil, Sérapis a grandi aux dépens d'Isis, et Attis aux dépens de Cybèle[30]. Tous les Jupiters de l'Orient qui sont venus se combiner avec le Zeus hellénique, comme le Jupiter de Damas, le Jupiter d'Héliopolis, le Jupiter de Doliche (ce dernier si populaire parmi les légions), sont des dieux solaires[31], ainsi que le Bacchus phrygien Sabazius[32], que le Baal de Palmyre, qui eut des adorateurs à Rome[33], et le Baal d'Émèse, qui sembla près, sous Élagabale, de devenir le dieu universel. Avec Aurélien, fils d'une prêtresse de Mithra, c'est le Soleil lui-même, sans synonyme et sans épithète, qui prend ce rôle et ce titre : l'empereur bâtit au plus certain des dieux[34], au seigneur de l'Empire romain[35], comme il l'appelle, un temple immense sur le Quirinal, et fonde en son honneur un second collège de grands pontifes[36]. Dans la cella de ce temple, le soleil est représenté de deux manières, sous sa forme gréco-romaine, en Apollon ; sous sa forme sémitique, en Baal[37]. On ne pouvait marquer plus clairement que tous les dieux solaires n'en font qu'un. Chacun l'adore à sa mode, et c'est ainsi qu'un même enclos, près du Janicule, contenait un groupe d'édifices consacrés à Bel, au Soleil et à Mithra[38]. L'astre divinisé semble fondre tous les dieux au feu de ses rayons, dieux grecs et romains, dieux asiatiques ; de tous ces métaux en fusion se forment des amalgames étranges : on honore le Jupiter Soleil Sérapis[39], le Jupiter Sabazius[40], le Jupiter Baal ou Beelphegor[41]. Macrobe, le théologien païen du IVe siècle, déclare que les noms des dieux ne sont que l'expression des qualités du Soleil, et que tous s'unissent en lui[42]. La mythologie ainsi simplifiée devient une sorte de monothéisme, mais un monothéisme contradictoire, dont l'objet est à la fois un astre et un dieu ; en un sens progrès considérable au sein et aux dépens du polythéisme, en un autre sens mouvement de recul vers ses premières et grossières origines, vers le sabéisme et l'adoration des forces de la nature. Tout le paganisme vient ainsi aboutir et se concentrer dans une immense équivoque, où chacun, selon ses goûts et ses tendances, voit ce qu'il veut, l'esprit ou la matière, et qui se concilie à la fois avec les aspirations élevées d'une élite parmi les païens et avec les grossiers instincts de la foule.

 

II. — Les religions orientales.

Aucun culte peut-être, autant que celui de Mithra, ne se prêtait à cette équivoque, et sans doute il faut voir là une des raisons de la vogue prodigieuse que rencontra le mithriacisme à partir surtout du IIIe siècle de notre ère, et qui fit de lui, au IVe siècle, la plus puissante et la plus répandue des religions païennes. M. Renan a écrit que si le christianisme eût été arrêté dans sa croissance par une maladie mortelle, le monde eût été mithraïste[43]. Il n'y avait pas, en effet, de conception mythologique plus apte à se poser en rivale de la doctrine chrétienne. Prise à sa source, avant les altérations que lui fit subir l'esprit romain, l'idée de Mithra est d'une grandeur et d'une pureté singulières. Les livres de l'Inde et de la Perse font de lui la personnification de la lumière intelligente, qui éclaire les objets et qui les voit, le type de la vérité et de la justice, le médiateur entre l'homme et le Dieu suprême[44]. Ce n'est pas le Verbe incréé, consubstantiel au Père, de la théologie chrétienne, mais peut-être quelque chose d'analogue à l'idée que se fit Arius de la seconde personne de la Sainte Trinité. Quand on se rappelle que, au ne siècle, le monde, selon l'affirmation de saint Jérôme, fut près de se réveiller arien, on ne trouvera pas tout à fait inadmissible l'hypothèse qu'il eût pu devenir mithraïste. Sans doute, la doctrine mazdéenne s'alourdit et se matérialisa en passant de la Perse aux provinces de l'Asie Mineure, puis à Rome. Mithra, dans le monde romain, n'est plus que le soleil : Deo Soli invicto Mithræ, disent les inscriptions, sans presque jamais ajouter une expression ou une épithète rattachant le dieu persan à ses origines spiritualistes[45]. Mais il n'était pas impossible, sinon à l'érudition de les retrouver, du moins à la philosophie de les deviner : et de fait le Roi Soleil de Julien ne présente pas une image très différente du Mithra qu'adoraient les disciples de Zoroastre. Déjà, au ne siècle, Plutarque s'était montré assez bien informé au sujet de Mithra, et il donne de cette divinité, dans son traité sur Isis et Osiris, une idée qui s'éloigne peu de celle que l'on rencontre dans l'Avesta[46]. Les intelligences délicates trouvaient donc dans son culte, même à l'époque romaine, une satisfaction véritable, tandis que les soldats illettrés qui, sur tous les points de l'Empire, élevaient à Mithra des monuments, ne songeaient probablement pas à honorer en lui autre chose que le soleil matériel, l'astre invaincu sur lequel les ténèbres n'ont point de prise.

Mais le moyen peut-être le plus efficace employé par le culte mithriaque pour contrebalancer l'influence du christianisme fut l'imitation des mystères chrétiens. Ou ne saurait affirmer que toutes les ressemblances signalées entre les cérémonies qui s'accomplissaient dans les cavernes du dieu persan et celles qui avaient lieu dans les églises proviennent d'une imitation directe. La purification par l'eau joue un grand rôle dans la religion de Zoroastre. On la trouve dans le culte d'Isis aussi bien que dans celui de Mithra[47]. Mais il est probable que celles même de ces cérémonies qui avaient une origine indépendante furent, dans la suite des temps, volontairement rapprochées des observances chrétiennes, au point de les reproduire servilement. Les Pères de l'Église reconnaissent dans ces similitudes un piège tendu par les démons pour tromper leurs adorateurs[48]. Elles contribuèrent sans doute à retenir dans les liens du paganisme des âmes que la simplicité, la beauté austère, les promesses de pardon attachées aux rites chrétiens, auraient attirées. A ceux qui eussent désiré le baptême, le mithriacisme offrait un baptême par lequel il prétendait remettre les péchés[49]. Une onction, plus ou moins semblable à celle de la confirmation chrétienne, était tracée sur le front de l'initié au grade de miles, auquel étaient faites en même temps des promesses de résurrection[50]. Les sectateurs du dieu persan prenaient, comme les chrétiens, le nom de frères[51] ; ils s'assemblaient pour un repas commun, peut-être imité des agapes chrétiennes. Leurs prêtres faisaient avec solennité l'oblation du pain[52] ; saint Justin nous apprend qu'une coupe d'eau y était jointe, et que sur ces offrandes étaient prononcées des paroles de prière ou de consécration[53]. Saint Justin affirme même que ces paroles, d'un sens mystérieux, qui recommandaient la pureté de vie et la justice, avaient été empruntées par les prêtres de Mithra à un passage d'Isaïe, qu'il donne tout entier[54]. S'il en est ainsi, la pensée de s'approprier et de reproduire les usages de religions meilleures et les enseignements de leurs livres saints serait, chez les Mithraïstes, bien antérieure au IVe siècle, et remonterait à l'époque où commença dans l'Empire romain la popularité du dieu persan. Ses prêtres auraient eu de bonne heure l'intention de l'opposer au Christ, et la pensée de la tactique qui conduirait à ce résultat. Une des ressemblances apparentes dont ils se servirent avec le plus d'art a été signalée par le même saint Justin, rapportant une tradition déjà ancienne, d'après laquelle l'étable où Jésus-Christ naquit à Bethléem était dans une grotte[55]. De là à lui opposer, à lui substituer le dieu persan, né dans une caverne, le dieu du feu, sorti de la pierre comme l'étincelle sort du silex[56], l'invictus de petra natus, selon l'expression d'un poète chrétien du IIIe siècle[57], il n'y avait qu'un pas à faire. Les Mithraïstes le franchirent habilement[58] : ils essayèrent, en quelque sorte, de confisquer l'étable de Bethléem au profit de la caverne de leur idole ; et à ceux de leurs sectateurs qu'ils voyaient sur le point de les quitter pour aller vers l'autel de Jésus, ils répondaient impudemment, comme le prêtre païen du Ve siècle dont saint Augustin a recueilli le propos sacrilège : Le dieu au bonnet phrygien est vraiment chrétien[59]. Tant d'âmes furent séduites par ces confusions habilement entretenues, que Prudence, à la fin du IVe siècle, célébrant le vrai Dieu, créateur de la lumière, inventor rutili luminis, croit utile d'opposer (sans le dire, mais l'allusion est évidente) au symbole de Mithra jaillissant du silex celui du rocher biblique, image, selon saint Paul[60], de Jésus-Christ lui-même, et source du feu divin qui embrase les âmes[61]. A cette époque, en plein triomphe, le christianisme était obligé de se défendre, à Rome surtout, contre l'immense popularité du culte mithriaque c'est peut-être pour effacer une de ses fêtes que l'Église romaine fixa celle de la Nativité de Notre-Seigneur au 25 décembre, jour où les Mithraïstes célébraient le Natalis Invicti[62]. Mais l'invictus résistera longtemps : et, au milieu du Ve siècle, le pape saint Léon se plaindra encore de ceux qui, le jour de Noël, au lieu du Christ, adoraient le Soleil[63].

Ce n'étaient pas seulement l'imitation des rites chrétiens[64], la pureté et l'élévation relatives du culte, qui avaient ainsi prolongé la vogue de Mithra : ce soleil qu'il fallait chercher sous terre, selon l'expression d'un poète anonyme du IVe siècle[65], possédait un attrait malsain auquel le christianisme, religion de grand jour et de pleine sincérité, ne pouvait prétendre. L'entrée dans l'Église n'exigeait pas de formalités compliquées. Une très simple cérémonie faisait d'un païen un catéchumène. Puis, pendant le carême, une série d'instructions, accompagnées d'exorcismes, de l'explication ou, comme l'on disait alors, de la tradition de l'Évangile, du symbole des apôtres et du Pater, le disposaient à être purifié par le baptême, fortifié par la confirmation, nourri par l'Eucharistie[66]. Un écrit de la fin du IVe siècle nous apprend que quand, dans une dernière réunion, l'évêque dévoilait tout à fait aux veux des futurs néophytes les réalités divines, à demi cachées jusque-là pour eux, leur enthousiasme était quelquefois si grand, que leurs cris de joie s'entendaient du dehors[67]. Mais rien, ni dans cette préparation, ni dans l'administration solennelle des sacrements qui la suivait, n'était fait pour piquer la curiosité, exalter l'imagination, agiter les sens. Tout restait grand, simple et sérieux. Le secret longtemps observé sur certains points de doctrine vis-à-vis des catéchumènes comme vis-à-vis des païens était dicté par la prudence, par la crainte de voir tourner en ridicule ou profaner les sacrements, non par un puéril amour du mystère. Les esprits avides d'émotions, de merveilleux, n'auraient pas trouvé dans l'Église l'aliment qu'ils cherchaient. Par contre, il leur était offert abondamment dans la religion mithriaque. Là, tout semblait calculé pour agir sur leur imagination, et les engager dans une voie qui offrait à chaque tournant quelque aspect longtemps différé, et dans laquelle à vertige devait envahir peu à peu rame qui, s'étant une fois livrée, avait cessé de s'appartenir. C'est encore M. Renan qui l'a dit, à beaucoup d'égards le mithriacisme ressemblait à la franc-maçonnerie[68].

Ses temples étaient des cavernes naturelles ou artificielles qui, par un symbolisme bizarre, étaient censées représenter le monde[69] : le plafond rocailleux, parfois percé de nombreux luminaires, rappelait probablement la voûte céleste. Au fond de la grotte était placée l'image accoutumée de Mithra taurochtone[70], quelquefois aussi celle de Mithra sortant de la pierre[71] ou de Kronos léontocéphale, au corps ceint de serpents[72] ; devant ces représentations[73] se trouvait un autel. Le long de la caverne, aux murs peints en rouge[74], s'étendait, de chaque côté, une estrade ou podium, à laquelle on montait par des degrés placés à chaque extrémité ; elle était soit disposée pour recevoir des sièges ou des gradins, soit construite en plan incliné afin d'y placer les coussins et les tapis qui la transformaient en lits pour les repas de corps[75]. Les initiations se faisaient soit dans la grotte, soit dans les appartements ou les couloirs qui y attenaient. De la plupart des grades nous ne connaissons guère que les noms bizarres. Il y avait sept ordres : le corbeau, l'occulte, le soldat, le lion, le perse, le courrier du Soleil, le père (corax, cryphius, miles, leo, persa, heliodromos, pater)[76]. Chacun de ces ordres semble avoir eu son chef ou pater : pater et hierocoryx[77], pater leonum[78], pater patrum[79] ; ce dernier était le chef de toute l'association, le président de la loge. Les divers grades avaient leurs fêtes, célébrées soit à frais communs, soit à ceux de quelque riche initié : tradidit ou ostendit hierocoracica, leontica, cryphios, etc., se lit dans les inscriptions. On ignore en quoi consistaient ces fêtes ; probablement elles se terminaient par un banquet[80] ; on peut supposer aussi que les assistants étaient revêtus d'ornements symboliques, rappelant plus ou moins exactement le titre qu'ils portaient[81]. S'il n'est pas prouvé que le miles ait été représenté en costume de soldat dans un souterrain de la voie Appienne[82], nous avons néanmoins, par Tertullien, quelques détails sur ce grade : Quand un soldat de Mithra est initié dans la caverne, dans le camp des ténèbres, on lui présente une couronne à la pointe d'un glaive ; mais, comme prêt à subir le martyre, il doit avec la main l'écarter de sa tête et la poser sur son épaule, en disant : Mithra est ma couronne[83]. Un écrivain du IVe siècle dit qu'en certaines réunions mithriaques les corbeaux imitaient avec leurs bras le battement des ailes et poussaient des croassements, tandis que les lions essayaient de rugir[84]. Une des épreuves imposées aux futurs initiés consistait, d'après le même écrivain, à être conduit au bord d'un fossé plein d'eau, les mains liées avec des boyaux de poulets : un libérateur arrivait alors, qui d'un coup d'épée coupait les liens et délivrait le patient[85]. D'autres étaient probablement plus douloureuses, car saint Grégoire de Nazianze compare aux souffrances des martyrs chrétiens les tortures infligées aux candidats[86] : on sait que, dans une initiation mithriaque, à laquelle assistait Commode, il y eut mort d'homme[87]. Tel était cependant l'attrait exercé pendant le IVe siècle par ces cérémonies à la fois dangereuses et puériles, par les grades conférés, par les liens mystérieux noués entre les adeptes, que tous les païens de marque se faisaient initier ; on voit par les inscriptions qu'ils se paraient avec orgueil des titres mithriaques[88] ; des familles illustres se les transmettaient de père en fils ; on se hâtait de présenter les enfants mêmes aux grades inférieurs[89]. De toutes parts, à cette époque où le culte public des dieux tombait en désuétude, s'élevaient dans les maisons patriciennes des chapelles domestiques de Mithra[90], petits centres de culte et d'initiation, où se tramaient peut-être les complots contre la politique des empereurs chrétiens.

Le mithriacisme semble avoir servi de lien à toutes les dévotions païennes, dont la tendance, au cours du IVe siècle, était de se concentrer, de se confondre les unes dans les autres, afin de faire du paganisme comme une religion unique, à compartiments à peine séparés, apte à résister à l'unité chrétienne. Eunape se trompe sans doute en affirmant que les Mithraïstes promettaient le ne pas se faire initier à d'autres mystères. De nombreuses inscriptions nous montrent beaucoup de personnages illustres joignant aux plus hauts grades mithriaques ceux d'autres cultes mystérieux[91], par exemple le titre d'hiérophante de Bacchus, de prêtre ou prêtresse de la triple Hécate, d'initié aux mystères d'Eleusis[92]. Il semblait qu'on ne pût revêtir trop d'armures pour donner au christianisme le dernier assaut. De tous les cultes orientaux le plus répandu dans le monde romain, celui que l'on pratiquait avec le plus de ferveur et d'espérances, et qui, grâce au mythe d'Attis, finit par se confondre presque entièrement avec la religion solaire, était le culte de Cybèle, la Grande Mère, la Mère Idéenne, la Mère des dieux. Malgré l'abjection de ses prêtres eunuques, le fanatisme dégoûtant de ses dévots, le scandale des chants, des danses et des pantomimes dont ses cérémonies étaient accompagnées, il était observé par toute l'aristocratie romaine. Symmaque, un des rares patriciens qui ne voulurent connaître que les dieux du Capitole, reproche cependant à l'un de ses amis d'être absent le jour de la fête de la Grande Mère[93]. Il est probable que lui-même n'osait s'abstenir de la solennelle procession où tous les grands de Rome, pieds nus, suivaient le char conduisant au bain sacré la pierre noire enchâssée d'argent, symbole de la déesse[94]. Mais, pour les personnages illustres qui le pratiquaient au IVe siècle, l'attrait puissant du culte de Cybèle était ailleurs que dans ces immorales ou puériles cérémonies. La société où ils vivaient avait la conscience de ses souillures, le besoin d'une purification plus complète que de vaines ablutions ; il lui semblait qu'elle l'obtiendrait par le sang, non le sang versé devant un autel, mais le sang coulant sur le pécheur, l'inondant, l'enveloppant comme d'un linceul de pourpre, où il devait mourir pour revivre. Ce que les chrétiens recevaient par l'effusion mystique du sang de l'Agneau divin, l'inquiétude ou le repentir de nombreux païens espérait l'obtenir par celui d'animaux consacrés aux dieux, où ils se plongeraient comme dans un bain[95]. De là ces coûteuses et malpropres cérémonies du criobole ou du taurobole, faites sous la présidence des prêtres de Cybèle, quelquefois sur leur ordre[96], et rappelées ensuite par des autels commémoratifs, des inscriptions, le titre de criobolié ou de taurobolié pris par celui ou celle dont les membres avaient été aspergés du sang d'un bélier ou d'un taureau. Eu usage depuis le milieu du IIe siècle, et ayant passé très probablement du culte de la Bellone asiatique à celui de Cybèle[97], ce rite étrange[98] que l'on trouve, au siècle suivant, accompli fréquemment en Gaule[99] et en Italie[100], fut surtout répété, à Rome, par les plus grands personnages, après la victoire politique du christianisme, depuis Constantin jusqu'aux dernières années du IVe siècle. Prudence, qui vivait à cette époque, a décrit le taurobole en vers énergiques, où l'on sent l'impression d'un témoin :

Une fosse profonde est creusée sous terre pour celui qui doit être consacré[101]. Il s'y plonge, merveilleusement paré de bandelettes, les tempes entourées de rubans, la tète ceinte d'une couronne d'or, vêtu d'une robe de soie retroussée à la mode Gabienne[102]. On a construit une estrade avec des planches, entre lesquelles sont laissés des vides, et dont on a creusé de place en place le bois, afin d'y pratiquer des trous nombreux. Sur l'estrade est amené un taureau énorme, à la tête hérissée et farouche, les épaules ou les cornes enguirlandées de fleurs : l'or brille au front de la victime[103], et l'éclat du métal jette des reflets sur son poil. La bête est placée là pour être immolée : on tranche son poitrail avec le couteau sacré : d'une large blessure jaillit un flot de sang écumeux, qui, passant à travers les poutres entrelacées de l'échafaud, forme un fleuve chaud qui va bouillonner au loin. Alors, à travers mille trous, une infecte rosée se répand en pluie sur l'initié couché dans la fosse : il expose à toutes les gouttes sa tête honteuse ; ses vêtements et tout son corps en sont souillés. Il tend son visage, il présente ses joues, ses oreilles, ses lèvres, son nez, ses yeux, il n'épargne pas son palais, il arrose sa langue, jusqu'à ce qu'il ait bu tout le sang noir. Après qu'entièrement exsangue le cadavre rigide a été enlevé de l'échafaud par les prêtres, l'initié sort, horrible à voir ; il montre sa tête humide, sa barbe lourde, ses bandelettes ruisselantes, ses vêtements enivrés. Souillé par ce contact, sali par le suintement du sacrifice qui vient de s'accomplir, il est salué, adoré de tous, parce que, dans la ténébreuse fosse, il a été purifié par un sang vil et un bœuf mort[104].

Cette douche sanglante[105] avait le pouvoir de conférer une nouvelle vie, de faire renaître et de rendre pur pour vingt ans[106] ou même pour l'éternité[107]. Cependant on remarquera que de telles espérances, par lesquelles les initiés semblaient rivaliser avec les promesses du christianisme, en lui empruntant même son langage[108], ne sont exprimées sur les marbres qu'à partir du IVe siècle. A cette époque aussi il n'est plus question de tauroboles offerts, dans un but patriotique, pour le salut des empereurs et de leur famille, comme on en rencontre aux siècles précédents : la pensée de purification individuelle, l'espoir du salut personnel, du salut de l'âme, paraissent seuls dans les inscriptions de la dernière période du paganisme. Après avoir accompli[109] un criobole et un taurobole, un personnage considérable de la seconde moitié du IVe siècle dédie un autel commémoratif aux dieux gardiens de son âme et de ses pensées[110]. C'est presque un sentiment chrétien, presque une parole chrétienne. On aperçoit le travail profond qui s'est fait au sein du paganisme, introduisant le souci de la pureté morale, de l'expiation et de la préservation du péché, jusque dans l'un de ses cultes les plus immoraux.

Une question se pose à propos du taurobole. Cette purification par le sang est-elle particulière au culte de Cybèle et d'Attis, ou a-t-elle été pratiquée aussi dans la religion mithriaque ? Je crois, bien que l'opinion contraire ait été émise[111], que sinon à l'origine, au moins dans les derniers temps, quand tous les cultes païens se rapprochèrent et s'unirent, le sacrifice taurobolique, convenant si bien à une religion dont le symbole était un dieu immolant un taureau, fut offert également en l'honneur de Mithra. Entre Attis et. le dieu persan, entre le honteux amant de Cybèle et le juvenis incorruptus d'une inscription mithriaque, les différences ont presque disparu. Attis, au IVe siècle, est une personnification du Soleil[112]. On lui donne, comme aux dieux solaires de Syrie, le titre de maitre de la lune, menotyrannus. Il reçoit, comme Mithra, l'épithète d'invictus[113]. Les ressemblances, de tout temps fort grandes, entre les initiations phrygiennes et les initiations mithriaques[114] ont sans doute aidé à la fusion des dieux et des rites. Si l'inscription taurobolique de 391, gravée sur verre, est authentique, elle conserve le souvenir d'un initié ayant obtenu par l'inondation mystérieuse la renaissance pour l'éternité au moyen d'un taurobole offert au grand dieu Mithra[115]. Un indice du rapprochement opéré entre le culte de Cybèle ou d'Attis et celui de Mithra peut se tirer de la confusion qui se fit dans les souvenirs des habitants de Rome dès le lendemain de la chute du paganisme. La langue populaire, au vte siècle, donnait le nom de temple d'Apollon (Mithra) au principal sanctuaire de Cybèle, au phrygianum du Vatican[116], près duquel s'ouvrait la fosse taurobolique si souvent ensanglantée jusqu'en 390[117].

Auprès de ce paganisme si vivant, si exalté, plein de confiance en ses rites étranges, et, du fond de sa corruption, jetant un avide regard vers un idéal nouveau de paix morale et de pureté, la religion officielle poursuivait son existence froide et décolorée. Les grands personnages qui prenaient dans leurs inscriptions tous les titres des sacerdoces orientaux se disaient en même temps, comme autrefois, pontifes ou augures ; mais les charges du culte romain, remplies d'ailleurs avec une grande nonchalance[118], étaient pour eux une nécessité de situation, une tradition de famille, une marque de noblesse, et aussi, jusqu'à une époque avancée du IVe siècle, une source de beaux revenus ; les vocables empruntés aux initiations et aux mystères représentaient la partie intime, personnelle, désintéressée de leur vie religieuse. Déjà même, dans l'aristocratie romaine, une tendance se montrait, qui eût surpris les vieux patriciens, et qui semble en contradiction avec l'essence de la cité antique. On commence à distinguer les devoirs envers les dieux des devoirs envers l'État, à scinder la vie religieuse et la vie civile. Autrefois on était flamine, pontife, comme on était préteur ou consul : les dignités sacerdotales faisaient partie du mécanisme officiel. Il n'y avait pas besoin d'être plus croyant, plus pieux et plus pur pour offrir un sacrifice public à Jupiter que pour siéger dans le sénat, administrer une province ou donner son nom à l'année. Le service des dieux se confondait avec celui de la République, sans qu'on eût à y porter d'autres sentiments que ceux d'un magistrat. Il n'en est plus ainsi. Dans les longues nomenclatures de dignités politiques et religieuses, on donne maintenant à ces dernières une sorte de prééminence résultant d'un sentiment de piété. On sépare même les unes et les autres, comme appartenant à deux ordres d'idées devenus différents. Dans une inscription en l'honneur d'un des plus grands personnages païens du IVe siècle, Vettius Prétextat, une colonne est consacrée à ses titres religieux, parmi lesquels ceux de taurobolié, d'hiérophante, de néocore, de père, une autre colonne à l'énumération de ses magistratures[119]. La distinction se marque encore mieux dans son épitaphe, où, après avoir rappelé ce qu'il avait été dans la société religieuse, on ajoute : Et dans la République il fut candidat à la questure, préteur urbain, etc.[120] Son éloge funèbre en vers, écrit au nom de sa femme, appuie davantage sur les mêmes idées ; elle a dit ce que fut son mari dans la vie politique, puis elle ajoute : Mais cela est peu de chose : pieux initié, tu gardais dans le secret de ton cœur les vérités apprises dans les saints mystères, tu adorais selon la science la multiple divinité des immortels, et tu as bien voulu t'associer ton épouse dans la communion des choses divines et humaines. Que dirai-je maintenant des humeurs de la puissance, des joies du pouvoir si déirées des hommes ? tu les considéras toujours comme viles et caduques. et tu ne te paras avec orgueil que des bandelettes sacrées des divins sacerdoces[121]. De telles paroles, écrites sur le monument funéraire d'un ancien proconsul d'Achaïe, d'un ancien préfet de Rome, d'un ancien préfet de prétoire, sont le symptôme d'une profonde révolution morale, menaçant l'idée que les anciens s'étaient formée du patriotisme. Rien rares étaient ceux qui, conformément aux préceptes des vieux Romains et suivant l'exemple encore donné par Symmaque, s'abstenaient avec soin de toutes les dévotions propres à troubler les âmes[122], servaient avec un zèle exclusif les dieux officiels[123], et, comme autrefois, subordonnaient à l'État ce qu'il y a de plus libre et de plus personnel au monde, le sentiment religieux.

Tel est l'aspect offert par le paganisme au IVe siècle. Il nous frappe plus peut-être qu'il ne frappait les hommes de ce temps-là. Pour se rendre compte de certaines transformations qui se sont opérées sur place, par le cours insensible des idées et du temps, sans brusque déchirement ni rupture éclatante, il est bon quelquefois de regarder à distance et d'entrevoir d'un peu loin la perspective. Aussi les ouvrages des contemporains ne laissent-ils pas tous apercevoir l'évolution subie par les idées religieuses. Certains écrivains ecclésiastiques combattent l'ancienne idolâtrie, les dieux grecs ou latins encensés au nom de l'État, comme si la vraie citadelle du paganisme était encore au Capitole ; à peu près comme on a vu de modernes apologistes continuer à répondre aux objections des philosophes du siècle dernier, alors que depuis longtemps la libre-pensée avait passé outre, et mené le combat sur un autre terrain. Les malentendus de ce genre sont de toutes les époques. Cependant il n'est pas vrai que tous les champions de l'Église aient méconnu le mouvement qui entraînait les esprits. Saint Augustin, avec la souplesse de son génie, fait face tour à tour au passé et au présent : s'il devient contemporain d'Auguste pour réfuter la théologie de Varron, l'homme de son temps reparaît quand il montre l'ignominie des mystères de Cybèle ou discute la mythologie bizarre des néoplatoniciens. De même Prudence, dans ses poèmes, attaque sans distinction tous les dieux du paganisme, mais ne décrit guère quo los rites des religions orientales. Un demi-siècle avant le docteur et le poète, un homme d'une intelligence comme d'un talent très inférieurs avait plus exactement encore aperçu le changement de front accompli par le paganisme. On ne cite guère de Firmicus Maternus que les paroles emportées par lesquelles il essaya de pousser les fils de Constantin dans la voie d'une réaction religieuse plus violente que ne le permettaient la prudence politique et le respect des engagements[124] ; mais ce ne sont pas une ou deux pages seulement, c'est tout qui est à lire dans son traité De l'erreur des religions profanes. Ce livre n'est l'œuvre ni d'un profond penseur ni d'un grand écrivain, mais d'un témoin bien informé et très perspicace, Aristocrate lui-même[125] et connaissant bien les préférences des gens de ce monde, le contemporain de Constance néglige ce qui n'a plus qu'une vie d'emprunt pour aller droit aux cultes en vogue. Il dirige d'abord ses attaques contre les religions d'Isis, de Cybèle, de Virgo Cælestis et de Mithra, en qui il voit des personnifications de l'eau, de la terre, de l'air et du feu[126] ; puis il dénonce l'immortalité des mystères de Bacchus, de Cérès, d'Adonis, de Sabazius, des Cabires de Samothrace, auxquels se faisaient initier tant de païens illustres[127]. A l'occasion il discute brièvement les dieux de la mythologie gréco-romaine, d'après le système d'Évhémère[128] ; mais il revient vite à ceux qui les ont réellement supplantés, et, dans des pages fort curieuses, nous révèle les formules[129], les symboles, les cérémonies des cultes mystérieux[130]. Lui aussi, comme Prudence, oppose au dieu de la pierre[131] des mystères mithriaques de la pierre angulaire qui est le Christ. Le livre de Firmicus Maternus donne l'image de ce qu'était devenu le paganisme vers le milieu du IVe siècle, non encore au terme, mais au courant de son évolution : en arrière, s'enfonçant progressivement dans l'oubli, les dieux auxquels s'adressent encore les hommages officiels, mais d'où la foi s'est retirée ; sur le premier plan, les divinités redoutables et mystérieuses, appelées à se mêler de plus en plus et autour desquelles se concentrent déjà toutes les forces de l'erreur pour livrer la dernière bataille[132].

 

 

 



[1] Ovide, Fastes, I, 89.

Quem tamen esse deum te dicam, Jane biformis ?

Nam tibi par nullum Græcia numen habet.

[2] Ovide, Fastes, III, 435. Cf. Bull. della comm. archeologica comunale di Roma, 1894, p. 60.

[3] De Rossi, dans Ann. dell' Bull. de corresp. arch., 1858, p. 54-79 ; Bull. di arch. crist., 1869, p. 14 ; Roma sotterranea, t. III, p. 639-640. — Cf. Histoire des persécutions pendant la première moitié du troisième siècle, 3e éd., p. 252-253.

[4] Il est à remarquer que Silvain fut de bonne heure associé au culte phrygien ; statue à Silvain dendrophore, Corpus inscr. lat., t. IV, 641. Cf. Revue archéologique, mars-avril 1892, p. 186.

[5] Virgile, Énéide, VIII, 689, 698.

[6] Properce, Éleg., IV, I, 17.

[7] Lucien, Assemblée des dieux, 9, 10, 14 ; cf. Jupiter tragique, 8.

[8] Plutarque, De la superstition.

[9] Carrucci, Les mystères du syncrétisme phrygien, dans Cahier et Martin, Mélanges d'archéologie, t. IV, p. 1-54 ; Palmer, Early christian symbolium, éd. Northcote et Brownlow, 1884, pl. Y, Z, et p. 59 ; Edmond le Blant, Revue archéologique, juin 1875, pp. 358-368 ; Corpus inscr. lat., t. VI, 142.

[10] Voir les réserves faites par Gasquet, Essai sur le culte et les mystères de Mithra, p. 112, et surtout par Cumont, Textes et monuments figurés relatifs aux mystères de Mithra, t. II, p. 173 et 413.

[11] Quæstiones veteris et novi Testamenti, 114 (traité faussement attribué à saint Augustin, mais remontant au milieu du IVe siècle)

[12] Voir (entre autres exemples) Corpus inscr. lat., t. VI, 1779, 1780.

[13] Cf. les réflexions de Boissier, La Religion romaine d'Auguste aux Antonins, t. II, p. 433.

[14] Cité par Eusèbe, Præp. évang., III, 11 ; saint Augustin, De civitate Dei, VII, 25.

[15] Julien, Oration V, sur la Mère des dieux ; VII, contre le cynique Héraclius.

[16] Des Mystères, I, 11.

[17] Eunape, Vitæ soph., Jamblichus.

[18] Eunape, Vitæ soph, Edesius.

[19] Eunape, Vitæ soph, Edesius.

[20] Eunape, Vitæ soph. ; ibid., p. 466-469.

[21] Eunape, Vitæ soph., Maximus, p. 475.

[22] Ibid., p. 476 ; Ammien Marcellin, XXI, 5, 1 ; saint Grégoire de Nazianze, Orat. IV, 52-56.

[23] Julien, Ep. 52, ad Bostr.

[24] Himère, Orat. VII, 2.

[25] Marinus, Vita Procli, 9, 26-28.

[26] Zosime, III, 9.

[27] Ep. 41.

[28] Oratio, IV.

[29] Naville, Julien l'Apostat et sa philosophie du polythéisme, p. 102 et suiv.

[30] J. Réville, La religion à Rome sous les Sévères, pp. 61-65.

[31] Hettmer, De Jove Dolicheno, Bonn, 1877, p. 5 ; Bull. della comm. arch. comunale di Roma, 1875, p. 204 ; 1886, pp. 134-138 et pl. V ; Corpus inscr. lat., t. VI, 412 ; Vaillant, Épigraphie de la Morinie, pp. 37-44.

[32] Bull. arch. com., 1889, p. 437. Liber identifié au Soleil par Firmicus Maternus, De errore prof. relig., 8.

[33] Ann. dell' inst. di corresp. arch., 1860, p. 428 ; Bull. arch. com., 1887, p. 91 ; Corpus inscr. lat., t. VI, 51, 711.

[34] Vopiscus, Aurelianus, 14.

[35] Erkhel, Doctr. numm., t. VII, p. 483.

[36] La liste des pontifices Solis donnée par Marquardt, Röm. Staatsverw., t. III, p. 236, note 4, doit être complétée par Bull. arch. com., 1887, p. 225, et Cumont, Textes et monuments figurés, t. II, p. 109-111.

[37] Voir Les dernières persécutions du troisième siècle, 2e éd., p. 234-235.

[38] Bull. arch. com., 1887, pp. 90-95.

[39] Corpus inscr. lat., t. III, 3 ; t. VI, 402 ; t. VIII, 1005 ; t. IX, 5824 ; Bull. arch. com., 1886, p. 174. Cf. Julien, Oratio IV.

[40] Firmicus Maternus, De errore prof. relig., 10 ; Corpus inscr. lat., t. IV, 429, 430 ; t. XI, 1323 ; t. XIV, 2894 ; Bull. arch. com., 1886, p. 140.

[41] Bull. arch. com., 1886, pp. 143-146.

[42] Macrobe, Saturnales, I, 17-23.

[43] Renan, Marc Aurèle, p. 579. — Il sembla un instant que le monde dût devenir mithriaste, dit aussi M. Cumont, Textes et monuments figurés des mystères de Mithra, t. I, p. 344. Voir cependant, en sens contraire, Harnack, Die Mission und Ausbreitung des Christenthums in den ersten drei Jahrhunderten, p. 534-536.

[44] Voir Alfred Maury, Croyances et légendes de l'antiquité, pp. 162-170.

[45] Sauf la belle expression juvenis incorruptur écrite sur un marbre d'Ostie, Bull. di arch. crist., 1870, p. 156 ; Corpus inscr. lat., t. XIV, 66.

[46] Plutarque, Sur Isis et Osiris, 46.

[47] Tertullien, De baptismo, 5.

[48] Saint Justin, Apol., I, 66 ; Tertullien, De præscript., 40.

[49] Tertullien, De præscript., 40.

[50] Tertullien, De præscript., 40.

[51] Corpus inscr. lat., t. II, 57 ; t. III, 3415, 3908, 3959 ; t. VI, 377, 727 ; cf. Bull. arch. com., 1886, p. 143. L'inscription rapportée au Corpus, t. VI, 377, nomme des fratres et des sorores. Mais il n'est pas certain qu'elle soit mithriaque. M. Cumont (Textes et monuments figurés, t. II, p. 42 et 173) dit que les femmes ne pouvaient se faire initier aux mystères de Mithra. Cependant Porphyre (De abstinentia, IV, 18) parle d'un grade réservé aux femmes.

[52] Tertullien, De præscr., 40 ; saint Justin, Apol., I, 66.

[53] Saint Justin, Apol., I, 66.

[54] Isaïe, XXXIII, 23-28 ; saint Justin, Dialog. cum Tryph., 70.

[55] Saint Justin, Dialog. cum Tryph., 70.

[56] Monuments petræ genitrici ; Corpus inscr. lat., t. III, 4424. Deo genitori rupe nato (ibid., 968). Dans une antre inscription romaine (ibid., t. VI, 656) Mithra sortant de la pierre est désigné sous le nom d'Oriens. — L'imagination païenne avait réussi à donner à ce symbolisme un sens obscène ; voir saint Jérôme, Adv. Jovinianum, I, 7.

[57] Commodien, Instruct., I, 13.

[58] Furtiva fraude. Firmicus Materons, De errore prof. relig., 20.

[59] ....Usque adeo ut ego noverim aliquo tempore illius Pileati sacerdotem solere dicere : Et ipse Pileatus christianus est. Saint Augustin, In Johann. evang. tract. VII. On peut se demander si le dieu pileatus est, dans la pensée de saint Augustin, Mithra ou Attis, qui porte aussi le bonnet phrygien. Mais il faut dire, avec M. Cumont, que l'Attis dont il serait question ici est non pas le pâtre de la vieille légende phrygienne, l'eunuque impur, qui n'aurait pu être rapproché du Christ, mais le dieu complexe de la fin du paganisme, assimilé à Mithra. Textes et monuments figurés, t. II, p. 461. Nous verrons plus loin (livre VI, chap. II, § IV) la place occupée par le mythe d'Attis dans la théologie de Julien.

[60] Saint Paul, I Cor., X, 4.

[61] Prudence, Cathemerinon, V, I, 5-12.

Inventor rutili, dux bone, luminis

. . . . . . . . . . . . . . . . . .

Quamvis innumero sidere regiam

Lunarique polum lampade pinxeris,

Incussu silicis lamina nos tamen

Monstras saxigeno semine quærere :

Ne nesciret homo spem sibi luminis

In Christi solido corpore conditam,

Qui dici stabilem se voluit petram,

Nostris igniculis unde genus venit.

[62] Voir Mommsen, dans Corpus inscr. lat., t. I, p. 410 ; Duchesne, Origines du culte chrétien, p. 250.

[63] Quibus hæc dies non tam de nativitate Christi quam de novi, ut dicunt, solis ortu honorabilis videtur. Saint Léon, Sermo XXI, 6. Cf. Bull. di arch. crist., 1890, pp. 10-11.

[64] Parmi ces imitations, Il en est une, exceptionnelle peut-être, mais fort curieuse. Le sanctuaire desservi depuis le milieu de quatrième siècle par une famille célèbre de sectateurs de Mithra, les Olympius (Corpus inscr. lat., t. VI, 749-754), se composait d'un antre, spelæum, et d'une vaste salle, mesurant 6 mètres sur 10. L'antre fut construit plus tard ; la salle servit d'abord seule an culte du dieu persan. On lui avait donné la forme d'une basilique à trois nefs séparées par des colonnes, probablement avec la pensée de reproduire l'aspect des églises chrétiennes. Bull. arch. com., 1894, p. 294.295.

[65] Poème anonyme contre Nicomaque Flavien, 47. Cf. Firmicus Maternus, De errore prof. relig., 19 ; saint Paulin de Nole, Adv. Pag., 110-113.

[66] Duchesne, Origine du culte chrétien, p. 281 et suiv.

[67] Peregrinatio Silviæ, dans Studi e Documenti di Storia e Dirito, 1888, p. 171.

[68] Renan, Marc-Aurèle, p. 577.

[69] M. de Rossi a donné dans le Bull. di arch. crist., 1870, p. 167, une longue liste de cavernes mithriaques découvertes dans le monde romain depuis 1847, date de l'ouvrage de Lajard. Après 1870, plusieurs ont été trouvées, particulièrement à Rome ; la plupart sont du IIIe ou IVe siècle. M. Franz Cumont donne (Textes et monuments figurés, t. II, p. 185 et suiv.) la description de plus de trois cents monuments mithriaques ; il compte à Rome trente-deux temples ou chapelles (t. I, p. 353-354).

[70] Les bas-reliefs de ce genre sont trop nombreux pour qu'on y puisse renvoyer : je citerai seulement celui qui provient du spelæum mithriaque du Capitole, et est aujourd'hui conservé au musée du Louvre. Il est commenté et reproduit dans Fröhner, Notice de la sculpture antique du Musée national du Louvre, pp. 485-501, et dans Cumont, Textes et monuments, t. II, p. 193-195 et pl. I. Le Louvre possède trois autres bas-reliefs analogues de provenance romaine.

[71] Lajard, Recherches sur le culte public et les mystères de Mithra, pl. CIV, 1, 2 ; Hammer, Mithriaca, pl. XI, 3 ; XV, 1, 3, 3, 4 ; Visconti, dans Ann. dell'inst. di corr. arch., 1864, pp. 160, 161 et pl. X, 3 ; De Rossi, dans Bull. di arch. crist., 1876, pp. 126-127 ; Roller, dans Revue archéologique, juillet 1872, p. 71 ; Cumont, t. II, fig. 28, 32, 58, 82, 158, 159, 182, 183, 187, 201, 254, 273, 315.

[72] Lajard, pl. LX-LXIII ; Cumont, t. II, fig. 21, 35, 41-44, 46, 47, 63, 69, 96, 286, 294, 320, 330, 421.

[73] Ce sont là probablement les portentosa simulacra dont parle saint Jérôme, Ep. 107.

[74] Visconti, dans Ann. dell' instit. di corr. arch., 1864, p. 159 ; Capannari, Lovatelli, dans Bull. della comm. arch. com., 1864, p. 159 ; 1892, p. 333.

[75] Elle a cette dernière forme dans le mithraeum construit sous la basilique de Saint-Clément, à Rome ; voir De Rossi, Bull. di arch. crist., 1870, pp. 153-168 et pl. X-XI, n° 6 ; Roller, dans Revue archéologique, juillet 1872, pp. 68-73 et pl. XIV, XVI ; cf. Rome souterraine, pp. 569-574.

[76] Saint Jérôme, Ep. 107. — Selon Porphyre, De abstin., IV, 16, au grade de leo pour les hommes correspondait, pour les femmes, celui de hyène, ΰαινα. Cette assertion n'est probablement pas exacte pour l'Afrique. On a découvert à Tripoli les sépultures de deux époux, portant des noms puniques. Sur le couvercle de celle du mari est peint un lion bondissant, avec cette inscription : qui leo jacet. Sur le couvercle de celle de la femme est peinte une lionne, avec : quæ lea jacet. Ces deux époux étaient initiés l'un et l'autre au quatrième degré du culte de Mithra. Comptes rendus de l'Académie des inscriptions, 1903, p. 79.

[77] Corpus inscr. lat., t. VI, 500. 504.

[78] Orelli-Henzen, 6012.

[79] Corpus inscr. lat., t. VI, 47, 510, 749-753.

[80] Cumont, t. I, fig. 10, p. 175-176, 320-321.

[81] Celui qui célèbre les léontiques est obligé de revêtir les former de divers animaux. Porphyre, De abstin., IV, 16.

[82] Gerrucci, les Mystères du syncrétisme phrygien, dans Cahier et Martin, Mélanges d'archéologie, t. IV, pp. 33, 34.

[83] Tertullien, De corona, 15. Firmicus Maternus, De errore prof. rel., 4, dans un passage malheureusement mutilé, parle d'une classe d'initié, de Mithra armata clipeo, lorica tecta, ce qui correspond au grade du miles.

[84] Quæst. vet. et novi Test., 114.

[85] Quæst. vet. et novi Test., 114.

[86] Saint Grégoire de Nazianze, Orat. IV, 70, 89 ; XXXIX. Il parle en général des tourments, βασάνους, soufferts par les initiés de Mithra, et cite seulement les brûlures mystiques, καύσεις... τάς μυστικάς ; peut-être l'initié au grade de miles était-il marqué au feu (voir Prudence, Peri Stephanon, X, 1076-1080 ; cf. la Persécution de Dioclétien, éd., t. I, p. 105-106). Les détails sur le jeûne de cinquante jours et les autres épreuves sont donnés par le scoliaste Nonnus (VIe siècle).

[87] Lampride, Commode, 9. — C'est ainsi qu'en France, à une époque où les rites étaient plus cruels qu'aujourd'hui, les cas de mort étaient fréquents aux initiations des Compagnons du Devoir. Voir P. du Maroussem, Les charpentiers passants du Devoir, dans la Réforme sociale, 1er janvier 1891, p. 61. L'auteur de cette monographie rapproche des mystères antiques ce que ces rites secrets gardent aujourd'hui encore d'obscène et de cruel.

[88] Corpus inscr. lat., t. VI, 47, 88, 500, 504, 507, 509, 510, 511, 783, 749.754, 846, 1875, 1778, 1779.

[89] Corpus inscr. lat., t. VI, 751.

[90] Bull. di arch. crist., 1884-1885, p. 139 ; Bull. arch. com., 1885, pp. 36-88 ; 1886, pp. 17.26 ; Revue de l'histoire des religions, 1887, pp. 347-349 ; Cumont, t. II, p. 197, 199. Même dans les campagnes, spelæa consacrés soit au culte de Mithra, soit à quelque autre culte mystérieux : Bull. arch. com., 1899, p. 40.

[91] Au commencement du Ve siècle, la race des Eumolpides, chefs héréditaires du culte de Déméter à Éleusis, s'étant éteinte, on choisit pour hiérophante un prêtre de Mithra. Eunape, Vite soph., Maximus ; éd. Didot, p. 476.

[92] Corpus inscr. lat., t. VI, 507, 510, 511, 1675, 1778, 1779, etc.

[93] Symmaque, Ép. II, 34.

[94] Prudence, Peri Steph., X, 131-160,

[95] Firmicus Maternus, De errore prof. relig., 27. 8.

[96] Ex vaticinatione, Ulpien, De excusationibus ; cf. Corpus inscr. lat., t. XIV, 16.

[97] Voir F. Cumont, le Taurobole et le culte de Bellone, dans Revue d'histoire et de littérature religieuses, 1901, p. 97-110.

[98] Sur le taurobole, voir particulièrement Esperandieu, Inscriptions de Lectoure, 1892, p. 94 et suiv.

[99] Boissieu, Inscriptions antiques de Lyon, pp. 22-38 ; Corpus Inscr. lat., t. XII, 1, 1222, 1223, 1311, 1567, 1568, 1569, 1573, 1727, 1715, 1782, 1827,4311, 4322,4323, 4324, 4325, 4326, 4329.

[100] Corpus Inscr. lat., t. IX. 1534, 1540, 3015 ; t. X, 1596, 4726, 4829, 6075 ; t. XIV, 39, 40, 42, 43, 2790.

[101] Prudence lui donne ici le nom de summus sacerdos, et plus loin celui de pontifex. Peut-être ces mots sont-ils employés par le poète comte synonymes de tauroboliatus, qui se lit toujours dans les inscriptions ; ou peut-être a-t-il voulu peindre le taurobole accompli personnellement par un prêtre, ce qui arrivait quelquefois : voir par exemple Corpus Inscr. lat., t. IX, 3015 ; t. X, 4726.

[102] Au lieu de se parer de riches habits, l'initié, par un raffinement de dévotion (ou peut-être un calcul d'économie), se couvrait parfois de haillons. Poème anonyme contre Nicomaque Flavien, 60-63.

[103] Cf. Corpus Inscr. lat., t. VI, 504 : aurata fronte bicorna.

[104] Peri Steph., X, 1011-1055.

[105] Æmobolium. Corpus Inscr. lat., t. IX, 3015.

[106] Vivere cum speras viginti mundus in annos. Poème anonyme contre Nicomaque Flavien. Après vingt ans on recommençait quelquefois le taurobole : inscriptions de 376 et de 390, Corpus Inscr. lat., t. VI, 504, 512.

[107] Criobolio taurobolioque in æternum renatus. Corpus Inscr. lat., t. VI, 510.

[108] Évangile selon saint Jean, III, 3, 5-6.

[109] Percepto.

[110] Corp. Inscr. lat., t. VI, 499.

[111] Par M. Lebègue, Revue de l'histoire des religions, juillet-août 1888. — Voir. dans le sens opposé, M. Sayous, même revue, 1887, p. 151. Cf. Orelli, Inscriptions, note sur le n° 2351 ; Renan, Marc-Aurèle, p. 679 ; Marquardt, Röm. Staatsv., t. III, p. 87 ; J. Réville, La religion à Rome sous les Sévères, p. 68 ; Gasquet, Essai sur le culte et les mystères de Mithra, p. 15. — L'érudit dont l'opinion fait loi en ces matières, M. Cumont, se prononce pour la première solution (Textes et monuments figurés, t. I, p. 338, note 5). Cependant des exemples cités par lui, p. 346, 348, semblent montrer le taurobole en relation avec le culte de Mithra.

[112] Macrobe, Saturnales, I, 21 ; Firmicus Maternus, De errore prof. relig., 8.

[113] Corpus inscr. lat., t. VI, 499.

[114] Dans une salle de réunion des dendrophores, contemporaine d'Hadrien, et récemment découverte, le pavage en mosaïque offre des symboles qui ont d'étroites analogies avec quelques-uns de ceux du culte de Mithra, comme la couronne au bout d'une lance, le corbeau, les lions, rappelant certains grades mithriaques, le rameau, le serpent, le scorpion, représentés dans les monuments de Mithra taurochtone, la chouette, qui se retrouve sur le pavage du mithræum d'Ostie. Voir Bull. arch. comunale, 1890, p. 18-25, pl. I-II.

[115] Corpus Inscr. lat., t. VI, 736. Voir la note de Mommsen, qui se demande si le bas-relief et l'inscription sur verre ne sont pas une copie plus ou moins exacte d'un original perdu. — Cependant Cumont, t. II, p. 179, considère comme démontrée la fausseté complète de l'inscription.

[116] Duchesne, Le Liber Pontificalis, t. I, pp. 120, 193.

[117] Là ont été trouvées les inscriptions tauroboliques de 305, 350, 374, 378, 377, 383, 390, publiées dans le Corpus Inscr. lat., t. VI, 497-504, 512.

[118] Symmaque, Ép., I, 50, 51 ; II, 7, 53, 60.

[119] Corpus Inscr. lat., t. VI, 1778.

[120] Corpus Inscr. lat., t. VI, 1779.

[121] Corpus Inscr. lat., t. VI, 1779.

[122] Paul, Sent., V, XXI, 2 ; cf. Modestin, au Digeste, XLVIII, XIX, 30.

[123] Cf. Corpus Inscr. lat., t. VI, 1698, 1699.

[124] Firmicus Maternus, De errore prof. relig., 28. 6 ; 29.

[125] Il est qualifié de vir clarissimus à la fin d'un des manuscrits de son livre ; voir Corpus script. eccles. lat. de Vienne, t. II, p. 130, note.

[126] Firmicus Maternus, 1-6.

[127] Firmicus Maternus, 7-11.

[128] Firmicus Maternus, 12-17.

[129] On remarquera que pas une de ces formules n'est en latin : toutes sont en grec, c'est-à-dire dans la langue de l'Orient romain.

[130] Firmicus Maternus, 18, 27.

[131] Θεός έκ πέτρας.

[132] Une trentaine d'années plus tard, l'Ambrosiaster (Quæstiones veteris et novi Testamenti) considéra de même que les adversaires qu'il faut avant tout combattre sont Bacchus, Isis, Mithra et Cybèle, dont le culte emprunté à l'Orient avait pris la place des anciens cultes nationaux. Cf. F. Cumont, Polémique de l'Ambrosiaster, dans Revue d'histoire et de littérature religieuses, 1903, p. 455 ; voir encore Wissowa, Religion und Kultus der Römer, 1902, p. 184.