LES ESCLAVES CHRÉTIENS

LIVRE PREMIER. — L'ESCLAVAGE ROMAIN.

CHAPITRE II. — LE TRAVAIL INDUSTRIEL ET DOMESTIQUE.

 

 

Créer le plus rapidement possible, avec des frais chaque jour moins élevés, des produits de plus en plus parfaits, telle est la loi que la libre concurrence impose à l'industrie moderne. Comme celle-ci dispose d'un nombre de bras limité, fort coûteux, et qui ne peut s'accroître indéfiniment, elle est obligée, pour atteindre cet idéal de production rapide, économique et parfaite, de recourir aux inventions de la mécanique :elle supplée par des machines aux forces trop bornées du travail manuel. Si chaque instrument, a dit Aristote, pouvait sur un ordre donné ou même pressenti travailler de lui-même, comme les statues de Dédale ou les trépieds de Vulcain qui se rendaient seuls, d'après le poète, aux réunions des dieux, si les navettes tissaient seules, les entrepreneurs se passeraient d'ouvriers et les maîtres d'esclaves[1]. Le rêve du philosophe est en partie réalisé : il y a encore des ouvriers, mais, dans le travail qui leur est demandé, l'emploi de l'intelligence tend à l'emporter chaque jour davantage sur l'effort matériel. Des machines agissent pour eux et sous leurs ordres : elles les délivrent de ce labeur écrasant, inhumain, surhumain, que l'antiquité demandait aux esclaves. Les machines, écrivait un des rapporteurs de l'exposition de 1867, sont les vrais esclaves, grâce auxquels la liberté est rendue à l'homme. Qui a fait cette révolution ? La nécessité.

L'industrie antique échappait dans une grande mesure à cette nécessité, mère du progrès. Une concurrence limitée, le monopole de la production et du commerce assuré aux possesseurs d'esclaves, les débouchés peu nombreux, la main-d'œuvre presque sans valeur, telle était, sous l'empire, la condition de l'industrie, conséquence de la situation économique imposée par l'esclavage au monde romain. Or, il faut bien le reconnaître, ces continuelles inventions, ces découvertes successives qui, dans les sociétés modernes, rendent plus léger de jour en jour le labeur de l'homme en faisant travailler pour lui la matière obéissante, ont moins leur principe dans un sentiment d'humanité que dans les nécessités industrielles ou économiques résultant de l'affranchissement du travail, de la libre concurrence, de l'amélioration des conditions matérielles de la vie. Dans une situation toute différente, quel aiguillon eût poussé l'industriel romain à inventer ? Il se souciait peu d'alléger le travail de ses esclaves, et il ne croyait pas avoir intérêt à le faire. De leur côté, les esclaves ne se sentaient point intéressés à le précéder, à l'entraîner, en quelque sorte, dans cette voie des inventions où il dédaignait d'entrer. Plusieurs des grands inventeurs modernes sont sortis du sein de la classe ouvrière : mais leur travail était libre, le profit de leurs inventions leur appartenait, et pouvait les conduire à la renommée ou à la richesse. L'esclave eût inventé pour son maître, qui seul aurait profité des progrès de l'industrie. D'ailleurs, à part quelques situations exceptionnelles, l'état d'esclave eût été un obstacle aux recherches désintéressées qui seules produisent les inventions fécondes, les vraies découvertes. Il n'est pas aisé, a dit Channing, de tirer d'un esclave le travail d'un homme libre ; et pourquoi ? parce qu'il n'a pas l'esprit d'un homme libre[2]. Cela paraît vrai même du travail matériel, bien que l'esclave y puisse être contraint : cela est vrai surtout de ce travail supérieur qui suppose un effort intellectuel, un motif, un aiguillon.

Il serait faux, cependant, de prétendre que l'industrie antique ne connut aucun progrès. Tous les arts de luxe et de goût progressèrent. Ils furent souvent pratiqués par des hommes libres : mais là ne paraît pas être la principale raison de leur développement. Si exquis que fût le sens artistique des anciens, quelque prédilection qu'ils aient toujours montrée pour ce qui en flattait la délicatesse, ils ne réussirent jamais à distinguer parfaitement l'artiste de l'artisan proprement dit, et ils laissèrent rejaillir jusque sur le premier le mépris qu'ils avaient pour le travail manuel. Il n'y a pas un homme bien né, dit Plutarque, qui, pour avoir vu le Jupiter de Pise ou la Junon d'Argos, se soit pris du désir d'être Phidias ou Polyclète[3]. Lucien exprime plus énergiquement encore la même pensée. Il évoque la Science, et lui met dans la bouche des paroles comme celles-ci : Si tu te fais sculpteur, tu ne seras qu'un manœuvre... Quand tu serais un Phidias, un Polyclète, quand tu ferais mille chefs-d'œuvre, c'est ton art que chacun louera ; et parmi ceux qui les verront, il n'y en a pas un seul, s'il a le sens commun, qui désire te ressembler, car, quelque habile que tu sois, tu passeras toujours pour un artisan, un vil ouvrier, un homme qui vit du travail de ses mains[4]. Ce dédain, à plus forte raison, dut se porter sur les hommes qui pratiquaient les arts moins élevés auxquels les modernes donnent le nom d'arts décoratifs. Nous admirons une belle tenture de pourpre, dit encore Plutarque, mais nous considérons le teinturier comme un vil artisan[5]. Il ne semble donc pas que ces arts, même lorsqu'ils étaient exercés par des hommes libres, aient été tenus pour honorables, que de flatteuses distinctions soient venues récompenser leurs progrès, et que l'opinion publique les ait, comme de nos jours, entourés de ses faveurs. La raison de leur développement et de la perfection à laquelle ils parvinrent est plutôt dans le besoin qu'avaient d'eux ces riches raffinés et oisifs du monde antique, d'un dilettantisme si exquis et si varié, qui se trouvaient sans cesse en contact avec les produits des arts somptuaires, et, à mesure que leur échappaient les buts élevés de la vie, se passionnaient davantage pour tout ce qui touchait au luxe ou flattait le goût, prenaient un intérêt direct, une part personnelle aux inventions qui pouvaient augmenter leurs jouissances. On vit de riches Romains s'éprendre pour des vases, pour des bijoux, pour des objets d'art, d'une passion bizarre et maladive qui, dans ces cerveaux vides, dans ces vies inoccupées, revêtait les formes, avait les caprices, presque les emportements de l'amour. Dilexit, adamavit, amore captus est, libidine accensus, non quievit temperare sibi in eo, telles sont les expressions dont se sert Pline rapportant de nombreux exemples de ces folies. Triste et grotesque tableau ! On s'éprenait d'une statue ou d'une peinture, comme on s'éprenait des poissons délicats que l'on engraissait dans les viviers. Les hommes les plus sérieux en apparence n'échappaient pas à un tel travers. Hortensius, le rival de Cicéron en éloquence, qui avait de si beaux viviers et soignait ses murènes mieux que ses esclaves[6], s'était épris d'un sphinx en airain de Corinthe : il ne s'en séparait jamais[7]. Brutus rendit célèbre une petite statue, œuvre d'Apollodore, à cause de la passion qu'il avait conçue pour elle[8]. Le consulaire Cestius ne pouvait vivre sans une statue qu'il chérissait : il s'en faisait suivre dans les combats[9]. Néron faisait porter partout avec lui une Amazone de travail grec[10]. Pline parle d'un consulaire tellement amoureux d'un gobelet taillé dans une pierre précieuse, qu'il en avait usé les bords à force de les baiser[11]. Tel était le défaut d'équilibre de ces âmes, que des objets inanimés jetaient dans les extravagances de la passion. De telles amours avaient quelquefois besoin de violence et de sang pour se satisfaire. On faisait proscrire des hommes pour s'emparer de leur argenterie[12]. Verrès fut proscrit par Antoine pour n'avoir pas voulu lui céder des vases de Corinthe[13]. Antoine condamna de même le sénateur Nonnius, qui refusait de lui abandonner une opale enchâssée dans une bague : au lieu de sauver sa vie par le sacrifice d'un bijou, Nonnius préféra s'enfuir, abandonnant tous ses biens, n'emportant que l'opale convoitée : telle était, dit Pline, la passion féroce de l'un, telle était la tenace résistance de l'autre[14].

Plusieurs de ces riches blasés ne dédaignaient pas de faire travailler sous leurs yeux à quelque objet d'art ou de luxe : quand j'aurai fait ma fortune, dit un personnage de Juvénal, j'entretiendrai un ciseleur courbé sur sa tâche, et un peintre qui me brossera rapidement des tableaux[15]. Cicéron décrit l'atelier d'orfèvrerie de Verrès[16]. Le même Verrès obligeait ses administrés de Sicile à devenir ses tapissiers : il n'y eut pas, dit Cicéron, une maison riche dans laquelle il n'installât une manufacture d'étoffes : ailleurs, il se faisait fabriquer des lits et des candélabres d'airain : après sa préture de Sicile, il put répartir entre ses villæ italiennes trois cents lits de festin qu'il avait fait ainsi décorer[17]. Octavius, chevalier romain, voulant fabriquer lui-même des cratères de bronze, fait faire par Arcésilas un modèle en plâtre[18]. Drusillanus Rotundus, riche esclave de Claude, devenu trésorier de l'Espagne citérieure, fait fondre un plat d'argent pesant cinq cents livres pour lequel il avait fallu construire un fourneau spécial[19]. Vitellius lui-même se fait fondeur[20]. Sous de telles influences, il n'est pas étonnant que les arts somptuaires aient progressé. La perfection à laquelle ils parvinrent rend frappant l'état de stagnation où la civilisation romaine laissa la plupart des arts purement usuels et mécaniques. Si le pain était fabriqué par des procédés grossiers, si l'esclave souffrait de la nécessité de tourner la meule, si la machine dont se servait le pistor était imparfaite, cela importait peu aux orgueilleux dilettantes de Rome : ils ne voyaient pas l'effort, et le pain qu'ils mangeaient n'en était pas moins délicat.

On a trouvé dans plusieurs maisons de Pompéi des meules à blé faites pour être tournées à bras d'hommes. Dans un temps de grand raffinement, de grand luxe, tels étaient, dit Dyer, les moyens grossiers dont se servait l'industrie, tel était le peu de perfectionnement apporté à l'une des machines les plus usuelles et les plus nécessaires. Les Romains ne s'inquiétaient pas de l'immense quantité de travail inutile qu'ils perdaient ainsi dans la préparation des objets de consommation journalière et universelle. La cause en était dans l'emploi des esclaves et le peu de profits que pouvait faire un boulanger en un pays où le pain était fabriqué dans presque toutes les maisons. Tous les arts utiles étaient aussi négligés que celui de la boulangerie. Ainsi, les Romains travaillaient aussi bien que nous les métaux : rien n'est plus beau, mieux ciselé que leurs trépieds, leurs lampes, leurs marteaux de porte : rien n'est plus grossier que leurs serrures[21].

Dans la page de Dyer qui vient d'être citée, un mot mérite d'être remarqué : Les Romains, dit-il, s'inquiétaient peu de l'immense quantité de travail inutile qu'ils perdaient. Le peuple qui sacrifiait chaque années plusieurs milliers de gladiateurs à ses plaisirs semble, en effet, n'avoir pas calculé la valeur industrielle de l'homme, ce que représente, comme travail, et par conséquent comme richesse, un homme de plus ou de moins. L'esclavage était un immense et déraisonnable gaspillage des forces humaines. La force productive de l'homme est un trésor qui doit être administré avec soin. L'industrie moderne y excelle. Elle sait tirer de chacun la quantité de travail qu'il peut produire : elle a des tâches savamment graduées pour l'homme, la femme, l'enfant : elle a 'compté ce que peuvent rendre, en un jour, l'expérience, l'attention, l'effort musculaire des individus de différent sexe et de différents âges qu'elle emploie. Si elle est tentée d'excéder la mesure en quelque chose, la religion, l'opinion, la publicité, d'une part, son intérêt bien entendu, de l'autre, la ramènent aux limites qui ne doivent pas être franchies. Dans le monde antique les maîtres, taillant, pour ainsi dire, à même l'esclavage comme s'ils eussent disposé d'une force sans limites et sans valeur, paraissent avoir ignoré la puissance et aussi la faiblesse de leurs instruments. Ils écrasaient les uns sous une tâche meurtrière, ils demandaient aux autres des travaux dérisoires. Dans le règlement du travail de leurs esclaves tout a les apparences du caprice, rien n'indique le raisonnement et le calcul. Tandis que certains esclaves passaient leur vie à tourner la meule, attelés et quelquefois muselés comme des animaux, que d'autres demeuraient jour et nuit accroupis devant un métier à tisser, qu'un grand nombre d'esclaves de la campagne travaillaient enchaînés et avaient pour demeure une prison souterraine, la division des emplois, dans les maisons opulentes, était poussée à une minutie tellement ridicule que dix hommes, quelquefois, ne faisaient pas, en un jour, le travail que l'on eût pu raisonnablement exiger d'un enfant.

La limite entre l'industrie proprement dite et le travail domestique étant, dans les maisons où il y avait un grand nombre d'esclaves, presque toujours indistincte et mal définie, on peut considérer comme réellement détournée de la production industrielle la multitude de personnes humaines que l'esclavage enchaînait à des services de pur luxe, inutiles, souvent immoraux. En liant ainsi des milliers d'esclaves à des bagatelles, il privait l'industrie de ressources immenses, et faisait retomber sur un nombre d'hommes relativement peu considérable l'accablant fardeau dit travail utile.

Tout a été dit sur ce fardeau imposé aux esclaves de labeur : il est inutile de refaire ici des tableaux qui sont dans toutes les mémoires, et dont les différents traits se retrouveront épars dans ce livre. Je préfère étudier une face de l'esclavage moins souvent mise en lumière, et décrire cette excessive dispersion des forces humaines par l'abus de la division du travail qui est un des caractères les plus frappants des sociétés antiques, particulièrement de la société romaine au temps de l'empire. Clément d'Alexandrie dépeint ainsi l'intérieur d'une maison riche au IIe siècle :

Ne voulant ni agir ni se servir soi-même, on a recours aux esclaves, on achète une multitude de cuisiniers, de dresseurs de mets, d'hommes habiles à découper la viande. Ces serviteurs sont divisés en beaucoup de catégories diverses. Les uns travaillent à préparer ce qui peut rassasier le ventre, dressent et assaisonnent les plats, disposent les friandises, les gâteaux de miel, bâtissent en vrais architectes l'échafaudage des objets de dessert. D'autres gardent l'or, comme des griffons. D'autres veillent à l'argenterie, essuient les vases à boire, préparent les banquets. D'autres étrillent les bêtes de somme. On achète des bandes d'échansons, des troupeaux de beaux garçons. Les ornateurs et les ornatrices ont soin de la toilette des femmes. Il y a des esclaves qui président aux miroirs, d'autres aux bandelettes de la coiffure, d'autres aux peignes. Puis viennent les eunuques... Puis les esclaves, la plupart Gaulois, qui soulèvent et portent sur leurs épaules la litière des matrones[22].

Cette extrême division du travail fut, dans certains cas, consacrée par la loi elle-même. L'esclave auquel on avait fait apprendre un art, un métier, était le plus souvent considéré comme y étant lié pour toute sa vie. Sans doute, le maître demeurait libre de l'en retirer, d'envoyer, pour punition, le valet de chambre travailler aux mines, ou l'échanson tourner la meule : Sers-moi vite, dit Trimalcion, ou je te fais reléguer dans la catégorie des valets de ferme[23]. Mais quiconque n'avait sur des esclaves que les droits limités de l'usufruitier était tenu de respecter en eux la division du travail, et de ne pas imposer à un esclave un emploi autre que celui qu'il occupait au moment de la constitution de l'usufruit. Celui qui possède des esclaves à titre d'usufruit, dit Ulpien, doit user de chacun d'eux selon sa condition. Il n'a pas la faculté d'envoyer un esclave écrivain travailler à la campagne et porter des corbeilles ou de la chaux, de faire d'un histrion un baigneur, ou d'un esclave du palestre un homme de peine chargé du nettoyage des latrines : ce serait un abus de jouissance[24].

Il sera curieux de commenter à l'aide des écrivains antiques et des inscriptions le texte de Clément d'Alexandrie cité plus haut : il ne s'applique pas, comme la consultation d'Ulpien, à un cas exceptionnel, mais il peint l'état général des mœurs romaines pendant le siècle le plus florissant de l'empire.

Nous avons peine à nous figurer ce qu'était la vie de ces dresseurs de mets, de ces écuyers tranchants (scissor[25]) dont parle Clément. C'étaient de véritables artistes : l'art de découper était pour eux le but unique, l'occupation absorbante de l'existence. Le malheureux ! s'écrie Sénèque : sa vie entière n'a qu'un objet, découper décemment des volailles ![26] On peut voir dans le Satyricon[27] à quel degré de dextérité arrivait parfois ce malheureux, et quel cas on faisait de ses tours de force. Pour parvenir à ce comble de l'art, il fallait avoir pris des leçons d'un professeur habile[28], passer de longues heures à s'exercer, à s'entretenir la main, à inventer des combinaisons nouvelles. L'idéal, c'était de savoir découper en mesure aux sons d'un orchestre, découper en dansant : il y avait des gestes ordonnés par la rubrique : il fallait des attitudes différentes pour servir un lièvre et pour servir un poulet[29]. L'esclave qui était parvenu à savoir toutes ces choses demeurait nécessairement dans son emploi : tout autre eût gâté cette main habile, rendu vaine cette science chèrement achetée.

Passons de l'office à la garde-robe, pleine de superfluités, dit Clément. La plus grande de ces superfluités, c'étaient les nombreux esclaves qui y étaient attachés. Ici, non pas la confection des vêtements, mais leur surveillance, se divisait à l'infini. Chaque espèce de vêtements avait un esclave ou une servante chargé de l'administrer. Tel était préposé aux habits d'apparat (a veste magna[30]), tel autre aux costumes du matin (a veste matutina[31]), celle-ci aux étoffes de soie (sericaria[32]), celui-là à ces tissus légers et transparents comme l'air, ventus textilis, dont la vue indigne Sénèque[33] : c'était le vestiarius tenuiarius[34]. D'autres esclaves encore étaient attachés à la garde-robe, le vestiplicus, la vestiplica, dont l'office consistait peut-être à plier et à déplier les étoffes entre lesquelles choisissait le caprice du maître ou de la maîtresse.

Des esclaves, dit Clément, gardent l'or comme des griffons, d'autres veillent à l'argenterie, d'autres essuient les vases à boire. La vie des esclaves chargés d'administrer les diverses catégories de vaisselle précieuse[35] devait être, en effet, aussi oisive que celle de ces griffons de pierre qui demeurent éternellement accroupis sur des monuments. A l'un était confié le gouvernement des coupes de verre dont la fragilité faisait le prix[36] : c'était sans doute l'esclave a calice[37]. D'autres administraient la vaisselle d'or : cette administration se subdivisait entre plusieurs. L'esclave chargé des coupes d'or (ab auro potorio) n'était pas le même que l'esclave chargé des plats d'or (ab auro escario[38]). Il y avait l'esclave voué aux coupes d'argent (ab argento potorio[39]) et sans doute aussi l'esclave consacré aux plats d'argent (ab argente escario) ; l'esclave chargé des bronzes (a Corinthiis[40]) et l'esclave préposé à la province des perles (ad margarita[41]). Chacun d'eux était emprisonné dans son emploi : Trimalcion fait souffleter un esclave pour avoir ramassé un plat d'argent et être sorti, par ce fait, de ses attributions en empiétant sur celles d'un de ses camarades[42]. Telle était la discipline d'une maison romaine.

Le luxe qui régnait, à cette époque, à Rome et dans tout l'empire rendait nécessaire cette division à l'infini des emplois domestiques. Chez les riches, les objets les plus communs étaient des trésors, sur lesquels il fallait veiller avec un soin jaloux. On avait des chaudrons, des poêles à frire, des vases plus vils encore, en or, en argent, en métal de Corinthe[43]. On se servait de voitures, de chaises à porteur, revêtues d'ivoire, d'argent, d'or ciselé[44]. On s'étendait sur des lits d'ivoire, d'écaille, d'argent massif[45], autour de tables d'or, d'argent, de bronze, de bois précieux, valant quelquefois le cens d'un sénateur[46], et couvertes de tapis dont le prix atteignait 800.000 sesterces[47]. Devant les convives brillaient des vases d'or ou d'argent, souvent constellés de pierreries, des coupes coûtant plusieurs milliers de francs la livre, des gemmes montées en gobelets[48] ; quelquefois les pièces d'orfèvrerie qui figuraient dans les festins étaient si lourdes que deux esclaves jeunes et forts pouvaient à peine les porter[49]. On marchait avec des souliers d'or incrustés de pierreries, faisant, dit Tertullien, reluire les perles au milieu de la boue[50]. On s'enveloppait de robes dont la teinture seule valait près de mille francs la livre[51]. On revêtait d'argent le pavé des salles de bains[52]. A mesure que les capitaux s'immobilisaient dans ces superfluités, il était inévitable que le plus précieux des capitaux, l'homme, s'immobilisât de même, et qu'une maison pleine de ces trésors difficiles à garder[53] fût remplie de centaines de griffons veillant immobiles, silencieux, improductifs, sur tant de richesses improductives.

Il y avait, nous apprend encore Clément, des ornatores et des ornatrices pour chaque partie de la coiffure, pour le miroir, pour les bandelettes, pour le peigne. On voit sculpté, sur quelques pierres funéraires de femmes esclaves, soit un miroir, soit un peigne, indice probable de cette division des emplois. Ovide, Properce, Juvénal, montrent de nombreuses suivantes occupées à orner la tête d'une dame romaine : chacune a son service spécial, la partie qu'elle doit toucher, l'ornement qu'elle doit faire. Celle-ci, à l'heure de la toilette, tiendra devant sa maîtresse le miroir d'or ou d'argent[54]. Une autre a pour occupation, non pas de concourir tous les jours à la parure de sa maîtresse, mais de diriger, lorsque celle-ci le désire, la fabrication de telle coiffure. Chaque sorte de coiffure inventée par l'élégance romaine, depuis la simple vitta, insigne de pudeur[55], jusqu'à ces échafaudages de boucles empruntées et ces invraisemblables perruques[56] que nous montrent les statues de l'ère impériale, semble avoir eu dans les grandes maisons son ornatrix spéciale. Clément le dit expressément pour la villa[57] ; les inscriptions nous l'apprennent pour la haute coiffure appelée tutulus (a tutulo ornatrix[58]). Pour parvenir à la dignité d'ornatrix, un long apprentissage chez un maitre coiffeur était nécessaire[59]. Après deux mois d'études une esclave mérite-t-elle ce titre ? Cette question est agitée -par les jurisconsultes, et a divisé les plus graves d'entre eux[60]. Les coiffeurs et coiffeuses avaient sans doute pour auxiliaires les nombreux esclaves chargés du département des parfums, des onguents, des huiles odorantes (turarii, unctores, unctrices, unguentarii[61]). On aime à penser que, dans cette société romaine si intelligente au milieu de sa corruption, il s'est rencontré plus d'une matrone capable de s'associer à la protestation de Térence, en s'écriant avec un personnage de l'Heautontimorumenos : Faut-il donc tant de servantes pour me parer ? Ancillœ tot me vestiant ?[62]

Il est impossible de calculer le nombre des personnes ainsi immobilisées dans de vains emplois autour des riches Romains : on avait jusqu'à des esclaves spéciaux chargés d'imposer le silence aux autres, les silentiarii : sur un signe de ces surveillants redoutés, le tumulte d'une riche maison grande et peuplée comme une ville s'apaisait tout à coup, et plusieurs centaines d'hommes, de femmes, d'enfants retenaient leur haleine pour ne pas troubler le repos du maître[63]. En voyage, on emmenait quelquefois avec soi de véritables troupes de serviteurs. Une inscription trouvée dans un columbarium, voisin de la porte Saint-Sébastien, et aujourd'hui conservée au musée de Latran, énumère la suite d'un voyageur mort à Rome. Celui-ci n'était pas même un homme libre, mais un riche esclave employé du fisc dans les Gaules. Il avait emmené avec lui, pour le servir pendant son voyage, seize de ses esclaves vicarii[64] : un esclave chargé du soin de ses affaires commerciales (negociator), un esclave régisseur (sumptuarius), trois esclaves secrétaires (a manu), un esclave médecin (medicus), deux esclaves préposés à l'argenterie (ab argento), un esclave occupé du soin des vêtements (a veste), deux valets de chambre (cubicularius), deux valets de pied (pedisequus), deux esclaves cuisiniers (cocus), et une femme nommée Secunda, dont l'emploi n'est pas déterminé[65]. Voilà quelle était, en voyage, la maison d'un homme riche sans doute, mais qui n'était pas dégagé lui-même des liens de l'esclavage, et dont les cendres furent déposées dans un columbarium, c'est-à-dire dans un lieu de sépulture réservé aux esclaves et aux gens du peuple. Qu'était la suite d'un véritable grand seigneur ? Milon, allant de Rome à Lanuvium avec sa femme, emmenait un orchestre composé de jeunes garçons et, pour employer un mot de Cicéron, des troupeaux de servantes[66]. Si parfois de riches Romains se faisaient suivre d'un cortège moins nombreux, c'est que, dans leurs maisons de campagne, ils retrouvaient, à demeure, tout ce personnel superflu, et que des troupes d'échansons et de pages y passaient leur vie à les attendre[67].

On ne saurait sans effort reconstituer par la pensée l'immense et inutile population qui remplissait certaines maisons romaines. de suppose un riche des premiers siècles de l'empire venant passer la soirée chez un de ses amis. Combien d'esclaves oisifs vont être mis en mouvement par cette visite ! Le visiteur approche : il est annoncé par les cursores qui précèdent sa litière, son char ou son cheval[68] : autour de lui se groupe la foule des pages, des valets de pied, des suivants (pedissequi) qui l'accompagnent partout, l'escortent au bain, au théâtre, dans ses visites, en si grand nombre qu'ils incommodent les passants et semblent une véritable armée[69]. Parmi eux on distingue les esclaves lanternarii, tenant à la main des falots[70]. Le cortège arrive à la maison hospitalière, à travers les fenêtres de laquelle on voit circuler, portant des lampes de bronze ou de terre cuite, les esclaves lampadarii[71]. Le janitor, dont on entend traîner à terre la longue chaîne, court ouvrir la porte[72] ; les tapisseries qui closent l'atrium sont soulevées par les velarii[73] ; les atrienses, les atriarii se tiennent debout dans le vestibule[74] ; le nomenclator annonce le visiteur[75]. Quand les premières politesses ont été échangées, celui-ci est convié par son hôte aux plaisirs du bain ou du palestre. Le fornicator a chauffé les thermes domestiques ; le balneator a tout préparé ; d'élégants esclaves, habitués à servir dans le bain le maître et la maîtresse, sont aux ordres de l'étranger : à côté d'eux se tient l'alipilus, dont la main délicate l'épilera après le bain, et l'unctor, qui le frottera de parfums[76]. On passe au jeu de paume ou au jeu de boule, auquel sont attachés des esclaves spheristæ[77]. On s'amuse à faire une partie de pugilat avec des esclaves boxeurs, ou de palestre avec un esclave habile dans ce jeu[78]. Pendant que le temps se passe ainsi, la multitude des esclaves des cuisines s'empresse autour des fourneaux allumés[79] ; les nombreux esclaves préposés aux soins de la table ont dressé le repas et se tiennent prêts à le servir. On annonce le souper : si le maître est superstitieux (à Rome la superstition et le scepticisme étaient rarement séparés), un jeune page est debout à la porte du triclinium et rappelle aux convives qu'il est de bon augure d'entrer du pied droit[80]. Aux environs de la salle à manger se tiennent, prêts à y pénétrer tour à tour si l'on a besoin d'eux pour égayer les longueurs du repas, d'innombrables esclaves consacrés aux plaisirs du maître et des convives, depuis les nains et les fous jusqu'aux pantomimes, saltimbanques, bouffons, chanteurs, chanteuses, tragédiens, comédiens, musiciens des deux sexes, danseurs, danseuses, qui transformeront le triclinium en théâtre, et aux gladiateurs domestiques, qui en feront une arène[81]. Dans la salle sont rangés autour des convives ou assis à leurs pieds les troupeaux d'échansons dont parle Clément, beaux enfants à la longue et brillante chevelure, qui se comptaient quelquefois par centaines, et qu'une ridicule recherche, appareillait par taille, par nation, par couleur, par âge[82]. Ces esclaves de luxe, de plaisir, de honte, entraînaient après eux les soins d'un grand nombre d'autres esclaves chargés de les surveiller et de les parer : il y avait des pædagogi pour les dresser, des ornatores glabrorum pour présider à leur toilette et les couvrir de bijoux[83] : on les voulait à la fois beaux et lettrés[84]. Une multitude de serviteurs s'empressait autour de ces êtres délicats et frêles, qui se fanaient vite comme les fleurs dont on leur donnait le nom[85], et sur la tombe desquels la sensibilité romaine écrivait ce mot : brevis voluptas[86], que l'on aurait pu traduire ainsi : Les esclaves de plaisir vivent peu.

Les esclaves de labeur, eux aussi, devaient s'user vite. L'esclavage, soit par un travail excessif, soit par une oisiveté dégradante, abusait tellement du corps, de l'intelligence, de tous les ressorts de l'être humain, que chaque année passée sous son joug diminuait sans doute plutôt qu'elle n'accroissait. la force productive de l'homme. Homère dit qu'il y laissait la moitié de sa valeur[87]. Comme il était avantageux au maitre que le capital humain produisît promptement des intérêts, il est probable que l'éducation des jeunes esclaves était poussée très-vite, forcée, en quelque sorte. Ils étaient comme ces plantes dont, par une culture artificielle, on accélère le développement normal, afin qu'elles donnent plus tôt leurs fruits. Il y avait de jeunes garçons capables, à douze ans, de fabriquer des colliers d'une main savante et de disposer l'or flexible en bijoux de formes variées[88] ; de jeunes filles qui, à peu près au même âge, avaient paru sur la scène la plus artistique de Rome, aux applaudissements du peuple[89]. Elle semblait, dit l'épitaphe d'une comédienne de quatorze ans, avoir été formée par la main des Muses[90]. Mais les Muses de l'esclavage tuaient promptement leurs favoris, et ces petits prodiges mouraient vite. Les Romains avouent que l'esclavage déformait le corps et l'âme. Ils distinguent entre l'esclave novitius et l'esclave veterator. Le premier n'avait jamais ou avait à peine connu la servitude. Le second avait porté son joug[91]. Celui-ci était considéré comme inférieur en qualité à celui-là. Les édiles, dit Ulpien, défendent de vendre un veterator pour un novitius. Cette défense a pour but de prévenir les fraudes des marchands et de les empêcher de tromper les acheteurs. Beaucoup, en effet, vendent comme neufs des esclaves qui ne le sont pas, et, par ce moyen, en tirent un prix plus élevé : car il y a présomption qu'un esclave neuf est plus simple, plus apte au service, plus docile à être employé à toute espèce de travail ; tandis qu'il est difficile de réformer des esclaves usés et vétérans et de les plier à ses habitudes[92]. Marcien définit ces esclaves veteratores si usés, si difficiles à former : ceux qui ont servi une année entière à la ville[93].

On peut juger, par ce dernier mot, de la rapidité avec laquelle la servitude diminuait la valeur de l'homme qui y était soumis. Et quand ce procédé d'abrutissement, dit un auteur américain, a été appliqué pendant deux cents ans, de père en fils, il doit arriver infailliblement que la dernière génération soit inférieure aux précédentes[94]. Il semble donc que les ouvriers employés par l'industrie antique et par le travail domestique, si souvent confondu avec elle, devaient perdre chaque jour quelque chose de leur force, de leur habileté, et surtout de cet élan de l'âme qui est le vrai ressort du travail. Peut-être, si cet état avait duré une longue suite de siècles, l'industrie antique serait-elle retournée à la barbarie. Au moins paraît-il certain qu'elle ne fit pas de progrès. Pendant toute la durée de l'empire romain, les arts mécaniques furent stationnaires, tandis que ceux qui touchaient au luxe et au goût semblent avoir atteint à cette époque le plus haut point de leur développement.

Ce dernier mot ne s'applique qu'aux arts somptuaires. Dès la fin du Ier siècle la décadence du grand art était déjà signalée par les observateurs délicats. Si la sculpture, moins sensible aux influences du dehors, plus résistante, pour ainsi dire, demeura pure et noble sous les Flaviens, la peinture, dès ce moment, commença de décliner. Pline se plaint que sa simplicité n'est plus comprise, et, qu'elle perd peu à peu son rôle décoratif, étouffée par la richesse des marbres, l'éclat des dorures et des mosaïques[95]. Une qualité plus haute, l'expression, disparaît en même temps. La peinture, dit encore Pline, cesse d'être une chose vivante[96] : elle se met au service de la curiosité, du caprice, de la sensualité. N'étant plus appelée à représenter les âmes, elle perd jusqu'au secret de représenter les corps : la mollesse, l'oisiveté, causent la ruine de l'art[97].

Parole profonde, même si l'on ne l'étend pas hors du sujet traité par Pline. La mollesse, l'oisiveté, détendirent tous les ressorts de la société romaine, arrêtèrent le progrès des arts industriels laissés aux mains des esclaves, perdirent le grand art, tombé peu â peu lui-même entre des mains serviles[98], et poussèrent, au contraire, au développement exagéré des arts somptuaires, parure des sociétés en décadence.

 

 

 



[1] Aristote, Politique, I, II, 5.

[2] Channing, De l'esclavage, édition Laboulaye, p. 92.

[3] Plutarque, Périclès, 2.

[4] Lucien, Le Songe, 9.

[5] Plutarque, Périclès, 2.

[6] Pline, Hist. nat., IX, 81 ; Varron, De re rust., III, 7.

[7] Pline, Hist. nat., XXXIV, 18.

[8] Pline, Hist. nat., XXXIV, 19 ; Martial, IX, 51 ; XIV, 171.

[9] Pline, Hist. nat., XXXIV, 18.

[10] Pline, Hist. nat., XXXIV, 18, 19.

[11] Ob amorem abroso ejus margine. Pline, Hist. nat., XXXVII, 7.

[12] Pline, Hist. nat., XXXIII, 52.

[13] Pline, Hist. nat., XXX, 3.

[14] Pline, Hist. nat., XXXV, 21.

[15] Juvénal, IX, 145, 146.

[16] Cicéron, II Verr., IV, 24.

[17] Cicéron, II Verr., IV, 26.

[18] Pline, Hist. nat., XXXV, 45.

[19] Pline, Hist. nat., XXIII, 52.

[20] Pline, Hist. nat., XXXV, 46 ; Suétone, Vitellius, 13.

[21] Dyer, Pompéi, p. 356.

[22] Clément d'Alexandrie, Pædagogium, III, 4.

[23] Pétrone, Satyricon, 47.

[24] Ulpien, au Dig., VII, I, 15, § 1.

[25] Pétrone, Satyricon, 36.

[26] Sénèque, Ép., 47.

[27] Pétrone, Satyricon, 26.

[28] Juvénal, XI, 37.

[29] Juvénal, V, 120-124.

[30] Orelli, 41, 2970.

[31] Orelli, 2897.

[32] Orelli, 2955.

[33] Sénèque, De Benef., VII, 9 ; Ép., 114.

[34] Henzen, 7285.

[35] Sur ces diverses espèces de vaisselle et les objets qui y étaient compris, voir Ulpien et Pomponius, au Dig., XXXIV, II, 19, § 12, 21.

[36] Sénèque, De Benef., VII, 9 ; Pline, Hist. nat., II, 3 ; Clément d'Alexandrie, Pædag., II, 3.

[37] Orelli, 2878.

[38] Orelli, 2897.

[39] Orelli, 2899 ; Henzen, 6304.

[40] Orelli, 2974 ; Henzen, 6285, 6308.

[41] Orelli, 2828.

[42] Pétrone, Satyricon, 34.

[43] Ulpien, au Dig., XXXIV, II, 19, § 2 ; Pline, Hist. nat., XXIII, 43, 54, XXIV, 3 ; Martial, I, 38. Cf. S. Jean Chrysostome, in Ép. Coloss., homilia VII, 4, 5.

[44] Plaute, Aulularia, II, 1, 46 ; Pline, Hist. nat., 49 ; Lampride, Héliogabale ; J. Capitolin, Verus ; Lucien, Saturnales, 29.

[45] Varron, De Lingua latina, IX, 47 ; Pline, Hist. nat., IX, 11, XXXIII, 51 ; Clément d'Alexandrie, Pædagogium, II, 3 ; Lucien, Cynique, 9 ; Ulpien, au Dig., XXXIV, II, 19, § 8 ; S. Jean Chrysostome, De Lasaro, hom. I, 7, 8.

[46] Senatoris censum (240.000 francs). Sénèque, De Benef., VII, 9 ; cf. Pline, Hist. nat., XXXIII, 51, XXXIV, 8.

[47] 160.000 francs. Pline, Hist. nat., VIII, 48.

[48] Cicéron, II Verr., IV, 27 ; Pline, Hist. nat., XXXIII, 27, 53, XXVII, 7 ; Sénèque, De Benef., VII, 9 ; Ulpien, au Dig., XXXIV, II, 19, § 14.

[49] Pline, Hist. nat., XXXIII, 52 ; S. Jean Chrysostome, in Ép. Coloss., hom. I, 4.

[50] Pline, Hist. nat., XXXIII, 12 ; Clément d'Alexandrie, Pædagogium, II, 11 ; Tertullien, De Habitu mulierum.

[51] Pline, Hist. nat., IX, 35, 38.

[52] Pline, Hist. nat., XXXIII, 54.

[53] Clément d'Alexandrie, Pædagogium, II, 3 ; cf. Cicéron, II Verr., IV, 15 ; Juvénal, V, 34.

[54] Properce, IV, VII, 75 ; Sénèque, Quæst. nat., I, 17 ; Pline, Hist. nat., XXXIV, 17 ; Ulpien, au Dig., XXXIV, II, 19, § 8.

[55] Ovide, Ars am., I, 31 ; Remed. am., 386 ; Trist., II, 247 ; Pont., III, III, 51.

[56] Juvénal, VI, 120, 502.

[57] Clément d'Alexandrie, Pædagogium, III, 4.

[58] Orelli, 2974 ; Henzen, 6285.

[59] Columelle, De Re rust., Præfatio.

[60] Marcien, au Dig., XXXII, II, 65, § 3.

[61] Orelli, 2791, 2971, 2974, 2988 ; Henzen, 6363, 6364, 6365, 6367.

[62] Térence, Heautontimorumenos, I, I, 130.

[63] Sénèque, Ép. 56 ; Salvien, De gubernatione Dei, IV, 2.

[64] Ex vicariis ejus. — Les esclaves vicarii étaient ceux qui appartenaient à un esclave à titre de pécule : ils sont mentionnés dans un grand nombre d'inscriptions (Orelli, 1465, 2218, 2807, 2823, 2824, 2825, 2826, 2828, 2860 ; Henzen, 5362, 5408, 5961, 6277, 6279, 6655) et de textes juridiques (Ulpien, Julien, au Dig., X, III, 25 ; XV, I, 37 ; XXXII, III, 73, § 5) : ces vicarii pouvaient avoir eux-mêmes des esclaves vicarii (Celse, au Dig., XXXII, VIII, 25).

[65] Henzen, 6651.

[66] Cicéron, Pro Milone, 21.

[67] Ea pædagogia, quæ ibi habebat, ut, cum ibi venisset, presto essent in triclinio. Ulpien, au Dig., XXXIII, VII, 12, § 32.

[68] Sénèque, De Ira, III, 30.

[69] Henzen, 6445, 6651 ; cf. Lucien, Nigrinus, 13.

[70] Henzen, 6292.

[71] Orelli, 2845, 2930.

[72] Ovide, Amor., I, VI, 1, 25 ; Columelle, De re rust., Præf. ; Suétone, De claris rhetoribus, 3.

[73] Orelli, 2967.

[74] Orelli, 2783, 2784, 2891, 2966 ; Henzen, 6285, 6305, 6445.

[75] Orelli, 2875 ; Mommsen, Inscri. regni neap., 6843 ; Horace, Ép. I, 7 ; Lucien, Nigrinus, 21, et Sur ceux qui sont aux gages des grands, 10.

[76] Paul, Marcien, au Dig., XXXIII, VII, 13, 14, 17, § 2 ; Clément d'Alexandrie, Pœdag., III, 5 ; Pline, Hist. nat., XXXII, 12 ; Juvénal, VI, 421 ; XI, 157 ; Orelli, 2791, 4302.

[77] Henzen, 6445.

[78] Orelli, 2882, 4270 ; Paul, au Dig., XLVII, X, 4.

[79] Sénèque, Ép. 114.

[80] Pétrone, Satyricon, 30.

[81] Cicéron, In Q. Cœcilium, 17 ; II Verr., V, 35 ; Pro Milone, 21 ; In Pisonem, 8 ; Pétrone, Satyricon, 31, 45 ; Sénèque, Ép. 50, 84 ; Pline le jeune, Ép. VII, 24 ; Silius Italicus, Bell. Pun., XI, 51 ; J. Capitolin, Verus, 4 ; Paul, Julien, Modestin, au Dig., IX, II, 22, § 1 ; XXXVII, I, 25, 27 ; XL, V, 12 ; Orelli, 2645.

[82] Cicéron, II Verr., I, 36 ; Horace, I Carm., XXIX, 7 ; Sénèque, Ép. 95. Cf. S. Ambroise, De Elia, XIII, 46 ; S. Grégoire de Nazianze, Orat. XIV, De pauperum amore, 16, 17.

[83] Pline, Hist. nat., XXXIII, 12 ; Orelli, 694, 2974 ; Henzen, 6291.

[84] Cicéron, II Verr., I, 36.

[85] On les appelait souvent Hyacinthe ou Narcisse. Lucien, Saturnales, 24.

[86] Orelli, 2893.

[87] Odyssée, XVII, 322-323.

[88] Herzen, 7252.

[89] Orelli, 2602.

[90] Orelli, 2602. M. Henzen considère comme suspecte la célèbre inscription d'Antibes, relative à un jeune esclave de douze ans : QVI ANTIPOLI IN THEATRO BIDVO SALTAVIT ET PLACVIT. Orelli, 2607 ; Henzen, p. 228.

[91] Venuleius, au Dig., XXI, I, 65, § 2. Cf. Cicéron, In Pisonem, 1.

[92] Ulpien, au Dig., XXI, I, 37.

[93] Sunt autem veterana (mancipia) quæ anno continuo in Urbe servierint : novicia autem mancipia intelliguntur, quæ annum nondum servierint. Marcien, au Dig., XXXIX, V, 16, § 3.

[94] Kirke, Les noirs et les petits blancs, p. 28.

[95] Pline, Hist. nat., XXXV, 1.

[96] Pline, Hist. nat., XXXV, 2.

[97] Pline, Hist. nat., XXXV, 2.

[98] Pline, Hist. nat., XXXV, 7. Cf. Juvénal, IX, 145, 146.