§ 1. — Les religions à Rome. La religion de l'ancienne Rome était fort simple. Les dieux latins ne furent pas autre chose que les forces de la nature, personnifiées par l'imagination d'un peuple agriculteur et guerrier. Peu à peu, ce panthéon primitif s'élargit. La conquête y fit entrer des divinités nouvelles. Les Romains croyaient vraies toutes les religions nationales. Aussi s'empressaient-ils de s'approprier les divinités des peuples vaincus et de transformer ainsi des ennemis en protecteurs. De la sorte, aux dieux du Latium s'ajoutèrent, l'un après l'autre, ceux des diverses contrées de l'Italie, et tout agrandissement du territoire de Rome primitive fut en même temps un agrandissement de sa religion. D'autres causes vinrent successivement enrichir celle-ci. N'ayant point l'idée d'une religion universelle, les anciens, dans les calamités publiques, étaient portés à s'adresser à des divinités étrangères, qu'ils jugeaient capables d'écarter les fléaux dont leurs dieux indigènes n'avaient pas su les préserver. C'est ainsi que, par l'influence des oracles sibyllins, les principaux dieux de la Grèce se virent à leur tour introduits dans Rome. Mais, à mesure que la puissance romaine s'étendit à l'est, d'autres formes religieuses furent révélées au peuple conquérant. Le mysticisme troublant et sensuel de l'Orient éveilla des besoins nouveaux dans les âmes. Les divinités de l'Égypte et de l'Asie eurent à leur tour des prêtres à Rome, et trouvèrent des dévots chez tous ceux dont la simplicité fruste des religions italiques, la mythologie trop humaine de l'hellénisme, ne satisfaisaient plus les aspirations religieuses. Ces divers cultes ne furent pas tout de suite accueillis au même titre. Les uns restèrent quelque temps relégués en dehors de l'enceinte de Rome ; d'autres reçurent aussitôt droit de cité. Quelques-uns rejetés d'abord, proscrits même à diverses reprises, furent enfin introduits par une poussée irrésistible du sentiment populaire. Beaucoup virent leur admission favorisée par des ressemblances accidentelles entre leurs dieux et ceux de Rome : on arriva vite à les identifier. Ainsi se forma peu à peu une religion faite d'annexions successives, d'assimilations, de compromis, telle que nous la voyons au commencement de l'Empire romain, après les réformes d'Auguste. La plupart des dieux de l'État ne sont plus que des composés hybrides, où les éléments latin, italien, grec, asiatique, se sont combinés, la Grèce imposant presque toujours la perfection de sa forme plastique. Le petit nombre des divinités étrangères qui se sont montrées réfractaires à cette fusion n'a point pris place dans la religion officielle. Mais, demeurées l'objet de dévotions privées, elles continuent à bénéficier d'une large tolérance. Cette tolérance pour toutes les formes de la piété ou de la superstition cessera dans deux cas seulement : quand l'État croira devoir intervenir au nom de l'intérêt public ou de la morale ; quand une religion prétendra à la domination exclusive des intelligences et des volontés. On se tromperait en attribuant à une théorie métaphysique l'intolérance que, dans cette seconde hypothèse, montrera l'État romain. Sa religion n'a rien de doctrinal. C'est, comme nous l'avons dit, un assemblage de morceaux de provenance diverse, une mosaïque assez hétéroclite, à laquelle le temps, la coutume, l'instinct poétique ou populaire, ont seuls donné une cohésion apparente et une teinte harmonieuse. Mais, de toute son histoire, l'esprit romain a gardé une disposition que le cours des siècles, une suite presque ininterrompue de victoires et de conquêtes, ont fortifiée au lieu de l'affaiblir. La fortune de Home lui a paru liée à sa religion. Les plus raffinés des contemporains d'Auguste ou de Tibère n'étaient pas moins pénétrés de cette pensée que les grossiers habitants de la ville primitive du Palatin. Du fond même de cette religion, de sa certitude absolue ou de ses origines historiques, ils se souciaient peut-être médiocrement. Plus d'un eût volontiers répété la parole indifférente ou découragée de Pilate : Qu'est-ce que la vérité ? Mais l'intérêt politique, et une toute-puissante superstition, dont les plus sceptiques eux-mêmes ne cherchaient pas à se défendre, leur rendaient sacrés les dieux nationaux. Même ceux dont l'adoption était récente et la nationalité diverse se trouvaient, par une fiction aisément acceptée, mêlés aux fondements séculaires de l'État. Prier d'autres dieux était permis ; mais professer qu'eux seuls avaient droit à l'adoration, qu'ils existaient seuls, étaient seuls vrais d'une vérité absolue, paraissait une attaque à la puissance romaine. On croyait que celle-ci serait ébranlée le jour où croulerait sa religion traditionnelle. Cette conception est tellement inhérente au paganisme romain, qu'elle se retrouvera sans changement chez ses derniers sectateurs, contemporains de saint Ambroise ou de saint Augustin. Parmi les religions étrangères, une seule, avant l'avènement du christianisme, semblait à première vue appeler sur elle, de ce chef, les foudres du pouvoir civil. En honorant son dieu préféré, un sectateur d'Isis ou de Mithra ne songeait point à refuser ses hommages aux personnages sacrés adorés publiquement à Rome. Moins encore il n'aurait eu la pensée de contester leur caractère divin. Plus tard, quand les cultes exotiques furent devenus à la mode et comptèrent parmi leurs adhérents des membres considérables de l'aristocratie, on vit ceux-ci tout à la fois revêtus des sacerdoces officiels et investis des titres les plus bizarres des dévotions orientales. Tout autrement en est-il du judaïsme. Cette religion est essentiellement monothéiste, par conséquent exclusive. Il n'existe à ses yeux d'autre dieu que le sien. Pour elle, les dieux des nations n'ont point de réalité, ou sont des démons malfaisants. Elle les raille, ou les a en horreur. Ce trait des Juifs est noté par les historiens antiques. C'est, disent-ils, une race célèbre par son mépris des dieux, et qui considère comme profane tout ce qui, chez nous, est sacré[1]. Ce caractère du judaïsme était encore aggravé par l'esprit de prosélytisme, qu'il avait en commun avec les autres religions orientales, mais qui, chez lui, prenait quelque chose de particulièrement blessant, puisqu'il détachait de toute autre croyance ceux qu'il attirait à la sienne[2]. A aucune époque, cependant, Rome ne songea à proscrire la religion juive. Tant que ses sectateurs demeurèrent un corps de nation, — corps affaibli, mutilé, mais conservant un reste de vie, — cette tolérance s'explique aisément. Les Romains eurent toujours le respect des religions nationales. Auguste et sa famille comblèrent de dons le temple de Jérusalem. Mais quand, après 70, la nationalité juive eut péri, ne laissant debout que la religion et la race, Rome supporta avec la même patience un cul te ennemi naturel du sien. Elle continua de fléchir en faveur de la synagogue les lois dirigées contre les associations, et d'exempter les Juifs de toutes les obligations contraires à leur conscience[3]. Le prosélytisme seul leur fut plus ou moins interdit[4]. Cette tolérance, à peine interrompue par quelques mesures de police, plus violentes que durables[5], surprend d'abord, mais s'explique à la réflexion. Par cela même que la religion, chez les Juifs, était attachée à la race et semblait se confondre avec elle, un empire universel comme celui de Rome n'en avait rien à craindre. Cette base était trop étroite pour porter jamais les peuples de toute origine sur lesquels planait l'aigle romaine. Ce monothéisme hérissé de prescriptions minutieuses, qui formaient autour de lui comme une haie d'épines, était trop morose pour les séduire. Aussi la politique impériale se gardait-elle de recourir à des rigueurs inutiles, qui eussent réveillé le fanatisme à peine assoupi, et mis en péril sans profit la paix publique. A des réfractaires plus doux et, à son point de vue, plus dangereux était réservée son intolérance. Comme avait fait la religion juive, le christianisme enseignait aux hommes le culte du vrai Dieu. Mais, à la différence de la religion juive, dont les exigences étaient trop grandes, le caractère national trop marqué, pour attirer des convertis nombreux et durables, lui ne demandait à ses adhérents d'autres sacrifices que celui de leurs erreurs et de leurs vices. Ses rites très simples, sa morale exempte de toute singularité, s'adressaient à tous, sans distinction de nationalité ou de race. On se faisait chrétien sans cesser d'être Romain. Cela eût dû, semble-t-il, concilier au christianisme l'indulgence des politiques. Ce fut, au contraire, la cause de leur sévérité. En prêchant et en rendant possible la religion universelle, le christianisme leur paraissait menacer directement la religion d'État, telle que la professait l'Empire. Son succès serait la ruine du paganisme officiel. Comme on croyait la durée de ce paganisme inséparable de celle de Rome, on tâchait d'arrêter par tous les moyens la propagation de la religion nouvelle. Les meilleurs empereurs, les plus soucieux des intérêts et les plus imbus des préjugés romains, seront, pour ce motif, parmi les plus ardents persécuteurs. Le christianisme était né depuis assez longtemps, avant que l'Empire s'occupât de lui. A l'origine, on le distinguait mal du judaïsme. Il grandissait, comme l'a dit Tertullien, à l'ombre de cette religion tolérée[6]. Les persécutions dont il fut l'objet de la part de celle-ci parurent d'abord, aux hommes d'État romains, n'être que des conflits entre sectes juives de tendances diverses[7]. Dans les accusations dirigées contre Paul et les premiers missionnaires de l'Évangile, ils ne voyaient que des querelles de mots, des discussions de discipline ou de doctrine, dont l'autorité civile n'avait pas à connaître[8]. C'est avec une mauvaise humeur à peine dissimulée qu'ils recevaient les dénonciateurs. Si Paul fut conduit à Home pour être présenté au tribunal de l'empereur, c'est parce qu'il avait rendu cette procédure inévitable par son appel à César ; car le procurateur Festus aurait voulu le renvoyer sans jugement[9]. La tendance des autorités romaines était plutôt de protéger contre la turbulence des Juifs une minorité opprimée[10]. Les Juifs, cependant, avec malice et persévérance, s'appliquaient à mettre en lumière non seulement les caractères qui séparaient d'eux les chrétientés naissantes, mais encore les motifs qui pouvaient armer contre celles-ci le pouvoir romain. Leur haine renouvelait contre l'Église la tactique employée contre Jésus. Comme, aux jours de la. Passion, ils s'étaient montrés plus césariens que Pilate lui-même, ils paraissaient maintenant encore plus sensibles aux intérêts de Home que ses magistrats. A Thessalonique, ils imputent à Paul et à Silas de violer les lois impériales et de reconnaître un autre roi que César[11]. A Césarée, ils joignent à leurs doléances quelque accusation du même genre, car Paul se défend en disant : Je n'ai péché ni contre la loi des Juifs, ni contre le temple, ni contre César[12]. Si les faits démentaient ces calomnies, ils confirmaient en même temps chaque jour la distinction que les Juifs s'efforçaient d'accréditer. On voyait les missionnaires de la foi nouvelle se séparer avec éclat des synagogues pour réunir autour d'eux dans des maisons particulières leurs adhérents[13]. Ceux-ci devenaient si nombreux, le nom du Christ était désormais si connu, qu'à Antioche on ne les désignait plus que par l'appellation de chrétiens[14]. Ce mot était maintenant couramment prononcé en Asie, même par des princes ou des gouverneurs[15]. En Europe, la confusion dura probablement plus longtemps, car à Philippes de Macédoine Paul et Silas sont poursuivis comme Juifs[16]. Sous Claude, on ne paraît pas encore, à Rome, distinguer nettement les Juifs des chrétiens, bien que le nom du Christ, plus ou moins correctement écrit, soit connu de l'autorité publique[17]. Mais au temps de Néron la populace de Rome parle des chrétiens[18]. A la même époque, probablement, une main inconnue écrit christianos sur une muraille de Pompéi[19]. Les circonstances de l'introduction du christianisme à Rome sont demeurées obscures. Il est probable qu'il y fut porté au lendemain de la Pentecôte par quelques-uns des prosélytes romains qui avaient entendu à Jérusalem la prédication apostolique, si féconde en conversions[20]. L'élément juif fut certainement nombreux dans la première communauté chrétienne de Rome, et c'est vraisemblablement dans les quartiers habités de préférence par les Juifs qu'elle se développa d'abord[21]. Cependant d'autres parties de la ville reçurent de bonne heure l'Évangile, puisque saint Pierre paraît avoir baptisé sur la voie Nomentane[22], aux environs du camp prétorien, et que saint Paul prêcha aussi dans la même région[23]. Dès 57, les fidèles de Rome avaient acquis une illustre recrue, si, comme tout le fait supposer, le changement de religion de Pomponia Græcina, raconté par Tacite, doit s'entendre d'une conversion au christianisme[24]. Les chrétiens nommés dans les salutations qui terminent la lettre écrite vers 58 par saint Paul aux Romains sont de rang plus humble, quelques-uns même, apparemment, de condition servile, mais portent pour la plupart des noms plutôt romains que juifs[25]. Il semble donc que l'Église primitive de la ville éternelle ait renfermé, dans une proportion impossible à déterminer, les deux éléments, et ait été formée de Juifs et de convertis de la gentilité. Les Actes des apôtres racontent qu'en 61, lors de l'arrivée de Paul prisonnier, les frères allèrent au devant de lui jusqu'à plusieurs milles de Rome[26]. Cela semble indiquer que la communauté chrétienne de cette ville était encore peu nombreuse. Aussi ne donnait-elle pas d'ombrage au gouvernement, qui pendant deux années permit à Paul, gardé seulement par un soldat, de recevoir qui il voudrait dans sa maison et de prêcher là et au dehors la parole de Dieu[27]. Cette prédication porta probablement des fruits rapides, car Tacite dit qu'en 64 les chrétiens de Rome forment déjà une grande multitude[28]. Mais avec l'attention publique, attirée par leur nombre croissant, naquirent vite, à leur sujet, les défiances et les calomnies. Une opinion répandue dès les premiers siècles attribue à la jalousie des Juifs les mauvais bruits qui ne tardèrent pas à courir sur les chrétiens[29]. On arriva bientôt à leur imputer les crimes les plus atroces et les plus honteux[30]. Leur vie retirée, leurs réunions secrètes, le mystère dont, par crainte des profanations, ils entouraient leurs pratiques religieuses, la division que les conversions mettaient souvent dans les familles, les intelligences des premiers fidèles avec les esclaves, aisément gagnés à la foi, semblaient autoriser tous les soupçons. On voit par les épîtres pastorales de saint Paul, par la première épître de saint Pierre, la sollicitude avec laquelle les apôtres recommandent de n'y donner lieu par aucune imprudence, faisant une loi à tous les chrétiens d'obéir aux dépositaires de l'autorité, soit domestique, soit politique[31], en particulier aux esclaves de respecter leurs maîtres païens[32], aux femmes de se montrer soumises à leurs maris, de peur que la parole de Dieu ne soit blasphémée[33]. Mais la conduite la plus prudente, et même une vertu irréprochable, ne suffisent pas toujours à désarmer les préventions : même aux yeux des gens éclairés, qui se tenaient au-dessus des rumeurs populaires, le soin avec lequel les fidèles s'abstenaient des fêtes profanes, leur haine pour les spectacles, leur éloignement volontaire des fonctions publiques, trop souvent entachées d'idolâtrie, autorisaient une imputation d'autant plus redoutable qu'elle était plus vague. Il semble bien que, dans le cas de Pomponia Græcina, ce furent précisément la sévérité, la tristesse apparente de sa vie, ses habitudes lugubres, qui trahirent sa conversion, et engagèrent son mari à la traduire, suivant l'antique usage, devant un tribunal domestique. On voyait ainsi dans les chrétiens des hommes d'une espèce à part, et ceux qui ne leur imputaient ni meurtres cachés, ni débauches secrètes, les accusaient au moins de haïr le genre humain[34]. § 2. — Néron et les chrétiens. Néron exploita à son profit cette disposition défavorable de l'opinion publique, quand, en 64, il essaya de détourner sur les chrétiens les soupçons qui s'attachaient à lui-même après l'incendie de Rome. Il n'y réussit qu'imparfaitement. Le peuple croyait les chrétiens capables de tous les crimes, les gens du monde les considéraient comme les adversaires naturels et la condamnation vivante d'une civilisation corrompue ; mais la main de Néron et de ses familiers paraissait trop visible dans le désastre qui avait consterné Rome pour que la diversion eût la chance d'un succès complet. Cependant le procès suivit son cours. A travers le récit trop souvent obscur de Tacite on en peut suivre les diverses phases[35]. D'abord quelques individus furent arrêtés, et s'avouèrent chrétiens : les indices recueillis dans leur interrogatoire mirent sur la trace de leurs coreligionnaires : bientôt le nombre des détenus devint très grand. Mais aussitôt le procès dévia. Peut-être laissa-t-on subsister pour les premiers arrêtés la charge d'incendie ; quant à la multitude des accusés qui leur furent adjoints, ce n'est pas comme incendiaires, c'est comme ennemis du genre humain qu'ils furent condamnés à divers supplices. Ce que voulait Néron, c'était moins punir un crime imaginaire qu'apaiser la colère de la foule en lui jetant des victimes. L'effet, pensait-il, sera sûrement produit si à la vengeance on ajoute le plaisir et si l'on transforme le supplice en spectacle. De là ces fêtes horribles dont le cirque et les jardins du Vatican furent le théâtre, et que Tacite, d'après les documents contemporains, saint Clément, peut-être témoin oculaire, nous font connaître : chrétiens revêtus de peaux et chassés comme un gibier par des chiens, chrétiennes exposées aux bêtes sous des déguisements mythologiques, crucifiés enduits de poix et allumés en guise de flambeaux[36]. Mais la cruauté de Néron dépassa le but : même pour les chrétiens, objets de l'aversion populaire, mais manifestement innocents de l'incendie, la foule romaine ressentit un mouvement de pitié, noté avec soin par Tacite. Tel fut le premier acte de persécution dirigé contre les adorateurs du Christ. Il serait difficile de voir autre chose dans les supplices de 64. Si Néron s'efforce de donner le change à l'opinion publique en poursuivant de prétendus incendiaires, il cherche les accusés dans un groupe d'hommes déjà connus du peuple sous le nom de chrétiens. L'imputation première s'efface vite devant une autre, et les condamnés sont envoyés à la mort comme ennemis du genre humain, c'est-à-dire comme réfractaires à la civilisation et à la religion romaines. Le caractère pris ainsi par des poursuites intentées à l'occasion d'un fait accidentel, puis devenues assez générales et assez vagues pour englober des hommes qui n'y avaient d'autre titre que leur religion, rend vraisemblable une opinion souvent contestée, à savoir que la persécution, commencée à Rome, s'étendit de là aux provinces et dura autant que le règne de Néron. Cette opinion est confirmée par une phrase courte, mais très significative, de Suétone. A lire Tacite, on est porté à croire que la conduite de Néron à l'égard des chrétiens fut une conséquence de l'incendie de Rome. Ce que dit le grand historien de la facilité avec laquelle l'accusation changea d'objet permet seul de deviner que la politique impériale avait dès lors contre eux d'autres griefs. Le biographe des empereurs le montre plus clairement. Sous sa plume, tout caractère particulier et local s'efface. Plus de lien entre l'incendie et la persécution. Suétone parle de celle-ci en un endroit de la Vie de Néron, c'est beaucoup plus loin qu'il racontera l'incendie. En le lisant, la persécution apparaît indépendante du fléau. Moins préoccupé que Tacite de mettre en relief et, pour ainsi dire, d'achever par un dernier coup de pinceau la peinture d'un des crimes de Néron, il néglige l'accident pour laisser voir seulement la portée générale de la mesure. Les chrétiens, dit-il[37], hommes d'une superstition nouvelle et malfaisante, furent frappés de divers supplices. Ces paroles s'entendent d'une répression permanente, systématique, ayant pour motif la nouveauté et le caractère malfaisant de la superstition chrétienne. Le contexte achève de marquer ce sens, car la phrase que nous venons de citer se lit au milieu d'une longue énumération de mesures destinées à durer, règlements, lois ou édits ayant pour objet de réprimer des abus et d'assurer l'ordre public. Rapproché de ce texte, un document contemporain prend toute sa valeur historique : je veux parler de la première lettre de saint Pierre. La date qui lui convient le mieux est au lendemain des événements de 64, au moment où la persécution commence à gagner les provinces. Écrivant de Rome, désignée par le nom symbolique de Babylone[38], aux chrétiens du Pont, de la Cappadoce, de l'Asie, de la Bithynie, l'Apôtre leur donne des conseils en vue de la calamité nouvelle[39] qui va fondre sur eux ou qui les a déjà atteints. Il leur recommande de se garder plus que jamais de toute faute contre les lois ou la morale. Qu'aucun de vous ne soit châtié comme homicide, ou voleur, ou malfaisant, ou avide du bien d'autrui[40]. Mais il leur rappelle que leur innocence même ne les mettra pas à l'abri de toute poursuite. Si l'un de vous est puni comme chrétien, qu'il n'en rougisse pas ; que, tout au contraire, il en glorifie Dieu[41]. On punissait donc les chrétiens de ces provinces, et leur religion seule, en dehors de toute inculpation de droit commun, pouvait être pour eux une cause de condamnation. § 3. — La persécution de Domitien. On ne connaît les noms d'aucune des victimes de la première persécution, à l'exception de saint Pierre et de saint Paul dont le martyre à Rome est attesté par des documents du premier et du deuxième siècle[42], et qu'une tradition à peu près unanime dit avoir péri sous Néron. Après la mort de ce prince, les chrétiens eurent un long intervalle de paix. Mais leur situation juridique, l'espèce de mise hors la loi prononcée contre eux, ne fut pas modifiée. Dans la rescision de tous les actes de Néron, cette seule institution néronienne subsista[43]. La tranquillité dont ils jouirent sous ses trois éphémères successeurs, puis sous les deux premiers Flaviens, resta donc précaire, à la merci d'un réveil de soupçon ou de fanatisme. Leur existence propre était maintenant bien connue. On les regardait comme les frères des Juifs, mais des frères ennemis[44], si bien qu'ils partageaient l'impopularité de ceux-ci, accrue encore au temps des Flaviens par la terrible révolte où s'abîma leur nationalité, et n'avaient plus la ressource de s'abriter sous la tolérance dont le judaïsme, considéré comme religion, ne cessa pas d'être couvert. Aussi la persécution qui éclata de nouveau contre les chrétiens, à la fin du règne de Domitien, vint-elle les affliger sans les surprendre : pendant vingt-sept ans d'une paix instable, ils n'avaient pas cessé d'y être exposés, et il n'y eut besoin, pour les y soumettre de nouveau, d'aucun changement dans les lois ni même dans la politique générale de l'Empire romain. On a cherché, non sans vraisemblance, l'occasion de ces nouvelles rigueurs dans les rapports de Domitien avec les Juifs. En exigeant d'eux plus âprement que n'avaient fait Vespasien et Titus l'impôt du didrachme, autrefois tribut volontaire au temple de Jérusalem, maintenant tribut forcé à ceux du Capitole, l'avide empereur y voulut peut-être soumettre soit des Juifs convertis au christianisme, soit même des fidèles d'origine païenne, auxquels leur éloignement de l'idolâtrie donnait l'air de mener la vie juive, selon une expression du temps[45]. Leur refus peut avoir excité la colère du tyran, et, répété par un grand nombre, avoir révélé à son œil méfiant le progrès fait en un quart de siècle par la population chrétienne. Cette origine de la persécution de Domitien semble impliquée dans le double reproche adressé à beaucoup de ses victimes : l'adoption des mœurs juives et l'athéisme[46]. Suivre les mœurs juives n'était pas punissable ; mais rejeter la religion officielle des Romains sans avoir l'excuse de la religion tolérée des Juifs était proprement l'athéisme légal : dans cette formule abrégée semblent avoir été résumés, à la fin du premier siècle, tous les griefs des gouvernants et du peuple contre les chrétiens. C'est au moins ce qui paraît ressortir d'un récit de Dion Cassius. Racontant les faits de l'an 95, Domitien, dit-il, mit à mort, avec beaucoup d'autres, son cousin Flavius Clemens, alors consul, et la femme de celui-ci, Flavia Domitilla, sa parente. L'accusation d'athéisme fut portée contre tous deux. De ce chef furent condamnés beaucoup d'autres qui avaient adopté les coutumes juives : les uns furent mis à mort, les autres punis de la confiscation. Domitilla fut seulement reléguée dans l'île de Pandataria[47]. L'empereur fit aussi périr Glabrio, qui avait été consul : il l'accusait du même crime que les autres[48]. Suétone parle aussi de l'exécution de Clemens et de Glabrio, mais dans des termes un peu différents[49]. Il dit que Clemens était méprisé pour son inertie, reproche souvent adressé aux fidèles, à qui l'on imputait de ne pas prendre intérêt aux affaires publiques. Mais il ajoute que Clemens fut condamné sur un très léger soupçon, ce qui fait supposer que quelque méfiance politique ne fut pas étrangère à sa mort. Selon Suétone, Acilius Glabrio fut frappé aussi comme machinant des choses nouvelles, molitor novarum rerum. Cette expression n'est pas incompatible avec la malveillance qui s'attachait aux chrétiens et voyait en eux des ennemis du genre humain, c'est-à-dire, à bien entendre ce mot, des adversaires de l'ordre établi : plus ils étaient d'un rang élevé, plus ils devaient donner prise à des accusations de ce genre. En tout cas, la religion des personnages cités par Dion n'est pas douteuse : indépendamment des termes employés par lui, assez transparents sous la plume d'un écrivain qui évita toujours systématiquement de nommer les chrétiens, on sait qu'une catacombe fut creusée dans un domaine de Domitille, à l'époque même de la dynastie flavienne, et que vers le même temps, dans une autre catacombe, exista le caveau funéraire des Acilii[50]. A première vue, l'on serait tenté de considérer ces exécutions de chrétiens nobles comme un épisode de la lutte de Domitien contre l'aristocratie. Celle-ci lui fit, pendant tout son règne, une vive opposition, à laquelle répondirent de nombreux procès, intentés devant le Sénat tremblant par des délateurs aux gages du prince. L'aristocratie de l'intelligence, qui se montrait sévère pour ses vices, ne fut pas plus épargnée que celle du sang : Domitien fit périr beaucoup de stoïciens et proscrivit même d'une manière générale les philosophes. On comprend qu'il se soit montré impitoyable pour les hommes et les femmes de grande naissance qui avaient embrassé le christianisme. Son regard inquiet voyait partout des complots, et dans les rangs des chrétiens nobles plus peut-être qu'ailleurs. Suétone, en quelques mots, nous l'a laissé entendre, en insistant sur la futilité des soupçons. La qualité de ces convertis a pu surprendre et alarmer le tyran. Elle révélait d'une manière inattendue l'importance des conquêtes opérées par le christianisme. Ce n'était plus seulement le nombre, mais la valeur sociale de ses adhérents qui frappait les yeux. Sans cesser de se recruter parmi les petits, ils venaient maintenant aussi des plus illustres maisons, des familles sénatoriales ou consulaires. Cette dé-. couverte fut peut-être pour quelque chose dans les rigueurs de Domitien à l'égard des fidèles. Il ne faudrait pas cependant que la noblesse des condamnés désignés par Dion ou Suétone fit illusion. La persécution de Domitien n'atteignit pas seulement des aristocrates. Elle s'étendit aux fidèles de toute condition et de tout pays. La communauté chrétienne de Rome fut assez éprouvée pour que le pape Clément n'ait recouvré que vers 96 le loisir et la liberté d'esprit nécessaires pour répondre à une lettre depuis longtemps reçue de l'Église de Corinthe. Les malheurs, les catastrophes imprévues qui nous ont accablés tour à tour sont, dit-il, la cause de ce retard[51]. Un écrit d'un tout autre genre porte plus vive encore l'empreinte de la persécution. Saint Jean a lui-même souffert pour le Christ, avant d'être exilé à Patmos[52]. Il a vu Rome ou, comme il dit, la grande Babylone ivre du sang des martyrs[53]. Il connaît ceux qui ont été décapités pour rendre témoignage à Jésus[54]. Il écrit l'Apocalypse au milieu même de la tourmente, quand beaucoup de chrétiens ont déjà péri, et que beaucoup doivent périr encore[55]. Parmi les Églises d'Asie auxquelles il s'adresse, il en est une, Smyrne, dont plusieurs fidèles vont être mis en prison[56], une autre, Pergame, qui a déjà eu un martyr[57]. Il fut tué chez vous, là où Satan habite, dit-il aux chrétiens de cette ville, en parlant d'Antipas. On remarquera cette expression. Pergame est la première cité de la province d'Asie où la flatterie, encouragée par la politique, ait élevé un temple à Rome et à Auguste[58]. Elle y était probablement encore, à l'époque où écrivait saint Jean, l'unique centre du culte impérial, comme Nicomédie l'était pour la Bithynie. Bien qu'il n'eût guère plus de cent ans de date, ce culte était déjà très répandu et très populaire. Il consacrait l'union des provinciaux avec Rome, et, par le double attrait de la religion et des spectacles, les attachait à l'Empire, devenu en la personne de l'empereur comme leur dieu visible. Mais il semble résulter de l'Apocalypse qu'au temps de Domitien on fit de la participation à ses fêtes une épreuve pour les chrétiens orientaux. Ceux qui obéissaient se lavaient ainsi du reproche d'athéisme. Mais ceux qui n'adoraient pas la Bête et son image étaient tués[59]. Au ton dont l'apôtre, en de nombreux passages[60], parle ainsi de la Bête, c'est-à-dire de l'Empire homicide et idolâtre, et de son image, c'est-à-dire apparemment de l'empereur, on se sent en pleine persécution. Le temps est déjà loin où saint Paul entretenait à Éphèse des relations amicales avec des Asiarques, c'est-à-dire des prêtres provinciaux chargés pour l'Asie du culte impérial[61]. Alors les chrétiens étaient ignorés ou tolérés, et personne ne songeait à les mettre à cette épreuve. Maintenant, elle est pour eux une fréquente occasion de chute. Il faut que l'auteur de l'Apocalypse soutienne ou ranime leur courage en prophétisant, avec les plus vives couleurs, la ruine de cet Empire qui veut se faire adorer d'eux, de cette Rome qui enivre le monde du vin de son impureté et trempe sa robe dans leur sang[62]. Mais ces paroles enflammées, faites pour les fidèles de l'Asie et le genre particulier d'épreuves auquel ils étaient exposés, ne correspondent pas aussi exactement à l'état d'esprit des chrétiens qui vivent au centre du monde romain. Ceux-ci, moins occupés de l'avenir que du présent, ne désespèrent pas, au milieu des plus cruels traitements, d'arriver un jour à une entente avec l'État persécuteur. Aussi, dans leur langage, dans leur attitude, et même dans leurs sentiments, persistent-ils à se montrer de loyaux sujets de l'Empire. Conformément aux recommandations de saint Paul, ils font aux prières pour le souverain une place dans leur liturgie. Dans une magnifique oraison, que saint Clément nous a conservée, ils demandent pour les princes et les magistrats la paix, la concorde, la stabilité, et prient Dieu de diriger leurs conseils vers le bien, afin qu'ils exercent paisiblement et avec douceur le pouvoir qui leur a été confié[63]. Déjà, dans cette Église de Rome à qui Dieu a donné dès la première heure le sens de la politique et l'esprit de gouvernement, s'annoncent les idées que les apologistes du second siècle s'efforceront de faire prévaloir. |
[1] PLINE, Nat. hist., XIII, 4 ; TACITE, Hist., V, 2, 5, 13.
[2] TACITE, Hist., V, 5.
[3] Digeste, L, II, 8, § 3.
[4] PAUL, Sent., V, XVIII, 3, 4 ; Digeste, XLVIII, VIII, 11 ; SPARTIEN, Septime Sévère, 17.
[5] TACITE, Ann., II, 85 ; JOSÈPHE, Ant. jud., XVIII, 3, 4 ; PHILON, Adv. Flaccum ; Legat. ad Caïus ; SUÉTONE, Claude, 25 ; Actes des Apôtres, XVIII, 2 ; DION CASSIUS, LX, 6.
[6] Sub umbraculo religionis insignissimæ, certe licitæ. Apologétique, 21.
[7] SUÉTONE, Claude, 45 ; DION CASSIUS, LX, 6 ; Actes des Apôtres, XVIII, 3.
[8] Actes des Apôtres, XVIII, 14, 15 ; XXIV, 1-27 ; XXV, 18, 19.
[9] Actes des Apôtres, XXVI, 31, 32.
[10] Actes des Apôtres, XVIII, 16 ; XXI, 32.
[11] Actes des Apôtres, XVII, 7.
[12] Actes des Apôtres, XXV, 8.
[13] Actes des Apôtres, XVIII, 6, 7.
[14] Actes des Apôtres, XI, 26.
[15] Actes des Apôtres, XXVI, 28.
[16] Actes des Apôtres, XVI, 20.
[17] SUÉTONE, Claude, 25.
[18] TACITE, Ann., XV, 44.
[19] DE ROSSI, Bull. di arch. crist., 1864, p.69 ; Corp. inscr. lat., t. IV, 679.
[20] Actes des Apôtres, II, 10, 41.
[21] SUÉTONE, Claude, 25 ; Actes des Apôtres, XVIII, 2.
[22] DE ROSSI, Roma sotterranea, t. I, p. 179, 190 ; Del luogo appellato ad Capream presso la via Nomentana, p. 1, 5, 14, 15 (extrait du Bull. della comm. arch. com., 1883).
[23] Actes des Apôtres, XXVIII, 16, 30, 31 ; Philipp., I, 13.
[24] TACITE, Ann., XIII, 32 ; DE ROSSI, Roma sott., t. II, p. 363.
[25] SAINT PAUL, Rom., XVI, 3, 16. Cf. LIGHTFOOT, Philippians, p. 171 et suivantes.
[26] Actes des Apôtres, XXVIII, 15.
[27] Actes des Apôtres, XXVIII, 30, 31.
[28] TACITE, Ann., XV, 41.
[29] TERTULLIEN, Apologétique, 21. Cf. SAINT CLÉMENT, Cor., 6.
[30] TACITE, Ann., XV, 41.
[31] SAINT PIERRE, I Ep., II, 13, 14.
[32] SAINT PAUL, I Tim., VI, 1.
[33] SAINT PAUL, Tit., II, 5. Cf. SAINT PIERRE, I Ep., III, 1.
[34] TACITE, Ann., XV, 44.
[35] TACITE, Ann., XV, 44. — Les divers moments du procès et les difficultés de traduction qu'offrent certaines expressions de Tacite, sont clairement élucidés par RAMSAY, the Church in the roman Empire, 1894, p. 232 et suivantes.
[36] TACITE, Ann., XV, 44 ; SAINT CLÉMENT, Cor., 8.
[37] SUÉTONE, Néron, 16.
[38] Tous les critiques reconnaissent aujourd'hui que Babylone, dans l'avant-dernier verset de la première épitre de Pierre, doit s'entendre de Rome, ainsi désignée dans le style secret des Juifs et des chrétiens, et non de la ville de Chaldée, qui n'existait peut-être plus au premier siècle, et où d'ailleurs Pierre n'a jamais prêché. Ramsay insiste à ce propos (p. 286) sur le caractère essentiellement romain de la lettre de Pierre ; mais il donne (p. 288) des raisons bien peu solides pour prolonger la vie de l'apôtre et faire descendre son épître jusqu'au temps des Flaviens. Cf. HARNACK, Geschichte der altchr. Lit., t. II, 1897, p. 451.
[39] SAINT PIERRE, I Ep., IV, 12.
[40] SAINT PIERRE, I Ep., IV, 15.
[41] SAINT PIERRE, I Ep., IV, 16.
[42] SAINT CLÉMENT, Cor., 5, 6 ; DENYS DE CORINTHE, dans EUSÈBE, Hist. Eccl., II, 25, 8. — Cf. SAINT IGNACE, Rom., 4 ; ORIGÈNE, dans EUSÈBE, Hist. Eccl., III, 1, 2 ; TERTULLIEN, De præscr., 36 ; Scorp., 13 ; CAÏUS, dans EUSÈBE, Hist. Eccl., II, 28, 7.
[43] Permansit,
erasis omnibus, hoc solum institutum neronianum. TERTULLIEN, Ad.
nat., I, 7.
[44] Voir le discours de Titus à ses officiers pendant le siège de Jérusalem, dans SEPTIME SÉVÈRE, II, 30, reproduisant probablement un passage perdu de Tacite.
[45] SUÉTONE, Domit., 12.
[46] DION CASSIUS, LXVII, 4.
[47] Sur une seconde Domitille, nièce de Clemens et reléguée comme chrétienne dans l'île de Pontia, voir EUSÈBE, Chron., ad olympiad. 218 ; SAINT JÉRÔME, Ep. 108. M. DE ROSSI (Bull. di arch. crist., 1835, p. 47-21 ; 1875, p. 69-77) a défendu, avec raison selon moi, la distinction des deux Domitille, contestée par de nombreux critiques (récemment par M. GSELL, Essai sur le règne de Domitien, 1891, p. 296-299).
[48] DION CASSIUS, LXVII, 4.
[49] SUÉTONE, Domit., 45.
[50] DE ROSSI, Bull. di arch. crist., 1863, p. 40 et suiv. ; 1873, p. 39 et suiv. ; 1888-1889, p. 18-66, 103-133.
[51] SAINT CLÉMENT, Cor., 1.
[52] Apocalypse, I, 9. — SAINT IRÉNÉE, Hæres., V, 30, dit que saint Jean écrivit l'Apocalypse à la fin du règne de Domitien. Le système qui plaçait au lendemain de la persécution de Néron la composition de l'Apocalypse est abandonné aujourd'hui. Voir HARNACK, Gesch. der altchr. Lit., t. II, p. 245.
[53] Apocalypse, XVII, 5, 6.
[54] Apocalypse, XX, 4.
[55] Apocalypse, VI, 11.
[56] Apocalypse, II, 10.
[57] Apocalypse, II, 13.
[58] DION CASSIUS, LI, 20.
[59] Apocalypse, XIII, 15.
[60] Apocalypse, XIII, 7, 8, 14-17 ; XIV, 9, 11 ; XVI, 2.
[61] Actes des Apôtres, XIX, 31.
[62] Apocalypse, XVII, 2, 6 ; XVIII, 29.
[63] SAINT CLÉMENT, Cor., 64.