Augustin (1795 – 1856) et Amédée (1797-1873) Thierry

 

 

 

Jacques Nicolas Augustin Thierry (10 mai 1795, Blois - 22 mai 1856, Paris). Né à Blois, frère aîné d'Amédée Simon Dominique Thierry, il n'a pas l'avantage de la naissance ou de la fortune, mais il se révèle vite extrêmement doué. Il récolte de nombreux prix et se distingue au lycée de Blois, ce qui lui permet d'entrer à l'École normale supérieure en octobre 1811. En deux ans, il décroche le baccalauréat ès lettres, le baccalauréat ès sciences et la licence de lettres. Il quitte l'ENS en 1813, envoyé comme professeur à Compiègne pour y enseigner les humanités. Il y séjourne peu de temps et revient rapidement à Paris.
Sa nature ardente et généreuse l'a conduit à embrasser les idées de la Révolution française avec enthousiasme. Il se rapproche alors de la vision idéale de la société de Saint-Simon qui lui demande son aide, puis dont il devient le secrétaire entre 1814 et 1817 et, comme il le disait lui-même, son fils adoptif. Mais, pendant que la plupart des disciples de Saint-Simon s'occupaient des affaires de la vie, des problèmes théoriques et pratiques, Thierry décida de porter son attention sur l'histoire.
Sa vocation d'historien a été fortement influencée par la lecture des Martyrs de Chateaubriand. Son ardeur romantique a été plus tard nourrie par les écrits de Walter Scott, et même s'il n'écrivait pas de récits de fiction, sa conception de l'histoire intégrait son aspect littéraire et dramatique.
En 1817, Augustin Thierry entre au journal Le Censeur (qui devient ensuite le Censeur Européen) et se lance dans le combat libéral en fournissant un article par semaine dès 1819, ses écrits essayant de trouver dans l'histoire les arguments nécessaires à la réfutation de la politique contemporaine. Son idée directrice sur les invasions barbares, la conquête normande, la formation des communes, l'ascension progressive des nations vers le gouvernement libre et les institutions parlementaires s'observent déjà dans ces articles. Une fois le Censeur Européen disparu en 1820, c'est dans ses Lettres sur l'histoire de France publiées dans le Courrier Français en 1820 qu'il expose les principes de la « réforme historique » qu'il souhaite inscrire dans son siècle, mais les critiques virulentes soulevées par ses écrits le font quitter le Courrier Français en janvier 1821.
Grâce à Fauriel, il a appris à utiliser les sources originales et cherche à faire l'histoire afin de la comprendre et non plus pour ses aspects subjectifs. Grâce à l'aide de chroniques latines et de la collection des lois anglo-saxonnes jusque là très mal comprises, il a fait paraître en 1825 son Histoire de la conquête de l'Angleterre par les Normands dont la parution souleva l'enthousiasme.
Écrite dans un style à la fois précis et romanesque, elle est dominée par l'idée fausse suivant laquelle la liberté anglo-saxonne a résisté à l'invasion normande a survécu malgré la défaite à travers la monarchie parlementaire. Son talent d'écrivain rend les approximations et les manques de son travail moins visibles. Cet ouvrage, publié à l'issue de nombreuses années de travail acharné, a entraîné pour Augustin Thierry de graves problèmes de vue. En 1826, il se trouve dans l'obligation d'engager des secrétaires pour l'assister, et quelques années plus tard, il est quasi-aveugle. Pourtant, il continue son œuvre.
En 1827 il publie à nouveau ses Lettres sur l'histoire de France, avec quinze nouvelles additions dans laquelle il décrit les épisodes les plus frappants de l'apparition des communes médiévales. Les chroniques des XIe et XIIe siècles ainsi que quelques chartes communales lui ont fourni les bases d'un édifice solide. C'est pour cette raison que son travail sur les communes n'est pas aussi daté que sa conquête normande, mais il était trop vif à généraliser les faits fournis par quelques cas mémorables mais localisés. Ceci a favorisé la transmission au public, et même à certains historiens de profession des idées fausses sur l'un des problèmes les plus complexes des origines sociales françaises.
En 1828, son état de santé devient préoccupant : il est atteint d'un tabès dorsal qui le paralyse. Immobilisé et aveugle, il est accueilli par la famille d'Espine. Cette période lui permet de lier une amitié épistolaire avec Chateaubriand.
Thierry fut un ardent partisan de la Révolution de Juillet qui porta ses amis au pouvoir. Guizot lui octroie une pension et nomme son frère Amédée préfet de Haute-Saône. Ce dernier l'invite à passer quelques temps chez lui pour se reposer : il arrive à Vesoul le 22 avril 1831. Il passe quatre ans dans la région, rencontrant Julie de Querengal qu'il épouse le 7 novembre de la même année et qui devient sa plus proche collaboratrice.
En 1834, il réédite sous le nom Dix ans d'études historiques ses premiers essais parus dans le Censeur européen et le Courrier français. Il publie également ses Récits des temps mérovingiens (le premier d'entre eux sort en 1833) dans lequel il reproduit sous une forme vivante et dramatique quelques uns des récits les plus célèbres de Grégoire de Tours. Ces Récits sont parus tout d'abord dans la Revue des deux mondes, puis regroupés en volumes précédés de la très pertinente introduction Considérations sur l'histoire de France où il exprime sa philosophie politique. Ces récits furent illustrés par le peintre Jean-Paul Laurens.
Déjà membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres depuis le 7 mai 1830, cette publication lui vaut de recevoir en 1841 le Prix Gobert à vie, de la part de l'Académie française. Le duc d'Orléans lui offre même la direction de sa bibliothèque en 1835. Son protecteur Guizot lui confie la direction de grandes publications de documents historiques dont il tire un Essai sur le Tiers état en 1850. Il a été également chargé de publier les Documents inédits, une sélection d'actes jalonnant l'histoire du Tiers état. Avec tout un réseau de collaborateurs zélés tels que Charles Bourquelot, Charles Louandre, Ernest Renan, il compile ces documents dans le Recueil des monuments inédits de l'histoire du Tiers état (1850-1870), qui ne porte cependant que sur la partie septentrionale de la France. Sa préface à cet ouvrage a ensuite été publiée séparément sous le nom Histoire du Tiers état.
On doit à Augustin Thierry la première étude critique des institutions communales, et peu de choses peuvent expliquer le relatif oubli dont il a été l'objet après sa mort. La fin de sa vie a été assombrie par des problèmes personnels et des soucis de santé. Il perd sa femme Julie de Querengal le 9 juin 1844, une femme intelligente qui avait été pour lui une collaboratrice aussi capable que dévouée. La Révolution de 1848 lui infligea un dernier coup en ruinant son interprétation de l'histoire nationale basée sur la concorde et en lui coupant une bonne partie des rentes attribuées par Guizot. Il ne dissimule pas son désarroi en constatant le renversement du régime de la bourgeoisie libérale qu'il avait posé en épilogue inéluctable à l'histoire de France.
Il a alors commencé à se détacher des opinions rationalistes et à se rapprocher de l'Église. Quand les auteurs catholiques lui ont reproché ses erreurs historiques, il promit de les corriger, et on ne retrouve plus dans sa dernière édition de l'Histoire de la conquête ses sévères jugements sur la politique de Rome. Sans renoncer à ses amis libéraux, il a cherché la compagnie de prêtres éclairés, et, juste avant sa mort, il a semblé disposé à rejoindre l'Église.
Augustin Thierry est mort à Paris à l'âge de 61 ans, après avoir connu une fin de vie difficile.

 

Sa biographie sur Wikipédia.

 

Amédée Simon Dominique Thierry, né le 2 août 1797 à Blois et mort le 27 mars 1873 à Paris, était un journaliste et historien français.
Jeune frère d'Augustin Thierry, il commence sa vie active comme journaliste après un essai, comme son frère, de maître d'école. Il entre en relation avec le célèbre journal romantique d'avant-garde Le Globe et obtient un petit poste de fonctionnaire. Son premier ouvrage, en 1825, est une brève histoire de Guyenne et trois ans plus tard, paraît le premier volume d'une Histoire des Gaulois qui est accueilli très favorablement et lui permet d'obtenir, de la part du président du conseil royaliste Martignac, une chaire d'histoire à Besançon. Toutefois, il est jugé trop libéral par le gouvernement de Charles X et son enseignement est arrêté avec le résultat de lui assurer, après la Révolution de 1830, le poste de préfet de la Haute-Saône qu'il assumera pendant huit ans.
Il ne publiera rien pendant cette période. En 1838, il est nommé maître des requêtes au Conseil d'État, poste qu'il conservera, par delà la Révolution de 1848 et le Coup d'État de 1851, jusqu'en 1860, date à laquelle il sera fait sénateur (un poste rémunéré et, en fait, une lucrative sinécure). Il gravit tous les échelons dans la Légion d'honneur, devint membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1841 et, en 1862, reçoit le grade honoraire de D.C.L. (Doctor of Civil Law) à l'Université d'Oxford. À l'exception de la période où il fut préfet, il n'arrêta pas sa production littéraire, resta un contributeur constant de la Revue des deux mondes, ses articles, usuellement retravaillés par la suite à destination d'ouvrages, ayant essentiellement trait à la Gaule romaine et son époque.
Son fils, Gilbert Augustin Thierry, né en 1843, qui commença une carrière littéraire avec des articles sur Les Révolutions d'Angleterre en 1864 et des Essais d'histoire religieuse en 1867, se consacra, par la suite, à l'écriture de nouvelles.


Sa biographie sur Wikipédia.