Né le 28 août 1803. Décédé le 23 septembre 1870 (à l'âge
de 67 ans) En 1822, à l'âge de 19 ans, Mérimée commence une tragédie,
Cromwell, dont il fait une lecture dans les salons qu'il fréquente. Rien ne
subsiste de ce drame dont on sait seulement qu'il était affranchi de toutes
les règles et de toutes les bienséances classiques. Passionné de théâtre
espagnol, Mérimée conçoit en 1825 l'idée d'une mystification : le Théâtre de
Clara Gazul, recueil de pièces de théâtre qu'il présente comme l'oeuvre d'une
célèbre comédienne espagnole, Clara Gazul, qu'un imaginaire M. Joseph
Lestrange vient de traduire. Une biographie imaginée, des notes explicatives
et un portrait de la comédienne par Delécluze (en fait Prosper Mérimée
lui-même représenté avec une mantille, épaules nues et une croix d'or autour
du cou) achèvent de rendre la fiction vraisemblable. L'oeuvre excita la
curiosité de la jeunesse lettrée et si Le Globe révèle la mystification,
plusieurs revues tombent dans le piège. « Je ne conteste pas le plaisir qu'une
mystification peut procurer à son auteur, écrit Mérimée en 1835 ; mais la
première condition pour qu'elle soit bonne, complète, c'est qu'elle ne lui
coûte pas trop de peine ». Il faut croire que cette condition est remplie deux ans
plus tard lorsque Mérimée récidive, en 1827, en publiant La Guzla (anagramme
de Gazul), présenté comme un recueil de chants populaires de l'Illyrie écrits
par un certain Hyacinthe Maglanovitch dont il retrace la biographie. Ce
recueil de ballades fut écrit en quinze jours et eut un retentissement
considérable à l'étranger où Goethe et Pouchkine contribuèrent à le faire
connaître. En 1828 Mérimée publie La Famille de Carvajal, qu'il
qualifie de mélodrame. Le goût d'historien de Mérimée se manifeste dans ses
deux oeuvres suivantes. La Jacquerie, drame sous la forme d'un récit dialogué
publié en 1828, transporte le lecteur au milieu du XIVe siècle et propose une
interprétation du soulèvement des paysans du Beauvaisis. En 1829 paraît la
Chronique du règne de Charles IX, roman historique traçant un brillant
tableau des guerres de religion du XVIe siècle, qui n'est pas sans rappeler
les romans de Walter Scott alors en vogue et qui connut un succès plus grand
encore que La Jacquerie. « Je travaille extraordinairement, écrit Mérimée à son ami
Albert Stapfer en décembre 1828, non seulement pour un paresseux comme moi,
mais même pour un homme de lettres. Si Dieu m'est aide je noircirai du papier
en 1829 ». Effectivement en 1829-1830, il fait paraître dans la Revue des
Deux Mondes et la Revue de Paris des nouvelles qui seront réunies en 1833
sous le titre de Mosaïque et des oeuvres théâtrales : Mateo Falcone, qui
conte l'histoire d'un enfant corse livrant aux policiers un proscrit contre
une montre d'argent et mourant abattu par son père ; Le Carrosse du
Saint-Sacrement, pièce jouée par Augustine Brohan, dont Mérimée est amoureux,
qui cause un scandale en raison de ses positions antireligieuses ; La Vision
de Charles XI inspiré d'un fait historique ; L'Enlèvement de la Redoute,
histoire d'un lieutenant se retrouvant commander un régiment en tant que « plus
ancien » ; Federigo ; Tamango, conte qui se fit le porte-parole de ceux qui
condamnaient l'esclavage ; L'Occasion, sur la jalousie féminine ; Le Vase
étrusque, sur la jalousie masculine ; Les Mécontents, satire dialoguée
mettant en scène des hobereaux royalistes ; La Partie de Trictrac. Suit une période stérile du point de vue littéraire où
Mérimée semble préférer mener une vie de dissipation. En 1833 paraît La
Double Méprise, récit de « deux coeurs qui se méconnurent ». La Revue des
Deux Mondes publie en 1834 Les Âmes du purgatoire, nouvelle où Mérimée
modernise la légende de Don Juan. Mérimée retrouve l'inspiration à partir de
1837 avec la publication de La Vénus d'Ille, « suivant moi, mon chef-d'oeuvre
», inspirée par un récit d'un chroniqueur latin du Xe siècle. Colomba, l'un
des plus grand succès de Mérimée, a été écrit au cours d'une tournée qu'il
fit en Corse pendant l'année 1840. Tenté d'écrire une vie de César il a le projet d'un triptyque
dont seuls les deux premiers volets seront publiés : Essai sur la guerre
sociale (qu'il a rédigé en prélude à son élection à l'Académie des
inscriptions et belles lettres) et La Conjuration de Catilina. Arsène Guillot
parut dans la Revue des Deux Mondes le 15 mars 1844, le lendemain de son
élection à l'Académie française, et l'histoire de cette fille perdue fit dire
à plusieurs partisans de Mérimée qu'il n'aurait pas eu leurs voix s'ils
l'avaient lue avant d'aller voter. Carmen paraît en octobre 1845 et ne
connaît qu'un faible succès avant de devoir sa gloire à Bizet ; après L'Abbé
Aubain en 1846, courte nouvelle basée sur une plaisanterie, vingt ans se
passeront avant que Mérimée reprenne sa plume de conteur. En 1848 il publie l'Histoire de Don Pèdre Ier, roi de
Castille, qui régna de 1350 à 1369 ; la révolution fut la seule cause de
l'insuccès du livre. La même année Mérimée commence l'étude de la langue
russe et six mois après il entame une série de traductions qui l'amèneront à
faire connaître au public des oeuvres de Pouchkine, Gogol et Tourguéniev
ainsi que des études sur l'histoire russe (Les Faux Démétrius, Les Cosaques
d'autrefois, Histoire du règne de Pierre Le Grand). Il publie également de
nombreux articles où l'archéologie, l'histoire et les beaux-arts tiennent
plus de place que la littérature. En 1849 il publie HB, en l'honneur de son
ami Stendhal mort en 1842. Napoléon III réclame sa collaboration pour la
rédaction d'une Histoire de Jules César. En 1866 il écrit La Chambre bleue pour divertir l'impératrice
et en 1869 paraît la dernière grande nouvelle de Mérimée, Lokis, empreinte du
mystère et du fantastique chers à l'écrivain, et qui conduit le lecteur au
fond des grandes forêts lituaniennes où une comtesse est emportée par un
ours. Un conte inédit, Djoumane, paraîtra encore en 1873, trois ans après la
mort de Mérimée. A toutes ces oeuvres de fiction, il convient d'ajouter ses
nombreux essais sur l'architecture et ses Notes de voyage mais surtout la
volumineuse correspondance de Mérimée d'un intérêt documentaire immense et
que l'on a comparée à celle de Voltaire. Elle est un reflet passionnant de
son époque. © JeSuisMort.com
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