Gaston Maspero (1846-1916)

 

 

 

Né de parents italiens, il manifesta, dès sa prime jeunesse, des prédispositions pour les langues orientales et traduisit le texte de la stèle de Napata, rapportée par Auguste Mariette. Ce futur égyptologue partit pour l'Uruguay et en revint en 1868 ; Emmanuel de Rougé confia à cet autodidacte de l’égyptologie un poste de répétiteur à l'École pratique des hautes études, qui venait d’être créée ; durant la guerre de 1870, estimant qu’il devait beaucoup à la France, il s’engagea dans le conflit et prit la nationalité française.

Docteur ès lettres en 1873, après le décès d’Emmanuel de Rougé, il fut élu titulaire à la chaire de philologie et antiquités égyptiennes du Collège de France, mais le Ministère ne nomma Maspero que chargé de cours. En mars 1874, le ministère le nomma enfin titulaire. Envoyé en Égypte en 1880, il assista Mariette, très affaibli par le diabète qui aura raison de lui, et prit la direction générale du Service des antiquités égyptiennes, sans la désirer véritablement.

Il découvrit les textes des pyramides en 1880, qui existaient bien, malgré l’intime conviction de son prédécesseur. L’année suivante, il va commencer sa carrière par un coup d’éclat : ayant appris que, depuis quelques années, des antiquités étaient proposées sur le marché, Maspero et ses collaborateurs remontèrent la filière jusqu’à deux frères du village de Gournah, Ahmed et Mohamed Abd el-Rassul. Ce dernier « accepta » finalement de dévoiler leur secret. En 1871, Ahmed et lui, recherchant une chèvre égarée, avaient découvert une ouverture creusée dans le roc. En s’y glissant, Ahmed s'était trouvé face à une véritable mine d’or pour sa famille et, durant dix ans, ils avaient écoulé les antiquités qu’ils prenaient de manière mesurée.

Maspero voyageait alors en Europe et ce fut donc Brugsch, conservateur adjoint du Musée de Boulaq, qui se vit investi de la mission d’explorer cette caverne d’Ali Baba, proche de Deir-el-Bahari. Lorsqu’il y pénétra, ce qu’il vit l’ébahit : une quarantaine de momies, dont certaines appartenaient à des rois célèbres du Nouvel Empire, parmi lesquels Séthi Ier, Ramsès II, Ahmosis et Thoutmosis II.

En quarante huit heures, les corps et la plus grande partie des objets restants sont répertoriés par Brugsch et ce précieux butin archéologique, chargé à bord d’un bateau, redescendait le Nil, vers Le Caire.

Au début 1886, Maspero entamait les travaux de désensablement du Sphinx de Gizeh, tandis que quatre habitants de Gournah, fouillant à Deir el-Médineh, trouvaient un puits d’accès à une tombe ; Maspero put pénétrer dans le tombeau de Sennedjem, un fonctionnaire ramesside. Les découvertes furent acheminées vers le Musée de Boulaq, devenu bien trop exigu pour les richesses archéologiques qui s’y amoncelaient. Maspero avait déjà soumis un projet pour que le musée fut transféré vers Le Caire. Il quitta l'Égypte pour n'y revenir qu'en 1899. Il dirigea le déménagement du musée égyptologique en 1902 - c'est la création du Musée égyptien du Caire. L’inauguration officielle se fit en novembre 1903, et le sarcophage de Mariette dut être à nouveau changé de place.

Maspero pensait qu’il faudrait près de cinquante ans pour emplir totalement le musée du Caire ; il ignorait que se profilent de grandes découvertes, dont deux vont se charger de meubler les salles.

À Louxor, dans les temples de Karnak, il fit dégager le site qui fut fouillé méthodiquement ; la seconde découverte, celle du trésor de Toutankhamon, se fera sous la direction de son successeur.

En 1904, alors que les Britanniques décident de relever de sept mètres le barrage d'Assouan, il parvient à lever les fonds nécessaires pour isoler, consolider, mais aussi étudier un grand nombre d'édifices religieux de Basse-Nubie menacés d'engloutissement.

En 1912, Pierre Lacau, très hésitant, finit par accepter la direction de l’Institut français d'archéologie orientale (IFAO), nouveau nom depuis 1898 de la Mission archéologique que Maspero avait fondée. Le gouvernement égyptien avait prolongé le temps de service de Maspero jusqu’en 1911 puis jusqu’en 1916. Mais la santé de l’égyptologue, qui jamais ne se ménageait, donna quelques inquiétudes et il fut victime d’alertes cardiaques. Aussi quitta-t-il définitivement l’Égypte en 1914, laissant la direction générale des Antiquités au même Lacau.

Alors qu’il avait été nommé secrétaire perpétuel de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, Maspero continuait d’étudier à Paris et il assista à une séance le 30  juin 1916. Il s’apprêtait à prendre la parole, lorsqu’il pria l’assistance de l’excuser et se rassit. Victime d’un ultime malaise, il mourut sur son banc. Sur sa tombe est gravé Ma spero (Mais j’espère).

Les cours qu'il donna pendant neuf ans, couvrant tous les aspects de l'histoire, de la langue et de la civilisation égyptienne, formèrent toute une génération d'égyptologues.

 

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