LES EMPEREURS ROMAINS

QUATRIÈME PARTIE. — L'EMPIRE ADMINISTRATIF

II. — CONSTANTIN. - (306-336 ap. J.-C.).

Paganisme et Christianisme.

 

 

Après l'abdication de Dioclétien, Galérius, plus jeune et plus hardi, moins effrayé d'un conflit entre le christianisme et le paganisme, païen d'ailleurs plus convaincu et moins éclairé, espérait sauver l'œuvre politique de Dioclétien par la violence, la tétrarchie par la persécution. Pour y réussir, il avait poussé au pouvoir deux de ses créatures, païens décidés et personnages dévoués à sa personne : Sévère, qu'il avait fait de rien césar, et Maximin Daza, son neveu, qui lui devait également tout. L'empereur auguste de la Gaule, Constance Chlore, protecteur des chrétiens, pouvait, il est vrai, gêner ces projets. Mais Galérius, plus jeune, espérait bien lui survivre ; et, pour remplacer Constance, il avait en réserve un autre lui-même, un sien compagnon d'armes, Licinius, avec lequel il espérait compléter une tétrarchie toute païenne, selon son cœur et selon le vœu du philosophe Hiéroclès.

Tels étaient les projets de Galérius ; la persécution qu'il continuait ou faisait continuer par ses deux césars dans la partie du monde qu'ils gouvernaient, montrait assez ce qu'on pouvait attendre de lui, quand un jeune homme vint tout déjouer et tenter de rétablir au contraire l'unité de l'Empire, en frappant le polythéisme, et de renverser la tétrarchie de Dioclétien, en établissant le culte d'un seul Dieu.

L'auguste des Gaules, Constance Chlore, sentait sa fin approcher ; il ne cessait de presser son collègue, Galérius, de lui renvoyer son fils Constantin, qui servait dans ses armées. Par une crainte instinctive de ce jeune homme, aimé de toute l'armée pour sa bravoure, Galérius hésitait, retardait, tant qu'il pouvait, le départ du fils de Constance. A bout de prétextes, enfin, il lui remit le passeport de la poste publique, en lui recommandant d'attendre jusqu'au lendemain ses derniers ordres. Constantin partit immédiatement et fit-couper aux jarrets les chevaux disposés aux relais publics, avec lesquels Galérius désappointé aurait pu le faire poursuivre. Arrivé avec une célérité incroyable en Gaule, il y fut reçu avec enthousiasme par tout le monde. Fils d'Héléna, unie à Constance Chlore par un mariage inférieur, Constantin était alors dans tout l'éclat de la jeunesse et de la beauté. Il était d'une haute stature ; sa physionomie distinguée par des traits réguliers et tins, était encadrée dans une chevelure longue et bouclée ; ses yeux ouverts et ardents semblaient annoncer de hautes pensées et de fortes passions et promettaient une destinée mêlée de grands événements politiques et de sombres tragédies de famille. Les païens le comparaient volontiers à Apollon-Mithra, divinité demi-grecque, demi-asiatique, lumière du jour ou feu dévorant de la terre, pour laquelle il avait une dévotion particulière ; les chrétiens disaient qu'il ressemblait à l'ange du Seigneur : doux ou terrible ? ils ne le savaient point encore. Constance, sur son lit de mort, se demandait s'il ne laisserait point à cet héritier digne de lui, la puissance qu'il avait si bien exercée, quand les soldats d'Occident, en dépit des projets de Galérius, proclamèrent le nouveau venu empereur et auguste. Constance put mourir content, après avoir recommandé à l'heureux fils d'Hélène les fils et les filles de sa seconde femme. Ce choix était une dérogation à l'ordre établi, en vertu duquel l'élection allait de haut en bas, et non plus de bas en haut. Galérius voulut d'abord jeter au feu le messager qui lui apporta cette nouvelle ; il se ravisa cependant et se contenta de mettre Constantin à son rang dans la constitution, en lui donnant seulement le titre de césar, et en assignant celui d'auguste à sa créature, Sévère, qui résidait d'ailleurs en Italie. Constantin se déclara satisfait. Il avait la patience qui sait attendre et la résolution qui, au moment opportun, sait saisir[1].

L'avènement de Constantin était un échec pour la politique de Galérius. De nouveaux événements en Italie menacèrent de faire crouler tout à fait son savant échafaudage. Le succès du fils de Constantin avait éveillé l'ambition du fils de Maximien, retiré assez mécontent dans le midi de l'Italie. Maxence, à son tour, travailla les troupes de Rome, en leur promettant de leur rendre les privilèges prétoriens ; il se fit proclamer césar par elles, et appela à son secours l'expérience de son père, Maximien Hercule. Le vieil empereur marcha contre Sévère, qui était à Milan, lui débaucha ses troupes, autrefois les siennes, l'assiégea dans Ravenne. l'y prit et lui envoya l'ordre de se tuer. Mais, à l'approche de Galérius lui-même, il crut devoir rechercher l'alliance de Constantin, et lui offrit pour gage sa propre fille, alors dans tout l'éclat de sa beauté, avec le titre d'auguste. Constantin oublia Minervina, dont il avait déjà un fils, Priscus, prit la fille de Maximien, et accepta le titre d'auguste ; mais il ne secourut qu'en secret son beau-père. Avec cet appui moral, Maximien-Hercule et Maxence faillirent débaucher l'armée de Galérius, qui s'enfuit en Gaule. Fidèle à sa politique réservée, Constantin laissa échapper celui-ci et lui donna les moyens de retourner en Orient, où, pour se consoler, donna du moins à son favori, Licinius, le titre d'auguste, avec le gouvernement de la Thrace et de l'Illyrie. Tous les événements semblaient travailler pour Constantin. Le vieux Maximien Hercule, chassé à son tour de Rome et de l'Italie par son fils, à qui il voulait reprendre le titre d'auguste, arriva également en Gaule, auprès de son gendre. Constantin accorda à son beau-père le titre d'auguste et tous les honneurs impériaux, mais sans vouloir le rétablir. Furieux, le vieil empereur tenta encore de débaucher les troupes de Constantin alors sur le Rhin, et fut pardonné. Mais, une seconde fois, fou d'ambition, ce vieillard conjura sa fille Fausta de le laisser pénétrer dans ses appartements pour mettre Constantin à mort, lui promettant une plus haute fortune et un meilleur mari. Éperdue, celle-ci dévoila tout à Constantin. Le césar des Gaules ordonna à sa femme de tout disposer comme son père l'avait demandé, et fit coucher un esclave dans son lit. A la faveur de la nuit, Maximien se glissa jusque-là et poignarda l'esclave. Alors, Constantin parut à la lueur des flambeaux et fit conduire le vieux collègue de Dioclétien, avec un lacet, dans un cachot, où il se pendit.

Tels étaient les effets que Galérius avait fait produire à la tétrarchie de Dioclétien, en essayant de la soutenir avec l'esprit persécuteur du paganisme. Cette conception confuse, inspirée d'une sorte de syncrétisme néoplatonicien, avait engendré le chaos, et produit une véritable anarchie. L'Empire avait alors cinq empereurs égaux en degré et en puissance, prêts à se déchirer, et menacés chacun chez eux. Galérius voyait, en effet, son neveu Maximin Daza, mécontent de la fortune de Licinius, révolté en Asie ; et Maxence, resté maitre de l'Italie, voyait un Alexandre usurper le titre d'empereur en Afrique. Galérius, vieux et affaibli, confessa lui-même son impuissance. Accablé, sur ses derniers jours, par les souffrances d'une affreuse maladie, par les terreurs de la mort prochaine, sinon par le repentir, il rendit, en 211, un édit qui fit cesser la persécution. Prenant tout le monde à témoin, dans ce célèbre édit, qu'il n'avait cherché, par la persécution, qu'à défendre les institutions anciennes de la patrie menacée par les novateurs, il s'accusa d'avoir mérité peut-être la colère des dieux, en condamnant, par la fermeture des églises et les tourments, un grand nombre de ses sujets à n'avoir point de culte ; puisque les chrétiens persistaient à s'éloigner des croyances anciennes, il leur donna la liberté d'adorer leur Dieu à leur manière, et exprima même l'espoir qu'ils prieraient pour le rétablissement de sa santé en même temps que pour le salut de l'Empire et pour leur propre salut[2].

La mort de Galérius mit la situation à nu et fit éclater l'incompatibilité des quatre empereurs qui restaient et l'impossibilité de la tétrarchie. Sortis d'une origine bien différente, au lieu d'être, comme leurs prédécesseurs, le produit d'une création unique, les quatre empereurs se croyaient tous égaux en droits et prenaient le titre d'auguste ; point de degrés, point de hiérarchie entre eux. Maxence en Italie, et Maximin Daza en Asie, prétendaient ne point reconnaître la supériorité que Constantin et Licinius, leurs aînés en âge ou en date, prétendaient exercer sur eux. L'anarchie morale était encore plus grande entre les tétrarques, et ce fut là surtout ce qui les mit aux prises.

Constantin, dès son avènement, avait pratiqué en Gaule, et même plus hardiment, la tolérance inaugurée par son père Constance Chlore. On l'avait vu, à la fois, rouvrir les églises et sacrifier, avant de se mettre à la tète des armées, à Apollon-Mithra, objet particulier de son culte. Bien que Constantin ne pratiquât que la même sorte d'éclectisme que son père, en fait de religion, les chrétiens pouvaient cependant attendre de lui la tolérance et espérer même quelque chose de plus. Esprit grossièrement sceptique, ennemi des lettrés et des philosophes, cependant bon soldat et protecteur du petit peuple au demeurant, politique avant tout, indifférent en religion, Licinius exerçait également la tolérance, mais plutôt comme un dernier legs de Galérius que par esprit de justice. Au contraire, Maxence, empereur de Rome, élevé par la réaction de l'esprit romain et païen de l'Italie ; Maximin Daza, vrai neveu de Galérius persécuteur, et longtemps administrateur de la Syrie et de l'Égypte, ces mères de toutes superstitions, puisaient leurs inspirations et leurs forces dans les vieilles coutumes occidentales ou orientales, et dans la religion païenne. Ces dispositions morales groupaient naturellement deux à deux les quatre empereurs, et opposaient particulièrement Constantin à Maxence et Licinius à Maximin Daza.

Constantin et Maxence en vinrent les premiers aux mains. Dans les premiers moments de sa révolte, Maxence avait cru de bonne politique de ménager les chrétiens. Depuis que Licinius et Constantin pratiquaient la tolérance, il n'avait plus d'espoir que dans le vieux parti patriote et païen. En véritable empereur des anciens temps, il ne se faisait pas faute de déployer la tyrannie et les débauches d'un Néron, et de donner toute licence aux soldats ; mais il avait toujours à la bouche les noms sacrés du sénat et du peuple romain. Il reconstituait les prétoriens détruits par Dioclétien. Pour exalter l'orgueil et le fanatisme de Rome qu'il habitait, il se prétendait seul empereur. Fier bientôt d'avoir renversé l'usurpateur d'Afrique, Alexandre, il annonça le dessein de ramener les autres empereurs au simple rôle de lieutenants ; il commença par abattre les statues de Constantin. C'était déclarer la guerre. Pour en augurer l'issue, il consulta les livres sibyllins, qui lui répondirent d'une façon assez ambiguë que l'ennemi de Rome périrait dans la lutte. Mais il avait, avec les troupes tirées d'Italie et d'Afrique, cent soixante mille hommes. Il se crut sûr du succès, et résolut d'aller chercher son adversaire en Gaule.

Constantin, en rassemblant ses légions de Bretagne et de Gaule, les auxiliaires germains, et des volontaires, pouvait compter sur cent trente mille hommes. Malgré le conseil de quelques-uns de ses généraux, il ne voulut pas attendre Maxence, mais marcher contre lui. Une victoire remportée en Italie, sous les murs de Rome, convenait mieux à son ambition. Il s'assura seulement de la neutralité de Licinius, qu'il n'eut point de peine à obtenir ; et il partit. Sur le point de jouer sa destinée contre un rival qui invoquait les souvenirs patriotiques de la vieille Rome, et qui fouillait jusqu'aux entrailles des victimes humaines pour trouver la faveur des dieux, Constantin ne pouvait se défendre cependant d'une sorte d'inquiétude religieuse. Il craignait, par un reste de superstition. les sacrifices de la vieille religion auxquels Maxence avait recours, et qui avaient accompagné la fortune de l'Empire. Les confidences qu'il fit plus tard à Eusèbe, dans la lettre que rapporte celui-ci[3], témoignent de ces troubles intérieurs, quoiqu'elles leur donnent une précision et un caractère qu'ils n'avaient peut-être pas encore. Plus avide d'une croyance. positive que ne l'avait été son père Constance, et penchant davantage vers le monothéisme, Constantin avait toujours aimé à mettre ses armes, son avenir sous la protection particulière d'une divinité ; et il n'avait plus de confiance dans les divinités païennes invoquées par son compétiteur. Il sentait bien qu'il y avait dans le courant des opinions et des pensées a lors, u ne puissance nouvelle qui pouvait le pousser au port. Mais il aurait voulu en avoir comme un signe, un gage[4]. Il était tenté, et il avait peur de livrer sa fortune à ce vent inconnu de l'opinion qui s'était levé sur le monde. Sans doute, il ne manquait pas autour de lui de personnages graves on chers qui l'engageaient à confier sa fortune au Dieu des chrétiens. Osius, évêque de Cordoue, était parmi ses familiers ; peut-être avait-il déjà prédisposé la mère de Constantin et sa femme au christianisme. Constantin connaissait ce nouveau Dieu, il en avait protégé le culte. Il avait entendu parler de la puissance de ce signe de la croix, qui, au dire des païens mêmes, pouvait neutraliser l'efficacité des sacrifices, et qui, au dire des chrétiens, avait de salutaires vertus. Mais il était retenu par d'autres conseillers qui lui représentaient que cette religion nouvelle avait été toujours considérée comme ennemie de l'Empire. Au milieu des doutes qui assiégeaient son esprit et des désirs ambitieux qui tourmentaient son cœur, il arrêtait souvent ses regards sur le soleil, objet de la vénération de sa première jeunesse. Mais Apollon se levait et se couchait entre chaque marche de son armée, sans apaiser ses tourments. Il interrogeait Apollon : Apollon ne lui répondait plus.

Est-ce dans un de ces moments d'angoisses que Constantin, à la fin d'une marche laborieuse, ainsi qu'il le raconta six ans plus tard à Eusèbe, avec des souvenirs rendus plus précis par l'événement, démêla, reconnut au ciel, à la chute du jour, l'emblème bien connu des chrétiens ? L'esprit encore plein de cette vision, après cette mémorable étape, il cherchait le repos de l'âme et du corps dans le sommeil, quand il y retrouva encore, selon Lactance et Rufin, l'objet de ses incessantes préoccupations. Un vieillard vénérable lui présenta de nouveau ce signe, et lui assura que, par lui, il vaincrait ses ennemis. Païens et chrétiens mêmes, à cette époque, tenaient encore grand compte des songes et des signes. Constantin consulta ses familiers. La plupart des empereurs avaient alors leur dieu préféré et adoptaient leurs emblèmes spéciaux comme protecteurs et garants de leur fortune. Constantin, avant de passer en Italie, fit pendre à la barre transversale du labarum, à l'étendard de l'Empire, un voile de pourpre avec le monogramme du Christ[5]. Ce fut sous la protection de ce signe qu'il se présenta, deux mois après (312), à la descente des Apennins, par la voie Flaminienne, dans la vallée du Tibre.

Maxence était sorti de Rome pour marcher au-devant de l'ennemi ; il avait traversé le fleuve par le pont Milvius, et se déployait dans la plaine. L'inquiétude était dans son armée. Un temple de la Fortune venait d'être récemment brêlé à Rome, et le peuple s'était vengé sur un chrétien, probablement, qui avait ri de ce malheur ; au moment même où Maxence était sorti de la ville, une volée de chouettes de mauvais augure s'était échappée avec de lugubres cris. Les soldats de Constantin étaient pleins d'ardeur ; quelques-uns, par esprit d'imitation, avaient gravé plus ou moins grossièrement sur leurs épées ou leurs boucliers la croix ou le monogramme adopté par Constantin. La bataille ne fut point fort longue. Les Italiens, les alliés de Maxence lâchèrent pied sous la première charge de la cavalerie germaine. Les prétoriens seuls, qui ne pouvaient espérer de grâce, se firent tuer sur place. Entraîné par la foule des fuyards, Maxence voulait repasser le Tibre. Porté, étouffé, culbuté, sans que personne eût souci de lui, il tomba au milieu de sa précipitation, avec beaucoup d'autres, par-dessus le parapet du pont Milvius. Constantin vainqueur fut reçu, dans la ville encore presque toute païenne, par le sénat et le peuple romain, comme s'il n'était pour eux qu'un nouvel empereur, changement auquel on était bien accoutumé. A l'oubli involontaire ou calculé que commit le nouveau venu, en n'allant point rendre grâce au Capitole, on put s'apercevoir que le vieux Jupiter protecteur avait essuyé un échec avec Maxence, son protégé.

Maître de Rome, Constantin fit périr tous les parents de Maxence, selon la politique païenne, déjà reniée cependant par les meilleurs empereurs ; il traita le sénat avec honneur, cassa les prétoriens et donna au peuple quelques jeux. Vainqueur, il se fit ériger une statue à Rome. Elle tenait en main le labarum, où l'on pouvait voir encore l'étendard impérial ou la croix chrétienne. Au bas, on lisait cette inscription : Par ce signe protecteur du vrai Courage, j'ai délivré votre ville de la tyrannie[6]. Sur l'arc de triomphe qu'il éleva en commémoration, et orna des bas-reliefs païens enlevés à l'arc de Trajan, le sénat répondit avec la même prudence : A Constantin Auguste, qui par l'inspiration de la divinité et la grandeur de son génie, a vengé la République. A quelque temps de là, le panégyriste de Constantin disait, en invoquant la protection d'en haut sur son prince : Écoute-moi, auteur divin des choses, qui as voulu porter autant de noms qu'il y a de langues parmi les hommes ; âme divine du monde et mobile sans moteur, ou puissance céleste qui contemple du sommet de cette citadelle la nature, ton ouvrage ; c'est toi que je prie de conserver ce prince pour l'éternité. On surprend là l'expression du sentiment commun, religieux et politique à la fois, sous laquelle toutes les croyances religieuses et toutes les écoles philosophiques pouvaient alors s'abriter pour vivre au moins en paix et se tolérer réciproquement. Ce sentiment réunit également Constantin et Licinius dans une entrevue à Milan, en 313, et leur dicta cet acte célèbre de tolérance pour tous les cultes, qui assura la victoire du christianisme. Occupés de poser la règle du culte et du respect de la divinité, disaient les deux empereurs, nous accordons aux chrétiens et à tous autres toute liberté de suivre la religion qu'ils voudront, afin que la divinité qui réside au ciel (quod quidem divinitas in sede cœlesti) nous soit favorable et clémente à nous et à ceux qui vivent sous notre empire[7] ; et, par une juste conséquence, ils rendaient aux corporations chrétiennes et aux individus les biens qu'on leur avait enlevés pendant la persécution. Malgré les précautions dont il s'enveloppait encore, cet acte était d'une haute importance : les deux empereurs, grands pontifes de la religion de l'Empire, reconnaissaient toutes les sectes, tous les cultes. Dans un premier édit, ils avaient voulu, par amour de l'ordre, interdire le passage d'un culte à un autre ; mais ils y renoncèrent. Sans séparer la religion de l'État, ils abdiquaient ainsi du grand pontificat le pouvoir de limiter les cultes et de les persécuter. Le mariage de Licinius avec Constantia, sœur de Constantin, le sacrifice que firent les deux empereurs, de Maximin Daza, toujours persécuteur en Orient ; et la défaite de celui-ci, la même année, parurent confirmer cette importante révolution.

L'Empire romain n'était plus partagé que par deux empereurs. Dès qu'ils se trouvèrent seuls, et comme vis-à-vis l'un de l'autre, ils s'aperçurent qu'ils étaient loin de s'entendre. En politique, Constantin avait l'ambition de rétablir l'unité de l'Empire. Cette idée flattait son génie qui aimait le grand, peut-être même son imagination mystique, qui se plaisait à mêler les choses du ciel à celles de la terre. Il écrivait plus tard au célèbre Arius, après l'événement, il est vrai, qu'il avait voulu faire prédominer l'unité de religion pour rétablir l'unité de gouvernement. Licinius tenait plus volontiers pour la division de l'Empire, pour le plan  de Dioclétien et de Galérius. Là était l'origine, la garantie même de sa fortune ; car il n'avait pas assez de confiance en lui-même pour espérer rétablir à son profit l'unité de la domination romaine. Cette divergence excita entre eux un premier conflit. Constantin ne voulait point faire assez vite césar, au gré de Licinius Bassien, un de ses beaux-frères. Une guerre éclata à ce sujet ; elle fut malheureuse pour Licinius. Il y perdit l'Illyrie, la Macédoine et la Grèce, et ne régna plus guère en Orient qu'avec la permission de Constantin. Mais les deux grands pontifes de l'Empire romain s'entendirent encore moins que les deux empereurs ; c'est ce qui amena entre eux une dernière et décisive lutte.

Constantin pratiquait l'édit de Milan avec une impartialité qui, au lendemain de la persécution, pouvait passer déjà pour une sympathie assez vive, quoique toujours fort prudente. En gardant aux pontifes païens leurs privilèges, traitements et exemptions, il en accordait de semblables aux prêtres chrétiens, les mettant ainsi tous sur le pied d'égalité. S'il réunissait, sur la demande même des évêques chrétiens, à Rome et à Arles, deux conciles d'évêques au sujet de l'hérésie des Donatistes, il consultait encore, comme gardien de la fortune de Rome, les oracles sibyllins. Il proscrivait la magie, la sorcellerie, comme beaucoup de ses prédécesseurs, et limitait même l'aruspicine privée, dans laquelle il pouvait suspecter des conspirations contre l'empire ; mais il respectait les anciennes cérémonies de l'aruspicine publique, où le peuple cherchait encore des assurances contre les dérangements physiques et les malheurs publics. Lui-même, en 321 encore, il consulta les flamines au sujet de la foudre qui avait frappé le palais impérial. Les médailles et monnaies du temps, frappées au nom de Constantin, sont dédiées à Mars, à Hercule, au Soleil jusqu'en 321 ; elles portent encore des emblèmes mithraïques et païens. Depuis cette époque seulement, le monogramme du Christ et la croix, gravés par exemple dans le quadrige d'Apollon, ou mêlés à d'autres emblèmes, commencent à caractériser cette époque extraordinaire pour nous, et cependant si explicable, qui forme la transition du régime ancien au régime nouveau[8]. Tout favorable qu'il fût aux chrétiens, Constantin, sans culte exclusif, appartenait encore à tous les cultes. Il n'était plus aux temples et pas encore aux églises. Il restait le grand pontife de cérémonies religieuses opposées qu'il protégeait ; une sorte de souverain intermédiaire entré le ciel et la terre, entre la Divinité qu'il cherchait lui-même, et les hommes qui lui adressaient au moins en sécurité, sous toutes les formes, leur encens méprisé ou leurs agréables hommages !

Sans être intolérant, le grand pontife d'Orient, Licinius, montrait plutôt sa sympathie pour la vieille religion païenne. Était-ce tendance naturelle chez lui ? Faible, au milieu des chrétiens orientaux, sentait-il le besoin de s'appuyer, contre Constantin, sur le paganisme affaibli, mais puissant encore en Occident ? Toujours est-il que Licinius s'entourait plutôt de prêtres païens, et ne supportait guère dans son empire de fonctionnaires chrétiens ; il accomplissait avec fracas les anciennes cérémonies nationales, et même celles de cultes plus obscurs et plus réprouvés en Orient. Par esprit de rivalité, il cherchait à donner au sacerdoce païen une organisation hiérarchique modelée sur celle de l'Église. Quand il s'occupait des chrétiens, on ne pouvait l'accuser d'intolérance. Ce n'étaient pas de mauvaises mesures en elles-mêmes que celles qui ordonnaient la séparation des sexes dans les cérémonies chrétiennes, ou qui interdisaient aux hommes d'instruire les femmes dans le christianisme. En exigeant que les réunions des chrétiens eussent lieu en plein air, quand les églises étaient trop petites ; en défendant aux évêques des différentes provinces, qu'il soupçonnait d'hostilité, de se réunir en synode, il ne prenait peut-être que des mesures dictées par une prudence toute politique. Venant d'un païen, toutes ces mesures prenaient cependant un air de persécution ou au moins de taquinerie qui déplaisait. L'Empire ne put contenir longtemps les deux pontifes.

La lutte éclata en 323 et fut terminée la même année. Ce ne fut pas, on doit bien le penser, une guerre toute religieuse. Cependant, la victoire du christianisme ou du paganisme en dépendait. On le sentait dans tout l'Empire, et les espérances comme les craintes étaient grandes. C'est pourquoi les écrivains du temps, chrétiens ou païens, en forçant quelquefois les couleurs, lui ont donné ce caractère. La bataille eut lieu sur les confins de l'Europe et de l'Asie, aux bords de l'Hèbre ou de la Maritza, dans la Thrace ou la Turquie d'Europe actuelle, près d'Andrinople, non loin de Byzance, bientôt Constantinople. L'écrivain chrétien fait tenir à Licinius, avant la bataille, à ses troupes, le discours suivant : Vous avez devant vous l'homme qui, désertant les mœurs et les institutions de ses pères, a passé au culte d'un dieu inconnu, étranger. Cette bataille décidera si tous les dieux doivent passer sous le joug d'un seul, ou si un seul doit céder à tous ; nous avons pour nous la multitude. Constantin, entouré de prêtres chrétiens, fit graver cette fois sur tous les boucliers le signe qui lui avait déjà donné la victoire ; le matin, il donna un mol d'ordre qui, par une dernière précaution, pouvait encore être accepté par tous : Dieu sauveur. Il remit cependant le labarum à cinquante braves vigoureux et éprouvés qui formaient comme un bataillon sacré. Lui-même, il se retira dans une sorte de tente en forme de tabernacle, pour y prier ; puis il en sortit et donna le signal du combat. Le labarum servit de point de ralliement. Partout où il se porta, les bataillons de Licinius plièrent. Licinius vaincu, poursuivi dans Byzance, puis dans Nicomédie, fut obligé de se rendre ; il n'obtint la vie, et pour peu de temps, que grâce aux prières de sa femme, sœur de Constantin. L'unité du gouvernement fut rétablie, et la victoire du christianisme suivit de près[9].

Le nouveau maitre du monde était un des souverains les mieux disposés à associer sa fortune à celle de la religion nouvelle. Sans avoir la haute moralité d'un Marc-Aurèle, sans être précisément meilleur que la plupart de ceux qui l'avaient précédé, aussi ambitieux, aussi égoïste, aussi cruel ; n'ayant pas plus de scrupule dans le choix des moyens pour parvenir, plus chaste cependant, il se distinguait de tous par ce trait particulier, qu'il croyait lui-même et aimait à faire croire, qu'il était destiné d'en haut à mettre fin aux désordres moraux et politiques de l'Empire, et à rétablir l'unité de gouvernement et de croyance ; et, par une rencontre assez extraordinaire, les Grecs et les Barbares partageaient volontiers cette croyance. Quand Constantin sortait, avant les combats, de la tente où il priait, il paraissait tout illuminé d'un divin enthousiasme. Des païens et des chrétiens, quoique de points de vue différents, racontaient les prodiges advenus en faveur de sa fortune[10]. Le soin que prit de bonne heure Constantin de s'entourer toujours de personnages graves, chrétiens ou païens, pénétrés, de quelque part qu'ils vinssent, de pensées religieuses, atteste suffisamment cette préoccupation morale. D'une part, l'évêque de Cordoue, Osius, et Lactance, à qui il confia l'éducation de son fils Priscus ; de l'autre, le néoplatonicien Sopatre, qu'il fit asseoir longtemps à sa droite, et qui le disputa pied à pied à la foi nouvelle ; des écrivains enfin comme Capitolin on Lampride, qui rédigeaient pour lui, d'un point de vue tout païen, l'histoire de ses prédécesseurs, ne manquaient pas de l'entretenir, quoique avec des vues différentes, dans le même ordre d'idées.

Entre ces deux directions contraires, on comprend que le choix de la divinité protectrice, qui présidait à ses destinées, restât longtemps douteux dans l'âme de Constantin, quoiqu'il s'avançât tous les jours progressivement vers le christianisme. La victoire d'Andrinople fit cesser presque toutes ses hésitations. Il ne pouvait guère douter maintenant d'avoir trouvé le Dieu tout-puissant ; et il savait à qui il devait de la reconnaissance. Zonaras[11], Cedrenus et Libanius nous assurent que son changement décisif date de cette époque. On surprend le fait sur le vif dans le préambule de l'édit par lequel, arrivé en Orient, Constantin rend aux chrétiens de ce pays leurs temples, leur liberté, leurs biens. C'est la Divinité, dit-il, qui, me prenant aux bords de l'Océan britannique, où le soleil se couché, m'a transporté victorieux aux contrées du soleil levant, pour que l'humanité frit ramenée à la foi bienheureuse, sous la conduite d'un matte tout-puissant ; et, quelle est cette divinité ? Celle qui seule existe véritablement et qui a établi à travers les âges son inébranlable puissance. Dieu puissant, très-bon et très-grand, c'est toi aussi que je crains et que je révère ; c'est sous ta main puissante que je veux gouverner paisiblement ton peuple, pour l'utilité du monde entier. Que personne donc n'inquiète son prochain, que chacun fasse ce qui lui convient, que chacun aide même son prochain, s'il le peut ; s'il ne le peut pas, qu'il le laisse du moins en paix. Que ceux qui se refusent à la vérité, conservent les temples de l'erreur, puisqu'ils le désirent ; nous, nous habiterons la splendide demeure de la foi, et nous voulons que ceux qui ne partagent pas nos convictions, jouissent comme nous de la concorde universelle. Le grand pontife des religions de l'Empire romain avait, sans le nommer encore, confessé le Dieu qui devenait le sien.

Il ne faudrait pas croire cependant, comme la lecture exclusive d'Eusèbe nous inclinerait à le faire, que Constantin se soit alors livré au christianisme avec une sorte de zèle enthousiaste de néophyte. L'esprit politique et le bon sens de l'empereur ne l'abandonnèrent pas dans cette grande transformation morale. Nombre de partisans de Licinius, qui étaient païens, furent destitués, il est vrai ; le christianisme devint souvent la route de la faveur. Constantin fut loin cependant de ne plus gouverner désormais qu'avec des chrétiens. Le préfet du prétoire, Ablave, qui fit hommage volontiers de sa conscience religieuse à son maître, ne pouvait passer pour un chrétien bien zélé. Les médailles nous apprennent que grand nombre de fonctionnaires païens restèrent en place. Constantin les invita seulement un peu plus tard à ne plus sacrifier en public aux dieux de leurs préférences. Quelques temples souillés par d'obscènes cérémonies, comme ceux d'Aphaque, eu Phénicie, et d'Æge, en Cilicie, furent fermés. Mais une loi de Constantin, qui ordonne de ne pas bâtir sans autorisation de nouveaux édifices, avant que les anciens aient-été terminés, à moins que ce ne soient des temples, nous prouve qu'il ne procéda point encore avec violence. La même prudence semble au contraire présider toujours à cette grande révolution. Pour consacrer le repos dominical du septième jour, on le voit par exemple choisir le jour consacré par les païens, et par lui-même autrefois, à Apollon. En conférant aux prêtres chrétiens le droit de recevoir des legs, il les admet seulement à partager un privilège déjà possédé par les prêtres païens. S'il accorde aux prêtres chrétiens les exemptions des charges à titre onéreux et des magistratures curiales, qu'ils cherchent à fuir comme tant d'autres, il les continue également aux païens par une loi de 335, et prend des précautions pour que ces privilèges, même pour les chrétiens, ne tournent point au profit de la mauvaise foi et au détriment de l'État. Une heureuse inspiration morale cependant, plus efficace à la fois et plus douce, et qui procède de l'esprit nouveau, achève la réforme des lois, commencée déjà un siècle auparavant par le stoïcisme. Toute restriction apportée au célibat, que le christianisme regarde comme un état de sainteté, est abolie. Le rapt et l'impureté sont punis ; l'affranchissement dans les églises est validé ; le régime des prisons est adouci, et la marque au front des condamnés est interdite, afin que, dit la loi, le visage de l'homme, formé à l'image de Dieu, ne soit pas défiguré[12].

En rendant toutes ces lois, dont beaucoup réglaient le culte extérieur ou imposaient aux mœurs les prescriptions morales de la religion nouvelle, Constantin n'agissait pas seulement en empereur, mais en grand pontife : il exerçait encore la plénitude d'autorité qui avait appartenu à ses prédécesseurs sur les choses religieuses comme sur les choses civiles. Le souverain agit cependant en ce sens d'une façon bien plus éclatante dans le concile de Nicée, réuni pour se prononcer au sujet de l'hérésie d'Arius. Cette grande querelle avait transporté dans la théologie chrétienne les distinctions du néoplatonisme sur le Verbe ; elle mettait en cause l'égalité de nature et l'égalité de substance du Fils avec le Père, du Christ avec Dieu, et agitait alors tout l'Orient. Eusèbe de Nicomédie, prélat politique et courtisan, et Eusèbe de Césarée, éminent docteur et écrivain fécond, soutenaient l'opinion d'Arius contre l'éloquent et fougueux Athanase d'Alexandrie. La fureur de dogmatiser descendait des hauteurs de l'Église jusque dans les plus humbles classes de la société ; il n'y avait point en Orient d'assemblée savante ou de groupe d'ignorants où l'on ne dissertât sur ces subtiles questions. Hélas ! dit Constantin étonné aux évêques de cette Église, je comptais sur vous, élevés, nourris au pays de la lumière, pour mettre la concorde entre les dissidents de l'Occident ; et j'apprends qu'il y a entre vous de plus grands dissentiments que ceux qui divisent l'Afrique, et que le pays d'où j'attendais le plus de secours a le plus besoin de remèdes. Éclairé par Musonien sur l'objet de ces querelles, qu'il avait quelque peine à pénétrer, ami de l'ordre et de l'unité avant tout, Constantin crut qu'il lui appartenait de veiller à ce que l'Église ne fût point troublée par de vaines disputes (ne vanis disputationibus omnia in Ecclesia misceantur) ; il en écrivit d'abord sur le ton de l'autorité, à Arius et à Alexandre, évêque d'Alexandrie. Mais il s'aperçut bientôt que le souverain et le pontife n'obtenaient pas, dans ces matières, l'obéissance aisée à laquelle les païens avaient accoutumé ses prédécesseurs ; et, sur le conseil d'Osius, il convoqua le grand concile de Nicée. Il ouvrit lui-même cette assemblée, qui ne s'était rassemblée que sur sa convocation (325) ; il s'assit, du consentement des évêques (episcopis innuentibus), à la première place, écouta Arius et Athanase, les deux fougueux adversaires, ainsi que le conciliant Eusèbe de Nicomédie ; il intervint dans la discussion, au dire des historiens ecclésiastiques de ce temps, et proposa même, selon Eusèbe, le mot de consubstantiel qui devait faire loi[13]

Quand le symbole de la foi de Nicée eut été ainsi rédigé, Constantin ne put se défendre d'un mouvement de satisfaction. Voilà, dit-il en communiquant l'œuvre du concile à toute la chrétienté, ce que j'ai fait avec les évêques, moi qui ne suis que l'un d'entre eux, mais qui me glorifie d'être leur frère dans le service de Dieu. Et dans les agapes qu'il célébra au palais de Nicomédie, avec tous les membres du concile, en réjouissance de ce grand événement : Et moi aussi, dit-il, je suis évêque ; vous êtes évêques pour les choses qui se font au dedans de l'Église ; et moi, Dieu m'a institué comme un évêque pour les choses du dehors. Et il le prouva en promulguant, sous la sanction de son autorité, la décision du concile, . et en rendant une sentence d'exil contre Arius condamné et contre deux évêques partisans de sa doctrine. En cela, tout en passant du paganisme à la religion chrétienne, Constantin était encore le pontifex maximus de l'Empire, titre que d'ailleurs il n'abandonna jamais. Combien ce pouvoir, dans le christianisme, change déjà cependant de nature Il y avait au moins délibération, conseil des intéressés sur les choses de la croyance. Les représentants de la foi chrétienne avaient discuté librement en présence du maître du monde. L'Église, en convertissant l'Empire, lui avait rendu, au moins dans les affaires de conscience, une chose qu'il ne connaissait plus, la liberté ! et une chose qu'on ne connaissait pas encore, la représentation des intérêts de tous par les plus dignes !

L'unité de la foi décrétée, Constantin songea à constituer l'unité du gouvernement. Il se rendit à Rome pour y aviser, à l'occasion de l'anniversaire de la vingtième année de son avènement. Là, cependant, dans la vieille capitale de l'Empire, cet homme, jusque-là si heureux, commit sa plus grande faute. Pour le fêter, le sénat et le peuple romain n'avaient que des cérémonies religieuses et nationales qui étaient en même temps toutes païennes. Il y avait alors divorce du grand pontife souverain avec les sentiments patriotiques qui s'attachaient à des formes vieillies, mais chères aux Romains. Constantin ne monta point au Capitole et ne fit point les cérémonies consacrées ; on l'accusa même d'avoir raillé, d'une fenêtre du palais impérial, les processions solennelles accomplies en son honneur. Le peuple, mécontent, l'accueillit par des huées et fit éclater hautement ses préférences pour son fils aîné, le jeune et brillant Priscus. Il était dans les vieilles habitudes païennes des Romains de flatter complaisamment les héritiers prochains de leurs maîtres, par amour du changement. Une statue de Constantin fut mutilée ; il porta la main à son visage : Cela, dit-il, ne m'a point fait mal. Cependant la blessure fut profonde.

Le palais du premier empereur chrétien, par suite toujours de l'absence de règles fixes dans la transmission du pouvoir, cachait encore de sourdes passions que les empereurs païens avaient bien connues. Constantin avait gardé jusque-là dans une obscurité et une dépendance sévères les fils de son second lit, au nombre de trois. Il avait désigné, comme césar, l'aîné de ses enfants, le fils de Minervina, Crispus, à qui il devait en partie sa victoire contre Licinius. L'Empire paraissait destiné naturellement à l'aîné. Cependant, les trois fils de la seconde femme de Constantin, Fausta, fille de Maximien, traités, peu à peu avec plus d'affection, avaient été décorés aussi successivement du titre de césar. La vieille Hélène, mère de Constantin, avait Crispus pour idole et le soutenait auprès de son fils. La seconde femme de Constantin, la fière et passionnée Fausta, qui avait payé le trône de la mort de son père Maximien Hercule, plaidait par sa présence pour ses enfants. Elle avait déjà rendu suspects à Constantin jusqu'aux succès de Crispus ; elle se servit habilement contre celui-ci des armes que le peuple lui fournit imprudemment. Constantin était encore tout païen par les passions : souverain, il était jaloux de son autorité ; réformateur, il était épris de ses idées. La fille de Maximien, de tragique mémoire, sut peut-être encore irriter l'époux contre le malheureux Crispus. La ville de Rome apprit tout à coup avec effroi que celui-ci avait été saisi, entraîné à Pole, en Istrie, et y avait succombé : par le fer ou le poison, on ne l'a jamais bien su. Le palais était dans la terreur, quand la vieille Hélène, alors absente, revint tout à coup, et redemanda compte de son petit-fils à Constantin, avec l'autorité de l'Age et la passion d'une mère. Les accusations se croisèrent au fond du palais, les scènes se succédèrent avec violence ; éperdu, faible devant sa mère, comme il l'avait été devant sa femme, Constantin crut enfin effacer un crime par un autre : il fit plonger et étouffer sa femme dans un bain d'eau bouillante, et enveloppa encore quelques autres personnages mêlés à ces intrigues, dans cette tragédie, plus terrible que celle des premiers césars païens.

Depuis cette époque fatale, l'aversion de Constantin pour la vieille religion nationale augmenta. Julien et Zosime nous assurent qu'il se précipita dès lors dans le christianisme, comme en désespoir des inexpiables violences qu'il avait commises. Il lui fallut à lui-même une autre résidence, à la religion qu'il préférait, une autre capitale que la ville où il avait laissé son fils, sa femme et la paix de sa conscience. Constantinople, fondée sur l'emplacement de l'ancienne Byzance, aux portes de l'Europe et de l'Asie, sortit en partie de là. Depuis longtemps l'Orient cherchait sa capitale. Déjà Dioclétien avait choisi Nicomédie. Constantin déclara que Dieu lui avait conseillé en songe de préférer les rives du Bosphore à l'ancienne Troade. Cependant, dans la fondation et l'inauguration même de la nouvelle ville, les souvenirs païens se mêlèrent encore aux inspirations chrétiennes. Sopater, philosophe néoplatonicien, et Pra3textatus, pontife, tous deux païens, accompagnèrent Constantin, lorsque, la lance à la main, il traça l'enceinte de la ville. J'irai, dit-il, jusqu'à ce que celui qui est devant moi s'arrête. Attirant des sénateurs de Rome pour composer son sénat de Constantinople, ornant son forum, son amphithéâtre, ses thermes, ses palais, des colonnes, statues et bas-reliefs de temples païens abandonnés, mêlant les églises aux temples, les cérémonies, les inscriptions païennes aux chrétiennes, Constantin fit une capitale d'ordre tout composite. C'était l'œuvre, selon l'expression de l'historien Socrate, d'un christianisme encore hellénisant, Ελληνίσοντος χριστιανισμού. On y vit une église des Douze Apôtres, une de la Sainte Paix (Sainte-Irène), un temple de la Fortune de Rome, un temple de la Cybèle du mont Dyndime, magnæ matris deum, dont on avait, il est vrai, mis les bras dans une posture suppliante. Les statues de Castor et de Pollux se dressèrent dans l'hippodrome. La statue du Soleil, portant la croix sur la tête, se dressa près de la borne milliaire. Dans la cérémonie d'inauguration, dont les fêtes durèrent quarante jours, les soldats, suivant une solennelle procession, revêtus de longues chlamydes. et un cierge à la main, trainèrent, à travers toute la ville, une immense statue de bronze doré, qu'on éleva ensuite sur la belle colonne de porphyre venue de Rome, qui était au milieu du forum. C'était un Apollon enlevé à Héliopolis, mais qu'on avait transformé en un Constantin ; on lui mit un sceptre d'or et une boule du monde aux mains, et une auréole radiée autour de la tête, avec ces mots : Constantino solis instar fulgenti. Au-dessous de cette statue on avait scellé, d'après les oracles sibyllins, le palladium de Rome. Ce fut devant cette statue que les successeurs de Constantin, d'après un édit, durent, le jour de l'anniversaire de cette inauguration, venir se prosterner. Par toutes ces cérémonies, qui étonnent notre excellent Tillemont, l'ancien adorateur du dieu-soleil ne demandait-il point à l'avance encore comme l'apothéose d'Apollon-Constantin[14] ?

Pendant qu'on bâtissait sa capitale, Constantin acheva de constituer la monarchie, conséquence de la victoire du christianisme aussi favorable à l'établissement du pouvoir d'un seul, que le paganisme avait favorisé jadis le gouvernement républicain aristocratique. Le remplacement, sur les enseignes militaires, des initiales consacrées de Senatus populus que Romanus, par le monogramme du Christ, fut le signe évident de cette grande transformation. Le diadème continuellement porté par l'empereur, l'hommage de l'adoration, l'étiquette de cour encore augmentée, le conseil privé ou consistoire sacré remplaçant décidément le sénat, en furent les principaux caractères. Au lieu de diviser l'Empire, Constantin fragmenta l'administration pour conserver davantage l'unité de gouvernement. Ainsi quatre préfets suffirent, au lieu des quatre empereurs de Dioclétien, dans les quatre grandes divisions de l'Empire ; une refonte générale de l'armée dans le sens monarchique acheva la séparation des fonctions civiles et des fonctions militaires, déjà commencée par Dioclétien. Constantin créa autant de maîtres généraux de la milice que de préfets du prétoire, avec des maîtres d'infanterie et de cavalerie sous leurs ordres. Par la séparation complète des piétons et des cavaliers, et par une réduction de 6.000 à 1.500 hommes, la vieille légion fut détruite ; et l'armée, hiérarchisée, par une division nouvelle, en troupes palatines ou troupes d'escortes, richement armées et richement payées, et en troupes des frontières, sous des ducs ou des comtes, avec plus de fatigues et moins d'argent, resta, sous la main de l'empereur, en garnison dans l'intérieur ou dans tes camps aux extrémités.

Après avoir ainsi divisé, délégué l'autorité, Constantin la rattacha, en la concentrant, au conseil ou consistoire sacré, composé du grand chambellan, du maître des offices, du questeur du palais, des comtes des largesses et comtes des domestiques, officiers privés, élevés maintenant au rang de ministres d'État, et chargés de la haute direction de l'administration, de la justice, de la police, des finances, et du commandement des gardes palatines. Les préfets du prétoire, les maîtres de la milice, et tous les fonctionnaires inférieurs dépendirent de ce vrai conseil de ministres. Il ne s'agissait plus que de rattacher tous les sujets de l'Empire, par une sorte d'aristocratie, à un pouvoir élevé si haut, afin qu'il n'y dît point un abîme entre eux et le maître. Ce fut l'œuvre particulière de Constantin.

Constantin, se servant habilement des titres inventés par la flatterie, en faveur des puissants ou des riches du régime, depuis que la vieille noblesse républicaine avait disparu, tenta de rattacher cette noblesse nouvelle à la conservation, à l'ordre de l'Empire, par la gradation officielle qu'il établit entre ses rangs. Dans cette divine hiérarchie, chaque titre répondit désormais à des fonctions, à des privilèges et à des honneurs ; la noblesse forma un corps dont les intérêts, la fortune, la vie, dépendirent de l'Empereur. Après les princes du sang, parés du titre de nobilissimes, les conseillers de l'empereur, ses ministres d'État, remplacèrent les anciens patriciens sous le nom de patrices ; au-dessous d'eux, on choisit les différents fonctionnaires des ordres militaire et civil parmi les illustres, les respectables, les perfectissimes ; et l'on donna à ceux qui étaient revêtus de ces titres certains privilèges judiciaires, certaines exemptions d'impôts, et des emblèmes qui correspondirent au caractère de leurs fonctions. Il n'y eut pas jusqu'aux sénateurs des petites cités, jusqu'aux curiales ; dont Constantin ne cherchât à constituer une sorte de petite noblesse bourgeoise et locale, en. les parant des titres d'honorables ou de parfaits. Toujours préoccupé d'idées mystiques qu'il empruntait maintenant au christianisme, Constantin imitait, dans cette divine hiérarchie, la céleste noblesse des saints, bienheureux, anges, archanges, séraphins, trônes et dominations de l'empire des bienheureux.

Eusèbe de Césarée, historien courtisan du règne, put admirer alors à son aise Constantin dans sa nouvelle capitale, entouré d'un domestique aussi nombreux que les moucherons dans l'air un soir d'été, rehaussé par l'entourage de la plus haute noblesse, défendu par des officiers, des gardes brillants, dans tout l'éclat de sa puissance orientale. La vieillesse de Constantin eut .en effet de quoi faire illusion. Quelques années avant sa mort, il reçut, le diadème sur la tête, dans ses ornements impériaux de pourpre, de soie et d'or, au milieu des splendides salles de son palais situé sur le Bosphore, les ambassadeurs du roi de Perse, cet éternel rival des empereurs, du roi d'Arménie récemment converti au christianisme, et les présents apportés par ceux de l'Inde et de la Nubie, noircis par le soleil, et ceux de la Germanie à la blonde chevelure. Le souverain, en effet, était en paix avec les rois et les peuples voisins ; et nul rival, au sein de l'Empire, n'osait lui disputer le brillant diadème que portail avec honneur sa verte vieillesse, après vingt-cinq ans de règne. Cependant, Constantin ne fondait là que le Bas-Empire ; il s'éloignait des mœurs occidentales comme il reculait à Constantinople le centre de l'Empire ; et, en réformant l'œuvre d'Auguste, de Trajan, de Septime Sévère, il ne la perpétua que dans le futur empire de Byzance.

Un des derniers actes politiques de Constantin semble indiquer qu'il avait peu de confiance lui-même, à la fin, dans la durée de l'unité de l'Empire. Lui qui avait consacré sa vie à rétablir la domination d'un seul, il partagea l'Empire, dix-huit mois avant sa mort, entre ses trois fils, Constantin, Constance et Constant, et fit même une part à deux de ses neveux, Annibalien et Dalmace. Croyait-il ne point laisser après lui d'héritier capable de supporter seul, comme lui, le fardeau de tout l'Empire ? Ne sentait-il pas que le luxe nouveau, oriental, introduit à la cour, la nécessité d'entretenir et d'embellir deux capitales, le dédoublement des fonctions, les exemptions nombreuses accordées aux fonctionnaires, au clergé, à la noblesse, en poussant à l'augmentation des anciens impôts et à la création de nouveaux, tels que le follis senatorius sur les sénateurs, et le chrysargire sur le commerce, risquaient de faire tourner seulement le perfectionnement administratif à l'épuisement du contribuable et à l'oppression commune ? Notre excellent Tillemont, cédant à l'autorité irrécusable d'écrivains des deux religions, avoue que Constantin, sur la fin de sa vie, laissa autour de lui un champ trop libre à des hommes indignes de sa confiance, qui en profitèrent pour s'enrichir de ses faveurs et augmenter le malaise. Toujours est-il que Constantin sentit le besoin, en multipliant encore les souverains, de les rapprocher davantage de leurs agents et de leurs sujets ?

Avait-il au moins réussi à constituer l'unité religieuse et morale, garantie de l'autre ?

A mesure que Constantin avança en âge, les préoccupations religieuses et surtout chrétiennes prirent tous les jours plus d'empire sur son esprit, plus de place dans

l'emploi de son temps. Vers la fin de son règne, il interdit d'abord aux fonctionnaires civils et militaires d'accomplir les sacrifices païens. Pour les soldats particulièrement, il remplaça le pervigilium par l'office de matines, et il rédigea une prière nouvelle qui avait encore cependant, par une dernière précaution, un caractère plus monothéiste que chrétien, et qui s'achevait en recommandant le prince au Dieu un et roi de la création. La Bible devint sa lecture favorite ; les sujets religieux étaient comme à l'ordre du jour dans la compagnie de ses amis spirituels. Il rie se faisait pas faute quelquefois de sermonner ses serviteurs, ses officiers, non-seulement sur les fautes qu'ils pouvaient commettre dans leurs fonctions, mais sur celles de leur vie privée. Le christianisme commença à se propager tantôt par des menaces, tantôt par des faveurs. Constantin brisa assez rudement les liens qui l'attachaient au paganisme, en sacrifiant l'ancien confident de ses doutes païens, le néo-platonicien Sopatre, qui périt accusé de magie. Il rendit enfin contre le culte païen une ordonnance d'interdiction qui ne fut cependant pas exécutée à la lettre, mais qui amena la fermeture ou la destruction d'un certain nombre de temples[15].

Évêque du dehors, dans le sein même de la religion chrétienne qui devenait sienne, Constantin remplit-il ces fonctions avec autant de constance que de zèle ? Le symbole de Nicée avait été promulgué solennellement par Constantin, mais non pas universellement obéi, accepté. Si Athanase avait de la peine à l'imposer à Alexandrie et dans son diocèse, à plus forte raison trouvait-il des résistances en Asie. Les deux Eusèbes de Nicomédie et de Césarée, qui l'avaient signé avec tant de répugnance, qui depuis expliquaient leur adhésion et commentaient le texte du symbole, favorisaient toujours Arius et ses partisans, et s'efforçaient de faire rentrer leur personne et leur doctrine en grâce auprès de Constantin. Ces deux prélats y réussirent enfin, en transportant le débat, des principes sur les personnes. Ils accusèrent d'intolérance leurs adversaires, entre autres l'évêque d'Antioche, Eustathe, et surtout Athanase. Las de toutes ces discussions, Constantin rappela sur leurs sièges Eusèbe et Théognis, qu'il en avait chassés, fit déposer Eustathe par un concile d'Antioche, convoqua des évêques à Césarée, à Tyr, et enfin à Constantinople, pour informer de nouveau sur cette doctrine tant débattue. Là, en juge souverain des personnes et des choses religieuses, il écouta Athanase, interrogea Arius, accepta la profession de foi mitigée de celui-ci ; tandis qu'il envoyait Athanase en exil à Trèves, il autorisa enfin, dans une cérémonie solennelle, à Constantinople, la réconciliation publique d'Arius, qui aurait eu lieu sans la mort subite de celui qui avait ainsi troublé toute l'Église orientale.

Ce fut au milieu de ces tristes débats qu'une maladie mortelle atteignit Constantin à l'âge de soixante-six ans. Il n'était encore que catéchumène et n'avait franchi que le premier degré de l'initiation chrétienne. Beaucoup de chrétiens différaient alors encore la cérémonie du baptême, à laquelle ils attachaient une sorte d'efficacité purifiante, jusqu'à un âge assez avancé, attendant quelque solennelle occasion. Constantin sentit enfin le besoin de ce secours divin, consolateur, après une vie remplie de grandes et de tragiques actions, et à la veille de sa mort. Il avait espéré accomplir ce grand acte, comme le Christ, dans les eaux du Jourdain. La maladie le surprit avant qu'il pût accomplir son projet ; il manda auprès de lui Eusèbe de Césarée. Cet évêque versa l'eau du baptême sur cette tête qui avait fait pendant trente-trois ans les destinées du monde. Après la cérémonie, Constantin garda ses vêtements blancs, fit tendre son lit de blanc, et dit à ceux qui étaient là que si Dieu lui accordait la guérison, pendant tout le reste de sa vie il prendrait part à toutes les prières et à toutes les cérémonies de l'Église. Ce fut dans ces sentiments que la mort l'emporta, le 22 mai 337[16].

Tel fut Constantin, personnage fort mêlé au point de vue politique et moral : excellent fils, meurtrier de son beau-père, de son fils et de sa femme, fondateur d'une nouvelle Rome, après avoir porté un coup sensible à l'ancienne, réorganisateur de l'Empire sans l'avoir réformé, assez habile pour abandonner de bonne heure le paganisme, pas assez croyant pour embrasser aussi vite le christianisme, maître des autres dans les affaires religieuses comme dans les civiles, pas toujours maitre de lui, président du concile de Nicée et mourant dans les bras d'un Arien mitigé. Il vécut sur la limite de deux mondes : en lui finissent les crimes du paganisme et commencent les vertus chrétiennes. L'histoire ne saurait être cependant plus sévère pour lui que cette mère indulgente qui l'a adoptée, et qui l'honore comme son fondateur, sans le révérer comme un saint. Pour le juger équitablement, elle regarde plus à ce qu'il a voulu qu'à ce qu'il a fait, et elle mesure ses mérites moins au succès qu'à l'effort.

 

 

 



[1] Eutrope, X. — Victor, Epit. 40 et 41. — Zonaras, XII. — Pan. Vet., VI, 4, 8.

[2] Vict., Epit., 40. — Lact., Mort. Pers., 31-35. — Eus., Hist. eccl., VIII, 16, 17. J'ai dû être heureux, pour traiter cette dernière partie de mon sujet, d'avoir souvent sous les yeux le récent livre de M. de Broglie : l'Empire romain et l'Église au quatrième siècle.

[3] Eusèbe, Vie de Constantin, I, c. 7.

[4] Comparez l'expression d'Eusèbe Θεοσημία avec le mot ordinaire Διοσημεΐον.

[5] On sait qu'Eusèbe ne parle de l'apparition de la croix que dans sa Vie de Constantin et point dans son Histoire ecclésiastique. Les détails du songe ne concordent pas dans Lactance et dans Rufin. — Eusèbe, Vie de Const., I, c. 27. — Lact., Mort. Pers., c. 44. — Rufin, Hist. eccl., l. IX, c. 9.

[6] Eusèbe, Hist., I, IX, c. 9. — Vit. Const., I, c. 40.

[7] Eusèbe, Hist. eccl., X, 5. — Lact., Mort. Pers., 48. Voir Mosh., Hist. eccl. sœc., IV, p. I, p. 144. — Niander, Allq. gesch. d. Christ. rel. und Kirche, p. II, p. 405.

[8] Cod. Théod., l. IX, tit. 16, 1, 2, 3 ; l. XVI, tit. 10, 1, 11, 1, 5.

[9] Eusèbe, Vit. Const., II, 6.

[10] Eusèbe, Hist. eccl., IV, 5. — Socr., I, 48. — Jorn., De reb. get., c. 26. — Zonaras, XIII, p. 8. — Pan. Vet., IX, 14.

[11] Zon., XIII, p. 10. — Cedren., p. 272. — Lib., De templis.

[12] Cod. Théod., XII, tit. 5, I, 2 ; XVI, tit. 2, 1, 3, 6, 7 ; tit. 5, 1, 3 ; tit. 8, 1, 2, 3 ; tit. V, 1, etc., etc. Pour les monuments et inscriptions, collect. Orelli, éd. G. Henzen, n° 2352, 2353.

[13] Eusèbe, Vit. Const., III, 13. — Socrate, Hist. eccl., 1, 5. — Sozomène, Hist. eccl., I, 19.

[14] Ernst von Lasaux, Der Untergang des Hellenismus, Band., p. 13, 43, 98, 99. — Chron. Alex., Ed. Cang., p. 285. — Tillemont, Hist. des emp., IV, 652 et 53.

[15] Eusèbe, Vit. Const., II, 44, 45 ; III, 54 ; IV, 20, 23. — Sozomène, l. c., 8. — Cod., VII, titr. 2, 1, 2.

[16] Eusèbe, Vit. Const., IV, c. 62.