Le royaume de Jérusalem, tel que les princes croisés l’avaient constitué au profit du plus illustre d’entre eux, offrait de frappantes analogies avec l’organisation de la France à cette époque, depuis l’avènement des Capétiens. C’était une sorte de confédération de tenures féodales, toutes de même nature, sinon de même rang, et à la plus importante desquelles était joint le titre de roi. Dans ce royaume, le domaine propre de Godefroi ne comprenait que la seigneurie de Jérusalem[1], de laquelle relevaient, comme grands fiefs, le comté d’Édesse et la principauté d’Antioche ; mais cette dépendance était de pure forme, et en réalité Baudouin et Boémond jouissant, de par les coutumes féodales, de la plénitude des droits de souveraineté chacun dans leur seigneurie, se trouvaient beaucoup plus puissants que leur suzerain nominal, investi d’un territoire fictif qui restait presque tout entier à conquérir. Si, en effet, les limites officielles du royaume étaient déjà au nord le ruisseau coulant entre Baïrouth et Gabala, en Phénicie, et au midi, le désert situé au delà de Daroun, du côté de l’Égypte[2], il s’en fallait de beaucoup que Godefroi régnât réellement sur toute cette étendue de pays. Il n’y possédait guère, outre sa capitale, qu’une vingtaine de villes ou bourgs, disséminés parmi des forteresses infidèles. Gardant seulement auprès de sa personne les quelques officiers domestiques qui composaient sa cour ducale, le sénéchal Baudri, le chambellan Stabulon et le bouteiller Winric[3], il avait partagé entre tous ses autres vassaux la partie de la Syrie déjà soumise aux armes chrétiennes, et intéressé chacun à la défense de son fief par une concession faite en faveur de tous les héritiers, à titre quelconque, du premier investi. C’est bien plus tard, en effet, et après que la conquête parut suffisamment consolidée, que les lois de la chrétienté d’Orient devaient admettre le principe européen de restreindre ces concessions aux seuls héritiers légitimes, aux hoirs de femme-espouse[4]. Au début, on se préoccupait surtout de récompenser ou de provoquer le plus de dévouements possible, et Godefroi ne négligea ni les moyens d’attraction ni les garanties de prospérité individuelle, qui sont la source et les éléments nécessaires de la bonne colonisation. D’ailleurs l’inféodation de la Judée semble s’être accomplie avec un tact et une régularité admirables, et il faut, comme le remarque un jurisconsulte moderne, que l’équité la plus sévère ait présidé à la distribution des villes, des châteaux et de tous les domaines de cette riche contrée, puisque l’histoire n’a enregistré aucune plainte, aucune récrimination contre un acte aussi difficile à exécuter[5]. L’œuvre n’éprouva point, du reste, de difficultés sérieuses de la part de la population indigène. C’est que le régime inauguré par ses nouveaux maîtres ne tranchait pas autant qu’on pourrait le croire avec les institutions musulmanes auxquelles elle était habituée. A part la différence de religion et le grand contraste qui en résultait dans les mœurs, l’édifice social conservait la même physionomie. Les Syriens avaient toujours vu, sous la domination des Sarrasins, l’esprit militaire base et loi de tout le système gouvernemental, les chefs hiérarchiquement subordonnés, et la classe rurale soumise à peu près aux obligations qui pesaient sur le servage d’Occident[6]. Pour eux donc, le changement était peu sensible et, du reste, tout à leur avantage. Malheureusement, comme on l’a dit, la presque totalité du sol réputé conquis était encore occupée par des musulmans de toutes races, ennemis implacables de l’établissement chrétien ; les garnisons, isolées au milieu d’eux, se trouvaient placées dans de véritables coupe-gorge. Non seulement ces Sarrasins refusaient de cultiver la terre pour leurs vainqueurs, mais ils leur faisaient plus ou moins ouvertement une guerre de brigands : ils les arrêtaient sur les chemins, lés tuaient ou les vendaient aux marchands d’esclaves ; et souvent même ils venaient en force jusque dans les maisons des villes commettre des assassinats nocturnes. Le dégoût d’une existence aussi précaire engagea beaucoup de seigneurs latins à quitter leurs belles tenures et à retourner en Europe, avec te dessein de revenir quand le pays offrirait plus de sécurité. Le roi, qui avait besoin de tous ses soldats, prit une mesure énergique pour arrêter cette espèce de désertion. Il rendit une loi qui assurait la propriété de tout domaine à celai qui y aurait séjourné pendant un an et un jour consécutivement, et déclarait l’ancien possesseur déchu de ses droits après une absence de même durée[7]. Dès qu’il eut donné les premiers soins indispensables à l’administration, ou, pour mieux dire, à la transformation politique de son nouvel État, il s’appliqua à en étendre les frontières. Il marcha d’abord contre la ville d’Arsouf, qui, ayant recouvré ses otages, venait de se révolter et lui refusait le tribut convenu. L’armée royale ne se composait alors que de trois mille hommes, ayant pour principaux capitaines, sous le commandement général de Godefroi, Garnier de Gray, Guillaume de Montpellier, Guillaume le Charpentier et Wiekar l’Allemand[8]. Elle mit sept semaines à faire ses travaux d’investissement et à construire ses engins de siége. Pendant ce temps, des émirs musulmans, descendus des montagnes de Samarie, vinrent an camp des chrétiens, soue prétexte d’offrir des présents au roi de Jérusalem, mais plutôt pour juger de ses forces. Ils trouvèrent le héros assis au fond d’une tente modeste sur une botte de paille. Hé quoi ! se dirent-ils entre eux dans leur langage, est-ce là ce puissant prince qui a changé la face de l’Orient ? Aucune pompe, pas le moindre insigne de sa dignité, pas de tapis sens ses pieds, pas de tentures de soie au-dessus de sa tête, pas de gardes l’entourant l’épée à la main, pour faire trembler devant lui les mortels ! L’austère baron du Saint-Sépulcre, s’étant fait expliquer la cause de leur étonnement, répondit : La terre n’est-elle pas un siége suffisant pour l’homme, puisque après sa mort elle doit être sa demeure ? Ce spectacle, ces paroles, frappèrent étrangement les visiteurs, habitués au faste orgueilleux des potentats de l’Asie. On en fit grand bruit parmi les musulmans des environs, et l’on redouta encore davantage ce mystérieux chef étranger, qui comprenait si bien le néant de la vie et qui en faisait si peu de cas[9]. Cependant les habitants d’Arsouf essayèrent de déjouer par un stratagème horrible l’attaque des assiégeants. Au moment où les projectiles commencèrent à battre leurs murailles et à voler dans la place, ils dressèrent un grand mât devant le rempart, à l’endroit le plus exposé, et y suspendirent, pieds et poings liés, Gérard d’Avesnes, l’otage des chrétiens. L’infortunée victime de ce raffinement de barbarie, apercevant à une faible distance le roi de Jérusalem, lui cria d’une voix lamentable : Monseigneur, souvenez-vous que c’est vous qui m’avez envoyé en exil parmi ces hommes impies. Ayez pitié de moi, et ne me laissez pas subir ce cruel supplice. Mais le prince, imposant silence aux sentiments de son propre cœur, avec cette fermeté presque inhumaine que commande parfois la conscience des grands devoirs et des responsabilités suprêmes, ne put que répondre tristement à son féal chevalier : Gérard, vaillant homme, il m’est impossible de vous secourir et d’épargner cette ville à cause de vous. Fussiez-vous mon frère, comme Eustache, je ne saurais vous délivrer à ce prix ; il faut donc que vous mouriez, et mieux vaut que vous mouriez seul plutôt que de servir de sauvegarde à ce repaire rempli d’ennemis des pèlerins ; car en perdant la vie présente il vous sera donné de vivre avec Jésus-Christ dans les cieux[10]. Gérard se résigna. Il demanda seulement à son seigneur, comme grâce dernière, d’offrir au saint sépulcre son cheval et ses armes, qu’il donnait, dit- il, pour le salut de son âme aux défenseurs des saints lieux. Après avoir entendu ce testament héroïque, Godefroi détourna les yeux et, le désespoir dans l’âme, ordonna de poursuivre vigoureusement l’attaque. Un ouragan de flèches et de pierres fondit sur la ville, et le corps du martyr, effroyablement ballotté, disparut bientôt au milieu de cette tempête. Malheureusement son sacrifice devait être inutile. Deux fois le feu grégeois détruisit tout le matériel des assiégeants, et causa dans leurs rangs de grands ravages et une consternation plus grande encore. Godefroi sut rendre l’ardeur, mais non la victoire ; à ses troupes par des exhortations et des apostrophes passionnées : Hommes misérables et inutiles, leur criait-il un jour en les voyant mollir, pourquoi donc avez-vous quitté votre pays et vos familles, si ce n’est avec l’intention de vous immoler pour le nom de Jésus et pour la rédemption de la sainte Église ? Ce peuple conspire contre Jérusalem, et vous voulez partir sans l’avoir dompté ! Faites au moins pénitence ici des vices et des iniquités par lesquels vous avez offensé Dieu pendant l’expédition... ; purifiez-vous de vos fautes, et rendez-vous ainsi le Seigneur favorable, car sans cela vous ne réussirez en rien[11]. Le courage ne put triompher des ressources de l’art dont disposait l’ennemi, et des rigueurs croissantes de l’hiver. Le roi fut encore obligé de lever ce siége : il rentra à Jérusalem vers le milieu de décembre, laissant à Ramla cent chevaliers et deux cents fantassins, chargés de harceler la garnison d’Arsouf. La présence de ce petit détachement, bonne tout au plus à dissimuler la honte d’une retraite en la colorant des apparences d’un projet de retour offensif, ne produisit aucun résultat ; et l’arrière-garde vint aussi, peu de jours après, prendre ses quartiers dans la capitale. En ce temps-là, Baudouin d’Édesse et Boémond d’Antioche, s’étant donné rendez-vous pour achever ensemble leur pèlerinage et venir célébrer en Judée les fêtes de la Nativité du Sauveur, étaient en marche le long des côtes de Syrie. Ils avaient trouvé à Laodicée un renfort considérable de croisés d’Italie, conduits par l’archevêque de Pise, Daïmbert, que le souverain pontife avait institué son légat outremer. Le prélat et les deux princes, avec toute leur suite qui s’élevait à vingt-cinq mille hommes, arrivèrent aux approches de Noël[12]. Le roi alla au-devant d’eux en procession, à la tête de ses vassaux et du clergé : il les accueillit magnifiquement et accabla son frère Baudouin des marques de sa tendresse. Les nouveaux venus se rendirent à Bethléem, le 25 décembre, pour y faire leurs oraisons aux lieux où la douce Dame qui fut vierge après son enfantement enveloppa d’un drapelet son fils et l’allaita du lait de son sein[13], puis ils se réunirent en conseil à Jérusalem, avec les barons de la Terre-Sainte, pour s’occuper des intérêts du royaume. Leur premier soin fut de pourvoir à la vacance du patriarcat, administré provisoirement par le chancelier du saint sépulcre. Daïmbert, par le titre qui l’accréditait comme représentant du souverain pontife, se trouvait tout naturellement désigné pour occuper ce poste éminent : il obtint l’unanimité des suffrages. Quand il eut été intronisé, Godefroi voulut recevoir de lui la consécration religieuse qui manquait encore à son pouvoir. Il s’agenouilla devait le prélat et le requit humblement de lui donner l’investiture du royaume, prêtant ainsi hommage à Jésus-Christ, comme suzerain, en la personne de son vicaire[14]. Boémond et Baudouin accomplirent pour leurs tenures respectives la même cérémonie, qui plaçait dans la mouvance, c’est-à-dire dans la dépendance féodale du saint-siège apostolique toutes les conquêtes des croisés en Orient. Telle avait été, dès le début, l’opinion de Godefroi sur la mission qui lui avait été confiée. Il avait nettement défini la nature et les limites du rôle qu’il entendait remplir, en s’intitulant lui-même avoué du saint sépulcre ; car l’avoué, en Europe, n’était que le défenseur séculier de la propriété ecclésiastique. Cependant le partage de l’autorité ne put se faire, parait-il, sans quelques débats entre le patriarche-légat et le dépositaire de la puissance temporelle : tant les ambitions humaines, même dans le domaine qui semble y être le moins accessible, sont âpres et difficiles à concilier. Les prétentions de Daïmbert, il est vrai, ne laissaient pas que d’être assez fortes. Après avoir réclamé la sainte cité de Jérusalem et la forteresse de la ville (tour de David), il voulut encore posséder Joppé et ses appartenances, disant que ces choses étaient droiturières de l’église du Sépulcre. Le duc, qui était humble et craignant Dieu, finit par céder à ses exigences. Le jour de la Chandeleur, en présence du clergé et du peuple, il lui abandonna à perpétuité le quart de la cité de Joppé ; puis, le jour de Piques, devant tous ceux qui étaient rassemblés pour la fête, il lui céda également Jérusalem et la tour de David, sous cette seule réserve qu’il tiendrait les cités et la terre d’alentour jusqu’à ce que, par l’aide de Notre-Seigneur, il eût conquis sur les Turcs deux autres cités qui agrandissent d’autant son royaume. Que s’il mourait auparavant, sans hoirs, toutes ces choses devaient passer, sans contredit, aux mains du patriarche[15]. Guillaume de Tyr, à qui sont empruntée ces détails, affirme que telle est l’exacte vérité sur cette question tant controversée de l’établissement d’une théocratie politique à Jérusalem par Godefroi de Bouillon, et il ajoute que ces concessions furent toutes spontanées de la part du prince, car les barons qui conquirent la cité la donnèrent au duc si franchement, qu’ils voulurent que personne n’y eût au- dessus de lui nulles droitures, mais qu’il la tint sans en faire à autrui aucune révérence. C’est probablement dans cette assemblée, la seule qu’il présida, de tous ses feudataires, que Godefroi promulgua son code de lois, si célèbre sous le nom d’Assises de Jérusalem. Les assises, dans la langue du temps, c’était précisément la réunion des vassaux autour du suzerain dont ils formaient la cour. Celles qui eurent lien à Jérusalem au commencement de janvier, l’an 1100, ne durèrent qu’une huitaine de jours. Ce n’était pas assez pour composer un recueil de lois ; aussi les seigneurs ne firent que sanctionner l’œuvre préparée par le roi. Celui-ci, dès son avènement, s’était préoccupé de donner une législation aux colonies chrétiennes dont il était le chef. C’était une entreprise aussi urgente que difficile, à cause des éléments multiples et disparates de la société qu’il avait à policer. En outre de son armée féodale, il comptait parmi ses sujets des Arméniens, des Grecs, des Juifs, des Arabes, des renégats de toutes les religions et des aventuriers de tous les pays. L’État confié à ses soins était comme un heu de passage, et n’avait pour appui et pour défenseurs que des voyageurs et des étrangers. Il était le rendez-vous et l’asile des grands pécheurs, qui y venaient pour fléchir la colère de Dieu, et des criminels qui se dérobaient à la justice des hommes[16]. Il fallait donc faire des règlements applicables à tous les peuples d’Europe représentés dans cette société flottante. A cet effet, le roi avait chargé quelques clercs instruits de recueillir auprès des pèlerins de différentes langues des renseignements sur les coutumes de leurs pays. Aucune nation n’avait alors de code écrit ; les seigneurs justiciers faisaient partout la loi à leur guise et ne rendaient compte à personne de leurs jugements arbitraires ; mais l’usage avait introduit dans leurs sentences une certaine uniformité, et il en résultait des jurisprudences locales appelées Coutumes de telles ou telles régions. Ces sources du droit féodal prirent corps dans l’enquête des commissaires de Godefroi, et ce sont les cahiers où elles étaient consignées qui furent soumis à l’examen des princes croisés. Godefroi, de l’avis de ses conseillers, choisit dans chacun des mémoires ce que bon sembla, et en fit assises et usages que l’on deust tenir et main tenir et user ou (au) roiaume de Jérusalem[17]. Ce code, fruit d’un patient travail d’analyse et de critique, offrait, sur toutes les matières civiles et criminelles dévolues à la compétence des tribunaux laïques[18], le résumé le plus complet des idées et des lois du monde féodal ; et comme la croisade avait été une entreprise éminemment française, les Assises de Jérusalem, inspirées par les coutumes de nos pères comme elles furent rédigées dans leur langue, reproduisent une fidèle image des institutions en vigueur dans notre patrie avant la révolution des communes et les premiers développements de l’autorité royale des Capétiens. Elles consacrent deux juridictions distinctes, attendu, comme l’observe l’ancien jurisconsulte qui nous en a transmis la version aujourd’hui classique, que les hauts hommes ne doivent pas être menés comme bourgeois, ni bourgeois comme chevaliers[19]. Il y avait pour les nobles une haute cour présidée par le roi assisté de ses vassaux-liges. Cette haute cour, dont tous les gentilshommes étaient justiciables pour leur personne et pour leurs fiefs, était destinée à devenir peu à peu une espèce de conseil politique du souverain, exerçant un contrôle actif sur son administration et sur les prérogatives de sa charge. La juridiction inférieure, que le progrès des temps érigea en cour des bourgeois, était le tribunal des hommes libres et non nobles, de ce qu’on appelait dans l’armée de la croisade le commun peuple, gens de métiers établis en Terre-Sainte après la conquête, ou qui n’y séjournaient qu’en passant, en accomplissant un pèlerinage ; car les lois du nouveau royaume s’appliquaient non seulement aux colons fixés à demeure, mais encore à totes manières de genz alanz et venans. Le plaid des roturiers était, conformément au principe général du moyen âge, porté devant une sorte de jury, composé des pairs du, justiciable, c’est-à-dire d’un groupe de roturiers de la cité les plus loyaux et les plus sages qui y fussent. La cour était présidée et la sentence prononcée par le vicomte de Jérusalem. Vicomte était, en France, le titre ordinaire des officiers délégués par les seigneurs terriens dans l’intérieur de leurs villes, pour y rendre la justice en leur nom, y percevoir les impôts, commander les milices et faire des règlements d’ordre public, d’accord, et souvent aussi en parfait désaccord avec les municipalités électives. Une charte particulière contenait les préceptes relatifs à l’administration de la justice dans chacune des deux cours. Ces documents furent écrits par les scribes royaux chacun en plants lettes tonnées (majuscules gothiques) ; et la première lette dou commencement estait enluminée d’or, et totes les rubriches estoient escrites en vermillon[20]. Au bas de l’une et de l’autre, on suspendit les sceaux et contre-sceaux du roi, du patriarche et du vicomte de Jérusalem ; puis ils furent enfermés dans un coffre en l’église du Saint-Sépulcre : ce qui leur fit donner le nom de Lettres dou Sépulcre. Ainsi ces codes ne furent point l’objet d’une promulgation véritable. La publicité, par conséquent la fixité des lois n’étaient point dans l’esprit des gouvernements du moyen âge. En rédigeant les recueils dont on vient de parler, le baronnage d’Orient eut tout simplement pour but de prendre conscience de lui-même, et d’ériger en théorie ses usages, ses goûta et ses besoins. Il n’entendait pas par là limiter son pouvoir souverain en matière de jurisprudence. L’œuvre ne devait être accessible qu’aux seigneurs et aux chefs de la bourgeoisie, et l’on prit des mesures pour ne point livrer les lois fondamentales de la société à la connaissance de la multitude et à la critique des juristes. Tel était le préjugé des classes dirigeantes d’alors. Mystérieusement conservé, comme une relique, au fond du sanctuaire, le texte unique des Lettres du Saint- Sépulcre ne devait être consulté qu’eu présence de neuf personnes, qui étaient : le roi ou un de ses grands officiers, deux de ses hommes liges, le patriarche, deux chanoines, le vicomte de Jérusalem et deux jurés de la cour basse. Aussi, n’ayant jamais été copié, il périt, emportant toute trace du monument législatif de Godefroi de Bouillon, lors de la prise de Jérusalem par Saladin, le 2 octobre 1187 ; et la compilation connue de nos jours sous le nom d’Assises de Jérusalem n’est qu’un commentaire du code primitif, rédigé au XIIIe siècle, par un comte d’Ascalon[21], sur des traditions orales et d’après une jurisprudence qui n’en présentait uns doute que le développement plus ou moins altéré et surchargé d’innovations judiciaires. D’après les principes de la féodalité, tout seigneur était souverain justicier de sa terre, et libre, par conséquent, de ne pas suivre dans ses assises particulières la coutume en vigueur chez son suzerain. Ainsi les préceptes contenus dans les Lettres du Saint-Sépulcre ne furent exécutoires que pour la principauté de Syrie, et les grands fiefs d’Édesse et d’Antioche n’y furent point soumis[22]. Godefroi accorda aussi à quelques-uns des vassaux de son domaine le droit de cour, coin et justice, c’est-à-dire le droit de tenir des assises, de sceller des arrêts et de prononcer des sentences. Mais ces tribunaux secondaires ne furent que des succursales des deux cours établies à Jérusalem : ils devaient appliquer la même jurisprudence, et le roi se réservait toujours la faculté de les présider et d’y amener un plus ou moins grand nombre de ses hommes liges. Les émigrants occidentaux, dont les mœurs et les besoins avaient inspiré le système judiciaire dont on vient de parler, ne formaient que la moindre partie de la population du nouveau royaume ; et Godefroi eut à donner aussi des institutions à ses sujets indigènes. Il existait en Palestine lors de la conquête, dit M. Beugnot, deux classes de personnes : la classe agricole, dont la situation ressemblait beaucoup à celle des serfs d’Europe, et une classe supérieure, qui habitait les villes et les bourgs. Les conquérants purent sans danger appliquer à la classe agricole la portion de leurs lois qui se rapportait au servage ; mais la classe supérieure exerçait trop d’influence dans le pays, et était trop attachée à ses usages, pour qu’il fût possible de la refouler dans les rangs des serfs ou de la faire entrer dans les rangs de la hiérarchie féodale[23]. Les Syriens autochtones étaient encore, malgré de longs siècles d’invasions et de domination musulmane, l’élément le plus considérable de cette population mixte. Le prudent législateur des Assises de Jérusalem ne négligea rien pour rallier à sa cause une nation qui, livrée au commerce, à l’industrie et à l’agriculture, tenait entre ses mains les ressources du pays, et dont il importait de retirer l’appui secret aux anciens maîtres de la Syrie[24]. Il leur accorda le maintien de leurs lois et de leurs institutions judiciaires. Ainsi, en regard des cours de vicomtes, furent érigés des tribunaux syriens, présidés par des refis, et prononçant entre leurs nationaux sur tous les différends en matière civile. Godefroi ne réserva exclusivement à ses officiers que l’exercice de la haute justice, attribut de souveraineté, c’est-à-dire la connaissance des cas requérant mort et dernier supplice, mutilation, incision de membres et autres peines corporelles[25]. Par malheur le bienfait de ces concessions libérales s’adressait à une race lâche, corrompue, invinciblement hostile aux Latins, et qui devait plus tard se servir, pour ébranler l’empire chrétien de Jérusalem, des franchises mêmes qu’elle tenait de son trop généreux fondateur. La veille de l’Épiphanie, 5 janvier 1100, les pèlerins d’Antioche et d’Édesse quittèrent la ville sainte : Godefroi, suivi d’une foule considérable à pied et à cheval, les accompagna jusqu’au bord du Jourdain, et tous ensemble se baignèrent dans les flots où Notre-Seigneur reçut autrefois le baptême. Après cette cérémonie, on se sépara : Boémond et Baudouin remontèrent le fleuve jusqu’à Tibériade pour gagner de là la Phénicie, tandis que le roi revenait vers sa capitale. Il ne devait pas y rester en repos. Il guettait toujours l’occasion de tirer une revanche de ses deux échecs devant Arsouf. Vers le milieu de février, un habitant de cette ville, poussé par la soif du gain ou par des motifs particuliers de haine contre ses compatriotes, vint lui faire d’utiles révélations, et lui offrit de le tenir au courant de ce qui se passerait dans la place. Godefroi s’assura de l’exactitude des rapports de l’espion, acheta son dévouement et se tint prêt à profiter des indications que celui-ci promit de lui donner. Quelques jours après, les gens d’Arsouf étaient répandus sans défiance hors des murs et se livraient à la culture de leurs champs. Soudain une troupe de cavaliers chrétiens, placée en embuscade près de Ramla, fond sur eux, s’empare des femmes et des enfants et laisse plus de cinq cents hommes sur le terrain, après leur avoir coupé le nez, les mains et les pieds[26]. Ce coup de main remplit Arsouf d’épouvante et d’horreur. Le vizir Afdhal s’empressa de lui envoyer des renforts, entre autres deux cents de ses terribles Éthiopiens et cent cuvellera arabes. Main après deux rencontres, où l’avantage resta encore aux croisés, la nouvelle garnison, affreusement décimée, s’enfuit vers l’Égypte ; et la ville, désespérant de pouvoir résister, même avec l’appui du calife, au roi de Jérusalem, capitula définitivement, lui envoya les clefs de ses portes et de ses toues et se soumit au tribut. Godefroi es investit un de ses chevaliers, originaire de la Pouille et nommé Robert, qui avait puissamment contribué au succès de cette expédition. Après Arsouf, ce fut Ascalon qu’il s’appliqua à réduire. Dans ce but et afin de tenir en échec les cités maritimes qui obéissaient encore au Calife du Caire, il fit relever Joppé, détruite pendant le siége de Jérusalem, fortifia son port et en fit un mouillage dur et commode pour les navires chrétiens, qui y affluèrent bientôt de toutes les îles du voisinage et même des continents éloignés. La position prise subitement par cette rivale et l’étroit blocus maintenu par ses croiseurs sur tout le littoral portèrent un coup mortel à la prospérité d’Ascalon, de Césarée et de Ptolémaïs, peuplées de navigateurs et de marchands. Elles sollicitèrent alors d’elles-mêmes leur incorporation au nouveau royaume, et leurs émirs adressèrent à Godefroi un message ainsi conçu : Nous te supplions, prince très glorieux et magnifique, d’autoriser nos citoyens à sortir, pour leurs affaires, en sécurité et en paix. Nous t’envoyons dix bons chevaux et trois beaux mulets, et tous les mois nous te fournirons, à titre de tribut, cinq mille besants[27]. De tous les présents le plus agréable au roi, comme le plus inattendu, fut celui de l’émir d’Ascalon, qui renvoya à Jérusalem, richement vêtu et monté sur un excellent cheval, Gérard d’Avesnes, que ceux d’Arnouf lui avaient livré et que la science des médecins musulmans avait entièrement guéri de ses blessures. Le roi lui donna, pour l’indemniser de ses longues souffrances, le château de Saint- Abraham, situé dans les montagnes d’Arabie. Le traité conclu avec les villes du littoral entraîna la soumission d’un grand nombre de tribus arabes qui ne pouvaient plus attendre que du vainqueur des débouchés à leur commerce. Godefroi leur ouvrit les marchés de Jérusalem et de Joppé ; mais il réserva aux Latins le monopole des relations maritimes. Il voulait, à tout prix, couper les communications entre l’Égypte et la Syrie : aussi tout navire infidèle abordant dans ses ports était saisi, et son équipage mis à mort, ou tout au moins fait prisonnier. Ces mesures énergiques, en isolant complètement de l’empire fatimite ses anciennes colonies, assurèrent la pacification graduelle et l’autonomie du royaume chrétien. Il restait cependant à contenir et à refouler vers le nord-est les Turcs, encore solidement établis dans le pays, et dont le principal chef était Dekak, sultan seldjoukide de Damas. Cette rude tâche incombait à Tancrède. Dès avant la fin de l’année 1099, il avait conquis Tibériade et plusieurs autres villes aux environs du lac de Génézareth, et Godefroi lui avait donné l’investiture de ce pays, avec le titre de prince de Galilée. Rentré dans son fief, après avoir assisté aux assises de son suzerain dans la première semaine de janvier, il n’avait pas cessé, depuis lors, d’être en lutte avec un émir de son voisinage que les chrétiens appelaient le Gros-Rustre, à cause de son excessive corpulence et de la grossièreté de ses manières. Godefroi dut venir à la fin au secours de son vassal, et il saccagea pendant huit jours le domaine du Gros-Rustre. Celui-ci alors invoqua l’appui du sultan de Damas. Mais Dekak se contenta de faire une manifestation, sans résultat, sur les derrières de l’armée royale au moment où elle se retirait, chargée de butin, des campagnes qu’elle venait de dévaster. Bientôt même, voyant grandir la puissance du prince de Galilée, il conclut avec lui une trêve dont le bénéfice fut étendu au Gros-Rustre. Tancrède reçut de ses ennemis terrifiés des présents magnifiques ; mais là ne se bornèrent pas ses exigences : à l’expiration de la trêve, il manda au sultan de Damas qu’il eût à lui remettre les clefs de sa ville et à embrasser le catholicisme, s’il voulait obtenir de lui la faveur de continuer à résider dans son territoire ; faute de quoi, ajoutait-il, il lui serait impossible de lui conserver son amitié ni pour or ni pour argent. Des six chevaliers chargés de porter le message cinq payèrent de leur tête l’accomplissement de cette audacieuse mission, et l’autre n’échappa à la mort qu’en se faisant musulman. Un long cri d’indignation retentit dans toute l’Église de Jérusalem à la nouvelle d’un si barbare attentat, et Godefroi de Bouillon en tira sur-le-champ une terrible vengeance, en livrant de nouveau au pillage, durant quinze jours, les villes et les villages habités par des Turcs. Ce fut encore sur le Gros-Rustre que retomba le châtiment. Aussi, fatigué de payer pour un allié plus fort ou plus habile que lui, mais qui du reste, après l’avoir compromis, ne se mettait jamais en peine de lui venir en aide, il comprit qu’il n’avait d’autre parti à prendre que de subir de bonne grâce la loi du vainqueur[28]. Il alla en personne demander au roi de Jérusalem ses conditions. Un secret mouvement de curiosité, non moins que la nécessité de sa situation, le poussait à cette démarche. Il avait entendu raconter, au sujet de Godefroi, tant d’anecdotes merveilleuses, qu’il désirait depuis longtemps voir ce personnage, dont la renommée était presque fabuleuse. Le genre de mérite qui le touchait le plus et qu’il tenait particulièrement à constater chez le héros français, c’était la vigueur musculaire dont on le disait doué à un degré inouï. Il voulut donc le mettre à l’épreuve, et, lui présentant un chameau qu’il avait amené exprès, il le pria de le décapiter d’un coup d’épée, disant que cela lui ferait un grand honneur parmi les siens s’il pouvait se vanter d’avoir été le témoin d’une telle action. Le roi acquiesça, sans se faire prier, à cette étrange demande, qui peignait bien son homme et justifiait le sobriquet dont les chrétiens l’avaient affublé. Tirant son épée, il frappa le cou du chameau ras les épaules et le coupa aussi facilement que si c’eût été une oie[29]. Le Gros-Rustre demeura un moment tout ébahi. Puis, avec ce sourire à la fois humble et narquois, familier aux gens de cette espèce : Voilà certes, murmura-t-il, une arme d’un bon tranchant. Reste à savoir si le roi en ferait autant avec une autre épée. Godefroi prit aussitôt le cimeterre de l’émir et abattit tout aussi aisément la tête d’un second chameau. Cette double expérience convainquit pleinement le lourdaud, dont l’enthousiasme ne connut plus de bornes. Il offrit au roi une riche collection de joyaux et de pierreries et se retira, rempli d’une admiration religieuse pour son poignet si solide. Il n’eut plus dam la suite la moindre velléité de révolte : la supériorité de son nouveau maître s’était affirmée devant lui d’une manière trop éclatante ! Cette aventure, soigneusement enregistrée par les chroniqueurs contemporains, que la visite des émirs de Samarie pendant le second siége d’Arsouf, méritaient en effet de n’être pas laissées dans l’oubli : elles montrent la nature des sentiments que Godefroi de Bouillon inspirait aux musulmans de la Palestine, et quel prestige il exerçait déjà sur les imaginations ardentes des Orientaux. Un prince alliant des qualités militaires aussi remarquables à l’ascendant de la vertu, semblait fait pour surmonter tous les obstacles qui menaçaient encore l’avenir de son empire naissant, et pour réaliser toutes les espérances de la croisade. Malheureusement un accident, ou plutôt un crime, allait l’enlever, dans la maturité de l’âge et du génie, à son œuvre à peine ébauchée. Au retour de cette dernière expédition sur le territoire de Damas, il passa près de Césarée. L’émir vint au-devant de lui, lui offrit des présents et l’invita à manger. Le roi refusa et goûta seulement d’un cédrat[30]. Peu après, il ressentit des douleurs violentes, et arriva à Joppé dans un état fort alarmant. On le porta au logis qu’il possédait dans la ville, et là quatre de ses parents lui prodiguèrent leurs soins. Les uns, dit Albert d’Aix, lui réchauffaient les pieds dans leur sein, d’autres appuyaient sa tète sur leur poitrine, tous se lamentaient en le voyant souffrir. A ces signes, il est permis de supposer qu’il avait été empoisonné. Les chrétiens accoururent de toutes parts autour de la couche du glorieux malade. Une flottille de Vénitiens venait d’aborder à Joppé. Les die, introduits auprès de lui, l’accablèrent de témoignages de sympathie et ne pouvaient se décider à s’éloigner. Il les accueillit avec beaucoup de bienveillance et les engagea à retourner sur leurs vaisseaux, promettant que le lendemain, s’il se trouvait mieux, il ne manquerait pas de leur rendre leur visite et de satisfaire l’impatient désir que leurs compagnons avaient de le voir ; mais dans la nuit, le mal s’étant aggravé, il crut devoir éviter les fatigues de cette réception et se fit conduire à Jérusalem. Tancrède ne tarda pas à l’y rejoindre, ainsi que l’évêque-doge des Vénitiens et ses autres barons. Domptant sa souffrance, il conféra encore plusieurs fois avec eux des intérêts de la chrétienté d’Orient. Ses forces baissèrent d’une manière effrayante, mais son énergie morale ne faisait que grandir. Il avait déjà de la peine à articuler ses paroles, qu’il persuadait encore aux assistants qu’il serait bientôt guéri. Il donna à Tancrède, à son cousin Garnier de Gray et au doge de Venise des instructions minutieuses pour assiéger Caïphas, en combinant les opérations de la flotte avec celles de l’armée de terre, et les envoya commencer l’attaque. Ensuite, dit Albert d’Aix, il confessa ses péchés en véritable componction de cœur et en versant des larmes ; il reçut la communion du corps et du sang de Notre-Seigneur, et, couvert du bouclier spirituel, il fut enlevé à la lumière de ce monde[31]. C’était le 18 juillet 1100, un an après la prise de Jérusalem. On l’ensevelit dans l’église du Saint-Sépulcre, dans ce sol sacré du Calvaire arrosé du sang du Sauveur. Il semblait que jusque dans la mort il dût veiller sur le grand tombeau que son bras puissant avait délivré ; heureux de n’avoir pas eu, au milieu de son court triomphe, la révélation des sombres destinées qui attendaient son œuvre éphémère ; de n’avoir pu pressentir que le Turc infidèle reviendrait bientôt profaner les lieux saints, et qu’un jour des mains impies chasseraient sa cendre de la place d’honneur qu’il avait si laborieusement conquise ! Non seulement les colonies chrétiennes furent plongées dans le deuil et l’affliction par la mort de leur glorieux chef, mais les musulmans eux-mêmes le pleurèrent, et pendant cinq jours remplirent leurs mosquées de douloureuses lamentations sur la perte de cet homme juste[32]. Guillaume de Tyr a laissé du premier roi de Jérusalem le portrait suivant : Sa taille était un peu au-dessus de la moyenne ; il était doué d’une force sans exemple ; il avait des membres vigoureux, la poitrine large et forte, la barbe et les cheveux légèrement roux[33]. Ayant arrêté dès sa jeunesse le projet de la grande entreprise religieuse et militaire dont il lui était réservé d’assurer le succès, il avait depuis lors considéré sa vie comme vouée aux austères devoirs d’un célibat quasi monastique. Il ne se maria point ; et de plus en plus détaché du monde à mesure qu’il y conquérait une place plus glorieuse, il acheva dans les pratiques d’une pénitence sévère une existence tonte de renoncement et de sacrifices. Aussi l’évêque de Tyr, celui de tons les historiens de la croisade qui connut le mieux la vie et les travaux des héros chrétiens fixés en Orient, n’hésite-t-il pas à décerner à Godefroi de Bouillon, ce modèle des chevaliers, le titre de confesseur de Jésus-Christ[34]. FIN DE L’OUVRAGE |
[1] C’était là proprement le royaume, regnum, c’est-à-dire la part du roi.
[2] Art de vérifier les dates, Chronologie des rois de Jérusalem.
[3] Ce sont les seuls qui soient nommés dans les Lignages d’outre-mer, de Ducange.
[4] Beugnot, les Assises de Jérusalem, t. I, p. 235, note a.
[5] Beugnot, les Assises de Jérusalem, t. I, Introduction, p. XIV.
[6] Guillaume de Tyr, liv. LXVIII, ch. XVIII.
[7] Guillaume de Tyr, 14. IX, ch. XXX.
[8] Albert d’Aix, liv. VII.
[9] Guillaume de Tyr, liv. IX, ch. IX.
[10] Albert d’Aix, liv. VII.
[11] Albert d’Aix, liv. VII.
[12] Guillaume de Tyr, liv. IX, ch. XIV.
[13] L’Estoire d’Éracles, liv. IX, ch. XIX.
[14] Guillaume de Tyr, liv. IX, ch. XV.
[15] L’Estoire d’Eracles, liv. IX, ch. XVI.
[16] Michaud, Histoire des Croisades, t. II, liv. V, p. 13.
[17] J. d’Ibelin, Assises de Jérusalem, ch. I, p. 22.
[18] La compétence de la haute cour et de la cour de bourgeoisie était limitée par les réserves faites en faveur des cours ecclésiastiques établies par les croisés en Palestine, où ils avaient transporté tout le système des institutions religieuses d’Europe. Les tribunaux ecclésiastiques connaissaient, sans distinction de personnes, de l’hérésie, du parjure, du rapt, de l’usure, de la simonie et de l’adultère ; au civil, des mariages, testaments, legs, douaires et dîmes inféodées. (Beugnot, Assises de Jérusalem, t. I, p. 47.)
[19] J. d’Ibelin, Assises de Jérusalem, ch. II.
[20] J. d’Ibelin, Assises de Jérusalem, ch. IV.
[21] Jean d’Ibelin.
[22] Jean d’Ibelin cite un texte où il est renoncé us usages, coutumes et assises dou prince d’Antioche, dou comté de Tripoli (créé plus tard), ou dou reiaume de Jérusalem. (Beugnot, t. I, p. 25.)
[23] Beugnot, Assises de Jérusalem, t. I, Introduction, p. XXVI, note d.
[24] Beugnot, Assises de Jérusalem, t. I, Introduction, p. XVII.
[25] J. d’Ibelin, ch. IV.
[26] Albert d’Aix, liv. VII.
[27] Albert d’Aix, liv. VII.
[28] Albert d’Aix, liv. VII.
[29] Guillaume de Tyr, liv. IX, ch. XXII.
[30] Albert d’Aix, liv. VII.
[31] Albert d’Aix, liv. VII.
[32] Albert d’Aix, liv. VII.
[33] Guillaume de Tyr, liv. IX, ch. V.
[34] Guillaume de Tyr, liv. IX, ch. XXIII.