A peine en état de remonter à cheval, Godefroi de Bouillon s’employa au bien commun, et fit une fructueuse expédition dans le pays des Sarrasins. Le butin qu’il en rapporta, au prix de mille fatigues, mit fin décidément à la période de disette qui durait depuis environ deux mois. Le camp devant Antioche portait encore néanmoins de nombreuses et lugubres traces des récentes misères, quand il reçut, au début même de la convalescence de Godefroi, une visite bien inattendue. Des ambassadeurs du calife d’Égypte, débarqués à l’embouchure de l’Oronte, et se disant chargés d’une importante mission, firent demander aux chefs de l’armée chrétienne un sauf- conduit pour traverser leurs lignes. On reçut les riches présents qu’ils offrirent de la part du calife, et on leur permit de se présenter au conseil. Ils entrèrent par le quartier des Lorrains. A leur approche, hommes d’armes et simples pèlerins s’ingénièrent de mille manières à orner le devant de leurs tentes et à paraître dans le meilleur accoutrement possible ; les jeunes gens se livrèrent à l’envi, sur le passage des Égyptiens, aux exercices favoris de la chevalerie, aux courses de chevaux, aux joutes, aux tournois[1], et, grâce à une mise en scène habile, tout semblait respirer la sérénité et la confiance dans l’armée la plus pauvre et la plus mal équipée qu’on eût jamais vue. L’objet des négociations entamées par le calife Mostaali est resté assez vague. On sait que ce chef des Fatimites était tout aussi ennemi des Turcs que les chrétiens eux-mêmes. Fils et héritier du calife Mostander, à qui vingt ans auparavant les Seldjoukides avaient enlevé la Palestine et la Syrie, menacé naguère par ces conquérants dans la possession de l’étroite bande de littoral qui lui demeurait soumise, au sud d’Antioche, il avait suivi avec joie les progrès de la croisade. Trop imbu des préjugés de sa religion et de son temps pour voir dans les croisés des alliés possibles, il les considérait néanmoins comme des auxiliaires précieux. Mais, au point où ils étaient arrivés, ils commençaient à lui porter ombrage, car c’était pour lui-même qu’il convoitait les provinces méridionales de l’empire seldjoukide, et en particulier la Judée. Voici donc à peu près ce qu’il proposait aux chefs des Francs : qu’ils le laissassent faire cette conquête, et il s’engageait à restaurer et à protéger le culte chrétien dans la Terre-Sainte, et à y accueillir en amis tous les pèlerins qui s’y rendraient sans armes. Un tel compromis était on ne peut plus contraire à l’esprit qui avait inspiré et qui animait encore la croisade. Aussi lei ouvertures du Fatimite furent repoussées unanimement. Toutefois des députés chrétiens se rendirent au Caire avec les siens, et comme, de part et d’autre, on avait intérêt à éviter une rupture, les pourparlers eurent pour conclusion, au moins tacite, une espèce de traité de paix et de neutralité. C’en fut assez pour permettre au calife d’accomplir son projet, et de reprendre quelque temps après la Palestine, d’où, il est vrai, Godefroi de Bouillon devait le chasser dix-huit mois plus tard. Mais, avant d’arriver à ce succès final de la guerre sainte, il y avait à briser bien des obstacles. A la cessation des pluies, les troupes de secours réclamées par Aki-Sian auprès des autres princes turcs s’étaient mises en marche vers Antioche. Les sultans d’Alep et de Damas, les émirs de Jérusalem[2], de Césarée, de Hamah, d’Émèse et d’Hiérapolis amenèrent un premier corps de 30.000 hommes. Ils s’avancèrent avec beaucoup de circonspection, espérant prendre à dos les chrétiens pendant que les assiégés les amuseraient par une feinte sortie. Heureusement les chefs furent avertis par des fidèles arméniens et purent faire leurs préparatifs de défense. Le soir du 6 février, ordre fut donné à quiconque dans l’armée avait un cheval en état de servir de s’équiper pour la bataille. Il se trouva en tout sept cents hommes d’armes montés. Godefroi de Bouillon reçut le commandement de cette troupe[3]. Loin de s’inquiéter du petit nombre de ses compagnons, il leur adressa en partant, dit l’historien Albert d’Aix, ces paroles pleines d’assurance : Les Turcs se sont rassemblés dans leur force, mais nous combattons au nom du Dieu vivant. Confiants dans sa grâce, n’hésitons pas à attaquer ces impies infidèles, car, vivants ou morts, nous appartenons au Seigneur. Si nous voulons vaincre, nous n’avons qu’à cacher notre mouvement, de peur que nos prudents ennemis ne se sauvent, épouvantés, sans oser se mesurer avec nous. Cette appréhension ne laisse pas de paraître un peu présomptueuse quand on songe que le duc et ses soldats devaient se trouver dans la lutte un contre quarante. Godefroi, averti par ses éclaireurs de l’approche des musulmans, prend ses positions pour la bataille. Il dissimule adroitement son infériorité numérique en formant six bataillons d’une centaine d’hommes chacun, faciles à manier, et capables,en se déployant, d’opposer un large front d’attaque. La configuration du terrain, qui était une plaine unie au bord de l’Oronte et au delà du pont de Fer, ne permettait pas à l’ennemi de découvrir le peu de profondeur de ces lignes.. Deux détachements de cavalerie légère, précédant, à une certaine distance, le gros des forces turques, furent frappés d’étonnement en voyant, aux premiers rayons de l’aube, luire, en rase campagne, les heaumes et les lances des Francs, qu’ils avaient compté surprendre dans leurs tentes. Mais ils étaient prêts pour l’attaque. Ils poussent leurs chevaux au galop jusqu’à portée de trait, et criblent de flèches les bataillons chrétiens. Ceux-ci, familiarisés avec cette manœuvre, supportent l’ouragan sans bouger. Puis à l’instant où les archers turcs, suivant leur tactique ordinaire, se replient comme pour prendre un nouvel élan, Godefroi les fait charger à grands coups de lances et d’épées, et, sans leur laisser le temps de se rallier, les rejette sur leur centre. Celui-ci se trouvait précisément engagé alors dans un lieu resserré entre le fleuve et un lac. Cette circonstance, enlevant aux sultans l’avantage du nombre, causa leur défaite. Embarrassée par sa masse même, et ne pouvant tirer parti de l’agilité de ses chevaux, l’armée ennemie fut hachée presque sans défense. La mêlée cependant fut terrible aussi pour les vainqueurs, et pleine de péripéties émouvantes. L’émir Toghtekin[4], ministre du sultan de Damas, parvint à renverser -de cheval le duc Godefroi, qui n’échappa à la mort que grâce à la solidité de sa cotte de mailles. A la fin, les Turcs, enfoncés et massacrés sur toute la ligne, furent obligés de faire volte-face. On les poursuivit, l’espace de deux lieues environ, jusqu’à leur quartier général, au château de Harem, situé aux confins du territoire d’Alep. Les défenseurs de cette forteresse, sans tenter la moindre résistance, y mirent le feu à l’arrivée des croisés ; mais les chrétiens du pays éteignirent les flammes, et livrèrent à Godefroi cette citadelle importante. Sa petite troupe revint le soir au camp devant Antioche, avec de riches dépouilles, parmi lesquelles une grande quantité d’armes et mille chevaux magnifiques. Elle rapportait en outre, suspendues aux arçons des selles, cinq cents têtes de musulmans décapités, des mieux apparents, comme dit une chronique[5]. On prit un cruel plaisir à lancer, au moyen des machines, deux cents de ces têtes dans l’intérieur de la ville, pour apprendre à Aki-Sian le sort des renforts dont ses sentinelles, postées au sommet des tours, guettaient l’arrivée depuis la veille. Les autres furent exposées sur des pieux, en vue des remparts. Le jour même de ce combat, c’était en mars, et cinq mois après le commencement du siége, l’armée reçut pour la première fois des nouvelles et des secours d’Europe. Une flottille génoise mouilla dans lès eaux du port Saint-Siméon. Tout le monde aurait voulu s’y précipiter. Les princes envoyèrent un détachement de quatre mille hommes, sous les ordres de Boémond et de Raimond, chercher à bord les approvisionnements impatiemment attendus. Le quatrième jour, cette troupe, revenant avec un immense convoi de vivres et de bagages, tomba dans une embuscade de Turcs, où elle fut taillée en pièces : le convoi entier et plus de trois cents hommes de l’escorte restèrent sur lé champ de bataille. Quelques fuyards arrivèrent au camp des Lorrains, annonçant que leurs compagnons avaient été exterminés. Aussitôt le duc Godefroi, qui s’était placé en observation à la tête du pont de bateaux, expédie ses hérauts dans le camp, et fait crier que tout soldat ait à prendre les armes, sous peine de mort. Cet ordre est exécuté en un instant ; les bataillons pressés traversent le pont en une immense colonne, et se rangent autour de la bannière du duc, investi par la confiance générale de l’autorité suprême : Mes amis, leur dit-il, s’il est vrai, comme on l’annonce, que Dieu, en punition de nos péchés, ait permis le triomphe des mécréants sur nos seigneurs et nos frères, il ne nous reste plus qu’à mourir avec eux ou à tirer une éclatante vengeance de l’injure qui vient d’être faite à Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ayons confiance en Notre-Seigneur, dont nous sommes les soudoyers. Allons couper la retraite aux ennemis chargés de nos dépouilles ; et recevons-les à la pointe de l’épée. Sur ces entrefaites, paraissent le comte de Toulouse, Boémond et quelques autres barons, échappés comme par-miracle au désastre. Ils essaient de détourner Godefroi de son entreprise, et lui représentent que la plaine est inondée de Turcs. Mais il n’était pas homme à reculer. Désignant de loin un mamelon couronné d’une mosquée, qui se trouvait au bout du pont de la ville, par où les assiégés avaient fait cette sortie meurtrière : Aujourd’hui, dit-il, j’occuperai cette hauteur, ou je périrai avec toute ma gent ! Il divisa alors son armée en cinq corps, dont il prit un avec lui, et confia les quatre autres à son frère Eustache, aux deux Robert et à Hugues de Vermandois. Cependant Aki-Sian, à la vue de ces préparatifs, envoyait de nouvelles troupes pour soutenir celles qui tenaient déjà la campagne. Il voulait profiter de l’avantage remporté le matin pour achever ce jour-là la destruction des chrétiens. Il fit sortir presque toute sa garnison, et ferma les portes derrière elle, la mettant dans l’alternative de vaincre ou de mourir. Godefroi surprit les vainqueurs sur le champ de bataille, occupés à décapiter les morts et les blessés. Les cavaliers des deux partis s’attaquèrent avec un égal acharnement ; mais des colonnes d’infanterie française, accourant à la rescousse, firent plier les Turcs et les chassèrent vers leurs remparts. Les troupes fraîches, sortant alors de la ville, loin d’arrêter le torrent des fuyards, ne firent qu’embarrasser la retraite et la changer en une irréparable déroute. La cohue était si, compacte, au dire d’un témoin oculaire, que les morts y restaient debout à leur rang, faute d’espace pour tomber[6]. Soudain les escadrons éperdus s’arrêtent en s’entrechoquant avec une clameur terrible : à l’entrée du pont de pierre, leur unique voie de salut, se dressait une barrière : le duc Godefroi. Ne voulant pas frapper les ennemis dans le dos, il avait pris les devants, suivi d’une poignée de ses preux, et il occupait le mamelon comme il l’avait promis. Une grêle de flèches, pleuvant sur lui du haut des murailles, ne lui fit pas abandonner cette position. La porte de la ville venait d’être rouverte aux Turcs ; mais il leur fallait passer au pied du redoutable mamelon. Poussés, pressés de toutes parts, ils s’y ruaient et tombaient fauchés par l’épée de Godefroi. Chaque coup faisait voler une tête. Il fallait franchir le sanglant passage ou rouler dans les flots de l’Oronte. Beaucoup aimèrent mieux se jeter dans le fleuve ; d’autres y furent précipités par la foule grossissante. Un Turc aux formes athlétiques, un nouveau Goliath, disent les chroniqueurs, osa braver le danger. Il vint droit à Godefroi et lui assena un violent coup de cimeterre, qui partagea son écu en deux, et lui aurait fendu la tête si l’arme n’avait glissé sur la bosse da bouclier garni de fer. Au même instant le duc, abattant son épée sur l’épaule gauche du géant, le pourfendit, malgré l’armure, jusqu’à la hanche droite. La tête et le tronc bondirent dans la rivière, pendant que le cheval emportait dans la ville l’autre moitié du corps. Ce carnage, qui dura des heures, avait lieu sous les yeux des parents des victimes, qui, accourus sur les tours d’Antioche, faisaient entendre des cris déchirants et des hurlements de fureur. La nuit vint à propos pour sauver les derniers débris de la garnison[7]. C’était merveille, écrit un croisé[8], de voir quelques-uns de nos pauvres rentrant dans le camp et parcourant les tentes à la suite de cette victoire. Celui-ci, fantassin sans avoir, conduisait plusieurs chevaux ; celui-là se montrait couvert de deux ou trois robes de soie ; un autre tenait en main trois, quatre boucliers. Et tandis que se faisait cette étrange exhibition de trophées autour des feux de bivouac, on pouvait apercevoir de loin les vaincus enterrant leurs morts, à la lueur des torches, près de la mosquée, sur le monticule où Godefroi de Bouillon avait porté ses grands coups d’épée, qui devaient rester légendaires. Mais les pèlerins poursuivirent les mécréants jusque dans leurs cercueils. Sachant que l’usage était de les ensevelir avec leurs vêtements les plus précieux, leurs armes et des pièces d’or, ils s’en vinrent le lendemain, dès l’aube, fouiller ces tombes, par amour du butin. C’est ainsi qu’on connut les pertes de l’ennemi. Quinze cents cadavres furent déterrés ; presque autant jonchaient encore la plaine, ou avaient été charriés par les flots’ sanglants de l’Oronte, portant aux ambassadeurs du Caire, près de mettre à la voile, la nouvelle du grand désastre. Les barons envoyèrent même à ces ambassadeurs trois cents têtes coupées sur le champ de bataille : singulier hommage, qui n’était pas loin de ressembler à un sinistre avertissement. Sur la colline qui commandait la porte du Pont, les princes firent, dès ce jour -là, construire un camp retranché. Les pierres des tombeaux et celles de la mosquée en fournirent les matériaux, et le comte de Toulouse détacha de son armée un corps de cinq cents hommes pour garder cette citadelle. Une semblable forteresse élevée alors en face de la porte Saint-Georges, et confiée à Tancrède, compléta les travaux d’investissement. Ainsi, pendant les cinq mois que Godefroi était resté malade sous les murs d’Antioche, l’armée chrétienne n’avait causé aucun dommage à la place ; elle s’était même plusieurs fois laissé surprendre et battre dans son camp par les sorties des assiégés ; et voici qu’en moins de huit jours, après la guérison du vaillant duc, elle gagne sous ses auspices deux batailles rangées, organise le blocus et’ répand jusqu’aux bords du Nil la gloire de son nom et la terreur de ses armes. A ces signes, on reconnaît assez que le duc de Lorraine était bien réellement l’âme de la croisade. Il ne ramena pas seulement la victoire, mais aussi l’abondance parmi les pèlerins, naguère désespérés. Non content de lancer de toutes parts et de conduire souvent en personne des expéditions de fourrageurs, que l’épuisement du pays environnant rendait chaque jour moins fructueuses, il organisa un système plus régulier et plus sûr d’approvisionnements, et cela au moment où l’établissement des nouvelles redoutes du sud-ouest et du midi réduisait les défenseurs d’Antioche à la famine. Il commença à tirer des subsistances des provinces chrétiennes du voisinage, que la croisade avait délivrées du joug des infidèles. Baudouin d’Édesse venait d’hériter[9], dans les circonstances qui ont été racontées plus haut, de la puissance et des richesses du curopalate Thoros. Il envoya à son frère des secours considérables en argent pour chacun des hommes d’armes, depuis les princes jusqu’aux simples roturiers. Tout le monde s’était ruiné pendant la disette, les uns en achat de vivres, les autres en aumônes, et il n’y avait guère sue le riche et prudent comte de Toulouse qui n’eût pas vidé complètement son escarcelle. La part de Godefroi dans la distribution des largesses fraternelles fut vraiment royale : elle se composait du revenu entier de la ville de Turbessel, et en outre d’une somme de cinquante mille besants d’or[10], que le généreux duc s’empressa, du reste, de verser au trésor de l’armée. L’officier de Baudouin, chargé de ces présents, ayant fait connaître à son maître le misérable état où, malgré les derniers succès, se trouvait encore l’équipement de la plupart des croisés, le comte expédia presque aussitôt un convoi d’armes et une troupe d’excellents chevaux. Ces dons ne suffisaient pas sans doute à réparer les immenses pertes subies par la cavalerie ; mais heureusement elle se remonta aussi aux dépens des Turcs. Après les prises faites sur le champ de bataille, deux mille chevaux venaient encore d’être saisis dans un pâturage éloigné, où les habitants d’Antioche les avaient parqués avant l’occupation de la porte Saint-Georges. L’exemple du comte d’Édesse trouva des imitateurs parmi les princes indigènes de son voisinage. Les chefs des deux principales dynasties arméniennes, Constantin, fils de Roupen, dont on a déjà parlé, l’Hétoumien Oschin, seigneur de Lampron, et son frère Pazouni, ainsi que les moines de l’Amanus, envoyèrent des vivres aux pèlerins et rivalisèrent de dévouement pour les tirer de la misère. Les princes d’Occident reconnurent ces bons procédés en admettant dans la hiérarchie féodale le grand chef des peuplades du Taurus. Ils conférèrent à Constantin le titre de baron, que ses successeurs devaient conserver pendant un siècle, jusqu’en 1198, époque où ils l’échangèrent contre celui de roi [11]. Parmi ceux qui se signalèrent en ces circonstances, se trouvait un petit prince arménien, vassal de Baudouin. Il se nommait Nichossus et habitait le pays de Turbessel. Désireux de gagner la bienveillance et l’amitié de Godefroi de Bouillon, il lui envoya une tente d’étoffe précieuse, d’une grandeur et d’un luxe incomparables. Mais Nichossus s’était fait peu auparavant un ennemi implacable dans la personne de Pakarad. Il avait dénoncé au comte d’Édesse les perfidies de cet intrigant, qui entretenait des relations secrètes avec les Turcs, et lui avait fait enlever son gouvernement de Ravenel. Depuis lors, Pakarad, retiré dans un château des montagnes, y brigandait avec son frère, autre aventurier de même caractère, connu sous le nom significatif de Kogh’ Vasil (Basile le Voleur). Il tendit une embuscade aux messagers de Nichossus, s’empara de la tente qu’ils portaient, et l’offrit en son propre nom à Boémond. On croirait à peine qu’un aussi médiocre incident faillit faire éclater la guerre civile dans le camp des croisés. C’est cependant ce qui arriva, et ce que Pakarad avait évidemment cherché ; car, pour un politique de cette espèce, il y avait tout profit à diviser les puissances. Ancien confident de Baudouin, il n’ignorait pas que le comte d’Édesse, gardant toujours rancune aux Italo-Normands de ses échecs en Cilicie à la suite de Tancrède, avait, à dessein, oublié le prince de Tarente et ses barons dans ses récentes distributions d’argent et de vivres. Il n’avait donc pas choisi au hasard le destinataire de son présent : il savait que Boémond n’était pas homme à subir l’apparence même d’un nouvel affront de la part de la famille des Boulonnais. Celui-ci, en effet,qu’il connût ou non la source de cette libéralité, fut heureux de montrer à ses collègues qu’il avait lui aussi des amis particuliers et de riches clients parmi les seigneurs arméniens, et quand le duc, averti par les serviteurs de Nichossus, vint lui réclamer la tente volée, il répondit qu’elle lui avait été donnée par le noble Pakarad, et qu’il la garderait. Godefroi avait des partisans plus zélés que prudents, à la tête desquels le comte de Flandre. Par leur inspiration, et avec leur concours, il allait lancer ses troupes contre celles du Sicilien, si les remontrances des autres princes n’eussent déterminé ce dernier à lui restituer son bien. Maintes gens, observe un vieil auteur[12], s’émerveillèrent qu’un vaillant homme comme était Godefroi, en qui l’on ne trouvait rien à reprendre, s’émût pour une si petite chose : je n’y vois d’autre raison, sinon que nul gentil cœur ne peut souffrir honte. Il n’en est pas moins vrai que c’était pousser un peu trop loin les susceptibilités d’un gentil cœur que de courir ainsi, à propos d’une bagatelle, les chances d’une collision sanglante. A cet accès de fierté féodale, on a peine à reconnaître le sage Godefroi. Heureusement on n’en trouve pas d’autre exemple dans le reste de sa vie publique. Cependant la disette avait fait de terribles ravages dans Antioche depuis que les croisés en gardaient toutes les issues. Aki-Sian demanda une trêve pour traiter de la reddition de la ville. Les princes la lui accordèrent. Les portes furent ouvertes, et les gens des deux partis eurent la facilité de se visiter. Les Francs parcouraient la ville et se promenaient sur les remparts avec les citoyens, qui, de leur côté, circulaient librement dans le camp[13]. Mais ce rapprochement, provoqué par la curiosité, n’empêchait pas les vieilles haines de subsister entre les champions des deux religions irréconciliables. Les chrétiens furent dupes de leur bonne foi. Un jour, avant l’expiration de la trêve, ils trouvèrent un de leurs chevaliers égorgé dans la campagne : des Sarrasins de la garnison, l’ayant surpris à l’écart, sans défense, l’avaient assassiné. Était-ce une provocation préméditée de la part du sultan, ou un crime accidentel ? on ne le sut pas. Mais les portes se refermèrent brusquement ; les assiégés reparurent en armes sur les remparts, et la place, secrètement ravitaillée à la faveur de l’armistice, put braver la fureur impuissante des croisés. Après sept mois de travaux et de souffrances, l’œuvre du siége ne semblait pas plus avancée que le premier jour. La position des chrétiens était même devenue beaucoup plus difficile, car d’immenses renforts venaient au secours d’Antioche. Les troupes battues le 7 février, à Harem, n’étaient que l’avant-garde des grandes levées qui s’étaient faites, à la prière d’Aki-Sian, dans toute l’Asie musulmane. Le gros de ces forces, réunies par les ordres du sultan de Perse, Barkiarok, s’était mis en marche à l’entrée du printemps, au nombre de plus de deux cent mille hommes, sous les ordres du farouche Kodbuka ou Kerbogha, émir de Mossoul. Des émissaires syriens ou arméniens signalaient chaque jour leurs progrès aux princes. Ces rapports, commentés et exagérés par l’imagination populaire, remplissaient le camp d’épouvante. Aussi vit-on recommencer les désertions. L’exemple vint d’un des principaux barons, Étienne de Blois. Il feignit subitement d’être atteint d’une maladie grave qui le contraignait à un repos absolu, et il se retira à Alexandrette, port de la Cilicie, prêt à s’embarquer pour l’Europe si ses compagnons étaient vaincus dans la grande bataille qui semblait imminente. Avec lui partirent quatre mille soldats, qui étaient de sa compagnie et de sa terre. Les barons s’indignèrent de la vilenie de ce haut homme, et comme d’autres paraissaient disposés à le suivre, on fit crier de nouveau que quiconque quitterait son quartier sans le congé du conseil serait puni comme sacrilège et homicide[14] On s’occupait en même temps des moyens de faire face à Kerbogha. Il avait d’abord négligé la Syrie pour aller mettre le siége devant Édesse. Mais, Baudouin lui ayant opposé une plus solide résistance qu’il n’avait espéré, il abandonna l’entreprise au bout de trois semaines, persuadé qu’après la défaite de la grande armée chrétienne, le comté d’Édesse disparaîtrait de lui-même ou serait aisément détruit. C’est à ce répit de trois semaines que les assiégeants d’Antioche durent leur salut. Dans cet intervalle, Boémond avait trouvé moyen de se rendre maître de la place sans coup férir. Le rusé Sicilien, dont on connaît les rêves ambitieux, caressait, depuis son entrée en Syrie, le désir de devenir prince d’Antioche. La trêve lui fournit une occasion précieuse pour arriver à son but. Elle le mit en rapport avec un émir préposé à la garde d’une des portes de la ville, et dont l’âme n’était pas inaccessible à la corruption. Cet homme s’appelait Firouz. Il était d’origine arménienne, et appartenait à une tribu influente à Antioche, qu’on nommait, en arabe, les Beni-Zerrad[15], ou fils-haubergiers[16], comme traduisaient les croisés, c’est-à-dire les fils du fabricant de cuirasses. Le rôle qu’il joua en faveur des chrétiens a fait très diversement apprécier son caractère. Quelques historiens latins ont assez légèrement attribué sa conduite à une inspiration d’en haut. Ils oubliaient que le personnage était un renégat qui avait embrassé l’islamisme pour gagner les bonnes grâces d’Aki-Sian, et qui ne s’attacha aux chrétiens que lorsqu’il y vit son intérêt. Quoi qu’il en soit de ses raisons secrètes, il accueillit, provoqua même peut-être les avances du prince de Tarente, et s’engagea à lui livrer sa tour, qui était la clef de la place. La reprise subite des hostilités n’arrêta point cette conjuration, à laquelle l’approche de Kerbogha donna une importance nouvelle ; on échangea des lettres, et Boémond fit passer des présents à son ami, sans qu’il en transpirât rien dans leur entourage, car ils étaient l’un et l’autre experts en fait d’intrigues, et ils savaient parfaitement couvrir leur accointance. Quand tout fut arrangé entre eux, Boémond sonda adroitement l’esprit des autres princes. Il prit à part successivement ceux dont il redoutait le moins la rivalité : d’abord Godefroi de Bouillon, puis le duc de Normandie, et les comtes de Flandre et de Vermandois. Sans leur révéler le fond des choses, il leur dit que si la cité lui était accordée en pleine seigneurie, il l’aurait bientôt conquise, avec l’aide de Dieu. Sachant Boémond homme de ressources, ils firent volontiers, à l’importance du résultat qu’il s’agissait d’obtenir, le sacrifice de leurs prétentions personnelles. Mais quand on proposa cet accord au comte de Toulouse, il déclara net qu’il n’abandonnerait jamais sa part de la conquête. La négociation en était là quand on apprit que Kerbogha ne se trouvait plus qu’à sept journées de marche. Tout le monde mettait son espoir dans le talent et le courage du duc Godefroi[17]. Lui, sur le récit des éclaireurs, ne croyait pas la défense possible. Cachant ses angoisses au peuple, il alla donner son avis au conseil. Il demanda un sacrifice sublime. Marcher tous, bannières déployées, au-devant de l’ennemi, et mourir martyrs pour le nom de Dieu : tel fut le plan qu’il proposa et qui reçut l’assentiment de plusieurs de ses nobles auditeurs, notamment de Robert de Flandre[18]. Ces barons des vieux âges n’étaient certes pas de profonds tacticiens, mais l’art le plus consommé leur eût fait sans doute moins d’honneur que ces généreux élans d’abnégation et d’héroïsme. Quelques-uns cependant, moins bien informés ou plus optimistes, conseillaient de diviser l’armée en deux corps, dont l’un empêcherait la garnison de se joindre à ses auxiliaires, pendant que l’autre les battrait. Agir ainsi, c’était risquer une défaite en détail, et par conséquent d’autant plus certaine. Mieux valait encore l’irruption en masse, qui avait au moins un cachet de grandeur, et diminuait la disproportion du nombre entre les combattants. Boémond prit à son tour la parole. Il démontra aisément que si l’un ou l’autre des partis proposés était suivi, Antioche serait également perdue pour les chrétiens. La seule chance de salut, ajouta-t-il, serait d’y pénétrer avant l’arrivée de Kerbogha. Or, pour ce faire, je vous offre un moyen sûr et prompt. J’ai en cette cité un ami, loyal autant que j’en puis juger. Ainsi que je l’ai déjà dit à quelques-uns de vous, cet ami, gardien d’une tour très bien fortifiée, s’est engagé à me la livrer, sous réserve de certaines conditions. Je lui ai promis une grande partie de mon avoir et des franchises à perpétuité pour lui et sa famille, si la chose réussit par ses soins. Je suis prêt à lui faire exécuter les conventions, pourvu que chacun de vous m’abandonne sa part de la cité, à moi et à mes hoirs. Sinon, qu’un autre trouve une meilleure manière de s’emparer de la place, et qu’il la possède en paix : je lui en cède ma part. Boémond obtint une adhésion unanime, qui couvrit la protestation isolée de l’intraitable comte de Toulouse. Le jour même, il annonça à Firouz le succès de sa démarche. La remise de la tour fut fixée au lendemain. Les princes prirent d’habiles dispositions pour donner le change aux ennemis, et pour empêcher que le grand secret ne transpirât dans l’armée chrétienne. Dans l’après-midi du lendemain, les quartiers des Lorrains et des Flamands retentissent du bruit des trompettes et des tambours ; toute la cavalerie disponible de ces deux corps se forme en colonne. Godefroi de Bouillon en prend la tête avec le Canne Robert, et la conduit en ordre de bataille vers les montagnes. Les Turcs, observant du haut de leurs remparts ce mouvement inusité, crurent qu’une partie des croisés partait à la rencontre de Kerbogha. C’était aussi l’opinion des gens d’armes emmenés pour cette expédition mystérieuse. Le duc leur persuadait qu’ils allaient dresser une embuscade. Il les entraîna hors des routes frayées, par des sentiers à peine praticables, en disant : Il s’agit de surprendre les masses ennemies qui s’approchent ; que personne ne fasse le moindre bruit, sous peine de mort. On chemine ainsi sans mot dire, jusqu’à la nuit. Alors la troupe reçoit l’ordre de revenir sur ses pas, et contourne le camp dans le plus profond silence. Un peu avant minuit, elle se trouvait postée dans un vallon, à l’occident de la ville, en face de la tour de Firouz. Les capitaines eux-mêmes n’avaient rien compris à cette manœuvre. Ils apprirent là seulement, en même temps que leurs hommes, et au moment de l’exécuter, la mission qu’ils avaient à remplir. Au milieu de ces préparatifs, et presque à la dernière heure, la grande entreprise avait failli échouer. De vagues rumeurs circulaient depuis quelques jours dans Antioche, annonçant un complot avec les assiégeants et une trahison imminente. Aki-Sian, plein d’angoisses, surveillait étroitement tous ses officiers. Soit hasard, soit par suite de quelques révélations, ses soupçons portaient particulièrement sur Firouz ; et, le matin même, il l’avait mandé devant lui pour tâcher de saisir dans ses paroles ou dans sa contenance quelques indices de culpabilité. Mais le renégat s’était tiré avec une merveilleuse audace de ce pas difficile, et avait prodigué au sultan les témoignages les moins équivoques, en apparence, de son absolu dévouement. Confiant désormais dans sa fidélité comme dans celle de tous les gardiens de la place, Aki-Sian croyait n’avoir plus rien à craindre que de la part des habitants demeurés fidèles à la foi chrétienne. Quant à ceux-là, il avait pris ses mesures pour les faire égorger pendant les ténèbres. Cachés dans leur pli de terrain ; Godefroi et ses compagnons attendaient le signal convenu pour agir. Quelque chose d’insolite dans la nature les remplissait d’une sorte de trouble et de terreur religieuse. Un double phénomène, bien propre à frapper leurs imaginations, leur semblait présager pour cette nuit des événements sinistres ; car, en même temps, une comète allongea dans le ciel sa fantastique traînée de feu, et l’horizon se colora des lueurs sanglantes d’une aurore boréale. A minuit, heure de l’exécution, Godefroi et Robert s’avancèrent vers le rempart. La ville était ensevelie dans un profond silence. Un écuyer de Boémond venait d’appeler Firouz. Une tête parut à la fenêtre de la tour, et murmura d’une voix sourde : Paix jusqu’à ce que les veilleurs soient passés. En effet, on voyait de loin luire des torches, qui glissaient, en s’approchant, au sommet du mur d’enceinte. C’était la ronde des officiers, chargés de s’assurer si tous les gardes et guerriers étaient bien à leur poste. Après avoir constaté la vigilance de Firouz, ils disparurent lentement derrière les tours voisines. Boémond arrivait alors. Firouz allongea de nouveau la tête, le salua, et lança une échelle de corde, fixée à l’un des créneaux. Le Sicilien la franchit d’un bond, et tend la main à son affidé, qui la baise, en disant : Dieu garde cette main ! Boémond, introduit dans la tour, aperçoit tout à coup un cadavre gisant sur le plancher, un poignard dans le cœur. Cet homme, lui dit Firouz, était mon frère : je l’ai tué moi-même parce qu’il ne voulait pas s’associer à notre dessein. Le chevalier chrétien écouta cela sans horreur. Il admira ce fratricide qui servait son ambition, et annonça froidement à ses compagnons que tout allait bien et qu’ils pouvaient monter. Robert, puis Godefroi, puis une soixantaine d’autres barons escaladent la tour en un clin d’œil. Des grappes d’hommes se suspendaient à l’échelle avec une telle précipitation que le créneau, ébranlé par le poids, se détache à la fin, en rejetant dans le fossé cet entassement de malheureux, qui s’écrasent et se transpercent mutuellement de leurs armes. Heureusement il y avait en bas une poterne, que Boémond connaissait. Il court l’ouvrir. Les soldats entrent à flots et envahissent les tours voisines, tuant tout ce qui s’y trouve. Bientôt ils en ont trois, puis dix à la suite. Le vacarme de cette occupation, les cris des gardes égorgés, ne donnèrent point l’alarme aux Turcs. Ils crurent que c’était l’exécution des ordres du sultan, et qu’on massacrait les chrétiens d’Antioche. Ce fut, du reste, l’affaire d’un instant. Les chevaliers, s’étant emparés de la grande porte du Pont, l’ouvrirent à leurs troupes. Aussitôt les masses de la cavalerie chrétienne se répandent par les rues, criant : Dieu le veut ! et sabrent, sans distinction, tous les habitants qui se présentent à leurs coups. Dans le premier moment de confusion, Turcs et Syriens, sortant effarés de leurs demeures, tombaient frappés pêle-mêle sans savoir d’où leur venait la mort. Mais bientôt les chrétiens d’Antioche, soit pour se faire reconnaître des croisés, soit seulement pour invoquer la miséricorde céleste, se croyant condamnés à périr, entonnent de toutes parts le chant du Kyrie, eleison. Cette heureuse inspiration les sauva. Les vainqueurs saluèrent en eux des frères, et tous ensemble se mirent à poursuivre et à traquer les infidèles. Les issues étant gardées, la fuité hors des murs était impossible. Ceux qui voulurent l’essayer furent hachés avant d’arriver même aux portes. Aki-Sian, presque seul, parvint à se sauver dans les montagnes, en se glissant à pied par une poterne. Il espérait atteindre le camp de Kerbogha, et il marcha longtemps dans la direction de l’orient. Au lever du jour, craignant d’être découvert par les coureurs de l’armée chrétienne, il se blottit dans un buisson, attendant le retour des ténèbres. Épuisé de lassitude et de soif, il se hasarda pourtant à implorer l’assistance d’un Syrien qui passait, et à lui demander à boire. Le paysan s’arrêta stupéfait, en reconnaissant dans ce fugitif le sultan d’Antioche, l’oppresseur du pays. Il comprit que la ville avait changé de maîtres ; il saisit le cimeterre du vieillard, lui trancha la tête et l’apporta aux vainqueurs. Cependant la lutte avait continué au milieu de l’obscurité, avec des péripéties terribles. Les groupes armés se heurtaient et croisaient le fer sans savoir de quel parti étaient leurs adversaires. Mais ce qui trahissait les Turcs, c’était leur longue barbe, car les hommes d’Occident avaient alors le visage rasé. Le légat avait eu grand soin la veille de rappeler tous les soldats à l’observation de cet usage national, afin d’empêcher de funestes méprises. A l’aube, le spectacle de cette grande ville envahie était effroyable : le sang coulait à pleins ruisseaux. Dans les rues, dans les carrefours surtout, on rencontrait des entassements de cadavres. Des familles entières gisaient mutilées au seuil de leurs maisons. Les historiens évaluent à douze mille hommes le chiffre des pertes de la garnison ; le reste avait réussi à s’enfermer dans la citadelle. Antioche était conquise. C’était le 3 juin 1098. La bataille ayant cessé, faute d’ennemis, tout n’était pas encore fini. L’œuvre du saccage y succéda : le soldat ; pour se payer de sa peine, devint détrousseur. L’infanterie qui n’avait pas été employée à l’attaque nocturne, les simples pèlerins qui avaient dormi tranquillement au fond du camp, furent subitement réveillés, le matin, par le vacarme des trompes et des busines, qui chantaient à l’intérieur de la ville la victoire des croisés. Ils aperçurent en même temps, flottant sur la plus haute tour, la bannière rouge de Boémond. Alors ils voulurent leur part de la curée ; ils s’y ruèrent. Toutes les portes reçurent et vomirent à la fois cette cohue de pillards, de truands en guenilles[19]. On les vit s’abattre sur les cadavres, leur arracher armes et vêtements, se parer eux-mêmes de ces dépouilles sanglantes, enfoncer les portes des maisons, briser les meubles et faire main basse sur tout ce qui pouvait être enlevé, partagé, détruit. |
[1] Robert le Moine, liv. V (au commencement).
[2] L’émir turc de Jérusalem à cette époque était Soukman-ibn-Ortok.
[3] Matthieu d’Édesse, dans les Documents arméniens, t. I, p. 82.
[4] Celui que Guillaume de Tyr appelle Doldequinus.
[5] L’Estoire d’Éracles, liv. V, ch. II.
[6] Robert le Moine, liv. V.
[7] Robert le Moine, liv. V ; Guillaume de Tyr, liv. V, ch. V et VI.
[8] Raimond d’Agilers, chapelain du comte de Toulouse.
[9] Il devint maître d’Édesse, par la mort de Thoros, le 8 mars 1098. (Documents arméniens, t. I, p. 39, note.)
[10] Guillaume de Tyr, liv. V, ch. IX.
[11] Documents arméniens, t. I, introduction, p. L.
[12] L’Estoire d’Éracles, liv. V, ch. IX.
[13] Robert le Moine, liv. V.
[14] Guillaume de Tyr et l’Estoire d’Éracles, liv. V, ch. X.
[15] Guillaume de Tyr, liv. V, ch. XI.
[16] L’Estoire d’Éracles, liv. V, ch. XI.
[17] Albert d’Aix, liv. IV.
[18] Guillaume de Tyr, liv. V, ch. XVI.
[19] Guillaume de Tyr, liv. V, ch. XVIII et XXIII.