LIVRE VII. — PÉRIODE D’AGNÈS SOREL. - AFFRANCHISSEMENT DU TERRITOIRE NATIONAL. - Depuis les trêves jusqu’à l’entière expulsion des Anglais (1444 -1453).
Aussitôt que les Anglais eurent évacué la Normandie, dès le mois de septembre 4450, Charles VII établit, pour son lieutenant général en cette province, le connétable de Richemont, avec six cents lances et un certain nombre de francs-archers de la nouvelle ordonnance. Pierre de Brezé, déjà capitaine de Rouen, fut institué en même temps grand sénéchal de Normandie, et spécialement commis à la garde du pays de Caux. Le roi, ayant ainsi assuré la défense de sa nouvelle conquête, dirigea le reste de ses forces vers la Guyenne. Jean de Blois, comte de Périgord et de Penthièvre, vicomte de Limoges, fut le chef de cette première expédition. Il se mit en campagne, suivi de Charles de Culant, sire de Jalognes, maréchal de France ; de Philippe de Culant, son frère, grand maître d’hôtel du roi ; d’Arnauld Amanieu (des sires d’Albret) ; de Poton de Saintrailles, bailli de Berry et premier écuyer ; de Robert ou Robin Pettilow ou Pettiloch, capitaine écossais ; de P. Louvain, S. Belin, et autres chevaliers de marque. La Guyenne, abandonnée pour ainsi dire du gouvernement anglais, toujours en proie à ses dissensions intestines, n’était défendue que par de faibles garnisons. L’armée française, forte de cinq cents lances et les archers, se présenta d’abord devant Bergerac, qui se rendit au mois d’octobre, après une courte résistance. La place de Jonzac et divers autres châteaux intermédiaires, tels que ceux de Chalais, Sainte-Foy, Montferrand, suivirent l’exemple de Bergerac. Enhardi par ces succès, Amanieu d’Albret partit de Bazas le 31 octobre, et, après une course agressive et fructueuse sur le parcours, il vint se poster près de Blanquefort, à peu de distance de Bordeaux. Le sire d’Orvat n’avait avec lui que quelques centaines de combattants. Sir Gadifer Shorthose, seigneur de Gennissac, maire de Bordeaux pour les Anglais, et le sous-maire, Thomas Gassier, se mirent en défense. Ils étaient accompagnés du baronnage militaire de la contrée et de quelques recrues nouvellement débarquées d’Angleterre, le tout formant environ sept mille hommes. Une rencontre sanglante eut lieu entre les parties, et, malgré l’infériorité du nombre ainsi que de la position, les Français remportèrent sur leurs ennemis un avantage décisif. Plus de douze cents morts, du côté des Anglais, restèrent sur le champ de bataille. Leurs chefs retournèrent précipitamment à Bordeaux, et les vainqueurs firent à la course plus de deux mille prisonniers. Cette victoire fut ainsi remportée dès le début, le 1er novembre 1450. Charles VII, en apprenant ces nouvelles, résolut de poursuivre sans relâche un ennemi démoralisé. Mais la rigueur de la saison le contraignit à suspendre les hostilités, et ses troupes hivernèrent dans leurs postes d’occupation, en attendant le printemps de l’année suivante[1]. Charles VII, le 31 mars 1451, rouvrit les hostilités en autorisant le comte d’Armagnac à entrer en armes dans la Guyenne. Le roi, vers le même temps, préposa le connétable de Richemont à la garde de la basse Normandie. Charles d’Artois, comte d’Eu, reçut la même commission pour défendre la Normandie supérieure. Sur la fin d’avril, le roi, qui habitait Tours, donna le signal de l’expédition. Le comte de Dunois se dirigea immédiatement vers la Guyenne. Jean d’Orléans était assisté de Jean de Bourbon, comte de Clermont. Il rallia sur le théâtre de la guerre beaucoup d’autres princes et de hauts barons, formant ensemble une force de vingt mille hommes[2]. Les principaux chefs et chevaliers qui prirent part à cette expédition furent les comtes de Foix, d’Albret, d’Armagnac, de Penthièvre, d’Angoulême, de Vendôme, tic Nevers, de Castres, de Tancarville, etc., les maréchaux de Jalognes et de Lohéac, Jean Le Boursier, seigneur d’Eternay, général des finances, conseiller du roi et intendant supérieur du service maritime ; Jean et Gaspard Bureau, successivement grands maîtres, de l’artillerie ; Jean de Pannessac, sénéchal de Toulouse ; Olivier de Coëtivy, seigneur de Taillebourg, sénéchal de Guyenne, les sénéchaux de Rouergue et de Quercy ; Poton Saintrailles, Jacques de Chabannes, Pierre Louvain, Tristan L’Hermite, intendant des vivres de l’armée et prévôt des maréchaux, ou chef de la police militaire ; Joachim Rouault, seigneur de Bois-Ménard ; le vicomte de Turenne, les seigneurs de La Rochefoucault, de Rochechouart, etc. Le roi, avant l’entrée en campagne, promulgua un règlement pour assurer la discipline des troupes et prévenir les abus précédemment commis par le soldat contre les habitants[3]. Jean, comte de Dunois, débuta par le siége de Montguyon, qui se rendit promptement ; dans les premiers jours de mai. Puis, le lieutenant général, les comtes d’Armagnac, d’Albret et de Foix, se partagèrent les forces de l’armée d’expédition et, sur quatre points à la fois, attaquèrent l’ennemi. Dans le cours du mois de mai, les places de Saint-Émilion, de Blaye et de Fronsac, considérées comme les portes et les deux points les plus fortifiés de la Guyenne, furent assiégées, ainsi que Bourg sur la mer, Rions, Castillon en Périgord, etc. La plupart reconnurent presque aussitôt la loi du vainqueur. Fronsac, Libourne et Dax capitulèrent dans les premiers jours de juin, et leur exemple entraîna la soumission de la métropole[4]. Les Bordelais, après quelque résistance, entrèrent en négociation avec Gaston, comte de Foix, par l’intermédiaire de Gaston de Foix ou de Grailly, captal de Buch et oncle du comte. Ce dernier renvoya les autorités anglaises au comte de Dunois, qui accepta les propositions de paix. Un traité, en date du 12 juin, assura aux trois ordres du pays la conservation des prérogatives, libertés et privilèges dont ils avaient joui sous la domination anglaise. Le traité stipulait que, si le 24 juin la place n’était pas secourue par Henri VI, les barons et autres états de Guyenne reconnaîtraient la domination du roi Charles. Ce terme expiré, un héraut monta sur l’une des tours du château et cria : Secours du roi d’Angleterre à ceux de Bordeaux !... Personne n’ayant répondu à cet appel, les Bordelais se soumirent à l’autorité française[5]. Le 29 juin 1451, en l’absence du roi, Jean, comte de Dunois, fit son entrée solennelle à Bordeaux, et prit possession de cette ville au nom du souverain. Le lieutenant général était accompagné de Guillaume Jouvenel des Ursins, chevalier, chancelier de France, qui chevauchait, vêtu d’un corselet d’acier recouvert d’une jaquette de velours cramoisi. Devant le premier magistrat du royaume s’avançait, ainsi qu’à l’entrée de Rouen, une haquenée blanche, menée par un homme à pied et portant un coffret fleurdelisé dans lequel étaient contenus les sceaux de l’État. Le cortége se composait de quelques membres du grand conseil, tels qu’Elie de Pompadour, évêque d’Alet ; de divers secrétaires du roi et de toutes les autorités militaires, ainsi que des troupes qui avaient pris part à la conquête. Dunois et sa suite furent reçus dans la cathédrale, par l’archevêque de Bordeaux, Pey Berland, entouré de son clergé[6]. Jean Bureau, trésorier de France, avait été nommé par le roi maire de Bordeaux ; Jean du Puy du Fou, sous-maire, et Jean, de la Fain (chevalier), prévôt royal de cette ville. Joachim Rouault en fut institué connétable ; enfin, Théodore de Valpergue, bailli de Lyon, fut préposé comme lieutenant du roi, à l’administration civile. Les nouvelles autorités piétèrent serment entre les mains du chancelier, dans la cathédrale. Elles jurèrent à leur tour d’observer les privilégies de la province, puis l’archevêque de Bordeaux et les principaux barons du pays promirent solennellement sur l’Evangile d’obéir désormais au roi de France, comme sujets fidèles et loyaux. Ce serment fut prêté en présence d’une multitude de bourgeois, qui s’associèrent par leur adhésion à ce grand acte, en faisant retentir les cris de Noël[7] ! Le siégé de Bayonne, commencé le 6 août, se termina par un traité signé le 20 du même mois. Le comte de Dunois y fit également son entrée peu de jours après. Ainsi se termina la conquête ou le recouvrement de la Guyenne. Charles VIT ne prit aucune part active et personnelle à cette campagne, sur le champ de bataille, ainsi qu’il l’avait fait en Normandie. Mais, après avoir quitté la Touraine vers le 15 mai, sur l’invitation du comte de Dunois, il se rapprocha progressivement du théâtre de la guerre. Il résida tour à tour à Poitiers, à Lusignan, à Saint-Jean d’Angély, puis à Taillebourg, De ces divers points le roi suivit assidûment le cours des opérations militaires et promulgua une série d’ordonnances pour reconnaître et confirmer les traités passés avec les villes soumises, ainsi que leurs privilèges. Le 28 septembre 1451, il institua le comte de Clermont lieutenant général en Guyenne. Puis, laissant dans le pays conquis de simples garnisons et les nouvelles autorités civiles, il vint habiter de nouveau la Touraine[8]. Charles VII, une fois retourné dans ses cantonnements favoris, consacra ses soins à l’administration des affaires publiques et civiles du royaume. Du 27 mai 1451 au 50 octobre 1452, nous possédons une suite d’ordonnances ou de règlements émanés de l’autorité royale, concernant les nouveaux titulaires des offices nommés ou institués en Normandie ; les statuts de divers métiers des principales villes de France ; le guet et garde des places fortes ; les privilèges de diverses communautés laïques ou ecclésiastiques ; les écoles de Bar-sur-Aube, en Champagne ; la maîtrise de la cathédrale d’Avranches ; l’Université de Paris ; la régale des évêchés, ou redevances temporelles dues au roi durant la vacance des sièges ; les généraux des monnaies ; la procédure des élus ou tribunal des aides en matière d’impôts et gabelles ; le commerce du sel sur les plages maritimes, au gouvernement de la Rochelle ; la compétence du parlement ; les taxations ou mandats des trésoriers généraux ; la chasse ; les notaires au Châtelet de Paris, etc.[9] Une bulle de Nicolas V, en date du 27 septembre 1451, accrédita le cardinal d’Estouteville comme légat du saint-siège auprès du roi de France. Le but de la mission que remplissait ce prince de l’Eglise était multiple. Plusieurs affaires, toutes très importantes et hérissées de difficultés, avaient été confiées à son zèle et à ses lumières. Charles VII, prévenu contre l’ambassadeur pontifical par le titre même de certaines instructions dont ce dernier était porteur, avait refusé de le recevoir. Le cardinal français avait été particulièrement chargé d’obtenir le retrait de la pragmatique sanction. Il dut commencer par aborder en Bretagne ; pour y négocier, à la cour du duc, le rétablissement de la paix entre le roi de France et celui d’Angleterre[10]. Le saint père et l’Eglise d’Occident s’alarmaient des progrès militaires et des atteintes, chaque jour plus graves et plus menaçantes, de Mahomet II, empereur des Turcs, contre la chrétienté. Le chef suprême des fidèles voulait convier les princes catholiques à une nouvelle croisade. Guillaume d’Estouteville ne réussit pas sur ce premier point de sa mission. Charles VII accueillit avec déférence les paroles de réconciliation, que lui apportait le mandataire du souverain pontife. Il protesta de ses sentiments pacifiques, de son zèle pour les intérêts de l’Église. Il se déclara prêt à secourir le pape dès que ses propres affaires le lui permettraient. Mais il s’excusa sur la nécessité de soutenir et d’achever, contre son adversaire anglais, une guerre de légitime défense. Le gouvernement de Henri VI repoussa, de son Côté, ces ouvertures, avec une hauteur rogue et impie[11]. Guillaume d’Estouteville procéda ensuite à la réforme de l’Université. Son attitude habile, respectueuse envers le roi, désarma peu à peu les défiances que ce prince avait conçues, et ramena du moins, entre l’ambassadeur et ce souverain, des relations bienveillantes et courtoises. L’autorité pontificale, jusqu’alors, avait toujours présidé seule et souverainement à la direction comme à la réforme des universités, institutions nées de l’Église. Charles VII intervint dans la réformation de l’Université de Paris, réformation qu’il avait lui-même ébauchée. Il adjoignit au cardinal divers commissaires de son choix, tant laïques que gens d’église. Le cardinal s’éclaira de leurs lumières, et après une mûre délibération, il donna au corps enseignant la loi qui devait désormais le régir. Cette réforme, ou nouveau statut, parut le 1er juin 1452 et fut publié dans les comices de l’Université le 29 du même mois[12]. G. d’Estouteville, après avoir accompli cette œuvre avec un grand succès, se dirigea vers Orléans. Une assemblée du clergé gallican devait bientôt se réunir. Le haut prélat normand employa l’intermédiaire de son cousin Louis d’Harcourt, archevêque de Narbonne, pour s’enquérir à l’avance des sentiments du roi, touchant cette réunion. Il fit solliciter par ce canal, auprès de Charles VII, une courte audience qui lui permît de s’entretenir avec le chef de l’État sur ce grave sujet. La réunion projetée eut lieu en effet à Bourges, au mois de septembre, sous la présidence même du cardinal légat. Pey Berland, archevêque de Bordeaux, nouvellement agrégé aux prélats du royaume, prit part à cette assemblée, accompagné de ses chanoines. Elevés à l’école anglaise, ce pontife et son clergé se distinguèrent, dans ce concile national, par leur zèle en faveur des doctrines ultramontaines. Mais l’attachement aux libertés gallicanes et à la pragmatique sanction rallia la majorité des suffrages. Au mois d’octobre 1452, l’archevêque de Tours fut député à Rome, comme ambassadeur, et chargé de porter au saint père le résultat des délibérations de l’assemblée[13]. Charles VII, vainqueur des Anglais, maître de son royaume, voyait s’étendre au delà des frontières, le prestige de sa renommée et l’ascendant de son influence. La situation de la chrétienté tout entière était des plus propres à exercer gravement sa sollicitude. L’Angleterre, divisée, mais aigrie par les revers, aspirait à ressaisir sa conquête. L’Allemagne, agitée par la guerre des hussites, était également désunie contre les progrès de l’ennemi commun, c’est-à-dire des musulmans. Aux portes du royaume et sous lé sceptre de la juridiction du roi de France, Philippe le Bon faisait la guerre aux Gantois. Le duc de Bourgogne, obéré dans ses finances, voulait imposer aux bourgeois de Gand une nouvelle contribution, introduite en France, mais non sans de grandes peines, depuis Philippe de Valois : la gabelle du sel[14]. Après avoir longtemps médité ses desseins, le duc, en 1454, eut recours à la contrainte, et la guerre fut déclarée. Charles MI intervint dans ce débat comme seigneur dominant ou souverain. Les Gantois mêmes invoquèrent sa protection. Jean Jouvenel des Ursins, archevêque de Reims, Raoul de Gaucourt, Gui Bernard, archidiacre de Tours, et Jean Dauvet (1451) ; puis ces deux derniers en compagnie de Jacques comte de Saint-Paul, et de Louis de Beaumont, sénéchal d’Anjou (juin 1452) ; puis enfin Guillaume de Meny-Penny, Ecossais, chambellan du roi, assisté de G. de Vic et de J. de Saint-Romain, conseillers (décembre 1452), furent successivement accrédités, comme ambassadeurs du roi de France et médiateurs en son nom auprès des parties belligérantes[15]. L’attitude de ces divers mandataires et les instructions qu’ils mirent en œuvre n’eurent point constamment, il faut le dire, le caractère d’un haut arbitrage, juste, impartial et désintéressé. La main et les intrigues de Louis, Dauphin, se mêlaient aux affaires de Bourgogne et se retrouvaient dans chacune des questions ou des difficultés que le roi avait à résoudre à l’étranger. La conduite de Philippe lui-même n’était pas non plus, vis-à-vis du suzerain, celle d’un vassal ou d’un allié loyal et sincère. Les ambassadeurs français tinrent un langage variable et louvoyèrent suivant les conjonctures politiques et les circonstances. Ils ne dénouèrent pas le différend qui divisait les Gantois et leur duc : Ils ne firent point prévaloir l’autorité du roi de France. Cette guerre finit par la victoire de Gavres, que Philippe remporta sur les Gantois le 23 juillet 1453, et par la soumission des vaincus[16]. René d’Anjou, prétendant malheureux au royaume de Naples, s’était allié à François Sforza, qui succéda en 1450 à Philippe Visconti, duc de Milan. Alphonse d’Aragon, roi de Naples, se ligua, pour attaquer Milan, avec le doge de Venise, le duc de Savoie et le marquis de Montferrat. Sforce réclama l’aide de René d’Anjou, en lui promettant de l’aider à son tour pour recouvrer sa couronne perdue. Les Florentins, amis du roi de France, épousèrent la cause des Milanais. Charles VII appuya le roi René, qui bientôt repassa les monts et fournit en Italie une nouvelle campagne. Vers la fin de 1452, le roi de France envoya Raoul de Gaucourt comme ambassadeur à Naples auprès d’Alphonse. Il entretint avec les Florentins et leurs alliés d’Italie des relations diplomatiques. Toutefois les efforts de René ne parvinrent pas encore cette fois à rétablir un prince français sur le trône de Naples, but commun que se proposaient René lui-même et son protecteur le roi de France[17]. Une autre complication extérieure atteignait particulièrement Charles VII dans ses sentiments de père et de roi. Louis, Dauphin, de concert avec le duc de Savoie, ne se lassait pas d’intriguer contre la France et contre son gouvernement. Le 28 février 1451, le roi ; informé du prochain mariage de son fils, expédia de Tours, en toute hâte, son héraut Normandie, chargé de dépêches, avec ordre de l’aire oppositions cette union, contractée sans le consentement du père du futur époux. Normandie arriva le 8 mars à Chambéry à dix heures du matin. Après avoir notifié sa venue, il commença par entrer dans une église, afin d’y abriter sa personne sous la garantie du droit d’asile. Là, divers émissaires du duc et du Dauphin vinrent trouver le héraut et l’assaillirent de leurs instances pour le déterminer à se dessaisir des lettres royaux dont il était porteur. Mais Normandie leur résista et l’ut introduit au château. N’ayant pu obtenir audience du prince, il se mit en rapport avec le chancelier ainsi qu’avec le conseil ducal, et après leur avoir signifié sa créance, il leur délivra les dépêches qui leur étaient nommément destinées[18]. Le lendemain, Normandie, salis avoir été admis à pénétrer jusqu’au duc de Savoie ni jusqu’au Dauphin, vit, le matin, ce dernier prince, en robe longue de velours cramoisi doublée d’hermine, se rendre à la chapelle du château. Bientôt le dauphin fut suivi de la jeune fiancée, qui parut à son tour, vêtue en grande cérémonie, de sa cote juste, sur laquelle flottait un manteau de velours cramoisi. Le mariage s’accomplit hors de la présence du héraut : ce dernier fut retenu quelques jours à Chambéry, puis congédié par le duc et son conseil. Normandie revint à Tours le 20 mars. Il rendit compte au roi de sa mission, dans laquelle avaient été insolemment jouées, comme on voit, la majesté royale de Charles VII et son autorité paternelle[19]. Louis, Dauphin, portait le titre de gonfalonier de l’Église ; il avait reçu en outre celui de protecteur du comtat Venaissin. Louis abusa de cette double autorité pour attenter aux prérogatives ou aux territoires des provinces ecclésiastiques limitrophes. L’Église de Lyon notamment eut à souffrir des dommages qu’il lui causa. Chaque jour, des plaintes nouvelles étaient portées au roi, par des personnes des trois états du Dauphiné, sur la tyrannie et les déportements du prince. Le 5 février 1452, Louis Dauphin osa envoyer une sommation violente aux autorités de la ville de Lyon. Des gardes furent préposés aux portes de la cité, sous le commandement de Jean d’Aulon, commissaire royal. Louis, duc de Savoie, n’avait cessé de tremper dans toutes ces menées, comme fauteur et comme complice[20]. Le 7 septembre 1452, le roi de France, décidé à sévir, partit de Bourges ou de Bois-Sire-Amé, se, dirigeant vers Lyon et Chambéry, suivi de forces considérables. Charles VII s’avança ainsi jusqu’à Feurs en Forez et prit sa résidence près de cette ville, au château de Cleppie[21]. Le duc de Savoie et le Dauphin, à l’approche du roi de France, changèrent d’attitude : ils prirent le ton et le langage de la soumission. Louis, Dauphin, renouvela, dans des messages plus fréquents, ses mensongères protestations de dévouement et d’obéissance. Le duc se rendit, avec son fils, prince de Piémont, et son conseil, à Cleppé. En ce moment, Guillaume, cardinal d’Estouteville, retournait à Rome et devait traverser Lyon. Il intervint dans le conflit comme médiateur. Le 27 octobre 1452, un accord fut signé entre les parties. Les divers points principaux qui partageaient le duc et le roi donnèrent lieu à autant de conventions distinctes et d’actes spéciaux[22]. L’un de ces actes renouvelait les anciennes alliances entre les rois de France et les comtes puis ducs de Savoie. Un autre stipulait le douaire affecté à Madame Yolande de France, promise en 1436 et mariée cette année même (1452) au prince de Piémont qui, plus tard, fut duc de Savoie sous le nom d’Amédée IX. Aux termes d’un troisième contrat, des commissaires arbitrateurs devaient être nommés des deux parts, à l’effet de régler les différends survenus entre les deux puissances, touchant les églises de Lyon, Mâcon, l’Ile-Barbe, Ainay, Tournus, etc. Suivant un historien de la Savoie, cet accommodement fut l’ouvrage de trois conseillers de Charles VII, que l’or du duc lui avait rendus favorables. Quoi qu’il en soit de l’efficacité que put avoir ce moyen d’influence, un autre mobile, complètement décisif, suffit pour expliquer cette conclusion pacifique de la part du roi de France. A la date où il signait le traité de Cleppé, Charles VII en effet était informé que les gens de Bordeaux venaient de rendre leur ville aux Anglais[23]. Au point de vue moral et politique, la Guyenne, par rapport au recouvrement de cette province, ne se trouvait pas dans les mêmes conditions que la Normandie. Depuis les Plantagenêts, la Guyenne était façonnée et accoutumée à la domination anglaise. Or l’Angleterre, sous le règne de Henri VI, avait ménagé cette contrée. Une administration prudente et régulière, dont les actes nous sont restés, parait avoir caractérisé cette domination. La propagande du patriotisme, ce sentiment qui au nord de la France, s’affirmait et se constituait si énergiquement, rencontrait, à la porte des régions aquitaines, une véritable barrière[24]. Le patrimoine commun du passé, la tradition, cet héritage de gloire à rajeunir, de revers à venger, d’intérêts à étendre et à protéger, forme l’histoire des peuples : il constitue aussi les éléments de vie qui font une nation. Depuis environ cinq siècles, un contrat moral, unissait à la France la forte race capétienne. Tout cela n’existait pas au même degré ni dans les mêmes termes pour les populations de l’Adour et de la Garonne. Ces populations, à la fois défendues et tenues en tutelle par une oligarchie puissante, se préoccupaient surtout de leur bien-être matériel et de leur commerce. Le gouvernement de Charles VII commit la faute d’importer saris transition, dans ce pays, le mode récemment inauguré par lui, des impôts arbitraires, ou taille permanente, accompagnée de l’armée permanente et royale. Durant les mois de juillet-août 1452, Charles VII habita Mehun-sur-Yèvre et Bourges. Au rapport de Basin, une députation solennelle des Bordelais et vies trois états de la province, vint trouver le roi dans cette dernière ville. Ces délégués représentèrent au prince que la perception de tributs, telle qu’elle s’exerçait, était contraire aux vœux de leurs commettants, à leurs intérêts, aux stipulations des traités. La députation fut éconduite sans obtenir de solution satisfaisante. Au retour de ces envoyés, les Bordelais se concertèrent, à l’insu de l’autorité. Pierre de Montferrand, sire de Lesparre, accompagné de divers autres seigneurs du pays, se rendit en Angleterre et proposa au gouvernement anglais de reprendre possession de la Guyenne[25]. Le 22 octobre 1452, Talbot, se présenta devant. Bordeaux, suivi de quatre à cinq mille Anglais : les habitants lui ouvrirent leurs portes. Olivier de Coëtivy, sénéchal de cette province, fut envoyé prisonnier en Angleterre. Jean du Puy du Fou, sous-maire de Bordeaux, et le reste des autorités françaises, demeurèrent au pouvoir de l’ennemi. L’archevêque de Bordeaux, prélat des plus considérés de son siècle, favorisait le mouvement. Talbot s’installa comme lieutenant général pour le roi Henri, dans la capitale de la Guyenne. La plupart des places qui environnaient cette ville, à l’exception de Bourg et de Blaye, ne tardèrent point à retomber sous la domination anglaise[26]. Dans le même temps, les côtes de Normandie étaient menacées par une flotte anglaise. Jean, comte de Dunois, avait été, le 20 mars 1452, institué de nouveau lieutenant général du roi dans la haute Normandie. Le connétable de Richemont commandait militairement le sud de cette province. Cherbourg manquait de vivres et le clos du Cotentin offrait toujours un passage accessible à l’ennemi. Louis d’Harcourt, archevêque de Narbonne, et d’autres commissaires civils, que le roi avait envoyés en Normandie, réunirent leurs efforts à ceux des deux commandants militaires. Pierre de Brezé, assisté de Floquet et de Jean de Chaponval, chevalier, bailli de Caux, occupait son poste, comme grand sénéchal de la province. Par les soins de ces divers fonctionnaires, il fut pourvu d’une manière très active et très efficace à tous ces besoins. Jean Aubery, lieutenant du grand maître Gaspard Bureau, envoya de Paris à Rouen des pièces et munitions d’artillerie, qui furent réparties entre les différentes places menacées. Ces divers points reçurent en même temps des secours de toute sorte. Le sire de Torcy, grand maître des arbalétriers, les baillis de Caux, d’Evreux et de Cotentin, mobilisèrent immédiatement les francs-archers et les conduisirent sur les côtes maritimes. Grâce à cette vigilance et à cette activité, les Anglais n’osèrent point opérer de débarquement[27]. Charles VII, en apprenant le soulèvement de Bordeaux et les progrès de lord Talbot, se contenta de diriger vers la Guyenne quinze cents lances, sous le commandement des maréchaux de France, de Joachim Rouault et autres capitaines. Ces troupes devaient se borner à contenir le pays et à observer les Anglais, jusqu’au retour de la belle saison. Le 15 avril environ, de l’an 1455, Charles quitta la Touraine et se rendit à Poitiers, puis à Lusignan, où il était le 2 juin. Dans cet intervalle, le gouvernement anglais, sur la demande des habitants de Bordeaux, expédia une nouvelle flotte, portant quatre mille hommes de renforts et composée de quatre-vingts vaisseaux. Roger, baron de Camois, dirigeait cette expédition, accompagné du vicomte de l’Isle, fils de Talbot, des lords Poyning, Moleyns ; du bâtard de Somerset, etc.[28] Le 2 juin 1453, Charles VII ouvrit la campagne et se porta de Lusignan à Saint-Jean d’Angély. Le lendemain 5, ses troupes assiégèrent de nouveau la place de Chalais. Cette forteresse et quelques autres ne tardèrent pas à se soumettre au roi de France. Par le conseil des chefs de l’armée, spécialement du trésorier, J. Bureau, le siège fut ensuite posé, le 15 juillet, devant la place de Castillon en Périgord, laquelle était retombée précédemment au pouvoir de l’ennemi. Lord Talbot résidait alors à Bordeaux. Il s’était vanté qu’avec dix mille hommes et la terreur de son nom, il triompherait du roi de France et de son armée. Charles VII dirigea sur ce point ses meilleurs capitaines, les mêmes à peu près qui en 1451 avaient opéré la conquête de Guyenne. Le 16 juillet 1453, Talbot, cédant aux instances réitérées des assiégés et des Bordelais, partit de Bordeaux, suivi d’environ dix mille hommes et vint coucher à Libourne. Le nombre des Français assiégeants parait avoir été à peu près égal à celui de leurs adversaires[29]. Le lendemain, 17 juillet, fut livrée la mémorable bataille de Castillon. De grand matin, une escarmouche avait eu lieu entre les avant-gardes ou éclaireurs des deux armées. Talbot s’était retiré dans une abbaye et se disposait à s’y faire chanter la messe par son chapelain, lorsqu’on vint lui dire que les Français prenaient la fuite à son approche. Aussitôt le capitaine partit sans attendre qu’on célébrât l’office. Peu de temps après, sir Thomas Auringham, chevalier anglais d’une bravoure éprouvée, rencontra Talbot et voulut le détromper sur le faux avis qu’il avait reçu. Mais le lord accueillit avec dureté cette nouvelle ouverture et donna l’ordre de, continuer la marche. Ses chevaliers, entraînés par leur téméraire commandant, se précipitèrent avec fougue sur les Français. Mais ces derniers, bien loin de prendre la fuite, les attendaient de pied ferme, solidement fortifiés, munis d’une formidable artillerie et prêts à combattre[30]. Talbot et les siens furent accueillis par une terrible décharge de canons, coulevrines et ribaudequins sans parler des flèches et des viretons. Puis le combat s’engagea corps à corps et main à main dans la plaine. Les troupes françaises, particulièrement les francs-archers, déployèrent une rare valeur et la plus grande fermeté. Talbot chevauchait une petite haquenée, vêtu d’une brigandine couverte de velours cramoisi. Frappé à la cuisse d’un coup d’artillerie, il tomba sous sa monture, également blessée. Lord Talbot se vit aussitôt entouré d’archers français qui ne le connaissaient pas. Il cria merci et offrit de se racheter à prix d’or. Mais les archers, fort maltraités le matin par ses gens, ne lui firent point de quartier : ils l’achevèrent sur place, de mille coups. Lord de l’Isle, fils de Talbot, l’un de ses neveux, Th. Auringham, trente autres chevaliers, et quatre mille de leurs compagnons d’armes, sans compter les prisonniers, perdirent la vie dans cette bataille[31]. Le capitaine anglais qui mourut à Castillon eut cette fortune (qu’obtiennent seulement quelques héros), de se faire admirer et honorer même de ses ennemis. En 1449, au siège de Rouen, Charles VII l’avait traité avec la plus grande courtoisie et peu après lui avait rendu la liberté sans rançon. Lors de la bataille du 17 juillet, le bruit se répandit que le chef anglais était parmi les morts. Mais ceux-ci demeurèrent toute la nuit sans sépulture. Après l’action, des officiers d’armes français cherchèrent son cadavre, et crurent le reconnaître, mutilé par ses blessures. Ils le rapportèrent au camp et l’exposèrent sur un pavois. Les uns affirmaient que c’était bien Talbot, d’autres soutenaient le contraire, lorsque le lendemain, entre autres officiers anglais, le héraut de Talbot vint demander la permission de chercher son général et de le reconnaître. Le héraut portait sa cote armoriée du blason de Talbot. A l’aspect de ce cadavre, dont la tâte était toute fendue d’une taillade et déjà les traits décomposés, le héraut hésita lui-même. Toutefois il pâlit, se mit à genoux et introduisit son doigt dans la bouche du mort, sachant qu’il manquait à Talbot l’une de ses dents molaires. La dent manquait et le héraut ne douta plus. Alors, et toujours agenouillé, il le baisa sur la bouche en disant : Monseigneur mon maistre, Monseigneur mon maistre, ce estes vous ! Je prie à Dieu qu’il vous pardonne vos péchés. J’ay esté votre officier d’armes quarante ans et plus, il est temps que je les vous rende ! Puis, les yeux pleins de larmes, il dévêtit sa cote d’armes et la plaça sur le cadavre de Talbot. Le doute cessa désormais pour tous sur l’identité de ce guerrier illustre[32]. Jean Talbot, des anciens barons de Cleuville en Caux, lord Talbot et Furnival, comte de Shrewsbury, Weysford et Waterford, baron de Dungarvan en Irlande, seigneur de Verdon, de Strange, de Blackmere, gouverneur d’Irlande, capitaine de Creil et de Rouen, comte de Clermont en Beauvoisis, maréchal de France, high-steward d’Angleterre et lieutenant général du roi Henri VI en Guyenne, était âgé d’environ quatre-vingts ans. Sa longue carrière mesure par sa durée la période ou drame historique dont nous avons essayé de retracer le tableau dans le présent ouvrage. En 1417, il assistait Henri V, lorsque ce dernier s’empara de la Normandie. A Castillon, il livra, au nom d’Henri VI, la dernière bataille. La domination anglaise sur notre sol périt avec lui dans cette journée[33]. La victoire de Castillon produisit le même effet moral que celle de Blanquefort en 1450. La place de Castillon, assiégée, se rendit peu de jours après la bataille. Saint-Émilion, Libourne, Châteauneuf de Médoc, Blanquefort, Saint-Macaire, etc., imitèrent bientôt cet exemple. Vers le 29 juillet, les comtes de Foix et de Dunois assiégèrent Cadillac. Cette forteresse opposa une vive résistance et finit par capituler dans les premiers Jours d’octobre. La défense alors se trouva concentrée dans la ville de Bordeaux, où commandaient le baron de Camois et Thomas Clifton, assistés des nobles du Bordelais et d’environ huit mille hommes, tant Anglais que Gascons. Le sire de Camois fit enlever les cordages des navires anglais qui avaient servi à l’expédition, et ces agrès furent mis sous clef afin que ses troupes ne pussent pas s’enfuir à bord et se rembarquer. Charles VII, parti d’Angoulême le 28 juillet, passa la Dordogne et s’avança aux environs de Bordeaux. Il prit sa résidence à Libourne, à Montferrand, puis à Saint-Macaire, pour activer les opérations. La ville de Bordeaux fut assiégée par terre et par mer. A la marine anglo-bordelaise, le roi opposa des bâtiments sortis de la Rochelle et de divers ports bretons. L’Espagne, la Hollande, la Zélande et la Flandre maritime lui fournirent aussi des vaisseaux de guerre. Cette flotte, placée sous les ordres de Jean de Bueil, amiral de France, et de l’amiral de Bretagne, franchit l’embouchure de la Gironde et seconda l’attaque de Bordeaux. Le 9 octobre 1453, cette ville, après deux mois de lutte et de siège, se soumit au roi de France et obtint une capitulation. Les Anglais, ainsi que les habitants, eurent la vie sauve, et les premiers se retirèrent en bon ordre à Calais ou en Angleterre. Les Bordelais durent payer au vainqueur une contribution de cent mille écus. Gaillardet, capitaine de Cadillac, avait été décapité. Parmi les révoltés bordelais, vingt personnes désignées par le roi subirent la peine (lu bannissement. De ce nombre étaient les seigneurs de Montferrand et de Duras, qui avaient été chercher Talbot en Angleterre. Durant le cours de cette campane, Charles VII ne participa de sa personne à aucune action militaire. Il ne fit point d’entrée à Bordeaux. Vers la fin d’octobre, après avoir pris possession de cette ville par des officiers, il retourna en Touraine[34]. La France entière applaudit à l’heureux succès de cette dernière campagne. Jamais événement, et c’était justice, ne fut célébré par des manifestations plus éclatantes ni plus variées. Dans les pages précédentes, on a vu mainte fois la poésie populaire se faire l’organe des sentiments de joie ou de douleur que ressentait la multitude. L’une des ballades de Charles d’Orléans glorifie le roi de ce que la Providence a béni ses armes ; et t’a rendu, dit le poète : Et t’a rendu Guyenne et Normandie. Divers documents que le temps a épargnés constatent que des réjouissances publiques eurent lieu à cette occasion, d’une part en l’Université de Paris, et de l’autre à Fontenay-le-Comte, petite ville du Poitou, dont la seigneurie appartenait au connétable Artus de Richemont[35]. En 1451, la ville et l’Église de Troyes, en l’honneur de la conquête de la Guyenne, firent représenter, sur ce sujet, une moralité à personnages. En 1453, la ville de Compiègne octroya un don aux compagnons qui avoient joué la Desconfiture de Talbot. De nos jours encore ; on remarque au château de la Brède-Montesquieu (près Bordeaux), qui remonte au treizième siècle, l’une des salles de cet antique manoir, appelée la salle du Conseil : Sur le manteau de la cheminée, qui a trois mètres d’ouverture, se voient des restes de peinture murale que l’on dit représenter la prise de possession de la Guyenne par Charles VII[36]. Enfin le plus ancien monument de la glyptique française, la première de nos médailles proprement dites, fut consacrée à perpétuer ce grand souvenir national. Cette médaille, exécutée par les procédés monétaires du temps, fut frappée à la Monnaie de Paris. Le cabinet de France en possède à lui seul sept types ou variétés, d’or, d’argent et de cuivre (surmoulé). L’un de ces types représente au droit Charles VII comme chevalier, armé en guerre, l’épée nue, au galop de sa monture ; sur le revers, le roi de France assis en majesté. Un autre porte pour exergue le quatrain qui suit : QVANT IE FV FAIT, SANS DIFERANCE, AV PRVDENT ROI, AMI DE DIEV, ON OBEISSOIT PARTOVT EN FRANCE, FORS A CALAIS, QVI EST FORT LIEV[37]. L’an 1453, qui marqua la complète libération de notre sol, fournit à l’histoire une date des plus mémorables. A partir de cet événement, la France trouve, comme État et comme nation, son assiette définitive. Constantinople succombe (avril-mai) sous les coups de Mahomet II. Ainsi dispersés, les Grecs répandent, jusqu’aux limites extrêmes de l’Europe occidentale, les lumières dont le dépôt leur avait été transmis par leurs ancêtres[38]. Un fait particulier mérite de prendre place à côté de ces graves événements. Le 4 juillet de la même année, au cours de la guerre que soutenait Philippe le Bon contre les Gantois, ce prince assiégeait la place de Poucques. Jacquet de Lalain qui, plus d’une fois, a figuré dans cette histoire, J. de Lalain observait la ville, en compagnie de divers officiers ou lieutenants de Philippe. Tout à coup, un boulet de pierre, tiré par les bourgeois, vint tomber sur l’abri où se tenait Lalain et lui fractura le crâne. Sa mort fut instantanée. Ainsi périt le dernier des chevaliers errants ou des paladins de langue française. La guerre se transformait. L’ère moderne rie la civilisation était ouverte. En général, nos historiens s’accordent pour fixer la limite chronologique du moyen âge à cette même année 1453[39]. |
[1] Berry, p.458 et suiv. J. Chartier, t. II, p. 240 à 246. Escouchy, t. I, p. 318 à 323. Basin, t. I, p. 247-250. J. du Clercq, p. 24 à 26. Chronique martinienne, f° ccxciij v°. Proceedings, t. VI, p. xxxiij. Compte rendu de la Commission historique de la Gironde, 7851, in-8°, p. 29. Lettres des rois et reines, in-4°, t. II, p. 476 et suiv. Confirmation des privilégies de Bergerac : Ordonnances, t. XIV, p. 109 à 113.
[2] Ms. latin Saint-Victor n° 1039, t. II, f° 283. Ms. fr. 5909, f° ixxxv à ixxxxiij. Chronique de Gruel (Panthéon), p. 403. Escouchy, t. I, p. 318. Tableau des forces militaires établies par le roi en Normandie, avec le nom des capitaines, l’indication des lieux de, station des troupes et leur nombre, au 14 mai 1451. Ms. Moreau, n° 252, f° 129.
[3] Berry, p. 459 et suiv. Escouchy, t. I, p. 525 et suiv. Gaujal, Études sur le Rouergue, t. II, p. 508 et suiv. J. Le Boursier, service maritime Ms. Gaignières 587, f° 47. 1451, mai 1, traité entre le comte de Penthièvre et J. de La Cropte, sire de Lencais, pour la réduction de Lencais (aujourd’hui Lanquais, arrondissement de Bergerac). J. J. 181, f° 11 v°, pièce ne 23. Ms. Moreau 252, f° 155 et suiv.
[4] Traité de Fronsac 5 juin : Ms. Duchesne 108, f° 27. Escouchy, p. 535. Berry, p. 160 et suiv. J. Chartier, t. II, p. 268 à 271. J. du Clercq, p. 27 et suiv. Chronique Martinienne, f° ccxeiiij. Du Boulai, t. V, p. 557. Guadet, Saint-Émilion, etc., 1841, in-8°, p. 109 et suiv., 274 et suiv. Ms. Saint-Victor, ibid.
[5] Les mêmes. K. 69, n° 2. Ms. Duchesne 104, f° 99. Lettres patentes du roy Charles VII, etc., Paris, 1650, in-4°. D. de Vienne, Histoire de Bordeaux, 1771, in-4°, t. I, p. 91, 513 et suiv. O’Reilly, Histoire de Bordeaux, 1857, in-8°, t. II, p. 33 et suiv., 634, etc. Divers traités particuliers furent signés avec le comte de Benauges (Gaston de Foix) et d’autres grands barons ou tenanciers d’Angleterre. Voyez J. Chartier, loc. cit., charte originale, du 7 juillet 1451, scellée du grand sceau de cire verte, sur lacs de soie rouge et verte, acquise à Londres et communiquée à l’auteur par M. d’Auriac, de la Bibliothèque impériale et J. J. 185, n° 104.
[6] Berry, p. 462. J. Chartier, p. 304 et suiv. Aux termes du traité du 12 juin, il avait été convenu (art. 17) que en la dite ville de Bourdeaux y ait justice souveraine, etc. Nous pouvons signaler en effet la minute ou protocole d’une ordonnance datée de Taillebourg (juillet à septembre 1451), qui érige à Bordeaux un parlement : Ms. 5909, f° ixxxxviij. Cf. N. Cilles, Chroniques, 1577, f° xcviij. Cependant l’institution de cette cour fut évidemment ajournée, peut-être à cause du soulèvement de 1452, raconté ci-après. En 1456 et 1459, nous voyons de simples assises ambulantes, ou grands jours, se tenir à Bordeaux. Grün, Notice sur les archives du parlement de Paris, 1863, in-4°, p. ccj. Le parlement de Bordeaux ne fut organisé que sous Louis XI, par une ordonnance du 10 juin 1462. Recueil du Louvre, t. XV, p. 500.
[7] Ibid. K. 69, n° 1, Mélanges Champollion (Documents inédits, in-4°), t. III, p. 252. La prise de Bordeaux célébrée à Poitiers, ibid. ; à Tours, Ms. Baluze, 77, f° 369.
[8] Le vendredi 20e du dit mois d’aoust, semblable jour que Nostre seigneur souffrit mort et passion pour nous racheter sur la croix, un peu après le soleil levant, se démonstra et fut veue au ciel une croix blanche paroissant estre droitement posée sur la dite cité de Bayonne, et lors les habitans d’icelle ostèrent leurs bannières et pennons à croix rouges, disant qu’il plaisoit à Dieu qu’ils fussent François et portassent la croix blanche. Berry, p. 466. Escouchy, p. 362-7. Ms. fr. 5909, f° ixxxvj et xixx. P.P. 110, f° M. Ms. Colbert 9669, 2, 2, f° 184. Ms. Saint-Victor, f, 283 w. Basin, t. 1, p. 251. Procession à Marmoutiers pour la réduction de Bayonne : Ms. Baluze 77, f° 361. J. J. 185, f° 1011, 145 v°. Privilèges et confirmations : Armoires Baluze, t. XXV, p. 39, 146. Ms. fr. 4054, pièce 79. Ordonnances, t. XIV, p. 134 à 182.
[9] Le roi, par lettres du 30 octobre 1452, crée de nouveau l’Université de Caen, érigée sous le gouvernement anglais et déjà confirmée par Charles VII. K. 69, n° 3. J. J. 181, pièce 35. Ms. fr. 5909, f° xjxxv et ccxix. Ms. Brienne, n° 155, f° 190. D. Rousseau, t. IX, n° 3943. Ordonnances, t, XIV, p. 90 à 249 ; L. XV, p 21 ; t. XVI, p. 679, 680 ; t. XVII, p. 311, 460. Laferrière, Séances et travaux de l’Acad. des sc. mor. et polit., 1860, 7e liv., p. 130. Redet, Mélanges Champollion, in-4°, t. III, p. 244. L. d’Anisy (Calvados), t. II, p. 395, ne 173. Vallet de Viriville, Archives de l’Aube, p. 130, liasse 115, pièce C. L’indication suivante intéressera le lecteur, comme essai de statistique administrative. ... Ung sac où sont les noms et surnoms des nobles du royaume envoyez par les baillis et sénéchaux en l’an 1459. Ms. fr. 2899, f° 80 v°. Réformation administrative en Normandie : Legrand, t. IV, p. 23. Ms. Gaignières 567, f° 48. Janvier 1452, confiscation de la ville de Pons (à l’entrée de la Guyenne) sur Jacques de Pons, ancien allié de La Trimouille ; J. 292, n° 5. Du Tillet, Traitez, p. 244. Ordonnances, t. XVI, p. 197.
[10] Catalogue Joursanvault, n° 403. Ms. fr. 2707, f° 185. Berry, p. 467.
[11] Lettre de Charles VII, écrite le 22 août 1451, au soudan de Babylone. Il se plaint des mauvais traitements infligés aux cordeliers, gardiens du saint sépulcre. Ms. fr. 2899, f° 79 v° ; 5909, f° ixxxxiij. Olivier de La Marche, p. 486. Bugniot, Vie de Jean Germain, p. 16. J. Chartier, t. II, p. 325 et suiv.
[12] Ms. D. Grenier n° 238, pièce 41. Legrand, t. IV, p. 25. Du Boulai, t. IV, p. 557, 561 et suiv. Crevier, t. IV, p.186 et suiv. Histoire de l’Église gallicane, t. XXI, p. 4, 7 et suiv. Histoire de l’instruction publique, p. 175, 176, 197. L’une des réformes introduites par le statut de 1452 consista dans l’abolition du célibat imposé aux régents de la Faculté de médecine, comme aux autres suppôts du corps enseignant. Voyez aussi du Boulai, p. 578, et Bibliothèque de l’École des chartes, t. V, p. 479.
[13] Legrand, t. IV, pièce 23, et le compte de Mathieu Beauvarlet y annexé. Ibid., t. VI, p. 302. Gallia christiana, t. XI, col. 90 et suiv. Histoire de l’Eglise gallicane, t. XXI, p. 4. Liorente, Monuments historiques concernant les deux pragmatiques sanctions, Paris, 1818, in-8°, p. 52. Cf. Spicilège, t. III, p. 791. Estouteville à Orléans : Procès, L. V, p. 381.
[14] Protocoles des lettres adressées par la chancellerie royale à diverses puissances : Ms. fr. 5909, f° iicliij. Traité de paix entre Charles VII et les cantons suisses, 8 novembre 1452, ratifié le 5 avril 1453. Ms. Harlay, n° 234, 3, p. 149, 150. Malingre, Annales de Paris, 1640, in-fol. Barante, Ducs de Bourgogne, 1825, t. VII, p. 552 et suiv., K. de Lettenhove, Histoire de Flandres, in-12, t. III, livre XVI.
[15] Les mêmes. K. de Lettenhove, Programme d’un gouvernement constitutionnel au quinzième siècle, en Flandres, extrait des Mémoires de l’Académie de Bruxelles, 1863, in-8°.
[16] Les mêmes. Ms. fr. 1278, f° 160, 169 et suiv. Lettenhove, Programme, etc. Escouchy-Beaucourt, t. I, p. 368, 383 et suiv. ; t. II, p. 9 et suiv., 81 et suiv. Berry, p. 467. Basin, t. I, p. 270 et suiv. Œuvres de Chastelain, t. II, p. 225. Lincy, Chants historiques, etc., 1857, p. 36 et suiv. Archives du Nord, etc., 1851, p. 550. Du Clercq, p. 42 et suiv. Voir, sur la bataille de Gavres, le beau récit de M. de Lettenhove, t. III, cité, p. 381 et suiv.
[17] Lega offensiva et defensiva tra il re d’Aragona ed il duce di Savoia, 1451 ; Archives de Gênes ; communiqué par M. Casati. Ms. fr. 5909, f° ccxvj et xixxvj. Ms. Gaignières 567, f° 48. Ms. Dupuy, n° 760, f° 60. D. Vousseau, t. IX, n° 3950. Legrand, t. I, p. 59 ; t. VII, à l’année 1453. Guichenon, Histoire de Savoie, 1660, in-fol., t. I, p. 515. A. Desjardins, Négociations diplomatiques de la France avec la Toscane, etc., dans les Documents inédits, in-4°, t. I, p. 56 et suiv. Villeneuve-Bargemont, Histoire de René d’Anjou, t. II, p. 101 et suiv. 1451, mai 29, projet d’alliance entre Isabelle Stuart, veuve de François Ie, de Bretagne, et le prince de Navarre, projet interdit par Charles VII : Actes de Bretagne, 1744, t. II, col. 1557. Charles, duc d’Orléans, nomme ses procureurs, le 20 mai 1452, pour réclamer de l’empereur l’investiture de son comté d’Asti. K. 69, n° 6 et suiv. Louis, Dauphin, vers le même temps, convoitait ce dernier établissement en Italie, moyennant indemnité accordée au duc Charles d’Orléans. Lettre originale de Louis, visée par Legrand, t. I, p. 45.
[18] Ms. résidu Saint-Germain, n° 143, f° 61. Ms. Dupuy 762, f° 15, 51 ; Fontanieu, 121-2. Legrand, t. IV, f° 56 v° ; t. VI, p. 504 et suiv. Duclos. Recueil de pièces, 1746, in-12, p. 82.
[19] Normandie apprit en outre, à Chambéry, qu’il était question de marier la petite-fille de Savoie au fils de Francesco Sforza, de Milan. Sources citées. Ms. Brienne, n° 80, f° 139, 147 v°. Ms. Dupuy 762, f° 23. Legrand, t. I, f° 36. Ms. fr. 4805, f° 564. Guichenon, Histoire de Savoie, t. II, Preuves, p. 371. Recueil cité, p. 89. Chorier, Histoire du Dauphiné, t. II, p. 451.
[20] Basin, t. I, p. 282 et suiv. Escouchy-Beaucourt, t. I, p. 424 et suiv. Montfalcon, Histoire monumentale de la ville de Lyon, 1860, gr. in-4°, p. 282. Péricaud, Notes sur l’histoire de Lyon, 1834, in-8°, p. 60. 1459, juillet 14 ; Istruzione del duca di Savoia Luigi, a Pietro Bolomeri suo inviato verso il Delfino. Le 23 : Ordini dati dal bastardo Giov. d’Armigni (Jean, bâtard d’Armagnac, maréchal du Dauphiné), per avvero in pronto la solatesca necessaria net ducato di Savoia : Archives de Gênes ; M. Casati. Ms. Legrand, t. VI, f° 377.
[21] Aujourd’hui Cleppé (Loire), canton de Boën, arrondissement de Montbrison. Irritation du roi contre le duc de Savoie : Desjardins, 76.
[22] Itinéraire. La Mure, Histoire des comtes de Forez, in-4°, t. II, chap. XX. J. Chartier, t. II, p. 330. Berry, p. 467. Lettenhove, Histoire de Flandres, t. III, p. 287. Escouchy, t. I, p. 424 à 442. Du Clercq, p. 41. Basin, t. I, p. 282 et suiv. Ms. Legrand, t. I, f° 46 v°, 57 ; t. VI, f° 303. Mélanges Champollion, t. II, p. 192. Chorier, p. 454.
[23] Les mêmes. Archives de Chambéry, tiroir I, n° 3. — J., carton 502, pièces 20 et suiv. Ms. fr. 5909, f° xixxvij v° et suiv. Ms. Brienne, n° 80, f° 149, 151. Ms. Legrand, t. I, f° 57 ; t. VII, p. 993 et suiv. Guichenon, Histoire de Bresse, preuves, p. 28 ; Histoire de Savoie, t. I, p. 513. Costa de Beauregard, Familles historiques de Savoie, 1844, in-4°, p. 58, 102 ; Souvenirs d’Amédée VIII, p. 103, note 1. Rabut, Bulletin du Comité de la langue, etc., (Instruction publique) ; 1856, in-8°, t. III, p. 575 et suiv. Le poète Martin Franc, prévôt de Lausanne, assistait le duc de Savoie, comme maître des requêtes en son grand conseil ; il contresigna les traités du 27 octobre. Jean de Bueil, amiral de France, et André de Villequier, mari d’Antoinette de Maignelais, reçurent chacun dix mille écus d’or. Jacques de Chabannes, grand maître de l’hôtel, en eut douze mille, le duc voulant le favoriser davantage et racheter en même temps une rente qu’il lui avait précédemment assignée... (Souvenirs d’Amédée, loc. cit.).
[24] Cartulaire de l’occupation anglaise sous Henri VI, registre original sur vélin ; Ms. latin, 9134.
[25] Itinéraire. Basin, t. I, p. 256, 259. Guadet, Saint-Émilion, etc., p.111. — Les principaux agents de l’insurrection en Guyenne et de la restauration anglaise furent : Gaston de Foix, comte de Benauges, captal de Buch, chevalier de la Jarretière, etc., oncle du comte de Foix ; Jean de Foix, comte de Candale, fils du précédent, marié à Marguerite, nièce de W., duc de Suffolk ; l’archevêque de Bordeaux, Pey Berland ; P. de Montferrand, seigneur de Lesparre et soudie (soldanus), ou sire de la Trau ; Galhard de Durfort, seigneur de Duras, chevalier de la Jarretière ; Thomas Gassiet, ancien sous-maire, etc.
[26] Basin. Berry, p. 468. J. Chartier, t. II, p. 330 et suiv. Du Clercq, p. 41 et suiv. Escouchy, t. II, p. 29 et suiv. Ms. Legrand, t. IV, p. 26. Ms. lat. 9134, f° 116 et suiv. Ms. Duchesne 108, f° 31 ; Cf. Gall. christiana, t. II, col. 842. Lettres des rois el reines, t. I1, p. 1181. Quittance de 4.500 l. t., signée par P. de Saintrailles le 27 mars 1453 (nouv. style), qu’il a reçues du roi pour moy aider, dit-il, à racheter de prison et remettre sus mes gens, qui ont esté pries des anglois, à la prinse de Bordeaux. Cabinet des titres, dossier Saintrailles.
[27] Ms. fr. 5909, f° xjxxiv. Ms. Gaignières 567, f° 45 et suiv. Ms. résidu Saint-Germain, n° 142, f° 144. Cf. Basin, t. 1, p. 263. Ms. Moreau, n° 252, f° 183. Proceedings, etc., t. VI, p.120.
[28] Berry, 468. J, Chartier, t. II, p. 531 ; t. III, 15. Du Clercq, p. 41. Escouchy, I, 413. Ms. fr. 5909, f° xlxxxiij, Ms. Duchesne 108, f° 31. Proceedings, etc., t. VI, p. xliv, 151 à 16. 1452, décembre 13, Ordonnance du roi qui défend à ses sujets l’importation de vivres et de munitions dans la ville de Calais. Livre vert, vieil 2e, f° 197. Lefebvre, Histoire de Calais, t. II, p. 173. Cf. Proceedings, etc., t. VI, p 120. 1453 mai 5, Dépenses militaires en Normandie, Ms. Gaignières 64915, pièce 1. Dugdale, Baronagium, t. I, p. 530.
[29] J. Chartier, t. II, p. 334 ; t. III, p. 11. Berry, p. 468 et suiv. Du Clercq, p. 75 et suiv. Basin, t. I, p. 262 et suiv. Escouchy, t. II, p. 33. Ms. fr. 5909, f° ijelij ; xjxxxviij v°. Proceedings, etc., t. VI, p. 143, 151.
[30] Escouchy. Auteurs cités.
[31] Les mêmes. Bibliothèque de l’École des Chartes, t. VIII, p. 246, Ms. Duchesne 108. Mélanges Champollion, t. III, p. 244.
[32] Escouchy, p. 42, 43. — La bannière de Talbot fut prise dans la bataille, par un Breton nommé Olivier Giffart. Ms. de la bibl. Sainte-Geneviève, n° 1155, f° 131. Jacques de Chabannes combattait à Castillon ; il envoya par un page, à Charles VII, la gorgerette (sorte de hausse-col ou large croissant de fer qui protégeait la gorge) de Monseigneur Talbot. Lequel (Charles) fut bien aise de la venir et dit : Dieu face mercy au bon chevalier à qui elle estoit ! Chronique Martinienne, f° xcvj. Le roi habitait la Rochefoucault. Itinéraire. Ms. La Ravalliere Champagne, t. IX, f°268 v°. En 1499, la brigandine (vêtement du buste) de Talbot se conservait au château royal d’Amboise : Bibliothèque de l’École des Chartes, t. IX, p. 416, 418 et 422, n° 32. Portrait de Talbot peint dans le ms. du British Museum 15 E vi ; gravé, ainsi que, la figure du héraut de Talbot, dans Shaw, Dresses, etc., t. II, pl. 49, etc. Stothart, Monumental effigies, pl. 127 et 128. Bromley, p. 9. Son portrait et son épée, retrouvée dans la Dordogne : Thevet, les Vrais portraits, etc. 1584, in-f°, p. 282. Cette épée, au temps d’Henri IV, fut réclamée par le comte de Shrewsbury, descendant de Talbot (communication de M. Teulet).
[33] Anselme, aux Maréchaux. Dugdale, Baronagium, t. I, p. 528 et suiv.
[34] Berry, p. 470 et suiv. J. Chartier, t. III, p. 12 et suiv. — Du Clercq, p. 78 et suiv. Escouchy, t. II, p. 64 à 79. Guadet, Saint-Émilion, p. 112 et suiv., Ms. résidu Saint-Germain, n° 142, p 46. Proceedings, t. VI, loc. cit. Ms. fr. 5909, f° iiexlj v°. J. Trapp., chevalier envoyé vers Charles VII, en ambassade, par le duc d’Autriche, sert militairement pendant toute la campagne, puis s’en retourne (ibid., jjcxlviij). Ordonnances, t. XIV, p. 271. 1453 septembre, Henri VI devient fou : Strickland, Lives, etc. 1844, t. III, p. 227 et suiv. Gall. christiana, t. II, col. 842. Taxe de soixante mille livres en Normandie pour expulser les Anglais ; Archives du Calvados au 13 octobre 1453 ; K. 69, n° 7. Le roi, en 1454, renforça la garnison de Bordeaux et commença l’érection du château Trompette. Berry 473.
[35] Poésies de Charles d’Orléans, édition Champollion, in-8°, p. 194. Du Boulai, t. V, p. 585. Poitou et Vendée, par MM. Fillon et de Rochebrune, 1861, in-4°, p. 34.
[36] Boutiot, Recherches sur le théâtre à Troyes, vers 1850, dans les Mémoires de la Société de l’Aube, extrait, p. 427. Archives de Compiègne, C, 19 ; Lépinois, Bibliothèque de l’École des chartes, t. XXIV, p. 496. Lamothe, Compte rendu de la commission historique de la Gironde, 1849, in-8°, p. 21.
[37] En additionnant les chiffres romains ou lettres numérales (excepté les D) de ce chronogramme, on trouvera le millésime de 1451 (première expédition de Guyenne).
[38] Giornale dell’ assedio di Constantinopoli, par Nicolas Barbaro, Vénitien, témoin oculaire, Vienne, 1856, in-8°. Mordtmann, Belagerung und Eroberung Constanlinopels, etc., Stuttgard, 1858, in-8°. Hammer, Histoire de l’empire ottoman (trad. Hellert), 1835, in-8°, t. II et III. Ms. fr. 1278, f° 127 à 149. Chroniques du quinzième siècle de Buchon, Panthéon, 1838, volume de du Clercq, p. 79 et suiv., 309 et suiv. J. Chartier, t. III, p. 19 et suiv. Escouchy, t. II, p. 53 et suiv. Chroniques belges, in-4°, Namur, t. VIII ; p.167. Kausler, Atlas des batailles, texte, p. 149, pl. 33. A. Champollion, Louis et Charles d’Orléans, p. 381. 1453 et années suivantes, secours donnés par la ville de Compiègne à Georges, Théophile, Isaac et Alexis, cousins de l’empereur Dragasès ; à Dimitri Paléologue et à deux autres comtes de Constantinople ; Archives de Compiègne, C, 21 et 22. Lépinois, Bibliothèque de l’École des chartes, t. XXIV, p. 498. Lettres de passage et sauvegarde octroyées par Charles VII à Jean Caschadinos, Michel Catapopinos et Manuel Caschadinos, réfugiés de Constantinople. Ms. fr. 5909, f° vijxxxviij.
[39] Chronique de Lalain (Panthéon), p. 724. Biographie Didot : Lalain. Novembre 1452 à octobre 1453, administration civile du royaume : Ordonnances, t. XIV, p. 251 à 262 ; t. XIX, p. 522 ; J. J. 182, acte 77 ; Armoires Baluze, t. XVIII, p. 143 ; K. 69, n° 6 bis ; Ms. fr. 2899, f° 80 ; Ms. fr. 5909, f° ijcxlj et xjxxxij ; Costa de Beauregard, Familles de Savoie, p. 105 et suiv. Etc., etc.
Médaille commémorative de l’expulsion des Anglais.
Parmi les sept variétés du cabinet, le grand médaillon d’or à la légende : Desiré suis, est percé en haut de deux trous d’attache, qui se répètent au bas de la pièce. Ce joyau parait avoir été porté comme parure, ou peut-être comme insigne honorifique. Ces types furent successivement renouvelés avec variantes, notamment en 1454, 1459 et 1460. L’an M. LIIIJ (1454) Dieu, de sa sainte grâce, ayant donné victoire au roy d’avoir expulsé de son royaume les Anglois,... fut, à la louange du roy et de sa victoire, composées certaines pièces en façon de monnoye, cy-portraites ; dont en fut forgé quantité volontairement d’or et d’argent de divers poids, et d’icelles fait présent au roy et reine de France, princes et princesses de leur sang. Haultin, Figures des monnoies de France, 1619, in-4°, planche clxj ; texte, Ms. de l’Arsenal H. F. n° 467, f° 52-409.
Il en existe une huitième variété qui appartient aujourd’hui au numismate distingué, M. Fillon. Ces huit types ont été décrits ou gravés dans les ouvrages ci-après indiqués. Haultin cité. Duchesne, Œuvres d’Alain Chartier, 1617, in-4°, p. 835. J. de Bie, la France métallique, 1636, in-fol., p. 129, 130. Chalcographie du Louvre, n° 1683, 15 à 1686, 15. Trésor de numismatique et de glyptique, 1836, in-fol., Médailles françaises, au commencement. Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, 1844, in-4°, t. IV, p. 140 et planches. G. Combrouse, Choix de monnaies et médailles, 1845, gr, in-4°, p. 20, n° 43 ; et encore Monuments de la maison de France, 1836, in-fol., p. 21, planche 17. Magasin pittoresque, 1850, p. 152. Poitou et Vendée, loc. cit. Gazette des Beaux-Arts, 1861, t. XI, p. 469.