LIVRE VII. — PÉRIODE D’AGNÈS SOREL. - AFFRANCHISSEMENT DU TERRITOIRE NATIONAL. - Depuis les trêves jusqu’à l’entière expulsion des Anglais (1444 -1453).
Pendant que Français et Anglais guerroyaient de concert sur les marches de l’Allemagne, les communications amiables se développaient entre les deux gouvernements. Durant le séjour de Charles VII à Nancy, vers la fin de l’année 1444, des commissaires anglais vinrent trouver le roi de France. Ils passèrent avec ses conseillers une convention pour régler les appâtis ou pactes de rançon, qui au devant des présentes trèves, estoient cueillis et levés à l’occasion de la guerre en l’un et l’autre party[1]. Henri VI, conseillé en ce moment par le cardinal de Beaufort, avait accueilli W. Polè, porteur du traité de Tours, de la manière la plus favorable. Lejeune roi s’empressa de ratifier ces préliminaires et de renvoyer son ambassadeur, muni des pouvoirs les plus étendus, à l’effet de conclure définitivement cette alliance. Dès le mois de juillet 1444, un compte fut ouvert à la trésorerie royale d’Angleterre, pour défrayer la nouvelle ambassade. William Pole, comte de Suffolk, fut créé marquis de Suffolk, par lettres du 14 septembre, et reçut ses provisions de procureur fondé des pouvoirs royaux le 28 octobre. Le marquis se rendit immédiatement à Nancy, auprès du roi de France, et trouva présents à cette cour les deux rois, le Dauphin, ainsi que les princes et princesses de France et de Lorraine[2]. Marguerite d’Anjou, née le 25 mars 1429, se trouvait alors dans toute la fraîcheur de la jeunesse et de la beauté. Sa vie jusque-là s’était écoulée heureuse et calme, au foyer de sa famille. Vers la fin de 1444, des conseillers de son père vinrent la prendre au château d’Angers, qu’elle habitait, et la conduisirent à Nancy. Un nouveau traité fut signé ou du moins arrêté dans cette ville, probablement le jour de Noël (25 décembre) 1444. Marguerite n’apportait en dot au roi d’Angleterre aucune somme de deniers ; son père, en la mariant, lui constituait pour tout apanage des droits éventuels, hérités par René, de la succession d’Aragon, sur les îles de Mayorque et de Minorque ; terres dévolues au roi anglais, à condition de les conquérir. Mais la belle et jeune princesse, outre son intelligence et ses vertus, enrichissait le roi qui l’épousait d’un bien suprême : elle apportait à l’Angleterre la paix[3], du moins au dehors, et l’amitié française[4]. Le mariage proprement dit, ou cérémonie des noces, paraît n’avoir été célébré que deux mois environ après le traité. La rigueur de la saison, la guerre de Metz encore pendante, et surtout les sentiments de tristesse et d’appréhension dont la jeune fiancée était émue, contribuèrent sans doute à ce retard. Dans, les premiers jours de mars 1445, Louis d’Haraucourt, conseiller du roi, évêque de Toul, diocésain de Nancy, bénit en cette dernière ville l’union de Marguerite avec Henri de Lancastre, que représentait le marquis de Suffolk[5]. Des fêtes et des tournois prolongèrent durant huit jours la solennité de cet événement. Puis la reine d’Angleterre, accompagnée de sa suite nombreuse, s’éloigna. Char-les VII et René d’Anjou reconduisirent hors des murs la jeune princesse. A deux lieues de Nancy, le roi recommanda à Dieu ladite reine d’Angleterre, laquelle, en prenant congé de luy, pleura ; fort, tellement qu’à grand peine pouvoit elle parler. René, son père, l’accompagna jusqu’à Bar-le-Duc. Jean, duc d’Alençon et Jean d’Anjou, duc de Calabre, poursuivirent la route ; ils ne se séparèrent de leur sœur et cousine qu’à Saint-Denis. Le 16 mars 1445, par ordre du roi, les chanoines de Notre-Dame de Paris recevaient Marguerite avec le cérémonial réservé aux têtes couronnées. La reine d’Angleterre et son cortége entendirent la messe dans cette cathédrale, et le chapitre leur fit l’exhibition des grandes reliques. De là Marguerite se rendit, par Pontoise et Mantes, à Rouen, où l’attendaient de nouvelles pompes, ainsi que de nouvelles cérémonies officielles[6]. Le gouvernement obéré d’Henri VI s’était imposé de grands sacrifices pour déployer dans cette circonstance un luxe inusité. La reine, en arrivant aux portes de la capitale normande, avait un train de quinze cents chevaux. Quatre cents archers lui servaient de garde, sans compter deux cents autres archers appartenant au service personnel du roi absent. Le duc d’York, gouverneur, s’était porté à la rencontre de la reine, entouré des baillis et autorités de Normandie. Une haquenée tout équipée, mais la selle vide, offerte par le roi Henri à la reine, était conduite en main par un page, qui marchait de pied. Henri d’Angleterre lui avait en outre envoyé un chariot magnifique, attelé de six chevaux blancs. Lady Talbot et la comtesse de Salisbury, habillées de leurs robes d’État (state-gowns), c’est-à-dire vêtues comme au jour du mariage de Marguerite, attendaient la reine dans un char pour l’accompagner. Marguerite se rendit ainsi le 22 mars à la cathédrale de Rouen[7]. Parmi les haquenées et les destriers de suite, deux de ces chevaux étaient couverts de velours vermeil battu à or, semez de roses d’or... Déjà Marguerite, en proie à ses regrets de jeune fille, était agitée de secrets pressentiments. A travers ses pleurs prophétiques, elle put contempler dès lors ces symboles qui bientôt allaient devenir pour elle si funestes[8]. Après une traversée désastreuse, Marguerite, le 9 avril, débarqua, malade et presque nue à Porchester. Une tempête avait assailli et avarié sa flottille, ainsi que le vaisseau qui la portait. La pluie tombait à torrents. Marguerite, à demi morte, posa ses pieds chancelants sur les tapis inondés qu’avaient tendus à terre les habitants de ce petit port. Elle fut reçue dans les bras de Suffolk, qui lui procura en toute hâte un misérable abri. C’est ainsi que Marguerite d’Anjou inaugurait sur le sol anglais sa carrière. Le mariage définitif de Henri fut célébré treize jours après dans l’abbaye de Tiechfield. La reine d’Angleterre fit son entrée solennelle à Londres le 28 mai 1445, et fut couronnée le 30 à Westminster[9]. Une autre négociation très remarquable se poursuivait dans le même temps à la cour de Nancy. Richard, duc d’York, gouverneur de Normandie, descendait d’Édouard III et représentait la lignée légitime dépossédée par Henri IV, aïeul du roi régnant d’Angleterre. Richard demanda, pour son fils Édouard, comte de Marche, la main de l’une des princesses royales, fille de Charles VII et de Marie d’Anjou. Cette alliance, si elle se fût réalisée, eût constitué une sorte d’anomalie politique : car le duc d’York, futur prétendant, futur champion de la guerre des deux Rosés, eût ainsi obtenu pour épouse, et de la main dû roi de France, une princesse plus rapprochée du trône français que ne l’était la reine d’Angleterre, Marguerite. Nous ne saurions dire les considérations qui purent engager Charles VII et son conseil à encourager, même subsidiairement, de la part de Richard, une telle visée. Quoi qu’il en soit, la princesse Madeleine fût d’abord désignée par le roi Charles pour être l’objet de ces négociations. Or Madeleine était née le ter décembre 1443. Cependant le roi avait une autre fille, plus âgée et nubile, la princesse Jeanne, née vers 1430. Richard insista pour obtenir de préférence cette dernière ; mais le conseil ; probablement comme moyen dilatoire, maintint exclusivement la désignation de Madame Madeleine. Enfin, après quelques nouvelles dépêches diplomatiques ou poursuites infructueuses soutenues par le duc d’York, ce dessein irréalisable fut complètement écarté[10]. Charles VII, après avoir passé l’hiver à Nancy, quitta cette ville vers la fin du mois d’avril. Il se dirigea par Toul, Kœur ou Queuvres en Barrois, manoir des ducs de Bar et de Lorraine, Saint-Mihiel et Louppy-le-Château, vers le castel de Sarry-lez-Châlons, appartenant à l’évêque de ce siège. Au moment de quitter Nancy, Charles VII prit de nouvelles mesures pour opérer la réforme de l’armée[11]. L’ordonnance du 2 novembre 1439 avait posé les principes. Restait à les appliquer réellement et à les faire passer dans le domaine des faits accomplis. La question de l’armée se liait étroitement à la réforme des finances, et cette dernière réforme avait été l’objet de l’ordonnance rendue lé 25 septembre 4443. Dans cet intervalle (1439-1443) la praguerie, les conciliabules de Nevers, etc., étaient venus démontrer combien, au point de vue pratique, cette grande et juste entreprise devait rencontrer de difficultés. Après le traité de Tours, après la double campagne de l’Est, le roi et son conseil jugèrent que le moment était venu de tenter un nouvel effort[12]. La réforme de 1445 ne comprit encore que, la cavalerie. Au moment où les routiers du Dauphin retournaient d’Alsace par les Etats de Bourgogne, dans les premiers jours d’avril, le connétable, muni des instructions royales, passa la revue de ces troupes. Un travail d’épuration commença immédiatement. Les meilleurs soldats, ceux qui savaient allier la bravoure à la discipline, furent conservés ; les autres furent licenciés. Le conseil royal, en délibérant, manda sans bruit, isolément et successivement, les meilleurs capitaines. Ceux-ci furent consultés et pressentis sur l’exécution des mesures projetées. Ces capitaines devaient être maintenus : ils appuyèrent avec sympathie la réforme. Le reste fut traité comme il avait été fait pour une partie des troupes, c’est-à-dire licencié[13]. Chacun de ces capitaines maintenus, au nombre de quinze, conservait cent lances sous ses ordres. Les compagnies, ainsi formées de gens d’élite, prirent le nom de compagnies de l’ordonnance du roi et furent le noyau de la nouvelle armée. On vit dès cette époque les plus grands chefs de guerre briguer l’honneur d’y être incorporés. Pour éviter des représailles et des plaintes infinies, le roi accorda aux routiers, pour leurs méfaits antérieurs, des lettres générales de rémission. Mais des capitaines spéciaux eurent la charge de reconduire ces licenciés, par détachements mesurés, comme de cent soixante cavaliers et leurs bagages, jusqu’à leur dispersion individuelle au sein de leurs foyers ou ailleurs. En même temps, des inspecteurs et commissaires aux revues furent créés pour visiter et tenir en haleine la véritable armée[14]. Au moyen âge, l’homme d’armes ne combattait pas seul, comme le soldat de nos jours. La pratique romaine, modifiée par la féodalité, s’était jusque-là perpétuée. Le chevalier, armé défensivement de pied en cap, armé offensivement de la lance et de l’épée, guerroyait sous sa propre bannière, avec sa suite personnelle : écuyer, pages, coustiliers, valets d’armes. Des femmes de mauvaise vie, des marchands, de sinistres parasites, sous l’empire du désordre qui régnait alors, s’étaient successivement introduits à la suite du miles ou chevalier. C’était principalement cette abusive séquelle qui enflait sans profit les cadres de l’armée. C’était elle qui déshonorait le corps militaire et qui excédait les populations par ses exactions et ses débordements de toute espèce. Les archers à cheval avaient pris place clans la cavalerie ou chevalerie, et se faisaient aussi servir de coustiliers. Une multitude d’aventuriers et de non nobles, se mêlaient dans les rangs à l’aristocratie. D’après le nouveau règlement, chaque lance fournie comprenait : 1° le chevalier ou homme d’armes proprement dit, 2° son coustilier ou écuyer, 3° son page ; pour le tout, trois chevaux. Quant aux hommes de trait ou archers, il fut alloué, par deux archers, un page ou un varlet de guerre ; en tout trois personnes, plus trois chevaux. Les quinze compagnies d’ordonnance du roi, ainsi organisées, formèrent ensemble un corps de neuf à dix mille hommes et neuf à dix mille chevaux[15]. Au lieu de les réunir et de les laisser errer sur les pays dits frontières de guerre, ces compagnies furent dispersées par détachements de dix à trente lances, et réparties dans tout le royaume. On leur assigna pour lieux de station ou garnisons non plus les campagnes, mais des bonnes villes fermées, telles que Troyes, Châlons, Laon, Reims, etc. Là, régnait une autorité plus forte que dans les campagnes, et capable de protéger la population civile contre les écarts de la soldatesque, s’ils venaient à se renouveler[16]. Une taille spéciale pourvut dans l’avenir à leur entretien. Le tarif de ces taxations était celui-ci : Pour chacune personne pour un an entier, une charge et demie de blé et deux pipes de vin ; item, pour un homme d’armes et les archers, qui font six personnes, par mois deux moutons, et demi-bœuf, ou vache, ou autre chair équivalente, et par an quatre lards (bacons de porc). Item, pour sel et huile, chandelles, œufs et fromages, pour les jours que on ne mange pas de chair, avecques leurs aultres menues nécessités, par chascun mois pour hommes d’armes et les archers : 20 sous tournois ; et pour chascun cheval, par an douze chevaux chargés d’avoine et quatre charretées tant foin que paille, c’est assavoir les deux parts foin et le tiers paille[17]. Le logement des gens de guerre était provisoirement maintenu chez l’habitant, et l’on ne songea que trois siècles plus tard, à ériger des casernes. Dans ce premier règlement, comme on voit, la plupart des prestations étaient stipulées en nature. Les populations, en effet, manquaient d’argent pour y subvenir sous cette forme. Mais un progrès, en quelque sorte subit, dans cet ordre de faits, résulta de la réforme elle-même. Une sécurité inouïe renaquit au sein des villes et des campagnes, délivrées, comme par enchantement, du brigandage. Aussitôt l’industrie, l’agriculture respirèrent ; les routes se remplirent de marchands, de voyageurs, heureux de communiquer, sous une sauvegarde et au sein d’une quiétude dont on avait presque perdu le souvenir. En deux mois de temps une transformation sensible s’était opérée. A la fin de la même année (4 décembre 1445) le roi promulgua un nouveau règlement. Les taxations, point remarquable, y sont tarifées non plus en nature, mais en argent, mode beaucoup plus précis et plus avantageux à la fois pour l’administration et pour le contribuable ; car il permettait aux habitants aisés de racheter même l’hôtelage ou logement des gens de guerre. Enfin, quelques jours après, parut un dernier règlement qui devait être mis en vigueur au 1er janvier 144k3. Ce règlement a pour titre : les Trois voyes du vivre des gens d’armes. Il établit en effet trois modes de payement entre lesquels le contribuable pouvait choisir. Le premier consistait dans la prestation en nature ; le second était mixte : argent et nature ; et le troisième, purement en espèces. Une fois choisi par le contribuable, ce mode, pour lui, devenait obligatoire[18]. Le roi, pour alimenter une armée permanente, avait rendu la taille ordinaire, et en avait fait un impôt permanent. Cet impôt fut appelé la taille des gens d’armes. Par une ordonnance du 19 juin 1445, Charles VII en régla l’assiette d’une manière fixe et plus précise qu’il n’avait été fait par le passé. Il fixa en même temps les attributions des élus, appelés, par exclusion de tous autres juges, à connaître des litiges qui pouvaient se rattacher à la perception des contributions. Un second édit, rendu le 12 août suivant, organisa la haute administration des finances. Le cadre des administrateurs ou trésoriers généraux était maintenu au nombre de trois titulaires, nommés Jean Bureau (grand maître de l’artillerie), Jean Hardouin et Jean le Picard. Les devoirs et les attributions de ces Fonctionnaires sont prescrits et définis en quarante-deux articles. Ces deux ordonnances de 1445 se référaient, comme des corollaires, à l’édit promulgué à Saumur, en 1443[19]. Plusieurs mesures moins importantes, mais utiles et recommandables, furent l’objet de divers autres actes édictés vers le même temps- Ainsi, le roi, sur la demande des autorités troyennes, rétablit les foires de Champagne et de Brie, dont il confirma et accrut les privilèges (19 juin 1445). Quelques semaines auparavant (17 avril), le roi, confirmant les prescriptions de Jean Laiguisé, évêque de Troyes, abolit définitivement, de son autorité, la fête des Fous, qui se célébrait encore dans cette ville. Enfin, des recueils spéciaux conservent le texte de différentes ordonnances qui se rattachent à certains détails judiciaires ou administratifs[20] Charles VII, dans cette période, la plus brillante de sa vie et de son règne, fondait les institutions pacifiques et jetait, d’une main sage et libérale, les semences ou les bases de la prospérité du royaume. Durant son séjour à Nancy et à Châlons, les trêves avec l’Angleterre furent prorogées jusqu’au mois de novembre 1446. Des négociations nouvelles s’entamèrent, pour opérer un rapprochement personnel entre les rois de France et d’Angleterre. Le 11 juin, Charles VII désigna une ambassade solennelle, composée de son cousin, Louis de Bourbon, comte de Vendôme, grand maître de son hôtel, de Jacques J. des Ursins, archevêque de Reims, du comte de Laval, de Raoul de Gaucourt, premier chambellan, de Bertrand de Beauvau, seigneur de Précigny, conseiller du roi, chambellan, de Guillaume Cousinot, maître des requêtes, et d’Étienne Chevalier, secrétaire. Cette légation se rendit à Westminster, auprès d’Henri VI, afin de développer les sentiments d’amitié, heureusement rétablis, entre les deux couronnes, et de préparer le retour d’une paix définitive. Cette paix devait être stipulée dans une réunion prochaine des deux rois[21]. Charles VII, dans le même temps, s’allia, sur le continent, avec l’archevêque de Trèves, électeur, et le comte de Blanckenheim ; avec Frédéric, électeur de Saxe, et Guillaume, duc de Saxe ; avec Gérard, duc de Juliers, sur le Rhin ; avec l’archevêque de Cologne ; le comte palatin du Rhin, électeurs ; le marquis de Bade ; le roi de Castille et d’autres puissances[22]. Le roi de France, âgé de quarante-deux ans, menait de front, avec un zèle égal et une pareille ardeur, le plaisir ainsi que les affaires. Les séjours de Nancy et de Châlons, furent en quelque sorte une fête continuelle. Après les noces de Marguerite d’Anjou, ou dans le même temps, les deux cours célébrèrent l’union de Ferry de Vaudémont, fils d’Antoine, compétiteur de René, avec la fille de ce dernier prince, Yolande de Lorraine. Jean, comte d’Angoulême, au mois d’avril 1445, fut enfin délivré de captivité. Sorti de sa prison anglaise, où il vivait confiné depuis l’an 1412, le prince français débarqua d’abord à Cherbourg ; il s’empressa ensuite d’aller à Nancy, rejoindre le duc d’Orléans, son frère, et saluer le roi de France. Cet heureux événement fournit à la brillante assemblée une nouvelle occasion de joutes, de banquets, de danses, etc. Le 1er juin 1445, le roi arriva en grande pompe et cortège, de Nancy à Châlons. Suivant sa coutume, qui déjà consistait à se tenir volontiers à quelque distance de la reine, cette princesse avait précédé le roi à Châlons dès le 30 avril, laissant le roi seul durant l’intervalle. A Châlons eut lieu le mariage de Charles, comte du Maine, avec Isabelle de Luxembourg. Arthur de Richemont se remaria en troisièmes noces, par contrat passé à Châlons, le 30 juin 1445, avec Catherine de Luxembourg, sœur du comte de Saint-Paul. Ces mariages et des ambassades successives renouvelèrent, pour ainsi dire sans lacune, les occasions de divertissements[23]. Jean, comte d’Angoulême, ainsi que son frère le duc poète, était an prince studieux et lettré. Pour charmer les tristes loisirs de son long exil, Guillaume Cousinot, chancelier d’Orléans, avait rédigé, par ordre du prince, une chronique française, et la lui avait transmise en Angleterre. Cette chronique est intitulée : Geste des nobles Francoys, descendus de la royalle lignée du noble roy Priam, de Troye, jusqu’au noble Charles (VII), filz du roy Charles le sixyesme... Elle remonte aux origines de la monarchie, et s’étend jusqu’aux derniers événements accomplis lorsque le rédacteur s’empressa d’envoyer le livre au prince, c’est-à-dire à la délivrance d’Orléans et à la campagne du sacre, entreprise par la Pucelle. Jean d’Angoulême, en arrivant à Nancy, était porteur de ce livre. Le premier plat intérieur du manuscrit, ou feuille de garde, offrait une page blanche. Sur le vélin de cette feuille, le prince fit écrire, ou vraisemblablement écrivit de sa propre main, le programme d’un ballet qui paraît avoir été dansé à Nancy, pour fêter sa réception. Le manuscrit original et ce programme nous ont été conservés. En tête de ce libretto on lit : basse danse de Bourgogne. Le ballet se composait de plusieurs pas, exécutés successivement par diverses personnes, savoir : deux danseurs et quatre danseuses. Les danseuses étaient la reine de Sicile, femme de René d’Anjou, Madame de Calabre ou Marie de Bourbon, sa belle-fille, mariée à Jean d’Anjou, duc de Calabre ; Madame la Dauphine (Marguerite Stuart), et une dame de la cour, Madame de Facon. Les danseurs se nommaient Charles duc de Bourbon, père de Marie, et Falet[24]. Parmi les gentilshommes de Bourgogne, réunis en grand nombre à Nancy, se trouvait Jacques de Lalain, dont nous avons parlé. Peu après les noces de Marguerite, la série des plaisirs de la cour menaçait de tarir. Charles d’Anjou, comte du Maine, frère ou beau-frère des deux rois, et Louis de Luxembourg, comte de Saint-Paul, beau-frère de Charles, exerçaient, grâce à la prédilection des deux souverains, comme la surintendance de ces fêtes. Vers le 10 avril 1445, à Nancy, ils résolurent, pour éviter oiseuse (l’oisiveté), de faire aucune chose dont on sache à parler. Il s’agissait de publier, en la présence du roi et des dames, une joute à tout venant. Ce pas d’armes devait commencer à deux semaines de cette date, durer huit jours, et être tenu par les deux comtes[25]. Jacques de Lalain, encore écuyer, sortait de page ; il venait d’achever, à la noble cour de Clèves, issue de Bourgogne, son éducation de gentilhomme. Là, il avait eu pour modèle une grande dame, Marie de Clèves, sœur du duc de Clèves, son maître et patron, devenue, en 1440, duchesse d’Orléans. Jacquet, car c’est ainsi qu’il était appelé, supplia ces princes, en s’agenouillant avec courtoisie devant eux, de lui céder l’honneur de les remplacer et de tenir en leur lieu ce pas d’armes. Les deux comtes agréèrent sa requête, et vers le 25 avril la joute ou pardon, tenu par Jacquet, s’ouvrit solennellement dans la prairie de Nancy. Au nombre des spectatrices qui, ce jour-là, remplissaient les hourts, il y avait deux dames, jeunes et belles, du même âge environ que Jacquet, et du plus haut parage. Jacquet inspirait à l’une et à l’autre le plus vif intérêt. Elles désiroient fort, dit la chronique de Lalain, à avoir les devises (entretiens) dudit Jacquet ; et étoit chacune d’elles si bien en grâce, sans que l’une s’aperçust de l’autre, que merveilles étoit. Si, l’oyoient moult volontiers parler, désirans que leurs maris le ressemblassent..... Icelles dames étoient en tel point, que nuict et jour ne Sçavoient que penser, pour trouver moyen honnête de parler à lui.... Jacquet, un jour devisoit avec l’une, le lendemain avec l’autre, où si. à point se gouverna, en tout honneur, qu’oncques il ne fist chose dont il dust être repris devant Dieu ni le monde. Ainsi se passa l’intervalle de quinze jours, qui sépara l’annonce du pardon, faite par Maine le hérault, de l’ouverture de ce béhourdis. Le jour venu, Jacquet parut sur la lice superbement équipé. Il avait sur son heaume une espèce de lambrequin appelé guimpe, bordé et enrichi de perles à franges d’or, traînant jusqu’à terre : c’était un présent secret de la première dame. Au bras gauche, il portait une riche manche, toute ruisselante de perles et de pierreries, dont la deuxième dame lui avait fait le mystérieux octroi. Les deux donatrices prirent place, côte à côte, dans la loge qui leur était destinée. A l’aspect de l’écuyer ainsi vêtu, la première fit part à sa voisine de l’étonnement que causait sur elle la vue de cette manche somptueuse. La seconde interlocutrice dissimula mal la surprise que la guimpe de Jacquet lui faisait éprouver. Peu à peu les deux dames dévoilèrent involontairement, sans le dire, ce qu’elles voulaient cacher l’une et l’autre, et se séparèrent toutes deux secrètement courroucées. Jacquet accomplit avec le plus grand succès l’entreprise qu’il avait embrassée. Quatre lances courues par lui, contre divers jouteurs, mirent en pleine lumière, dans sa personne, la solidité, l’adresse et la vaillance d’un compagnon d’armes achevé. Il eut, en un mot, toute la louange et le triomphe de la journée. Le soir, au banquet, Jacquet reçut le prix, et fut assis entre les deux grandes dames. La première, très secrètement, et sans que l’autre s’en aperçut, donna à Jacquet un très riche diamant ; et pareillement en fit la seconde d’un moult bel rubis, assis en un annel d’or. Cette rivalité se continua de jour en jour. Jacquet et les deux dames suivirent la cour à Châlons. Cependant la position du jeune écuyer devenait de plus en plus difficile. Comment concilier, en effet, les deux recommandations, l’une pieuse, l’autre galante, que son père, Guillaume de Lalain, lui avait solennellement prescrites au départ ? Jacquet, il est vrai, ne se couchait jamais, le soir, sans s’être confessé. Chaque jour, le matin, avant qu’il partist de son logis, il y faisoit chanter messe, laquelle il oyoit moult dévotement, faisant ses prières à Dieu et à la vierge Marie, sa mère, qu’il le voulust garder d’encombrier. Toutefois le péril allait croissant. Notre jeune écuyer prit le parti de la retraite. Il se rendit vers septembre à Anvers, pour y poursuivre sa carrière de chevalier errant. Quant aux deux dames, l’une s’appelait Marie de Bourbon ; on se souvient qu’elle avait épousé, par politique, son cousin Jean d’Anjou, duc de Calabre. La seconde n’était autre que Marie de Clèves, mariée à Charles, duc d’Orléans, veuf et bientôt sexagénaire[26]. L’éclat et l’animation des fêtes de Nancy étaient dus, sans doute, pour une grande part à la passion naturelle qui attire les hommes et les femmes vers les pompes de la galanterie. Ils étaient dus aussi à l’inventive direction que leur communiquait le roi de Sicile, duc de Lorraine, amphitryon du roi de France. René s’efforçoit continuellement de faire et trouver diverses manières de nouveaux jeux et esbatemens, pour plaire au roi et à son beau neveu, le Dauphin. René d’Anjou, ce prince dont la figure historique a été singulièrement altérée par de complaisants panégyristes, n’excellait ni comme conquérant ni comme politique. Sa mauvaise étoile l’avait fait, en naissant, duc, puis roi. Mais, comme son cousin Charles d’Orléans, il portait au front, de par la Muse, un signe plus fortuné, il était artiste et poète[27]. René d’Anjou, prisonnier de Philippe en Bourgogne, voyageur à Naples avec le titre de prétendant, oublia, la plume ou les pinceaux à la main, ses titres, ses couronnes, et ses perpétuels ennemis, et ses échecs, et ses désastres sans cesse renaissants. C’était des oublies que peignait, au château de Bracon, celui qui, plus tard, rachetait, pour une platelée d’ablettes, le devoir féodal, ou redevance en argent, d’un pauvre pêcheur insolvable ; celui qui, vieux, meurtri par la fortune et désabusé en cour[28], voulut échanger toutes ses seigneuries et tous ses droits princiers contre une rente viagère. René d’Anjou, battu à Bulgnéville, battu à Naples, se mit en rapport, sur les États de Bourgogne, avec les peintres des Pays-Bas ; en Italie, avec les artistes, littérateurs, etc., de la renaissance. Il donna pour précepteur à ses enfants André de la Sale, auteur de la mordante satire : les Quinze joies du mariage, élève, traducteur et rival du Poge. La marine marseillaise lui apportait d’Orient les objets les plus propres à contenter les fantaisies variées d’un curieux : des lions, des maïoliques, des colliers, des étoffes, des chandeliers de Damas, de belles armes, des Mores noirs et crépus, un petit Tartre (Tartare), habillés à la guise du pays, dont il se fit des pages somptueux, etc., etc. Nul n’égalait René dans l’art de conduire une fête et de régler un tournoi. Il publia, sur ce dernier sujet, un traité classique, et la mémoire du prince qui institua la Fête-Dieu à Aix vit encore parmi les Provençaux. Aux fêtes de Nancy, René d’Anjou était vraiment roi[29]. A cette époque florissait un artiste français dont le nom, à peine connu parmi nous de quelques érudits, mérite une place distinguée dans cette histoire. Jean Fouquet était né, vers 1420, à Tours, capitale du luxe et des arts sous Charles VII. Deux pléiades, deux grandes écoles de peinture, tenaient alors le sceptre de l’art : les Van Eyck, à Bruges, et autour d’eux, Hugo Van der Goes, Roger Van der Weyden, etc. ; en Italie, les écoles d’Ombrie, de Florence, et à leur tête, Masaccio, puis fra Angelico de Fiésole, qui, vers 1445, fut appelé par Eugène IV à décorer les chapelles du Vatican, à Rome. Le souverain pontife, longtemps citoyen de Florence, était un promoteur éclairé des arts, particulièrement de la peinture. Charles VII, on l’a vu, protégeait le pape de Rome contre ses adversaires ou compétiteurs. Le roi, selon toute apparence, fit peindre son portrait par Fouquet., et l’envoya au pape Eugène, par les mains de l’auteur. Au temps de Raphaël, cette effigie, copiée ou reproduite sur mur, décorait encore les chapelles du vieux Vatican, et elle obtenait les respects du Sanzio. Jean Fouquet n’avait point de rival, ou pour le moins de supérieur, dans l’art encore nouveau d’exprimer fidèlement et au vif les traits individuels d’une personne. Eugène IV, à son tour, se fit peindre, sur toile, par Fouquet, et déposa cette œuvre à la sacristie du couvent de la Minerve, lieu où s’était tenu le conclave qui, en 1431, l’avait appelé au trône pontifical. Un historien, compatriote de Fouquet, affirme que ce portrait fut peint en 1443. René d’Anjou, depuis un an, était revenu à la cour après son expédition de Naples. Ces circonstances donnent à penser que Fouquet fut désigné par René à Charles VII pour remplir cette mission auprès du pape[30]. Charles VII prit à ces fêtes, et plus d’une fois, une part directe et active. Aux noces de Marguerite on vit jouter le roi, le roi de Sicile, Charles d’Anjou, les comtes de Foix et de Saint-Paul, Ferry de Lorraine, le maréchal de Lohéac et plusieurs autres grands seigneurs, chevaliers et écuyers. Un jour, le roi (comte de Poitou) parut sous l’antique blason des Lusignan d’Aquitaine : burelé d’argent et d’azur de dix pièces, au lion d’or armé, lampassé et couronné d’or, brochant ; pour cimier, la sirène Mélusine, moitié femme et moitié serpente. Le comte d’Anjou, fils d’Yolande, portait, de son estoc maternel, les armes d’Aragon : pallé d’or et de gueules. Le lendemain du jour où s’ouvrit le pas d’armes, tenu par Jacques de Lalain, Jean, comte d’Angoulême, arriva en présence du roi, à Nancy. Charles VII fêta la bienvenue du prince. Armé de pied en cap, et ainsi masqué, il se présenta dans la lice, annoncé par une éclatante fanfare. Pierre de Brezé, seigneur de la Varenne, prit place, comme partenaire ou adversaire, vis-à-vis du roi. Ils coururent l’un et l’autre quatre courses, rompirent chacun deux lances, et retournèrent se désarmer. Puis ils vinrent se rasseoir sur les hourts, auprès des dames, comme si nul ne les eût reconnus[31]. Charles VII n’avait point reçu de la nature ces avantages physiques ni ces traits extérieurs sous lesquels, d’ordinaire, l’imagination se peint les héros, et surtout les héros de roman. Il était de taille moyenne et d’un visage assez agréable, nais il avait les membres grêles, spécialement les jambes, et les genoux cagneux. La robe longue, de grande cérémonie, faisait valoir la distinction de sa personne, en masquant ces défauts. Toutefois, le plus souvent il s’habillait à la mode du temps, très propre, au contraire, à les faire ressortir. Chaussé de poulaines, de bottes ou de houseaux, car il montait sans cesse à cheval, il portait des chausses justes[32] et une huque échancrée sur les clavicules, l’été ou l’hiver, bordée d’un collet de fourrure, par-dessus la chemise et le gippon. Cette tunique, juponnée, serrée à la taille et très courte, se renflait démesurément aux épaules. Là elle était garnie intérieurement d’une armature rembourrée de roseaux ou de baleines, qui s’appelait maheutres, et qui, semblable à des épaulettes invisibles, avait pour objet d’évaser le buste hors de toute proportion. Sa grande et forte tête, coiffée soit d’un chapeau de feutre ou de bièvre à longs poils, soit d’un bourrelet orfévré et passementé, soit d’un chaperon, terminé par une draperie qui tombait jusqu’à terre, portait sur un cou mince et relativement grêle. Il avait le visage et le crâne, au-dessous de sa coiffure, absolument ras ; les oreilles, la bouche et le nez grands ; les yeux petits, d’un bleu vert quelque peu trouble[33]. Il aimait volontiers la solitude, c’est-à-dire la vie intérieure. Le grand jour et le bruit de la publicité l’offusquaient. Apercevoir près de lui un inconnu ; suffisait pour le rendre inquiet et comme ébloui. Il avait beau-, coup vu, lu, médité. Affable et courtois, très discret, très sensible aux charmes de la société des dames, il déployait avec aisance, dans le tête à tète, cette séduction pénétrante et imprévue qu’exercent les hommes puissants lorsque, pouvant imposer et se faire craindre, ils préfèrent plaire et charmer. Sa timidité naturelle et l’expérience du mal, en le rendant sceptique, défiant, avaient jeté sur sa physionomie un voile de réserve et nomme une teinte de mélancolie. Il avait beaucoup souffert : l’adversité fut pour lui mère de la sagesse ; et sa bravoure, l’effort, l’héroïsme même, dont on le vit par instants capable, étaient chez lui le fruit de la volonté réfléchie plus que le jeu d’un ressort naturel et spontané. Les manifestations de sa personne qu’il fit, par exception, à Nancy, semblent attester une excitation spéciale, comme la présence de la dame de Beauté[34]. Aucun historien, il est vrai, ne mentionne l’assistance de cette dame aux fêtes de Nancy et de Châlons, qu’ils racontent cependant avec quelques détails. Il est toutefois constant que, dans l’une et l’autre de ces villes, où l’appelait, à plusieurs titres, un service de cour, l’absence de la dame d’honneur des deux reines (de France et de Sicile) ne put être que momentanée. Sauf cette lacune, ou cette omission, en effet, de nombreux documents attestent surabondamment l’influence active, permanente, absolue, que la belle Agnès exerçait à cette époque sur le roi et sur les affaires de la cour[35]. Peu de temps après l’installation de Charles VII à Châlons, Isabelle de Portugal, duchesse de Bourgogne, parut à l’audience du roi de France. Plus que jamais, Philippe le Bon sentait le besoin de confier la négociation de ses intérêts au tact diplomatique le plus exercé. Le duc avait sous la main, en la personne de Nicolas Rolin, son chancelier, un vieux et intime serviteur, politique rompu aux affaires. Isabelle de Portugal fut encore cette fois le plénipotentiaire préféré[36]. Depuis le traité d’Arras, la situation entre ce grand baron et le roi de France, au lieu de s’aplanir définitivement, s’était hérissée de délicatesses et de difficultés. Charles VII, durant toute sa vie, accomplit avec une loyauté qu’on peut dire magnanime, les conditions humiliantes pour le souverain, léonines pour l’autre contractant, qui avaient été souscrites en 1435. Mais le souverain, par ce motif même sans doute, fit, sentir au vassal une main plus haute et plus ferme ; il maintint avec d’autant plus de rigueur la part d’autorité, de dignité royale dont il ne s’était point ainsi dépouillé. Déjà, en 1436, la question sensible du ressort, ou souveraineté, avait surgi, à propos d’une action judiciaire poursuivie par Charles, duc de Bourbon, beau-frère de Philippe, devant la juridiction des métiers de Gand, en Flandres. Le roi prétendit soumettre à l’appel de son parlement de Paris cette juridiction communale. Le conflit qui résulta de cette conjoncture, grâce à d’habiles temporisations de la part du duc de Bourgogne, traîna en longueur et s’évanouit dans le silence. Le 4 juillet 1445, par lettres données à Sarry-lez-Châlons, le roi ordonna de surseoir pendant neuf ans, au parlement, les appels des jugements en matière civile et criminelle, sur les procès entre les sujets des lois des quatre membres du pays de Flandre. Néanmoins peu de mois après la date de cette ordonnance, un huissier du parlement arrivait à Gand, en plein chapitre de la Toison d’or, en salle, non d’un duc, par semblant, mais d’un empereur ; puis, au nom du roi de France, ce sergent, touchant de sa verge le grand maître de l’ordre, Philippe le Bon et son neveu, le comte d’Étampes, les ajournait l’un et l’autre à comparaître en personne à Paris, devant la cour royale du parlement[37]. Les alliances que le roi venait de contracter en Allemagne inquiétaient le duc Philippe ; notamment celle de Guillaume de Saxe, contre lequel Philippe guerroyait à l’occasion du Luxembourg. Plusieurs frontières étaient demeurées litigieuses entre le comté de Bourgogne et la France. Les baillis et officiers ducaux avaient réclamé contre l’extension indue, disaient-ils, des officiers royaux, qui prétendaient soumettre à la taille des sujets bourguignons, au profit du trésor français. Les routiers du Dauphin, qui, lui-même, se montrait d’ailleurs peu docile envers l’autorité de son père, avaient également, après ces réclamations, enfreint les immunités bourguignonnes et violé le territoire ducal. Enfin René d’Anjou, écrasé par l’énorme rançon que lui avait imposée le vainqueur de Bulgnéville, était demeuré, vis-à-vis de Philippe, à l’état de débiteur insolvable[38]. Nous venons d’énumérer les principaux griefs politiques dont la noble ambassadrice avait pour mission de procurer le redressement. Mais d’autres sentiments, d’autres motifs plus intimes, conduisaient à la cour de France Isabelle, duchesse de Bourgogne. Laissons témoigner à cet égard, dans son style original, un auteur bien informé, gentilhomme bourguignon, historiographe zélé de la moribonde chevalerie[39]. En cette saison, dit-il, la duchesse de Bourgogne, moult grandement accompagnée, se tira... devers le roy de France, qui la recueillit moult honorablement. Et lui fit la, rogne, moult grand : honneur et privauté : car toutes deux étoient desjà princesses figées et hors de bruit. Et croy bien qu’elles avoient une même douleur et maladie qu’on appelle jalousie, et que maintes fois, elles se devisoient de leurs passions secrètement ; qui estoit cause de leurs privautés. Et à la vérité, apparence de raison avoit en leurs soupçons : car le roy avoit nouvellement élevé une pauvre demoiselle, gentifemme ; nommée Agnès du Sorel et mis en tel triomphe et tel pouvoir que son estat étoit à comparer aux grandes princesses du royaume. Et certes c’estoit une des plus belles femmes que je vey oncques ; et fit en sa qualité beaucoup de bien au royaume de France. Elle avancoit devers le roy jeunes gens d’armes et gentils compaignons, et dont le roy fut depuis bien servi. D’autre part, le duc de Bourgogne fut de son temps un prince le plus dameret et le plus envoiseux que l’on sceust ; et avoit de bastards et de bastardes une moult belle compagnie. Ainsi la rogne et la duchesse se rassembloient souventes fois, pour eux douloir et complaindre l’une à l’autre de leur crève-cœur[40]. Isabelle de Portugal, fille de roi, femme de duc, fut la législatrice de l’étiquette des cours. La pompe de Bourgogne, érigée par elle en doctrine, devint un code, qui nous est resté. Lorsque le duc Philippe, deux fois veuf, l’épousa, en 1430, il prit solennellement cette devise, en l’honneur de sa troisième épouse : AULTRE N’ARAY, DAME ISABEL. La conduite antérieure du prince exigeait cette éclatante protestation de fidélité. Jamais promesse pourtant ne fut plus infidèlement tenue. La hautaine princesse portugaise couvait dans son cœur navré l’incessante blessure que lui causaient d’humiliantes rivalités. Ainsi que Marie d’Anjou elle avait un fils, le comte de Charolais, qui fut depuis le Téméraire. Une praguerie bourguignonne, fomentée par les Croy, finit par mettre l’héritier dans un camp et le père dans l’autre[41]. Mais entre les deux épouses et les deux mères là s’arrête l’analogie. Marie d’Anjou ne nourrissait point contre Charles VII cette fière rancune. Charles VII, en donnant, comme l’avait fait son père, douze rejetons à la couronne, croyait avoir acquitté envers la compagne du trône ses devoirs de roi et l’amour de dette. La reine Marie avait partagé ses mauvais jours. Jamais le roi ne lui mesura d’une main avare, ni au moral les égards, ni les avantages temporels qui associaient la reine à sa prospérité. La reine, vit incessamment s’accroître en sa faveur les apanages et les émoluments destinés à satisfaire ses besoins ainsi que ses désirs. La reine jouissait, entre autres, des revenus de Sainte-Ménehould. Le roi, par lettres données à Sarry-lez-Châlons, le 8 juin 141,5, établit dans cette place une foire annuelle au profit de la reine et sur sa requête. La reine vivait dans un confortable intérieur, où elle se plaisait, au milieu de ses enfants. Elle ne rompait cette existence conforme à ses goûts que pour accomplir, de temps à autre, quelque élégant et pieux pèlerinage. Afin d’accroître ses revenus, elle faisait la traite des vins, qu’elle envoyait vendre, de ses pays d’Aunis et d’Anjou, par le port de la Rochelle, en Angleterre. Elle adorait le roi et n’élevait contre lui aucun blâme : témoin la devise qu’elle s’était choisie : TOUS DIS EN BIEN[42]. Marie d’Anjou portait également à ses frères, Charles et René, l’un favori et tous deux conseillers du roi, une affection sans réserve. René, solliciteur habile, avait mené à bonne fin, pour son profit, la campagne d’Allemagne. Il avait à ses côtés, auprès du roi, son frère. Charles et son épouse la reine-duchesse Isabelle de Lorraine, princesse des plus éclairées, des plus capables, patronne et amie de la belle Agnès. La duchesse de Bourgogne trouva en la personne de la reine Marie une faible alliée. Elle rencontra chez la reine de Sicile, comme une rivale puissante et un antagoniste. Lorsque Isabelle de Portugal se présenta devant la reine de France, à Châlons, Elle prit la queue de sa robe en sa main et l’ôta des mains de sa première dame d’honneur qui la portoit. Elle la laissa traîner quand elle marcha et s’agenouilla plusieurs fois en approchant de la reine..... La reine lui mit une de ses mains sur les espaules, l’embrassa, la baisa et la fit lever. La duchesse de Bourgogne fit les mêmes honneurs à la Dauphine Marguerite, à la simple duchesse de Calabre..... De là, madame la duchesse alla saluer la royne de Sicile (Isabelle de Lorraine), laquelle estoit à deux ou trois pieds près de madame la Dauphine ; et à ceste-là Madame ne fit point plus d’honneurs que l’autre lui en faisoit..... et il n’y eut nulle d’entre elles deux qui rompit ses aiguillettes de force de s’agenouiller[43]. Ces détails traduisent au vif les sentiments qui régnaient entre les duchesses de Bourgogne et de Lorraine. Isabelle de Portugal fut vaincue dans la joute diplomatique qu’elle avait entreprise. Durant sept semaines, assistée des seigneurs de Charny, de Créqui, de Humières, de Guillaume Fillastre, évêque de Verdun, de maître Philippe Maugard, chevalier en lois, et autres conseillers ducaux, elle soutint le principal faix des négociations. Les gens du roi de Sicile se réunirent assidûment avec elle en plein conseil. Deux traités, avec l’approbation formelle et spéciale de Philippe le Bon, furent signés entre la duchesse, pour ce prince, d’une part, et, de l’autre, les rois de France et de Sicile. Le premier porte la date du 24 juin, et le second du 6 juillet 1445. Aux termes de ce double contrat, le roi René d’Anjou, sur les instances pressantes de Charles VII, devenait quitte et affranchi de 420.600 écus d’or dont il était redevable envers son cousin de Bourgogne. Les châteaux de Neufchâtel, en Lorraine, de Clermont, en Argonne, et de Gondrecourt, livrés en gages de sa créance, par René, lui furent rendus. De son côté, René cédait au duc la seigneurie de Cassel. Le Dauphin devait se dessaisir de la place de Montbéliard, demeurée jusque là en sa main. La solution des autres menus griefs fut abandonnée à des commissaires[44]. Le roi, la reine et la Dauphine avaient pris leur résidence au château de Sairy. De là, le roi descendait à la prairie du Jard, pour se divertir ou pour se rendre à la ville. De grandes joutes curent lieu sur la place du marché de Châlons, et les fêtes de Nancy se renouvelèrent. Vers la fin de juillet, le roi termina les importantes affaires qui avaient fait choisir Châlons comme une ville de congrès. Il se disposait à regagner ses demeures habituelles, lorsqu’un événement imprévu prolongea tristement son séjour à Châlons, puis détermina son brusque départ[45]. Marguerite Stuart, mariée lorsqu’elle était encore enfant, ornait depuis une dizaine d’années la famille et la cour du roi de France : La jeune princesse avait pris à cœur sa nouvelle patrie. Dès son premier âge, elle s’était exercée à parler cette langue de France, que Brunetto Latini proclamait déjà délitable entre toutes, et qui, en Écosse, était demeurée la langue diplomatique, ainsi que l’idiome de la haute société. Alain Chartier, secrétaire du roi, le plus renommé poète de son temps, fut un des ambassadeurs qui, en 1428, étaient allés à Édimbourg la demander à son père. Alain Chartier fut ainsi spécialement pour elle un maître et un initiateur[46]. Marguerite, devenue dauphine, s’éprit avec plus d’ardeur de littérature française et de poésie. Continuant une tradition constante dans la maison de France, depuis le siècle de Philippe-Auguste, parmi les princesses de la fleur de lis, elle cultiva les lettres elle-même. Certain jour, suivant une anecdote fort connue, ainsi qu’elle passoit en une salle où ledit maître Alain s’estoit endormy sur un banc, comme il dormoit, le fut baiser devant toute la compagnie ; dont celui qui la menoit fut envieux et lui dit : Madame, je suis esbahi comme avez baisé cet homme qui est si laid ; car, à la vérité, il n’avoit pas beau visage. Et elle fit response : Je n’ai pas baisé l’homme, mais la précieuse bouche de laquelle sont issus et sortis tant de beaux mots et vertueuses paroles[47]. Marguerite d’Écosse, à Nancy, reçut, par les mains de Jacques Cœur, argentier du roi, la somme de 2.000 livres tournois, pour avoir des draps de soie et martre (fourrure), pour faire robe pour notre personne. Les fêtes qui ont été ci-dessus racontées donnèrent occasion à cette parure. A Châlons, Marguerite fut reçue particulièrement avec honneur, et prit part aux nouvelles fêtes de la cour. Le 20 juillet elle donna, dans cette ville, une quittance signée de sa propre main, pour décharge de ces 2.000 livres. Quelques jours après, la jeune princesse se couchait sur un lit de douleur et ne devait plus se relever[48]. Un amer chagrin l’ut en grande partie la cause qui la conduisit si jeune au tombeau. L’union de la Dauphine n’avait point été heureuse, et la vie, en apparence si fortunée de cette princesse, ressemblait à la fleur ou au fruit que ronge un ver secret. Dans sa personne, physiquement délicate et frêle, elle portait une âme à la fois timide et exaltée. L’idéal, la poésie, était sa passion. L’enquête judiciaire ouverte après sa fin témoigna qu’elle mourait d’amour. Mais ce mot, au quinzième siècle, n’avait point le sens restreint que nous lui donnons aujourd’hui. Il comprenait l’ensemble des faits, des idées et des sentiments (tels que la guerre, les tournois, l’art, la poésie) que nous appelons chevaleresques[49]. Marguerite d’Écosse avait, parmi ses dames d’honneur, Jeanne Filleul, poète dont nous pouvons citer un rondeau qui nous est resté. Jeanne excitait, par l’exemple et la sympathie, le goût de sa maîtresse. La tête penchée pendant de longs jours sur le labeur littéraire, souvent Marguerite veillait encore pour composer des vers, des rondeaux, des ballades ; souvent la nuit se prolongeait jusqu’aux approches du jour, avant que la jeune princesse eût été prendre place à côté de son époux[50]. L’organisation de Louis formait, avec celle de Marguerite, le contraste ou la disparate la plus complète. Rude et sans grâce dans sa personne, ses affections, ses penchants étaient également communs et vulgaires. Louis ne connut jamais de l’amour que le physique appétit ; et, dans son cynique langage, la compagne unie, sur le trône, à sa destinée, n’était qu’un moule à lignée. Louis n’ouvrit ses yeux à l’intelligence et ne fit acte de majorité que pour se révolter aussitôt contre son père. Le choix que Charles VII avait fait de Marguerite suffit pour la désigner à ses rigueurs et à ses dédains. Une seule personne refusa toujours son affection à la Dauphine vivante, une seule fut insensible à sa mort prématurée : ce fut son époux, Louis, Dauphin[51]. Ce dernier lui refusa même les égards d’un gentilhomme et les respects d’une indifférente courtoisie. Il la tint pour suspecte, sous le coup des brocards et des médisances de cour. Au nombre des familiers qui naguère étaient entrés avec Pierre de Brezé clans la faveur suprême, figurait un écuyer breton, nommé Jamet Du Tillay. Ce Tillay, brave et affectionné au service du roi, mais enivré par l’orgueil de sa position, ne gardait aucune mesure dans son ton et dans son langage. Un soir d’hiver, à Nancy, la Dauphine habitait sa plus petite chambre ou boudoir ; elle avait pris place sur un meuble appelé couche ou chaise longue. Marguerite écoutait les discours de messire Jean d’Estouteville, seigneur de Blainville, né en 1417, qui fut prévôt de Paris en 1445, puis grand maître des arbalétriers de France. Une tierce personne, inconnue, partageait également la causerie intime. M. de Blainville, négligemment, était accoudé près de la Dauphine. Le grand feu qui brillait dans l’âtre éclairait la chambre. Mais la princesse, oubliant, pour la conversation, le décorum de son sexe et de son rang, avait omis de faire allumer les chandelles et les torches, bien que la nuit fût tout à fait close[52]. Tout à coup, Jamet Du Tillay entre, suivi de Regnauld Du Dresnay, maître d’hôtel de la Dauphine. Une bougie de cire à la main, il s’approcha jusqu’au visage de la princesse, et, prenant à peine le biais d’une apostrophe indirecte adressée au maître d’hôtel, il se récria tout haut sur le scandale et la paillardie de la situation, Cet indécent propos fut colporté par Nicole Chamber, Écossais, compère et compagnon de Jamet. Grossi et envenimé par la malice des courtisans, il circula jusqu’au roi, jusqu’au Dauphin, qui ne manqua pas de l’accueillir. Ce propos revint enfin, sous la forme d’outrage, aux oreilles et au cœur de la princesse elle-même. Marguerite, mélancolique, absorbée, en prit un mortel déplaisir[53]. Telles étaient les prédispositions de la Dauphine, lorsque Charles VII se rendit, le 7 août 1445, du château de Sarry à Notre-Dame de l’Épine. Cette élégante église, qui subsiste de nos jours, s’élevait alors lentement, érigée par la piété des fidèles, en l’honneur de miracles dont ce lieu, au commencement du quinzième siècle, avait été, dit-on, le théâtre. Le même jour, selon toute apparence, la Dauphine accompagna, dans ce pèlerinage, le roi de France, qui contribua de ses libéralités, en souvenir de sa visite, à la continuation de l’édifice. Par ce temps de canicule, la chaleur était extrême, la jeune princesse, de retour à Sarry, toute mouillée de sueur, eut l’imprudence de se dévêtir subitement. Elle demeura couverte de sa simple cote, ou robe de dessous, dans une salle basse, froide et humide. Le lendemain, fort enrhumée et entoussée, elle se sentit gravement atteinte et fut transportée de Sarry à Châlons, au cloître de la cathédrale[54]. La maladie, dans sa marche rapide, devint une fluxion de poitrine des plus aiguës, accompagnée de désorganisation pulmonaire. Marguerite reçut les soins de maître Guillaume Lotier, médecin du Dauphin, assisté de maître Robert Poitevin, médecin de la reine et d’Agnès Sorel. Ce dernier était prêtre. Durant le cours de son agonie d’une semaine, la jeune moribonde, plus d’une fois, protesta contre les bruits malveillants dont elle avait été victime. Ô Jamet ! Jamet ! disait-elle, c’est par toy que je meurs ! Médecin de l’âme et du corps, maître Robert entendit en confession la patiente, et, pour l’absoudre, il lui commanda le pardon des offenses qui lui avaient été faites. Sur la requête spéciale dés assistants, il la pressa, par trois fois, de pardonner nommément à Jamet Du Tillay. Trois fois, la Dauphine s’y refusa. Enfin, Marguerite de Salignac et d’autres joignirent leurs instances à celles du prêtre. Je lui pardonne donc, dit la malade épuisée, et de bon cœur ! Les dernières paroles qu’elle prononça furent celles-ci : Fi de la vie de ce monde ; ne m’en parlez plus ! Le 16 août 1445, vers dix heures du soir, elle avait cessé de vivre[55]. Ainsi mourut, âgée de vingt et un ans, sans postérité, Marguerite d’Écosse. Peu de temps auparavant, elle avait affecté ou destiné une somme de 600 écus d’or à l’érection d’une chapelle du Saint-Sépulcre, en l’église Saint-Laon de Thouars, abbaye de l’ordre de Saint-Augustin. Elle désirait être inhumée dans cette chapelle, construite pour le repos de pâme de son père et de ses parents. La Dauphine mourut sans avoir payé les travaux de cet édifice. Charles VII voulait que les restes de sa belle-fille fussent transportés à Saint-Denis. L’église cathédrale de Châlons reçut en dépôt le corps de Marguerite. Plus tard, le roi dégagea un riche livre d’heures que la Dauphine avait, suivant l’usage, engagé temporairement pour garantie de son obligation. Le vœu de la princesse fut accompli aux frais du trésor royal, et ses dépouilles furent définitivement ensevelies, sous le règne de Louis XI, en 1479, dans la chapelle qu’elle avait fondée[56]. Le 18 août 1445, Charles VII donna le signal du départ, et la cour, s’éloignant à la hâte de ces lieux attristés, se dirigea vers la Touraine[57]. |
[1] K. 68, n° 12 ; Catalogue Teulet, p. 515.
[2] Brekenoke’s computus, apud Stevenson Henri VI, t. I, p. 445 et suivi Lettre originale, signature autographe, d’Henri VI à Charles VII, 21 août 1444, sur son mariage avec Marguerite ; Ms. fr. 4054, f° 24. Proceedings, etc., t. VI, préface, p. XV. Rymer, Fœdera, t. V, partie I, p. 158.
[3] L’un des mystères figurés en avant du pont de Londres pour célébrer le joyeux avènement de la reine Marguerite, représentait la Paix et l’Abondance. The Chronicles of London Bridge, by an Antiquary, Londres, 1827, in-12, p. 276.
[4] Biographie Didot, article Marguerite. Strickland, Lives of the Queens of England, 1844, t. III, p. 180 et suiv. D. Calmet, Histoire de Lorraine, t. II, p. 837 ; t. III, Preuves, col. DCLX. Benoît, Histoire de Toul, p. 540 ; cet auteur donne pour date au traité le 25 septembre ; c’est sans doute décembre qu’il faut lire. Escouchy-Beaucourt, p. 84 et suiv.
[5] Les mêmes. Anselme, Marguerite d’Anjou. Basin, I, 156. Olivier de la Marche, p. 407, 408. Relation du siège de Metz, p. 149, 211 et suiv. Histoire de René d’Anjou, t. I, p. 353 et suiv. L’acte de fiançailles, per verba de presenti, avait été délivré à Tours le 24 mai 1444. Expédition originale : P. P. 329 ; pièce cotée iiie xxvij ; clij.
[6] Berry, p. 426, J. Chartier, t. II, p. 45,46. Bourdigné-Quatrebarbes, t, II, p. 193, N. Gilles, xcij. L. L., 416, f° 699. Stevenson, ubi supra, p. 79, 448. Histoire de René. D. Calmet, Preuves, loc. cit. K. 68, 1, 3.
[7] Escouchy-Beaucourt, p. 87, 89. Strickland, p. 198 à 203. Biographie Didot : Marguerite. L. Fallue, Histoire de la cathédrale de Rouen, 1850, in-8°, t. II, p. 459.
[8] Escouchy.
[9] Strickland. Biographie Didot. Chronicles of London bridge, p. 274, 277.
[10] Stevenson, Henri VI, p. 79 et suiv. 169, etc. Basin-Quicherat, t. IV, p. 151. Jeanne épousa, par contrat du 11 mars 1448, Jean II duc de Bourbon, alors comte de Clermont. Madeleine fut mariée en 1462 au prince de Viane (Anselme).
[11] Itinéraire. 1444, déc. 17, Nancy. Lettres du roi en faveur des Orléanais. Il renouvelle pour trois ans une subvention de dix deniers sur chaque minot de sel vendu dans le royaume, afin qu’ils puissent achever la reconstruction de Saint-Aignan. Ms. Gaignières 649, 5, pièce 12. Ord. XIII, 251.
[12] L’ordonnance du 25 septembre 1443, dans son préambule, rappelle de nouveau les désordres actuels des gens d’armes. Des actes notables d’insubordination et d’indiscipline se produisirent encore au lendemain même du traité passé avec les Messins (mars 1445). Voy. Journal de Paris, p. 725, etc. — 1445. L’armée du roy fut en ceste année en Alemaigne et puis s’en revint et furent mis par les bonnes villes gens en garnison jusques à xve lances et vjm archiers à vivre aux frais du païs. — Item lad. année le roy leva grant argent des terres et revenues des églises et communaultés et affranchiz, comme il est touchié en ce papier cy après... Reg. 3 de Châlons sur Marne, f° 1, v°, 119 et suiv.... 1500 lances, 3.000 archiers et 2.500 coustiliers ; ibid. f° 2.
[13] Escouchy-Beaucourt, p. 36, 51 et suiv. Gruel, p. 396. D. Plancher, t. IV, p. 259, 261 ; Preuves, p. clxxv et suiv.
[14] Auteurs cités. Ms. Gaignières 898, 1, f° 152. Bibliothèque de l’Ecole des chartes, t. VIII, p. 124 et suiv. Olivier de la Marche, p. 408. Parmi les capitaines conservés, nous pouvons citer Pierre de Brezé ainsi que Robert de Floques dit Floquet, tandis qu’Antoine de Chabannes, comte de Dammartin, fut éliminé. Le duc de Bourbon reçut une compagnie de l’ordonnance et prit, avec l’agrément du roi, Jacques de Chabannes, frère d’Antoine, pour lieutenant. (Berry, p. 427. K. 68, n° 14. Chronique Martinienne, f° ccxxxviij v°). Le comte de Dunois devint inspecteur général et reçut, à ce qu’il parait, le titre de capitaine de l’arrière-ban, qu’il exerçait du moins en 1450. Le Beurier, Rôle des taxes de l’arrière-ban au bailliage d’Evreux, 1861, Evreux, in-8°, p. 30.
[15] Ce calcul ne fournit qu’un total de neuf mille hommes et neuf mille chevaux. Les mille chevaux de complément représentent sans doute les capitaines, leurs lieutenants, les inspecteurs et le charroi. Il paraît d’ailleurs que des volontaires à la suite, ou surnuméraires, ne tardèrent pas à s’adjoindre au personnel d’ordonnance. C’était la suite des anciens valets d’armée. Voir sur ce point Daniel, Milice françoise, t. I, p. 212.
[16] K. 68, n° 14 et 14 bis. Berry, p. 427. Escouchy-Beaucourt, p. 55. Mémoires de Basin, t. I, p. 165 et suiv. liv. IV, ch. 3.
[17] Bibliothèque de l’Ecole des chartes, loc. cit.
[18] Auteurs cités. Archives Soubise, K. 68, n° 22. Ms. fr. 5909, f° 216, v° ; 5055, f° 126, v°. Mallet-Bernier, Chronique de Senlis, 1835, in-8°, p. 24, 25. Cf. Ord. XIII, p. 442 ; Bugniot, Vie de Jean Germain, Chalon-sur-Saône, 1862, in-4°, p. 14. Reg. 3 de Châlons au 10 février 1446 n. s, f° 120, v°.
[19] Ordonnances XIII, 428 et suiv. 444 et suiv.
[20] Fête des Fous : Ms. La Ravallière, n° 47, p. 166 et suiv. ; ne 108, p. 215. Mercure de France, octobre 1747, p. 56. Boutiot, Recherches sur le théâtre, etc., p. 424. Gall. christ., XII, p. 95, 97. Foires de Champagne, Ordon. XIII, 431. Exemption aux habitants de Meaux pour conserver la forteresse : M. 443 ; XVI, 158. Chapitre de la Sainte-Chapelle justiciable du Châtelet, XIII, 427. Immunité de sel royal accordée aux religieux de Saint-Jean du Liget (Touraine) XVIII, 338. Monnaie du Dauphiné XIII, 452. Bénéfices accordés par le concile de Bâle aux officiers et conseillers du roi. Mémorial de la chambre des comptes, K., f° 134. P. P. 110, f° 262.
[21] Berry, 426. Chartier, II, 47. Ms. lat. 54,14 A, f° 77. Ms. lat. 5936 A, f° 188. Ms. fr. 3384, f° 171 et suiv. Ms. fr. 4054, passim. Stevenson, I, 89 et suiv. P. P. 329, pièce cotée iiijc xxij ; cliij.
[22] Ms. 8448. Mémoires de l’Académie des inscriptions, 1791, in-4°, p. 336. Beaucourt-Escouchy, p. 4,2 et 66 (notes). Barbat, Histoire de Châlons, 1860, in-4°, p. 332. Reg. de Châlons f° 1, v°, et 86.
[23] Benoît, Histoire de Toul, p. 538. D. Calmet, Histoire de Lorraine, t. II, p. 838. Elargissement du comte d’Angoulême : Catalogue Teulet, p. 82 et suiv. K. 64, n° 37-7. Carton 5 : Orléans-Valois (cabinet des titres) ; d’Argentré, Histoire de Bretagne, 1618, in-f°, p. 803. Chronique de Lalain (Panthéon), p. 614 et suiv. Escouchy-Beaucourt, p. 40, 42, 83. Edouard de Barthélemy, Histoire de Châlons, p. 552. Gruel, p. 396. Actes de Bretagne, 1744, in-f°, t. II, col. 1375 et suiv. G. Gruel, p. 596. — Là (à Châlons) vinrent plusieurs grans ambaxades de par le duc de Milant, le duc de Savoye, de par le roy d’Espaigne, de par le roy de Castille, de par les Grégois, l’arcevesque de Constantinoble ; ... de par les Alemans l’arcevesque de Couloingne... Et là furent faictes grandes honorables et sumptueuses joustes ou Marchié (sur le marché de la ville) à lices, etc. Reg. 3, f° 1, v°, 86. — Arrivée de la reine. Son entrée, etc., au 3 mai, f° 117.
[24] Ms. f. 10297. Vallet de Viriville, Chronique de la Pucelle, 1859, in-12, p. 90, 99.
[25] Chronique de Lalain, p. 015. Biographie Didot, articles Clèves (Marie de), Lalain. Olivier de la Marche dit : Le comte de Saint-Paul, jeune seigneur moult sage et bien adrecé, bon corps et droit et nourri en la maison de Bourgogne, p. 407, 408. Escouchy-Beaucourt, 42. Histoire de René d’Anjou, t. I, p. 450.
[26] Et en espécial le roi, monseigneur le Dauphin, le duc d’Orléans et autres les ducs, comtes, barons, chevaliers et écuyers et généralement tous ceux de la cour du roi le véoient volontiers (Jacques de Lalain), disans tous que faillir ne pouvoit de parvenir à un haut bien, si mort ne l’avançoit. Chronique de Lalain, p. 618, 619. Voyez, dans le Ms. français 966, f° 1, la miniature où Marie de Clèves est représentée (vers 1441) avec le duc Charles, son époux. Marie de Clèves était née en 1426, et Charles, duc d’Orléans, en 1391.
[27] Escouchy, p. 42. Biographie Didot, article René d’Anjou. Un écrivain satirique et hostile trace en quelques mots la contrepartie et comme la caricature de ce panégyrique ... Et comme le susdit roy René (dit Bournon, auteur lorrain) n’étoit en souciante de rien et n’avoit en la ville de Nancy que vie oyseuse, que passoit à faire dixaines de chapelets que passoit en rubans, ou en oiseaulx que plumoit à ceste fin qu’eust couleur de plumes que vouloit peindre, luy prit fantaisie de guerroyer et vint attaquer les àlessins qui n’en pouvoient,... dont tira grosse somme d’argent et n’avoit droit. Apud Bargemont, Histoire de René, t. I, p. 453-4.
[28] L’Abusé en cour est le titre d’un roman politique et moral, qu’on attribue à ce prince.
[29] Article cité. Même recueil : La Sale (André de). Comptes de René d’Anjou : P. P., 1339. Œuvres de Chastellain, 1863, II, 162 et suiv.
J’ay
un roy de Cécille
Vu
devenir berger
Et
sa femme gentille
De
ce propre mestier
Portant
la pannetière
La
houlette et chapeau,
Logeant
sur la bruyère
Auprès
de leur troupeau.
Récollection des merveilles advenues de nostre temps, dans les œuvres de Chastelain ; Buchon, Panthéon, p. xlix. Œuvres de René, éd. Quatrebarbes, 1843, t. II, sub fine. Il s’agit ici de Jeanne de Laval, seconde femme de René d’Anjou.
[30] Vallet de Viriville, Jean Fouquet, peintre français du quinzième siècle, dans la Revue de Paris, août et novembre 1857, p. 409 et suiv. Vasari, Vite, etc. Ed. Lemonier, Florence, 1843, in-12, t. IV, p. 18. Chalmel, Histoire de Touraine, t. IV, p. 186. Gazette des beaux-arts, 1859, p. 203, etc. — Le style de Fouquet se caractérise par un éclectisme plein d’originalité. C’est la naïveté gothique du Nord, assimilée et combinée avec la touche ardente et naturaliste du Midi, sous l’influence claire et sereine du génie français.
[31] Berry, 426. Escouchy-Beaucourt, p. 41. Histoire de Rend d’Anjou, t. I, p. 445, Chronique de Lalain, p. 625.
[32] Ordinairement vertes, sa couleur de prédilection. Charles, Dauphin, avait adopté la devise ou livrée tricolore de Charles V, son aïeul : rouge, blanc et bleu. Plus tard, il substitua au bleu la couleur verte.
[33] Voici la liste des principaux portraits de Charles VII qui nous sont restés : 1° peint vers 1450, par Fouquet, à genoux, l’un des rois mages de l’Épiphanie ; livre d’heures d’Etienne Chevalier, en la possession de M. Brentano, à Francfort-sur-le-Mein, 1re série, n° 8. 2° peint en buste, vers 1455, pour la Sainte-Chapelle de Bourges, Musée du Louvre, Ecole française, n° 653 ; chromolithographie, le Moyen âge et la Renaissance, t. V ; voyez Bulletin de la Société des Antiquaires, 1862, p. 62. 3° Excellente répétition ou analogue, par rapport au n° 2 ; faisait partie en 1854 de la galerie de M. Duclos, à Paris. 4° Peint en pied, miniature dans le Voyage d’Ehingen, vers 1457 ; le ms. original à Stuttgart. La bibliothèque Sainte-Geneviève, à Paris, possède un autre exemplaire contemporain et détaché de cette miniature. Gravé Vallet de Viriville, Iconographie historique, 1834, in-4°, p. 10, fig. 2. 5° Peint en Charlemagne, dans le tableau du palais de justice (1re chambre de cour impériale) ; gravé Taillandier, Mémoires de la Société des Antiquaires de France, t. XVII, p. 169. Voyez Guilhermy, Itinéraire archéologique de Paris, in-12, p. 305. Chastellain, 1863, p. 179.
[34] Georges Chastelain, fragment publié par M. Quicherat, dans Agnès Sorel, p. 10. Basin, I, 312. H. Baude, dans Chartier, II, 128.
[35] Les divers biographes d’Agnès Sorel s’accordent à admettre qu’elle fut mère de l’une de ses filles en 1445. Le silence des historiens parait donc être le fait d’une réserve volontaire et peut servir d’argument pour expliquer la même omission avant 1444. Influence d’Agnès ; elle va de pair avec celle de la reine et de la Dauphine. Voyez Duclos, Pièces justificatives, 1746, in-12, p, 47, dernier alinéa.
[36] Biographie Didot : Rolin. Histoire de Bourgogne. Isabelle fit son entrée publique à Châlons le même jour que Charles VII. Barthélemy.
[37] K. de Lettenhove, Histoire de Flandres, édit, in-12, t. III, p. 225 ; Œuvres de Chastellain, Bruxelles, in-8, 1863, t. I, p. xvij-xviij. Exposition sur vérité mal prise dans Buchon, Panthéon, p. 532. Escouchy-Beaucourt, p. 81. Ordonnances, XIII, 441. J. J. 177, f° 157.
[38] D. Plancher, t. IV, p. 259 ; Preuves, p. clxxiv et suiv. Ms. Collection de Bourgogne, t. X, 460. Escouchy, p. 72 et suiv. Ol. de la Marche, p. 393. Voyez aussi Ms. Dupuy, 760, f° 113, 1445-1446, février 13. Le roi, à Tours, s’allie par traité avec le duc de Bavière.
[39] Biographie Didot, la Marche (Olivier de).
[40] Panthéon, p. 407.
[41] Le Moyen âge et la Renaissance, article intitulé Cérémonial, étiquette. Histoires de Bourgogne.
[42] Toujours en bien (e sempre bene). J. J. 178, acte n° 5. Ms. Moreau, 251, f° 131 et suiv. Mémoires de la Société des antiquaires de France, t. XVIII, p. 481 et suiv. Rouyer et Rucher, Histoire du jeton, 1858, in-8°, pl. IX, fig. 75, p. 31 et 96. Biographie Didot, article Marie d’Anjou.
[43] Les Honneurs de la cour, par Aliénor de Poitiers, fille de Mme de Namur, dame d’honneur d’Isabelle de Portugal, duchesse de Bourgogne ; éd. Saint-Palaye, 1759, t. II, p. 197 et suiv.
[44] Escouchy, Plancher, Ol. De la Marche, loc. cit. Berry, 427, 428. Reg. 3 de Châlons, f° 1.
[45] Barbat, Histoire de Châlons, p. 352. Barthélemy, Histoire de Chalons, p. 187. Duclos, Histoire de Louis XI, pièces justificatives, 1746, in-12, p. 27 et suiv. Ce congrès primitivement devait avoir lieu à Reims.
[46] 1457, janvier. Le roi donne à la Dauphine, pour étrennes, un miroir d’or à pied garni de perles. Ms. Legrand, t. VI, à la date. En mai 1437, la Dauphine s’entremet pour préserver la Touraine, qu’elle habitait, des atteintes de Rodrigo. Archives de Tours, Cabinet historique, 1859, p. 118, 119. Cagny, chap. CLIX. Stevenson, Life and death of James the Ier, p. 16, 17.
[47] Jean Bouchet, Annales d’Aquitaine, 1644, in-fol., p. 232. Au moyen âge, le baiser sur la bouche était habituel, notamment dans la cérémonie de l’hommage, quel que fût le sexe du suzerain ou de l’hommager.
[48] Comptes des dépenses de la Dauphine, Ms. s. fr. 1496, f° 1 à 32. Quittance de 1000 liv. t., donnée à Nancy le 8 mars 1443, reçues par la Dauphine, probablement pour les noces de Marguerite d’Anjou ; signature autographe MARGUERITE, Cabinet des titres, pièces inclassées (Jacques Cœur et autres, carton marqué RR, 430, vu en 1860). Autre quittance du 20 juillet. Legrand, L. VI, f° 273 et 311. P. Clément, Charles VII et Jacques Cœur, t. II, p. 32, Barthélemy, Histoire de Châlons, p. 187.
[49] Ayant remarqué un écuyer qui s’était distingué dans une joute, elle lui envoya 500 écus d’or en présent. Legrand, t. I, f° 85. Duclos, pièces citées, p. 44, 46, 59. — Dépositions judiciaires : ...M. de Charny dit qu’il avoit entendu qu’elle n’étoit point habile à porter enfans, et si ainsi étoit qu’elle allàt de vie à trespassement, il faudra marier monseigneur le Dauphin à une autre qui fit encline à porter enfans ; il avoit ouy dire à madame du Bois-Menard (dame matrone de la cour), qu’elle (la Dauphine) mangeoit trop de pommes aigres et de vinaigre et se ceignoit aucune fois trop serrée, aucune fois trop lasche, qui étoit chose qui empeschoit bien à avoir enfans... Monseigneur n’aimoit point la dite dame pour ce que par avanture ses basses marches ne se portoient pas bien. Pièces, p. 47, 55.
[50] Ms. s. fr. 2878, f° 46. Ms. fr. 2899, f° 81. Lincy, Femmes célèbres, p. 586. Marguerite de Salignac et Prégente de Melun, comme Jeanne Filleul, leur compagne, favorisaient les goûts littéraires de la princesse et l’encourageaient à ces veilles prolongées. Pièces, p. 43, 52, 54. Le 18 août 1450, Marie de Clèves, duchesse d’Orléans, envoie un messager d’Yèvre-le-Châtel à Corbeil, où était la reine, pour recouvrer des mains de Prégente de Melun, dame de la reine. un roman de chevalerie intitulé Clériadus, que la duchesse avait prêté à Prégente. Catalogue Joursanvault, n° 852 ; la pièce originale à la bibliothèque du Louvre. En 1446, Annette de Guise, autre dame de la Dauphine, conservait un livre que lui avait communiqué ou confié sa maîtresse ; livre qui parle d’amours et de chansons et ballades. Ms. Dupuy, 762, f° 53.
[51] Ms. Dupuy, 762, f° 1. Commynes-Dupont, t. II, p. 274. Buchanan, t. II, p. 357. :..Et lors le roy demanda si elle (la Dauphine) étoit impédumée (enceinte ?) Il fut répondu que non... Et il qui parle dit que sa maladie venoit de faute de repos, comme disoient les médecins, et qu’elle veilloit tant..... que aucunes fois il étoit presque soleil levant avant qu’elle s’allast coucher, et que aucune fois monseigneur le Dauphin avoit dormi un somme ou deux avant qu’elle s’allast coucher, et aucune fois s’occupoit à faire rondeaux, tellement qu’elle en faisoit aucune fois douze par jour. Pièces, p. 43.
[52] Neuf heures du soir environ. Pièces, p. 42, 47. Anselme, Estouteville. Vallet de Viriville, Chartes VII et ses conseillers.
[53] Pièces. Ms. Dupuy, 762, f- 49. Stevenson, James the first. Barthélemy. Barbat.
[54] Ms. Legrand, t. I, f° 86. Ms. Dupuy, 762, f° 51. Buchanan, Stevenson, Barthélemy, Barbat. J. J., 178, f° 72. Legrand, t. I, f° 86, t. VI, p. 308. Magasin pittoresque, 1852, p. 233.
[55] Legrand, t. VI, p. 277. Ms. 762, f° 50. Pièces et auteurs cités. Berry, p. 428. Escouchy-Beaucourt, p. 67. Journal de Paris, p. 720. Siège de Metz, p. 291, etc. Reg. 5 de Châlons, f° 1, v°.
[56] Ms. Legrand, t. I, P 88 ; t. VI, f° 259, 308, 317. J. 463, pièces 69, 104. J. J. 177, f° 47, v°. J. J. 186, f° 1, v°. J. J. 188, pièce 211. Anselme à Louis XI. Gallia christiana nova, t. II, col, 1345. La mort prématurée de la Dauphine fut célébrée par la poésie populaire tant en France qu’en Écosse. Fr. Michel, Les Écossais, etc., t. I, p. 191. L’une de ces complaintes, qui nous est restée, paraît avoir eu pour auteur Isabelle d’Écosse, duchesse de Bretagne et sœur de Marguerite. Voyez Revue des sociétés savantes, 1857, in-8o, p. 710 et suiv.
[57] 18 août, le roi à Châlons ; 26, 28, à Sens ; le 16 septembre à Montils-lez-Tours. (Itinéraire.) Reg. 3 de Châlons, f° 1, v°.