HISTOIRE DE CHARLES VII

TOME DEUXIÈME

LIVRE V. — DEPUIS LA PUCELLE JUSQU’À LA RÉDUCTION DE PARIS SOUS L’AUTORITÉ DE CHARLES VII (1429-1436).

CHAPITRE IV. — Suite des événements jusqu’à la chute de La Trimouille (1431 juillet-1433 juin).

 

 

La guerre, une fois rallumée, embrasa tout le théâtre qu’elle avait précédemment rempli. Au mois de juillet 1431, Jean de Luxembourg entrait en Champagne par le nord. Il s’établit d’abord à Rethel, traversa le Porcien et ravagea la province septentrionale, où il soumit diverses places. Le 24 juillet, Ervy au sud de Troyes, vit avec terreur arriver devant ses murs Jean de La Roche, suivi de ses routiers. Jean, duc d’Alençon, le 20 août, fit assiéger, sans succès, la ville de Sainte-Suzanne au Maine. Un différend s’était élevé dans Avignon entre les officiers du roi et ceux du pape : Charles VII, le 18 septembre, nomma des commissaires civils pour apaiser ces difficultés. Mais bientôt il fallut expédier des gens d’armes en Languedoc, en Lyonnais et en Dauphiné. La guerre civile et le brigandage des corps francs se firent spécialement sentir dans le Poitou[1].

Jean de Malétroit, évêque de Nantes, était chancelier du duc de Bretagne ; le 29 septembre 1431, ce prélat revenait d’une ambassade, pour la paix, qu’il avait remplie auprès du roi de France. Accompagné du personnel de la légation et de ses gens, il cheminait pacifiquement : l’évêque était, d’ailleurs, muni de sauf-conduits en bonne forme. Déjà, il avait atteint le territoire de son diocèse : le lieu nommé Quarquefou[2] offrait une lande ouverte ; la nuit tombait. Tout à coup, Jean, duc d’Alençon, embusqué non loin de là, fond à l’improviste sur le prélat : ce prince était accompagné d’un gros d’hommes armés, qui arrêtent l’évêque, le maltraitent, lui et ses gens, en s’emparant de la vaisselle et du bagage. L’ambassadeur et tout le cortége furent ainsi faits prisonniers. Par la pluie battante, au milieu de la nuit, on les conduisit, à douze lieues, dans un château appartenant au duc d’Alençon d’évêque fut ensuite transféré à Pouancé, autre forteresse du prince[3].

Jean d’Alençon, par sa mère, était neveu de Jean VI, duc de Bretagne. A peiné sorti de prison, il avait requis l’aide de ce duc, pour payer sa rançon et rétablir ses financés : il réclamait certaine créance qui lui appartenait, disait-il, du chef de sa mère. Mais les Anglais tenaient en respect le duc de Bretagne ; ce dernier, ne condescendit qu’avec beaucoup de résistance aux sollicitations de son neveu. Jean d’Alençon, pour le contraindre, employa la voie qui vient d’être indiquée[4].

Jean avait en sa compagnie à Pouancé, sa mère, sa sœur et la duchesse d’Alençon, fille de Charles d’Orléans, le duc poète. Jean VI appela les Anglais à son secours. Du 4 au 6 janvier 1432, Pouancé fut investi : le duc de Bretagne y tint le siège, accompagné de son fils, le comte de Montfort, du connétable Arthur, de la noblesse bretonne et de forces considérables. Les seigneurs de Scales et de Willoughby commandaient les troupes anglaises. Jean d’Alençon était soutenu par le gouvernement de Charles VII, qui lui envoya deux mille hommes ; Raoul de Gaucourt et le bâtard d’Orléans allèrent s’enfermer dans Pouancé, où ils prirent en main la charge de la défense[5].

La duchesse d’Alençon était sur le point d’accoucher. Jean, le 4 janvier, s’esquiva par une poterne, laissant sa femme et sa famille en proie aux angoisses et aux périls de la situation. Pouancé fut attaqué et défendu pendant près d’un mois, non sans effusion de sang ; mais le connétable s’interposa pour adoucir les rigueurs de ce conflit. Jean, duc d’Alençon, fut contraint de capituler, et le chancelier de Bretagne recouvra sa liberté. Le prince coupable avait imploré l’intervention du légat, cardinal de Sainte-Croix : Jean, le 28 mars 1432, se rendit à l’église cathédrale de Nantes là, dans l’une des chapelles et par-devant l’official, il souscrivit un traité, qui nous est resté. Le duc, par ce contrat, demande L’absolution de son sacrilège : il s’engage à payer une indemnité de dix mille livres de Bretagne envers l’évêque ; plus deux mille écus d’or. Jean dut en outre et sur les dires ou estimation des détroussés, leur restituer leur bagage, en s’obligeant à ne plus commettre de semblables actions dans l’avenir[6].

Le 3 février 1432, les Français tentèrent de réparer l’échec éprouvé au mois d’août précédent. Cette entreprise consistait à marcher de nouveau sur Rouen. Un cordelier du parti français avait été prisonnier dans cette ville : il y noua des intelligences avec le béarnais Pierre de Biou, écheleur, qui faisait partie de la garnison anglaise. Ce frère mineur vint trouver à Beauvais le maréchal de Boussac et lui soumit un plan d’invasion secrète. Le moment était favorable : Jean, duc de Bedford, se trouvait à Paris, tandis que le jeune Henri VI habitait Rouen ; une fois maîtres du château, les vainqueurs s’emparaient de la ville et faisaient prisonnier le roi d’Angleterre[7].

Ces ouvertures furent acceptées : l’expédition s’organisa, comme la précédente, à Beauvais et le corps d’avant-garde partit, sous le commandement du nommé Guillaume de Ricarville, gentilhomme du pays de Caux. Agé d’environ trente-cinq ans, Ricarville avait combattu à Orléans aux côtés de la Pucelle. Successivement écuyer, puis panetier du roi, il possédait la confiance de La Trimouille et servait parmi les gardes du corps de Charles VII. L’intrépide capitaine accomplit avec un plein succès la mission dont il s’était chargé : arrivé sur le terrain, suivi de plus de cent hommes d’armes, il s’avança dans l’obscurité, sous les murs du château[8].

Pierre de Biou jeta des échelles de cordes : peu de temps suffit aux Français pour exécuter l’escalade, et, de la sorte, une grande partie du château, notamment la grosse tour, tomba au pouvoir des assiégeants. Le peu d’Anglais qu’ils rencontrèrent furent mis à mort ou en fuite. Lord John Fitz-Alan, comte d’Arundel, commandait la place : surpris dans la chambre où il couchait, au milieu de la nuit, il n’eut que le temps de se barricader. Le jour venu, il se fit descendre au fossé, par le moyen d’une corbeille attachée à une corde ; Arundel regagna ainsi la ville, et se mit en sûreté. Les assiégeants étaient venus à pied : ils avaient seulement cinq ou six chevaux, qu’ils laissèrent hors des murs[9].

Ricarville, aussitôt ce résultat obtenu, remonte à cheval : piquant des deux, il retourne en hâte à Beauvais, pour chercher les renforts promis et qui lui étaient nécessaires, afin d’achever cette importante conquête. Mais ses instances furent vaines : la discorde se mit entre les troupes destinées à ce complément d’expédition ; les hommes d’armes se disputèrent au sujet du butin, qu’ils devaient recueillir à Rouen, et qu’ils n’avaient point encore. Rien ne put triompher de cette querelle et de l’indécision du maréchal. Les cent ou cent vingt hommes, environ, entrés dans le château, furent abandonnés sans secours[10].

Ces malheureux se réfugièrent dans la grosse tour de Philippe-Auguste. Mais les Anglais étaient encore assez forts pour intimider les bourgeois : ceux-ci vinrent en aide à la garnison et le comte d’Arundel se concerta tout à loisir avec le duc de Bedford ; il fit le siège en règle de la tour, qu’il battit, à bout portant, d’artillerie. Après douze jours de combat, les assiégés se rendirent. Les 16 et 17 mars 1432, cent cinq d’entre eux furent décapités par la main de l’exécuteur, sur le Vieux-Marché, où avait péri la Pucelle. Pierre de Biou, l’écheleur, subit son sort le premier. Nous avons le compte du salaire que reçut le bourreau pour l’avoir traîné sur une claie, au bout d’une charrette, depuis les prisons du roy, nostre sire, jusqu’au lieu de l’exécution. Là, P. de Biou fut décapité, écartelé, ses quatre membres pendus aux quatre portes ; le corps, au gibet, et sa tête, assise sur une lance. G. de Ricarville retourna sain et sauf à la cour[11].

Chartres était un des points où le gouvernement anglo-bourguignon comptait les partisans les plus passionnés. Deux marchands de cette ville, qui commerçaient à Orléans et à Blois, entrèrent en relations avec les Français. Ils se prêtèrent à une conspiration, qui devait avoir pour résultat de rétablir l’autorité du roi Charles. Raoul de Gaucourt, le bâtard d’Orléans, et Florent d’Illiers, gentilhomme du pays, prirent la part la plus active à cette entreprise. L’évêque, Jean de Fétigny, bourguignon de naissance, et d’autres membres du haut clergé, tenaient chaudement pour le parti anglais ; mais les gens d’église étaient divisés : la cause nationale avait à Chartres, entre autres, pour défenseur, un jacobin, orateur populaire, nommé Jean Sarrasin ; ainsi que divers chanoines[12].

Les deux marchands se nommaient le premier Jean Ansel, ou Le Sueur, et le second Guillaume Bouffineau, appelé aussi le petit Guillemin. Au jour dit, le 12 avril 1432, trois charrettes se présentèrent de bon matin, à la porte Saint-Michel de Chartres. Elles étaient précédées des marchands. Ceux-ci, fort connus des portiers, déclarent amener du poisson et du sel, qui faisaient disette dans la ville. L’un des portiers, gratifié d’une paire d’aloses, laisse entrer le convoi. Deux charrettes passent et la troisième verse sur le pont-levis. Au même instant, les charretiers jettent leur fouet et deviennent des soldats. Deux hommes armés sortent de chacun des tonneaux que contenaient les charrettes. Le convoi, au lieu de sel, était chargé de piques, de haches et de pertuisanes. La garde de la porte Saint-Michel est désarmée, mise à mort ou en fuite[13].

Cependant trois ou quatre mille hommes étaient échelonnés hors la ville, en diverses embuscades. Au son de la trompette, signal convenu, Florent d’Illiers pénétra dans Chartres, portant la bannière du roi. Jean Sarrasin avait convoqué, pour cette heure même, la population chartraine à un sermon public. Il eut soin de le prêcher à l’extrémité opposée de la ville. Florent d’Illiers, bientôt suivi de nombreux compagnons, pénétra, presque sans résistance, jusqu’à la place de la cathédrale. Toutefois l’évêque de Chartres, entouré de quelques bourguignons, se porta en armes à la rencontre des assaillants : il fut tué sur la place. Le capitaine de la ville n’avait que des forces insignifiantes ; il s’enfuit à cheval avec les cent archers municipaux : Gilles de l’Aubépin, bailli, se sauva également en escaladant les murs de la ville. Les vainqueurs se livrèrent aux excès qui accompagnaient alors toute guerre ; soixante bourgeois environ y périrent. Les capitaines et la garnison s’installèrent aux cris de vive le roi ! la paix ! ville gagnée[14].

N. Loyseleur, chanoine de Rouen et de Chartres, était l’ami de P. Cauchon, lequel, pendant longtemps, avait été grand archidiacre de la cathédrale de Chartres. Tous deux, promptement informés, requirent l’assistance du gouvernement anglais. Simon Morhier, gentilhomme chartrain et prévôt de Paris, fut envoyé vers son pays natal : il eut pour mission d’y renouer des intelligences et de tenter une restauration anglo-bourguignonne. Mais ses efforts demeurèrent infructueux. Le 23 avril 1432, le chapitre, investi (le siège vacant) de l’autorité épiscopale, reconnut solennellement le roi de France. Il institua dans la cathédrale une messe anniversaire, destinée à célébrer perpétuellement, au 17 juillet, le sacre de Reims. Peu de temps après, Charles VII donna, en faveur de Chartres, de nouvelles lettres d’abolition, datées de Loches, au mois de juin 1432. Le roi, par cet acte, efface les traces des discordes civiles : il maintient dans leurs bénéfices les chanoines fidèles à sa cause et confirme généralement les privilèges du pays ; Jean, bâtard d’Orléans, était nommé lieutenant-général. Chartres, désormais, se rallia invariablement au parti français[15].

Lagny-sur-Marne, depuis le mois d’août 1429, appartenait à Charles VII. Jeanne Darc y avait planté ou restauré le drapeau de la France : elle avait, plus récemment, illustré ce lieu par son séjour et par de nouveaux exploits ; enfin les Français, depuis lors, s’y étaient fortifiés. Située entre Paris et Melun, sur une route d’eau qui mène à la capitale, cette station armée incommodait fort les Anglais. Vers la fin de mars 1431, les Anglais bombardèrent la place et y jetèrent jusqu’à quatre cent douze pierres, ou boulets de canon, le même jour. Un coq, tué par ces projectiles, fut, dit le journal parisien, la seule victime que fit cette première attaque[16].

Le second siège fut posé devant Lagny le 1er mai 1432 et dura quatre mois. Le gouvernement anglais attachait le plus grand prix à la soumission de ce poste. II éprouva, de la part des défenseurs, une résistance invincible. Le conseil de Charles VII fit les derniers efforts pour en assurer le succès : de nouvelles dettes, des emprunts multipliés, furent contractés au nom du roi ; La Trimouille se rangea, comme parle passé, au nombre des prêteurs. Les assiégeants avaient réussi à resserrer leurs approches. Lagny se trouvait étroitement pressé par la famine et battu immédiatement d’artillerie. Dans cette extrémité, le gouvernement de Charles VII parvint à rassembler onze mille auxiliaires, qu’il expédia sous les murs de Lagny[17].

Ceux qui soutinrent le siège à l’intérieur se nommaient Jean Foucaut, capitaine, Ambroise de Loré, Hugh Kanedy, (écossais), etc. Du 7 juin au 10 août 1432, des secours importants leur furent amenés par Raoul de Gaucourt, Jean, bâtard d’Orléans, et Rodrigo de Villa-Andrando. Bedford, en de telles conjonctures, partit de Paris et vint placer dans la balance le poids de son commandement personnel ; il était suivi de forces à peu près égales à celles de la partie adverse. Une action décisive eut lieu dans la prairie de Lagny, le 10 août 1432 : la victoire demeura du côté des Français et Bedford leva immédiatement le siège. Ses vivres, son artillerie, tout le matériel resta au pouvoir des Français ; Lagny fut ainsi ravitaillé. Le 20 août, Jean, duc de Bedford, revint à Paris, le cœur navré et profondément atteint par cet échec[18].

Pendant les années 1431 à 1433, la guerre sévit continuellement en Picardie, dans le pays de Tournay, en Champagne, dans le Maine, le Poitou, l’Ile de France et le Languedoc. Rodrigue le Castillan avait rendu à la France, devant Lagny, un nouveau et signalé service. En s’éloignant, il tourna ses armes contre la, Touraine, qu’il se mit à ravager. Charles VII et ses gouverneurs déployèrent toutes leurs ressources et toute leur politique, pour se délivrer de ce terrible auxiliaire. Rodrigue, appuyé par la faveur de La Trimouille, épousa, le 24 mai 1433, Marguerite de Bourbon, fille naturelle (le Jean, duc de Bourbon. Il porta ensuite dans le Midi ses redoutables exploits[19].

La Trimouille était toujours omnipotent. Sa puissance, néanmoins, ressemblait à celle des favoris qui l’avaient précédé : née de l’intrigue, elle devait périr par l’intrigue.

Pendant l’hiver de 1429 à 1430, Arthur de Bretagne revenait de Fresnay-le-Vicomte à Parthenay. Un inconnu, durant le trajet, chevauchait au plus proche du connétable et ne le quittait pas des yeux. Le connétable demanda qui était cet homme. — Quelque picard, lui dit-on. Le comte, alors, s’enquit du personnage, auprès de l’un de ses officiers, Gilles de Rouvroy Saint-Simon, gentilhomme de haut rang et du pays de Picardie. Messire Gilles répondit qu’il ne savait. Sur ce, l’inconnu fut questionné de plus près parle connétable. Enfin, dit la chronique domestique d’Arthur, cet homme avoua qu’il était envoyé par La Trimouille pour tuer le comte, moyennant une somme. Arthur lui paya sa commission, en lui donnant un marc d’argent, et le congédia[20].

On n’a point oublié comment La Trimouille épousa Catherine de l’Ile-Bouchard, l’opulente héritière, veuve du sire de Giac. La Trimouille conçut, pour son fils aîné, le projet d’une alliance aussi avantageuse. A cet effet, il jeta les yeux sur Françoise d’Amboise, enfant de haut parage, née le 9 mai 1427. Françoise était fille de Louis d’Amboise, prince de Talmont, vicomte de Thouars, et baron des plus considérables du royaume ; richement possessionné de seigneuries en Touraine et en Saintonge. Marie de Rieux, bretonne, vicomtesse de Thouars, avait, ainsi que son mari, la confiance et l’accès du connétable. Georges de La Trimouille, par ces intermédiaires, voulut se rapprocher de son ennemi. Pour l’induire à ses desseins, il lui fit transmettre des offres d’accommodement[21].

Une entrevue, qui réunirait le connétable et le favori, fut proposée par Georges : ce rendez-vous devait avoir lieu entre Poitiers et Parthenay ; Arthur se méfiait, il refusa. Mais peu de temps après, Georges de La Trimouille attira dans le piège trois amis du connétable, qui pouvaient suppléer le comte en cette occasion. Antoine de Vivône, André de Beaumont et Louis d’Amboise, lui-même, répondirent à l’invitation du premier ministre. Ces faits se passaient en 130, vers l’été : La Trimouille mena ses hôtes à la chasse ; mais là, des compagnons apostés se saisirent traîtreusement des trois gentilshommes. Ceux-ci furent consignés dans des châteaux forts : Louis eut pour prison la geôle de son propre manoir, à Amboise ; on le transféra ensuite dans la grosse tour royale de Châtillon-sur-Indre. Puis, La Trimouille intenta immédiatement contre eux une action criminelle en parlement[22].

Le 7 mai 1131, Charles VII, La Trimouille et le grand conseil se trouvaient à Poitiers, siège de cette haute cour. A la date qu’on vient de lire, Georges de La Trimouille se fit délivrer des lettres d’abolition. Nous conservons en original ce document inédit : il contient un catalogue de méfaits commis par La Trimouille, confessés et racontés par lui-même. Cette série de concussions, d’iniquités, accompagnées de meurtres, pillages, etc., remonte à 1416 ; elle ne s’arrête qu’à environ 1430 ou 1431 : mais il n’y est fait aucune mention du guet-apens contre les trois gentilshommes. Ces lettres se terminent par une absolution, que le favori se décernait ainsi de ses propres mains[23].

Par le moyen de ces lettres, La Trimouille devenait légalement inviolable dans l’avenir. Le lendemain, 8 mai 1431, un triple arrêt de mort fut signé et prononcé au nom du roi, contre les trois prévenus. L. d’Amboise, Ant. de Vivône, André de Beaumont, étaient déclarés atteints et convaincus d’avoir voulu attenter à la personne du premier ministre ; de lui avoir tendu des embûches ; d’avoir voulu se saisir du gouvernement, etc. Ces griefs constituaient le crime de lèse-majesté. En conséquence, les trois accusés sont condamnés à perdre leurs biens, confisqués au roi, et la vie[24].

Ant. de Vivône et André de Beaumont eurent la tête tranchée. Mais Jacqueline d’Amboise, sœur de Louis, était mariée à Jean de La Trimouille, frère de Georges. La mort de Louis n’était pas utile au ministre : bien plus, elle devenait un obstacle au mariage que celui-ci projetait toujours. Il suffisait en effet au gouverneur du roi que le futur beau-père de son fils fût en sa main comme prisonnier ; car cette captivité permettait à La Trimouille de maîtriser le vicomte de Thouars. Une clause spéciale fut donc insérée dans la sentence de Louis. Cette clause commuait la peine que le vicomte avait « encourue » : le roi lui faisait grâce de la vie. Georges de La Trimouille s’adjugea immédiatement la vicomté de Thouars. Jean de La Trimouille, son frère, eut en partage la portion héritable qui revenait à Jacqueline. Louis d’Amboise, dépouillé de ses biens, vit sa succession ouverte de son vivant et fut maintenu dans une étroite captivité[25].

Cependant Marie de Rieux, vicomtesse de Thouars et parente d’Arthur, avait été elle-même poursuivie. Elle accourut auprès du connétable, implorant aide et assistance. Arthur de Bretagne l’accueillit avec sympathie. Il lui ouvrit pour refuge son château de Parthenay, et se mit en devoir de lui prêter main-forte. Un coup habile fut immédiatement porté, par le moyen le plus simple, à l’ennemi commun : Françoise d’Amboise devint la fiancée de Pierre de Bretagne, fils de Jean VI et neveu du connétable. Le contrat, dûment appuyé sur la volonté des pères et mères, tant du futur époux que de l’épouse, fut signé le 21 juillet 1131. En même temps, les sires de Château-Neuf, de Rostrenen et de Beaumanoir, vassaux de Bretagne, prirent les armes ; ils défendirent les places que La Trimouille voulait usurper dans la vicomté de Thouars. La guerre éclata de la sorte entre le gouverneur et le connétable du royaume ; elle ensanglanta de nouveau le Poitou, ainsi que la Saintonge[26].

Yolande d’Aragon intervint dans ce déplorable conflit. Elle présida au traité de pacification, qui fut signé le 25 mars 1132, à Rennes, sous les auspices et l’autorité de Jean VI. Le duc et son frère Arthur stipulaient, dans cet acte, vis-à-vis de Raoul de Gaucourt et du sire de Bazoges[27], ambassadeurs du roi ou de La Trimouille. L’une des clauses du contrat portait ce qui suit : Les villes de Gien, Montargis et Dun-le-Roi, composant le douaire de Madame de Guyenne, seront rendues à Monseigneur de Richemont ; à moins que le roi ne préfère lui constituer des revenus en terre équivalents[28].

A peine ce contrat venait-il d’être signé, que Montargis tomba au pouvoir des Anglais. Le seigneur de Villars[29] était capitaine de la ville et du château. Son barbier entretenait auprès de lui pour concubine une damoiselle, pauvre et fort déshonnête : cette dernière s’accointa au dehors d’un gascon-anglais, nommé Le Bourg ou le Bâtard de Jardres ; des intelligences s’établirent ainsi entre la place et l’ennemi. Moyennant une somme promise, la double courtisane introduisit les Anglais dans le château ; qui fut pris par escalade. La ville proprement dite restait aux Français. Mais peu de temps après elle subit le même sort : au mois d’août 1432, la ville fut évacuée ; les Anglo-Bourguignons y entrèrent à la suite. Tout cela ne s’opéra point sans de véhéments soupçons d’infidélité, à la charge des capitaines préposés par La Trimouille[30].

Vers la fin de septembre 1432, Jeanne de France, duchesse de Bretagne, vint. à mourir. C’était une personne physiquement délicate, jeune encore, pieuse, d’une âme noble et très française de cœur. Le connétable se rendit à Vannes, où furent célébrées les obsèques de sa belle-sœur. De nombreux prélats, seigneurs et chevaliers se réunirent à cette occasion. Tous haïssaient La Trimouille et se rattachaient à la clientèle du connétable ; aux regrets qu’ex-citait le deuil de la princesse, se mêlait l’indignation dirigée contre le favori. La perte de Montargis lui était imputée à trahison. On se rappelle avec quel éclat cette ville était redevenue française. Déjà, par lettres données à Saumur en mars 1431, le roi, c’est-à-dire La Trimouille, avait réuni à la couronne Dun-le-Roi, autre domaine alloué au connétable. Une conspiration s’ourdit contre La Trimouille et les mécontents se rassemblèrent à Parthenay ; l’entreprise fut ainsi concertée chez le connétable ; on n’attendit plus que l’occasion et le moment[31].

La Trimouille, selon toute apparence, sentit la position chanceler sous ses pas. Dans les premiers jours de septembre, un conseil secret se tint à Amboise : G. de La Trimouille, R. de Chartres, Chr. de Harcourt et l’archidiacre de Provins[32], seuls, y assistaient. La guerre contre le duc de Bourgogne y fut résolue ; mais une guerre de voies tortueuses, et sans qu’une déclaration loyale et ouverte l’eût précédée. Aussitôt le hérault Guyenne fut expédié en Bourgogne : ce messager, d’abord, se rendit à Cravant. Là il se mit en rapport avec les capitaines français, qui commandaient dans cette place, ainsi qu’à Jully, Mussy-l’Evêque et dans les environs. Huit cents hommes d’armes se préparèrent à marcher sur Dijon ; la ville devait être surprise et enlevée par escalade[33].

Guyenne, ensuite, se rendit à Dijon, où il arriva le 2 octobre, et distribua aux autorités de Bourgogne des lettres officielles dont il était porteur. Il remit également une dépêche secrète à l’hôte de l’enseigne du Heaume. Mais ayant été dénoncé par un espion de la police ducale, Guyenne, arrêté, fut mis à la question. Les tortures progressives de l’eau froide et des cordes, le déterminèrent à tout révéler. Guyenne, dans une série d’interrogatoires qui se succédèrent du 2 au 14, dévoila, en présence du maire de Dijon et autres témoins appelés, ce qu’il savait touchant les desseins de La Trimouille[34].

Jean de La Trimouille, seigneur de Jonvelle, haïssait à mort le chancelier de France, B. de Chartres. Jonvelle, en juillet 1431, était venu trouver le roi à Chinon : il y resta jusqu’en septembre ; ce fut lui qui, au mois de décembre suivant, fit signer les trêves, son œuvre diplomatique, qui devaient régner entre le roi Charles et le duc de Bourgogne. Le sire de Jonvelle attribuait au chancelier de France l’insuccès final des négociations. Jonvelle entretenait à la cour, auprès du roi, le bâtard de Jonvelle, son fils, le bâtard Lobet et Monicau. Par ces créatures, il était informé de tout ce qui se passait du côté de la France. En Bourgogne, Jean de La Trimouille ne laissait rien ignorer à son frère de ce qui pouvait l’intéresser. Pour seconder l’invasion projetée, il noua des intelligences avec Lourdin de Saligny ; Guy de La Trimouille, son cousin, comte de Joigny ; Guillaume de Thil, seigneur de Châteauvillain, et autres capitaines bourguignons d’importance[35].

Georges de La Trimouille se fiait à ces assurances. Le grand chambellan de France, à mille réaux d’or par mois, continuait de diriger, suivant son gré, les affaires du royaume. La Trimouille avait une sœur nommée Isabeau, veuve pour la seconde fois. Vers les premiers jours de mars 1433, il maria cette dame au seigneur de Châteauvillain. Grand chambrier de France, de par Jean Sans Peur, ce seigneur avait jusque-là suivi le parti de Bourgogne. La Trimouille le rallia par ce moyen à là cause du roi. Charles et le compta désormais comme l’un de ses auxiliaires[36].

Cependant l’heure de sa chute approchait.

Vers la fin de juin 1433, Charles VII et son favori résidaient au château de Chinon. Georges fut surpris, nuitamment, couché dans son lit. Le sire de Gaucourt, capitaine de Chinon, adhérait à ce coup de main. Olivier Frétard, son lieutenant, ouvrit aux conjurés une poterne qui donnait accès dans le Coudray. Les chefs de cette entreprise, et qui l’exécutèrent, furent Pierre de Brezé, seigneur de la Varenne ; le sire de Chaumont ; Jean, sire de Bueil, et Prégent de Coëtivy, suivis d’un grand nombre de gens d’armes. La Trimouille essaya de résister. Il reçut un coup d’épée dans le ventre. Mais son extrême obésité rendit cette blessure moins grave et lui sauva la vie[37].

Jean de Bueil, neveu maternel du gouverneur, s’empara de lui et le conduisit au château de Montrésor, qui appartenait à Jean de Bueil. Georges de La Trimouille, ainsi détenu, se racheta moyennant quatre mille écus d’or, payés à son neveu. Il eut la vie sauve, mais à condition de ne plus approcher du prince et de renoncer au gouvernement. L’ex-ministre rendit au roi diverses places et Louis d’Amboise recouvra sa liberté[38].

Charles VII habitait le logis du roi, c’est-à-dire l’aile du château diagonalement opposée au quartier de La Trimouille. Le bruit des gens d’armes et le tumulte parvinrent jusqu’à lui. Tout d’abord, il se crut pris par l’ennemi. Mais la reine de Sicile et Charles d’Anjou, beau-frère du roi, approuvaient cet enlèvement ; la pieuse et timide reine de France, elle-même, avait été initiée : Marie d’Anjou embrassa naturellement la nouvelle cause politique de son frère. Le roi, en apprenant ce qui s’était passé, commença par témoigner son ressentiment. Mais la reine, soutenue de ses proches, apaisa ce courroux momentané. Le roi demanda si le connétable en était : on lui répondit qu’il n’avait point paru. Les nouveaux venus représentèrent au prince que ce changement avait été fait pour son bien et celui de l’État. Peu à peu, le roi se persuada cette vérité. Charles d’Anjou et ses collègues lui firent bientôt oublier La Trimouille[39].

 

 

 



[1] Monstrelet d’Arcq, t. V, p. 8 à 11. Boutiot, Guerre des Anglais, p. 30. Gagny, chap. CXVI. D. Vaissète, Histoire du Languedoc, liv. XXXIV, chap. 58, 61. Dossier Gamaches : 22 juillet, 24 septembre 1431 ; 27 mars 1432 ; vers mai-juin 1433. Ms. Fontanieu 115, le 24 septembre 1431. Beaurepaire, États, p. 42.

[2] Village situé à 8 kilomètres de Nantes (Loire-Inférieure).

[3] Archives de M. le marquis du Hallay-Coëtquen, 1851, in-8°, p. 51 et s. Biographie Didot au mot Jean, duc d’Alençon. Pouancé, Maine-et-Loire, arrondissement de Segré.

[4] Ibid. Gagny, chap. CXVII et s. Notice sur Château-Gonthier, par M. Bonneserre de S. Denis, dans les Mémoires de la Société d’Agriculture etc., d’Angers, 1860 in-8°, p. 225 et s.

[5] Gruel, p. 372. Du Tillet, Traités, p. 225. D. Morice, Preuves, t. II, col. 1233. Cabinet des titres, dossier Gaucourt, 12 février 1433.

[6] Monstrelet, p. 12. J. Chartier, t. I, p. 157 et s. J. 227, n° 84 ; original scellé du duc, donné à Chinon, le 17 janvier 1432. Ms. Béthune, 9419, f, 76 v°. Fontanieu, 116. Archives du Hallay. D. Morice, Histoire de Bretagne, t. I, p. 515 ; Preuves, col. 1248-1250. — Du Tillet, ibid., p. 240.

[7] Chéruel, Histoire de Rouen, p. 112. — Monstrelet, t. V, p. 12 et suiv.

[8] Ibid. Cabinet de titres, Ricarville ; acte du 29 avril 1431, à Poitiers. Procès, t. III, p. 21. J. 183, n° 142. Vitet, Histoire de Dieppe, 18114, in-16.

[9] Monstrelet. Chronique de Normandie, f° 182. Holinshed, p. 1251.

[10] Mêmes autorités.

[11] Sources citées. Ricarville ne fut donc pas décapité, comme on le crut alors. Il assista comme témoin au procès de réhabilitation de la Pucelle. Journal, p. 696. Beaurepaire, Note sur la prise du château de Rouen par Ricarville en 1432. Godefroy-Hermand, Histoire de Beauvais, Ms. s. fr., n° 5, 2, t. III, f° 1332. Ms. Duchesne, n° 79, f° 348 v°.

[12] Monstrelet, t. V, p. 21. Fontana, Monumenta Dominicana, 1675, in-f°, p. 326. Lépinois, Histoire de Chartres, t. II, p. 81 et s.

[13] Monstrelet. Lépinois. Journal de Paris, p. 696.

[14] Les mêmes. Jean Chartier, t. I, p. 142. Basin, t. I, p. 18. Godefroy, Charles VII, p. 852, 853.

[15] Procès, t. II, p. 10. Journal, p. 697. Lépinois, t. I, p. 240. J. 46, n° 99. Mémoires de la Société archéologique de l’Orléanais, t. III, p. 7 à 11. 1432, juin, 9. Charles VII nomme un administrateur à l’abbaye de S. Père de Chartres (Gall. christ., t. VIII. Instrum., col. 391-2).

[16] Berry-Godefroy, p. 384. Monstrelet, t. V, p. 11, 27. Journal, p. 688.

[17] Journal. Monstrelet, p. 31 et s. J. 183, n° 142, 144 : J. 194, nus 57 et s. K. K. 244, f° 25 v°. Chronique de Tournay, dans le tome III des Chroniques de Flandres, collection belge, in-4°, 1856, p. 418. Holinshed, 1577, t. II, p. 1250. Catalogue Joursanvault, t. I, n° 3395.

[18] Chronique de Tournay. Journal. Catalogue Teulet, p. 402. Basin, I, 87, 88. S. Remi, 527 J. Chartier, I, 143 et s. Bibl. de l’Éc. des Ch., VI, 135 et s. Michelin, Essais historiques sur le département de Seine-et-Marne, p. 780 ; communication de M. E. Grésy. Le 23 juin 1432, le chapitre de Notre-Dame de Paris prête sur gage au duc de Bedford trois cents saluts d’or, pour le siège de Lagny. Le 5 juillet, nouveau prêt de cinq cents saluts (L. L. 414, f° 86). Lettre de Charles VII ; arch. de Reims, 8 juillet 1432 ; communication de Dl. L. Paris.

[19] Dossier Gaucourt, 28 août, 12 octobre 1431. Monstrelet, t. V, p. 16, 38 et s. ; 54, 58 et s. Ms. Fontanieu, 116 : 1432, nov. 13 ; 1432-4. Boutiot, Guerre des Anglais, p. 43 à 63. Catalogue Teulet, p. 398, 401. Cagny, chap. CXIX. Journal de Paris, p. 697 à 699. Gruel, p. 372. Bibl. Éc. ch., ibid., p. 139 et s. Barthélemy, Histoire de Châlons, p. 184. Janvier, Recherches sur les Arbalétriers, 1855, in-8°, p. 103. Catalogue Joursanvault, t. I, n° 993. Dossier Foix : 22 février 1433. Ms. ancien supplément français, n° 292, t. XI, p. 237 et 245. Ms. 4805,s. fr., f° 224 v°. Proceedings, t. IV, 178, 242, au 13 août 1433, mai, 3. Mariage de Marguerite de Valois.

Mariage de Marguerite de Valois, sœur de Charles VII. — Nous avons mentionné cette union. La date, vaguement assignée par le père Anselme et que nous avons reproduite, doit être précisée d’une manière plus exacte. Le contrat de mariage est du 3 mai 1433. Le 7 octobre suivant, lettres données à Tours qui ratifient ce contrat, ainsi signées : Par le roi, le bastard d’Orléans, présent. Confirmé par Louis XI le 12 juin 1462 (Armoires Baluze, t. XXIII, f° 282 et s.).

[20] Gruel, p. 311.

[21] Livre d’heures de Pierre II, duc de Bretagne, Ms. 1159, latin, p. 173. Anselme : Amboise, Rieux, La Trimouille. Gruel, ibid.

[22] Sources indiquées. Bélisaire Ledain, Histoire de Parthenay, p. 235. P. P. 2298 : septembre 1434.

[23] Registre du trésor des Chartes J. J., n° 177, f° 139 et s. Les lettres du roi sont signées : Vous (le chancelier, R. de Chartres) ; Christophe d’Harcourt ; Sainte-Sevère (le maréchal de Boussac) ; Jehan de Wailly, premier président du parlement ; Me Junien Lefèvre, conseiller. — P. Le Picart, secrétaire.

[24] Ces trois arrêts, scellés sur parchemin et inédits, subsistent également en original : J. 366, n° 1, 2, 3. Copies dans le ms. Harlay, n° 47, f° 16, 51 et s. Arrests donnez, le roi présent ; estant en son conseil où estoient les présidents et conseillers laïcs de la cour de parlement. (Ibid., f° 16.) Aux termes du droit canonique, les conseillers clercs s’abstenaient d’opiner dans les arrêts sanglants.

[25] Sources citées. Ms. Harlay, 101, 5 ; f° 349. P. P. 118, f° 20. Anselme, art. Montberon (éd. 1712, t. I, p. 561 B). Monstrelet, v, 74. Catalogue de D. Fontenau, p. 331.

[26] Anselme : Amboise ; Ducs de Bretagne. Bél. Ledain. Massiou, Histoire de Saintonge, 1838, in-8°, t. II, p. 272, 273. Thibaudeau, Histoire de Poitou, t. Il, p. 117 et s. D. Morice, t. I, p. 513. George de La Trimouille, toutefois, n’abandonna pas cette alliance. Le 22 août 1446, il maria son fils aîné, Louis, à Marguerite d’Amboise, sœur puînée de Françoise, duchesse de Bretagne. (Anselme, La Trimouille.)

[27] Regnault Girard, Rochelais, chevalier, sieur de Bazoges.

[28] Original du traité, J. 2115, n° 101. Ms. Béthune 94119, p. 189. Ms. Fontanieu 115, à la date. Ledain, p. 238. Briquet, Histoire de Niort, 1832, in-8°, t. I, pièc. justificat., p. 434-5. D. Morice, t. I, p. 514, 516.

[29] Jean de Villars, dit Barillet (fils ou parent du vieux Archambauld de Villars), écuyer d’écurie du roi, avait été nommé par La Trimouille bailli de Dun-le-Roi, place nouvellement mise en la main du roi ; lettres du 6 mars 1431 (nouveau style) ; X. X. 8593, f° c v.

[30] La prise de Montargis fut tramée de haute main par deux célèbres capitaines bourguignons. L’un se nommait Perrinet Grasset, gouverneur de La Charité. L’autre était François de Surrienne, dit l’Aragonais. Cet aventurier, oncle du pape Alexandre VI (Borgia), appartenait aux comtes de Surrienne (Aragon). Il avait épousé, en 1426, Étiennette de Gréseville, nièce et pupille de Perrinet Grasset. Il fut capitaine de Montargis et bailli de S. Pierre-le-Moutier pour les Anglais. (Cabinet des titres : Giac ; Aux Épaules. Ms. 9037, 7, f° 129.)

[31] Gruel, p. 373. D. Morice, t. I, p. 519. Ledain, ibid. Berry-Godefroy, p. 386. Ordonnances, XVI, 464.

[32] Ce personnage, assez problématique, apparaît ici, pour la première et dernière fois, à notre connaissance, parmi les membres du grand conseil. Il se nommait Guillaume le Breton. Né vers 1380, il mourut le 24 décembre 1456. Guillaume fut successivement chanoine de Sens, de S. Quiriace de Provins, archidiacre de Provins, chanoine de Paris, conseiller au parlement pour les Anglais. En 1432, le chapitre de Notre-Dame fit choix de lui pour représenter cette communauté au concile de Bâle. Il remplit le même emploi au congrès d’Arras (1435). Le 15 mars 1436, il prêta serment aux Anglais. (Voy. ci-après Reddition de Paris.) Quelques jours plus tard, il se montra des plus empressés à acclamer le gouvernement de Charles VII. Communications de MM. Quantin, archiviste de l’Yonne, et Bourquelot, auteur de l’Histoire de Provins. Registres de N.-D. L. L. 217, f° 164, 204, 226, 349. L. L. 416, f° 78. X.X. 1481 (Conseil), f° 118,120.

[33] D. Plancher, t. IV, p. 165 et s. Collection de Bourgogne, Ms. ancien s. fr., n° 292, t. X, p. 309. D. Plancher, IV, 165 et s. Barante, VI, 182.

[34] Ibid. Philippe de Bourgogne convoitait la Champagne. Il l’avait reçue des deux rois belligérants, sans l’obtenir. D’après un passage du ms. cité (p. 312), l’évêque de Troyes (Jean Laiguisé), maître Jean Rennequin, et douze autres habitants, traitèrent avec le roi de la réduction de ladite ville (de Dijon). Un chartreux s’est entremis de rendre la ville de Paris en l’obéissance du roi. (Ibid.)

[35] Ms. fr. 292, t. X, p. 311 ; t. XI, 247. Labarre, Mémoires de Bourgogne, t. XI, p. 205, col. 2, note d. — Dans le même temps, d’autres intrigues s’ourdissaient contre La Trimouille. On lit dans un mémoire secret pour le roi d’Angleterre, rédigé à l’époque du congrès d’Auxerre (novembre 1432) : ....Item, que pour l’entretènement et conduite de la chose, soit trouvé moyen que M. de Richemont se départe de la charge de connétable de par delà et soit pareillement mis au dit office de par deçà, par le moyen de monseigneur de Bourgogne ; et avec ce lui soit donné la duchié de Touraine, la conté de Saintonge, le pays d’Aunis et la ville de La Rochelle, avecques les terres et seignories que tient le sr de La Trimoille ès païs de Poitou et de Saintonge et autres choses, etc. Ms. fr. 1278, f° 47. Communication de M. Paulin Paris.

[36] Cabinet des titres : La Trimouille, à la date. Catalogue de D. Fontenau, p. 331. Bibl. de l’École des Ch., t. VI, p. 142. Beauregard, Souvenirs du règne d’Amédée VIII, p. 97, 101 et s. Monstrelet-d’Arcq, t. V, p. 52. Boutiot, Guerre des Anglais, p. 51 et s.

[37] Itinéraire. Cougny, Château de Chinon, p. 27, 69 et s. J. Chartier, t. I, p. 170. Nicole Gilles, 1557 ; in-f°, p. lxxxij. Anselme, Coëtivy. D’Argentré, Histoire de Bretagne, 1618, in-f°, p. 790.

[38] Les mêmes. Berry, p. 386. Monstrelet, p. 73. Dom Gillesson, Compiègne, t. V, p. 31. Ms. Baluze, 7905, 2, f° 148 v°. Massiou, Histoire de Saintonge, p. 273. P. P. 2298 : septembre 1434. Pierre d’Amboise, seigneur de Chaumont, cousin de Louis d’Amboise, vicomte de Thouars, avait épousé, le 23 août 1428, Anne de Bueil, sœur de Jean. Les deux beaux-frères étaient unis dans l’expédition.

[39] Cougny, Notice et planches. Gruel, p. 372. Cagny, chap. CXX. Abrégé chronologique dans Godefroy, p. 337.