LIVRE IV. — JEANNE DARC - 1429-1431.
L’Université de Paris, au quinzième siècle, était en quelque sorte le cerveau de la société française. C’est là que s’élaborait la pensée, l’opinion publique. Gardienne de la foi qui présidait à toute science, elle conservait aussi le dépôt des connaissances acquises. Ses privilèges, ainsi que son prestige, faisaient presque d’elle un second gouvernement et comme un État dans l’État. A aucune époque, l’Université n’exerça d’influence plus visible, ni plus sérieuse sur les affaires publiques. Au dedans, l’anarchie et les troubles du quatorzième siècle avaient introduit, en même temps, ses docteurs, au sein des conseils du prince et dans le forum populaire. Au dehors, le schisme pontifical, les conciles de Pise et de Constance, leur ouvrirent un théâtre, aussi grand, par son retentissement, que la chrétienté. Les liens de fraternité contractés au sein de l’illustre école survivaient à toutes les séparations. Indépendamment des sympathies de personnes et des vives affections de la jeunesse, le commun enseignement inculquait à tous ces condisciples un fonds indestructible de commune doctrine. Il leur inculquait l’esprit de corps et l’orgueil solidaire d’un glorieux patrimoine. L’Université régnait par là sur tous les esprits, à travers les dissensions politiques et les antagonismes les plus prononcés. Sous le précédent règne, Jean sans Peur et Louis, duc d’Orléans, s’étaient partagé son domaine. Tous deux luttèrent envers le corps et les membres, de prévenances, de caresses et de libéralités. Grâce à cette dernière voie de persuasion, l’un et l’autre avaient rallié à sa cause et placé respectivement dans sa clientèle domestique les docteurs les plus renommés. L’Université, comme le royaume, se divisait en deux camps : le premier sous la bannière d’Armagnac ou d’Orléans, le second sous le drapeau de Bourgogne. Deux princes avaient donc rivalisé, pour plaire, en apparence, à cette corporation ; mais au fond, pour la dominer. Dans cette lutte, l’avantage et le succès pratique furent toujours du côté bourguignon. Le duc de Bourgogne y consacra tout d’abord le plus de zèle et de sacrifices. De justes griefs, exploités par une ardente ambition, lui aidèrent à grossir le nombre de ses adhérents. La désunion, l’incapacité, les désordres, les scandales de toutes sortes, pouvaient servir de thème, sur le compte des Armagnacs, à de légitimes imputations. La satire de ces abus, la revendication des réformes, l’aspiration à un nouvel avenir, s’inscrivaient naturellement sur la bannière opposée. Dans la première période, surtout, de cette longue guerre civile, des esprits droits et des cœurs généreux purent s’y méprendre. Ainsi s’expliquent la popularité, l’importance numérique et la persistance opiniâtre du parti de Bourgogne. Pour une portion notable du pays, le parti de Bourgogne, même après la dure expérience de l’invasion étrangère, demeura le parti des réformes contre les abus, de la démocratie contré les tyrans et les favoris. Aux yeux de ces politiques, la Pucelle apparaissait, avant tout, comme l’auxiliaire d’une cause et d’un adversaire détestés. La superstition du siècle, dans leur esprit, se retournait fatalement contre l’héroïne. Celle qui était, pour les uns, une créature surnaturelle, capable de ressusciter les morts et de faire tonner, devint, pour les autres, une sorcière et un suppôt de l’ennemi, c’est-à-dire du démon. La mort de Louis, duc d’Orléans, la captivité de son fils à la journée d’Azincourt et enfin les événements de 1418, éclaircirent de plus en plus, dans l’Université, les rangs des Armagnacs. Depuis cette dernière date, l’école de Paris se recrutait au sein de familles hollandaises, picardes, normandes, anglaises, hostiles à la cause de Charles VII. Le collège royal de Navarre avait été, en 1418, une citadelle politique, battue et emportée par la faction triomphante. Cette patrie classique des d’Ailly et des Gerson, cette pépinière d’orateurs et de conseillers dévoués à la fleur de lis, le collège de Navarre lui-même, étaient livrés à des maîtres bourguignons. Le drapeau bourguignon et le parti de Bourgogne dominaient l’Université. Les jeunes gens, qui venaient prendre leurs grades au sein de l’École parisienne, notamment les théologiens, y prolongeaient leurs études jusqu’à l’âge de virilité. Plusieurs trouvaient là une carrière à laquelle ils se consacraient sans retour. Ces jeunes gens appartenaient à la n°-blesse, à la riche bourgeoisie ; par exception, aux classes les plus humbles de la société. Mais les uns et les autres, une fois qu’ils avaient dit adieu à leurs familles, entraient comme dans un autre monde que celui des vivants. L’écolier docile et destiné aux honneurs de sa robe revêtait avec celle-ci un esprit nouveau, qui lui était imposé. Le régime universitaire du quinzième siècle empruntait à la vie du cloître son idéal et quelques-unes de ses rigueurs. Un spiritualisme ascétique y présidait. Deux siècles plus tard, après une période continue d’adoucissements progressifs, Gabriel Naudé nous peignait encore les hôtes des collèges, même purement littéraires, vivant loin de la lumière et de la vie, in umbrâ et parmi les morts. La sévérité des mœurs et de la discipline descendait jusqu’à une rigidité, souvent sordide, et plutôt cynique encore que stoïque. Sous de tels auspices, la jeunesse, âge de l’abandon et de l’aimable candeur, s’imprégnait d’une sorte de dureté contre nature. Au lieu de s’épanouir sous le souffle de l’urbanité, sous l’influence polie du goût et du monde, les humanités y demeuraient cette gothique discipline, qui nous est connue. La métaphysique et la théologie offraient à ces jeunes esprits une froide et sombre abstraction. Que l’on joigne à cela le mécanisme de la dialectique, tel que le pratiquait le moyen âge. Dans les mains stipendiées de Jean Petit, cette mécanique du syllogisme avait produit naguère la doctrine du tyrannicide, c’est-à-dire de l’assassinat. Un peu plus tard, en 1415, la Scholastique universitaire alluma les bûchers de Constance, où périrent Jérôme de Prague et Jean Huss. Notre grand Gerson lui-même siégeait parmi les juges et ne demeura point étranger à ces actes de foi. Tel était le siècle, tels étaient les docteurs qui allaient juger la Pucelle[1]. On a. vu le tribunal de l’Inquisition s’adjoindre à l’Université de Paris, lors des premières poursuites dirigées contre la jeune fille. Ce tribunal, d’importation étrangère, datait, chez nous, du treizième siècle. Il s’y était établi à la suite de la fameuse croisade contre les Albigeois. Depuis cette époque, l’ordre de saint Dominique en exerçait la charge principale. Mais dans notre pays, l’Inquisition fut toujours, d’une part, éclipsée par l’Université de Paris, et de l’autre, limitée par le pouvoir épiscopal, qui, peu à peu ; l’absorba complètement. La France du moyen âge paya son tribut à des mœurs, qui étaient alors celles de toute la chrétienté. Son histoire religieuse, non plus que celle des autres peuples, n’est point exemple du hideux spectacle des sacrifices humains. Mais l’Inquisition du moins n’y déploya jamais, ou n’y fit point durer cet appareil formidable, ni ce luxe de cruauté, si douloureux à contempler dans d’autres annales. Au quinzième siècle, l’Inquisition de Paris subissait, comme tous les corps constitués, la pression du gouvernement anglo-bourguignon et l’influence politique de ce parti. Divers motifs, cependant, nous donnent à penser, que, sur ce point spécial, les Dominicains et le tribunal du Saint-Office n’apportaient pas, il s’en faut, une hostilité unanime et passionnée, contre la glorieuse prévenue. Quelques années auparavant, de novembre 1413, à janvier 1414, le clergé armagnac, soutenu alors par le gouvernement, résolut de poursuivre en matière de foi ses adversaires bourguignons. La doctrine de Jean Petit fut solennellement déférée à une assemblée de docteurs. L’inquisiteur de la foi, Jean Polet, s’unit à l’évêque de Paris. Il prit nominalement et à découvert l’initiative de ces poursuites, en dépit des menaces bourguignonnes et au risque d’encourir une formidable inimitié. Il était assisté de son confrère Jean Graverand, dominicain, professeur de théologie. Ce dernier vota de concert avec son supérieur, ainsi que Gérard Machet. Tous trois déployèrent, pour flétrir la doctrine incriminée, autant de sens que d’énergie. Graverand exprima son vote oralement, puis par écrit et demanda que la condamnation fût signifiée au duc de Bourgogne[2]. Au sein des corporations religieuses, de tels actes ne s’accomplissaient pas légèrement. Dans la lettre du 26 mai 1430, nous ne voyons figurer que le vicaire général de l’inquisiteur. Cependant le titulaire, ou inquisiteur délégué par le pape pour tout le royaume de France, résidait alors à Paris. Mais ce titulaire n’était autre que Jean Graverand, successeur de Jean Polet. Antipathique à la cause bourguignonne et à ce procès, il refusa d’y apporter le concours d’une coopération directe et personnelle. Nous ignorons par quelles circonstances son vicaire consentit à s’y entremettre. On peut, remarquer encore que l’acte du 26 mai est signé Lefourbeur[3], scribe du tribunal, et contresigné Hébert, nom du scribe ou greffier de l’Université. Il semble que le vicaire général et le notaire de l’Inquisition aient voulu, par là, s’abriter sous la garantie, sous l’autorité de la fille aînée des rois de France[4]. L’Université de Paris, elle-même, était évidemment partagée sur ce point. Les docteurs les plus considérables du parti de Charles VII avaient, en effet, suivi ce prince à Bourges et à Poitiers. Mais le champ qui restait à leurs adversaires ne demeurait point le théâtre d’un triomphe sans contradicteur. L’opinion publique, au sein de la capitale, ne subissait pas d’une manière absolue, il s’en faut, le joug des doctrines anglaises et bourguignonnes. Aussi le gouvernement d’Henri VI se garda-t-il bien de convoquer à Paris les juges de la Pucelle. Il n’aurait certes pas osé appeler le corps de l’Université à délibérer pleinement, publiquement et librement, sur une pareille cause[5]. L’Université, d’autre part, était une sorte de république, énergiquement organisée pour se défendre. Mais, en dehors, de sa sphère d’enseignement, en dehors de la police intérieure dé ses écoles et de ses suppôts, elle n’exerçait aucune juridiction active. Sa force résidait tout entière dans ses membres. Le recteur, placé à sa tête, constituait le seul organe par lequel elle communiquait à l’extérieur. Or, elle conférait cette charge élective, à un délégué, le plus souvent assez jeune et qui se renouvelait tous les trois mois. L’Université n’avait point de promoteur ou ministère public, ni même de représentant, fixe et permanent, de son autorité ou de sa doctrine. La lettre du 26 mai 1430, acte d’ailleurs non suivi d’effet, ne saurait donc offrir la gravité que l’on pourrait être tenté de lui attribuer. Signée quelques heures pour ainsi dire après la prise de la Pucelle, elle exclut toute idée possible de délibération de la part de l’université. Les noms des deux secrétaires, réunis sur l’une des lettres collectives, nous semblent attester un acte commun de condescendance. Enfin la promptitude même de cette manifestation décèle évidemment un coup, préparé du dehors par une puissante influence, et non la libre expression d’un sentiment réfléchi, intime et spontané[6]. Cet agent du dehors, l’âme de tout ce procès, fut Pierre Cauchon. Nous voyons dans P. Cauchon, un de ces hommes (tels qu’on en rencontre à toutes les époques), chez qui les talents, le savoir faire et la réussite, suppléent à ce qui leur manque, du côté de la conscience et de la moralité. Né au pays de Reims, vers le déclin du quatorzième siècle, le jeune Cauchon vint faire à Paris son cours d’études, qu’il accomplit avec un plein succès. Il obtint, dès 1403, les honneurs suprêmes du rectorat. Ses débuts, sur la scène de la politique, remontaient au mois de mars 1407. A cette époque, une ambassade fut envoyée de Paris ; à l’effet de parlementer avec les compétiteurs à la tiare et de remédier au schisme pontifical. Jean de Gerson, J. Petit, accompagnés des plus illustres conseillers de la couronne et de l’Église, figuraient au premier rang de cette légation. P. Cauchon, nouvellement licencié en droit canon, y fut adjoint parmi les jeunes attachés de l’ambassade[7]. En 1413, il prit une part active au mouvement cabochien ou révolutionnaire. Cauchon fut un des commissaires nommés par le roi pour réformer les abus[8]. Dès lors il acquit une grave autorité dans les affaires et prit possession de la popularité. Leduc Jean s’attacha le brillant docteur, à qui la renommée décernait, par voie de succession, une place demeurée vacante, depuis la mort de J. Petit et depuis la retraite de Gerson. Au concile de Constance, Cauchon fut l’ambassadeur de Bourgogne et l’antagoniste de Gerson. Revenu en France avec Jean sans Peur triomphant, il rentra, pour n’en plus sortir, dans l’arène politique[9]. P. Cauchon devint successivement archidiacre de Chartres, maître des requêtes au conseil du parlement, vidame de Reims, chanoine de la Sainte-Chapelle, membre du grand conseil, évêque et comte de Beauvais, pair de France[10]. Jusqu’ici, le sentiment du juste, le zèle du bien public n’étaient point incompatibles avec la cause bourguignonne : Mais, lorsque les Anglais, violant à la fois le droit public de la monarchie et de la nation, eurent subjugué la moitié de la France par le feu ; la famine et le sang, le doute, alors, ne fut plus possible. L’indépendance du pays, en péril, réclamait le secours de sa vive intelligence et de son actif dévouement. Mais, au lieu d’écouter-la voix austère du devoir, P. Cauchon céda aux appâts de la puissance, aux séductions de la richesse, aux enivrements de l’orgueil et de l’ambition. Présenté par Philippe le Bon au conquérant, l’évêque de Beauvais reçut les caressés et les faveurs d’Henri V, qui le nomma aumônier de France. Le gouvernement anglais, depuis l’invasion, n’eut point d’agent plus habile ni plus puissant. C’était un jurisconsulte consommé dans toutes les branches du droit. Déjà plusieurs fois, et notamment en 1426, il avait présidé, sous les auspices du pape et de l’Université, à des causes criminelles en matière d’hérésie[11]. Cauchon franchit un à un les degrés de l’Université parisienne ; il en avait rempli les différentes charges. Nul, au sein de ce corps ; ne jouissait, parmi ses pairs, d’un plus grand crédit ; nul ne connaissait plus profondément, pour se les être assimilés, les intérêts, les sentiments, les passions de cette importante communauté ; nul ne savait en toucher les ressorts d’une main plus adroite et plus sûre. L’évêque de Beauvais se fit nommer (1423) conservateur des privilèges de l’Université. Protecteur de la corporation, il la tint désormais sous sa coupe[12]. Le duc de Bedford, succédant comme régent de France à Henri V, maintint l’aumônier royal dans les hautes régions de la faveur. Il ouvrit au zèle de P. Cauchon une nouvelle carrière en lui ménageant, avec art, la perspective de nouveaux biens et de croissantes dignités. Dès 1426, il lui fit espérer le siège archiépiscopal de la Normandie. Chassé de Beauvais, comme on l’a vu, en 1429, P. Cauchon devint ainsi l’ennemi particulier de la Pucelle : il convoita le siège de Rouen avec d’autant plus d’ardeur. Durant le procès, Bedford sut tenir suspendue cette mitre tant désirée, qu’il finit par adjuger à un autre compétiteur[13]. Doté, en attendant, d’un hôtel à Saint-Cloud et de largesses quotidiennes, P. Cauchon ne ralentit pas un seul jour l’activité passionnée de ses services. Le favori de Bedford sut se concilier, toute sa vie, avec le prestige d’un haut rang, les témoignages de l’estime et de la considération publics. Du Boulai, l’historien de l’Université, a écrit, sur des documents authentiques, l’éloge de Cauchon. Il vante sa bienfaisance et sa libéralité. L’évêque de Beauvais était mort depuis douze ans, lorsque Calixte III rendit la bulle qui servit de préliminaire à la réhabilitation de la Pucelle. Dans cet acte même, le pape accorde encore au juge prévaricateur cette qualification de style : feu de bonne mémoire l’évêque de Beauvais[14]. Le 9 janvier 1431, P. Cauchon constitua le tribunal par la nomination du promoteur[15], du conseiller-examinateur des témoins[16], de deux notaires et de l’appariteur[17]. Celui-ci, chargé des significations, s’appelait Jean Massieu. L’évêque désigna, pour remplir l’office de promoteur, un prêtre de son clergé, prébendé en Normandie, Jean d’Estivet, chanoine de Beauvais et de Bayeux. Jean de la Fontaine, maître ès arts, licencié en décret, fut examinateur[18]. Un grave intérêt s’attachait au choix des deux notaires, qui devaient transmettre à l’histoire le texte de cette procédure. Douze notaires apostoliques exerçaient alors près la cour de Rouen. L’évêque choisit à cet effet Guillaume Manchon, homme jeune et timide. Lui-même, afin de diminuer ce poids moral en le partageant, désigna son collègue ou second notaire, Guillaume Colles, qui lui fut adjoint par l’évêque[19]. Avant d’ouvrir les débats, une enquête ou information préalable était nécessaire ; elle eut lieu, en effet, par l’intermédiaire du bailli de Chaumont pour les Anglais. Un homme de bien, natif de Lorraine, fut spécialement chargé de s’occuper de cette enquête et d’en faire son rapport à l’évêque de Beauvais. Le mandataire ne négligea rien pour accomplir sa mission avec conscience[20]. Mais quoi ? ce fut partout un concert unanime. Il n’y avait pas, sur le compte de l’héroïne, une note que le commissaire n’eût voulu voir concerner sa propre sœur. Plein de joie, il alla porter à Cauchon cette réponse, en réclamant l’indemnité qui lui était due. Le juge repoussa cet homme de bien, le taxa de traître, mauvais homme et autres injures. De plus, il refusa dé lui payer son salaire, attendu que l’envoyé s’y était mal pris et n’avait produit rien d’utile. L’enquête, communiquée, pour la forme, à quelques assesseurs triés, ne le fut ni aux juges ni aux notaires, qui ne l’insérèrent point au procès[21]. L’évêque, dans cette cause en matière de foi, ne pouvait se dispenser d’invoquer l’assistance de l’inquisiteur ; ce fut là un des embarras de P. Cauchon. Rouen était le siège d’un tribunal ou vicariat du Saint-Office. L’inquisiteur local se nommait Jean Lemaitre, prieur des Jacobins de Rouen. P. Cauchon, dans le principe, l’invita vainement à le seconder. Déjà les procédures étaient commencées, lorsque, le 19 février, le juge manda en sa présence Jean Lemaître et le requit de lui prêter son ministère[22]. Jean Lemaitre répugnait profondément à y condescendre ; mais, faible de la fragilité humaine, ce religieux ne sut résister que par des biais, des excuses soumises et des exceptions plus ou moins subtiles. Ses lettres d’institution, disait-il, étaient générales et remontaient à 1424. L’inculpée avait été prise sur le diocèse de Beauvais ; l’évêque, il est vrai, avait obtenu des chanoines normands ces lettres de territoire ; mais lui, inquisiteur, pouvait-il assister, dans le diocèse de Rouen, un évêque de Beauvais ? Tels furent les doutes qu’il exprima pour décliner son intervention immédiate[23]. P. Cauchon, sans interrompre l’action judiciaire, écrivit, le 22, à l’inquisiteur général, pour le sommer d’avoir à intervenir au nom du Saint-Office, soit par lui-même, soit par délégué. Graverand (natif de Normandie) répondit, le 4 mars, de Coutances, en déléguant et commettant ad hoc Jean Lemaître. Une nouvelle pression fut alors exercée sur le vice-inquisiteur. De clairs avertissements parvinrent à ses oreilles et lui firent savoir qu’il s’agissait de sa vie, ou d’obéir. Il obéit. Par lettres du 13 mars, Jean Lemaitre s’adjoignit à la cause. Il nomma promoteur pour l’Inquisition, et sous son autorité, Jean d’Estivet, déjà promoteur de l’évêque. Jean Massieu reçut également de lui au même titre, c’est-à-dire comme exécuteur des exploits, de nouveaux pouvoirs[24]. Jeanne avait déjà subi à Chinon un examen physique dont nous avons parlé. Cette épreuve fut renouvelée à Rouen. Des sages-femmes jurées accomplirent cette vérification, avec toute la gravité d’un acte judiciaire. Des dames nobles, en nombre notable, y assistèrent, comme témoins, sous la présidence et l’autorité de la régente, Anne de Bourgogne, duchesse de Bedford. Le duc de Bedford lui-même, placé à proximité dans un lieu secret, put, dit-on, contrôler, sans être vu, cette constatation. Jeanne fut reconnue vierge et intacte[25]. La duchesse de Bedford ordonna aussitôt que la captive fût traitée comme une honnête femme. Elle fit défendre aux gardiens et à tous autres de se permettre à l’égard de la prévenue aucune violence. Par ses ordres, un tailleur ou couturier pour femmes confectionna un vêtement féminin à l’usage de Jeanne. Mais lès juges suprêmes n’entrèrent point dans cette voie d’impartialité. Ils refusèrent de donner acte, au procès, de cette constatation, et les témoins furent contraints de s’engager, par serment, à ne pas la révéler. Indignés d’un tel procédé, des assesseurs se récusèrent en se fondant sur ce motif. Jeanne, avec sa pénétration naturelle, ne laissa point tomber cette arme, que la perfidie même de ses juges plaçait entre ses mains. Pendant tout le cours des débats, elle fit, à ce déni de justice, une persévérante allusion. Interrogée sur son nom, elle répondit avec art et insistance qu’elle s’appelait Jeanne la Pucelle ; elle ajouta qu’elle ne revendiquait point d’autre dénomination ni d’autre titre, et demanda que cette qualité fût légalement constatée en sa faveur[26]. Henri VI, roi de France et d’Angleterre, était venu, le 29 juillet 1430, prendre sa résidence à Rouen. Il y demeura pendant la durée entière du procès, accompagné de toute sa cour. Le fils d’Henri V, âgé de neuf années, était un débile enfant. La nature avait mis, en son faible corps, l’âme d’un casuiste et d’un moine. Incapable de verser le sang, d’offenser la créature vivante, il porta dans ce siècle de fer, au milieu du drame enflammé des événements, ce caractère placide, débonnaire, respectueux de la religion et du droit, jusqu’aux plus minutieux scrupules. Henri vécut en saint et mourut martyr. S’il avait, parvenu à l’âge adulte, connu la Pucelle, il l’eût adorée : envers ce roi couronné d’épines, sans doute Jeanne se serait émue de pieuse tendresse et d’une pitié maternelle. Les deux victimes étaient faites pour s’entr’aimer et se plaindre. Singulière ironie de la destinée ! c’est au nom de cet enfant que Jeanne fut jugée et subit la sentence mortelle[27]. Pierre Cauchon, lorsqu’il sut que la Pucelle arrivait à Rouen, s’était porté au-devant d’elle, loin de la ville, comme à la rencontre d’un ami. Aussitôt qu’il fut de retour, il alla rendre compte de la légation au roi et au gouverneur du roi, comte de Warwick. L’évêque laissa éclater dans cet entretien sa joie et son allégresse. Il la tenait enfin[28] ! La prisonnière n’avait donné sa foi à personne et savait qu’elle ne devait compter que sur elle-même. Jeanne, probablement, ne déguisa pas son dessein de s’échapper. Peut-être même, dans le trajet de Beaurevoir à Rouen, renouvela-t-elle quelque tentative d’évasion. En arrivant, elle fut placée dans une tour du château royal, du côté de la campagne. Tout d’abord on lui mit des fers aux pieds et aux mains. Une cage de fer fut construite et apportée dans sa prison pour l’y enfermer. Mais il est douteux qu’on en ait fait usage ; Cauchon, spontanément, renonça bientôt à ce luxe de barbarie superflue[29]. Il y avait à Rouen, ville archiépiscopale, une haute justice ecclésiastique et des prisons spéciales, dont la discipline et la tenue, dirigées par des gens d’église, se ressentaient d’une organisation plus humaine. Cauchon, en sollicitant du chapitre rouennais des lettres de territoire, avait demandé aussi et obtenu le droit de se servir, comme juge, de ces prisons. Là, aux termes du droit et de la coutume, Jeanne devait trouver un asile honnête et convenable. La prévenue, en qui la loi respectait une personne non déclarée coupable jusque-là, devait être gardée par des femmes[30]. Vainement, dès le premier jour, réclama-t-elle cette justice. L’évêque rejeta ses plaintes et celles qui lui parvinrent sur le même sujet ; il fallait à Cauchon que Jeanne fût avilie : l’ordre et la décence de la prison ecclésiastique auraient nui à ce résultat[31]. La Pucelle fut détenue dans un réduit de la prison laïque, à la merci des Anglais et de leur soldatesque. Jour et nuit, l’infortunée était exposée aux outrages et aux embûches de ses ennemis capitaux, devenus, au mépris scandaleux de toute loi, ses gardiens. Ordinairement, le lieu qu’elle habitait servait de logement aux prisonniers de guerre. Sous ce prétexte, divers individus, suivant les témoins de la réhabilitation, feignirent d’être Français et s’introduisirent auprès de Jeanne. L’un d’eux, nommé Loyseleur, prêtre normand, était un ami particulier de P. Cauchon. Il capta ainsi les confidences de Jeanne, qu’il révélait aux Anglais, et lui fut donné comme confesseur[32]. P. Cauchon, au début de la cause, annonçait à ses coopérateurs qu’il allait faire un beau procès. Ce document, en effet, est conçu avec art. Sous le rapport littéraire, il l’emporte de beaucoup sur le procès, plus honnête et plus véridique, de la révision. Mais que pouvait être un beau procès, selon l’évêque de Beauvais, si ce n’est une pièce où l’intelligence et le talent ne servent qu’à décorer habilement l’iniquité[33] ? Le premier interrogatoire eut lieu dans la chapelle du château : un grand tumulte y régnait. Les notaires de la cause étaient accompagnés de faux notaires, les uns visibles, les autres cachés, qui rédigeaient à leur manière le compte rendu de la séance. Par la suite, ces faux notaires furent écartés ; mais l’esprit qui présidait à leur rédaction demeura la loi des scribes officiels. On sait que Jeanne réclama contre ce texte à plusieurs reprises. Des omissions[34] essentielles s’y remarquent, et, lors de la révision, y furent authentiquement constatées. Les obscurités, les contradictions y abondent. Ce procès de condamnation est l’ouvrage de Thomas de Courcelles, l’un des assesseurs les plus hostiles. Celui-ci l’a composé à loisir, sans contrôle, sur les notes d’audience, ainsi dressées par les notaires et traduites par lui du français original en latin, longtemps après la mort de la victime[35]. Tel est le beau procès de P. Cauchon : œuvre artificieuse, et dont la séduction mensongère s’est exercée jusqu’à nos jours. Interroger ce document, c’est chercher dans un masque un visage. Plus on l’observe, ou plus on y croit, plus on risque de se méprendre. Le second procès, honteuse et pitoyable palinodie, sur certains points, de plus d’un juge, ne corrige le premier que très imparfaitement. Les témoins du premier procès qui déposèrent lors de la révision, n’étaient autres que les notaires ou des assesseurs, qui tous avaient poursuivi la victime. Rassurés, dans leur faible courage, par l’impunité qui leur était promise, ils se tirèrent de cette nouvelle épreuve à force de bassesse ou de réticences, s’accusant eux-mêmes, et surtout les uns les autres. Les morts eurent la grosse part et jouèrent le rôle principal. Après avoir menti pour condamner, les juges survivants mentirent pour absoudre ; et le second procès contient, ainsi que l’autre, de nombreuses faussetés. Près de vingt ans s’écoulèrent entre la mort de la Pucelle et les préliminaires judiciaires de la révision. La sentence d’absolution ne fut prononcée que le 7 juillet 1456. La vérité, elle aussi, dans ce long intervalle, au moins pour une grande part, avait également péri sans retour. Démêler le vrai du faux dans ces deux procès, spécialement dans le premier, soulever partout le masque et mettre à nu la pure beauté du visage, est un travail qui défiera peut-être à jamais la patience et la sagacité de la critique. Pour nous, d’ailleurs contraint de nous restreindre, nous ne puiserons à cette source trompeuse que des emprunts mesurés et circonspects. La première séance publique se tint le 21 février 1431. P. Cauchon, et plus tard le vice-inquisiteur, Jean Lemaitre, avaient seuls la qualité de juges. Ils mandèrent pour les assister de nombreux conseillers ayant voix consultative. On fit d’abord venir de Paris plusieurs juristes et théologiens célèbres ; plus tard, on convoqua de simples artiens ou littérateurs, et même des docteurs en médecine, assez embarrassés de leur soudaine judicature. Le chapitre de Rouen, le clergé régulier, les principaux docteurs on prélats de la ville et de la province, fournirent encore un contingent d’assesseurs. Une centaine environ, au total, parurent successivement, et parfois le personnel des docteurs réunis atteignit à peu près à la moitié de ce nombre[36]. Ce fut là une des grandes fraudes et le chef-d’œuvre de P. Cauchon ; car, étouffer le sentiment de la justice est une entreprise dont la difficulté croît avec le nombre des hommes sur lesquels elle s’exerce. Il s’agissait de condamner Jeanne comme ayant erré en matière de foi. L’accusation parvint à réunir soixante et dix articles qui, à la fin, se réduisirent à douze. Les griefs imputés à l’héroïne peuvent se résumer ainsi. Jeanne était accusée : 1° d’avoir affirmé qu’elle avait eu -des communications avec les puissances célestes, tandis, qu’au contraire, elle avait invoqué les démons ; 2° d’avoir porté l’habit d’homme et exercé l’état militaire ; 3° d’avoir refusé de se soumettre à l’Église militante[37]. |
[1] Registre de l’Université n° 8. Duboulay, t. V, passim. Vallet de Viriville, Histoire de l’Instruction publique, n. 150, 173.
[2] Monstrelet d’Arcq, t. II, p. 416. Quétif et Échard scriptores O. F. F. prædicator, t. I, p. 782. Œuvres de Gerson, 1706, in-folio, t. V, p. 67, 117, 180. En 1418, lors de l’excommunication de Jean sans Peur, le sermon fut prêché par un dominicain.
[3] Maître Raoul Lefourbeur, chanoine de Notre-Dame, maître des enfants de chœur de la cathédrale, en 1437. L. L., 566, Registre 415, f° 332.
[4] Michel Hébert était un clerc normand (Procès, I, 422), circonstance qui n’est pas sans importance. Quétif, p. 782. Procès, t. I, p. 13. Du Boulai, t. V, p. 402 et passim. La lettre du 26 mai s’intitule au nom de frère Martin, maître en théologie et vicaire, etc. Or, dans le procès de réhabilitation, nous retrouvons, en 1456, parmi les assesseurs, frère Martin, maître en théologie, vicaire de l’inquisiteur et dominicain. (t. III, p, 23.) Frère Martin, en 1430, devait être un jeune homme.
[5] Ordonnances, t. XIII, p. 159.
[6] Du Boulai ledit en toutes lettres : Universitas, instigante Magistro Petro Cauchon... suorum privilegiorum conservatore, scripsit... (t. V, p. 395.)
[7] Histoire de l’Instruction publique, p. 385. Rel. de Saint-Denis, t. III, p. 514.
[8] A ce titre, il doit être compté parmi les principaux auteurs de cette grande ordonnance du 25 mai 1413, que tous nos historiens ont successivement admirée.
[9] Ordonnances, X, 70. Religieux, V, 5, 173. Monstrelet (Panthéon), p. 290.
[10] Ce dernier poste lui avait été conféré par la protection spéciale de Philippe le Bon, qui voulut assister, en 1420, au sacre du nouvel évêque. Lépinois, Histoire de Chartres, t. II, p. 81, note 2. X. X. 1460, f° 149. Ms. s. fr. 292, II, p. 797, 799. Ordonnances, t. X, à la table. Morand, Hist. de la Sainte-Chapelle, p. 276. Monstrelet. Ursins-Godefroy, p 388. Chastelain, p. 66. Hist. du Beauvaisis, Ms. s. fr. 5, 2, t. III, p. 140 et s.
[11] Archon, Chapelle des rois de France, 1704, in-4°, p. 351. Ordonnances, t. XI (table : Cauchon). Ms. Colbert, 9681, 5, f° 104. Fontanieu, vol. 113 ; (1424, avril.) P. P. 118, f° 127. S. carton 6.348, n° 22. X. X. 1480, p. 328. Journal de Paris, p. 270 b. Etc., etc.
[12] Du Boulai, t. V, p. 912.
[13] P. 2298 (1426, août, 19). X. X. 1180, f° 382 v°, 411 v°. Du Boulai, loc. cit. Beaurepaire, États, etc., p. 32 ; Notes sur Ricarville, p. 4. Proceedings, etc., t. IV, p. 9. Gallia christiana, t. XI, col. 88.
[14] Sauval, Antiquitez de Paris, t. III, p. 123. Du Boulai, loc. cit. Procès, t. II, p. 96.
[15] Ministère public.
[16] Juge d’instruction.
[17] Huissier-audiencier.
[18] Procès, I, 23-27.
[19] Chronique de Pierre Cauchon, p. 353. Beaurepaire, Notice sur P. Cauchon : Précis de l’académie de Rouen, 1859-60, Rouen, in-8°, 1861, p. 10 et s. Procès, I, 23-27 ; III, 131.
[20] Procès, I, 57 ; II, 451, 453. Des Cordeliers s’y employèrent aussi. (II, 394, 397.)
[21] Ibidem, II, 200, 381 ; III, 193.
[22] I, 33, 35, 36.
[23] Procès, ibid. Quétif, Scriptores, etc., t. 1, p. 782. De subinquisitore ac ejus diffugio et metu illato ; chapitre inédit du procès de réhabilitation ; ms. lat. 5970, f° 190 et suiv.
[24] Nicolas Taquel fut adjoint à Manchon et Colles, à titre de notaire pour l’Inquisition. Procès, I, 134 et s. ; 148 ; III, 153. — Le 14 avril 1431, lettres de Henri VI, qui allouent à Jean Lemaitre vingt saluts d’or, pour ses peines, travaux et diligences d’avoir esté et assisté au procès... V, 202.
[25] Mémoires de Thomas Basin, I, 81. Procès, II, 217 ; III, 50, 63, 89, 163, etc.
[26] Nouvelles recherches, p. 25, 26. Procès, I, 46, 191 ; II, 201 ; III, 175. Les dames de condition se faisaient habiller par des hommes. Le tailleur envoyé par la duchesse voulut essayer à Jeanne sa robe neuve. Quam quum eidem induere vellet, eam accepit dulciter per mammam. Quæ fuit pro hoc indignata et tradidit dicto Jehannotino (le couturier) unam alapam ; (III, 89.) Jeanne conserva ses vêtements masculins.
[27] P. Cochon, p. 466. Procès, IV, 351, 354, etc. Le 24 décembre 1430, veille de Noël, Anne, duchesse de Bedford, à Rouen, offre un livre d’heures au roi Henri VI. Stevenson, Henri VI, t. I, p. lxxxj.
[28] Procès, ibid., II, 325.
[29] Procès, II, 201, 298, 306, 346, 371 ; III, 155, 180, etc. Voyez à la fin du présent chapitre.
[30] Procès de réhabilitation, chapitre inédit : De incommoditate carcerum ; ms. 5970, f° 192. Directorium inquisitorum, 1578, in-f°, p. 371, 372, De carceribus. Dans les prisons de la cour ecclésiastique de Rouen, il y avait une geôle spéciale pour les femmes et gardée par des femmes. (Beaurepaire, Recherches sur les prisons de Rouen, p. 23.)
Sur la captivité de Jeanne. — La tour où la Pucelle fut renfermée a subsisté jusqu’en 1782. Voy. Notice des Manuscrits, etc., t. III, Dissertation de M. de Belbeuf. Le Brun de Charmettes, t. III, planche entre les pages 142 et 143. Beaurepaire, Recherches sur les anciennes prisons de Rouen, etc. 1862, in-8°, p. 15. Le bourg de Bar, prisonnier de Talbot, au mois de mai 1429, était enchaîné par les pieds d’une chaîne pesante et qui l’empêchait de marcher. Voir à ce sujet l’anecdote racontée par Cousinot de Montreuil, p. 298. En mars 1415, Jean Hus fut remis à l’évêque de Constance et transféré à la forteresse de Gotleben, où il demeura enchaîné nuit et jour, jusqu’à ce qu’il fût conduit au bûcher. Quant à la cage de fer, ce mode de détention n’était pas non plus inusité, même pour des prisonniers de guerre. Ainsi l’illustre Barbasan, captif au château-Gaillard, en 1430, habitait une cage de fer. Voy. ci-après, livre V, chapitre 1.
[31] La geôle ecclésiastique de Rouen fut baillée à ferme de 1420 à 1440. (Beaurepaire, ibid., p. 25.) Cauchon, peut-être, excipa de ce bail, qui ne lui laissait pas (a-t-il pu dire) une action aussi libre, pour la surveillance, qu’au château de Rouen.
[32] Ms. 5970, ibid. — Procès, II, 217. Dépositions de Courcelles et de Manchon, III, 68, 141. Notes particulières tirées des archives de Rouen et communiquées par M. Ch. de Beaurepaire.
[33] Procès, III, 145.
[34] Ainsi, par exemple, Jean de Saint-Avit, prélat considérable, évêque d’Avranches depuis 1390, fut consulté : il donna un avis favorable ; cet avis fut exclus.
[35] Procès, II, 4 à 6, 12, 300, 301, 319, 349 ; III, 63, 89, 135, etc.
[36] Procès, t. I, passim ; t. III, 47, 50.
[37] Procès, t. I, passim ; t. III, 47, 50.