LIVRE II. — DEPUIS LA RETRAITE DU PRINCE CHARLES VERS LA LOIRE (JUIN 1418), JUSQU’À LA MORT DE CHARLES VI (21 OCTOBRE 1422).
Du côté du dauphin, quelques rares documents nous permettent, à grand’peine, de suivre son histoire. Le schisme du royaume s’étendait à la monnaie. Chacun des deux gouvernements rivaux frappait la sienne. Celle du dauphin avait été de plus en plus altérée, tandis que des ordonnances successives en maintenaient mensongèrement la valeur nominale. Ce déplorable expédient financier remontait, chez nous, à une date très lointaine[1]. Par une ordonnance datée de Vienne-lès-Gerseau le 24 août 1420, Charles régent proscrivit dans tout le royaume les monnaies décriées. Ce nom désignait les espèces étrangères, non reconnues par les ordonnances françaises, mais que le commerce, à cause de la supériorité de leur titre, recherchait avec avidité[2]. La guerre civile menaçait de se réveiller dans le Poitou. Les Anglais s’étaient approchés des frontières. Dans ces conjonctures, des bandes de gens équivoques et de malfaiteurs commençaient à s’embusques dans les places ou forteresses à demi ruinées. Ainsi se formaient des nids de routiers et de bandits. Un second édit, rendu, le 25 août, au même lieu que le précédent, coupait le mal dans sa racine. Une commission mixte, composée de membres civils attachés au parlement, et assistés d’experts en matière de guerre, fut instituée. D’après cet édit, toute place forte, en état insuffisant de défense, dans le Poitou, devait être réparée à neuf, ou rasée[3]. Philippe d’Orléans, comte de Vertus, mourut de maladie, à Baugency, le let septembre 1420. Ce jeune prince, le premier des frères du duc poète (prisonnier depuis 1415), était une des espérances de la dynastie, l’un des appuis sur lesquels comptait le parti du dauphin. Le comte de Vertus, lieutenant général du régent, venait d’entrer à peine dans sa vingt-cinquième année. Cette perte sensible paraît avoir impressionné vivement le conseil du dauphin. La mort du comte coïncide exactement avec le retour de Charles dans ses cantonnements du Berry. Elle pourrait avoir au moins contribué pour une part à déterminer cette retraite[4]. Une vigilante activité, déployée par les conseillers de Charles, servit heureusement à réparer les pertes et les échecs qu’il venait de subir. Le 25 décembre 1420, Charles de Valois célébra la fête de Noël, en son château de Mehun-sur-Yèvre. C’était un manoir distribué avec le genre d’élégance que comportait l’architecture du temps, et dont on voit encore aujourd’hui les pittoresques ruines. Le duc Jean de Berry, grand amateur de bâtiments, l’avait récemment fait construire, à deux pas de sa ville de Bourges, comme maison de plaisance. Ce manoir, échut en héritage à son jeune neveu. Le prince Charles en fit toute sa vie son séjour de prédilection et devait y terminer sa carrière[5]. En ce jour de Noël, le régent institua, dans sa chapelle, un roi d’armes du titre de Berry. Chef du collège ou corps des hérauts de France, le roi Berry avait la prééminence sur tous les autres fonctionnaires de ce genre. Le prince choisit, pour cet office, un jeune homme du pays nommé Gilles le Bouvier. Quoique demeuré peu célèbre, le Bouvier fut un personnage de grand sens. Ainsi le prouve l’importante chronique de ce règne, qui porte son nom : la chronique du héraut Berry. Ainsi le prouveraient encore plusieurs autres ouvrages dont il est l’auteur, ouvrages inédits et qui, mis en lumière, offriraient un sensible intérêt, tant pour l’histoire que pour la géographie du quinzième siècle[6]. Cependant le dauphin s’était adressé à l’Écosse, son ancienne et fidèle alliée, pour en obtenir un nouveau secours. Durant le cours de l’ambassade et du retour, au mois de février 1421, Villeneuve-le-Roi (Yonne), près Paris, fut reprise par les dauphinois. En revanche, ils perdirent Château-Thierry, qui tomba au pouvoir des Bourguignons. Le fameux Lahire se trouvait, dans cette place et ne recouvra sa liberté qu’au prix d’une forte rançon. Les partisans armés du dauphin occupaient toujours Meaux, Compiègne, Pierrefonds. Ils tenaient en échec le Valois, le Beauvaisis, le Vermandois et le Santerre. Ceux du Laonnais et de Guise en Thiérache étendaient leurs hostilités jusqu’aux marches bourguignonnes du Cambraisis et du Hainaut[7]. Vers cette époque, quatre à cinq mille Écossais franchirent la mer et vinrent débarquer à la Rochelle, sous la conduite du comte de Bucan et du seigneur de Derneley. Le jeune prince quitta Mehun, le 7 janvier, pour se porter au-devant d’eux. Il se rendit par Vierzon, Menetou-sur-Cher et Valençay, à Selles-en-Berry, où il tint conseil le 25. Le 9 février, il quitta Selles après une résidence de 24 jours[8]. Charles traversa ensuite (du 10 au 17) Saint-Aignan, Loches, Preuilly-en-Touraine, Châtellerault (du 20 au 26), et se fixa le 27 à Poitiers. Le dauphin avait déjà réuni des gens de guerre, à Selles-en-Berry. A Poitiers, il reçut avec une hospitalité empressée, vers les premiers jours de mars, ses nouveaux auxiliaires d’Écosse[9]. Henri V, en quittant la France, avait confié à son frère, Thomas de Lancastre duc de Clarence, le soin de le remplacer. Jeune[10] et impétueux, le lieutenant d’Henri V aspirait impatiemment à se distinguer. Il commença par envahir la Beauce, à l’instigation des Bourguignons de Chartres. Ensuite, il parcourut tout ce pays, qu’il incendia jusqu’à la forêt d’Orléans et se retira en Normandie[11]. Sur la fin de l’hiver, le duc réunit les garnisons anglo-normandes à Bernay, et prenant le commandement de ces troupes, il entra dans le Maine. Ayant franchi la rivière d’Huisne à Pont-de-Gesnes, il acheva de traverser cette province du nord au sud. Il s’avança de la sorte à Lucé, puis il passa la rivière du Loir et pénétra dans l’Anjou. Le 14 mars 1421, après avoir mis tout à feu et à sang sur son passage, il vint mettre le siège devant Angers, et fit à cette occasion des chevaliers[12]. Cependant les troupes du dauphin s’étaient portées au-devant de l’ennemi[13]. Le duc de Clarence, alors abandonna le siège d’Angers, se bornant à emporter le butin que ses soldats avaient fait sur la route. Il vint s’établir militairement à Beaufort-en-Vallée[14]. Les soldats du dauphin, composés pour le plus grand nombre d’Écossais, prirent position à Baugé, entre Beaufort et la Flèche[15]. Le samedi saint, 22 mars 1421, le duc de Clarence dînait, vers midi, au quartier général de ses troupes. Quelques-uns de ses cavaliers, en fourrageant, avaient pris quatre Écossais et les conduisirent vers le prince. Ces derniers firent connaître au duc, en anglais[16], que le comte de Boucan, à la tête des dauphinois, était à peu de distance. Aussitôt le frère du roi d’Angleterre se leva de table et montant à cheval : Allons leur courre sus, dit-il, ils sont nôtres ![17] Le prince de Lancastre avait également pris conseil d’un autre étranger. Celui-ci était Lombard de nation, et d’après les historiens anglais, tout en servant le duc de Clarence, il appartenait au dauphin. Quoi qu’il en soit, ce mercenaire, consulté par le duc, lui fournit, ajoutent-ils, des renseignements inexacts sur les forces réelles de ses adversaires. II protesta que les Français étaient incapables de résister à l’armée anglaise et que le duc marchait à une victoire certaine[18]. L’empressement du prince fut si grand qu’il ne se donna point le temps de rassembler tout son monde. C’était le début de ses exploits en France, comme général en chef et gouverneur. Il dédaigna d’emmener, en sa compagnie, à une telle journée, à une fête semblable, des fantassins, partie plébéienne des armées du moyen âge. Il laissa donc ses archers à Beaufort-en-Vallée, sous le commandement de Thomas Beaufort, appelé le bâtard de Clarence[19]. Le duc ne prit avec lui que des gentilshommes, la fleur de ses compagnons d’armes : presque tous les capitaines, et l’élite des chevaliers. Parmi eux, se trouvaient Thomas Montacute, comte de Salisbury et du Perche, lieutenant du prince ; lord Roos, maréchal d’Angleterre, et son frère sir William Roos ; sir John Gray, comte de Tancarville ; Gilbert Humphreville, comte de Kent ; les comtes de Sommerset[20], de Huntingdon[21], Fitz-Walter, etc. Le reste de l’expédition devait rejoindre ultérieurement[22]. Arrivés au Petit-Baugé, qui s’appelait aussi le Jeune-Baugé, les Anglais rencontrèrent un chevalier français nommé Jean de la Croix. Messire Jean était de la compagnie de Guérin ; seigneur de Fontaine[23]. Il défendait ces marches d’Anjou pour le dauphin. Se voyant peu nombreux, il se retrancha, lui, ses hommes et ses chevaux, dans l’église. Après avoir barricadé la porte intérieurement, avec les coffres et bahuts de la sacristie, les combattants montèrent au clocher. Les Anglais assaillirent aussitôt cette forteresse improvisée, dans laquelle les assiégés combattirent vaillamment à coups de pierres. Le duc s’arrêta quelque temps à cet obstacle. Puis passant outre, il marcha sur le Grand-Baugé ou le Vieil-Baugé. C’est là que se trouvait le gros de l’ennemi[24]. Les Français, postés près de l’église et près du cimetière de ce village ; attendaient en bon ordre. Le comté de Bucan[25] exerçait le commandement général. Il avait sous ses ordres Jean Stuart[26] de Darneley ou Derneley, connétable ou chef des Écossais. On comptait également parmi ces vaillants auxiliaires, le comte de Wigton[27] et beaucoup d’autres. Jean, duc d’Alençon, portait le titre de lieutenant-général pour le dauphin-régent. Un gentilhomme d’Auvergne conduisait les milices françaises et inaugura dans cette journée son historique carrière. Gilbert III Motier, sire de la Fayette,’ remplissait à titre de commis l’une des charges de maréchal de France, alors vacante par l’absence et la captivité de Boucicaut. Sous ses ordres ou à ses côtés, étaient placés divers grands seigneurs, attachés à la cause du dauphin. On peut citer le comte de Ventadour, de la maison de Lévis ; le vicomte de Narbonne ; Baudouin de Champagne, sire de Tucé en Touraine ; Roncin ou Roussin, capitaine ; le bâtard d’Alençon, Jean du Bellay, Garin ou Guérin de Fontaine, Charles le Bouteillier et plusieurs autres chevaliers ou écuyers de renom[28]. Parvenu à ce point, le duc de Clarence fondit, avec pétulance, contre la bataille. Sa lance en arrêt et monté sur un cheval, armé, comme lui, de pied en cap, on le distinguait au plus fort de la mêlée. Le duc portait à sa tête un casque léger ou chapeau de fer, ceint d’un cercle d’or (appelé aussi chapeau), tout reluisant de pierreries. Ayant rompu sa lance, il mit l’épée à la main. Partout où il courait ; le chapelis, c’est-à-dire le meurtre et le péril, signalait sa présence. Le prince anglais était, pour les combattants de l’autre parti, le point de mire et le centre de tous les efforts. Charles le Bouteillier ; notamment, s’adressa vers le duc. Son but n’était autre que de faire le général anglais prisonnier, afin de l’échanger contre Charles duc d’Orléans, captif en Angleterre depuis la journée d’Azincourt[29]. Mais le prince de Lancastre se défendait avec une telle puissance, qu’il était moins hasardeux de le tuer que de le prendre. Celui qui tentait l’un ou l’autre, s’offrait lui-même à la mort. Telle fut la chance que courut Charles le Bouteillier. L’armure du prince était composée de lames imbriquées et nommées, par ce motif, pièces d’écrevisse. L’une de ces lames pendait, au-dessous de la cuirasse, à une charnière de fer, qui se rompit. Emporté par l’ardeur de la lutte, Charles le Bouteillier lui poussa en pointe, par cette ouverture, un tel coup d’épée, que l’arme pénétra de la longueur d’un pied dans le ventre du prince. Thomas de Lancastre tomba sur le sol, fut trépigné par les chevaux et ne se releva plus[30]. Aussitôt le comte de Roos se précipita sur le chevalier français, résolu de venger à tout prix la mort de son maître. Dans un combat corps à corps, le maréchal d’Angleterre triompha de Charles le Bouteillier. Percé à la gorge d’un coup d’épée, celui-ci périt sur la place. Le comte de Roos, à son tour, paya de la vie cette action. Peu de minutes après, le maréchal succomba lui-même, ainsi que le comte de Kent, et les plus renommés de ses compagnons d’armes[31]. Les Anglais, poux joindre l’ennemi, avaient à franchir, près de Baugé, la petite rivière du Couasnon. Un pont de planches étroit fournissait à cet accès un périlleux et unique passage. Le comte de Bucan posta sur ce point environ cent ou cent cinquante archers écossais, qui retardèrent longtemps l’arrivée des Anglais et leur causèrent de grands dommages. Pendant ce temps, la bataille du dauphin se fortifiait par l’arrivée des divers corps et se formait. La bravoure française et écossaise fit le reste. A quatre heures du soir, la déroute des Anglais était complète[32]. Les chroniqueurs contemporains ne s’accordent nullement entre eux, sur le nombre ou l’importance relative des forces, appartenant aux deux partis. Toutefois, en contrôlant autant que possible leurs allégations les unes par les autres, on peut considérer les évaluations, qui suivent comme assez vraisemblables. Le total des combattants anglais qui arrivèrent successivement sur le théâtre de la lutte, parait s’être élevé à environ six mille hommes : celui des Français, de quatre à cinq mille. Les Anglais perdirent environ deux mille morts et six cents prisonniers. Quant à la perte des Français, les uns l’estiment de vingt à trente morts seulement, et les autres à plus d’un mille[33]. Les Anglais avaient sur les champs quatorze bannières, qui, la plupart, devinrent, pour les français, autant de trophées de victoire. La bannière du duc de Clarence fut portée[34] et suspendue triomphalement dans l’église de Notre-Dame du Puy. Le comte d’Humphreville, lord Roos, sir W. Roos, sir John Gray, sir Robert Veer et sept autres princes, ducs ou comtes, avaient péri en compagnie du jeune duc de Clarence. Les vaincus purent toutefois relever pieusement leurs morts. Les dépouilles du duc furent conduites en grande pompe à Rouen, puis en Angleterre. Parmi les prisonniers, dix-sept personnages appartenaient au sang des Lancastre, des Beaufort ou des plus hautes familles de l’aristocratie britannique[35]. Après le combat, les Anglais se comptaient encore au nombre d’environ quatre mille, qui se rallièrent à Beaufort-en-Vallée. Le lendemain au point du jour, ils levèrent le camp pour effectuer leur retraite. Les comtes de Bucan et de Wigton les attendaient, avec le dessein de les poursuivre. Ils pensaient que les fuyards prendraient la route directe et se dirigeraient à la portée de leurs coups, pour aller passer le Loir à la hauteur du Lude. Mais les Anglais trompèrent leurs calculs. La retraite des vaincus s’opéra d’un autre côté[36]. Là, ils construisirent un pont à l’aide de charrettes fixées ou engravées dans la rivière, et le couvrirent, avec des portes de maisons. Le tout avait été pillé par eux dans les villages environnants. Ils franchirent ainsi le Loir et marchèrent sur le Plans, où ils déçurent les Français par un nouveau stratagème[37]. Les Manceaux tenaient le parti du dauphin. Déjà, par leurs soins, le pont de la rivière d’Huisne avait été rompu, pour couper la retraite aux ennemis ; lorsque ceux-ci pénétrèrent dans leurs murs. En effet, les Anglais, prévoyant cet obstacle, s’étaient munis de croix blanches, qu’ils placèrent sur leurs vêtements. Ils se donnèrent aux habitants pour des Écossais[38], à la solde du dauphin. En conséquence, ils les invitèrent à reconstruire hâtivement le pont, leur annonçant la prochaine arrivée des seigneurs de France. Aussitôt que le pont fut rétabli, les Anglais le passèrent à la hâte ; puis ils le coupèrent de nouveau. De plus, ils mirent le feu aux faubourgs du Mans et massacrèrent, sans distinction d’âge ni de sexe, au nombre d’une centaine, les pauvres gens qui venaient de favoriser ainsi leur évasion. Les capitaines du dauphin, instruits trop tard de ces faits ; accoururent au Mans. Mais déjà les Anglais avaient regagné, par Alençon, leurs frontières de Normandie, puis leurs garnisons respectives[39]. |
[1] Cette plaie, cet écueil était inconnu du gouvernement anglais. L’habile Henri V n’eut garde d’y tomber, du moins volontairement.
[2] Ordonnances, XI, 101. Traités de numismatique, cités dans le chapitre précédent.
[3] Ordonnances, XII, p. 286.
[4] Monstrelet, éd. d’Arcq, t. IV, p. 8. Saint-Remi, p, 449. Laborde, Ducs de Bourgogne (Preuves), III, 275. Il fut transporté à Blois et inhumé le 26 novembre. Laborde, ibid., p. 277. Archives Joursanvault : Bibliothèque du Louvre, F. 145, 2 ; catalogue Joursanvault, n° 808, 823, 865.
[5] Raynal, Histoire du Berry, t. II, p. 413.
[6] Biographie Didot, le Bouvier.
[7] Ursins, p. 388. Monstrelet, ibid., p. 35. Religieux, VI, 451.
[8] Il était arrivé à Selles le 17 janvier.
[9] Itinéraire. Comptes après J. Chartier, t. III, p. 315, 318.
[10] Le duc de Clarence était né, en 1388.
[11] Cousinot, p. 180.
[12] Graflon’s Chronicle, I, 543. Le 13 février 1421, lettres du dauphin, régent, pour maintenir dans ses privilèges le chapitre de Saint-Maurice d’Angers, cathédrale. (Dom. Housseau, t. IX, n° 3843.)
[13] Le 17 mars 1421, six mille Écossais, commandés par le comte de Boucan (Jean Stuart) et le connétable d’Écosse, passent par Orléans pour aller au secours du dauphin. Ils sont reçus avec faveur par les procureurs de la ville. (Lottin, Recherches sur Orléans, t. I, p. 194.)
[14] Maine-et-Loire, arrondissement de Baugé.
[15] Berry, p. 440. Graflon, I, 543. Bourdiné-Quatrebarbes, II, 121.
[16] Voy. ci-après, avant-dernière note.
[17] Berry. Bourdigné.
[18] ... Andreu Forgusa... a traiter... (un traître). Chronique de Grafton, I, 543. ... Noble men were betraved by Andreu Lambert, a double traiter. Ms. Harléyen, n° 782, f° 49 ; document publié par M. Marchegay dans la Revue d’Anjou, 1853, t. II, p. 79.
[19] Les mêmes. Elmham, p. 301.
[20] Jean de Beaufort, comte de Sommerset.
[21] John Holland, comte de Huntingdon. La duchesse de Clarence était Marguerite Holland. (Dugdale, Baronragium ; etc.)
[22] Les mêmes, Revue d’Anjou, ibid., 19.
[23] Aujourd’hui Fontaine-Guérin, près Baugé.
[24] Mêmes autorités.
[25] Jean Stuart de Railston et de Tillicultry, gendre d’Archibald IV Douglas, allié à la famille royale, d’Écosse. (Scottish baronetage.)
[26] Homonyme et cousin du précédent.
[27] Jean, Jacques ou Archibald, Douglas, car ces trois noms lui sont donnés indifféremment, selon les habitudes d’Écosse, par les historiens. Le comte de Wigton était le fils puîné d’Archibald IV. Reden, Tableaux généalogiques, n° XVII et XVIII. Stuart, History of Stuarts, p. 114.
[28] Grafton, p. 543. Godefroy, p. 732. Raoulet, p. 169. Cagny, chapitre LXXII.
[29] Cousinot, p. 180. Chastelain, p. 74.
Sur la mort du duc de Clarence. — L’honneur d’avoir tué le prince anglais a été revendiqué par de nombreux compétiteurs. La généalogie des La Fayette, insérée par le père, Anselme au chapitre des maréchaux de France, affirme que Gilbert III tua de sa propre main le duc de Clarence. L’auteur de la généalogie des Stuarts élève une prétention moins absolue en faveur de John Karmichael, chapelain et écuyer du comte de Douglas, qui depuis fut fait évêque d’Orléans par Charles VII, pour le récompenser de ses bons services. John Karmichael, dit cet auteur, brisa une lance sur le duc de Clarence ; broke a spear upon duke of Clarence (loc. cit., p. 123). Un autre Écossais, sir John Swinton, de Swinton, d’après une antique tradition, désarçonna le duc et le blessa à la face. Le comte de Buchan, ajoute cette tradition, tua ensuite le prince d’un coup d’épée : mais le mérite de cette victoire appartient au brave Swinton. Le dernier Swinton, de Swinton, descendant de sir John, fit présent à sir Walter Scott de la lance avec laquelle son ancétre avait accompli une telle prouesse. La lance de Swinton fait aujourd’hui partie du cabinet d’antiquités formé par le célèbre romancier à Abbotsford. (Strickland, Lives, etc., III, 147.) Cf. Titter, History of Scotland, IV, 392. Ces revendications qui semblent s’exclure, tendent à confirmer une notion très simple et une conséquence fort naturelle. C’est que la mort du prince ne fut pas l’œuvre d’un seul bras, et qu’un plus grand nombre encore, de prétendants, aspira personnellement à s’en attribuer la gloire.
[30] Les mêmes. Chastelain, p. 74.
[31] Cousinot, Chastelain et les autres.
[32] Ursins, p. 390. Monstrelet, éd. d’Arcq, p. 37. Journal de Paris, p. 651. Godefroy, Charles VI, p. 732.
[33] Auteurs cités. Ces deux dernières évaluations : vingt à trente d’une part (Religieux de Saint-Denis, Ursins, auteurs français), et de l’autre : de mille à douze cents (Monstrelet et Chastelain, Bourguignons, Grafton, etc.) ; ces deux allégations ne sont pas aussi inconciliables qu’elles pourraient le sembler. Souvent les chroniqueurs de cette époque ne comptent, parmi les morts, que, les hommes d’armes, c’est-à-dire les nobles, qui combattaient à cheval, et non les fantassins, archers, ou coustiliers. On voit, en comparant les deux textes, que le Religieux n’entend parler que de ces hommes d’élite. Monstrelet, au contraire, parait avoir compris cette fois les uns et les autres.
[34] Par un écuyer nommé Estienne Fragente, qui l’avoit gaiguée. (Chroniques de Belleforêt, édition in-fol. de 1621, f° 3271 v°.)
[35] Monstrelet. Chastelain. Fénin-Dupont, p. 307. Chronique de Normandie. Raoulet. Bourdigné. Gallia Christiana nova, t. II, col. 732. Des soldats dauphinois avaient placé dans un véhicule le cadavre de Thomas duc de Clarence, pour le porter, comme trophée de la victoire, vers le dauphin. Mais le bâtard de Clarence, fils de ce duc, en fut instruit. Il réunit alors les débris de l’armée anglaise et s’empara du corps de son père. Il le rendit à la duchesse, qui le fit transporter ensuite à Cantorbéry. (Walsingham, p. 454. Dugdale, Baronagium, n° 197.). En mai 1423, Charles VII donne la seigneurie de Montreuil-Bonnin, en Poitou, à Laurent Vernon, Écossais. Ce dernier avait fait prisonnier à Baugé le comte de Sommerset et l’avait cédé au roi pour l’échanger contre le comte d’Eu, prisonnier d’Azincourt. (K. 165, n° 21.)
[36] Suivant J. des Ursins, p. 390, et le héraut Berry, p. 441, les Anglais passèrent le Loir vers la Flèche. Cette ville est au nord-est de Baugé et au nord-ouest du Lude. Le Religieux, p. 450, place le passage des Anglais sur le Loir, vers l’abbaye de Vaast. Vaast-sur-Loir se trouve à environ douze kilomètres à l’est du Lude.
[37] Ursins. Berry. Le Courvaisier de Courteilles, Histoire des évêques du Mans, p. 672.
[38] A cela près de quelques différences de dialecte, les Écossais et les Anglais parlaient à peu près le même langage. Mais le français, depuis la conquête des Normands, était demeuré en Angleterre la langue officielle, celle de la diplomatie et de la noblesse. Les capitaines anglais purent donc, tout en passant pour des Écossais, se faire comprendre des Manceaux.
[39] Ursins, 390. Berry, 441. Journal de Paris, 651. Grafton, p. 545.