LIVRE II. — DEPUIS LA RETRAITE DU PRINCE CHARLES VERS LA LOIRE (JUIN 1418), JUSQU’À LA MORT DE CHARLES VI (21 OCTOBRE 1422).
Le 21 décembre 1419, Charles, avec vingt-six chevaux, partit pour le Languedoc. En 1389, cette excursion avait coûté à son père, Charles VI, la perte de sa santé, de son intelligence, et causé, par là, un déluge de maux. Celui qui allait être Charles VII inaugurait, par le même voyage, son avènement aux affaires publiques. Les mêmes séductions, les mêmes dangers, entouraient le fils de Charles VI ; car la nature, pour la fougue et la puissance de certaines passions, l’avait créé très ressemblant à son père. On voudrait pouvoir suivre, pas à pas, sur ce théâtre nouveau ; les faits et gestes du jeune prince, à ce début de sa carrière. Ses comptes de l’écurie, qui nous sont restés, permettent en effet de retracer, étape par étape et jour par jour, 4son itinéraire. Mais il ne nous est parvenu de cette importante campagne, aucune relation politique et suivie. Les conseillers de Charles continuaient de le soustraire à tout contact jugé par eux compromettant. Il semble que ces tuteurs intéressés aient réussi à rendre leur pupille impénétrable, même pour l’histoire et la postérité. En l’absence de documents d’un ordre plus général et plus relevé, le lecteur nous pardonnera de mettre en œuvre, dans ce chapitre, des bribes d’information que les siècles nous ont conservées et que nous avons pu çà et là recueillir. Charles, marchant de Bourges sur Lyon, prit son chemin par le Bourbonnais. Il traversa successivement Dunle-Roy, Ainay-le-Châtel, Bourbon-l’Archambault, Souvigny, Moulins, Varennes, la Palisse, et pénétra dans le Beaujolais. D’après une tradition (dont les traces se sont transmises jusqu’à nous), la jeunesse, au quinzième siècle, avait coutume de célébrer, par des divertissements nocturnes et plus ou moins tumultueux, la fête des Rois ou Épiphanie. Le prince Charles séjourna le 5 et le 6 janvier 1420, à Perreux en Beaujolais. Il logeait dans la maison d’un nommé Jean Trenier, qui habitait lui-même Perreux. Nous manquons de notions précises sur la manière dont l’Epiphanie ou plutôt le réveillon fut chômé dans la résidence du jeune prince. Mais nous possédons une quittance authentique de cinquante livres tournois accordées par le régent à Jean Trenier pour les dommages que lui avait occasionnés le desroy (où désarroi) de son hôtel, auquel mon dit seigneur fut logé la nuit des Rois, etc.[1] Charles rendit, le 11, à Feurs-en-Forez, des lettres-patentes concernant Guillaume, vicomte de Narbonne. Ce seigneur, l’un des grands barons du Midi, comptait, en même temps, parmi les champions les plus considérables de la cause politique représentée par le dauphin. Brunissende de Lautrec, tante du vicomte, avait laissé un héritage litigieux. Le dauphin confirma la possession de ces domaines en faveur de Guillaume[2]. Le prince Charles et sa suite entrèrent le 22 janvier 1420 à Lyon, où il fixa pendant quelque temps son séjour[3]. Jean Gerson, le redoutable adversaire du duc de Bourgogne et de Jean Petit, était aussi arrivé, depuis peu de temps, dans cette ville. Après tant de travaux, lui, la gloire de l’université de Paris, s’était vu fermées, au retour, les portes de cette école et de cette capitale. Gerson, l’illustre chancelier de Notre-Dame, n’avait plus de chaire possible, là où triomphait Jean sans Peur, là où allait régner un roi anglais ! Revenu du concile de Constance, après l’invasion du 30 mai 1418, Jean de Gerson s’était volontairement éloigné de Paris et avait pris la route de Lyon. Le vieil athlète, fatigué de sa carrière militante, aspirait, vers l’automne de sa vie, au repos de l’âme. L’étude, la retraite, une pieuse philosophie promettaient ce port au nautonier éprouvé partant de tempêtes. Le contact des hommes, l’effet de la lutte et l’expérience des réalités de ce monde, avaient arraché de son cœur bien des espérances, et détruit plus d’une illusion. Deux croyances pourtant y survivaient, chaque jour plus fortes et plus épurées : Dieu et la patrie. Tels étaient les seuls biens que rapportait à Lyon le grand docteur. Mais sa noble pauvreté ne devait pas du moins dégénérer en indigence. Son frère, prieur des Célestins de Lyon, lui ouvrait un asile doublement fraternel. Gérard Machet, confesseur du régent, accompagnait ce prince. Gérard se trouva ainsi réuni à son ancien maître, dont il avait partagé tous les sentiments et dont il aurait voulu partager aussi la retraite, avec ses religieux loisirs[4]. Le 25 janvier 1420, dit un acte authentique, le régent donna 200 fr. à Jean Gerson et 100 fr. à Gérard Machet, tant en considération des bons et grands services qu’ils lui avaient dès longtemps faits, comme pour leur aider à supporter les pertes et dommages en quoy ils sont encourus dernièrement, en la ville de Paris, pour la rébellion advenue en icelle[5]. Avant de quitter cette grande cité, le régent y rendit trois ordonnances qui réglaient divers points d’administration judiciaire, ressortissant à la chancellerie du Dauphiné[6]. De là, le régent se rendit à Vienne, en Dauphiné. Les habitants saluèrent sa bienvenue par un présent qu’ils lui offrirent de 800 florins d’or. Il accorda, le 9 février, par lettres datées de cette place, à la ville de Lyon, qu’il venait de quitter, l’autorisation de tenir annuellement deux foires franches. A ce privilège il joignit la permission, très précieuse alors, d’accepter en paiement et en circulation, toutes monnaies étrangères[7]. Charles de France regagna le Lyonnais par Rive-de-Gier, Saint-Chamond, Saint-Rambert, Saint-Bonnet et passa, par Arlant et Brioude, en Auvergne. Il traversa rapidement cette province. Les étapes de Massiac, Saint-Flour, La Gniole, Espalion, Rhodez, Sauveterre, Monestiers le conduisirent à Albi, où il résidait les 27 et 28 février. Le ter mars, Charles, régent du royaume, fit son entrée à Toulouse, véritable capitale du -Midi. Il y fut reçu avec faveur et avec pompe. Le train ou équipage du prince s’était accru pendant le cours de son voyage. Sa suite personnelle, à Toulouse, comprenait quarante et un chevaux. Le régent avait en sa compagnie son jeune cousin Charles de Bourbon, comte de Clermont ; Jean, comte d’Armagnac ; les membres de son grand conseil ; Guillaume de Boisratier, archevêque de Bourges, vice-chancelier, etc. etc.[8] Après lui, marchaient en bataille ses hommes d’armes ; portant chacun leur lance, ornée d’un panonceau, et peintes par divers artistes de Lyon, d’Avignon et de Bourges. Puis venaient les hommes de trait, ou fantassins. La plupart de tous ces combattants étaient écossais[9]. Cet appareil indiquait l’une des vues de cette sérieuse promenade. Charles VII n’avait point l’instinct militaire. Le courage personnel et l’intelligence de la guerre se développèrent en lui tardivement. Ils furent le fruit non de la nature, mais de la volonté, du calcul et de la réflexion. En attendant, les conseillers du jeune héritier de la couronne se donnaient de garde de l’exposer au péril. Mais ils ne négligeaient point de le produire à la vue des populations, entouré de ce prestige de la force armée, qui les trouve toujours si sensibles. Des sommes considérables avaient été dépensées pour son harnais de campagne, que l’on véhiculait après lui. L’or, l’argent et le travail de l’orfèvre reluisaient sur sa riche épée de parement, sur son heaume de cérémonie. Les couleurs ou devise qu’arborait le futur roi de France et qui formaient sa livrée militaire et civile, n’étaient autres que nos couleurs nationales, consacrées depuis la révolution de 1789 : rouge, blanc et bleu. Son armure complète et de grande tenue consistait en une lourde carapace qui enveloppait et bardait le corps entier ; carapace de fer, orfévrée d’or et d’argent ; le heaume, ceint d’une couronne d’or et sommé de joaillerie[10] et de plumes. Mais le plus souvent le jeune prince marchait le visage découvert. Il remplaçait alors le heaume par un chaperon, ou par un chapeau, soit de velours, soit de feutre orfévré. Par-dessus la cuirasse ou au lieu de la cuirasse, il portait une robe courte rembourrée aux épaules et froncée de corsage, nommée huque. Sur ces huques, les orfèvres, brodeurs ou couturiers royaux, épuisaient les ressources de leur imagination et de leur goût, qui, sous l’empire de la mode, touchait souvent à l’extravagance. L’une des robes de Charles avait de longues manches pendantes et découpées, chargées de dix marcs[11] d’or, en ornements. Il possédait une autre huque plus simple. Celle-ci, de velours vermeil, était recouverte de drap de laine noir, découpé en manière de grandes écailles pourfilées et nervées de fil d’or de Chypre, qui pesaient six marcs et trois onces d’argent doré. Nous signalerons entre autres, une troisième robe à l’usage du prince brochée d’or sur velours vermeil, dorée et ouvragée de besans et de feuilles branlants. La plus solennelle, sans doute, le revêtait au jour de son entrée dans Toulouse. Cette huque d’état offrait aux regards une ornementation politique. Charles VI, roi de France, avait pour emblème un soleil d’or. Son fils le prince Charles portait une huque italienne, ou à la mode du Midi, en drap de laine noir, brodée d’or, ladite broderie en forme ou manière d’auvent traversé par les rais d’un soleil d’or. Ce symbole, vraisemblablement, donnait à entendre, ou à deviner, aux Occitaniens, que le régent était pour le pays un protecteur et un abri, à travers lequel pénétraient jusqu’à eux les rayons et les bienfaits de l’autorité royale[12]. En effet, Charles ne tarda pas à laisser dans ces régions des traces utiles et favorables de son passage. Il commença par destituer le comte de Foix. Mettant en sa propre main la lieutenance générale, il exerça lui-même cette charge jusqu’à son départ du Languedoc, puis il en revêtit alors le comte dé Clermont. Il destitua, en même temps, dans tout le ressort, les fonctionnaires bourguignons et les remplaça par des officiers dévoués à sa cause. Charles fonda la noblesse échevinale ou noblesse bourgeoise des capitouls. Les familles de magistrature civile, assimilées ainsi à l’ancienne aristocratie d’épée, entrèrent en possession des prérogatives, qui avaient été jusqu’ici l’attribut exclusif de la noblesse militaire. Enfin une notable ordonnance fut rendue à Carcassonne, le 20 mars, parle régent. Elle constitua ou plutôt rétablit à Toulouse un parlement ou cour souveraine, pour les pays de Languedoc et duché de Guyenne deçà la Dordogne. Le roi commit à remplir les fonctions de premier président, Dominique de Florence, archevêque de Toulouse, dominicain[13]. Charles de Valois se rendit ensuite à Carcassonne, où il s’arrêta du 15 au 25 mars. Il présida, dans cette ville ; les états de la province, qu’il y avait convoqués pour le 17. Cette assemblée lui octroya un don de deux cent mille francs, pour son joyeux avènement dans le pays. Il renouvela également les fonctionnaires anglo-bourguignons et confirma les libertés et privilèges des habitants de Montauban[14]. De Carcassonne, le régent atteignit Montpellier, par Lésignan, Narbonne, Béziers et Pézenas. Après s’être arrêté cinq jours à Montpellier, Charles parut le 4 avril à la tête de son armée, devant Nîmes. Jean de Chalon, prince d’Orange, occupait cette place pour le duc de Bourgogne. Jusqu’ici l’héritier légitimé n’avait eu qu’à se montrer. Partout son ascendant avait suffi pour déterminer des populations, qu’agitait la guerre civile, à se prononcer en sa faveur. Mais les habitants de Nîmes lui fermèrent leurs portes et se mirent en état de résistance. Déjà la soumission des autres parties de la province doublait l’ascendant moral du fils de Charles VI et communiquait à son autorité comme une force acquise et d’impulsion. Il fallut néanmoins recourir à celle des armes. Jean de Torsay commandait à côté du dauphin, comme grand maître des arbalétriers ou de l’infanterie. La ville, investie avant l’arrivée du prince, se rendit dès le 11, en sa présence. Le château ne tarda pas à subir le même sort. Charles fit mettre à mort les principaux chefs de la résistance. L’antique municipe du Midi se vit retirer (momentanément) le droit de consulat et celui de garde urbaine. Une partie de ses murailles fut abattue par pans. Elle demeura ainsi mutilée, en guise de châtiment, ou d’expiation perpétuelle. Moyennant ces conditions, le prince amnistia les habitants et reçut la ville sous son obéissance[15]. Le régent se présenta ensuite (18 avril) à Villeneuve-d’Avignon, qui lui ouvrit ses portes. Durant les derniers jours de ce mois, Charles demeura aux environs de la ville des papes. Le 21, par lettres données à Saint-André-lez-Avignon, il confirma les statuts et privilèges de Sommières, place forte et importante, qui tenait le parti bourguignon. Le 22, cédant à la même politique de paix et de conciliation, il rétablit dans leurs offices les consuls de la ville de Nîmes[16]. Arrivé sur ces confins du Languedoc, Charles se réunit à sa bonne mère Yolande, qui résidait alors dans son comté de Provence. Il y rencontra également son jeune beau-frère, Louis III, roi de Sicile et duc d’Anjou. Yolande et Louis prirent part aux conseils du régent. Ils l’aidèrent aussi de secours militaires. L’état d’Avignon et son pays du Dauphiné lui fournirent une aide semblable. Muni de ces ressources, Charles arriva le 2 mai devant le Pont-Saint-Esprit, qui, à l’instar de Nîmes, tenta de méconnaître, à force ouverte, son autorité. Ce fut le dernier point qui, sur son passage, lui opposa quelque résistance. Le jeune prince fit assiéger le Pont-Saint-Esprit, comme il avait fait de Nîmes. Une semaine lui suffit pour obtenir la complète soumission des habitants[17]. Trois places secondaires : La Mothe-sur-le-Rhône, Sommières et Aigues-Mortes, étaient désormais les seules, qui, de la Garonne aux embouchures du Rhône, tinssent encore levée la bannière bourguignonne[18]. Au sud de la Loire, il en était à peu près de même, en exceptant le Mâconnais, depuis ce fleuve jusqu’à la Méditerranée. Après avoir obtenu ce grand résultat, le prince Charles retourna sur ses pas par la route d’Auvergne. La cathédrale du Puy jouissait alors, parmi les églises de France, d’une immense renommée. C’était, dans le Midi, comme une Notre-Dame des Victoires. Le jeune prince, après les succès qu’il venait de remporter, arriva au Puy le 14 mai : Le lendemain, il y fit en grande pompe son entrée solennelle. Non content de ces mondaines cérémonies, le régent se fit recevoir chanoine de Notre-Dame du Puy. Il assista le 15, aux premières vêpres, revêtu de l’aumusse et du surplis. Le jour suivant 16 mai, fête de l’Ascension, Guillaume de Chalencon-Polignac, évêque du Puy, célébra la grand’messe pontificalement. Le chanoine régent y reçut l’eucharistie. Il créa ensuite chevaliers le comte de Pardiac, fils du connétable d’Armagnac, les barons de Chalençon-d’Apcher, de la Tour-Maubourg, de la Roche, ainsi que les seigneurs de Vergesac et de Rouxel, qui s’étaient distingués dans la précédente campagne[19]. Le prince Charles était de retour à Poitiers le 8 juin 1420[20]. De décembre 1419 au printemps de 1420, les trêves subsistèrent entre les partisans de Charles VI ou bourguignons et le roi d’Angleterre. Les capitaines du dauphin continuèrent les hostilités. Au mois de janvier 14120, Jacques Gelu, archevêque de Tours, se rendit en ambassade vers don Juan second, roi de Castille. Il obtint de cette cour, ancienne alliée des rois de France, une aide précieuse en faveur du dauphin. Vingt galées et soixante gros vaisseaux de guerre furent mis à la disposition du prince français. La Castille fit les avances pécuniaires de l’expédition. Elle fournit aux marins trois mois de solde et des vivres pour quatre mois. L’amiral de Castille don Alonzo Enriquez dut prendre le commandement de l’escadre. Mais il céda ce commandement à l’amiral de France, Robert de Braquemont[21]. Robert appartenait à cette race de hardis navigateurs normands, qui, dès le commencement du quinzième siècle, furent les pionniers de la grande route du monde, et qui devancèrent Gama et Colomb. Natif du pays de Caux, il était le compatriote et le cousin germain de Jean de Béthencourt, à qui l’on doit la découverte des Canaries. Robert de Braquemont avait suivi au delà des Pyrénées Bertrand du Guesclin. Vers 1400, il épousa Doña Iñez de Mendoca, de l’une des plus grandes maisons de l’Andalousie, et devint la tige des ducs de l’Infantado. Possédant ainsi, dans les deux pays, un établissement considérable, Robert est désigné par les historiens français sous le titre de connétable du roi de Castille[22]. L’amiral de France avait à son bord l’intrépide bâtard d’Alençon, nommé Pierre, fils de Jean le Sage, duc d’Alençon, tué par les Anglais, l’an 1415, à la bataille d’Azincourt. Pierre avait juré de venger la mort de son père en ne faisant aux envahisseurs du pays, aucun quartier. La flotte hispano-française rencontra les Anglais sur mer, vers les côtes de la Basse-Bretagne ou de l’Aquitaine. Pierre d’Alençon tint parole. L’équipage ennemi comptait de sept à huit cents hommes. Tous, jusqu’au dernier, furent tués, noyés ou nais à rançon. Après cet avantage signalé, l’escadre victorieuse se rallia dans le port de la Rochelle[23]. Sur le continent, des succès partagés se balancèrent entre les Armagnacs et les Bourguignons. Les hostilités eurent pour théâtre les marches de Picardie, de Champagne, de Bourgogne ; le Parisis, le Vendômois, la Touraine. Dammartin, Roye en Vermandois, Crépy en Laonnais, furent successivement pris et repris par les Dauphinois et par leurs adversaires. Vers le mois de mai, le comte de Derby, Anglais, fut fait prisonnier des Armagnacs aux portes de Paris[24]. Le 8 mai 1420, Henri V, ayant quitté ses quartiers de Rouen, vint coucher à l’abbaye royale de Saint-Denis en France. Le lendemain 9, les Parisiens virent défiler devant la porte Saint-Martin sept mille Anglais. Cette armée était commandée par leur nouveau maître, qui prit ce même jour son gîte au pont de Charenton. De là, Henri V se rendit à Troyes, où il avait été précédé par le duc de Bourgogne[25]. Charles VI, la reine, la princesse Catherine tenaient depuis longtemps leur résidence dans cette ville. Le fameux traité de Troyes, y fut débattu, puis arrêté définitivement le 20 mai 1420[26]. Ce traité, promulgué le lendemain, 21 mai, dans la cathédrale de Troyes, stipulait en premier lieu le mariage d’Henri V avec Catherine de France. Une dot et un douaire étaient assurés, pour cette princesse, tant en France qu’en Angleterre. Le traité garantissait à Isabelle le titre de reine et des émoluments en rapport avec sa condition. Charles VI conservait également, jusqu’à la fin de sa vie, ses titres, rang et prérogatives, avec la pompe et les revenus afférents à la royauté. Contrairement à la loi fondamentale du pays, les droits héréditaires du dauphin Charles étaient, non point transportés, ou abolis, mais méconnus. Ces droits se trouvaient violés de fait par la cession momentanée d’une part, et de l’autre, par la promesse d’aliénation, pour l’avenir, que Charles VI y consentait, de son pouvoir royal. En effet, Henri V, reconnu dès lors comme fils et héritier de France, devait, selon la teneur du traité, prendre immédiatement le gouvernement du royaume avec le titre de régent. En cas de survie par rapport à Charles VI, il était désigné pour entrer en possession absolue de la couronne[27]. Dans l’état d’intelligence et de santé où se trouvait le malheureux Charles VI, la pensée, naturellement, se détourne pour accuser les véritables auteurs, les auteurs responsables de cet odieux contrat. Deux femmes, à ce sujet, se désignent pour ainsi dire d’elles-mêmes : Isabelle de Bavière et sa fille Catherine. L’histoire a flétri le nom de cette reine, en la liant pour ainsi dire au perpétuel souvenir du traité de Troyes et en couvrant l’une et l’autre, d’une commune réprobation. Il est juste, en effet, d’imputer à Isabelle la grande part dans la responsabilité de cet indigne traité. Reine de France et jouissant au moins de son entendement, elle devait défendre le droit public de l’État. Obligation d’autant plus simple, à ce qu’il semble, que ce droit se confondait avec celui de son propre fils. Si la reine Isabelle eût été au niveau de son rang, elle pouvait tout sauver. Ce que sa fille Jeanne de France venait de faire en Bretagne, elle pouvait le répéter sûr un théâtre grandiose. La France entière, ralliée sous la poétique bannière d’une femme, d’une Marguerite d’Anjou, d’une Blanche de Castille, l’eût suivie dans la voie de l’héroïsme. D’autres inspirations prévalurent chez elle et dirigèrent sa conduite. Isabelle de Bavière céda, non pas aux violentes passions, à la haine contre nature, qu’on lui a prêtées gratuitement, mais à des instincts d’un genre beaucoup plus terre à terre. Charles son fils, ou plutôt les conseillers de ce prince s’étaient livrés envers elle, à des manques d’égard, à des iniquités, qui avaient atteint les proportions non seulement de torts privés, mais de fautes politiques. Les Anglo-Bourguignons, conseillers d’Isabelle, ne négligèrent point d’exploiter, dans son esprit, ces fautes et ces torts, ni d’aiguiser le ressentiment de la reine ; de la mère, outragée. Il est fort peu certain toutefois qu’Isabelle en ait ressenti une animosité profonde, réelle (envenimée à ce point !) contre son fils. Rien ne prouve même que, dans cette conspiration, tramée entre de mauvais Français et les envahisseurs de la France, Isabelle ait joué positivement un rôle actif. L’ambition, la haine, l’envie même, ont d’énergiques ressorts, que ne comportaient ni la molle complexion d’Isabeau, ni l’état actuel de son caractère. La paresse, l’inertie, la timidité, l’égoïsme surtout, dominaient son existence. On peut y joindre la cupidité, une prodigalité qui se combinait avec l’avarice, la sensualité enfin. Isabelle n’avait plus même de passions : il ne lui restait que des vices[28]. Les auteurs du traité de Troyes, Henri V et ses complaisants, obtinrent d’Isabelle un acquiescement facile et intéressé ; rien de plus. Dans le traité de Troyes, elle vit un riche parti, un grand établissement pour une princesse qu’il lui restait à pourvoir. Elle crut y voir pour elle une promesse de bien-être et d’honneurs dans l’avenir. Quant aux droits d’une patrie qui n’était pas la sienne, comment’ demander à l’imbécile et vulgaire Isabeau, des inspirations dont la noblesse, dont la lumière dépassaient, à ce point l’humble portée de son esprit et l’étroite capacité de son cœur ! Le 17 mai, au moment où tout, à Troyes, était prêt, des lettres patentes, rendues au propre nom, d’Isabelle, lui instituèrent un argentier, c’est-à-dire une liste civile indépendante. La reine se sentait plus valétudinaire que jamais. Par les soins de son apothicaire et d’un conseiller bourguignon de Paris, Michel de Lallier, elle fit venir de cette capitale un précieux électuaire, ou potion médicinale. Cet élixir, que prit la reine dans l’intérêt de sa santé, se composait d’or potable, de jacinthes, d’émeraudes, de rubis d’Alexandrie et de perles d’Orient. Pour les solennités qui se préparaient, Laurent Bonnault, tailleur de la reine, lui confectionna une robe magnifique et d’un haut prix. Cette robe, destinée à orner l’obésité d’Isabeau, mesurait quatorze aunes de drap de soie de Damas, bleu, achetées à un marchand de Lucques. Elle se fit faire en même temps, de rechange, une autre robe, dite houppelande, de dame noir, dont la soie seule coûta, monnaie du temps : 537 liv. 12 sous parisis. Quinze cents ventres de menu-vair furent employés à la fourrure de ces deux robes, que la reine portait au traité de Troyes et au mariage de Catherine[29]. Lorsque tout fut consommé, lorsque Henri V eut passé au doigt de sa fiancée, l’anneau qui le faisait roi de France, veut-on savoir quelles préoccupations, quels soucis absorbaient Isabeau de Bavière ? La reine avait laissé à Vincennes et à Paris une partie de ses animaux et de sa volière. A travers les périls des routes infestées de gendarmes et de brigands, elle fit venir de loin, par devers elle, à Troyes et à grands frais, trois douzaines de petits oiselets chantans, chardonnerets, pinçons, linotes, tarins et autres, tant mâles que femelles[30]. — Des robes et des oiseaux, voilà ce que vit, dans le traité de Troyes, Isabeau de Bavière. Catherine de France, parmi les nombreux enfants issus d’Isabelle, paraît avoir été celle qui, moralement surtout, ressembla le plus à sa mère. Jeune princesse, elle ignorait, en 1420, le monde et la vie. La fille d’Isabeau se révéla plus tard. Après Henri V, Catherine se donna, comme on sait, à Owen Tudor, du pays de Galles. Un jour à Windsor, cet homme d’armes était de garde. Invité à danser devant la reine, il eut soin de tomber sur elle, avec une maladresse providentielle. La veuve d’Henri V reçut le danseur dans ses bras ; et nulle autre cérémonie ne célébra jamais leur union. La seconde moitié de la vie de Catherine se réverbère sur l’autre et l’éclaire. Dans les entrevues de Meulant et de Troyes, Catherine avait plu. C’est là tout ce qu’elle avait appris d’Isabelle[31]. Henri V réunit à Troyes, pour assister à son inauguration, le cortége le plus nombreux qu’il put former, de princes et de seigneurs considérables. Ses frères, ducs de. Bedford et de Clarence, les comtes de Huntingdon, de Warwick, et de Dent, y furent convoqués. Il avait avec lui Jacques Ier, roi d’Écosse, son prisonnier, qu’il gardait comme un gave et qui l’avait suivi sur le continent. Le duc de Bourgogne et sa cour, le duc rouge de Bavière[32], marquèrent également parmi les témoins de cette usurpation. Charles duc de Lorraine, nouvellement rallié à la cause du dauphin, s’excusa poliment de ne pas répondre à la semonce ou convocation du roi anglais. Au moment où le comte de Warwick arrivait en armes aux portes de Troyes, il fut assailli par un gros de dauphinois. Les chevaliers anglais mirent pied à terre et repoussèrent victorieusement cette attaque. Ils en furent quittes pour une alerte et pour la perte de leurs chevaux, qui demeurèrent entre les mains de l’ennemi[33]. Henri V, après avoir signé le traité de Troyes, procéda aux cérémonies et formalités nécessaires pour son union avec Catherine, d’après les lois et la coutume de France. Cette signature eut lieu dans l’église cathédrale, ou Saint-Pierre de Troyes. Immédiatement ensuite, le roi d’Angleterre fiança la princesse. En présence de l’archevêque dé Sens, Henri de Savoisy, métropolitain ; en présence de la reine Isabeau de Bavière ; du duc de Bourgogne, du duc et de la duchesse de Clarence, et de nombreux témoins, tant chevaliers, écuyers, que dames et damoiselles, Henri V promit de prendre à femme, per verba de presenti, c’est-à-dire dès le moment présent, la princesse Catherine. Restait à observer les délais alors requis entre la fiançaille et le mariage[34]. Le 2 juin, ces délais étaient accomplis. D’après une tradition locale, Henri V avait son logis dans la ville entre Saint-Jean et Notre-Dame-aux-Nonnains. Ce même jour, le mariage fut célébré dans l’église de Saint-Jean, paroisse de l’époux, au milieu d’une pompe royale. Henri de Savoisy unit, sous le poesle, la main d’Henri V à celle de Catherine. Les époux déposèrent sur l’évangile, en guise des deniers symboliques du mariage, treize nobles[35], ou écus d’or d’Angleterre. A l’offrande chacun d’eux présenta trois nobles[36]. Le roi anglais laissa en outre à la fabrique de Saint-Jean deux cents nobles, qui, si l’on en croit la même tradition, furent encore accompagnés de nouvelles libéralités. Après la cérémonie religieuse, sur le soir, les époux prirent ensemble les souppes[37] (ou toastes) accoutumées. C’étaient des tranches de pain, emblème de la vie quotidienne et domestique, qui se trempaient alors dans du vin. Puis l’archevêque officiant bénit le lit nuptial[38]. |
[1] Cabinet des titres, dossier Villebrême. Original, parchemin, 7 janvier 1420. Dans le livre d’heures d’Etienne Chevalier, peint par Jean Fouquet, il y a une scène qui représente la célébration nocturne de l’Epiphanie au XVe siècle. Charles VII y figure, sous les traits d’un roi mage, accompagné de sa garde écossaise. Cette vignette est la huitième de la première série dans la notice-catalogue publiée par N. Brentano : Die Miniaturen des Jehan Fouquet, etc.
[2] Dom Vaissète, livre XXXIV, chapitre XII. Le dauphin s’arrêta du 13 au 19 à La Brelle. (Itinéraire.) Lettres données par le régent à La Brelle, le 18 janvier 1420, en présence du Bailly de Touraine, G. d’Avaogour... Charles, etc., octroyons la somme de cinquante livres tournois à nostre chier et bien amé eschançon, Jehan de Gamaches, pour nous avoir apporté et présenté, de par nostre très chière et très amée compaigne, la dauphine de Viennois, les estraines du premier jour de l’an (1er janvier) qu’elle nous a envoyées par nostre dit eschançon... (Cabinet des titres, dossier Gamaches.) On voit que Marie d’Anjou, dans ce voyagé, n’accompagnait point le dauphin.
[3] Itinéraire.
[4] Le chapitre noble des chanoines-comtes de Lyon, ou chapitre de la cathédrale, possédait un vieux domaine appelé le château de la Salle de Quincien. Là, saint Thomas de Cantorbéry, proscrit d’Angleterre au sue siècle, avait trouvé un honorable asile. Un peu après 1420, l’église de Lyon donna ou affecta cet antique manoir aux deux docteurs, Machet et Gerson, pour en jouir, l’un et l’autre, pendant le reste de leurs jours. Gérard Machet revint à Lyon vers 1424 avec l’intention de prendre part à cette retraite. Histoire des Confesseurs, Ms. s. fr. n° 2285. Perieaud, Notes sur l’Histoire de Lyon, 1839, in-8°, p. 44. Biographie Didot : Machet.
[5] Godefroy, Charles VI, p. 796.
[6] Actes des 29, 31 janvier, 3 février 1420. Ordonnances, t. XI, p. 30, 37, 41. Un quatrième édit, rendu à Saint-Symphorien, près Lyon, le 5 février, prescrit la fabrication, en Dauphiné, d’une certaine quantité de monnaie noire ou billon. Ibid., p. 44.
[7] Ibid., p. 45. Chorier, Histoire du Dauphiné, t. II, p. 415.
[8] Itinéraire. J. Chartier, t. III, p. 171, 304. D. Vaissète, liv. XXXIV, chapitre XIII. K. K. 53, f° 51.
[9] Ibid. Berry, dans Godefroy, p. 439. Raoulet, dans Chartier, t. III, p. 171.
[10] Pendant tout le cours du voyage, un porteur spécial et à pied porte les houppes des bacinets (casques) de mon dit seigneur, en ung estui de toille, pour double qu’ils (elles) ne se rompissent. K. K. 53, f° 53 et suiv. Ces houppes étaient des ouvrages d’orfèvrerie branlante, sorte de passementerie, très fragiles.
[11] Environ deux kilogrammes et cinq cents grammes.
[12] J. Chartier cité, p. 297, 302, 303.
[13] Ibid. Extraits du thalamus de Montpellier : Ms. Duchesne n° 58, f° 296. Ordonnances, t. XI, p. 59, 74 et suiv. Berry, dans Godefroy, p. 439. Ce parlement avait été fondé, puis aboli au XIVe siècle. Quétif et Echard, Scriptores ordinis Prædicatorum, 1719, in-f°, t. I, p. 772.
[14] Ibid. Ordonnances, t. XI, p. 63 ; t. XVI, p. 18.
[15] Richelieu, au XVIIe siècle, infligea cette peine à plus d’un manoir féodal. Les murs du château de Pierrefonds offrent encore aux regards de semblables traces. Ursins-Godefroy, p. 316. Berry, 439. D. Vaissète, ch. XV. Ménard, Histoire de Nîmes, t. III, p. 152, 133. Cf. Ord. XIII, 196.
[16] Raoulet, p. 171. Itinéraire. Ordonnances, t. XI, p. 81 ; t. XVI, p. 180. Ménard, p. 154.
[17] Le séjour le plus habituel de la reine Yolande était au château de Tarascon. La main et l’influence personnelle de cette princesse nous semblent particulièrement visibles, dans ces derniers actes, qui terminèrent la campagne du prince en Languedoc. Auteurs cités. Monstrelet d’Arcq, t. III, p. 407. Chastelain, p. 50. Ménard, p. 154. Chorier, t. II, p. 414. D. Vaissète, ibid. D. Morice, Histoire de Bretagne, t. I, p. 476.
[18] Ces trois places turent soumises l’année suivante (Ménard, p. 156).
[19] Les mêmes. Gallia Christiana, t. II, 7 32. Cette ordination de Chevaliers par le dauphin est remarquable. Il y a lieu d’observer, en effet, que ce prince n’était encore ni roi ni chevalier.
[20] Itinéraire.
[21] Thesaurus anecdotorum, 1717, in-f°, t. III, colonne 1950. Anselme aux amiraux. Perez de Guzman, Cronica del rey don Juan segundo, Logroño, 1590, in-4°, chapitre CCLXVI, f° 64.
[22] C’est-à-dire chef des troupes embarquées à la solde de Castille. Bergeron, Histoire de la première découverte et conqueste des Canaries, Paris, 1630, in-8°, p. 296 et suiv. Religieux, t. VI, p. 305.
[23] Religieux. D. Morice, t. I, p. 476.
[24] Cabinet des titres, dossier Du Chatel, au 23 mars 1420. K. 59, n° 25. Catalogue Joursanvault, na 2915-6 ; 3168-9. Monstrelet d’Arcq, t. III, p. 372 à 407. Fénin-Dupont, p. 125. Chastelain, p. 30 à 39. Religieux, t. VI, p. 388 à 394 et 400. Ursins, p. 374 et suiv. Abrégé. Jean Chartier, t. III, p. 234-8. Raoulet, 171. Journal de Paris, Panthéon, p. 642 et suiv. Etc. etc.
[25] P. Cochon, p. 439. Walsingham, p. 451. Journal de Paris, p. 613. Monstrelet, 377. Archives de Troyes.
[26] Rymer, t. IV, partie III, p. 169. Félibien, t. II, Preuves, p. 592, b. Fénin Dupont, p. 135. Le traité de Troyes fut approuvé en parlement à Westminster au mois de mai 1421. (Parliament rolls, t. IV, p. 135.)
[27] Monstrelet d’Arcq, t. III, p. 388 et suiv. Archives de Troyes ; communication de M. Boutiot. Ordonnances, t. XI, p. 86. Etc., etc.
[28] Conformément au traité de Troyes, Henri V assigna au profit de la reine, indépendamment des antres émoluments dont elle jouissait, deux mille francs par mois de revenu, à prélever sur le produit de la monnaie de Troyes, depuis le 1er juin 1420. (Rymer, t. IV, partie III, p. 178.) De même, il s’en, figea, par un acte, formel, a révérer, à honorer sa belle-mère, à quérir son profit, éviter son mal et damage, etc. (Ibid. p. 189.) Cette double promesse fut bien peu de temps remplie. Voy. Isabeau de Bavière, 1859, in-8°, p. 38, et la suite du présent ouvrage.
[29] Comptes de l’argenterie de la reine, dans Jean Chartier, t. III, p. 286-287.
[30] Ibid.
[31] Miss Strickland, Queens of Eng., t. III, p. 163 et passim.
[32] Louis, comte palatin du Rhin, marié en 1402 à Blanche, fille d’Henri IV d’Angleterre et sœur d’Henri V.
[33] Monstrelet, t. III, p. 388 et suiv. D. Calmet, 1757, t. II, Preuves, ch. XIX. Religieux, p. 444. Berry, dans Godefroy, p. 439.
[34] X. X. 1480, f° 215. Ursins, p. 877. Fenin Dupont, p. 126. S. Remi, Panthéon, p. 445. Chastelain, p. 45. Thomas Elmham, Vita Henrici V, p. 267. La reine habitait le Palais des Comtes ou Palais Royal. La cathédrale devait être, par conséquent, la paroisse de la fiancée.
[35] Espèce de monnaie la plus forte ; valant sept livres de France.
[36] Sources citées. — Un règlement, daté de 1409, alors en vigueur, tarifait comme il suit, dans le diocèse de Troyes, les droits curiaux. Fiançailles et espousailles. L’espousée paiera treize deniers au prestre qui l’espousera (mariera) ; posé qu’elle soit épousée hors de l’église, et autres messes que les ordinaires de l’église où elle sera demeurante ; c’est-à-dire hors de sa paroisse.. L’espouse paiera trois deniers au prestre qui la mariera en la paroisse de son domicile. Ms. de la Ravalière, Champagne, t. 47, p. 51 et suiv.
[37] De ces souppes sont venus la soupe et le souper.
[38] Les mêmes. Rymer, t. IV, partie III, p. 177. Grosley, Mémoires sur Troyes, 1174, in-8°, t. I, p. 304. Vallet de Viriville, Archives de l’Aube, p. 306.307.