LOUIS XIII ET RICHELIEU

DEUXIÈME PARTIE

 

LETTRES INÉDITES DE LOUIS XIII À RICHELIEU (1622-1642)

 

 

1635. — La France déclare la guerre à l'Espagne. — Bataille d'Avein. — Insuccès de la campagne de Flandre. — Nouvelle maladie de Richelieu. — Saint-Simon est exilé de la cour. — Combat de Vanloo. — Exil du marquis de Hautefort et du prince de Marsillac. — Préparatifs de guerre. — Mouvement d'humeur de Louis XIII. — Il s'excuse auprès de Richelieu. Incurie de l'administration militaire. — Louis XIII part pour la Lorraine. — Prise de Saint-Mihiel. — Absence de discipline dans l'armée française. — Intrigues contre Richelieu. — Retour de Louis XIII à Saint-Germain. — François de Barradat revient à la cour. — Les Espagnols s'emparent des îles de Lérins. — Travaux d'organisation militaire de Louis XIII. Projets d'impôts nouveaux. — Opposition du parlement. — Louis XIII surmonte toutes les résistances.

 

Mon cousin[1], jenvoye ce gentillome pour savoir de vos nouvelles en ayant esté toujours en peine depuis ier[2] la Reyne ne senva que lundy, et moy mardy elle satant de bien passer son temps a paris a mon absence, elle sera bien atrapée quand elle me verra arriver on me dist ier au soir quelle foisoit estat daler tous les jours répéter le balet chez les unes et les autres et ensuite faire bone colation et la comédie après[3].

Je vous prie de ne le dire a personne parce que on sauroit bien qui me lauroit dit je vous recommande toujours davoir soin de votre santé pour laquelle je prieroy le bon Dieu de tout mon cœur. LOUIS. A St Germain ce 20 janvier 1635. — (Ibid., fol. 87. — Original.) — (Ibid., 1635, six premiers mois, fol. 55. — Copie.)

 

1 feuvrier 1635.

Mon cousin, je vous envoye la lettre en nostre langue toute ouverte laquelle vous ferés ferme layant vue et celle que vous mavés envoyiée afin que vous voyés les mots que jay esté contraint de changer nestant en nostre langue, je nay adjouté quelques que nous naurions pas vus lesquels sont marqués d'une rais desoubs je vous les envoye pour lesquels envoyer a mon cousin le marechal de Bresse[4] et meures en chifre les mots françois afin que si il estoit pris on ny cognoise rien[5] je me porte très bien et vous asureroy toujours de mon affection. LOUIS. — (Ibid., t. V, fol. 89.) — (Original.)

 

De St Germain ce 2 feuvrier 1635.

Mon cousin,jespère avec laide du bon Dieu et vos bons conseils que nos afaires iront bien et que nos enemis ne viendront pas about de leurs mauvois desseins je vous prie que quand vous saurés le particulier de ce qui cest passé à filipsbourg de me le faire savoir[6]. LOUIS. — (Ibid., fol. 90.) — (Original.)

 

Mon cousin, je vous envoye le chevalier de Bellebrune pour vous dire lestat auquel est péronne ce quoy il faut remédier promtement je me porte bien Dieu mercy et vous asureroy toujours de mon afection. Louis. A Versaille ce 23 feuvrier f635. — (Ibid., fol. 91.) — (Original.)

 

Mon cousin, come Vaugelé est arivé jalois envoyer un gentil-lime vers vous pour savoir de vos nouvelles en estant toujours en peine je fais responce a vostre mémoire a la marge de chaque article ce porteur vous dira une petite defaite de 190 homes que Espernon a forcés dans un fort vis a vis de filipsbourg je me porte bien graces au bon Dieu lequel je prieroy de tout mon cœur vous vouloir donner la santé telle que vous la souhaite la personne du monde qui vous ayme le plus. Louis. A Senlis[7] ce 1er Mars 1635.

De peur de batre les corneilles en ceste corneillere et les voulant garder pour la Reyne quand elle sera a Chantilly jay pris résolution de men aler lundy a Nanteuil si le temps me le permet et que mes afaires ne men empeschent vous aurés de mes nouvelles entre cy et la. — (Ibid., fol. 92 et 93.) — (Original.)

 

14 Mars 1635.

Je trouve très a propos denvoyer Vogles a peronne pour donner ordre a la — sureté — de la place dont elle a besoing[8].

Si jeusse retrouvé hier le gentilhomme de mon frère je vous laurois envoyé ce que je feroy lorsque je le verroy[9] et feroy voir le portrait que mavés envoie au capitaine de mes gardes et a ceux auquels je me fie le plus je me suis fait ce matin seigner par précaution dout je me trouve fort bien. St Simon a esté mon secretaire à cause de ma seigné. LOUIS. — (Ibid., fol. 94.) (Original.)

 

Le jour de Paques (8 avril 1635).

Je, crois que vous aurés veu St Florent lequel vient de larmée du marechal de Chatillon qui asure que il y a dans cette armée 11 a 12 mil homes de pied très bons et 3 cents chevaux ausi très bons.

Jay songé ceste nuit a Verdun on peut mander a monsr de chatillon qui nen est que a huit lieues dy envoyier promtement un regiment et 2 compagnies de cavalerie lesquels on ostera quand on voudra aler aileurs.

Je donneroy ordre de foire meubler lostel de Guise et une chambre icy pour mon frère[10] charost[11] doit partir mardy pour venir icy je croy quil est bon de lui mander quil ne bouge de la

Je vous renvoye dans ce paquet la lettre du jeune et celle de chamblay le voyage du marquis de Sourdis[12] a esté tres a propos jay touché ce matin 13 cens malades ce qui ma un peu fatigué. LOUIS. — (Ibid., fol. 104.) — (Original.)

 

Le même jour, le désir du roi recevait un commencement d'exécution. Richelieu, en écrivant à Servien pour ordonner les détails courants d'administration, lui recommandait, entre autres choses, d'écrire au maréchal de Châtillon et de lui donner ordre de disperser ses troupes dans les villes environnant son campement. Et le lendemain, 9, Saint-Florent repartait pour la Champagne, emportant la dépêche adressée au maréchal[13]. Ici, encore, on le voit, c'est Louis XIII qui a l'initiative et Richelieu n'est que l'exécuteur docile de la volonté royale.

 

(Première quinzaine de mai 1635)[14].

Faire venir a Roye et Montdidier les 40 compagnies du régiments des gardes qui sont a Paris et les 5 des Suises.

Savoir si on fera venir en Picardie de larmée boraine 40 compagnies de cavalerie et 30 compagnies de gens de pied

Jay mandé celles qui sont eh ce pais

Si je mandroy mes compagnies a ceste heure parce qu'ils ne soroient estre ensemble que à la fin de ce mois

Prendre garde a Calais nieulay et ardres, faire coure le bruit daler a compiegne

Si de mons vient ce que je dois faire. — (Ibid., fol. 52.) (Original.)

 

La lutte séculaire de la France et de l'Espagne venait enfin d'entrer dans une nouvelle phase. François Ier, a dit un historien moderne, avait lutté avec constance, mais sans succès, contre la maison d'Autriche ; Henri IV lui avait glorieusement résisté ; le cardinal de Richelieu devait l'abaisser[15]. Louis XIII et son ministre, qui jusqu'alors avaient conduit leur politique avec tant de circonspection, mais aussi avec tant de ténacité, croyant la France assez forte, par elle-même et par ses alliances, pour attaquer directement son ennemie, venaient de déclarer la guerre à l'Espagne. Avant de recommencer cette lutte, toujours renaissante, dans laquelle il fallait que l'un des deux États vainquit ou s'attachât l'autre2[16], Richelieu avait essayé, comme nous l'avons vu, de réunir de son côté toutes les conditions du succès. Il avait armé la Hollande contre l'Espagne. En aidant de l'argent de la France les protestants d'Allemagne et les Suédois, et en les appuyant d'une armée française pour qu'ils pussent lutter avec plus d'avantages contre la branche allemande de la maison d'Autriche, il avait isolé complètement la monarchie espagnole. Pour plus de sûreté encore il signait, le 28 avril, avec le chancelier Suédois Oxenstiern, un nouveau traité par lequel les deux États s'engageaient de nouveau et solennellement à faire cause commune et à ne jamais conclure séparément aucun accord avec l'empereur ni avec les princes de sa maison[17].

Les Espagnols venaient d'ailleurs de fournir eux-mêmes un excellent prétexte pour leur déclarer la guerre. Le 26 mars précédent, ils avaient envahi la ville de Trèves et fait prisonnier l'archevêque-électeur. Ce prélat, ne pouvant compter sur l'assistance de l'empereur pour défendre ses États contre les Suédois, s'était adressé à Louis XIII pour épargner à ses sujets les horreurs de la guerre. En se mettant sous la protection du roi de France, il avait consenti à recevoir une garnison française dans sa capitale. C'était donc à la France que les Espagnols venaient de faire injure en envahissant l'électorat. Louis XIII réclama aussitôt la mise en liberté de l'archevêque. Le 4 mai, le cardinal-infant, qui gouvernait les Pays-Bas pour le roi d'Espagne, répondit qu'il ne pouvait rien décider dans cette affaire sans avoir reçu réponse de l'empereur, duquel, selon lui, l'électeur de Trèves dépendait uniquement. C'était en quelque sorte accepter la guerre. Pourtant Louis XIII et Richelieu, voulant engager la France, d'une façon absolue, dans la lutte qu'ils avaient préparée avec tant dé persistance, crurent nécessaire de renouveler, à cette occasion, les anciennes coutumes chevaleresques, et de faire déclarer la guerre à l'Espagne avec tout l'appareil et toutes les cérémonies usités dans les siècles précédents. Le 12 mai, Louis XIII ordonne au héraut d'armes au titre d'Alençon, d'aller solennellement au lieu où sera le cardinal-infant d'Espagne, et luy déclarer la guerre de sa part, aux formes en pareil cas accoustumées[18]. Le héraut d'armes, parti le 16 mai, arriva à Bruxelles le 19 ; mais il ne fut pas reçu par le cardinal-infant, et fût obligé, pour remplir sa mission, de jeter, en se retirant, sa déclaration écrite au milieu de la foule que son arrivée avait rassemblée. Cela fait, il quitta Bruxelles pour retourner en France ; et dès qu'il fut à la frontière, pour obéir à ses instructions, il afficha à un poteau une copie de son manifeste[19]. Dès ce moment, l'état de guerre entre la France et l'Espagne était un fait officiel, et ces deux puissantes nations allaient de nouveau jouer leur existence sur les champs de bataille.

Des deux côtés, les armées étaient prêtes à combattre. Les maréchaux de Châtillon et de Brézé, partis de Mézières le 9 mai, dirigeaient l'armée française vers le Luxembourg, où elle allait rejoindre celle qu'amenait le prince d'Orange. L'armée espagnole n'attendait plus que son chef pour entrer en campagne. C'était le prince Thomas dé Savoie, frère du duc régnant, et qui venait d'entrer au service de la maison d'Autriche. Arrivé, le 20 mai, au milieu de ses soldats, il se prépara aussitôt à attaquer les Français auxquels les Hollandais ne s'étaient pas encore réunis. La bataille eut lieu le 22 mai, dans la plaine d'Avein. L'armée espagnole fut complètement battue. Elle laissa sur la place plus de 5.000 morts et 1.500 blessés, et abandonna aux mains des Français 600 prisonniers, seize pièces de canon, son équipage d'artillerie, tous ses bagages et un grand nombre de drapeaux. De leur côté, les Français ne perdirent qu'une centaine d'hommes[20]. Dès que Richelieu eut reçu à Condé, qu'il habitait alors, la nouvelle de cette victoire, il écrivit à Bouthillier, pour lui commander de prier le roi d'écrire à Paris et à toutes les autres villes du royaume, pour ordonner de chanter partout un Te Deum en réjouissance de la nouvelle faveur que Dieu venait d'accorder à la France[21]. C'est pour répondre à son ministre que, le même jour, Louis XIII écrivait lui écrivait la lettre suivante.

 

27 mai 1635.

Mon cousin, jay Toit faire les lettres que vous maviés mandé Mr le garde des seaux et boutilier lont vue qui lont trouvée bien Mr de Bulion vous estant ale voir ny a pas peu estre nous chanterons le te deum après diné jay prié ce matin le bon Dieu pour vous a ce quil vous donne la santé telle que je la desire. Loris. A Chastautiery ce 27 a 2 heures aprés midi 1635. (Ibid., fol. 105.) — (Original.)

 

Comme le dit Louis XIII, le Te Deum fut chanté à Château-Thierry, le même jour, et en présence de toute la cour, dans l'église des Cordeliers[22]. La victoire d'Avein mit un grand trouble dans tous les Pays-Bas, et si la France avait pu continuer la guerre avec vigueur, sans nul doute la domination espagnole dans ces provinces eùt reçu dès ce moment une atteinte mortelle, et la lutte eût pu se terminer rapidement. Voici ce qu'écrivait de Bruxelles, le 25 mai, Riolant, le médecin de la reine-mère dont nous avons déjà parlé : Sy le roy attaque avec une autre armées dans l'Arthois, tout ce pays dela Saint-Remy est perdu pour l'Espagne... Le roy et M. le cardinal ne doivent pas laisser passer cette occasion, jamais ne l'auront plus belle. Le prince Thomas est fort méprisé maintenant... Encore une victoire ou deux tout au plus gaigne le pays, et en chassera les Espagnols, etc.[23] Ces espérances ne purent être réalisées. Les généraux ne manquaient pas de talent, les soldats étaient pleins de courage, mais l'administration militaire était encore à organiser, et c'est son insuffisance, jointe à la jalousie qui se glissa bientôt dans les deux armées alliées, qui fit perdre à la France tous les fruits qu'elle pouvait attendre de sa victoire. Ces raisons empêchèrent les deux armées de marcher en avant. Plus d'un mois après la bataille d'Avein, les Français et leurs alliés n'étaient encore que devant Louvain, qu'ils assiégeaient inutilement ; les Espagnols avaient reformé une armée, et l'empereur, qui venait de réussir à détacher plusieurs souverains de la ligue des princes protestants, envoyait dans les Pays-Bas un corps d'armée dont l'arrivée obligeait les Français à lever le siège de Louvain, le 4 juillet. Le manque de vivres faisait le reste, et cette expédition dans les Flandres, sur laquelle Richelieu comptait tant, se terminait d'une façon piteuse, deux mois à peine après ses heureux commencements. Cet insuccès obligea la France à chercher ailleurs une revanche. Dès ce moment, Louis XIII et Richelieu ne pensèrent plus qu'à porter tout le poids des armes françaises dans la Lorraine et sur le Rhin.

 

Mon cousin, je suis extresmement fasché de la continuation de vostre mal je vous prie que je puisse savoir de vos nouvelles le plus souvent que faire se poura pour moster de la peine ou je suis, tout ce que je puis faire est de prier le bon Dieu de tout tnon cœur quil vous redône la santé telle que je la desire. LOUIS. A Monceaux ce XI Juin 1635.

(En marge, le roi a ajouté :) On me vient dassurer que les Veseaux holandois qui sont a la rade de dunquerq en ont coulé a fond 5 qui venoient despagne. — (Ibid., fol. 106.) — (Original.)

 

Ainsi qu'il nous l'apprend dans une lettre qu'il écrivait le 8 juin à Bouthillier[24], Richelieu venait d'être atteint, de nouveau, de la terrible maladie qui avait failli l'emporter, en 1632, lors de son séjour à Bordeaux. Il se vit, encore une fois, obligé de se faire transporter en litière. Pourtant son mal ne dura que peu de temps, puisque, dès le 11, il quitta Bois-le-Vicomte, où il était depuis le 7, pour aller à Rueil, où il arriva le 12, après s'être arrêté, la veille, à Notre-Dame des Vertus[25], et que le 15 il écrivait au cardinal de la Valette pour le tirer d'inquiétude, et lui dire qu'il était alors hors de danger[26]. Une lettre du roi, du même jour, adressée à Bouthillier, confirme cette affirmation, et montre la joie qu'inspirait à Louis XIII, le retour de santé de Richelieu. Monsieur Boutilier, écrit-il, vous nauriés seu mander une meilleure nouvelle que celle de la bonne santé de mon cousin le cardinal de Richelieu, laquelle je prie le bon Dieu de tout mon cœur vouloir ocmenter en telle sorte que nous nayions jamais des alarmes pareilles à celles du passé, etc.[27] On voit combien Louis XIII craignait que son ministre ne fût exposé de nouveau aux dangers qu'il avait courus en 1632, à Bordeaux, en 1633, à Saint-Dizier, et auxquels il venait d'échapper encore une fois.

 

Mon cousin, vous saurés par labé de Coursan[28] lestat des afaires du costé de Mr de la force qui sont très bien graces au bon Dieu[29] je ne saurois que je ne vous tesmoigne de la joye que jay daprandre que vous vous portés de mieux en mieux bontemps en a asuré encore ce matin MF bouvart par une lettre laquelle il ma fait voir il ne me reste que a prier le bon Dieu de tout mon cœur quil vous conserve en santé ausy longtemps que je le désire[30]. LOUIS. A Monceaux ce 16 Juin 1635. — (Ibid., fol. 408.) — (Original.)

 

Mon cousin estant en impatiance de vous voir jay pris résolution daler demain a Ruel ou je seroy a 2 heures après midy pour vous tesmoigner la,loy que jay de vostre meilleure disposition et vous asurer toujours de la continuation de mon affection qui durera jusques â la mort finissant ceste lettre je prieroy le bon Dieu de tout mon cœur quil vous tienne en sa sainctegarde. LOUIS. A Monceaux ce 18 Juin 1635[31]. — (Ibid., fol. 109.) — (Original.)

 

Avant de s'adresser au cardinal, Louis XIII avait écrit à Bouthillier pour savoir de lui si une visite de sa part n'incommoderait pas Richelieu. M. Boutilier, lui disait-il, ne pouvant durer plus long temps sans voir mon cousin le cardinal de Richelieu ma fait changer le dessaim que javois daler droit à Fontenebleau et ma fait prendre le chemin de Ruel je seroy demain a midy au port de Neuly ou vous me renvoyerés ce porteur afin que je sache si la santé mondit cousin sera en estat que je le puisse voir sans luy donner incommodité... etc.[32] Louis XIII alla, en effet, à Rueil, le lendemain, comme il le dit dans les deux lettres précédentes. Le 19, dit la Gazette de France, le roi alla de Monceaux à Ruel, où il trouva le cardinal-duc en convalescence d'une maladie que lui avoient causée, comme autrefois, les grands soins, veilles et travaux d'esprit où le salut et l'honneur de cet État l'obligent : duquel acheminement à une parfaite santé, Sa Majesté lui témoigna de si tendres ressentissements qu'ils eussent été capables de porter au dernier point son affection au service d'un si bon roi, si elle n'y étoit déjà et s'il se pouvoit ajouter quelque chose au zèle d'un si grand ministre[33]. M. Avenel, qui a eu entre les mains les deux lettres que nous venons de donner, a cru devoir expliquer les sentiments d'affection dont elles débordent, par le désir ressenti par le roi de faire cesser une brouille survenue entre lui et Richelieu, depuis quelques jours[34]. Nous croyons avoir assez montré les véritables sentiments que le cardinal inspirait à son maître pour pouvoir ne pas accepter cette explication. Nous avons assez vu que Louis XIII n'avait pas besoin d'avoir à se réconcilier avec Richelieu pour l'accabler des preuves de son affection.

 

Mon cousin, je vous renvoye les billets dans ce paquet je prie Dieu que la nouvelle soit vraye il faut atendre le boiteux[35] je vous remercie de la tapicerie que vous mavés envoyée laquelle est très belle je lay faite tendre ausi tost dans ma chambre, les raisons que vous me mandés pour le cher de Frugé son si fortes quil nen faut plus parler je vous. prie den chercher quelque autre pour remplir la Xme compagnie, St Simon vous vas voir je croy que Mr boutilier vous aura dit ce qui ce passa ier entre nous, je men vas a la chasse pour prendre des perdreaux lesquels je vous envoyeroy ausi tost priant le bon Dieu quils vous facent autant de bien que le souhaite la personne qui vous les envoye. LOUIS. A St Germain ce 20 juillet 1635. — (Ibid., fol. 111.) — (Original.)

 

Depuis quelque temps les relations de Louis XIII et de Saint-Simon s'étaient un peu refroidies. Celui-ci avait élevé, sur les bagages enlevés le 22 mai, à l'armée espagnole, des prétentions quo le roi ainsi que le cardinal avaient jugées exorbitantes. Le jeune favori aurait voulu faire donner à son frère une part dans le butin de la bataille d'Avein, à laquelle, pourtant, ni l'un ni l'autre n'avaient assisté. Un refus formel l'avait froissé, et, depuis ce temps, ses relations avec Louis XIII s'étaient tendues, chaque jour, davantage. Il est à remarquer que Richelieu s'éleva avec force contre les prétentions de Saint-Simon, ainsi que le prouve une lettre qu'il adressait à Bouthillier, le 10 juin 1635[36]. Cette disposition du cardinal, à l'égard du favori, nous semble prouver, avec évidence, qu'à la Journée des Dupes, Richelieu ne dut pas son salut à une intervention de Saint-Simon, comme l'ont affirmé certains contemporains, et, après eux, plusieurs historiens. De plus, si cette intervention avait été aussi nécessaire et aussi véritable qu'on l'a dit, le fils du favori de Louis XIII aurait certainement flétri, dans ses Mémoires, l'ingratitude du cardinal, ce qu'il n'a pas fait. Mais, nous croyons l'avoir prouvé, cette ingratitude n'a jamais existé, car Richelieu n'a pas reçu de Saint-Simon l'assistance qu'on a attribuée à celui-ci[37], et le grand ministre n'a couru aucun péril en 1630, parce qu'il était déjà soutenu par l'estime, l'administration et même l'affection qu'il avait inspirées à Louis XIII. Nous pourrions trouver une autre preuve encore, dans une lettre que Richelieu écrivit à Saint-Simon, le 23 octobre 1636, après que la conduite de celui-ci pendant l'invasion espagnole eut forcé le roi à l'exiler dans son gouvernement de Blaye. Monsieur, dit le cardinal, le roy affectionnant son Estat plus que toute chose, jay tousjours recognu que la conduite que vous avés prise à l'esgard de vostre oncle de Saint - Léger ne luy estoit pas agréable[38]. Je vous en ay parlé plusieurs fois, mais peut-estre que certaines considérations, que je ne pénètre pas, vous ont empesché de faire estat de cet advis. Je voudrois de bon cœur que vous eussiés continué à procéder comme vous avés faict quelque temps depuis la mort de M. de Montmorency. J'attribue le changement de vostre esprit à de mauvais conseils de personnes qui aymetit mieux leurs intérêts que les vostres. Quant à ce qu'il vous plaist me mander que vous avés des choses importantes à me faire savoir, je suis bien fasché que vous ne vous en avisastes avant que de demander congé au roy d'aller à Blaye. En quelque lieu que vous soyez, je veus croire que vos déportemens n'empireront point vos affaires et qu'ils me donneront lieu de tesmoigner que je suis vostre très-affectionné serviteur[39]. Il nous semble que la manière cavalière dont Richelieu traite Saint-Simon, dans cette lettre, prouve surabondamment que le cardinal ne lui devait aucune gratitude. On a dit qu'il l'avait ménagé jusqu'alors en souvenir du service qu'il en avait reçu ; cette lettre montre, au contraire, que si Saint-Simon avait pu demeurer auprès de Louis XIII sans éveiller la défiance du ministre, c'est seulement parce qu'il ne s'était mêlé jusqu'alors à aucune intrigue. Cette lettre demande à être signalée encore à un autre point de vue. Écrite à un homme qui, ayant vécu longtemps auprès du roi et dans son intimité, devait connaître parfaitement son caractère, elle ne pouvait contenir que des jugements véritables sur les sentiments du monarque. Or, Richelieu commence par exprimer cette pensée que nous ne cessons de mettre en lumière : Le roi affectionne son Estat plus que toute chose. L'affirmation est importante en elle-même, mais combien a-t-elle plus de portée encore, étant adressée à l'ancien favôri de Louis XIII, à celui qui avait pénétré jusqu'au fond du caractère du roi ! Elle achève de prouver que seule la haine, inspirée par Richelieu à certains de ses contemporains, a dicté le jugement qu'ils ont porté sur les rapports de Louis XIII et de son ministre.

 

Ce 30 juillet 1635[40].

Pour les commissions de Fumel il se faut adresser à Loustelnau au cloitre St Marceau.

Je ne sache aucun des officiers des vieux Regiments pour les recrues estant tous presque alés a leurs charges de peur destre cassés et ceux qui ny sont alés se cachant de moy[41].

Je trouve bon que Mr le Prince face le Regiment de 1500 homes quil demande[42].

Il est très a propos que M de la Mailleroye meyne la noblesse en la fason que me le mandés puisque W de Longueville ny va pas[43].

Japrouve la proposition de ceste nouvelle fason de cavalerie pour servir en alemagne pour le non que on leur doit donner je suis bien empesché a en trouver un je y penseroy un peu[44].

Je vous prie que desque il sera venu des nouvelles de Tibaut de me les faire savoir pour moster linquiétude ou je suis de ce combat[45].

Kerœl a exécuté mon ordre pour le prince de marsilac[46] et marquis dotefort ils sont partis ce màtin.

Je vous envoye ceton auquel jay donné ordre de faire le mesme comandement a ceux qui sont encore a Paris et ausy darester Tavanes que on ma dit estre a Paris et le mettre a la Bastille si vous le jugés ainsi a propos[47].

Il a pris ceste après diné une grosse fièvre a Mr Boutilier et Mr Bouvart dit quil est pour avoir une grande maladie. Il a voulu aler a la victoire ou il est a présent[48] vous vous pouvés asurer que Mr Bouvart en aura tout le soin qui se poura.

Zamet[49] m'a dit que Mr Servien luy vouloit donner un enfant de Paris pour ensegne je luy ay commandé de ne le prendre pas et de choisir une personne de comandement. Louis.

Depuis ce mémoire escrit jay pensé quil est a propos que le chevalier du guet senqueste doucement si ces Mn qui auront reseu comandement de se retirer ches eux lauront exécuté et en cas quils ne layent fait les faire metre a la Bastille pour leur aprendre a obéir. — (Ibid., fol. 112 et 113.) — (Original.) (Ibid., 1635, juillet et août, fol. 288.) — (Copie.)

 

Nous ferons remarquer que Louis XIII eut seul l'initiative dans cette dernière affaire. Richelieu ne s'en mêla nullement, et aucun des documents émanant de lui n'indique qu'il ait pesé d'une façon quelconque sur la volonté royale. Louis XIII agit seul et avec la plus grande rigueur. Pour punir quelques indiscrétions qui l'atteignaient dans son orgueil, mais qui pouvaient aussi, en semant la défiance, décourager la nation et arrêter l'effort qu'elle tentait à l'extérieur, il exile des gentilshommes qui avaient fait leur devoir sur le champ de bataille, et fait enfermer à la Bastille ceux qui ne lui obéissent pas assez rapidement.

 

De Chantilly ce premier Aoust 1635.

Je trouve tres a propos ce que vous proposés pour Gasion et Bideran je voudrois que nous eusions beaucoup de gens pareils[50].

Le Prince Virtemberg qui est icy ma bailé un mémoire que je vous envoye dans ce paquet je croy quil luy faudroit faire donner quelque chose.

Je suis en grande impatiance de savoir la vérité de la dernière nouvelle de ce combat le croy que la nouvelle de Diepe se trouvera la plus vray[51]. M Boutilier ce, portoit un peu mieux ier au ssir mais ceste nuit luy a esté très mauvaise a se que ma dit Mr Bouvart. Je me réjouis de vostre bonne santé et prie le bon Dieu vous la vouloir conserver ausy longtemps que je la désire. Louis.

(En marge.) Jatens le Jeune avec impatiance. M. Boutilier me vint icy voir qui ce porte bien Dieu mercy. LOUIS. — (Ibid., t. V, fol. 114.) — (Original.)

 

Du 6 Aoust 1635.

Jay fait loger aujourduy la compagnie du chevalier de St Simon avec les autres cômes vous me le mandés[52].

Japrouve extresmement de faire lever cette nouvelle cavalerie aux lieux ou vous me mandés, c'est pour quoy vous y envoyeres un gentilome pour faire choix des personnes les plus capables a cet amploy[53].

Je suis très ayse que la pansée vous soit venue de faire comprendre le gouvernement daunix avec celuy de Brouage et des Iles car aymant le marechal de Brese comme je fais je seroy toujours très ayse de faire du bien a son fils[54].

Jay pris cette nuit une médecine qui ma fait très grand bien.

Jay fait asoir mon frère au cercle lequel en a esté ravy et dit a tout le monde le contentement quil a de la fason de quoy je vis avec luy.

Japrens par ce gentillome de M Dangoulesme[55] que le duc Charles est vers mirecourt je le trouve bien avancé dans la loraine[56]. — (Ibid., fol. 116.) — (Original.)

 

Du 10 Aoust 1635[57].

Quince[58] mest venu trouver qui ma dit quil a 100 ou 120 chevaux de 100 escus pièce jay eu une pensée la desus quil vous fera entendre ausi bien avons nous assés de Dragons, laquelle pensée si vous la trouvés a propos vous la ferés exécuter, on en pouroit faire de mesme aux autres Regiments.

Me Darcour[59] ma prié pour que je escrivisse a Me le garde des Seaux ce que jay fait pour son évocation, ledit Me le garde des seaux vous en parlera si test chose que je puisse faire enjustice jen seroy bien ayse, sinon je men remets a vous et a M. le garde des Seaux den faire corne vous le jugerés a propos.

M de Bullion a reduit la garnison de Bar a 6 monstres qui est trop peu il la faudroit faire mettre a 8. Louis. — (Ibid., fol.117.) — (Original.) — (Ibid., 1635, juillet et août, fol. 289.) — (Copie.)

 

Mon cousin[60], si nous nusions esté si proche de la feste[61] je feuse alé des demain a Ecouan pour me rendre lundy a Ruel[62] mais ce sera pour jeudy[63] ou je reseuvroy toujours avec joye et contentement vos bons conseils men estant trop bien trouvé par le passé pour ne les pas suivre a la venir en tout et par tout eiime jay fait jusques icy vous vous pourés asurer que si jay eu jusques a ceste heure de l'afection pour vous que a lavenir elle augmentera toujours et nauroy point de plus grande joye que quand je vous la pouroy tesmœgner atendant quoy je prieroy le bon Dieu de tout mon cœur quit vous donne une santé parfaite avec une longue vie et vous tienne toujours en sa saincte sarde. Louis. A Chantilly ce xj Aoust 1635 a 8 heures du soir. (Ibid., t. V, fol. 118.) — (Original.) — (Ibid., t. 37, fol. 290.) — (Copie.)

 

Nous ne voulons rien ajouter à la lettre qui précède. Elle suffit à indiquer combien les véritables rapports de Louis XIII et de Richelieu ont été différents de ceux que leur a attribués la haine de quelques-uns de leurs contemporains. Si, comme on l'a dit, le successeur d'Henri IV n'a jamais aimé son ministre, il a, en bous cas, fort bien caché ses sentiments, puisque, jusqu'à ce moment, nous l'avons toujours trouvé donnant, en toute occasion, à Richelieu des preuves d'un attachement profond et d'une tendresse qui ne s'est jamais démentie. Nous le verrons tenir une conduite semblable jusqu'à la mort du cardinal et jamais nous n'aurons à constater la moindre défaillance dans les sentiments de Louis XIII à l'égard du grand ministre. La lettre que nous venons de donner est un véritable programme auquel le roi est toujours resté fidèle.

 

De lonzième aoust 1635.

Je suis bien ayse davoir seu vostre guérison plustost que vostre maladie car elle meust mis extresmement en peine je loue le bon Dieu de quoy ce nest rien[64]

Cest très bien fait davoir pourveu aux vivres de larmée de Mr Dangoulesme car sans cela elle ne pouvoit subsister[65].

Jay mis en marge de vostre mémoire des absans ceux que je croy mériter estre cassés et ausi ceux qui sont malades ou retournés à leurs charges[66]

Japrouve le projet de ceste nouvelle cavalerie le principal est de la lever promptement[67]. — (Ibid., t. V, fol. 420.) — (Original.) — (Ibid., 1635, juillet et août, fol. 291.) — (Copie.)

 

(12 août 1635.)[68]

On ne pouvoit faire mieux que denvoyer Argencourt et du Chatelet[69] a Chaalons pour refiler ces brigades je croy que sans cela Mr Conte[70] et Mr de Longueville y eusent esté bien ampeschés.

Je vous renvoye lordonnance contre les oficiers absans laquelle jay signée, elle est un peu rude mais aux extresmes maux il faut destresmes remèdes.

Mon frère dit lautre jour a St Simon en partant dicy que dans quelque temps il me vouloit demander de faire un Regiment de mil chevaux ceque je ne trouve nulement a propos ny pour vostre seureté ny pour la mienne. — (Ibid., t. V, fol. 119.) — (Original.) — (Ibid., 1635, juillet et août, fol. 291.) — (Copie.)

 

(19) Aoust 1635[71].

Comme je montois a cheval le comte de Tresme[72] ma fait veoir une lettre du Sr de Blerencourt[73] son frère qui lui escrit quun gentilUme venu de Callays a perronne la asseuré que le fort de Squin avoyt esté repris par les francois ou il y avoyt eu quatre cent espagnols de tuer et des nostres que cent cinquante un cappitaine et un ensegne qui est la confit-men de lautre nouvelle[74]. — (Ibid., t. V, fol. 121.) — (Original.)

 

Du 20 Aoust 1635.

Il ne se peut rien adjouter aux ordres que vous avés donnés pour la champagne tant a Vobecourt que a Arpajon il ne faut que les faire exécuter promtement[75].

Vous donerés les ordres necessaires aux troisième corps qui doit marcher avec moy de se randre a Joinville au lieu de Langres ou toutes les troupes ont leur rendés vous.

Se souvenir de mander les 200 gardes du corps qui sont avec Mr de Chaulnes parce que si ils sont dans le boulonois il ne me pouront plus ratraper[76].

Le Halier[77] ma dit quil avoit visité toutes les pièces de baterie de la citadelle de Metz et que ils estoient toutes éventées cest pourquoy s'il faut faire le siége de cirg[78] il en faudra prendre alieurs pour celles de nancy elles seront de 40 livres de hales par conséquent trop difficiles a mener, il faut savoir de bone heure du lieutenant de l'artilerie ou on en poura prendre aux lieux les plus proches de Metz et si il y en a à Moyenvie et Marsal en estat de tirer.

Les mineurs liégeois sont avec le cardinal de la valette[79] cest pourquoy il faut avertir le petit de Serre qui est a paris de se tenir prest et de chercher des ouvriers pour les mines

Je parleroy au marquis de Nelle si il vient icy ainsi que vous me le mandés. Parlés a Mr de Bulion pour envoyier fons avec moy pour la monstre des nouvelles compagnies des gardes a mesure quils arriveront.

Launoy mescrit de Picardie que aux gens darmes de Mrs de Chaulnes et Soyecourt il ny a que 29 maistres a chaque compagnie.

Giroy coucher mercredy a livry pour me randre jeudi a Noisy a la maison de hl' Coulon a une heure après midy vous feres trouver vos compagnies au bac a brie jeudy a midy du costé dudit Noisy[80].

Madame de Loraine[81] se plaint fort du traitement mauvais quelle reçoit de Mr de Bulion pour sa pension je luy en ay escrit vous luy en dirés encore un mot. LOUIS. — (Ibid., fol. 123.) — (Original.)

 

De Chantilly, ce 22 Aoust 1635.

Vous aprendrés par les depesches que porte Beaumont come le fort de Squin n'est point pris ny esperent de le prendre de tout cet iver, ce porteur dit que si le prince dorange eut voulu ils eussent battu les enemis plus de 4 fois depuis la bataille et que cest une honte de voir la peur quil a de tout.

Je trouve très a propos que mes 200 gardes demeurent avec Mr de Chaulnes afin quil nest point dexcuse. LOUIS. — (Ibid., fol. 125.) — (Original.)

 

Du 25 aoust 1635, à Monceaux[82].

Jay veu les nonces auquels jay parlé suivant vostre mémoire et encore un peu plus sec sur la faire du mariage de mon frère ensuite ils montparlé pour faire faire response a mon ambassadeur sur la faire de Jerushalem je leur ay dit que je le ferois[83].

M de Tresme mest venu dire cette après dîner que Bourdonoy lui avait dit de me dire que un presidant de Paris lavoit chargé de me faire savoir que si je sortois le Royaume je courois fortune de la vie il me semble que il seroit bon que vous envoyiariés querir Bourdonné pour savoir de lui qui est le Président et parler en suite au Présidant pour savoir ce que cest et eclercir un peu cette afaire.

Les nouvelles que vous me mandés dalemagne sont très bones je ne parlerov de la faire de pologne[84] a personne

Mr de St Luc[85] vient dariver pour me parler encore de ce capitaine je luy répondroy si sec quil ny reviendra plus une autre fois.

Come je fermois cette lettre St Simon ma dit quil avoit envoyié querir bourdonné et lui avoit mandé de venir icy bien instruit de la faire. LOUIS. — (Ibid., fol. 126.) — (Original.) — (Ibid., 1635, juillet et août, fol. 331.) — (Copie.)

 

Mon cousin[86], je suis au désespoir de la promptitude que jeus hier a vous escrire le billet sur le sujet de mon voyage, je vous prie de le vouloir bruler et oublier en mesme temps ce quil contenoit et croire que comme je nay eu dessein de vous fascher en rien je nauroy jamais autre pensée que de suivre vos bons avis en toutes choses ponctuellement. Je vous prie encore une fois de vouloir oublier... et mescrivés par ce porteur que vous ny pensés plus pour me mettre lesprit en repos et vous asseurés que je nauroy point de contentement que, je ne vous puisse encore tesmoigner lextresme affection que Jay pour vous, qui durera jusques a la mort. Priant le bon Dieu de tout mon cœur qui vous tienne en sa saincte garde. A Monceaux, ce 2 septembre 1635. — (Imprimée. — Recueil d'Aubéry, t. II, p. 792. — Idem. Le Vassor, Histoire de Louis XIII, t. VIII, 2e partie, p. 86. — Idem. Le Père Griffet, Histoire de Louis XIII, t. II, p. 612.)

 

Cette lettre révèle l'existence d'un différend entre Louis XIII et son ministre. Jusqu'à ce moment, on l'a vu, nous n'avons jamais eu à constater la moindre altération dans les sentiments affectueux du roi à l'égard du cardinal. Nous ne pouvons donc croire que ce différend ait été profond et ait fait courir le moindre danger à l'autorité de Richelieu. La forme et les termes de la lettre d'excuse du roi, que nous venons de donner, suffiraient seuls à nous confirmer dans cette opinion, si l'étude de cet incident ne nous démontrait combien on en a exagéré la portée.

Le savant éditeur des Papiers de Richelieu, qui, sur tant de points de son grand ouvrage, a fait preuve de perspicacité et de sincérité impartiale, s'est évidemment laissé entraîner ici par l'admiration, le respect, nous pourrions même dire l'affection, que l'étude de l'œuvre de l'immortel ministre lui a inspirée pour celui-ci. Il a cru entrevoir qu'à l'occasion du voyage de Louis XIII en Lorraine, de 1635, un profond dissentiment s'était élevé entre Richelieu et le roi, qui, lassé du despotisme du cardinal, lui aurait fait durement sentir qu'il était le maître. Nous l'avons déjà dit, on n'étudie pas aussi profondément la vie d'un homme tel que Richelieu, sans arriver fatalement à partager ses désirs, ses joies, ses craintes, ses souffrances, sans s'identifier, en quelque sorte, avec lui. M. Avenel, qui, depuis plus de trente ans, vit[87] dans un commerce constant avec le grand ministre, s'est pénétré de son esprit, et nous ne nous étonnons pas qu'il ait partagé les appréhensions qu'a inspirées à Richelieu un mouvement d'impatience de Louis XIII. Comme Richelieu, M. Avenel a lu les lettres du roi et celles des fidèles du cardinal, qui, placés par celui-ci auprès de Louis XIII, rendaient compte chaque jour au ministre des sentiments exprimés par le roi. Comme Richelieu, et le premier après lui, M. Avenel a pu suivre pas à pas toutes les phases de cet incident ; mais, égaré par les mêmes soupçons, il a partagé les mêmes craintes. Comme Richelieu, il a cru que Louis XIII avait voulu imposer violemment, et sans raison, sa volonté à son ministre. En étudiant à notre tour, et sans parti pris, cette affaire ; en nous souvenant seulement des mille preuves d'affection données, jusqu'à ce moment, par Louis XIII au cardinal, et en nous servant des mêmes documents que M. Avenel, nous arriverons à une conclusion complètement contraire à la sienne, conclusion que nous ne désespérons cependant pas de voir adopter par le patient et si consciencieux éditeur des papiers du grand ministre.

Pourquoi Louis XIII voulait-il aller se mettre à la tête de ses armées de Lorraine en 1635, et pourquoi Richelieu essaya-t-il un moment de détourner le roi de cette résolution ? Voilà, selon nous, les premières questions qu'il était nécessaire de se poser pour étudier cet incident, et pourtant M. Avenel les a complètement laissées de côté. Richelieu, dit-il seulement, souffrant plus que de coutume des maladies dont il souffrait toujours, ne pouvait accompagner Louis XIII à l'armée de Lorraine, où ce prince avait résolu de se rendre, espérant rétablir les affaires, qui là. ne succédaient pas à son gré. Craignant de laisser un instant le roi hors de sa tutelle, il était fort inquiet de le voir aller à l'armée sans lui, et voulut s'opposer au désir dans lequel le roi s'obstinait. Selon son habitude, il ne s'y opposait pas ouvertement ; mais de ses objections indirectes surgissaient mille inconvénients. Louis XIII, qui s'aperçut de la manœuvre du cardinal, fut profondément blessé ; comme tous les caractères faibles, il laissait voir sa mauvaise humeur, à défaut d'une ferme volonté, et il semblait céder aux insinuations de son ministre, mais de si mauvaise grâce, que celui-ci eut peur de le pousser à bout, et finit par lui permettre — c'est presque le mot propre — d'aller commander son armée[88]. Nous le demandons, sont-ce là des mobiles véritablement dignes d'hommes tels que Richelieu et Louis XIII, et peut-on expliquer, d'un côté, par des craintes puériles, de l'autre, par une obstination timide et sotte, ce fait isolé de la vie de ces deux personnages ? Peut-on croire que le roi de France ait tenu absolument à aller prendre lui-même le commandement de l'armée qui luttait contre l'Allemagne, uniquement parce que le premier désir qu'il avait exprimé à cet égard avait été combattu par son ministre ; et peut-on supposer que celui-ci ait voulu empêcher ce voyage parce que, ne pouvant accompagner le roi, il craignait de perdre son autorité dans l'État, si le roi s'éloignait seul ? Tous deux obéissaient à des considérations d'une plus haute portée. Et d'abord, comment admettre que Richelieu ait craint de voir son maître s'éloigner sans lui ? Le cardinal n'était-il pas resté seul durant de longs mois, au siège de la Rochelle, pendant que Louis XIII, revenu à Paris, était entouré des ennemis de son ministre ? Est-ce qu'en 1630, Richelieu n'était pas resté isolé devant l'ennemi, à deux reprises différentes : au commencement de la campagne et au mois d'août, avant la grande maladie du roi à Lyon ? Est-ce que maintes fois le cardinal n'avait pas été séparé de Louis XIII ? Pourquoi aurait-il redouté cette séparation en 1635 plutôt qu'à toute autre époque ?

Si Louis XIII tenait tant à partir pour la Lorraine, c'est que jusqu'alors il avait toujours commandé lui-même ses armées, et dans toutes ses campagnes, à l'ouest comme dans le midi de la France, en Italie comme en Lorraine, il avait vu le succès accompagner ses pas, et les desseins conçus par son ministre, puis adoptés par lui, réussir complètement.

Et voilà qu'en 1635, au moment où la grande lutte préparée depuis si longtemps vient de commencer, ses troupes, que, pour la première fois, il ne commande pas en personne, sont obligées de reculer, humiliées, devant un ennemi plus habile et plus puissant, Pour la première fois, une entreprise à laquelle il a, ainsi que Richelieu, apporté tous ses soins, échoue misérablement par l'incurie des généraux auxquels il en a confié la direction. Après une campagne désastreuse, l'armée française revient des Pays-Bas, décimée, désorganisée et presque anéantie par les fatigues inutiles dont elle a été accablée. Il faut à l'honneur français une revanche éclatante et immédiate ; mais les seules armées qui restent en campagne sont en Lorraine, où, tantôt battues et tantôt victorieuses, elles demeurent à grand'peine immobiles au milieu des conquêtes faites par le roi en 1633. Louis XIII, que cette situation désespère profondément, se souvient de ses succès passés, et ne doute pas que sa présence, animant ses soldats, ne leur permette de relever rapidement la réputation des armes françaises. Il veut partir pour la Lorraine, et son ministre, entrant tout d'abord dans ses vues, donne un autre objet aux préparatifs qui se faisaient à Châlons, et y organise un corps d'armée destiné à être commandé directement par le roi. Celui-ci devait, de plus, diriger toutes les opérations des autres généraux qui commandaient en Lorraine. Pendant tout le mois d'août, Richelieu prépare ce corps d'armée ; mais il s'aperçoit que ses plans, toujours si lumineux, et dans lesquels il prévoyait tous les incidents qui pouvaient se produire, s'exécutaient cette fois difficilement. Il préparait tout sur le papier, et rien ne s'organisait en réalité. Cela lui fit redouter de ne pouvoir donner à Louis XIII une armée digne de lui ; et, connaissant l'impatience et l'amour de la gloire qui caractérisaient son maitre, il craignit de compromettre la réputation de celui-ci, en lui laissant prendre prématurément le commandement de l'armée qui se réunissait à Châlons. C'est ce motif qui, joint aux alarmes que lui causait la mauvaise santé de Louis XIII, porta Richelieu à présenter au roi, vers le milieu d'août, quelques observations sur le voyage qu'il allait entreprendre. Il le supplia de retarder son départ pendant quelque temps. Ces observations ne furent pas accueillies par Louis XIII, qui était plus impatient que jamais d'aller diriger les opérations de son armée ; mais elles ne laissèrent dans son esprit aucune rancune contre le cardinal, puisque, le 23 août, il signait à Noisy un pouvoir donné à Richelieu pour commander, en l'absence du roi, en la ville de Paris, File de France, la Picardie, la Normandie et pays voisins[89]. Le ministre était d'ailleurs déjà revenu sur ses appréhensions. Il comprenait les raisons qui portaient Louis XIII à vouloir, quand même, entreprendre son voyage. Le 24 août, écrivant au comte de Soissons, il lui disait : ..... La présence du roi dans son armée, où il s'acheminera dans trois ou quatre jours, sera capable d'exciter les plus lents[90]. Dans le même temps, il offrait à Louis XIII, à l'occasion de son départ, un cheval de guerre d'un grand prix. Le 24 août, Saint-Simon écrivait à Richelieu pour lui apprendre comment le roi avait accueilli ce don. Je me suis acquitté, dit-il, du commandement de Vostre Éminence, ayant présenté vostre barbe au roy, que Sa Majesté a trouvé sy beau qu'elle vous en veut remercier ellemesme. Nous luy ferons bonne cherre dans son écurie et en aurons grand soing, venant de Vostre Éminence[91]. On voit que le roi ne paraissait pas, le 24 août, ressentir une colère bien grande contre Richelieu. La lettre de Louis XIII, datée du 25 août, que nous avons donnée, ne contient non plus aucun reproche à l'adresse du cardinal. Or, celle dont le roi s'excuse, le 2 septembre, avait été écrite la veille, ter septembre. C'est donc entre le 25 août et le 1er septembre qu'il nous faut chercher les raisons de la colère subite, mais passagère, de Louis XIII à l'égard de son ministre.

Le roy, écrit à Richelieu le surintendant Bouthillier, le ter septembre, à trois heures de l'après-midi, le roy se plaint à M. de la Meleraye que les 100 chevaux d'artillerie du train qui doit suivre Sa Majesté ne sont pas encore levés ; quoyque M. de la Meleraye lui promette, sur sa teste, que le train seroit à Chambéry[92] vendredy[93], il laisse pas de dire que son voyage se retarde et qu'on luy tourne son voyage à honte et à desplaysir. Je confesse, Monseigneur, que je ne sçay a quoy attribuer ce changement que je trouve du blanc au noir depuis les advis que le roy eust avant hier au soir, trois heures après que le sieur de Crouzilles fut party. J'ay dit tout ce que je debvois là dessus à Sa Majesté, particulièrement sur ce qu'elle estime que vous n'approuviés pas ce voyage ; elle dit que sy cela estoit, vous luy eussiés faict très grand plaisir de luy dire corne elle vous en conjura à Ruel, vous protestant qu'elle ne vouloit faire que ce que vous approuveriés en cela et en toute autre chose[94]. Nous voilà donc enfin sur la voie. Le mécontentement de Louis XIII est causé par le retard d'une troupe qui doit l'accompagner ; et comme, à ce moment, il se souvient sans doute des observations que lui a présentées Richelieu au sujet du voyage en Lorraine, il croit que le cardinal a persisté dans son opinion ; il le rend responsable de ce retard, et lui écrit coup sur coup deux lettres pleines de reproches. Qu'on lise cette nouvelle missive de Bouthillier, adressée le 2 septembre à Richelieu, et l'on verra que Louis XIII ne fut guidé que par une humeur passagère, en écrivant les lettres du 1er septembre, et qu'il n'y avait chez lui aucune animosité profonde et durable contre le cardinal. L'inquiétude du roi, dit le surintendant, vient de ce que Sa Majesté ne reçoit point de nouvelles de M. du Hallier, ce qui luy faict croire que les troupes qu'elle doibt avoir ne s'avancent pas ; à cela elle ajoute que les cent chevaux d'artillerie ne sont pas encore pretz, pas mesme levez... De sorte que n'ayant pas les troupes qui la doivent accompagner, elle ne sçaura que devenir. Voilà eif somme ce qui tient l'esprit de Sa Majesté en échec, joinct qu'elle attend avec impatience vos. sentiments sur ce qu'elle doibt agir... Je n'ay pas manqué de dire à Sa Majesté qu'au moindre petit séjour à Châlons ou à Vitry tout se rendroit à son contentement, à quoy elle ma dict qu'elle ny vouloit pas arrester, estant les lieux du monde où elle s'ennuyoit le plus, et que partant d'icy, elle entendoit marcher incessamment jusques à ce qu'elle fust en lieu pour entreprendre quelque chose selon que Vostre Eminence lui manderoit et qu'elle attend avec impatience... Sa Majesté appréhende maintenant que Vostre Éminence soit en colère sur ce qu'elle vous escrivit hier. Au nom de Dieu, Monseigneur, sy vous avez desjà faict quelque response qui luy puisse donner cette créance, trouvés bon que je la retienne, sy le courrier me parle le premier, ou, sy Vostre Éminence a donné quelque ordre à mon fils, capable de donner la mesme impression, trouvés bon que nous l'accommodions selon que nous jugerons que vous le commanderiés sy vous sçaviés tout ce que dessus, que le roy me dit hier à neuf heures du soir[95].

L'intention de Bouthillier était excellente ; mais il n'y avait rien à changer dans la réponse du cardinal, car elle était ce qu'elle devait être, pleine de dignité. Richelieu se voit accusé d'être l'auteur des retards des corps qui doivent marcher sous les ordres du roi. Il se contente, tout d'abord, de protester qu'il a fait tous ses efforts pour hâter l'arrivée des troupes destinées à suivre Louis XIII ; puis il continue : Jay au commencement esté contraire au voyage de Vostre Majesté, craignant que sa santé et son impatience naturelle, dont, par sa bonté, elle s'accuse elle-mesme quelquefois, ne le requissent pas ; mais, m'ayant fait sçavoir par diverses personnes qu'elle désiroit faire ce voyage, me l'ayant témoigné elle-mesme et asseuré que sa santé estoit bonne, et que tant s'en fault qu'elle en peust recevoir préjudice, l'ennui de n'y aller pas la pourroit plus tôt altérer, jy ay consenty de très-bon cœur, et rècogneu, comme je fais encore, que si Votre Majesté peut se garantir de ses ennuis et inquiétudes ordinaires, ce voyage apportera beaucoup d'avantages à ses affaires... je la conjure, au nom de Dieu, de se résoudre de faire gaiement son voyage et ne se fascher pas de mille choses de peu de conséquence qui ne seront pas exécutées au temps et au point qu'elle le désireroit, tenant pour certain qu'il ny a que Dieu qui puisse empescher pareils inconvénients[96]... C'est pour répondre à son ministre, que Louis XIII lui adressa, le 2 septembre, la lettre que nous donnons plus haut. Le roi, en écrivant à Richelieu, était sous l'impression des sentiments qu'il avait exprimés à Bouthillier ; il regrettait sa vivacité de la veille, et priait son ministre de brûler et d'oublier les lettres dont il avait pu être blessé. Celui-ci, plein de reconnaissance pour un maître qui le traitait avec tant d'affection, lui répond aussitôt pour le remercier avec effusion et expliquer de nouveau sa conduite. Le grand désir, lui dit-il, que vous avés de continuer à acquérir de l'honneur et de la gloire par les armes m'a fait consentir à vostre voyage, comme je fais encore... Pourtant il estime que le roi devrait différer son départ jusqu'à ce que toutes les troupes fussent complètement assemblées. Il supplie de nouveau Louis XIII de ne s'ennuyer point, de ne se fascher poinct contre soy-mesme, de croire que ses serviteurs ne sçauroit l'estre des promptitudes qui lui peuvent arriver. Je la puis asseurer, dit-il, que je me sens extraordinairement obligé de la lettre qu'il lui a pieu m'escrire sur sadite promptitude, et que sy elle m'avoit outragé, ce qu'elle ne fit jamais, par sa bonté, les termes en sont si obligeants, que la satisfaction, sy on peut user de ces mots en parlant d'un grand roy, surpasseroit de beaucoup l'offense. La lettre dont vous vous plaignez ne blesse en aucune façon vos serviteurs, et la dernière les oblige grandement[97]... Il est tellement vrai qu'en dernier lieu, Richelieu ne s'est en aucune façon opposé au voyage du roi, que, vers la fin d'août, il écrivait à Louis XIII pour l'engager à partir le plus tôt possible. Je seroy toujours très fasché, lui dit-il, de n'estre pas en estat de suivre Vostre Majesté en ses voyages ; mais jamais je ne luy conseilleray pour cela de s'abstenir d'entreprendre ceux qu'elle estimera lui estre utiles ; ainsy au contraire dès cette heure, je prends la hardiesse de luy dire qu'elle les doit faire, et que tandis qu'elle travaillera d'un costé, je ne dormiray pas de l'aultre pour son service[98]... Et le 2 septembre, après avoir reçu les deux lettres de reproches du roi, Richelieu écrit à Chavigny : Vous estes fidèle tesmoin que, quand vous fustes la première fois à Monceaux, vostre voyage alloit à une autre fin — que d'empêcher le départ du roi — ; toutes les lettres que jay escrites depuis ont eu la mesme visée ; vostre voyage maintenant n'est que pour monstrer la nécessité qu'il y a d'aller[99]...

Le cardinal avait absolument raison de supplier Louis XIII d'attendre, pour partir, la réunion complète des troupes destinées à l'accompagner, car, quelques jours après, les mêmes causes ramènent les mêmes soupçons dans l'esprit du roi. L'administration militaire est si mal organisée que les préparatifs sont très-lents, et Louis XIII croit voir de nouveau, dans tous ces retards qui l'impatientent, la main de son ministre. Le roy, écrit Bouthillier au cardinal, le 6 septembre, revient à sa première pensée que vous n'avés pas approuvé son voyage et que vous le voulés réduire à ne le faire pas... Je luy ay dit tout ce qui m'a esté possible et M. le Premier[100] aussy, lequel depuis deux jours Sa Majesté a appelé en tiers... Après tout cela, le roy nous a protesté que s'il estoit question de se jeter au feu pour vous, il le feroit, et ensuite Sa Majesté m'a commandé de dire qu'elle partiroit lundy prochain pour ChasteauThierry. Plust à Dieu que pour deux jours Ruel fust transporté au Bois-le-Vicomte et queVostre Éminence eust assez de santé pour venir voir le roy avant qu'il partist d'icy. Sa Majesté auroit très-grand besoin de ceste visite[101]. Louis XIII se trompait. A cette époque, Richelieu était si loin de s'opposer au voyage du roi qu'il reconnaissait lui-même, dans une lettre écrite à Bouthillier, le 7 septembre, que les fautes commises en Lorraine et en Champagne, par les généraux et les agents français, rendaient le voyage du roy plus nécessaire que jamais. Sa puissance, ajoutait-il, remédiera à pareils inconvénients, et son ombre donnera plus d'effroy aux ennemis que l'effect de ceux qui ne savent pas bien user de ses armes[102]. Que résulte-t-il de toutes ces lettres et documents qui sont, nous le répétons, les seuls qu'ait employés M. Avenel dans la longue noté[103] où il donne tant de portée à cet incident ?

Rien que par le simple rapprochement des faits que nous n'avons ni atténués, ni grossis, ni dénaturés, nous avons, croyons-nous, établi qu'il n'y a eu entre le roi et son ministre qu'un malentendu passager. Louis XIII, en rendant Richelieu responsable des retards d'une administration encore incomplètement organisée, et en donnant pour cause à ces retards une intention systématique, une opposition calculée de la part de Richelieu, se trompait ; mais, même au moment où il a conçu ce soupçon, il n'a pas eu contre le cardinal une animosité profonde, car, même dans cette hypothèse, il était persuadé que son ministre, bien qu'en désaccord avec lui, agissait dans le seul intérêt de l'État. S'il lui a écrit les deux lettres un peu vives du 1er septembre, lettres qu'il regretta d'ailleurs promptement, et qu'il pria Richelieu de considérer comme non avenues, c'est parce que, le croyant contraire au voyage en Lorraine, il s'impatientait d'une divergence d'opinion de nature à lui inspirer des doutes sérieux sur l'opportunité do ce voyage. Au fond la divergence n'était pas aussi profonde que le supposait Louis XIII. La vérité est que Richelieu se trouvait, sur ce point, dans une grande perplexité. Les nombreuses citations que nous venons de faire établissent qu'à cet égard, il a changé plusieurs fois d'avis, mais qu'il n'a jamais eu d'arrière-pensée.

Loin de pouvoir être opposé à nos conclusions, cet incident les fortifie, et c'est pour cela que nous l'avons longuement exposé. Il montre, en effet, la grande part qu'avait Louis XIII à la direction des choses de l'État et l'obstination louable avec laquelle il défendait et faisait prévaloir ses idées quand elles lui semblaient justes. Il prouve, en outre, qu'aucun nuage durable ne pouvait s'élever entre le roi et son ministre, et que jamais leur affection sincère n'a été atteinte par les divergences dans les opinions. On a donc eu tort d'appliquer le mot de despotisme à leurs rapports. Entre ces deux grands personnages, il n'y a jamais eu domination despotique de l'un sur l'autre, mais une noble émulation d'efforts parfois distincts, le plus souvent combinés et tournant tous à l'avantage de la chose publique.

 

Mon cousin, ce porteur qui est conseiler au parlement de Mets qui vient de Nancy vous dira des nouvelles de ce pais la il vous parlera de la faire de Riquet de quoy vous avés deja ouy parler a du Hemel vous feres en ceste a faire ce que vous jugerés a propos cependant je prieroy le bon Dieu de tout mon cœur qu'il vous tienne en sa sainte garde. LOUIS. A Monceaux, ce 5 septembre 1635 a 2 heures apres midy. (Arch. des aff. étrang., France, t. V, fol. 130.) — (Original.)

 

Mon cousin[104], je suis très fasché d'estre contraint de vous escrire qu'il ny a a St Disier ny trésorier ni munitionnaire et que toutes les troupes qui y sont sur le point de se débander si il ny est pourvu promtement, pour moy sans cela je ny oserois aler a cause des crieries et plaintes que jauroy de tous costés a quoy je ne pouroy remédier. LOUIS. A Monceaux, ce 9 septembre 1635[105]. — (Ibid., fol. 133.) — (Original.) — (Ibid., 1635, quatre derniers mois, fol. 54.) — (Copie.)

 

Il nous semble que les termes de ces deux lettres ne montrent pas que Louis XIII ressentît une bien grande colère contre son ministre, à cette époque. Dans la dernière, il ne lui adresse aucun reproche, mais se contente seulement de l'informer de l'avis qu'il a reçu de la situation de Saint-Dizier. Nous ne pouvons guère nous étonner de l'ennui que le roi paraît ressentir du désordre qui existe dans l'administration, au moment où il va entrer en campagne. D'ailleurs la situation dont Louis XIII se plaint et informe Richelieu était si peu le fait de celui-ci, que le surlendemain 11 septembre, en répondant au roi, le cardinal lui disait qu'il s'étonnait des nouvelles qu'il en recevait, ayant envoyé, dès le 3 août, le trésorier et l'argent destinés à Saint-Dizier, ainsi que les commis nécessaires à l'administration[106].

 

(12 ou 13 septembre 1635)[107].

Nous avons avis de tous costés que le duc Charles s'est retiré fort malade de Ramberviliers a un chasteau nome fougerolles qui est auprès de Plombières et na amené avec luy que 200 chevaux pour sa garde ayant laisé tout le reste a Jean de Wert[108] au dit Remberviliers. — (Ibid., t. V, fol. 136.) — (Original.)

 

Mon cousin, je croy que Mr Boutilier vous aura mandé ce matin les nouvelles que nous avons de Mrs Dangoulesme et la Force il arivé a St Disier trois comis des vivres jespère que ils feront leur devoir, bourbonne a encor retenu 2 compagnies de chevaux légers et 2 de Dragons disant quit en a ordre de Paris ce que je ne croy pas il est si décrié et si bray par tout que test une chose estrange et ne se sert des dites troupes que pour venger ses animosités et ne fait aucun mal aux ennemis[109]. Le tourier qui vous portera ceste dépesche a la langue bonne si vous le voulés escouter il vous dira force nouvelles je suis bien fasché d'estre si long temps icy sans rien faire mais ny ayant trouvé ni argent ny troupes ny vivres je ne me suis voulu avancer sans tout cela[110] je partiroy lundy si je me porte bien[111] come je lespére jay eu un peu de goute cette nuit a cause dune petite purgation que je pris ler qui a esmeu les humeurs tout cela ne sera rien sil plaist au bon Dieu jatans le Jeune et la Meileraye avec impatiance[112] je vous recommande vostre santé et davoir bien soin de vous moyenant quoy tout ira bien. Je finiroy cette lettre en vous asurant de mon affection qui sera telle que vous la pouvés désirer. LOUIS. A Chaalons, ce 15 septembre 1635, a neuf heures du matin. — (Ibid., fol. 134.) — (Original.)

 

On le voit, dans la même lettre où Louis XIII se plaint des résultats d'une administration mal organisée, il montre qu'il ne croit nullement son ministre coupable de ces mauvais résultats. Il témoigne, au contraire, avoir dans son habileté et son dévouement une confiance absolue. Si votre santé est bonne, lui dit-il, tout ira bien. Il nous semble que ce n'est pas là le langage d'un despote, imposant arbitrairement sa volonté à un homme de génie ; ce n'est pas là non plus le langage d'un roi subissant avec impatience et chagrin la domination de son ministre.

 

Du 16 septembre 1635, a Chaalons.

Je suis contraint de demeurer encore demain icy tant a cause du pain que lon fait à Vitry qui ne sera prest que mardy au soir que aussi nous atandons ma garde qui nest encore revenue dauprès de Mr Dangoulesme. Le Reste du convov de ligny doit partir demain pour Nancy, il en part un autre dicy et de Vitry qui va à Bar atendre que je sols a St Disier pour leur d6ner escorte[113].

La Chapelle de Charleville mande que 1.500 croates et 2.000 hommes de pied qui viennent de l'armée des espagne ont passé la Sambre et vont vers la frontière de picardie ledit La Chapelle dit aussi quil n'y a nule troupes dans le Luxembourg jattans charost demain ou mardy qui nous en a dira plus de nouvelles.

Grenelle qui est mon page a reseu une lettre de son frère qui est revenu de Flandres — auquel la Reyne ma mère avoit fait retirer ses livrées parce qu'il parloit trop a lavantage des françois — qui le prie de la part de Meigneux sa tante de me demander un passeport pour elle pour se retirer thés ses seurs en picardie a cause du mauvais traitement qu'elle ressoit de Chanteloup[114] lacusant d'avoir esté vostre espionne et la mienne luy faisant ensuite tout le mal quil peut jay creu ne luy pouvoir refuser cette grâce à cause de 1 ancienne cognoissance et que jay cru queyous ne ratifiés désagréable[115].

Joy esté contraint de prendre encor aujourdhuy médecine le ventre mayant toujours boufé depuis que je me suis senti de la soute quoy que jaye pris 4 petits remèdes cela ny faisoit rien jespère que ce sera la dernière pour ce mois je ne me sans plus dutout depuis ier de la goute.

Jattans avec impatience des nouvelles de Mr Dangoulesme. LOUIS. — (Ibid., fol. 122.) — (Original.)

 

Mon cousin, ne voulant perdre aucune occasion de vous escrire jay trouvé celle de ce porteur qui est ensegne du Regiment Liégeois de Renin qui est a Longhouy, ils ont fait quelque petite défaite quit vous dira ou a celuy a qui vous comanderés de lentendre si vous ne luy voulés parler nous navons encore nulle nouvelle de Mr Dangoulesme M. Boutilier vous envoye des lettres de Vobecourt que nous venons de recevoir test pourquoy je ne vous, en parleroy pas davantage seulement vous asureroyje de la continuation de mon affection qui durera jusques a la mort et je prieroy. le bon Dieu de tout mon cœur qu'il vous tienne en sa sainte garde. Louis. A Chaalons, ce 16 septembre 1635, a cinq heures du soir.

Je mestonne que la mellerais nest encore arivé il nous manque bien icy je vous prie si il nest party de le faire haster. — (Ibid., fol. 137.) — (Original.)

 

22 septembre 1635.

Mon cousin, je vous écris ce mot pour vous dire que la voiture est à Vitry et quelle arivera demain a midy icy. Les 50 mil écus en pistoles vindrent ier vous le dirés à M. de Bulion[116] et que je suis bien contant de luy je suis très satisfait du jeune et vous puis asurer que il me soulage extresmement et travaille jour et nuit, je me porte bien grâces au bon Dieu lequel je prieray vous vouloir tenir toujours en sa saincte garde. LOUIS. — (Ibid., fol. 138.) — (Original.)

 

De St Disier[117], ce 22 septembre 1635.

Depuis ma lettre escritte M. Gobelin[118] a escrit à M. le garde des seaux que ceux de St Nicollas pour exenter 7 ou 8 de leurs habitans destre pandu — pour avoir assisté les lorains a tuer les chevaux du convoy[119] — lui ont ofert 100 mil livres[120] quil a acceptées et luy ont donné bonnes et sufisantes causions pour cela quil a envoyées a Nancy jay esté davis que lesdits sans mil livres on en retint X mil pour donner aux veuves de ceux qui ont esté tués en chariant les bleds et a ceux qui ont perdus leurs chevaux et le reste je lemploie a faire acheter des chevaux dans l'armée qui y sont a bon marché pour servir aux veuves[121] notre avant garde part demain et moy après demain[122]. LOUIS. — (Ibid., fol. 139.) — (Original.)

 

Du 23 septembre 1635.

Mr le conte est parti ce matin pour aller à Bar[123] il savancera on suitte vers St Miel[124] je partiroy demain pour ledit bar ou jattendroy nouvelles si ceux de St Miel seront si mauvois quils disent

Joy dit un mot a M bouttilier dun discours que me fit ier le conte de Carmail[125] lequel je luy ay comandé de vous escrire je voy que son dessain est de tirer les choses en longueur ce que jenpecheroy autant que je pourroy[126] pour Mr le conte il a bonne volonté et fait ce qu'il  peut je lavertis ier que il estoit trop rude à la noblesse qui sen plaint un peu

Il est parti un convoy de Ligny pour nancy qui y est à ceste heure ayant 4 cens chevaux escorte.

Mr boutilier vous escrit tordre que jay donné pour lesdits convois si vous y trouvés quelque chose de manque mandés le moy jy donneroy ordre. LOUIS. — (Ibid., fol. 140.) — (Original.)

 

Le même jour où Louis XIII adressait cette lettre à Richelieu, celui-ci, écrivant à Léon Bouthillier, pour lui donner son avis sur les affaires, lui disait, entre autres choses, que : Sa Majesté pouvait juger, par ce qui arrivait en ses armées en estant proche, ce que ce seroit sy elle n'y estoit pas[127]. Cette phrase n'achève-t-elle pas de prouver, ce que nous avons déjà établi plus haut, que Richelieu n'a jamais été systématiquement opposé à la présence du roi au milieu de ses armées ?

 

27 septembre 1635.

Mon cousin, vous saurés par Mr Boutilier les nouvelles que nous avons eue du card. de la Valette, il vous mande ausy le secours que je luy envoye lequel je souhaite ariver a devant quil y est eu conbat[128], pour ce qui est des afaires de deca Mr le Conte me manda quil avoit envoyé 800 chevaux et 400 dragons querir le canon a Verdun je luy lis response que je tenois lescorte trop foible Lemont[129] estant vers... Chasteau[130] qui nest que a 3 lieues de St Miel et quil faloit envoyer 2 mil homes de pied et 1500 chevaux audevantjusques audela de Tilly sur meuze pour azurer le convoy, Mr le Conte voyant ma lettre y est alé luy mesme avec 2300 chevaux et 9 mil homes de pied et 2 petittes pièces et a laissé Vobecourt barricadé dans cœur[131] avec 8 cens chevaux et 2 mil homes de pied et tout le bagage je pensois aler demain a St Miel mais jatandroy que le canon soit venu, il arive demain icy le Regiment de Me le Prince lequel a 200 homes plus que son nombre et encore les compagnies Danguin qui restoit à Langres, jatans ausy samedy la noblesse de touraine et M Bruan avec celle de Poitou[132].

Nos afaires sont un peu embrouillées mais jespère avec laide du bon Dieu et vos avis que nous viendrons a bout de tout[133]. LOUIS. — (Ibid., fol. 141.) — (Original.)

 

3 octobre 1635.

Mon cousin, je vous escrivis ier[134] au soir la capitulation je vous escris aujourdhuy cime les gardes y sont entrés sans nul désordre par les soins de la Mellerais, la ville est ausy paisible que si elle navoit point été assiégée[135] jenvoye demain a Mandre aux 4 tours[136] 2000 homes de pied et 8 cens chevaux et 2 canons le tout comandé par le conte de Carmain je croy qu'ils ne tiendront pas je vous envoye un contrôle de nostre armée lequel est au vray a cavalerie est très bonne et l'infanterie fort mauvoise, je fmiroy celle cy en vous assurant de la continuation de mon affection priant le bon Dieu de tout mon cœur qu'il vous tienne en sa saincte garde. Louis. Au camp de Cœur, ce 3 octobre 1635, a 2 heures après midy. — (Ibid., fol. 142.) — (Original.)

 

A St Disier, ce 8 Octobre.

Mon cousin, depuis la lettre que je vous ay escrite par le marquis de Coalin[137] jay rallié quelque 900 gentillomes de ceux qui cestoient desbaudés lesquels mont tous cloné leur parolle de servir jusques a la St Martin il sen peut estre alé 80 (sur) neuf cens[138] jay fait un estat par estimation de ce qui reste lequel vous verrés dans lestat des troupes Mr de la Melleraye en doit faire la revue aujourdhuy laquelle il menvoyera je ne manqueroy de vous la faire tenir promtement je vous envoye une relation dune entreprise sur longouy celuy qui la aportée aseure que Lemont a passé la Moselle a Cirq et est alé joindre galasse a Vodrenange et que Mr levesque de Verdun[139] fait une armée mais elle nest encore que en papier le chevalier de lorraine fils de madame du Halier[140] est lieutenant colonel de son Regiment de fason que ce Regiment ne sera comandé que par un Evesque et par le fils d'un autre il faudroit que tous les soldats fussent batards de moines et Chanoines et que labé de Chaily en fut lomonier pour rendre le Regiment parfait. Mr de Cossé ma mandé que ceux détain se sont rendus et quil le va faire raser. LOUIS. (Ibid., fol. 143.) — (Original.)

 

A St Disier, ce 8 Octobre 1635, a 8 heures du soir.

Depuis ma lettre escritte 2 de mes chevaux légers qui estoient demeurés malades derrière mont asuré avoir trouvé deux bandes de noblesse de Poitou qui se retirent en gros lune de 90 et lautre de 60 qui leur disent que tout le reste suivoit après cbme ceux ci leur voulurent dire qu'ils avoient tort de se retirer de la fason ils leur répondirent en jurant Dieu que si ils parloient davantage quils leur feroient une mauvois party. — (Ibid., fol. 144.) — (Original.)

 

Selon son habitude, Louis XIII parle froidement des choses qui l'atteignent le plus profondément. Mais Richelieu, qui connaissait bien son maître, et qui savait démêler les sentiments qu'il cachait sous de froides apparences, ne s'y trompait pas, puisque le 10, répondant à cette lettre, il disait à Louis XIII, pour le consoler un peu des chagrins qu'il devinait : Sire, je ne saurois assez plaindre Vostre Majesté dans le desplaisir qu'elle a de la légèreté des François. Si je l'en pouvois soulager par ma vie, je ferois de très bon-cœur[141].

 

Du X octobre 1635, a 6 heures du soir.

Le courrier de Mr Dangoulesme dit que larmée a pris le logement de St Nicolas ce que W Dangoulesme ne mande point il dit ausy que la cavalerie du duc de Veimar est venu loger à Luneville ce que je ne croy pas[142] il dit ausy que le bruit court dans larmée que le duc Charles a quitté son camp et quil sen va vers Remiremont pour faire des courses dans la bourgogne jay voulu vous mander tout ce que desus bien que je ny adjoute pas grand foy.

Je vous avois mandé que Sourdis sen étoit alé il est encor icy. LOUIS.

Je oubliois a vous dire que de 900 prisonniers que j'avois donné à Mr le garde des Seaux avec telles escortes qui ma demandé les provos en ont laisé sauver 600 et nen reste plus que 260 de quoy je suis très fasché tous les chefs que javois baillé en garde aux compagnies de mes gardes y sont encor tous je les envoye demain a Chalons avec bonne escorte[143]. (Ibid., fol. 146 et 147.) (Original.)

 

Mon cousin, jay fait la dépesche a Messrs Dangoulesme et la force suivant vostre mémoire nous verrons ce qui feront, le ranfort que je leur ay envoyé par Mr de la Mellerais les doit joindre demain, ces volontaires que je vous avois mandé estre alés a Paris ce sont ravisés les uns sont demeurés icy et les autres sont alés a larmée apres la honte que je leur ay faite destres demeurés icy, les Suisses joignent aujourdui le cardinal de la Valette a pont a mousson on ne vous peut rien mander dasure ou est galasse. Le cardinal de la Valette mande de Metz quil retourne vers Harau et le duc Bernard mande quil savance vers la Seille pour sejoindre au duc charles des que nous eh aprendrons quelque chose je ne manqueroy de vous en donner avis prontement je vous prie envoyier a Chaalons 6 milliers de poudre menue grenu parce que il ny en a pas un grain pour charger de dis toux. Je vous diroy que,je me porte tres bien de ma médecine graces au bon Dieu lequel je prie vous vouloir toujours tenir en sa saincte garde. LOUIS. A St Disier, ce 12 octobre 1635.

Mr de Tremes et le conte de Carmain décrient les afaires tant quils peuvent et crient la paix publiquement[144]. — (Ibid., fol. 448.) — (Original.) — (Ibid., 1635, quatre derniers mois, fol. 276.) — (Copie.)

 

Mon cousin, je vous envoye dans ce paquet les lettres que je viens de resevoir de larmée par la court Dargy il vous dira cUme le duc Charles a quitté Rembervilliers et est alé joindre galas et ou ils sont logés a présant les logis que nostre armée a pris et la licence que les généraux demandent de donner bataille je nay voulu lui &mer résolution de ma teste sur ce dernier point cest pourquoi je vous le renvoye il vous dira forces autres particularités de ce pais la sur quoy me remettant je finiroy en vous murant de la continuation de mon affection et prieroy le bon Dieu de tout mon cœur qu'il vous tienne en sa saincte garde. Lotus. A Vieux maisson, ce 20 octobre 1635[145], a une heure apres midy.

La Court est arive 3 heures après que Me Boutilier a esté parti.

Le Conte de Carmail commence à. discourir a son ordinaire sur cette jonction Galas je lu y doneray beau jeu pour le faire parler. — (Ibid., t. V, fol. 149.) — (Original.)

 

On a déjà pu remarquer ce singulier trait de caractère de Louis XIII, qui écoutait toujours avec faveur ceux qui accusaient le cardinal, et les poussait même dans cette voie, pour les perdre ensuite. En cette occasion il ne dissimula pas longtemps, car, dès son arrivée à Saint-Germain, il fit enfermer de nouveau à la Bastille ce comte de Cramail, qui pendant toute la campagne n'avait cessé d'entraver ses desseins et ceux de son ministre. Le 23 août, Richelieu annonçait fort laconiquement au cardinal de la Valette le dénouement significatif des intrigues du comte de Cramail. Le roy, dit-il, arriva hier en ce lieu ; il a envoyé le comte de Cramail à la Bastille parce qu'il étoit de ceux qui désiroient le ralentissement de ses affaires[146].

 

Du 26 octobre 1635.

Il ny a rien a adjouter au mémoire[147] que vous menvoyates ier par labé de St Mars.

M. de Nouveau me vient de dire quil a avis que le cardinal Enfant est alé a cologne voir le roy de Hongrie. Vous verres ci desoubs les compagnies que je désire qui reviennent de holande, Desche, Beauregard, Guiche, St Simon, pont de courlay, Brouilly, Domon, lenoncourt, pour le reste je men remets a vous.

Jay eu un peu de goute cette nuit a cette heure jay fort peu de douleur, le nonce barbe carrée me doit venir voir demain matin si il y a quelque chose a lui dire vous me le ferés savoir[148]. LOUIS. — (Ibid., fol. 450.) — (Original.)

 

Dans l'intervalle des deux lettres qui précèdent, Louis XIII était arrivé à Saint-Germain. L'état encore peu avancé de l'organisation de l'armée, mille cabales soulevées autour de lui par tous ceux qui voulaient mettre à. profit, pour l'attaquer, l'absence du cardinal, retenu à. Paris par ses infirmités, et surtout l'approche de l'hiver avaient déterminé Louis XIII à quitter la Lorraine. Son tempérament actif, son humeur impatiente et son vif désir d'acquérir de la gloire, s'accommodaient d'ailleurs fort mal de la lenteur des opérations militaires. Dès son arrivée en Lorraine, il avait eu à terminer la formation du corps d'armée qui devait agir directement sous ses ordres, puis il avait dirigé les opérations du siège de Saint-Mihiel. Ses facultés ayant ainsi trouvé leur emploi, la mélancolie qui l'assiégeait toujours lorsqu'il était inactif, n'était pas venue l'abattre. Mais, en octobre, les armées prenaient leurs quartiers d'hiver ; tout dans les camps se préparait au repos. Louis XIII ne pouvait accepter le genre de vie qu'une telle situation lui aurait imposé. Il était venu en Lorraine pour acquérir de la gloire et relever l'honneur des armes françaises rudement entamé par la désastreuse campagne des Pays-Bas. Ce n'eût pas été atteindre ce but que de demeurer inactif dans une garnison de Lorraine ou de Champagne. Il se décida donc au retour. Son voyage en Lorraine n'avait pas été d'ailleurs sans produire certains résultats. Il avait hâté par sa présence l'arrivée des troupes et la formation de l'armée ; excité l'émulation des généraux auxquels il avait imprimé une unité d'action qui faisait défaut jusque-là. Il avait réuni de l'argent, donné un but aux opérations, dominé les cabales, refréné les compétitions excessives. Il pouvait, il devait revenir à Paris. Tout était prêt pour recommencer la lutte l'année suivante.

 

François de Baradat, qui, vers 1625, était devenu le favori de Louis XIII, avait vu sa faveur s'accroître rapidement. Nommé d'abord premier écuyer et premier gentilhomme de la chambre, il devint aussi bientôt capitaine du château de Saint-Germain et lieutenant général en Champagne. Mais cette grande fortune dura peu et une disgrâce aussi rapide que son élévation vint atteindre le premier écuyer. Sa vanité causa sa perte. Rempli d'orgueil, il crut avoir assez de crédit auprès de Louis XIII pour attaquer Richelieu et essayer de le supplanter. Comme tant d'autres, il échoua dans cette entreprise. Dès que Louis XIII reconnut en lui un ennemi de son ministre, il lui enleva ses places et l'éloigna de sa personne. Richelieu, qui avait pourtant tout intérêt à se débarrasser d'un adversaire vivant aussi près du roi, affirme, dans ses Mémoires, qu'il a retardé l'éloignement de Baradat[149]. Si étonnante que soit cette assertion, elle parait cependant confirmée par une lettre que celui-ci adressait au cardinal le 30 janvier 1627, deux mois après avoir été renvoyé de la cour, et dans laquelle l'ancien favori suppliait le ministre d'intercéder, pour lui auprès du roi et d'en obtenir quelques adoucissements à sa disgrâce[150]. Baradat méritait d'ailleurs d'être moins mal traité que beaucoup d'autres conspirateurs. Il aimait sincèrement son pays et était profondément dévoué au roi. Aussi ne vit-on pas ce favori agir, après sa disgrâce, comme tant d'autres Français qui, oubliant leurs devoirs pour ne se souvenir que de leurs rancunes, ne craignaient pas de combattre la France sous des drapeaux étrangers.

Louis XIII s'était contenté d'éloigner Baradat de la cour et ne l'avait pas banni de France, comme semble le croire M. Avenel[151]. Sauf pendant le temps où il avait assisté aux campagnes d'Allemagne, du vivant de Gustave-Adolphe, et à la guerre d'Italie, en 1630, durant laquelle il s'était fort bien comporté, l'ancien favori avait peu quitté ses terres, lorsqu'en 1635, une occasion inespérée de revenir à la cour s'offrit à lui. Monglat seul rapporte ce fait, mais comme son récit est confirmé sur plusieurs points par la lettre que nous donnons plus loin, nous n'hésitons pas à le reproduire en entier. A son retour de Lorraine, raconte Montglat, le roi coucha dans un château nommé Baye, proche de Damery, où demeuroit Baradat, qui avoit été autrefois son favori, et après sa disgrâce avoit été en Allemagne servir l'empereur sous le Valstein et de là s'étoit jeté dans Casal, pour acquérir de l'honneur, lorsqu'il fut assiégé par les Espagnols. Or le roi avoit toujours conservé une inclination naturelle pour lui ; ce qui donna la hardiesse à Baradat de lui faire dire qu'il étoit bien malheureux d'être le seul de la province qui fût privé de l'honneur de lui faire la révérence. Le roi demanda aussitôt combien il y avoit de là chez lui, et, ayant su qu'il n'y avoit pas loin, il dit qu'il le vouloit voir et qu'il vint le lendemain à son lever. Il ne manqua pas de s'y trouver, et il fut fort' bien reçu de Sa Majesté. Cette vue réveillant l'ancienne amitié que le roi avoit eue pour lui, fit que, tant qu'il y fut, ce prince ne parla qu'à lui et ne regarda plus les autres, et même il lui permit de le suivre à Saint-Germain : ce qu'il fit. Mais le cardinal, qui étoit à Ruel, l'ayant appris, en prit l'alarme et résolut de couper racine à cette faveur renaissante, prenant le roi sur le point d'honneur, en lui représentant qu'ayant laissé Saint-Simon en Lorraine pour commander la cavalerie pour son service, il n'étoit pas juste, en son absence, de rappeler son rival qui se vantoit déjà de reprendre sa place. Ces remontrances eurent tant d'effet que les portes commencèrent à lui être fermées, et les huissiers eurent ordre de les lui refuser ; dont s'étant voulu expliquer avec le roi, il eut le soir même commandement de s'en retourner chez lui, avec défense de plus revenir à la cour[152]. Nous ne savons si les dernières assertions de Montglat sont exactes et nous serions plutôt portés à en douter. La nouvelle disgrâce de Baradat tint sans doute à son rapprochement avec Mlle de Hautefort dont à ce moment Louis XIII s'était déjà éloigné. Cette liaison de Baradat et de la fille d'honneur d'Anne d'Autriche parait avoir échappé à M. Cousin[153]. Quelque éphémère qu'elle ait été, elle n'en a pas moins existé, ainsi que le prouve la lettre suivante.

Nous inclinons à croire que Louis XIII avait rappelé Baradat à la cour afin de lui faire équiper un régiment pour la campagne prochaine. On va voir qu'en effet Baradat refusait d'organiser ce régiment, ce qui ne s'accorde pas trop avec l'affirmation de M. Avenel, qui déclare que Louis XIII donna à son ex-favori l'autorisation de reformer son ancien régiment[154]. Or une permission accordée suppose une demande faite, et nous verrons plus loin que Baradat ne parait pas avoir formulé le désir que M. Avenel lui attribue. Ajoutons que tout ceci s'est passé en 1635 et non en 1636, comme l'a cru le savant éditeur des Papiers de Richelieu.

 

Du 29 octobre 1835.

Baradat ne veut point refaire son régiment disant quil ne le peut sans se ruiner entièrement,

La noblesse de Bourgogne qui est a St Miiel demande son congé a la St Martin il y a trois mois entiers quils servent sans avoir fait aucune plainte je croy quil leur faut doner autrement ils le prendront[155].

Bourdonné demande le fons pour la monstre de 3 compnies daucmentation de son regt lesquelles sont arrivées dans larmée de M. dangoulesme avec 80 homes chacune et 300 homes de recrue pour les vielles,

Lucas[156] vous menera un home lequel a toujours doné de bons avis tant que jay esté en boraine lequel propose de faire atraper le baron des Salles et faire surprendre Veselise vaudemont[157] et un austre chasteau lesquels sont tous plains de bleds vous le feres parler a qui vous voudrés.

Pour nouvelles dicy Baradat est amoureux Delotefort[158] et elle en dit tous les biens du monde jatans M. de Bulion et Boutilier qui me doivent venir voir aujourduy.

Je me porte très bien et serois bien gailart sans limpatiance ou je suis daprendre des nouvelles de vostre arivée et la peur que jay de la confession[159]. — LOUIS.

Je viens de resevoir un mémoire que celuy qui est gondrecourt — qui est petit garson — escrit a Montaient lequel je vous envoye came ausy une lettre de M. de Baraut[160] laquelle il mescrit.

Depuis ma lettre escrite .jay apris que depuis que je fus sorty de chés la reyne ier au soir elle se mit sus les louanges de Baradat plus de demie heure durant. — (Ibid., fol. 151.) — (Original.)

 

De St Germain en laye, ce 4 novembre 1635.

Rembure a demandé congé pour deux jours pour me venir voir ce que je luy ay acordé pour ce temps la seulement.

Les gardes du corps qui sont en Picardie reduits a47 demendent ce quils ont a faire nayant pas un sol.

Je vous envoye une lettre du marli de Vitry lequel propose de reprendre les îles St Honorat et l'autre que les Espagnols tiennent.

Je me porte bien grace au bon Dieu je suis très content du père gorden. — Louis.

(Et en marge.) Je vous envoye par la chenaye[161] des fruits de Versaile desquels vous ferez faire lessai devant que den manger come ausi de tout ce que je vous envoyeroy[162]. — (Ibid., fol. 153.) — (Original.)

 

Le 13 septembre précédent, une flotte espagnole, composée de vingt-deux galères, cinq vaisseaux et quelques chaloupes armées, était venue attaquer l'île Sainte-Marguerite dont les défenseurs, trop peu nombreux pour pouvoir lutter longtemps, s'étaient rendus après vingt-quatre heures de résistance. Les Espagnols s'étaient emparés ensuite facilement de l'île Saint-Honorat.

On ne donna pas suite immédiatement aux propositions du maréchal de Vitry, alors gouverneur de Provence ; mais, en juillet 1636, une flotte française, commandée par l'archevêque de Bordeaux, Henri de Sourdis, se présenta devant les îles pour les attaquer. Divers incidents retardèrent le commencement des opérations jusqu'à la fin de mars 1637. Les îles ne furent définitivement délivrées de la présence de l'étranger que le 15 mai suivant, jour où les derniers soldats espagnols abandonnèrent l'île Saint-Honorat.

 

Ce 8 novembre 1635.

Jay pris cette nuit 2 petits remèdes qui mont fait déboufer le ventre et mis en parfaicte santé, je men va voler a 2 lieues dicy.

Je vous envoye la lettre de St Simon que je reseus ier en sortant de chés vous[163] avec un mémoire des forces de galas et du duc chartes je vous prie me renvoyer la lettre,

Jai songé cette nuit sur la nésesité darmes ou nous somes que il y en doit avoir grande quantité dans la Loraine de tous ses regts nouveaux qui se sont débandés et quil seroit a propos de les faire chercher tant pour sen servir que pour les ôter aux enemis qui en ont encore plus a faire que nous,

Il y en doit avoir a St Miel des Regts qui se sont débandés de quoy armer nos hiimes pour le moins armes toutes neuves, au Pont a Mousson et Toul autant, il faudroit senquerir aux mestres de camp qui sont encore dans larmée ou ils les ont laisé et les faire ramaser a Toul Nancy Bar et autres villes les plus proches pour en faire magasin, celle de St Miel seront bien a Bar. LOUIS. — (Ibid., fol. 154.) — (Original.)

 

Du 10e Novembre 1635.

Je viens de resevoir nouvelles de M. de Vignolles[164] lequel est a Soisons avec les Regts de St Luc, lengeron St Aubin Biscarra[165] et 5 compnies dalemans qui font onze cens homes et les compnies de chevaux légers de Villequier granule lignière fois bouliers contreuille.

Dromeny heily et du bec lequel[166] demande ce quil a a faire le porteur de cette lettre est aide de camp qui est venu de sa part, je vas envoyer lutas a Sourdis pour lafaire de Baradat.

Nogent ma dit que vous désiriés un oizeau de poin jen avois un fort bon qui mourut avant ier lequel je vous aurés envoyé a leure mesme jay mis des gens en campagne pour en trouver sil se peut.

Je vous recomande davoir soin de vostre santé plusque vous navés fait. — LOUIS. — (Ibid., fol. 155.) — (Original.)

 

Du 18 novembre 1635.

Je vous envoye un mémoire que jay receu de St Simon par lequel vous verrés forces nouvelles je vous prie de me le renvoyer quand vous laurés veu[167].

Rembure me mande que il est arivé a Huchy le Chasteau 30 charettes chargées de bateaux et échelles quil ne sait a quel dessain et quil en a donné avis a toutes les places frontières de plus il dit que les enemis asemblent forces troupes alentour pour moy je croy que cest ou pour entreprendre sur Rue[168] ou pour faire un pont sur la Sème pour faire quelque course en France et mesme vers paris avec leur cavalerie voyant quil ny a plus de troupes pour les en empescher partant je ne sais si il est a propos a ceste heure de faire avancer M. de Vignolles vers Langres ny ayant plus denemis a cette frontière[169] et me semble que la cavalerie de Vobecourt qui doit estre logée vers voy[170] sufiroit pour faire des courses vers neuf chasteau et la motte en attendant le passage des convois[171].

Si la cavalerie de holande revient elle est plus que sufisante pour garder cette frontière de Picardie. — (Ibid., fol. 157.) (Original.)

 

Mon cousin, jay pensé que faisant les Regts de Provinces mon cousin le duc depernon pouroit avoir les mesmes prétentions sur eux que sur les vieux Regts ce que je ne puis consentir pour plusieurs raisons je vous escript donc cette lettre pour vous prier de voir avec mon cousin le duc de la Valette[172] si on poura sacomoder avec eux et au cas quil veille tenir ferme je me resoudrois plus tost a ne point faire lesdits regiments de provinces je madresse avoua encore que mondit cousin soit vostre alié sachant bien que vous préférés mon intérêt et le bien de lestat a toutes sortes de choses ledit duc de la Valette ne se peut pas plaindre que je naye pas de confiance en lui puisque je luy en One une marque asés grande au cas que je fasse les regts de provinces en luy donnant celuy de guienne[173] je vous asureroy toujours de la continuation de mon afection et prieroy le bon Dieu de tout mon cœur quil vous tienne en sa ste garde. — LOUIS. A Versaille, ce 21eme novembre 1635. — (Ibid., fol. 158. — (Original.)

 

Mon cousin, dès ausi tost vostre lettre venue jay envoyé querir a paris Brisac je trouve très bon tout ce qui est contenu dans vostre mémoire lequel executer le plus promtement que faire se poura[174].

Je me porte bien grace au bon Dieu et men vois voler le merle je vous recommande davoir tousjours soin de vostre santé. LOUIS. — Versailles, ce 21e novembre 1635. — (Ibid., fol. 159.) — (Original.)

 

Du 29e Novembre 1635.

Je vous prie de menvoyer demain la revue de larmée de Mr de la force que goulard a aportée parce que jay quelque pensée pour remettre ses troupes la, mais je serois bien ayse de voir la revue devant que den parler. — LOUIS.

Il est besoin de faire justice de ceux qui ont rendu haubar lachement[175] je niroy point demain a la chasse. — (Ibid., fol. 203.) — (Original.)

 

Du 1er décembre 1635.

Jay veu la lettre de M. le conte laquelle est remplie de toutes sortes dexcuses vous luy pouvés escrire que je suis satisfait[176].

M. de Bulion ne veut payier le voyage de goulard je vous prie luy en parler de ma part.

Je travailleroy aux projets pour remettre les vieux regiments[177] et vous le porteroy avec les autres de quoy je vous ay parlé dans le mémoire que vous porte goulard. — LOUIS. (Ibid., fol. 204.) — (Original.) — (Ibid., quatre derniers mois de 1635, fol. 511.) — (Copie.)

 

Du 3e décembre 1635.

Jay envoyé a M. Dangoulesme[178].

Je parleroy a M. de Bulion came il faut[179].

Si vous jugés a propos que Si Simon ne soit plus utille alarmée je lui manderoy quil revienne ayant doné ordre pour faire son regs.

Delbène me dit ier que un gentillomme nomé Toury qui demeure près de Chambord sestoit déclaré enemy de mon frère et ensuite avoit dit mille sotises contre luy je croy quil est très apropos de lenvoyier arester plustost que plustard et le mettre a la Bastille ceste afaire touchant extresmement mon frère cela luy tesmoignera laffon que jay pour luy quand il vous verra vous luy dirés que je vous ay escrit avec.chaleur je croy quil faudra que je preigne demain quelque petit remède le ventre comansant a me boufer. — LOUIS. — (Ibid., fol. 205.) — (Original.)

 

Du 4e décembre 1635.

Je vous envoye le mémoire de quoy de vous ay parlé[180].

Nogent vous porte un marcassin que mes chiens prirent ier non pas ceux qui ont la rage je ne vous lenvoyeroy pas.

Cela est bien fascheux que on est laisé sauver les prisonniers de mastric.

Pour Buire je voudrois le faire juger par contumace et faire razer sa maison, jenvoyeroy quérir St Simon ayant doné ordre a son regt[181].

Si ma santé me leut peu permettre jeuse esté à Ruel mais estant dans les remèdes je ne lay osoy faire de peur daccident par les chemins ou il ny a poinct de couvert. — LOUIS. — (Ibid., fol. 211.) — (Original.)

 

Du 7e décembre 1635.

Jattandroy M. le Jeune avec impatiance cestoit bien ma résolution de faire demain ma feste mais je la feroy encore sur ce que me mandés avec la plus grande dévotion qui me sera possible[182]. Vous avés très bien fait descrire a Rembure qui face remplir les compnies de langeron qui sont a Doulans.

Je vous renvoye vostre mémoire dans ce paquet.

Le ventre me boufant tousjours nonobstant plusieurs petits remèdes que jay pris je me suis résolu a prendre ce soir médecine. — (Ibid., fol. 210.) — (Original.)

 

Du 15 décembre 1635.

Jenvoye ce gentillome pour savoir de vos nouvelles ne vous ayant pas trouvé ier en bone santé.

Madame de Rohan demande le gouvernement de Sondrio pour le sieur de St Léger aide de camp je ne sais si à cause de la religion je lui dois donner[183].

Je oublioy de dire a Nogent quand il vous porta le jambon de marcasin que je vous priols den faire faire lamé a quelquun devant que dan manger tome ausi de tout ce que je vous envoye par les uns et par les autres.

Je me porte fort bien Dieu mercy, je vas mener mon frère voler le merle a la forest. — LOUIS.

Il y a icy des peres recolets qui mont parlé pour la Terre Sis et mont dit que cestoit le père Josef qui me les envoyioit, vous verrés ce quel faudra faire en cette afaire avec ledit père josef. — (Ibid., fol. 212.) — (Original.)

 

De Paris, ce 19e décembre, a 6 heures du soir, 1635[184].

M. Servien me vient de parler dune depeche a M. le conte pour entrer dans le comté de Bourgogne et par ce moyen jetter des vivres dans Colmar et Selestadt je luy ay dit de vous dire que je désirerois vous voir avant que cette depeche partit[185] je vous ay voulu escrire cecy de peur quil ne vous dit autrement que ce que je luy ay dit ou quil nadjoutat quelque chose a la vérité. LOUIS. — (Ibid., fol. 213.) — (Original.) — (Ibid., 1635, quatre derniers mois, fol. 542.) — (Copie.)

 

La lettre qui précède semble écrite pour expliquer tous les malentendus qui ont pu exister entre Louis XIII et Richelieu. Elle démontre bien, selon nous, que le cardinal, prenant ses craintes pour des réalités, se considérait souvent comme immolé parce que ses ennemis ou des subordonnés trop zélés, dénaturant, selon leurs désirs ou leurs appréhensions, les actes et les paroles de Louis XIII, en faisaient chaque fois sortir de nouvelles preuves de la prétendue disgrâce de Richelieu. Louis XIII savait combien son ministre s'abattait rapidement, il savait qu'il acceptait plus facilement les suggestions de la crainte que celles de la raison, lorsqu'il s'agissait de l'autorité dont il était dépositaire ; aussi le roi ne négligeait-il aucune occasion de prévenir la naissance du moindre soupçon. Pour arriver à ce but qu'il n'atteignait pas toujours, Louis XIII accablait le cardinal de prévenances, comblait tous ses désirs, veillait sur sa santé, l'entourait enfin de toute sa sollicitude. Il lui montrait à tout instant et à tout propos l'affection qu'il ressentait pour lui et ne souhaitait que la tranquillité de son esprit, sachant bien que lorsque Richelieu avait l'esprit libre de toute crainte, leurs communs desseins étaient poursuivis avec toute l'ampleur et la ténacité nécessaires.

 

De St Germain, ce 27 décembre 1635.

Jay fait parler à M. de Limoge qui fera tout ce quil faut pour mon afaire[186].

Quelques capitaines dinfanterie mont averti que pourveu que on donast la 7enle monstres aux officiers que pour les soldats ils nen auroit pas besoin et que on sen pouvoit servir pour la première de janvier je croy que vous ferés plaisir a M. de Billion de luy doner cet avis.

Jay eu une pensée pour faire mener les bleds qui sont à Toul à Nancy_ qui est de se servir des chariots des Suède en les payant come les autres leur cartier diver nest que a dix lieues de Toul le plus loin tous ceux qui viennent de larmée masurent que ils en ont plus de 12 cens ce seroit pour mener une belle voiture a Nancy[187] il en faudroit faire faire la proposition au duc Bernard[188], M. de la force mescrit quil se faut hater de pourvoir a Selestadt et Colmar et quil en envoye un mémoire, je croy que test a M. Servien. — LOUIS.

Il est ausy temps de penser aux recrues[189]. Bourdonné demande 20 compnies corne les autres[190] la tour fait la mesme demande jay remis la capacité de celuy a qui jay doné labaye de Vierson sur la conscrance de M. de Chartre[191] je voudrois pour moster tout scrupule qui menvoyast un certificat du colege ou il est corne il est capable de la tenir. — Louis.

Come jalois envoyier un gentillome vous porter ce billet Mayolas[192] est venu qui je lay bailé pour vous le porter. — (Ibid., t. V, fol. 160 et 161.) — (Original.)

 

 

 



[1] Cette lettre a déjà été citée en note par M. Avenel, t. IV, p. 654.

[2] Le roi était allé, le 19, à Ruel, voir le cardinal ; la crainte exprimée par le roi semble indiquer un malaise passager de Richelieu. La Gazette, qui parle de cette visite, est muette sur la maladie (V. Gazette du 27 janvier).

[3] La reine arriva à Paris le 22 et le roi le 24 : le cardinal y vint aussi le même jour. Le lendemain il y eut conseil, et le soir on joua un ballet devant Leurs Majestés. Car, dit la Gazette, les divertissements ne retardent point ici les affaires, comme elles n'empêchent point aussi les récréations. (Gazette du 20 janvier 1635.)

[4] Urbain de Maillé, marquis de Brézé, maréchal de France depuis 1632. Il montra en diverses occasions des talents militaires et diplomatiques, mais toujours accompagnés de rudesse et de morgue. Il perdit, en 1635, sa femme, sœur de Richelieu, et mourut lui-même en 1650.

[5] Cette lettre accompagnait évidemment l'expédition et la minute d'une dépêche au maréchal de Brézé. M. Avenel, qui a vu la minute de cette dépêche qui donne la date du 31 janvier (V. Papiers de Richelieu, t. IV, p. 818). L'expédition chiffrée ne dut pourtant partir que quelques jours plus tard, puisque Louis XIII en parle ici dans une lettre du 1er février.

[6] Philippsbourg, dont le gouverneur, Arnauld de Corbeville, était Français, mais dont la garnison était presque entièrement composée d'Allemands, avait été surpris par l'ennemi dans la nuit du 23 au 24 janvier.

[7] Le roi avait quitté Paris le 26 février, pour aller à Senlis. Richelieu, de son côté, était parti de Paris le 27, pour aller habiter Rueil. (V. Gazette du 3 mars 1635.)

[8] Cette lettre est une réponse à un rapport de Richelieu que nous n'avons pas trouvé. Dans un autre, du même jour, le cardinal, parlant de cette affaire de Péronne, demandait l'avis du roi, et celui-ci avait répondu qu'il songeroy a quelquun qui soit propre à la charge que l'on voulait remplir. Prêt à déclarer la guerre à l'Espagne, Louis XIII voulait mettre les places de la frontière du Nord en des mains sûres. Il ne croyait pas pouvoir compter absolument sur le gouverneur de Péronne, M. de Blerancourt, et voulait placer auprès de lui un homme qui serait devenu, en quelque sorte, son surveillant.

[9] Le 12, dit la Gazette, Monsieur arriva en poste de Blois à Paris, dîna, soupa et coucha le lendemain en la maison de son chancelier, d'où il partit le 14 pour aller trouver Sa Majesté, à Chantilly, avec laquelle il soupa ce jour-là, prit tous ses repas le lendemain et en partit hier pour Blois. (Gazette du 17 mars.) C'est Léon Bouthillier qui, le 21 février précédent, avait été nommé chancelier, chef du conseil et surintendant de la maison de Monsieur, (V. Gazette du 3 mars.)

[10] Le 9, dit la Gazette, Monsieur et le prince de Condé arrivèrent à Paris, d'où Monsieur alla aussitôt à Saint-Germain trouver le roi, avec lequel il soupa et dîna le lendemain à Ruel. (Gazette du 14 avril 1635.)

[11] Louis de Béthune, comte de Charost, était le quatrième fils de Philippe de Béthune, frère de Sully. D'abord mestre de camp, puis capitaine des gardes du corps, il était, pour le moment, gouverneur de Stenay. Il fut créé duc de Charost en 1672.

[12] Charles d'Esconbleau, marquis de Sourdis, frère de l'archevêque de Bordeaux, maréchal des camps et armées du roi. Il mourut en 1666.

[13] Voir la lettre du cardinal à Servien, Papiers de Richelieu, t. IV, p. 704.

[14] Cette note classée, en 1634, dans notre manuscrit, et datée, par une main étrangère du 4 août 1634, doit, selon nous, se rapporter à la première quinzaine de mai 1635. A ce moment, la France déclarait enfin la guerre à l'Espagne et dirigeait vers la frontière du nord le corps d'armée de 25.000 fantassins et 5.000 cavaliers, qu'elle s'était engagée à mettre en campagne, par le traité du 8 février précédent, conclu avec la Hollande. En outre, le roi et Richelieu se trouvaient tous deux en Picardie à cette époque.

[15] M. Mignet, Introduction à l'Histoire des négociations relatives à la succession d'Espagne, p. XLIII.

[16] M. Mignet, Introduction à l'Histoire des négociations relatives à la succession d'Espagne, p. II.

[17] Arch. des aff. étrang., Suède, t. III, fol. 333.

[18] Bibliothèque nationale. Fonds Brienne, t. 351, fol. 13. Commission donnée au héraut.

[19] Voir le rapport rédigé pour le roi par le héraut d'armes lui-même. Bibliothèque nationale, Fonds Brienne, t. 351, fol. 15.

[20] V. Gazette de France, n° des 26 et 30 mai 1635.

[21] Papiers de Richelieu, t. V, p. 30.

[22] V. la Gazette du 30 juin, p. 290.

[23] Arch. des aff. étrang., France, 1635, six premiers mois, fol. 546.

[24] Papiers de Richelieu, t. VII, p. 732.

[25] Gazette de France du 16 juin 1635.

[26] Papiers de Richelieu, t. V, p. 921.

[27] Arch. des aff. étrang., France, t. V, fol. 107. (Original.)

[28] Bruillart, abbé de Coursan, avait été envoyé en mission vers le maréchal de la Force et le cardinal de la Valette, comme nous l'apprend le Mémoire que lui donna Richelieu, et les lettres de celui-ci aux deux généraux qui combattaient le duc de Lorraine. (Papiers de Richelieu, t. V, pp. 53 et 920.)

En revenant de sa mission, l'abbé de Coursan alla sans doute trouver tout d'abord le roi, comme l'indique la lettre de Louis XIII au cardinal, car celui-ci ne parle de son retour que dans une lettre adressée à Servien, le 17 juin. (Papiers de Richelieu, t. V, p. 921.)

[29] Le roi fait allusion à la capitulation de Porentruy, dont la Force avait commencé le siège le 10 et qui s'était rendue le 13 juin, ce qui rend le duc Charles, dit la Gazette de France, si mélancolique, qu'il ne fait plus sa barbe et ne s'habille qu'à la négligence ; désespérant lui-même de ses affaires. (Extraordinaire du 25 juin.)

[30] Le même jour, écrivant au roi, Richelieu lui exprimait avec chaleur sa reconnaissance pour les bontés dont il en était comblé. La joye, lui dit-il, qu'il a pleu à Vostre Majesté me tesmoigner avoir de l'alégement de mon mal estant le plus excellent remède que j'eusse peu recevoir pour avancer nia guérison, m est si sensible, que je n'ay point de paroles pour luy en rendre graces aussy dignement que je le désirerois. A ce deffaut je la supplie tres humblement de croire que je ne tiendray jamais ma vie chère que pour l'employer pour son service... etc. (Papiers de Richelieu, t. V, p. 54.)

[31] Cette lettre a déjà été citée par M. Avenel. (Papiers de Richelieu, t. V, p. 59.)

[32] Arch. des aff. étrang., France, t. V, fol. 110.

[33] Gazette de France du 23 juin 1635.

[34] Papiers de Richelieu, t. V, p. 58.

[35] Louis XIII veut-il désigner par là le temps ? Nous ne savons, mais nous le croyons à cause de la forme dubitative du commencement de la phrase. D'ailleurs, quelques années plus tard, dans la Suite du Menteur, Corneille employait la même expression pour désigner le temps ; il n'y aurait donc rien d'étonnant à ce que notre supposition fût vraie. Nous ne savons de quelle nouvelle Louis XIII se félicite.

[36] Papiers de Richelieu, t, V, p. 51.

[37] Il est vrai que, dans le récit laissé par Saint-Simon en dehors de ses Mémoires, et dont nous avons parlé plus haut, le fils du favori de Louis XIII attribue une grande part à son père dans la détermination qui a fait triompher Richelieu le 11 novembre 1630. Mais il faut tenir compte de l'extrême vanité de l'auteur des Mémoires, et des tendances qu'il a toujours eues à grossir son rôle et celui des siens. Au surplus, s'il y avait eu ingratitude chez Richelieu. Saint-Simon aurait certainement vengé son père la plume à la main. On sait avec quelle virulence impitoyable il s'est fait le justicier de tous ceux dont lui ou sa famille avaient eu à se plaindre.

[38] Saint-Léger, gouverneur du Catelet, en Picardie, avait, le 25 juillet 1636, rendu cette place aux Espagnols, sans la défendre. Le conseil ayant jugé nécessaire de le faire arrêter, Saint-Simon le fit prévenir à temps, ce qui lui permit de s'échapper. C'est cette conduite du favori qui avait amené sa disgrâce définitive.

[39] Papiers de Richelieu, t. V, p. 640.

[40] Cette note contient une série de réponses à plusieurs mémoires de Richelieu, qui ont disparu ou du moins qui sont inconnus.

[41] Louis XIII avait signé, le 26 juillet, une ordonnance enjoignant à tous les chefs et conducteurs de gens de guerre de se rendre à leurs postes dans la huitaine, sous peine d'être cassés de leurs grades. (V. la Gazette du 27 juillet.)

[42] Le prince de Condé avait demandé, au commencement de juillet, ainsi que nous l'apprend Richelieu dans une lettre à Bouthillier, l'autorisation de former un régiment de cinq compagnies, destiné à son fils, le duc d'Enghien, qui fut plus tard le Grand Condé, et qui alors n'avait pas encore quatorze ans.

[43] Le 7 juillet, le cardinal avait écrit à M. de Longueville pour l'engager à venir le trouver. Richelieu voulait, comme il le dit, le disposer à s'en aller luy mesme en Normandie quérir la noblesse. (V. Papiers de Richelieu, t. V, p. 95, lettre à Servien.) M. de Longueville ne vint pas ou ne voulut peut-être pas, à ce moment, remplir la mission qu'on lui proposait, puisque, ainsi que l'indique la note du roi, Richelieu avait songé à en charger M. de la Meilleraye, qu'il ne faut pas confondre avec le grand-maître de l'artillerie, Charles de La Porte, marquis de la Meilleraye ; celui-ci était alors avec l'armée française en Flandre ; quant au premier, c'était un simple gentilhomme normand, dont la seigneurie ne fut érigée en marquisat qu'en 1698. Pourtant, le duc de Longueville se ravisa, sans doute, puisque la Gazette du 11 août raconte ceci : Le duc de Longueville ayant fait savoir au sieur de la Meilleraye, lieutenant pour le roi, en Normandie, au comte de Croissy et au marquis de Nouant, l'ordre qu'il avoit du roi de lui ramener la noblesse de Normandie, ils se rendirent le 4 de ce mois, à huit heures du matin, sur les bruyères d'Evreux, en trois brigades, le premier avec 220 maistres, le second avec 250 et le troisième avec 120. Le duc de Longueville est allé de là à Gisors, où il a donné rendez-vous à une partie de la noblesse de la même province.

[44] Richelieu, deus une lettre au roi du 28 juillet (Papiers de Richelieu, t. V, p. 123), était revenu sur la formation d'une nouvelle cavalerie, en proposant de la nommer cavalerie hongroise.

[45] C'est du combat de Vanloo, livré aux Espagnols par les armées alliées, que le roi veut parler. Servien en écrivant, la veille, au cardinal, lui avait annoncé ce combat, et terminait sa lettre ainsi : Demain M. Thibaut m'en doit escrire plus certainement. (Arch. des aff. étrang., France, 1635, juillet et août, fol. 224.) C'est, sans doute, après avoir reçu les nouvelles de ragent français que Richelieu, répondant à Servien, le 30 juillet, lui disait, entre autres choses : Quant au combat que vous mande M. Thibaut, l'affaire, à mon avis, est représentée plus grande qu'elle n'est. (Papiers de Richelieu, t. V, p. 928.)

[46] Qui devint plus tard François VI, duc de la Rochefoucauld ; il fut mêlé à tous les événements de la régence d'Anne d'Autriche, et il est l'auteur des Maximes. Le marquis de Hautefort était le frère de cette belle Marie de Hautefort qui, tout en se laissant aimer par Louis XIII, sut rester l'amie dé' vouée et fidèle de la reine. Ces deux jeunes gens, ainsi que beaucoup d'autres, d'ailleurs, venaient de servir comme volontaires dans l'année des maréchaux de Châtillon et de Brézé, et s'étaient distingués à la bataille d'Avein. Une si heureuse victoire, raconte la Rochefoucauld, donna de la jalousie au prince d'Orange, et mit la dissension entre lui et les maréchaux de Châtillon et de Brézé : au lieu de tirer avantage d'un tel succès et de maintenir sa réputation, il fut piller et brûler Tirlemont, pour décrier les armes du roi et les charger d'une violence si peu nécessaire ; il assiégea Louvain, sans avoir dessein de le prendre, et affoiblit tellement l'armée de France. par les fatigues continuelles et par le manquement de toutes choses, qu'à la fin de la campagne elle ne fut plus en état de retourner seule par le chemin qu'elle avoit tenu, et elle fut contrainte de revenir par mer. Je revins avec ce qu'il y avoit de volontaires, et je leur portai malheur : car nous fûmes tous chassés, sous prétexte qu'on parloit trop librement de ce qui s'étoit passé dans cette campagne ; mais la principale raison fut le plaisir que sentit le roi de faire dépit à la reine et à mademoiselle d'Hautefort en m éloignant de la cour. (Mémoires de la Rochefoucauld, p. 385, col. 1.) On sait qu'en effet Louis XIII, qui s'était peu à peu détaché de mademoiselle de Hautefort, commençait à aimer mademoiselle de la Fayette. Cela permet d'accepter, dans une certaine mesure, l'explication que donne la Rochefoucauld à la conduite du roi ; mais, pour nous, elle n'est pas la seule et la plus importante. Nous croyons que Louis XIII, très-affecté de l'insuccès de la tentative faite sur les possessions espagnoles, en Flandre, était peu satisfait de voir des gentilshommes français, sur le dévouement desquels il voulait pouvoir compter, apprendre à la cour, à la ville, à la France tout entière, les causes de l'échec que la politique française venait de subir dans le nord.

[47] Tavannes ne fut arrêté que le 11 septembre suivant, d'une façon fort curieuse. Etant venu à Paris, ce jour-là, ce gentilhomme alla voir Richelieu, qui lui dit que comme le roi avait l'intention de le mettre à la Bastille, il lui conseillait d y aller de lui-même. Et Tavannes y alla. (V. Papiers de Richelieu, t. V, p. 207.)

[48] Le roi veut parler de l'abbaye de la Victoire, dans le diocèse de Senlis. La maladie de Bouthillier devait être cependant peu importante, puisque Richelieu, écrivant au surintendant des finances, le lendemain, 1er août, lui dit : Un billet de vostre main parle de vostre maladie comme n'estant pas très grande ; et que le 4 août il le félicite de sa convalescence. (V. Papiers de Richelieu, t. V, p. 929.) On peut remarquer, à ce propos, tout l'intérêt que Louis XIII semble porter à ce fidèle serviteur.

[49] Sans doute, Sébastien Zamet, baron de Beauvoir, capitaine-concierge du château de Fontainebleau, mort le 6 septembre 1636. Il était fils de Jean Zamet, mort au siège de Montpellier, en 1622, avec le grade de maréchal de camp.

[50] Gassion, qui avait servi Gustave-Adolphe avec éclat, venait de passer au service de la France. Richelieu avait d'abord songé à profiter des relations qu'il avait eues avec les princes d'Allemagne, du vivant de Gustave-Adolphe, et à le charger d'une mission diplomatique auprès d'eux. Mais ce projet, qui, dans les premiers jours de juillet, avait reçu un commencement d'exécution, ne fut pas réalisé, et ce ne peut être à lui que Louis XIII fait allusion. Peut-être le roi veut-il parler du dessein que Richelieu conçut vers ce temps-là de charger Gassion de défendre les places d'Alsace, occupées par les Français. Le cardinal nous apprend que c'est le maréchal de la Force qui s'opposa à l'exécution de ce projet, en prétextant que les soldats commandés par Gassion étaient trop fatigués, et qu'il fallait, pour cela, des troupes fraîches. (V. une lettre de Richelieu au roi. Papiers de Richelieu, t. V, p. 134.)

[51] On voit combien Louis XIII se préoccupait des nouvelles de l'armée de Flandre. Il sentait fort bien que tout était désespéré de ce côté, et pourtant il espérait encore qu'un revirement de fortune lui permettrait de réaliser le grand programme de conquête qu'il avait rédigé dans le traité conclu avec la Hollande.

[52] Le favori du roi venait de former un régiment des gardes, composé de cinq compagnies. Son titre de chevalier était passé à son frère, depuis qu'au mois de février précédent il avait été lui-même créé duc et pair. Les lettres d'érection de ses terres en duché-pairie avaient été enregistrées au Parlement le 1er février. (V. la Gazette du 3 février 1635.) Dans sa lettre du 28 juillet, Richelieu conseillait au roi de faire loger ses nouvelles compagnies de gardes dans les faubourgs de Paris, ainsi qu'il était d'usage de faire pour les autres. (Papiers de Richelieu, t. V, p. 122.)

[53] C'est la cavalerie hongroise dont nous avons parlé. Le cardinal, dans sa lettre, indiquait au roi le Périgord, le Rouergue et les Cévennes comme pouvant donner les meilleurs cavaliers. Il proposait de former trois régiments de cette cavalerie. (Papiers de Richelieu.)

[54] Lorsqu'il pleut au roi, dit Richelieu dans la même lettre, m'accorder la survivance de Brouage pour le petit Brezé, j'oubliay de faire comprendre l'Aunix, ce qui faict que je supplie maintenant Vostre Majesté de l'avoir agréable, afin que Brouage, l'Aunix et les îles ne soient pas dans diverses mains.

Le commandement que Sa Majesté m'a faict d'user librement en mon endroit, faict que je prens la hardiesse que je fais sur l'assurance que j'ay qu'elle ne le trouvera point mauvais. (Idem.)

[55] Vers le milieu de Juillet, le duc d'Angoulême avait été envoyé en Lorraine pour soulager le maréchal de la Force et partager avec lui le cote-mandement de son armée. Celui-ci-crut, sans doute, à une disgrâce, car, dès l'arrivée du duc d'Angoulême en Lorraine, la Force sollicita un congé oui lui fut refusé. Ce refus fut accompagné de deux lettres du cardinal qui expliquaient au maréchal les véritables raisons de l'envoi de M. d'Angoulême. (V. Papiers de Richelieu, t. V, p. 928.)

[56] Le duc de Lorraine assiégeait, en effet, Mirecourt depuis quelques jours.

[57] Cette lettre a déjà été citée par M. Avenel (t. V, p. 164).

[58] Cet officier avait été chargé de recruter des hommes et des chevaux en Normandie. Le 30 juillet, Richelieu se plaignait à Servien de n'avoir aucune nouvelle de ce Quince, qu'il savait pourtant en Normandie. A la date de notre lettre, il revenait sans doute de remplir sa mission, Quelques jours après il était en Lorraine avec ses dragons.

[59] Henri de Lorraine, comte d'Harcourt, frère cadet du duc d'Elbeuf. Il intentait un procès à sa mère, la duchesse douairière d'Elbeuf, sous prétexte que celle-ci favorisait trop son fils aîné, le duc d'Elbeuf, qui, déclaré rebelle en 1633, avait vu ses biens confisqués et depuis avait refusé de profiter de l'amnistie accordée aux partisans du duc d'Orléans. Le roi évoqua lui-même ce procès, et le termina à l'avantage du comte d'Harcourt, le 20 décembre 1635, dans un lit de justice qu'il vint tenir au Parlement.

[60] Cette lettre a déjà été citée par M. Avenel (t. V, p. 155).

[61] En citant cette phrase, M. Avenel a imprimé la Ferté. Louis XIII avait écrit la feste et parlait de la fête du 15 août. M. Avenel, qui n'a pas eu entre les mains l'original, mais seulement la copie, a pu être trompé par une erreur du copiste.

[62] Comme on le verra par la lettre suivante, Richelieu était indisposé en ce moment ; cela explique pourquoi Louis XIII parait s'excuser de ne pas aller à Rueil.

[63] Le 11 août était un samedi. Le roi alla, en effet, le jeudi suivant à Rueil, avec Monsieur. Louis XIII était arrivé le 15 à Ecouen. En quittant Rueil, le 16, il alla à Argenteuil. (V. la Gazette du 18 et du 25 août).

[64] Nous ne trouvons nulle part trace de ce malaise qui dut être passager.

[65] Nous avons vu plus haut qu'on venait de donner une partie du commandement de l'armée de Lorraine au duc d'Angoulême.

[66] Richelieu renvoyait le lendemain ce mémoire à Servien, pour que celui-ci mit les noms des officiers déserteurs dans l'ordonnance, qui devait être envoyée aux armées. Il lui recommandait de lui renvoyer le Mémoire, afin qu'il le pût faire imprimer dans la Gazette. (V. Papiers de Richelieu, t. V, p. 931.)

[67] Louis XIII revient encore sur la cavalerie hongroise. Remarquons qu'on s'était enfin décidé à l'organiser, puisque, le 8 août, Richelieu ordonnait à Servien de donner une commission, pour une compagnie, à un sieur Bonnette. (Papiers de Richelieu, t. V, p. 930.)

[68] Cette note, qui, dans la copie, fait suite à la précédente, en est complètement séparée dans le manuscrit autographe que nous, avons eu entre les mains. Nous devons remarquer que les deux pièces doivent être, en effet, indépendantes l'une de l'autre, puisque, dans la première, Louis XIII prévient le cardinal qu'il a fait le travail préparatoire pour la rédaction de l'ordonnance destinée à arrêter la désertion de la noblesse, que le 12. Richelieu envoie le Mémoire annoté par le roi à Servien, pour que celui-ci puisse achever de rédiger l'ordonnance, et que, dans la dernière note, le roi prévient son ministre qu'il lui renvoie l'ordonnance toute signée. Cette ordonnance fut publiée par la Gazette le 17 août ; nous ne croyons donc pas nous tromper de beaucoup en donnant à cette note la date du 12 août. Comme nous l'avons vu, ce jour-là Louis XIII n'avait pas encore rejoint Richelieu à Rueil ; de plus, l'ordonnance, publiée par la Gazette, porte la date du 12 août. Le roi prenait contre les officiers absents de l'armée, sans congé, des mesures très-sévères. Les officiers absents, dit l'ordonnance, seront privés de leurs charges, dégradés des armes et de noblesse, pour ceux qui se trouveront nobles ; et pour les autres, ils seront conduits dans les galères du roi, sans autre formalité de procès... ordonne, en outre, aux élus, de comprendre ci-après dans le rôle des tailles ceux d'entre eux qui ont jusqu'à présent joui de la noblesse, lesquels Sa dite Majesté a déclarés indignes.

[69] Du Chatelet, ancien avocat général à Rennes, était envoyé à l'armée de Lorraine, pour y remplir les fonctions d'intendant de justice.

[70] Le comte de Soissons. Il avait été chargé, au commencement d'août, d'enrôler la noblesse et de l'organiser en compagnies et en escadrons, comme nous l'apprend l'instruction que lui envoya Richelieu à cette époque. (Papiers de Richelieu, t. V, p. 133.) Le 6 août, le cardinal lui écrit encore pour lui recommander de pourvoir ses soldats de tout ce qui leur est nécessaire avant de les envoyer à l'armée du maréchal de la Force et du duc d'Angoulême. (Idem, p. 930.)

[71] Nous plaçons cette lettre, qui n'est pas datée, à la date du 19, car nous supposons que le roi montait à cheval pour aller à la chasse ; or la Gazette nous apprend qu'il était arrivé le 18 à Chantilly.

[72] René Potier, comte de Tresme, d'abord chambellan d'Henri IV ; il devint ensuite gouverneur de Chatons, puis commandant de la compagnie des gardes du corps, conseiller d'État en 1629 ; il fut nommé duc et pair en 1648. Il mourut en 1670, à rage de 91 ans.

[73] Il était, comme nous l'avons vu, gouverneur de Péronne.

[74] Les Espagnols avaient, le 28 juillet précédent, enlevé aux Hollandais le fort de Schenck, situé à la séparation du Rhin et du Wahal, et, depuis ce moment, Français et Hollandais s'efforçaient de reprendre ce fort qui, par sa situation, menaçait toutes les villes voisines et interrompait la navigation. La nouvelle que donnait le roi était inexacte. La Gazette du 14, septembre annonce et dément, le même jour, la nouvelle de la prise du fort de Schenck.

[75] Vaubecourt et Arpajon avaient été chargés de conduire à l'armée de Lorraine les troupes organisées par le comte de Soissons, à Chatons. Richelieu écrivit le lendemain 21, à Servien, pour lui donner l'ordre nécessaire au départ des deux officiers. (V. Papiers de Richelieu, t, V, p. 932.)

[76] Louis XIII se préparait à partir pour aller prendre le commandement de l'armée qui s'organisait en Champagne.

[77] François de l'Hôpital, seigneur du Hallier, frère du maréchal de Vitry. Il avait d'abord embrassé l'état ecclésiastique et était devenu évêque de Meaux. Mais if quitta bientôt son évêché pour prendre la profession des armes, devint capitaine des gardes à la mort de Concini, puis maréchal de France en 1643. Il mourut en 1660.

[78] Sierck, dont les Espagnols s'étaient emparés au commencement de mai.

[79] Il commandait un corps d'armée en Alsace.

[80] Louis XIII coucha, en effet, le 22 à Livri, et le lendemain, jeudi 23 août, lui et Richelieu se rencontrèrent chez le comte de Nogent, qui, selon la Gazette, les traita magnifiquement. Ce jour-là, après la collation, le roi tint conseil à Noisy, et c'est dans ce conseil qu'il signa le pouvoir donné à Richelieu pour gouverner pendant le séjour qu'il allait faire en Lorraine. (V. Papiers de Richelieu, t. V, p. 150.) Le soir, le roi et le cardinal se quittèrent, Louis XIII pour aller coucher à Lagny et Richelieu pour aller à Langres. (V. Gazette de France du 25 août.)

[81] Nicolle, fille de Henri II, dit le Bon, duc de Lorraine, avait épousé son cousin, le duc Charles de Lorraine, qui l'abandonna, en 1634, après avoir abdiqué en faveur de son frère. Elle était venue demeurer à Paris, où Louis XIII, enchanté d'avoir auprès de lui une duchesse de Lorraine, pendant qu'il portait la guerre dans ce pays, lui avait donné un hôtel tout meublé, des domestiques, des gardes et une pension pour lui permettre de tenir sa maison sur le pied qui convenait à son rang.

[82] Cette lettre a déjà été citée par M. Avenel (t. V. p. 160).

[83] Nous n'avons pas trouvé le Mémoire auquel Louis XIII fait allusion. Il ne suffisait pas au roi d'avoir fait déclarer nul le mariage de Gaston et de Marguerite de Lorraine ; il avait fait promettre au duc d'Orléans, lors de la rentrée de celui-ci en France, de se soumettre aux décisions des juges ecclésiastiques, sur la question du sacrement. Aussi soumit-il à l'assemblée générale du clergé de France, en 1635, la question de la validité du mariage de son frère. Cette Assemblée rendit la même décision que le Parlement. Cette unanimité décida enfin Monsieur à signer, le 16 août, un acte par lequel il reconnaissait lui-même la nullité de son union avec la princesse de Lorraine. (V. cet acte, Arch. des aff. étrang., Rome, t. 56, fol. 288.) Il restait à obtenir l'adhésion du pape à la mesure acceptée par Gaston. Pierre Fenoillet, évêque de Montpellier, fut chargé d'aller à Rome pour négocier avec le Saint-Siège, et obtenir cette adhésion. Il partit le 12 octobre suivant. (V. les Mémoires de Richelieu, liv. XXVI, p. 659, col. 1.)

[84] Il s'agissait probablement des négociations que dirigeait alors le comte d'Avaux, ambassadeur de France auprès des trois cours du Nord, et qui avaient pour but la conclusion d'une trêve entre la Suède et la Pologne. Cette trêve fut signée le 12 septembre suivant, pour une durée de vingt-six ans. (V. la Gazette de France du 27 septembre 1635.)

[85] Probablement Louis d'Espinay Saint-Luc, fils du maréchal de Saint-Luc et d'Henriette de Bassompierre. Il était né en 1613 et Louis XIII avait été son parrain. (V. Journal d'Héroard, journée du 2 avril 1613.)

[86] Nous n'avons pu trouver l'original de cette lettre, que nous donnons cependant, d'après divers historiens, à cause de son importance capitale.

[87] Quand ceci a été écrit, la mort n'avait pas encore atteint M. Avenel. Le consciencieux et savant éditeur a terminé il y a trois mois une vie honorablement consacrée à la science.

[88] Papiers de Richelieu, t. V, p. 156.

[89] Papiers de Richelieu, t. V, p. 150.

[90] Papiers de Richelieu, t. V, p. 150.

[91] Arch. des aff. étrang., t. XXXVII, fol. 329, citée par M. Avenel, t. V, p. 155.

[92] Sans doute Chambry, près de Meaux.

[93] Le 7 septembre.

[94] Arch. des aff. étrang., France, 1835, quatre derniers mois, fol. 1, citée per M. Avenel, t. V, p. 158.

[95] Arch. des aff. étrang., France, 1635, quatre derniers mois, fol. 9, citée par M. Avenel, t. V, pp. 157 et 183.

[96] Arch. des aff. étrang., France, 1635, quatre derniers mois, fol. 5, citée par M. Avenel, t. V, p. 158.

[97] Papiers de Richelieu, t. V, p. 159.

[98] Papiers de Richelieu, t. V, p. 174.

[99] Papiers de Richelieu, t. V, p. 935.

[100] Saint-Simon, qui était premier gentilhomme de la Chambre.

[101] Arch. des aff. étrang., France, 1635, quatre derniers mois, fol. 26. citée par M. Avenel t. V, p. 160.

[102] Papiers de Richelieu, t. V, p. 192.

[103] Papiers de Richelieu, t. V, pp. 155-162.

[104] Cette lettre a déjà été citée par M. Avenel (t. V, p. 161).

[105] Louis XIII partit pour la Champagne le lendemain 10 septembre.

[106] Papiers de Richelieu, t. V, p. 206.

[107] Nous plaçons cette note, qui ne porte aucune mention, à la date du 12 ou du 13 septembre, car nous pensons que Louis XIII dut l'écrire quelques jours après son départ pour la Champagne. En effet, la Gazette du 22 septembre, sous la rubrique : Nancy, 14 septembre, dit que : Le duc Charles est fort malade à Plombières, de ses anciennes palpitations de cœur, que l'état présent de ses affaires ne diminue pas : cependant. Jean de Wert retranche bien son armée autour de Rambervilliers, mais a envoyé un bagage vers Remiremont.

[108] Chef de partisans, qui avait d'abord servi la Bavière, et qui, à ce moment, était au service de l'empereur ; c'est lui qui, à la tète des troupes qui envahirent la Picardie en 1636, dévasta cette province ; fait prisonnier en 1638, il ne fut mis en liberté qu'en 1642. Il abandonna la vie militaire en 1648, après le traité de Westphalie.

[109] Le lendemain, 16 septembre, Richelieu répond à cette lettre en s'excusant de la lenteur de ses commis, et en annonçant au roi qu'il lui envoie 6.000 pistoles. Pour Bourbonne, ajoute-t-il, je n'ai jamais creu qu'il fust propre à commander une armée, particulièrement depuis son retour de Montbelliard. Sa Majesté sçaura bien le faire agir dans l'estendue de sa charge, selon qu'eue le jugera capable. (Papiers de Richelieu, t. V, p. 230.) Ce Bourbonne était un ancien écuyer de la reine-Mère.

[110] Dans sa lettre du 16, le cardinal assure qu'il a fait son devoir en cette occasion, et que si les trésoriers ne sont pas encore arrivés à leur poste, il n'est nullement coupable de ces retards. Sa Majesté, dit-il, est trop bonne et trop juste pour me rendre responsable des deffauts d'autruy, et a trop d'experience pour ne considérer pas, que jamais aux grandes affaires les effets ne respondent à point nommé a tous les ordres qui ont été donnés... Le roy avait bien que je me suis tousjours plaint des retardements des trésoriers et munitionnaires, et que j'ay dict plusieurs fois publiquement, dans ses conseils, que ce n'estoit rien de mettre des armées sur pied sy on ne donnoit ordre de les payer à temps, et sy on ne pourvoyoit soigneusement aux vivres. (Idem.)

[111] Le 15 était un samedi. Louis XIII ne partit de Châlons pour Vitry que le 19, c'est-à-dire le mercredi suivant.

[112] Richelieu avait annoncé au roi leur arrivée dans la lettre qu'il lui avait écrite le 11 précédent.

[113] Richelieu reconnaissait si bien les avantages que pouvait avoir le voyage du roi, qu'il lui répondait le 20 septembre : La diligence qu'on fait maintenant .pour munir Nancy de bleds est un effect de la présence de Sa Majesté, qui en produira beaucoup d'autres avantageux à son service. (Papiers de Richelieu, t. V, p. 244.)

[114] Jacques d'Apchon, seigneur de Chanteloube, d'abord militaire et gouverneur de Chinon. Il entra dans les ordres en 1621, et fit partie de la congrégation de l'Oratoire. En 1631, il suivit Marie de Médicis dans sa fuite et devint son aumônier. C'était plutôt par haine de Richelieu que par affection pour la reine-mère que Chanteloube suivit cette princesse à Bruxelles, car il l'abandonna lorsqu'en 1638 elle passa en Angleterre. Il mourut en 1641.

[115] Vostre Majesté sera toujours louée de tout le monde, répondit Richelieu dans la lettre que nous avons citée pins haut, de retirer une fille de Flandres, qui y a esté persécutée pour avoir tenu son party ; je croy que quand elle rentrera en France, elle pensera sortir du purgatoire.

[116] Le 17, Richelieu écrivait à Louis XIII : Je ne parlay point hier au soir A M. de Bullion de la dépesehe que je ils au roy pour ne troubler pas la dijestion d'un perdreau qu'il avoit prie. Ce matin je n'ay pas eu peine à le persuader d'envoyer de l'argent à Sa Majesté puisque de luy mesme il avoit résolu de faire partir cent cinquante mil livres, pour que Sa Majesté s'en puisse servir aux occasions pressées. (Papiers de Richelieu, t. V. p. 239.)

[117] Louis XIII était arrivé le 20 à Saint-Dizier. Voici l'article qu'il écrivit le 21, à l'occasion de son arrivée, et qu'il destinait à la Gazette de France, dans laquelle il fut inséré, du reste, avec quelques changements. Nous en avons copié le texte original dans le manuscrit de la Bibliothèque nationale que nous avons déjà cité : Le roy, écrit Louis XIII, ariva ier icy en très bonne santé, il fit en venant de Vitry la revue de la noblesse danjou, le Maine, Cottantin auserois, Vexin Montargis Gien et Chateau neuf en timerois, laquelle se monte à 1.000 chevaux fort bons, nous atandons demain celle de Touraine Orléans Chartres et Bas Poitou, laquelle toute ensemble se monte à 900 chevaux. Il y a avec M. de Vobecourt qui se joindra dimanche au roy celle du haut Poitou Lionnois Forest et Beaujolois dauvergne et Bourgogne, qui se monte à 1.800 chevaux. Outre ce que desus nous avons 3.000 chevaux de compagnies réglées lesquelles sont très bonnes et 14 mil homes de pied. Outre encore ce que desus, on attend dans 4jours la noblesse de Limouzin Béry et la Marche, il vient dariver nouvelles que les douze mil suisses seront à Langres le 26 de ce mois et qu'ils sont proche de Dijon. (Bibliothèque nationale. Fonds Français, t. 3,840, fol. 41, et Gazette de France du 29 septembre 1635.)

[118] Gobelin avait été chargé, ainsi qu'un certain Gagnot, du ravitaillement des villes de Franche-Comté. Alsace et Lorraine, dont les communications avaient été coupées par les Espagnols.

[119] Les Lorrains avaient, en effet, tué 200 chevaux de ce convoi.

[120] La Gazette, en parlant plus tard de cette contribution, dit seulement 40.000 livres. (V. Gazette de France du 24 novembre.)

[121] Ceci prouverait que le surnom de Juste, donné à Louis XIII, n'a pas été usurpé, car on peut remarquer que la première pensée qu'il exprime est une pensée de justice : il veut réparer, dans la mesure du possible, le tort causé aux veuves des hommes tuée dans le combat soutenu par le convoi.

[122] Il partit, en effet, le 24 septembre pour Bar. (V. la Gazette de France du 29 septembre.)

[123] Avec l'avant-garde dont parle Louis XIII dans la lettre précédente.

[124] Saint-Mihiel, dans la Meuse. Le duc de Lorraine avait repris cette ville aux Français, et ceux-ci s'apprêtaient à l'assiéger de nouveau.

[125] Adrien de Montluc, maréchal de camp et comte de Cramail, par sa femme, Jeanne de Foix. Emprisonné à la Bastille après la Journée des Dupes, il en sortit en 1635, pour accompagner le roi en Lorraine. Pendant la campagne, il fit tous ses efforts pour nuire au cardinal dans l'esprit du roi, qui, comme nous le verrons, le renvoya à la Bastille dès son retour à Saint-Germain. Cette fois, le comte de Cramail y demeura jusqu'à la mort de Richelieu.

[126] Léon Bouthillier écrivit, en effet, le même jour à Richelieu, pour l'instruire du fait dont Louis XIII parle ici. Le comte de Cramail, écrivit Chavigny, fut trouver hier au soir le roi, le tira à part et demanda à Sa Majesté sy elle sçavoit bien l'estat de ses ennemis dans la Lorraine, le Luxembourg et les Flandres, et lm, dit qu'en tous ces endroits ils étoient plus forts que l'on ne pensoit, et que des deux derniers il pouvoit venir de grandes forces contre son armée qui assiégerait Saint-Miel, qu'il falloit marcher à pas de plomb, et que le roy, n'avoit auprès de luy que des régiments nouveaux, en qui par conséquent on ne se pouvoit pas fier. Le roy m'a commandé de donner cet avis à Monseigneur le cardinal, de l'asseurer que tels discours ne font aucune impression dans son esprit, et qu'il ne prendra pas d'alarmes mal à propos... (Arch. des aff. étrang., France, 1635, quatre derniers mois, fol. 150.)

[127] Papiers de Richelieu, t. V, p. 254.

[128] Le 29 septembre, à trois heures du matin, Léon Bouthillier écrivait à Richelieu : Sa Majesté s'est résolue de donner jusques à deux mille chevaux des troupes qui sont auprès d'elle, pour faire joindre à M. le cardinal de la Valette, mais c'est à la charge qu'il lui renvoyra ses deux compagnies de gendarmes et de chevaux légers qu'on luy a dit estre en mauvais estat. (Arch. des aff. étrang., France, quatre derniers mois, fol. 184.) L'armée, commandée par le cardinal de la Valette, qui opérait depuis près de deux mois dans les provinces rhénanes, était obligée de battre en retraite devant l'armée impériale, commandée par le comte de Gallas. Partie de Mayence le 15 septembre, l'année française n'arriva que le 28 à Metz, où elle venait prendre quelque repos et se ravitailler avant de reprendre la campagne.

[129] Gentilhomme lorrain, qui commandait les troupes du duc Charles de Lorraine.

[130] La première partie de ce nom est absolument illisible.

[131] Camp des Français, devant Saint-Mihiel.

[132] Louis XIII se trompait donc dans ses prévisions, lorsque le 21, en écrivant son article pour la Gazette, il disait que la noblesse de Touraine et de Poitou arriverait le 22, puisque le 27 ces troupes n'étaient pas encore arrivées à l'armée.

[133] Le 29, dans la lettre que nous avons citée plus haut, Chavigny écrivait à Richelieu : La tendresse de Sa Majesté redouble de jour en jour pour Monseigneur le cardinal et la plus grande passion qu'elle ayt est d'estre estimée de luy.

[134] Nous n'avons pas trouvé la lettre dont parle le roi.

[135] C'est de Saint-Mihiel dont il s'agit ici. Cette ville avait capitulé le 2, ainsi que nous l'apprend Louis XIII, mais les troupes françaises n'y entrèrent que le 3. C'est cette dernière circonstance qui a pu tromper M. Avenel, lequel donne la date du 3 à la capitulation. (V. Papiers de Richelieu, t. V, p. 273.) Les conditions imposées par Louis XIII à la ville assiégée n'étaient pas aussi dures que Richelieu l'eût souhaitée. Celui-ci voulait faire punir avec une extrême sévérité, non-seulement les défenseurs, mais aussi les habitants de Saint-Mihiel. Le roy, dit le texte des conditions de la capitulation, accorde aux habitans de Saint-Mihiel la vie, excepté à quinze, que Sa Majesté vent entre remis à sa discrétion pour en faire ce qu'il luy plaira. Le roy de plus leur accorde leurs biens, à la charge qui se rachepteront d'une somme qui sera arbitrée par Sa Majesté pour laquelle somme ils bailleront des étages qui demeureront entre ses mains. Au cas que lesdits habitants n'acceptent ce que dessus, le roy désire qu'ils facent sortir les religieuses et religieux par la porte du pont, et ce dans deux heures afin d'éviter la fureur des soldats. (Arch. des aff. étrang., Lorraine, t. 26, fol. 199.)

[136] Entre Toul et Saint-Mihiel. Il y avait alors une forteresse flanquée de tours, ce qui faisait distinguer ce village des autres portant le même nom. Louis XIII voulait faire enlever ce château à cause du blé qui y était déposé, et que le roi destinait au ravitaillement de Metz.

[137] Ce marquis de Coalin était cousin de Richelieu. Il mourut des blessures qu'il reçut au siège d'Aire, en 1641. Nous n'avons pas trouvé la lettre dont parle le roi.

[138] La veille, 7 octobre, Chavigny avait déjà écrit à Richelieu sur ce sujet : Son Éminence, lui disait-il, aura peyne croire les laschetez de toute la noblesse qui est icy. Ausay tort qu'on leur a dict qu'il falloit aller à l'armée de MM. d'Angoulesme et de la Force, tous les corps ont branlé pour s'en aller. Malgré les concessions qu'a faictes le roy, il n'a pas laisse de s'en desbander plus de 5 à 600 ; mais nous trouvons que nous en sommes quittes à bon marché. On a dépesché à toue les passages de Marne et d'Aube afin d'arrester tous ceux qui s'en iroient. (Arch. des aff. étrang., France, quatre derniers mois, fol. 235.)

[139] François de Lorraine, frère du duc Charles et cardinal de Lorraine.

[140] Le chevalier de Lorraine était fils de cette Charlotte des Essarts, comtesse de Romorantin, qui fut d'abord maîtresse d'Henri IV, dont elle eut deux filles, puis de Louis de Lorraine, cardinal de Guise, fils du Balafré, dont elle eut cinq enfants, parmi lesquels le chevalier de Lorraine, et qui enfin épousa le marquis du Hallier, qui devint plus tard maréchal de l'Hôpital. Le chevalier de Lorraine fut fait prisonnier vers le milieu de novembre et envoyé à la Bastille. L'ordre de le recevoir dans cette prison d'État, ainsi que les officiers faits prisonniers à Saint-Mihiel, est daté du 23 décembre. (Arch. des aff. étrang., France, 1635, quatre derniers mois, fol. 548.)

[141] Papiers de Richelieu, t. V, p. 946.

[142] Ces nouvelles devaient, en effet, être fausses, puisque le 15 octobre, époque à laquelle Richelieu devait avoir reçu cette lettre, il écrivait que l'armée du duc d'Angoulême devait, après avoir obligé les ennemis à se mettre en garnison, s'y mettre elle-même, et il indiquait différents lieux pour cela, entre autres Saint-Nicolas et Lunéville. (V. Papiers de Richelieu, t. V, p. 318.) Il est certain que le duc de Weimar s'était retiré à Amance, près de Nancy, parce que les subsistances lui manquaient dans son camp, près de Vic, et aussi parce que, les généraux s'étant retirés, il avait été attaqué par Galas. Chavigny écrivait le 11 qu'un courrier du duc de Weimar venait d'apporter cette nouvelle au roi. (V. Arch. des aff. étrang., 1635, quatre derniers mois, fol. 273.)

[143] Ces soldats étaient ceux qui avaient été pris à Saint-Mihiel et à Mandres, aux quatre tours. Ils étaient destinés aux galères. Dans un grand nombre de lettres au roi, à Chavigny et au garde des sceaux Séguier, écrites avant et après la prise de Saint-Mihiel, Richelieu insistait pour qua ces soldats fussent punis très-sévèrement. Les gens de guerre, au contraire, conseillaient la clémence. Le roi, en véritable soldat, avait penché vers cette opinion ; mais Richelieu, revenant sans cesse sur les inconvénients que pourrait avoir une trop douce rigueur, selon son expression (V. sa lettre au roi du 6 octobre 1635, Papiers de Richelieu, t. V, p. 945), l'amena à changer complètement d'avis. On voit ici combien la fuite des prisonniers causa de chagrin au roi. Il dut adresser beaucoup de reproches au garde des sceaux, car le cardinal se crut obligé d'écrire a celui-ci, le 17 octobre, une lettre dans laquelle il essaye de le rassurer : Vous affligez point, lui dit-il, de ce qui est arrivé des soldats qui estoient destinés aux galères, je nais bien que ce n'est point vostre faute, et, quelque bon ordre qu'on puisse apporter, il est bien difficile qu'il n'arrive quelquefois de pareils inconvénients. (Papiers de Richelieu, t. V. p. 318.) A ce propos, M. Avenel, qui n'a pas connu la lettre donnée plus haut, se demande quel événement pouvait tant chagriner le garde des sceaux, et si une inspiration de clémence, de la part du roi, était venue adoucir le sort des prisonniers. On voit qu'il s'est trompé dans sa supposition. La lettre que nous donnons confirme d'ailleurs, en tous points, les observations sites par lui au sujet du changement d'opinion de Louis XIII à l'égard des prisonniers de Saint-Mihiel.

[144] Cette conduite, qui indignait le roi, déplaisait aussi au cardinal, car le 15, en répondant à Louis XIII, il lui dit : Je ne sçaurois assez m'estonner de la lascheté, ignorance ou malice de ceux que Vostre Majesté me faict l'honneur de me mander qui descrient ses affaires. Il est important de fermer la bouche à tels seigneurs par une incartade vigoureuse telle que Vostre Majesté le sçait faire quelquefois... Les six milliers de poudre, ajoute-t-il, seront samedi à Châlons. (V. Papiers de Richelieu, t. V, p. 948.)

[145] Le roi revenait de son voyage de Lorraine. Parti de Saint-Dizier le 14 octobre, il arriva à Vitry le 16, et en repartit le 17 pour Châlons, où il arriva le 20. Le 21 il était à Livri et le 22 à Saint-Germain.

[146] Papiers de Richelieu, t. V, p. 950.

[147] Ce mémoire doit être celui du 23 octobre, sur la détention du comte de Cramail. Richelieu y expose toutes les accusations qu'il avait accumulées contre ce seigneur, et il y donne les raisons qui l'ont porté à demander son arrestation. Ce mémoire, quoique daté du 23, dut être remis seulement le 25, puisque Richelieu parle, dans l'un des derniers paragraphes, d'un conseil tenu le 24 octobre. (V. Papiers de Richelieu, t. V, p. 330.)

[148] Richelieu n'écrivit pas au roi, en cette occasion ; il le vint voir, ainsi que nous l'apprend la Gazette du 3 novembre. Le cardinal-duc, dit-elle, alla voir le roi le 26 octobre.

[149] Mémoires de Richelieu, liv. XVII, p. 429, col. 2.

[150] Arch. des aff. étrang., France, 1627, n° 42.

[151] Papiers de Richelieu, t. II, p. 271.

[152] Mémoires de Monglat, p. 33, col. 1.

[153] Nulle part, dans Madame de Hautefort, M. Cousin ne nomme Baradat.

[154] Papiers de Richelieu, t. II, p. 271.

[155] Le roi était payé pour n'avoir que peu de confiance dans le patriotisme de la noblesse. Nous l'avons vu en Lorraine obligé de faire arrêter les nobles qui désertaient le service en masse. Mais ici la noblesse de Bourgogne était, parait-il, dans son droit strict, car Richelieu nous apprend, dans une lettre à Chavigni, du 8 octobre, que la noblesse devait trois mois de service dans le royaume et seulement quarante jours en pays étranger, lorsque la France était en guerre. (V. Papiers de Richelieu, t. V, p. 284.) Donc, tout le temps que la noblesse donnait au roi, en dehors de l'une de ces deux périodes, était un don gracieux de sa part, puisqu'elle n'y était pas obligée ; mais, dans les circonstances où la France se trouvait alors, c'était véritablement de la lâcheté que d'abandonner la lutte, en s'autorisant pour cela d'un usage établi.

[156] Secrétaire du roi.

[157] Vezelise et Vaudemont, près de Nancy.

[158] Il est incontestable pour nous que c'est le nom de Mlle de Hautefort qui se cache sous cette orthographe fantaisiste.

[159] Le Père Maillant, confesseur de Louis XIII, étant mort le 4 octobre, on lui chercha un successeur, et ce même jour, 29 octobre, le Père Gourdon, jésuite écossais d'une grande piété, fut nommé pour le remplacer. La Gazette de France du 3 novembre nous apprend que le roi se confessa à son nouveau confesseur le jour même de sa nomination et qu'il communia le 1er novembre. Le même numéro de la Gazette nous apprend aussi que Richelieu alla voir le roi le 30 octobre.

[160] Probablement M. de Barrault, ancien ambassadeur en Espagne et à cette époque gouverneur de Nancy.

[161] Valet de chambre du roi.

[162] Nous appelons l'attention de nos lecteurs sur la touchante sollicitude que témoigne ici Louis XIII à son ministre.

[163] En effet, la Gazette nous apprend que le 7 le roi était allé à Rueil pour tenir conseil.

[164] Il était maréchal de camp, et, peu de temps auparavant, lieutenant-général en Champagne, gouverneur d'Epernay et de Sainte-Menehould.

[165] Le 27 septembre précédent, le cardinal la Valette, en battant en retraite, avait été attaqué près de Vaudrenanges, dans les environs de Metz, par l'armée impériale que commandait le comte de Galas. Dans ce combat, dont le résultat avait été favorable aux Français, Cahusac, lieutenant des chevau-légers de Richelieu, avait perdu la-vie, ainsi que plusieurs autres officiers. C'est après cette affaire que Biscarra, qui était alors mestre de camp dans un régiment d'infanterie, fut nommé lieutenant des chevau-légers du cardinal, en remplacement de Cahusac, dont il était le frère.

[166] M. de Vignolles.

[167] Richelieu écrivit à Saint-Simon le 24, pour le féliciter et le remercier de son zèle et de son affection pour le service du roi. (Papiers de Richelieu, t. VII, p. 1014.)

[168] Près d'Abbeville.

[169] Rambures écrivit de nouveau en confirmant les prévisions du roi, car le 22 Richelieu, dans un mémoire destiné à Servien, dit à celui-ci : Mander à M. de Vignolles qu'il prenne garde à Rue, sur laquelle Rambures écrit, par deux courriers, que les ennemis ont dessein. (Papiers de Richelieu, t. V, p. 955.)

[170] Sans doute Void, dans la Meuse, près de Commercy.

[171] Richelieu comprit fort bien la valeur des observations du roi, et le même jour, il donna, sans doute, contre-ordre à M. de Vignolles, puisque sur l'enveloppe d'une lettre à Servien, datée du 19, on lit ceci : L'équipage d'artillerie destiné pour M. de Vignolles, 9ui retourne en Picardie, servira pour M. le comte ; ainsi il n'en faudra point deux pour la Champagne. (Idem, p. 954.) Et le 30, il écrivait au même Servies : Vous n'aures pas oublié je masseure à avertir mondit sieur le comte du changement de M. de Vignolles, afin qu'il prenne ses mesures selon qu'il l'estimera à propos. (Idem, p. 351.)

[172] Bernard de Nogaret, duc de la Valette depuis le 5 septembre 1631, second fils du duc d'Epernon. Il avait épousé, en 1634, Mlle de Pontchâteau, parente de Richelieu.

[173] Le lendemain, Richelieu répondait au roi : J'ai parlé à M. de la Valette, qui fera tout ce que V. M. voudra pour les régiments des provinces. Il ne prétend point, sur les nouvelles compagnies des gardes, les deux hommes qu'il tire sur les vieilles. Bien estime il que V. M. ne luy peut desnier les 6 deniers pour livres sur les nouvelles compagnies. Je luy ay fait valoir le regiment de Guyenne que V. M. luy accorde. (Papiers de Richelieu, t. V, p. 355.) En même temps, le cardinal écrivait à Servien : M. de la Valette s'accommodera aux volontés du roy pour les régiments des provinces... Il faut donner 20 commissions... Il est temps de les faire et plus que temps d'envoyer les commissions de cavalerie. (Papiers de Richelieu, t. V, p. 954.) On voit que ni Louis XIII ni son ministre ne négligeaient rien pour assurer le succès de la campagne prochaine, et qu'ils savaient mettre à profit l'inaction dans laquelle le mauvais temps tenait les armées.

[174] Nous n'avons pas ce mémoire, et M. Avenel ne l'a pas découvert non plus. Nous ne savons pour quel but Louis XIII mandait Brissac près de lui. Dans sa lettre au roi du 22, Richelieu lui dit, à ce propos : Aussitôt que Brissac viendra, on le dépeschera. (Idem, t. V, p. 355.) C'est là le seul renseignement que nous ayons pu recueillir et il est malheureusement trop peu explicite au sujet de la mission destinée à Brissac.

[175] Un officier, nommé Buire, avait rendu, sans le défendre, le château d'Aubac, en Lorraine. Nous verrons, dans une lettre du 4 décembre, Louis XIII manifester de nouveau l'indignation que lui inspirait cette lâcheté.

[176] Le comte de Soissons avait été accusé de vendre des permissions à ses officiers, et cela choquait Louis XIII, qui tenait tant à la présence de ses gentilshommes dans leurs armées respectives. Le comte s'en était excusé dans une lettre que Richelieu, qui l'avait reçue, envoya au roi le 1er décembre. Le cardinal écrivit, en effet, au comte de Soissons, de la part du roi, le 2 décembre. M. Avenel, qui a cru devoir changer la date de cette lettre et lui substituer celle du la, décembre, a eu tort, selon nous. (V. Papiers de Richelieu, t. V, p. 365.)

[177] Il s'agissait de faire le travail nécessaire à la transformation des anciens petits régiments en régiments de vingt compagnies. (Papiers de Richelieu, t. V, p. 371.)

[178] En écrivant à Louis XIII le 2 décembre, Richelieu, après lui avoir expliqué la situation des armées en Lorraine, ajoutait : Il seroit bon de faire dire à M. d'Angoulême, auparavant que le roi le vist, que Sa Majesté ayant eu divers rapports de ce qui s'est passé en Lorraine depuis qu il a eu le commandement de son armée, désire en estre éclaircie auparavant que de le voir, et que cependant il peut attendre les commandements de Sa Majesté dans sa maison de Gros-Bois. (Papiers de Richelieu, t. V, p. 387.) On accusait le duc d'Angoulême de n'avoir pas fait en Lorraine tout ce qu'il aurait pu faire.

[179] Dans la même lettre, Richelieu priait le roi d'agir sur le surintendant, qui devait l'aller visiter le lendemain, afin d'obtenir de lui un supplément de paye pour les troupes de l'armée de Flandre, restées en Hollande après la désastreuse campagne du commencement de l'année. Il n'y a que Vostre Majesté, lui disait-il, qui puisse emporter cette affaire sur M. de Bullion, laquelle est si importante et si nécessaire qu'elle la doit commander absolument. (Idem, p. 308.)

[180] Probablement le mémoire sur l'organisation nouvelle des anciens régiments.

[181] D'après la Gazette, Saint-Simon arrivait Paris le 12 décembre.

[182] Cette lettre ne porte aucune date de la main de Louis XIII, mais une main étrangère l'a datée du 7 décembre 1635. Nous avons adopté cette date, car nous pensons que le roi veut parler, dans le premier paragraphe de sa lettre, de la Conception de la Vierge, qui se célèbre le 8 décembre. On sait, en effet, que cette solennité, quoique n'étant pas encore reconnue par les Souverains-Pontifes, n'était pas moins en usage alors dans toute la chrétienté. D'ailleurs, le 8 décembre, Richelieu écrivait à Chavigni pour le prier d'aller à Chantilly le même jour, afin de contenter le roi. (Papiers de Richelieu, t. V, p. 960.)

[183] Depuis six mois, le duc de Rohan, après avoir quitté l'Alsace, guerroyait dans la Valteline, tantôt contre les Allemands, tantôt contre les Espagnols. Partout vainqueur jusqu'alors, il dominait entièrement cette province. La maladie seule l'arrêta au milieu de ses succès. Nous ne savons si la faveur qu'il demandait pour son aide de camp lui fut accordée, pourtant nous le croyons, car Louis XIII était trop content de ses services pour lui refuser une chose aussi peu importante. Quelques jours auparavant, il le faisait complimenter chaleureusement par Richelieu, pour le succès que le duc avait obtenu sur les Espagnols à Morbegno, le 10 novembre précédent. (Papiers de Richelieu, t. V, p. 956.) D'ailleurs la question de religion devait peu I' arrêter, puisqu'il avait déjà confié des armées aux ducs de Rohan et de Châtillon et au maréchal de la Force, qui étaient protestants.

[184] Cette lettre a déjà été citée par M. Avenel. (T. V, p. 959.)

[185] Les villes d'Alsace, depuis la diète d'Heilbronn, tenue en 1633, s'étaient placées sous la protection de la France. Au mois de décembre 1634, elles avaient même resserré, par un nouveau traité, les liens qui les unissaient à notre pays. Aussi était-ce un devoir pour Louis XIII d'essayer de secourir ces villes contre les attaques des armées allemandes qui avaient envahi l'Alsace. Le roi regardait l'envoi de la dépêche destinée au comte de Soissons, sans doute parce que, n'aimant pas ce prince, il préférait voir donner à un autre une mission qui pouvait rapporter de la gloire à celui qui l'entreprendrait. Quoi qu'il en soit, le soin de secourir les places d'Alsace ne fut pas confié au comte de Soissons, mais bien au cardinal de la Valette, ainsi que l'indique une lettre de Richelieu à ce prélat-général, datée du 1er janvier 1636 : J'ai tant de confiance, écrivait le ministre, en votre prudence et en votre bonne conduite, que je ne doute nullement que vous ne veniez à bout de ce dessein si important au bien des affaires de S. M. (Papiers de Richelieu, t. V, p. 961.) Il est certain, écrivait Richelieu à Louis XIII, quelque temps auparavant, que, si on ne secoure ces places, elles sont perdues, et qu'ensuite, ayant perdu tous ces dehors, on apportera aisément la guerre au dedans du royaume. (Idem, t. VII, p. 739.) Le cardinal de la Valette réussit d'ailleurs dans sa mission. Il put conduire des vivres et des soldats dans toutes les villes d'Alsace sans que les ennemis pussent l'en empêcher.

[186] François de la Fayette, premier aumônier de la reine et évêque de Limoges, était cet oncle de Mlle de la Fayette, chez lequel nous avons reconnu, plus haut, tant d'ambition malsaine et tant de nullité. Nous avons vu que le roi et Richelieu connaissaient les projets des parents de la jeune fille d'honneur, que Louis XIII leur était opposé, et souhaitait de voir sa jeune amie agir -librement, selon les mouvements de son cœur ; nous savons qu'il faisait Richelieu confident de ses pensées à ce sujet ; aussi croyons-nous qu'ici le roi fait allusion à un ordre qu'il aurait fait donner à l'évêque de Limoges de ne plus peser, comme il le faisait, sur les déterminations de Mlle de la Fayette, et de la porter à entrer au couvent plutôt que de l'en détourner.

[187] Cette idée, qui semble avoir été abandonnée à cette époque, fut reprise à la fin de janvier 1636. Nous trouvons, en effet, à ce sujet, le passage suivant dans un ordre que Richelieu envoyait à MM. de Mande, Villarceau et Gobelin, à cette époque, pour l'approvisionnement des places fortes de Lorraine : Pour munir Metz, on estime qu'il ny a point de plus prompt et asseuré moyen que dacheter des bleds des Suédois qui en trouvent souvent selon même que M. de Mande a mandé où l'on pense qu'il n'y en ait point et les oblige de les rendre dans ladite ville ou de faire marché avec eux pour en voiturer depuis Fresne où l'on pourra en faire charroyer de Verdun par charroya pris dans le Verdunois, ce dont MM. de Mande et Bellefonds auront soin jusques en ladite ville de Metz, ce qui sera très-aysé auxdits Suédois ayant quantité de charriots et de chevaux, ou en rendant la rivière navigable jusqu'à Metz, ce à quoy il faut travailler sans remise. (Papiers de Richelieu, t. VI, p. 115.)

[188] Bernard, duc de Saxe-Weimar, qui, après avoir servi sous Gustave-Adolphe, avait pria, à la mort de ce prince, le commandement de l'armée suédoise. Il venait de conclure avec la France un traité qui le mettait complètement à la disposition de Louis XIII, ainsi que les troupes qu'il commandait encore, depuis que la Suède l'avait écarté après la bataille de Nordlingen, où il commandait l'armée suédoise. Nous retrouverons souvent ce général plein de talent et de bravoure, qui fut enlevé si jeune par la mort à la France. Il mourut, en effet, de la fièvre en 1639, à l'âge de trente-cinq ans.

[189] Le 30, Richelieu écrivait à ce sujet à Servien : Le roy presse de nouveau les levées, je vous prie d'y apporter toute la diligence possible. (Idem, t. V, p. 959.)

[190] Louis XIII fait allusion ici au projet qu'il avait rédigé lui-même, pour la conversion des anciens petits régiments en régiments de vingt compagnies.

[191] L'évêque de Chartres était alors Léonor d'Estampes-Valençay, qui devint, en 1641, archevêque de Reims.

[192] Mayolas était lieutenant des gardes de Richelieu.