HISTOIRE DE LA MONARCHIE DE JUILLET

LIVRE PREMIER. — LE LENDEMAIN D'UNE RÉVOLUTION (JUILLET 1830-13 MARS 1831)

 

CHAPITRE VI. — LA CHUTE DE M. LAFFITTE.

 

 

(14 février-13 mars 1831)

 

I. Le sac de Saint-Germain-l'Auxerrois et la destruction de l'archevêché. Inaction honteuse du gouvernement. Ses proclamations. Il ratifie l'œuvre de l'émeute, Suppression des fleurs de lys. — II. Scandale produit dans l'opinion. Débat à la Chambre sur ces désordres. Attitude de M. Laffitte. Il n'y a plus de gouvernement. Malaise et anarchie. — III. Il faut en finir. Les regards se tournent vers Casimir Périer. M. Laffitte abandonné par le Parlement, par ses collègues et par le Roi. Difficulté de lui faire comprendre qu'il doit se retirer. Son irritation. Profondeur de sa chute.

 

I

On peut s'étonner que le pays supportât la honte, la misère et le péril du régime auquel le condamnait le ministère de M. Laffitte ; mais c'est l'effet d'un gouvernement de laisser-aller, surtout aux époques troublées et lasses, de déterminer dans l'esprit public une sorte d'abandon. Quoique mécontente et mal à l'aise, l'opinion ne songe pas à réagir. On la dirait gagnée, si ce n'est par l'optimisme des hommes au pouvoir, du moins par leur indifférence incertaine, sceptique et inerte. Tant que la descente se continue progressivement et sans soubresaut, cet état peut durer. Parfois cependant le mal, par son développement naturel, aboutit à quelque immense scandale, à quelque désordre grossier, dont la secousse salutaire réveille les esprits et les intérêts de leur torpeur mortelle ; alors il semble que le pays entrevoit pour la première fois, comme à la lueur d'un éclair, jusqu'à quel bas-fond il se laissait entraîner, et de toutes parts s'élève, — Dieu veuille que ce ne soit pas trop tard ! — le cri de dégoût, d'effroi et d'indignation d'un peuple qui maudit l'anarchie et implore un gouvernement. Tel est le phénomène qui va se produire à la suite des hideuses émeutes du 14 et du 15 février 1831.

Le prétexte de ces émeutes fut un service célébré à Saint-Germain-l'Auxerrois, pour l'anniversaire du duc de Berry, et la démonstration légitimiste, peut-être imprudente, mais en tout cas fort inoffensive, qui l'accompagna. Aussitôt la foule envahit l'église et le presbytère, brise les autels, les statues, les vitraux, foule aux pieds les crucifix, profane les ornements sacerdotaux dans de sacrilèges mascarades, et ne laisse, au bout de quelques heures, que des murs dénudés et des monceaux de débris jonchant le sol. Le lendemain, elle se précipite sur l'archevêché, qu'elle détruit de fond en comble ; ne respectant même pas la bibliothèque, la plus riche collection d'ouvrages ecclésiastiques qui fût en France, elle jette pêle-mêle à la Seine les livres rares et précieux. Les croix sont violemment arrachées de presque toutes les églises de Paris[1]. Tout cela, pendant que des masques promènent à travers la ville les burlesques licences du lundi et du mardi gras. Cette sédition a un aspect particulier ; aux fureurs sauvages, se mêle je ne sais quoi de railleur qui semble le ricanement de Voltaire dans cette orgie de destruction et d'impiété ; parmi les dévastateurs, à côté des acteurs habituels de tous les désordres, beaucoup de bourgeois[2] ; beaucoup aussi parmi les curieux, dont l'indifférence souriante et moqueuse a frappé plus d'un témoin[3], Le mal s'étend hors de Paris : à Conflans, on pille la maison de campagne de l'archevêque de Paris et le petit séminaire qui y est annexé ; à Lille, à Dijon, à Arles, à Nîmes, à Perpignan, à Angoulême, on saccage les séminaires ou les palais épiscopaux.

Cette émeute est bien laide, mais il est une chose plus laide encore, c'est la conduite du pouvoir ou plutôt son inaction. Pendant deux jours, a dit peu après M. Duvergier de Hauranne à la tribune, on a pu croire que la France n'avait pas de gouvernement. Bien que prévenue du projet des légitimistes et de la contre-manifestation qui se préparait, l'autorité n'a pris aucune précaution. Quand l'émeute envahit Saint-Germain-l'Auxerrois, pas la moindre répression. Le préfet de la Seine et le préfet de police paraissent un moment sur les lieux, prononcent quelques vaines paroles, mais ne font rien. C'est le maire de l'arrondissement, M. Cadet-Gassicourt, qui, pour obéir à la foule, ordonne d'abattre la croix fleurdelysée surmontant l'église, et cette croix, ainsi administrativement condamnée, s'abat avec un horrible fracas sur l'orgue qu'elle écrase en partie. A la fin de la première journée, les émeutiers se sont donné publiquement rendez-vous, pour le lendemain, à l'archevêché ; il n'est que temps d'agir, pour prévenir la répétition de ce qui vient de se passer à Saint-Germain-l'Auxerrois. Le gouvernement se décide en effet à lancer des mandats d'amener : sans doute contre les chefs des dévastateurs ? non, contre l'archevêque de Paris, le curé de Saint-Germain-l'Auxerrois, et quelques royalistes notables. Aussi, le second jour comme le premier, l'émeute trouve-t-elle le champ libre. Les quelques gardes nationaux placés à l'archevêché sous le commandement de M. Arago ne sont là que pour assister au sac, impuissants ou indifférents ; ils finissent même par se servir des livres qui n'ont pas été jetés à la Seine, pour exécuter, au milieu des ruines, une parodie du combat du Lutrin. Pas plus de répression en province. A Conflans, les pillards sont si peu gênés qu'ils prennent leur temps ; ils emploient trois jours à faire leur sinistre besogne, sans que le maire puisse obtenir de Paris les secours qu'il réclame.

Si inerte qu'il soit pendant les troubles, le gouvernement ne peut garder le silence ; mais écoutez-le à la tribune, lisez ses proclamations ou ses journaux officiels ; il affecte toujours de ne s'en prendre qu'aux carlistes, réserve pour eux seuls ses. invectives et paraît se vanter des rigueurs qu'il annonce contre eux comme d'un titre à la faveur des passions déchaînées ; en même temps, il excuse les démolisseurs et les pillards, qui ont, selon lui, agi sous l'empire d'une indignation légitime et malheureusement trop motivée ; s'il cherche à leur insinuer qu'ils feraient peut-être mieux de ne plus saccager d'églises et de ne plus détruire de palais épiscopaux, c'est bien timidement, avec force ménagements, au moyen de détours hypocrites et lâches ; témoin cette proclamation ministérielle qui feint de ne voir là qu'une question d'architecture et n'ose parler que du respect dû aux monuments publics[4]. Carrel lui-même est dégoûté de ce qu'il appelle ces bassesses. Qu'on lise, écrit-il, le 16 février, dans le National, les proclamations publiées... C'est au peuple qu'on rend compte des arrestations carlistes. Pour calmer l'émeute, on s'humilie devant elle ; on lui jure qu'on est gouverné par elle, qu'on obéit à ses inspirations. Quand la sédition, satisfaite de sa victoire, se retire de la place publique, le ministère ne reprend pas courage et ne se relève pas de sa posture abaissée. Réparer les ruines de l'église profanée et la remettre en état de servir au culte, il n'y songe pas : ce serait manquer de déférence envers la volonté populaire ; il fait clouer sur la porte fermée de Saint-Germain-l'Auxerrois un écriteau portant ces mots : Mairie du IVe arrondissement, semblant ainsi séculariser le monument et ratifier la désaffectation sacrilège accomplie par l'émeute. Dans la journée du 15, une bande de dévastateurs avait tenté, sans succès, d'arracher de l'arc de triomphe du Carrousel les bas-reliefs représentant les épisodes de la guerre d'Espagne, et, dans le tumulte, le colonel Jaqueminot avait été renversé de cheval et fort maltraité ; peu de jours après, l'administration, docile, faisait enlever elle-même ces bas-reliefs. Vainement s'agit-il de l'honneur même du Roi, les ministres ne reculent devant aucune humiliation. L'émeute ayant laissé voir que les fleurs de lys de la Maison de France lui déplaisaient presque autant que les croix des églises, M. Laffitte, dès le 16 février, présente à la signature du Roi une ordonnance supprimant ces fleurs de lys dans l'écusson royal et dans le sceau de l'État ; Louis-Philippe se refuse d'abord à mutiler son propre blason ; mais, trop porté alors à considérer toute résistance comme impossible, il finit par céder aux instances de son ministre ; le jour même, les voitures du Roi sortent du palais avec leurs panneaux grattés. Quel autre homme que M. Laffitte aurait eu assez peu le sens de la dignité pour imposer à la royauté nouvelle un pareil sacrifice, et le lui imposer au lendemain d'une sédition. Carrel n'en eût pas fait autant ; il raillait, avec une amertume méprisante, ce gouvernement qui disait à la sédition : Ne brisez pas vous-même les attributs de l'ancienne royauté et du jésuitisme ; c'est nous qui allons briser les croix, effacer les écussons, puisque vous l'exigez ; et il se demandait quelle était cette étrange monarchie qui s'arrangeait de ces déplorables scènes. La Fayette lui-même, fort disposé cependant à approuver toutes les concessions, trouvait cette fois le moment mal choisi et disait au Roi qui se plaignait de l'exigence de M. Laffitte : Vous savez que j'ai toujours souhaité qu'on effaçât ces signes de Coblentz et de la Restauration ; je l'aurais fait tous les jours avant et tous les jours après celui où vous l'avez fait. Pendant ce temps, la Reine écrivait en italien, sur son journal intime, ces admirables paroles : En sortant sur la terrasse, j'eus la douleur de voir abattre les fleurs de lys qui décoraient les balcons. Peut-être un premier mouvement d'orgueil m'a-t-il rendue trop sensible à cette destruction du blason de ma famille, mais il m'était pénible de voir qu'on cédât ainsi à toutes les volontés populaires. Quand la croix était abattue, tout autre sentiment aurait dû se taire[5].

La lâcheté, des ministres, en face des émeutes du 14 et du 15 février, est tellement étrange, tellement inouïe, que quelques esprits n'ont pu la croire involontaire. On a prétendu que des politiques peu scrupuleux avaient été bien aises de donner une leçon et d'inspirer une peur salutaire au clergé et aux carlistes ; on a dit aussi que, s'attendant à une explosion des passions révolutionnaires, ils les avaient laissées s'attaquer aux églises et aux séminaires, pour les détourner des boutiques de la bourgeoisie et du palais du souverain[6]. C'eût été un pauvre calcul et un égoïsme à bien courte vue. L'émeute ne mêlait-elle pas à ses imprécations contre les carlistes et les prêtres les cris de : À bas la Chambre des députés ! Vive la république ! Ne profitait-elle pas de la liberté qu'on lui accordait, pour se porter contre l'hôtel de M. Dupin, toute prête, si cette fois elle n'avait été arrêtée, à le traiter comme le palais de Mgr de Quélen ? En réalité, la victoire qu'on lui laissait remporter sans combat était gagnée autant contre la monarchie dont les armes étaient mutilées, que contre la religion dont les croix étaient arrachées. Qu'est-il besoin, d'ailleurs, pour expliquer la conduite du gouvernement, de lui supposer tant de machiavélisme ? Cette conduite était tout simplement l'application naturelle, le développement logique, la conclusion prévue de la politique de laisser-aller.

 

II

Le scandale fut immense. D'après les témoignages contemporains, ces affreuses journées jetèrent une terreur dans les esprits, une indignation dans les cœurs, qui ne pouvaient se comparer à rien de ce qu'on avait ressenti jusqu'alors[7]. De ce jour, le ministère fut condamné, et s'il dura encore près d'un mois, ce fut un mois de misérable agonie.

Le 17 février, l'un des membres de la Chambre, M. Delessert, dénonça l'incurie, l'inaction du cabinet[8] ; puis élargissant la question, aux applaudissements d'une majorité qui commençait à avoir honte de sa tolérance et conscience de son pouvoir : Pourquoi, dit-il, les souffrances du commerce augmentent-elles journellement ? Pourquoi la confiance est-elle anéantie ? Cela ne tient-il pas à la faiblesse du gouvernement ? Le ministre de l'intérieur essaya une apologie fort gênée de sa conduite, s'excusa par les difficultés inévitables au lendemain d'une révolution qui avait laissé tant de problèmes sociaux à résoudre, et n'aboutit qu'à donner une nouvelle preuve de sa faiblesse, par son affectation à rejeter toute la responsabilité sur les royalistes, et à voiler de métaphores complaisantes la hideuse brutalité de l'émeute[9] ; on sentait du moins, à l'honneur du jeune ministre, qu'il était mal à l'aise dans le rôle auquel il se croyait condamné et pour lequel il n'était pas fait. La politique de laisser-aller avait des interprètes plus convaincus et moins embarrassés ; tels furent, dans ce débat, le préfet de police, M. Baude, et le préfet de la Seine, M. Odilon Barrot. Bien loin de trouver dans ce qui s'était passé un grief contre le parti révolutionnaire, ils n'y voyaient qu'un signe du mécontentement produit par la mauvaise politique du gouvernement et par l'impopularité de la Chambre. L'émeute devenait, à les entendre, une sorte de pétition populaire, à laquelle il fallait se hâter de donner satisfaction. Ce que la dévastation a d'odieux et de barbare, disait le préfet de police, semble atténué par la leçon qu'elle donne au gouvernement. Pour ne pas aller à l'encontre de cette leçon, il fallait que le ministère inclinât plus à gauche ; il fallait surtout dissoudre immédiatement la Chambre, comme on avait déjà brisé les croix ou gratté les écussons. Seul, ce témoignage de confiance pouvait apaiser le peuple. Ainsi d'accusée qu'elle était, l'émeute osait se poser en accusatrice, et de plus, dans cette étrange anarchie, elle accusait le pouvoir par la bouche du préfet de la Seine et du préfet de police. Enfin, pour que la figure de ce gouvernement fût plus piteuse encore, les ministres et leurs fonctionnaires, comme il arrive d'ordinaire aux prévenus, se renvoyaient mutuellement une responsabilité dont ils commençaient à sentir le poids écrasant, et qui, en réalité, leur incombait à tous ; le procureur général se plaignait de l'inertie du préfet de la Seine ; celui-ci se rejetait sur les ordres ou plutôt sur l'absence d'ordres du ministre de l'intérieur ; ce dernier, enfin, était réduit, pour se défendre, à engager avec son subordonné une altercation publique. M. Guizot ne laissa pas échapper l'occasion de tirer la morale de cette discussion : Le ministère, dit-il, ne réunit pas les conditions nécessaires pour défendre la société dans la crise qu'elle traverse ; la France demande à être gouvernée et sent qu'elle ne l'est pas. Il terminait par cette déclaration qui semblait conseiller et même annoncer une attitude nouvelle de la majorité : Je ne crois pas qu'il soit possible de rester dans cette position. Ainsi pressé, M. Laffitte balbutia quelques excuses, parla d'une situation plus forte que les hommes, demanda naïvement à ses contradicteurs s'ils connaissaient un moyen d'empêcher une émeute d'éclater ; puis, prenant l'offensive, il sembla se venger de ses humiliations sur la Chambre et lui annoncer une prochaine dissolution : J'aurai l'honneur, disait-il en terminant, de vous faire connaître demain les ordres du Roi. Était-ce donc que le ministère fût résolu à se ranger du parti de l'émeute contre la Chambre ? Ce serait lui supposer une netteté et une décision qu'il n'avait pas, même pour le mal. Le lendemain, on attendit vainement que M. Laffitte vînt faire connaître à la Chambre les ordres du Roi. Bien au contraire, comme pour donner des gages d'un autre côté, il annonça, dans le Moniteur, le remplacement de M. Odilon Barrot et de M. Baude par M. de Bondy et M. Vivien, et les nombreux projets de loi qu'il présenta semblaient révéler le désir, non de brusquer, mais de retarder la dissolution. Indécision et incohérence qui n'aboutissaient qu'à augmenter le discrédit du cabinet !

D'ailleurs, ne suffisait-il pas alors de regarder le gouvernement et le pays, pour apprécier ce qu'en avaient fait quelques mois de ce régime de laisser-aller ? Triste spectacle, en vérité ! Partout la désorganisation politique et administrative ; un ministère impuissant et méprisé, ne sachant plus dissimuler ses divisions intestines, ni obtenir de ses subordonnés l'obéissance même apparente ; les municipalités des grandes villes ne se gênant pas pour signifier au ministre de l'intérieur que le gouvernement, qui devait tout au peuple, avait renié son origine, et qu'en s'appuyant sur une Chambre sans pouvoirs et objet de l'animadversion générale, il devait faire rejaillir sur lui la haine et le mépris dont cette Chambre était entourée ; les fonctionnaires s'affiliant à l'Association nationale, sorte de gouvernement extralégal, par lequel le parti révolutionnaire prétendait surveiller, dominer, suppléer le gouvernement nominal jusque dans la politique étrangère ; une presse factieuse contre laquelle on n'osait aucune répression judiciaire ; la sédition presque quotidienne à Paris et en province, si bien que M. Duvergier de Hauranne pouvait dire à la tribune[10] : Les émeutes ont succédé aux émeutes ; on dirait qu'elles sont devenues l'état habituel de notre ordre social ; la détresse croissante de l'industrie et du commerce, les faillites multipliées dans des proportions inouïes, et la presse de gauche demandant avec angoisse ce qui pourrait arrêter, sur le penchant de leur ruine, des milliers de fortunes qui croulent tous les jours[11] ; les classes ouvrières en proie aux souffrances comme aux tentations du chômage, et, certaine nuit de bal à la cour, une bande de prolétaires assaillant le Palais-Royal et venant mêler aux mélodies de l'orchestre ce hurlement sinistre : Du travail ou du pain ! le crédit public de plus en plus gravement atteint[12], la résistance à l'impôt devenue générale, le déficit mensuel s'élevant à plusieurs millions, le Trésor à la veille de cesser ses payements[13], en un moment où la nécessité de soulager les misères intérieures et de parer aux difficultés extérieures obligeait à des dépenses extraordinaires ; le trouble des âmes et des intelligences venant s'ajouter à celui des institutions, des partis et des intérêts ; le danger du dehors peut-être plus redoutable encore ; les puissances étrangères, sous le coup des événements du 14 et du 15 février, se refusant plus que jamais à faire fond sur la fermeté ou la puissance du gouvernement, et se préparant à une guerre qui leur paraissait proche et inévitable ; le parti révolutionnaire se plaisant d'ailleurs à bien montrer à l'Europe qu'elle était la première menacée par les désordres intérieurs, témoin cette émeute qui, à la nouvelle d'une défaite des Polonais, jetait des pierres et tirait des coups de feu contre les fenêtres de l'ambassade russe, et, après ce bel exploit diplomatique, échangeait de patriotiques politesses avec le général La Fayette[14] ; aussi partout, en France et au dehors, un sentiment de malaise, d'angoisse, de dégoût et d'effroi, et comme l'impression, chaque jour plus présente, d'un péril immense et immédiat.

Ecoutez les aveux et les plaintes des contemporains. Un mot s'impose à eux qui résume exactement ce qu'ils ont sous les yeux, celui d'anarchie ; ce mot, M. Duvergier de Hauranne le prononçait alors à la tribune[15] ; longtemps après, il revenait sans cesse sous la plume de M. de Montalivet, recueillant les souvenirs de cette époque, et l'ancien collègue de M. Laffitte concluait avec une conviction désolée : C'était bien l'anarchie, hélas ![16] M. Molé écrivait à M. de Barante, le 7 mars : L'esprit public a subi une détérioration profonde depuis les hideuses journées de février. Toutes les nuances d'opinion sont à peu près également mécontentes, toutes également inquiètes de ce qui succédera... Je n'ai vu d'analogue que la fin du Directoire, le temps qui précéda le 18 brumaire. Mais le génie et l'épée qui firent le 18 brumaire n'y sont pas[17]. Les jeunes hommes qui avaient nourri les plus orgueilleuses illusions, qui avaient salué dans la révolution de Juillet le rajeunissement de l'humanité, reconnaissaient que tout allait bien mal[18]. Symptôme grave entre tous, ce n'était pas seulement le ministère dont on était mécontent, c'était le Roi lui-même dont on doutait : ce doute se trahit dans les correspondances intimes des contemporains, et la duchesse de Broglie ne faisait qu'exprimer le sentiment régnant autour d'elle, quand elle écrivait, le 3 mars, à M. de Barante : L'idée de la faiblesse du Roi se répand beaucoup, peut-être plus qu'il n'est juste ; je crois qu'il cherche trop à ménager et ne prend son parti de renoncer à personne[19]. M. de Salvandy montrait toute la nation inquiète et malade, comme à la veille des grandes catastrophes qui troublent à la fois la terre, les eaux, le ciel, et il ajoutait que l'ordre social tremblait sur ses fondements[20]. Le sentiment général semblait être que l'édifice construit en Juillet allait s'écrouler. Les ennemis, républicains, légitimistes ou bonapartistes, s'agitaient pour occuper la place qu'ils s'attendaient à voir bientôt vacante. Les amis eux-mêmes n'avaient plus confiance : l'un des personnages les plus engagés dans la fondation de la dynastie, M. Thiers, avouait, quelques mois plus tard, le doute poignant qui avait saisi alors les plus optimistes : C'était une question, écrivait-il, et une question effrayante, de savoir si, au milieu de cette tourmente épouvantable, la monarchie pourrait subsister. Et après avoir dépeint cette anarchie dans un tableau rapide, il reprenait : Tout cela étant, il était bien naturel de se demander si la nouvelle monarchie pourrait subsister ; les gens honnêtes se désespéraient, ils entrevoyaient de nouveaux bouleversements. Enfin, M. Thiers ajoutait ce dernier trait, qui n'était pas le moins alarmant : L'Europe inquiète songeait à se prémunir contre l'incendie[21].

 

III

De toutes parts, s'élevait le cri qu'il fallait en finir avec une telle politique[22]. Le besoin d'ordre, de sécurité, de gouvernement, était tel, qu'on a pu comparer cet état de l'opinion à celui qui avait précédé le 18 brumaire : seulement, point de Bonaparte revenant vainqueur d'Egypte. A défaut d'un général, tous les regards des gens d'ordre se fixaient sur un vétéran des luttes parlementaires, alors président de la Chambre, M. Casimir Périer. Stimulés et soutenus par cette disposition de l'esprit public, les conservateurs de l'Assemblée sortaient peu à peu de leur réserve intimidée et indécise, de leur tolérance attristée ; ils envisageaient désormais comme possible la formation d'un ministère de résistance dont le chef leur était désigné par l'opinion, et ils se décidaient à manifester plus nettement leur défiance contre M. Laffitte. L'hostilité du Parlement devint même à ce point visible, que pour obtenir le vote d'un projet financier nécessaire aux besoins de l'Etat, le président du conseil fut réduit à déclarer, avec une humilité sans précédent, qu'il demandait ce vote non pour lui, mais pour ses successeurs[23]. La gauche, à un point de vue opposé, n'était pas moins impatiente de voir remplacer le cabinet ; Carrel déclarait que le malaise profond de la France était dû à l'inconséquence de ceux qui occupaient le pouvoir, et il demandait à avoir enfin des ministres qui apportassent des affirmations[24]. Tous les partis approuvaient, au moins tout bas, M. Berryer, quand il s'écriait en parlant des ministres : Funestes aux étrangers, funestes à nos concitoyens, impuissants pour la paix, impuissants pour la guerre, ces hommes ont aussi mal gouverné nos affaires au dehors qu'au dedans ; ils ont également compromis et la fortune, et le repos, et l'honneur de la France[25]. Dans le sein même du cabinet, se produisaient des signes de dissolution ; M. Mérilhou avait donné sa démission[26], pour se dégager d'une administration moribonde et dans l'espoir que sa retraite serait un titre à la faveur de la gauche ; par contre, un autre ministre, M. de Montalivet, faisait des démarches actives pour amener la formation d'un cabinet conservateur sous la présidence de M. Périer, déclarant au général de Ségur, qui l'aidait dans ces démarches, que s'il ne se retirait pas tout de suite, c'était seulement pour disputer à M. Laffitte le Roi et la France. Cette conduite de M. de Montalivet avait une importance particulière ; étant donné ses relations avec le Roi, il ne pouvait agir ainsi que par son ordre ou en tout cas avec son assentiment. Ce n'était pas sans hésitation que Louis-Philippe en était venu là. La retraite de La Fayette et de M. Dupont de l'Eure, en le débarrassant d'un protecteur humiliant et d'un conseiller gênant et discourtois, lui avait laissé seulement M. Laffitte, pour lequel il avait une sympathie reconnaissante, dont il goûtait, sinon les opinions, du moins le caractère, et qui, par son insouciance même, lui paraissait un ministre commode : le mot est de M. de Montalivet. Très-jaloux de gouverner lui-même, le Roi avait profité de la légèreté facile du chef du cabinet pour mettre complètement la main sur les affaires étrangères. Il se flattait d'arriver peu à peu à un résultat pareil pour les affaires intérieures. N'avait-il pas fait un premier pas dans ce sens, le jour[27] où, recevant une députation, il avait tenté de donner la formule de sa politique personnelle, de son système, comme il dira plus tard, et avait employé, pour la première fois, cette expression de juste milieu qui, aussitôt vivement commentée, relevée par l'opposition, devait servir de sobriquet pour désigner le Roi lui-même ? M. Casimir Périer lui semblait, non sans raison, devoir être un ministre bien moins commode, aussi jaloux de faire sentir son autorité à la couronne qui ne le désirait pas, qu'au pays qui en avait besoin. D'ailleurs, par sa disposition à s'exagérer la force de la révolution et la faiblesse de sa monarchie, Louis-Philippe redoutait le moment d'une rupture ouverte avec les partis avancés ; il tâchait de le retarder, en usant d'expédients : il eût souhaité au moins attendre le résultat des élections générales, se flattant, pour excuser cette défaillance, que prolonger l'épreuve du laisser-aller serait préparer pour l'avenir une réaction plus forte. Ne semblait-il pas même résigné à prendre un ministère plus à gauche, à avaler Salverte et Dupont tout crus, comme il le disait dans la familiarité un peu intempérante de ses conversations ? Ces hésitations et ces timidités ne purent cependant tenir longtemps devant le mouvement chaque jour plus prononcé de l'opinion, qui indiquait si nettement et la politique à suivre et l'homme de cette politique. Le Roi était trop clairvoyant pour ne pas comprendre où était, en dehors et au-dessus des petites questions d'agrément personnel, le véritable et grand intérêt de la monarchie et du pays .Dans les premiers jours de mars, il prit son parti, non sans regret, ni sans terreur, mais sans hésitation. Je ne puis plus garder Laffitte, dit-il à M. Dupin[28] ; il ménage le parti qui cause tous nos embarras et auquel il est bien temps de résister. D'ailleurs, on me dit que le Trésor est aux abois.

Ainsi, après avoir été condamné par l'opinion, aussi bien par celle de gauche que par celle de droite, après avoir été délaissé par ses propres collègues, M. Laffitte était abandonne par le Roi. Bien plus, par une coïncidence du reste fort explicable, la déconfiture de l'homme d'affaires s'ajouta à la déroute du ministre, et il fut réduit à mettre en liquidation sa maison de banque. Pour cet homme, naguère au comble des richesses, de la popularité et du pouvoir, c'était un écroulement complet : réalisation de cette prophétie faite, plus de dix ans auparavant, par le duc de Richelieu : Ce banquier ambitieux se croit le roi des Halles, et ce n'est qu'un écervelé ne sachant ni ce qu'il veut, ni ce qu'il fait, capable de ruiner la France et de se ruiner lui-même par vanité.

Seul, M. Laffitte semblait ne pas s'apercevoir que son règne était fini. Rien n'atteignait son vaniteux optimisme. Il se cramponnait à ce pouvoir dont pourtant il usait si peu. Dans l'importance que lui avait donné son rôle en Juillet, il s'était imaginé que l'ordre de choses nouveau ne pourrait subsister sans qu'il fût à la tête des affaires. Vainement avait-il raillé parfois la présomption de La Fayette, la chute de ce dernier ne lui avait rien appris. Il ne faisait pas difficulté d'admettre que le ministère pouvait être usé, mais la seule conclusion qu'il en tirait était qu'il aurait à grouper autour de lui d'autres collègues ; dans ce dessein, il faisait engager des pourparlers avec les chefs de la gauche, si bien que, jusqu'à la dernière heure, le National crut que le résultat de la crise serait de remplacer des hommes du milieu par des personnages d'opinion plus avancée. Les avertissements ne manquèrent cependant pas à M. Laffitte : on en vint à le faire prévenir, par son propre sous-secrétaire d'État, M. Thiers, qu'aux yeux du Roi le ministère du 3 novembre avait accompli sa tâche. M. Laffitte, obstinément fermé aux nouvelles déplaisantes, se montra incrédule et alla trouver Louis-Philippe. Doit-on croire que celui-ci, gêné d'avoir à détruire des illusions si confiantes, s'expliqua peu clairement ? Toujours est-il que le ministre le quitta plus rempli que jamais d'espérance, plus sûr d'avoir l'avenir à lui. Il fallut bien enfin que la vérité brutale se fît jour : le 11 mars, après des pourparlers dont on racontera plus tard les dramatiques vicissitudes, M, Casimir Périer reçut et accepta la mission de former un cabinet[29]. Déception d'autant plus amère pour M. Laffitte, qu'il s'y attendait moins. Les démonstrations affectueuses du Roi furent impuissantes à l'adoucir. Le ministre déchu ne vit rien des causes qui, en réalité, l'avaient déjà fait tomber du pouvoir, bien avant que Louis-Philippe se décidât tardivement à le congédier ; il se crut et se proclama une victime de l'ingratitude royale.

Ainsi finit M. Laffitte. Il finit, de l'aveu des écrivains qui lui étaient le plus favorables, sans honneur, impuissant et déconsidéré[30]. Au lendemain même de cette chute, que reste-t-il de cet homme qui a occupé tant de place depuis huit mois ? Il disparaît, en quelque sorte, sans laisser de vide : disparition si subite, si complète et si définitive, qu'on en chercherait vainement une pareille dans l'histoire des partis. Pendant que de hauts esprits et de grands caractères s'épuisent à réparer le mal qu'il a fait et laissé faire, ruiné financièrement et politiquement, dépouillé de sa popularité comme de son opulence, ayant perdu dans l'aigreur de sa disgrâce jusqu'à l'aménité heureuse de son humeur, désespéré, humilié, oublié de tous, n'étant estimé de personne, M. Laffitte descend de jour en jour plus bas sur la pente démagogique ; il maudit son œuvre et ses amis, demande, du haut de la tribune, en juin 1836, pardon à Dieu et à ses concitoyens d'avoir fait la monarchie de Juillet, et écrit, le 11 mars 1837, à son cher Béranger : Quelle canaille que la plupart de nos amis de quinze ans ![31] Toutefois, si la postérité le frappe d'une note particulièrement sévère, ce n'est pas à cause de cette fin qui, dans l'obscurité et le discrédit où il est tombé, n'a guère fait de tort qu'à lui-même ; c'est pour avoir été, au jour de la fortune et du pouvoir, la personnification de la politique de laisser-aller, de défaillance, de lâcheté, en face de la révolution. Leçon qu'on ne saurait trop recommander aux réflexions des hommes d'État ! Tandis que tant d'autres ministres, proclamés impopulaires de leur vivant, parce qu'ils résistaient, grandissent chaque jour davantage dans l'histoire, aucun n'a laissé une mémoire plus universellement condamnée que celle de M. Laffitte, et ce nom seul appliqué à une politique est devenu un terme de mépris.

 

 

 



[1] Notamment à Saint-Louis, Saint-Gervais, Saint-Paul Saint-Louis, Sainte-Marguerite, Saint-Laurent, Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, Saint-Nicolas des Champs, Saint-Merri, Saint-Roch, Saint-Nicolas du Chardonnet. (Vie de Mgr de Quélen, par M. D'EXAUVILLEZ, t. II, p. 64.)

[2] Parmi les émeutiers, dit la relation d'un garde national, publiée à cette époque, il n'y avait pas que des ouvriers en veste, mais des habits et des chapeaux fins. M. Duvergier de Hauranne, quelques jours plus tard, pouvait affirmer à la tribune que les ouvriers de Paris n'avaient pris aucune part aux journées de Février ; et il indiquait les jeunes gens des Écoles comme les principaux coupables.

[3] M. Guizot a constaté l'indifférence moqueuse de la foule des spectateurs, et parlant en termes élevés de cette révolte, la pire de toutes, qui est celle des âmes contre Dieu, il ajoute : Je ne sais, en vérité, quels sont les plus insensés, de ceux qui s'y livrent avec fureur ou de ceux qui sourient en les regardant.

[4] Interrogé, le 15 février, à la Chambre, pendant qu'on démolit l'archevêché, le ministère, par l'organe de M. Barthe, n'a pas un mot de blâme ou de menace contre les émeutiers ; c'est contre les carlistes qu'il se montre résolu à user de rigueur. L'administration, déclare-t-il solennellement, éprouve le besoin de vous dire que le parti vaincu en Juillet s'agite. Le ministre de l'intérieur, dans sa proclamation du 15 février au soir, celle qui commence par ces mots : Respect aux monuments publics ! annonce au peuple, pour désarmer sa colère, que le gouvernement a saisi et mis sous la main de la justice plusieurs des principaux acteurs de la cérémonie factieuse de Saint-Germain-l'Auxerrois. Dans une autre proclamation du 16 février au matin, il parle du mouvement d'indignation malheureusement trop motivé qui a produit des désordres affligeants. La proclamation du préfet de police est plus vive encore contre le parti légitimiste : Ce parti, dit-il, a pris notre longanimité pour de l'hésitation... Hier il s'est démasqué, à Saint-Germain-l'Auxerrois, par une provocation insensée à la guerre civile. Puis il ajoute : Souvenons-nous que, depuis un siècle, le mot d'ordre du jésuitisme est : Haine à la famille d'Orléans. Le Moniteur du 16 février débute ainsi : Des pensées coupables en faveur de la dynastie parjure que la France a repoussée de son sein ont dû exciter une indignation générale ; et il ne voit dans les auteurs de ces hideux désordres que des hommes égarés par une indignation légitime. Du reste, les esprits sont à ce point dévoyés, que le Journal des Débats lui-même, alors conservateur, ne trouve aussi à s'en prendre, le lu février, après le sac de l'archevêché, qu'au complot de sacristie ; et s'adressant aux catholiques et aux royalistes, il leur crie : Vous n'êtes pas seulement coupables de votre folie, vous êtes coupables de la folie des autres.

[5] A. TROGNON, Vie de Marie-Amélie, p. 208.

[6] A l'appui de cette interprétation, on a cité le rôle au moins bizarre joué, dans la journée du 15 février, par M. Thiers, alors sous-secrétaire d'État de M. Laffitte. M. Arago a raconté lui-même, le 13 août 1831, à la tribune de la Chambre, qu'il allait pénétrer dans l'archevêché avec ses gardes nationaux, pour arrêter la dévastation, quand M. Thiers, déclinant sa qualité, intervint très-vivement pour détourner la garde nationale de se commettre avec le peuple, dans ces circonstances. — Ses paroles, ajoutait M. Arago, firent impression ; on crut y voir la pensée de l'autorité supérieure, et notre mouvement se trouva ajourné. M. Thiers, pour se justifier, a prétendu que l'incident était sans importance, que le mal était déjà fait lors de son intervention, et qu'il avait voulu seulement empêcher une collision. Des témoins sûrs m'ont en outre rapporté que, le soir du 15 février, dans les salons, M. Thiers parlait de ce qui s'était passé avec une sorte de frivolité satisfaite.

[7] Lettre de madame Swetchine.

[8] Ce débat, commencé le 17 février, se prolongea plusieurs jours.

[9] Nous apprîmes en même temps, disait le ministre, l'offense à la révolution de Juillet et les effets de l'indignation populaire : la foudre était déjà tombée sur Saint-Germain-l'Auxerrois.

[10] Séance du 10 mars 1831.

[11] National du 13 mars 1831.

[12] La rente 5 pour 100 s'offrait à 82 fr, 50, sans trouver acquéreur ; et le 3 pour 100, à 52 fr. 70. Baisse d'autant plus remarquée que l'état financier était des plus prospères dans les derniers temps de la Restauration.

[13] Savez-vous, disait alors M. Casimir Périer à M. Dupin, qui le pressait de prendre le pouvoir, savez-vous que le Trésor est à la veille de cesser ses payements ? (Mémoires de M. Dupin, t. II, p. 301.)

[14] 9 mars 1831.

[15] Le 10 mars 1831, M. Duvergier de Hauranne dénonçait à la Chambre l'anarchie qui des esprits a passé et se propage dans les choses.

[16] Étude de M. le comte de Montalivet, sur la Politique conservatrice de Casimir Périer. (Revue des Deux Mondes, 15 mai 1874.)

[17] Documents inédits.

[18] Passim, dans la correspondance de Victor Jacquemont.

[19] Documents inédits.

[20] Seize mois, ou la Révolution et les révolutionnaires, par M. DE SALVANDY.

[21] La Monarchie de 1830, p. 125 à 127.

[22] Un sous-lieutenant qui devait devenir maréchal de France, le jeune de Saint-Arnaud, écrivait alors de Brest : En général, en province, on est bien mécontent des troubles de Paris. Il n'y a qu'une voix pour dire qu'il faut en finir. Si cela se répétait, je ne serais pas surpris de voir les provinces marcher sur Paris. Voilà le résultat de ce que j'ai entendu partout sur la route.

[23] Séance du 11 mars 1831. — Voici, du reste, les propres paroles de M. Laffitte : Messieurs, il serait pénible pour les ministres de demander une confiance que vous pourriez leur refuser. Cette confiance, je ne la demande pas, moi, comme ministre ; je la demande comme citoyen, parce que l'intérêt de l'Etat l'exige ; et ce n'est probablement pas pour moi que je la demande.

[24] National du 13 mars 1831.

[25] Discours du 10 mars 1831.

[26] 8 mars 1831.

[27] 29 janvier 1831.

[28] Mémoires de M. Dupin, t, II, p. 300.

[29] Les ordonnances, portant nomination des nouveaux ministres, furent signées le 13 mars.

[30] CARREL, dans le National du 12 mars 1831.

[31] Allusion à l'Opposition de quinze ans, sous la Restauration.