LES DOUANES CHEZ LES ROMAINS

 

CHAPITRE V. — MARCHANDISES PROHIBÉES.

 

 

On ne rencontre sous la République aucune loi prohibant d'une façon générale l'importation ou l'exportation de telle ou telle marchandise ; des mesures de l'espèce n'étaient prises que dans des circonstances exceptionnelles, par exemple, lorsque les consuls jugeaient que l'exportation de l'or pouvait compromettre les finances de la République[1].

Quelques siècles plus tard, au contraire, des constitutions impériales prohibaient d'une façon permanente l'exportation, à destination des pays occupés par les Barbares, de l'or, du blé, du sel, du vin, de l'huile, des conserves que l'on désignait sous le nom de liquantina, du fer, des pierres propres à aiguiser le fer, des cuirasses, des boucliers, des arcs, des flèches, des épées larges ou effilées et de toutes les armes en général[2]. Ces prohibitions étaient motivées par des considérations économiques et militaires.

S'il fallait éviter de fournir aux barbares des armes qu'ils auraient tournées contre l'empire, il n'importait pas moins de retenir sur le territoire romain les approvisionnements de vivres indispensables à la guerre et nécessaires au fonctionnement du service de l'annone.

Sous le Bas-Empire, l'importation des étoffes teintes en pourpre et de la soie était interdite aux particuliers. Cette prohibition, la seule que l'on rencontre à l'importation, s'explique par ce fait que le port de la pourpre était considéré comme un insigne de la puissance impériale[3] et que le commerce de ces marchandises était réservé au comes commerciorum[4].

 

 

 



[1] Cicéron, In Vatinium, V, 12.

[2] Loi 11 princ., Digeste, XXXIX, 4. — Lois 1 et 2, Code Justinien, IV, 41 et loi 2, Code Justinien, IV, 63.

[3] Loi 1, Code Justinien, IV, 40.

[4] Loi 2, Code Justinien, IV, 40.