HISTOIRE NARRATIVE ET DESCRIPTIVE DU PEUPLE ROMAIN

 

CHAPITRE XII. — LES GRACQUES.

 

 

Commencement des révolutions. — La vieille constitution de Rome s'était maintenue aussi longtemps que les Romains conservaient leurs vieilles mœurs. Quand les mœurs changèrent, la constitution ne fut plus respectée.

Les nobles, qui formaient seuls le Sénat et seuls arrivaient aux magistratures, cessèrent de gouverner honnêtement dans l'intérêt de l'État. Ils avaient besoin d'argent pour entretenir leur luxe ; ils se servirent du pouvoir pour s'enrichir.

Le peuple cessa de travailler dans la campagne et s'entassa dans Rome ; là n'ayant plus de moyens de gagner leur vie, les citoyens cherchèrent à vivre en vendant leurs voix aux candidats.

Les soldats cessèrent de combattre pour la patrie ; ils s'enrôlaient, pour recevoir la solde et le butin, et ne connaissaient que leur général.

Alors le gouvernement par le Sénat devint impraticable, et les révolutions commencèrent. Elles durèrent un siècle. Pendant un siècle, les Romains et leurs sujets vécurent au milieu des émeutes et des guerres civiles.

Tiberius Gracchus. — Le premier qui essaya de changer la vieille constitution fut Tiberius Gracchus[1].

Il était de famille très noble. Son père avait été censeur. Sa mère, la célèbre Cornélie, était fille du grand Scipion. Resté orphelin très jeune, il fut élevé par sa mère, ainsi que son frère Caïus, plus jeune que lui de neuf ans.

Cornélie était, dit-on, la femme la plus vertueuse de Rome. Le roi d'Égypte l'avait demandée en mariage, elle refusa. Elle vivait simplement, sans luxe. Un jour, dans une réunion de dames romaines, on chacune étalait ses bijoux on lui demanda de montrer aussi les siens. Elle fit venir ses deux fils et dit : Voilà mes parures.

Tiberius eut pour précepteurs et pour amis deux philosophes grecs, Blossius de Cumes, Diophane de Mitylène ; il devint instruit et éloquent. Il avait un caractère doux ; à la tribune il parlait avec calme, sans changer de place. Il vivait sans luxe, comme les anciens Romains.

Il fut bientôt estimé et aimé du peuple. Élu questeur, il accompagna en Espagne le consul Mancinus, qui fut pris par les Numantins. Revenu à Rome, il fut élu tribun de la plèbe et commença à proposer au peuple une réforme. Voici dans quel sens.

Destruction du peuple des campagnes. —Autrefois la plèbe romaine se composait surtout de petits propriétaires qui cultivaient eux-mêmes leur champ. Ces paysans propriétaires formaient à la fois l'assemblée du peuple et l'armée. Or, en 133, il n'en restait presque plus. Depuis qu'il fallait faire la guerre au loin, hors d'Italie, le paysan, retenu à l'armée, ne pouvait plus revenir chaque année cultiver sa terre. Beaucoup périrent dans ces guerres, d'autres restèrent dans les pays conquis. Ceux qui revenaient ne pouvaient plus vendre leur blé assez cher pour entretenir leur famille, car Rome recevait maintenant les grains de la Sicile et de l'Afrique.

Les nobles et les riches achetaient au paysan son champ ; ils réunissaient ces petits champs, en faisaient un grand domaine et mettaient la terre en prairies, en vignes, en vergers. Pour cultiver ou pour garder le bétail, ils envoyaient des esclaves. Peu à peu, il ne restait plus que quelques grands propriétaires et, des bandes d'esclaves. Pline disait plus tard : Les grands domaines ont perdu l'Italie.

Par contre, la ville de Rome s'était remplie d'une population de citoyens qui ne possédaient rien et ne pouvaient se nourrir.

Tiberius, en traversant l'Étrurie, fut très frappé de voir ce pays si fertile devenu presque désert., sans autres habitants que des esclaves. Il s'inquiétait aussi de voir qu'il ne restait plus assez de citoyens pour recruter les armées.

Devenu tribun, il travailla à refaire une population de citoyens paysans. Dans un discours au peuple, il disait : Les bêtes sauvages de l'Italie ont au moins leurs tanières, mais les hommes qui versent leur sang pour l'Italie n'y ont que la lumière et l'air qu'ils respirent. ; ils errent sans maison, sans demeure, avec leurs femmes et leurs enfants. Ils mentent, les généraux quand il les exhortent à combattre pour leurs tombeaux et leurs foyers. Parmi tant de Romains, en est-il un seul qui ait encore le foyer de sa maison et le tombeau de ses ancêtres ? Ils ne combattent et ne meurent que pour entretenir le luxe d'autrui. On les appelle les maîtres du monde, et ils n'ont rien à eux, pas même une motte de terre.

Lois agraires. — Voici le procédé que voulait employer Gracchus :

Rome possédait un très grand domaine public ; elle l'avait acquis de la façon suivante. Quand un peuple vaincu demandait la paix Rome l'obligeait à lui céder son territoire. L'ancienne formule que devaient prononcer les envoyés disait : Nous vous abandonnons le peuple, la ville, les champs, les eaux, les objets ; toutes les choses qui appartiennent aux dieux et aux hommes, nous les remettons au pouvoir du peuple romain. Ainsi toutes les terres devenaient la propriété du peuple romain, le domaine du peuple (domaine public).

D'ordinaire, on les divisait en trois parts :

1° On en rendait une aux habitants, mais à condition de payer une redevance en argent et en grains ;

2° On affermait les terres labourables et les pâturages à des compagnies d'entrepreneurs (publicains), qui les sous-louaient ou faisaient payer un droit sur chaque tête de bétail ;

3° On laissait le reste en friches, et tout citoyen romain avait le droit de s'y établir, d'en occuper un morceau et de le cultiver ou d'y faire paître.

Sur toutes ces terres, le peuple romain restait propriétaire ; il conservait le droit de les reprendre dès qu'il lui plaisait.

Tiberius proposa au peuple une loi agraire[2] pour disposer d'une partie de ce domaine (ager). Les particuliers qui occupaient des terres du domaine public devaient les rendre — excepté que chacun avait le droit d'en conserver 500 arpents. L'État reprendrait ces terres et les distribuerait à des citoyens pauvres : pour chaque famille, un lot de 30 arpents (7 hectares ½) en Italie.

Il ne s'agissait pas de dépouiller les propriétaires. Aucun Romain n'y a jamais pensé ; la propriété privée était garantie par la religion ; les bornes qui marquaient la limite de chaque domaine étaient des dieux, les dieux termes, qu'on n'aurait pas osé enlever. Il ne s'agissait que des terres qui appartenaient en droit au peuple, le peuple avait le droit de les reprendre. Mais l'opération n'allait pas sans difficulté.

Presque toutes les terres du monde faisaient partie du domaine public de Rome. Il y avait des siècles que ces terres étaient occupées par des familles qui en jouissaient paisiblement. Tout le monde s'était habitué à les regarder comme une véritable propriété : on les léguait, on les vendait, en les achetait. Les retirer, c'était ruiner brusquement une. foule de gens, non pas des nobles romains seulement, mais des Italiens, même des paysans.

En outre, comme les Romains n'avaient pas de :cadastre, il était souvent très difficile de distinguer si une terre était une propriété privée ou un morceau du domaine public. Tiberius proposait de nommer trois personnages (triumvirs chargés de distribuer les terres), avec le droit de juger à qui appartenait chaque terre. C'était leur donner un pouvoir sur toutes les fortunes.

La loi agraire plut au peuple, elle consterna les riches et les sénateurs. Un tribun de la plèbe, Octavius, prit leur parti et déclara s'opposer à la loi. Or la religion défendait de rien faire contre le veto d'un tribun.

Tiberius supplia son collègue de retirer son veto. Octavius refusa. Tiberius essaya de le faire céder en déclarant de son côté qu'il ne laisserait rien faire jusqu'à ce qu'on eût voté sur sa loi ; il ferma le trésor et les tribunaux. Les nobles menacèrent de le faire assassiner ; il se mit à porter sous sa toge un poignard pour se défendre. Il réunit le peuple pour le faire voter, les nobles firent enlever les urnes.

Il se décida enfin à demander au peuple une loi pour destituer Octavius. Personne n'avait jamais proposé une loi de ce genre. Le peuple se réunit. Les tribus votèrent une par une ; quand la 17e eut voté, (il en fallait 18 pour faire la majorité), Tiberius, dit-on, embrassa Octavius en le conjurant de retirer son veto ; Octavius pleura, mais garda le silence. Qu'il soit fait comme le peuple ordonne, dit Tiberius. L'assemblée vota la destitution. Octavius refusa de sortir de la tribune. Tiberius le fit enlever de force ; la foule faillit le massacrer. On se battit sur la place ; un esclave d'Octavius eut les yeux crevés.

Puis le peuple vota la loi agraire, et nomma, triumvirs, pour l'appliquer, Tiberius, son beau-père Appius et son frère Caïus. Jusqu'à la fin de l'année ce fut Tiberius qui gouverna Rome (133).

Mort de Tiberius. — Quand l'année de son tribunat fut terminée, Tiberius voulut se faire élire de nouveau tribun pour l'année suivante.

Mais ses ennemis le menaçaient. Il vint sur la place publique prier le peuple de le défendre. Ses partisans allèrent monter la garde la nuit devant sa maison pour empêcher de l'assassiner.

Le matin, Tiberius monte au Capitole où le peuple était convoqué pour voter. Le vote commence, mais la foule trop serrée s'agite. Un sénateur, ami de Tiberius, vient lui dire que les nobles ont réuni une troupe d'esclaves armés pour le massacrer. Tiberius transmet cette nouvelle à ceux qui l'entourent ; ils brisent les bâtons des licteurs pour s'en faire des armes. Ceux qui sont trop loin ne peuvent l'entendre. Tiberius porte sa main à la tête pour faire signe que ses ennemis en veulent à sa tête.

Quelques-uns de ceux qui ont vu ce geste courent dire aux sénateurs assemblés au bas du Capitole que Tiberius vient de montrer son front pour demander au peuple le diadème, qu'il veut se faire proclamer roi. Un noble, Scipion Nasica, dit au consul d'aller tuer le tyran. Le consul refuse de faire périr aucun citoyen sans un jugement. Nasica se lève et s'écrie : Puisque le consul trahit la république, que ceux qui veulent défendre les lois me suivent.

Il monte au Capitole ; les sénateurs le suivent, le bras enveloppé dans leur toge et s'arment en passant des débris des bancs cassés par la foule qui s'enfuit ; ils ont avec eux une troupe d'esclaves armés de gros bâtons.

Tiberius et ses partisans cherchent à fuir ; Tiberius tombe, un sénateur l'assomme avec le pied d'un banc. 300 de ses partisans sont tués à coups de bâton ou de pierres. Leurs corps furent jetés dans le Tibre ; on refusa de laisser ensevelir le corps de Tiberius. Ses amis furent massacrés ou exilés (133).

On disait que l'un d'eux fut enfermé dans un tonneau avec des vipères.

Scipion Émilien. — La loi agraire ne fut pas abolie ; les triumvirs continuèrent à distribuer des terres, et Nasica, traité de meurtrier, de tyran, de sacrilège, fut obligé de quitter l'Italie. Mais le Sénat reprit le pouvoir.

L'homme le plus puissant dans Rome fut alors Scipion Émilien, le destructeur de Carthage et de Numance. Il revenait d'Espagne et s'était déclaré contre la loi agraire.

On disait qu'en apprenant devant Numance le meurtre de Tiberius il avait cité ce vers d'Homère :

Ainsi périsse quiconque l'imitera !

Il fit voter une loi pour enlever aux triumvirs le droit de juger quelle terre appartenait au domaine public. Pendant qu'il parlait, la foule assemblée sur la place, l'interrompit de ses cris. Il s'écria : Silence, faux fils de l'Italie ! Vous aurez beau faire : ceux que j'ai amenés à Rome enchaînés ne me feront pas peur, quand même ils n'ont plus de chaînes.

Les Latins se plaignaient qu'on leur enlevait leurs terres pour les distribuer à des pauvres romains ; ils vinrent en foule à Rome ; Scipion prit leur parti.

Un matin (129), on le trouva mort dans son lit, sans doute de mort naturelle. Il avait 56 ans et était maladif. Plus tard, on accusa ses ennemis de l'avoir fait assassiner.

Metellus ordonna à ses deux fils de porter le cadavre aux funérailles : Jamais, dit-il, vous ne rendrez cet hommage à un plus grand homme.

Caïus Gracchus. — Le frère de Tiberius, âgé de 21 ans au moment de sa mort, Caïus Gracchus, reprit ses projets. Plus hardi, plus éloquent, il fut applaudi du peuple dès qu'il parla.

Élu questeur, il fut envoyé en Sardaigne en 126. L'hiver fut froid, les soldats n'avaient pas de vêtements chauds. Caïus alla de ville en ville en demander aux habitants. Bien que son temps fût fini, le Sénat lui ordonna de rester dans sa province ; Caïus revint à Rome. Les censeurs voulaient le punir, Caïus leur dit : La loi m'oblige à dix campagnes, j'en ai fait douze ; la loi me permet de sortir de charge au bout d'un an, je suis resté questeur trois ans. Chez moi il n'y avait pas de festins. Je n'ai pas reçu un as en cadeau, je n'ai pas dépensé l'argent de l'État. Les ceintures que j'ai emportées pleines d'argent, je les ai rapportées vides. Les autres ont emporté des amphores pleines de vin et les ont rapportées pleines d'or.

Élu tribun de la plèbe en 123, il eut aussitôt tout le peuple pour lui. Jamais encore on n'avait entendu à Rome un orateur si éloquent. Il parlait avec vivacité en gesticulant et marchant, et il lui arrivait d'élever la voix jusqu'à crier. Avant lui tout orateur, parlant de la tribune sur la place publique, se tournait vers la salle de séance du Sénat ; lui, il se tourna du côté de la foule, en signe qu'il considérait l'assemblée comme le véritable souverain.

Lois et projets de Caïus Gracchus (123). —Caïus fit voter plusieurs lois qui transformaient la société romaine.

1° La loi agraire ordonnait de reprendre des terres du domaine public dans les pays les plus fertiles pour les distribuer à des citoyens pauvres.

2° La loi frumentaire décidait que l'État achèterait du blé et le vendrait au-dessous du prix d'achat aux citoyens pauvres de Rome.

3° Une loi ordonnait que le prix des vêtements fournis aux soldats ne fût plus retenu sur leur solde.

Ainsi les citoyens pauvres recevaient leur part des richesses de l'État que jusque-là les riches avaient gardées pour eux seuls : des terres pour ceux qui consentaient à s'éloigner de Rome, du blé pour ceux qui voulaient y rester, des vêtements pour ceux qui faisaient campagne.

4° Une loi transformait les tribunaux criminels. Jusque-là les juges étaient tous des sénateurs, c'est-à-dire des nobles, ce qui rendait très difficile de faire condamner un noble. Caïus fit décider que les juges seraient pris parmi les chevaliers[3]. Il disait : Par ce coup j'ai brisé l'orgueil et la puissance des nobles. Quand même vous me tueriez, dit-il un jour aux sénateurs, arracheriez-vous de votre flanc le glaive que j'y ai planté ?

Il se chargea aussi de faire construire de grandes routes, il les faisait faire en ligne droite, pavées de grandes dalles, avec des colonnes pour marquer les milles, et des pierres pour servir de montoirs aux cavaliers.

Quand son année de tribunat fut finie, il se présenta de nouveau et fut élu à l'unanimité.

Il avait d'autres projets. Il proposait de donner le droit de cité à tous les Italiens, ou au moins aux Latins, pour augmenter le nombre des citoyens.

Il fit voter la fondation de colonies à Capoue et à Tarente en Italie, et en Afrique sur l'emplacement de Carthage.

Mais le Sénat, pour détourner le peuple de lui, s'entendit avec un autre tribun, Livius, qui se mit à proposer des mesures encore plus populaires. Caïus demandait deux colonies, Livius en proposa douze. Le consul Fannius parla contre le projet de donner le droit de cité aux Latins. Il disait au peuple : Quand ces Latins seront devenus citoyens, croyez-vous que vous aurez la même place dans les assemblées, les jeux, les fêtes ? Ne voyez-vous pas que ces gens-là rempliront tout ?

Caïus fut envoyé en Afrique pour fonder sur l'emplacement de Carthage la colonie de Junonia. Il revint au bout de trois mois et trouva son parti affaibli. Son ennemi personnel, Opimius, fut élu consul. Lui-même se présenta pour être tribun une troisième fois et ne fut pas élu (122).

Mort de Caïus Gracchus. — Le consul Opimius convoqua l'assemblée au Capitole pour abroger les lois de Caïus. Les deux partis se trouvèrent là en présence, on se battit, la pluie arrêta la lutte, mais un licteur du consul fut tué.

Le lendemain matin Opimius réunit le Sénat et fait apporter devant la salle le corps du licteur tué. Les sénateurs sortent pour le voir, rentrent dans la salle et votent : Que les consuls veillent à ce que la république ne soit pas mise en danger. Opimius ordonne aux nobles et aux chevaliers de venir le lendemain en armes. Dans la nuit, il fait occuper le Capitole.

Le lendemain matin, Caïus avec 3000 de ses partisans se retire sur le mont Aventin. Le consul vient les attaquer avec les nobles, leurs esclaves et les archers crétois. Caïus ne voulut pas combattre. Il se réfugia dans le temple de Diane pour s'y tuer. Ses amis l'en empêchèrent. Il descendit pour s'enfuir vers le Tibre. Les ennemis l'atteignirent près du pont de bois ; deux de ses amis se firent tuer en défendant le pont et lui donnèrent le temps de se retirer dans un petit bois sacré où il se fit tuer par son esclave. 3.000 de ses partisans furent massacrés, on jeta leurs corps dans le Tibre, on confisqua leurs biens et on défendit à leurs femmes de porter le deuil (121).

Le consul avait fait, dit-on, proclamer avant le combat qu'il paierait la tête de Caïus Gracchus son pesant d'or. Celui qui apporta la tête en retira la cervelle et la remplaça par du plomb fondu.

Le consul fit abroger les lois de Caïus Gracchus, et le Sénat redevint maître du gouvernement. Mais le peuple romain resta divisé en deux partis ennemis, celui des nobles et du Sénat (optimates), celui du peuple (populaces).

 

 

 



[1] Son nom complet était Tiberius Sempronius Gracchus.

[2] On disait qu'il y avait eu autrefois des lois agraires, et même que Licinius en avait fait passer une toute pareille à celle de Tiberius, dès 366. Mais les Romains ne savaient rien de certain sur les lois agraires avant celles des Gracques.

[3] Le système fut changé sept fois en cinquante-trois ans.