HISTOIRE DES JUIFS

 

CHAPITRE QUATORZIÈME.

 

Josias, Joachas, Joachim, Sédécias, rois de Juda

JOSIAS, âgé de huit ans, employa ses premières années à étudier la religion et la loi[1]. Dès qu’il eut atteint l’âge de vingt ans, il fit détruire et brûler les idoles, et donna ordre à Saphan, son secrétaire, et à Maachas, gouverneur de la ville, de réparer le temple du Seigneur, et d’y mettre les soins les plus diligens et la plus grande magnificence. Tous les habitants du pays et ce qui restait d’Israélites contribuèrent aux frais de cet ouvrage.

En transportant d’un lieu à un autre le trésor qui était dans le temple, le grand-pontife Helcias découvrit un livre de la loi de Dieu écrit par Moïse ; il le donna à Saphan qui le remit au roi.

Josias, après l’avoir lu, déchira ses vêtements, et ordonna des prières publiques, avertissant le peuple que les prédictions, trouvées dans le livre, menaçaient Juda et Israël des prochaines vengeances de la colère divine, pour les punir de n’avoir pas accompli ce qui était écrit. Olda, prophétesse, vint alors déclarer au nom du Seigneur que sa fureur ne s’apaiserait point, que toutes les malédictions écrites dans le livre s’accompliraient, mais que le roi, ayant trouvé grâce devait Dieu par sa piété, ne verrait point, pendant sa vie, les maux qui devaient tomber sur cette ville et sur ses habitants. Josias fit lire devant le peuple le livre de Moïse, fit célébrer solennellement la Pâque, et tout le peuple chercha par des prières et par des sacrifices à expier ses crimes et à fléchir le Seigneur. Jamais, dit la Bible, il n’y eut de fêté semblable dans Israël, depuis le prophète Samuel.

Tout le règne de Josias fut consacré à la vertu et à la piété. Dans la trente et unième année de ce règne, Néchao, roi d’Égypte, s’avançait sur l’Euphrate : Josias voulait s’opposer à sa marche, et lui livra bataille dans les champs de Mageddo[2]. Il fut vaincu, blessé et transporté à Jérusalem, où il mourut. Tout le peuple le pleura, et particulièrement le prophète Jérémie, dont les lamentations éloquentes se chantaient encore, longtemps après la captivité. Joachas, fils de Josias, prit d’abord possession du trône ; mais le roi d’Égypte, poursuivant ses avantages, s’empara en trois mois de la Judée, entra dans Jérusalem, soumit le pays à lui payer cent talents en argent et en or, déposa le roi qu’il emmena en Égypte, et donna le sceptre à Éliachim, frère de Joachas, qu’il appela Joachim.

Celui-ci régna onze mois et gouverna sans sagesse et sans piété : il fut vaincu par Nabuchodonosor, roi de Chaldée, qui l’emmena chargé de chaînes à Babylone[3].

Joachim, son fils, le remplaça, commit les mêmes fautes et éprouva le même sort. Nabuchodonosor le fit aussi prisonnier, emporta les trésors de Jérusalem, et mit sur le trône Sédécias, oncle de Joachim.

Sédécias ne profita pas de ces fatales leçons : les onze années de son règne furent signalées par toutes sortes de désordres et d’égarements. Les princes, les grands, les prêtres mêmes, profanèrent la maison du Seigneur et se livrèrent à toutes les abominations des gentils. L’armée était sans discipline, les finances sans ordre, les lois sans vigueur ; on méprisait les avertissements des prophètes ; enfin Sédécias, sans prudence comme sans force, se révolta contre Nabuchodonosor, auquel il avait juré fidélité. Le roi des Chaldéens s’empara de nouveau du royaume de Juda[4]. Il livra Jérusalem au pillage ; il fit égorger les vieillards, les femmes et les enfants jusque dans le sanctuaire, toutes les richesses des Hébreux furent transportées à Babylone. Sédécias vit massacrer devant lui ses deux enfants : on lui arracha les yeux ; et, chargé de chaînes, on le traîna en Assyrie. Le peu d’Israélites qui échappèrent à la mort, furent condamnés à l’exil et à l’esclavage : on mit le feu au temple du Seigneur ; on ruina les murs et les tours de Jérusalem ; on y détruisit tout ce qu’il y avait d’utile et de précieux. Ainsi s’accomplit la parole divine, prononcée par la bouche de Jérémie. : La terre célébrera ces jours du sabbat ; car, dit l’Écriture, la terre fut dans un sabbat continuel tout le temps de sa désolation, jusqu’à ce que les soixante-dix ans fussent accomplis ; et la captivité des Juifs dura jusqu’au règne de Cyrus.

 

 

 



[1] An du monde 3363. — Avant Jésus-Christ 641.

[2] An du monde 3394. — Avant Jésus-Christ 610.

[3] An du monde 3398. — Avant Jésus-Christ 606.

[4] An du monde 3405. — Avant Jésus-Christ 599.