Aza, roi de Juda. Nadab, Baasa, Éla, Zambri et Amri, rois d’Israël LE RÈGNE d’Aza fut long et glorieux. On vit briller en lui les vertus de Salomon sans aucune de ses faiblesses. Ce pieux monarque fit rechercher et renverser toutes les idoles qui étaient dans ses états ; il n’épargna pas celle qu’adorait sa mère Mucha. Il ne vit en elle que la grande prêtresse d’un faux dieu ; et, par son ordre, on détruisit l’autel où elle sacrifiait. Le temple de Jérusalem se remplit de nouveau de zélés adorateurs, et de riches présents. Le règne d’Aza fut celui de la justice et des lois. Il encouragea l’activité, bannit la mollesse, compléta son armée, y rétablit la discipline, entoura Jérusalem d’épaisses murailles et de tours, et ses frontières furent couvertes par une grande quantité de places. Zara, roi d’Éthiopie, sortit du désert avec une armée nombreuse. Le roi de Juda l’attaqua dans la vallée de Séphora. Sa confiance en Dieu l’empêcha d’être effrayé de la multitude de ses ennemis. Le ciel exauça ses prières ; l’épouvante se répandit parmi les Éthiopiens qui prirent la fuite. Aza les poursuivit jusqu’à Gérare, et les extermina. L’Écriture dit que Zara comptait un million d’hommes armés, et qu’aucun d’eux ne put échapper à la mort. Aza, loin d’être enorgueilli par cette victoire, ne songea qu’à prouver sa reconnaissance à celui qui la lui avait donnée. Il rassembla tous les Juifs, dont la population s’augmentait sans cesse par une multitude d’Israélites des tribus de Manassès, d’Éphraïm et de Siméon, qu’attiraient la sainteté de l’arche et les vertus du roi de Juda. Le roi fit de grands sacrifices, et renouvela l’alliance avec le Seigneur ; mais, en confirmant ses lois contre l’idolâtrie, il eut quelques égards pour une ancienne coutume des Juifs, et leur permit de continuer de sacrifier sur les hauts lieux, quoique l’usage en eût dû cesser depuis la construction du temple de Salomon. Le prophète Azarias vint dans ce temps trouver le roi de la part du Seigneur. Il lui annonça que les bénédictions de Dieu s’étendraient sur Juda tant que le peuple serait fidèle comme son roi ; mais il lui prédit que ses successeurs retomberaient dans l’idolâtrie, et que les Juifs seraient punis de leur égarement par une longue dispersion, pendant laquelle ils n’auraient ni princes, ni temples, ni pontifes. Tant qu’Aza occupa le trône, il fut continuellement en guerre avec Baasa, roi d’Israël, dont tous les efforts contre Juda échouèrent. Le roi d’Israël, après de longues et vaines tentatives, réussit enfin à s’emparer de Rama, près de Bethléem et de Jérusalem ; et, comme cette ville était sur une hauteur, à la tête d’un défilé étroit, il se hâta de la fortifier, dans le dessein de priver Juda de toute communication et de tout commerce avec les pays voisins. Aza, effrayé de ce projet, envoya de riches présents à Bénadad, roi de Syrie, pour lui faire rompre l’alliance qu’il avait contractée avec celui d’Israël. Le roi de Syrie se rendit au vœu d’Aza, et joignit ses troupes aux siennes. Les Israélites, battus, perdirent les villes d’Ahion, de Dan et d’Abelmaïm. Rama fut abandonnée, et le roi de Juda employa les matériaux qui devaient la bâtir, à fortifier Gabaa et Maspha. Le prophète Ananie vînt alors reprocher au roi Aza d’avoir sollicité l’alliance des Syriens, et, de s’être ainsi défié de la protection de Dieu, qui seul avait suffi pour lui faire vaincre les Éthiopiens. Le roi punit la hardiesse du prophète, et l’envoya en prison. Peu de temps après, il tomba malade, étant dans la trente neuvième année de son règne ; et l’Écriture rapporte qu’il mourut, pour s’être plus confié aux médecins qu’au Seigneur[1]. Tandis que Juda jouissait de la tranquillité sous la puissance d’un roi vertueux qui fit quarante ans son bonheur et sa gloire, Israël était le théâtre de tous les désordres et de toutes les scènes sanglantes, que produisent toujours l’injustice, la faiblesse et l’aveuglement. Nadab, aussi impie que son père Jéroboam, n’eut aucun de ses talents, et n’hérita que de ses vices. Il ne pouvait gouverner ses sujets, et voulait conquérir ses voisins. Au moment où il assiégeait Gébéthon, ville des Philistins, Baasa, Israélite de la maison d’Issachar, se mit à la tête d’une conjuration et le tua[2]. Monté sur le trône, il fit périr toute la race de Jéroboam, et vérifia ainsi la prédiction du prophète Ahias. C’était ce même Baasa, dont le roi de Juda battit l’armée, comme nous venons de le dire. Son règne, qui dura vingt-quatre ans, fut celui de l’injustice, de la débauche, et de l’idolâtrie. Le prophète Jéhu lui annonça les -vengeances du Seigneur, et lui prédit que sa maison serait détruite, comme celle de Jéroboam. Le roi fit périr le prophète, et mourut lui-même peu de temps après. Éla, son fils, lui succéda ; aucun événement remarquable ne signala ce nouveau règne qui ne dura que deux ans. Zambri, l’un de ses généraux, l’assassina au moment où il se livrait à la débauche, et toutes les personnes de sa famille furent égorgées, ainsi que l’avait annoncé Jéhu. Zambri ne régna que sept jours. Amri, qui commandait l’armée d’Israël, marcha contre lui, et vint assiéger Terza, où il s’était renfermé. Zambri, voyant que la ville allait être prise, mit le feu au palais, et expira dans les flammés. Deux concurrents se disputèrent alors le trône d’Israël. Tebna était le rival d’Amri : mais son parti fut vaincu ; il périt, et laissa Amri seul possesseur du trône. Celui-ci fit bâtir Samarie sur une montagne qu’il avait achetée[3]. Ses combats furent sans gloire, ses lois sans justice, ses passions sans frein. Il ne différa de ses prédécesseurs, qu’en surpassant leurs crimes. Après douze ans de règne, il mourut à Samarie ; son fils Achab lui succéda. |