HISTOIRE DU BAS EMPIRE (période antique)

 

VALENTINIEN, EMPEREUR EN OCCIDENT ; VALENS, EMPEREUR EN ORIENT ; PROCOPE, USURPATEUR ; GRATIEN, CÉSAR ; VALENTINIEN II, EMPEREUR EN OCCIDENT

 

 

(An 364)

VALENTINIEN, porté au trône par l’armée, devait le jour au comte Gratien, soldat heureux, dont la force et la bravoure avaient fait la fortune. On admirait la beauté du nouvel empereur, sa haute stature et le feu de ses regards ; jeune, il s’était fait remarquer par sa tempérance et par sa chasteté autant que par sa force et par son courage. Doué d’un esprit naturel, vif et pénétrant, il avait la repartie prompte, le jugement sain ; mais, nourri dans les camps, il n’avait étudié ni les sciences, ni la philosophie, ni même la langue grecque que parlait la moitié de l’empire. Il ne connaissait que les lois militaires. Observateur sévère de la discipline, il poussa souvent la rigueur jusqu’à la cruauté. Ayant embrassé la foi chrétienne, il méprisait les fables du paganisme, et, tandis que presque tous les grands pliaient sous l’autorité de Julien, et revenaient, pour lui plaire, au culte des idoles, le fier Valentinien, bravait la puissance de ce prince, et préférait son estime à sa faveur. Il osa même, en sa présence, frapper un prêtre païen qui voulait, malgré lui, le purifier en versant sur sa tête l’eau lustrale.

Ses talents lui firent pardonner sa résistance ; et les suffrages unanimes de l’armée, noble prix de sa fermeté, l’élevèrent, à l’âge de quarante-trois ans, au pouvoir suprême. Parvenu au trône sans intrigues, il l’occupa sans crainte.

Sa première démarche prouva aux soldats qu’ils s’étaient donné un maître capable de reconnaître leurs services sans se soumettre à leur joug. Les ayant rassemblés suivant l’usage, à peine a-t-il commencé sa harangue, qu’il se voit interrompu par le murmure général des officiers et des soldats qui le pressent d’assurer le repos de l’empire, et de s’associer un collègue : Compagnons, leur dit-il, hier vous étiez les maîtres de ne point m’élever au trône ; aujourd’hui c’est à moi seul qu’il appartient de prendre les mesures qu’exigent les grands intérêts et le repos de l’état. Je connais mes droits, mes devoirs mes forces, et les périls auxquels m’expose mon élévation. La durée de nos jours est incertaine ; pour vous mettre à l’abri de nouveaux orages, vous souhaitez que je me désigne un successeur et un collègue, c’est aussi mon vœu ; mais ce choix exige une mûre réflexion ; reposez-vous sur moi de ce soin, et rentrez paisiblement dans vos tentes : vous y recevrez la gratification réglée par la coutume.

La fermeté de l’empereur apaisa le tumulte ; des applaudissements dictés par la crainte succédèrent aux murmures, et l’armée obéit dès qu’elle sentit que le nouveau prince savait commander.

Valentinien, ayant ensuite convoqué un conseil composé des principaux chefs de l’armée, les consulta sur le choix qu’il devait faire ; ils partagèrent presque tous l’opinion de Dagaléphus, qui lui dit : Si vous n’écoutez que votre intérêt, vous donnerez le titre d’Auguste à votre frère Valens ; si vous préférez l’intérêt public, vous nommerez le plus digne. L’empereur ne prit alors aucune décision ; il partit de Nicée, se rendit à Constantinople, harangua le sénat, s’établit dans le palais impérial, et trente jours après donna la pourpre à Valens. Ce prince, âgé de trente-six ans, ne s’était fait remarquer par aucun talent, n’avait point occupé d’emplois ; courtisan soumis pendant le règne de Julien, sa docilité fut, aux yeux de Valentinien, son seul mérite. L’empereur savait qu’en s’associant à l’empire il ne se donnait qu’un sujet couronné.

La douceur de Jovien avait épargné à l’état les maux qui suivent trop souvent les réactions ; et grâce à sa tolérance le christianisme s’était relevé sans abuser de son triomphe, et sans persécuter les païens. Le malheur de ceux-ci s’aggrava lorsque Valentinien monta sur le trône ; la charité s’exila des églises, la terreur fit déserter les temples ; les philosophes, éloignés de la cour, quittèrent leurs manteaux, et rasèrent leurs longues barbes, qui loin d’inspirer le respect, ne leur attiraient plus que des injures ; et les chrétiens, entraînés par un faux zèle, versèrent le sang de ceux qui n’avaient offensé que leur amour-propre, et ne les avaient comprimés que par des railleries.

L’élection de deux princes partisans zélés du christianisme encourageait à ces vengeances. Dès que Valentinien connut ces désordres, il en arrêta le cours et se montra aussi tolérant pour les opinions religieuses, qu’il était dur et cruel contre tous ceux qui, dans l’ordre civil et militaire, commettaient le moindre délit ou opposaient la moindre résistance à ses volontés.

Les anciens amis de Julien, poursuivis par la haine, furent accusés par l’envie, et presque tous punis ou destitués. Les talents de quelques généraux qui s’étaient rendus, nécessaires les sauvèrent de ce naufrage. La vertu de Salluste l’en garantit. On voulait par respect lui laisser ses emplois, il les quitta par sagesse.

Les deux empereurs réglèrent définitivement entre eux le partage de l’empire. Valens reçut pour son lot la préfecture de l’Orient qui s’étendait depuis le bas Danube jusqu’aux frontières de Perse. Valentinien se réserva l’Illyrie, l’Italie l’Espagne, la Gaule, la Bretagne et l’Afrique. Chalcédoine à l’est, le mont Atlas à l’ouest, étaient ses limites. Les peuples eurent à supporter les dépenses de deux. cours, de deux ministères,’ de deux conseils. On peut dire que ce fut à cette époque que commença réellement la division du monde romain en deux empires : celui d’Occident et celui d’Orient.

Valens établit sa résidence à Constantinople, et Valentinien fixa la sienne à Milan. Rome était non pas négligée, mais crainte ; on n’osait la braver que de loin ; et le despotisme, gêné au milieu de ces vieux monuments des antiques lois et de l’ancien culte, fuyait cette terre classique de la liberté.

Tous les païens, tous les philosophes, tous ceux que la faveur de Julien avait comblés de fortune et de dignités supportaient avec désespoir la révolution qui faisait triompher leurs adversaires, et qui les dépouillait de leurs rangs et de leurs biens : mais ils n’osaient dans l’Occident faire éclater leurs plaintes. La fermeté de Valentinien les contenait. Le faible Valens dans l’Orient inspirait moins de crainte, et la haine y montra plus d’audace. Le désordre qu’entraîne la faiblesse y rendait le mécontentement plus vif. En tout pays comme en tout temps, ce désordre encouragé et trompe. souvent les factieux ; ils oublient que la plus grande partie des hommes, préférant le reposait péril, souffrent longtemps avant d’oser briser la chaîne qui les blesse, et que les plaintes les plus générales sont longtemps des signes de douleur avant d’être des cris de révolte. Les doléances ne prouvent souvent que la servitude, c’est le silence courageux qui cache le ressentiment.

Le patricien Pétronius, père d’Albia Dominica, femme de l’empereur Valens, vindicatif, avide, orgueilleux, cruel, excitait l’indignation par sa conduite tyrannique, et inspirait le mépris par ses vices. Les Romains croyaient voir revivre en lui l’infâme Séjan, l’odieux favori de  Tibère. Procope, général renommé, persécuté comme un ancien favori de Julien, et redouté par Valens, parce qu’on l’avait cru digne de l’empire, errait depuis quelque temps déguisé, cherchant de retraite en retraite à sauver ses jours proscrits. Entendant partout le peuple déclamer avec amertume contre le gouvernement, il se persuade que tous ceux qui sont mécontents comme lui sont comme lui prêts à prendre les armes, contre la tyrannie. Cette idée fait succéder dans son esprit l’audace à la crainte ; et ce fugitif, sans asile, sans argente sans appui ; formé le projet téméraire de renverser l’empereur d’Orient et de se placer sur son trône.

Dans ce moment, l’empereur Valens, redoutant une invasion des Goths, rassemblait pour les combattre plusieurs corps de troupes de l’Orient, et les attendait dans la ville de Césarée, en Cappadoce. Procope, profitant, de son éloignement marche accompagné de deux hommes intrigants et hardis, entre la nuit dans Constantinople, s’y cache, et par ses émissaires gagne deux cohortes gauloises qui pleuraient encore la mort de Julien, leur libérateur et leur héros. Sûr de leur dévouement, il se montre soudain à leur tête couvert d’un manteau de pourpre. La populace, toujours amie des nouveautés, le proclame Auguste ; une foule de paysans séduits par ses promesses accourent près de lui ; ce cortège tumultueux force les portes du palais, y installe le nouvel empereur et le conduit ensuite au sénat, vide de sénateurs, et que remplit une tourbe d’obscurs conjurés. Tous les fonctionnaires s’éloignent, tous les propriétaires et les marchands se renferment dans leurs maisons : Procope règne, mais il règne sur une ville qui n’offre à ses yeux qu’un vaste désert dont le silence l’épouvante. Cependant, trop avancé pour reculer, il s’empare du port et des arsenaux, fait paraître devant lui des aventuriers qui trompent le public en se présentant comme ambassadeurs de puissances étrangères : en même temps il fait arriver des courriers qui répandent le faux bruit de la mort de Valens. L’audace la plus téméraire trouve toujours des admirateurs : le belliqueux et bouillant prince Hormisdas se déclare pour un usurpateur qu’il croit prêt à venger Julien, et ses amis. Les Goths donnent des secours à Procope ; les joviens et les herculiens se rangent sous ses enseignes ; enfin Faustine, veuve de l’empereur Constance, donne un nouvel éclat au nouvel Auguste en l’épousant, pour remonter sur le trône dont elle n’était descendue qu’à regret. Bientôt Procope se voit à la tête d’une nombreuse armée que les mécontents grossissent chaque jour. Si son génie eût égalé son ambition, il aurait peut-être changé encore une fois la destinée de l’empire.

Le lâche Valens tremblait dans Césarée, parlait d’abdiquer pour conserver sa vie, et ne cédait qu’avec peine à la fermeté de ses ministres qui le forçaient de garder le pouvoir suprême.

Au milieu de ces incertitudes, une invasion rapide aurait augmenté la crainte, déconcerté la prudente et soumis l’Asie. On subjugue tous ceux qu’on étonne.

Procope fit la guerre méthodiquement et perdit tout en perdant du temps. Entré en Asie, il voulut s’assurer des postes fortifiés, s’empara de quelques villes, et ne se rendit maître de Cyzique qu’après un long siège. Un premier succès contre les généraux de Valens resta sans fruit, parce que l’usurpateur ne sut pas en profiter. Cette temporisation, qui n’est utile qu’à ceux qui se défendent, permit à Valens de se remettre de sa frayeur ; il regagna l’affection des peuples en investissant de nouveau le vertueux Salluste de la préfecture de l’Orient. Lupicinus amena les légions de Syrie à son secours ; enfin le général Arinthée, que sa beauté, sa force et sa vaillance faisaient comparer aux anciens héros de la Grèce, marcha, suivi de peu de troupes, contre un corps nombreux de rebelles, s’approcha d’eux audacieusement, leur ordonna, comme s’il était leur chef, de lui livrer l’officier qui les commandait, et fut obéi.

Les armées de Valens étant réunies, le vieux Arbétion, autrefois consul et général sous le règne du grand Constantin, quitte sa retraite, prend le commandement des troupes : on avait oublié ses concussions, ses vices, on ne se souvenait que de ses exploits : les deux armées se rencontrent à Thyatire en Lycie et se livrent bataille. Des deux côtés le courage était égal, la fureur pareille, le succès semblait incertain. Au milieu de la mêlée, Arbétion jette son casque, offre aux regards des combattants sa chevelure blanche, sa figure vénérable : Mes enfants, crie-t-il aux soldats, reconnaissez votre père et votre chef, imitez ma vieille fidélité, rejoignez les drapeaux de l’empereur élu par vous, qui a reçu vos serments, et  fuyez l’usurpateur qui viole vos lois et qui vous  trompe.  A ces mots le combat cesse, tous les guerriers de Procope se soumettent aux ordres d’Arbétion.

L’usurpateur, abandonné, s’enfuit dans les bois avec deux officiers qui, le jour suivant, dans le dessein de racheter leur vie par une perfidie, enchaînent Procope et le traînent au camp impérial, où on lui tranche la tête. L’empereur profita de la trahison et punit les traîtres. Ils partagèrent le supplice de leur victime.

Le faible Valens, au lieu d’attribuer à ses fautes les troubles que le courage de ses généraux venait d’apaiser, en accusa ses peuples, prétendant qu’ils avaient attiré sur eux le courroux du ciel par leur funeste penchant pour la magie. Il publia des édits sévères contre ceux qui professaient cette fausse science.

A cette époque, dans tout l’empire romain, les chrétiens comme les païens, également superstitieux, croyaient aux charmes, aux philtres, à l’évocation des esprits infernaux, aux sortilèges employés pour inspirer l’amour ou la haine, et pour priver un ennemi de la raison ou de la vie. Les catholiques et les ariens ajoutaient presque autant de foi aux prédictions des sorciers, que les idolâtres aux oracles. Tous s’accordaient à regarder comme criminelle la sorcellerie, et personne ne se montrait assez sage pour comprendre que, s’il n’existait pas de sorciers, l’autorité ne devait pas combattre une chimère, et que si, au contraire, les sorciers étaient doués de la force et de la science qu’on leur supposait, toute loi contre eux serait impuissante.

On persécuta tous ceux qui étaient soupçonnés de magie. Sous-ce prétexte, les différentes sectes s’accusèrent réciproquement ; les païens furent particulièrement tourmentés, et l’esprit de parti ouvrit par ce moyen un champ fertile,à la cupidité des délateurs.

Lorsque Valentinien apprit la révolte de Procope, il donna des conseils à son frère pour diriger sa conduite, mais il ne lui envoya point de secours : une invasion des Allemands dans la Gaule, la piraterie des peuples du Nord qui infestaient l’Océan, le soulèvement des Pictes et des Calédoniens en Bretagne, et l’armement des Maures en Afrique, occupaient tous ses soins et employaient toutes ses forces. Il publia, comme Valens  des édits sévères contre les magiciens, et les fit exécuter avec une extrême rigueur.

Valens fut cruel par faiblesse, Valentinien l’était, par caractère ; inaccessible à la crainte, emporté, barbare, il punissait de mort le moindre délit. Dès qu’un mot excitait sa colère, on entendait sortir de sa bouche, ces paroles courges et terribles : Qu’on le brûle, qu’on le décapite, qu’on l’assomme. Près de la chambre où il couchait, on voyait, enfermés dans deux cages, deux ours énormes, dignes favoris d’un tyran. L’un se nommait l’Innocence, l’autre Mica-Aurea. L’empereur se plaisait à leur faire dévorer, devant lui, les malheureux qu’il avait condamnés. Après de longs services, l’Innocence reçut de lui une vaste forêt pour apanage et pour retraite.

Plus féroce que ces deux ours, le barbare Maximin irritait les ressentiments de Valentinien, inondait l’Italie de sang, et, lorsqu’il fut gorgé d’or et rassasié de victimes, il obtint pour récompense la préfecture des Gaules,

Les prisons de Rome, de Milan, d’Antioche, étaient remplies d’infortunés que la délation y entassait. Cependant la vertu de Salluste, qui luttait avec fermeté contre la tyrannie, allégea souvent le poids des maux qui affligeaient l’Orient,

Ce qui paraît, inexplicable dans ces temps barbares, c’est le contraste étonnant que présente d’une part la cruauté des princes, et de l’autre la sagesse de leur législation. Lorsque Valentinien ne cédait point à la violence de quelque ressentiment particulier, ses lois dictées par la justice, portaient l’empreinte de l’amour du bien public, et l’on ne peut que donner des éloges aux messires qu’il prit contre l’exposition des enfants, et aux édits qu’il publia pour protéger les progrès des sciences, particulièrement ceux de la médecine. Il établit des académies à Rome et à Constantinople. On lui dut une belle institution, dont l’objet était de réformer de grands abus : il créa soixante-deux défenseurs, chargés de porter au trône les requêtes des provinces, les plaintes des villes, et de soutenir les droits des peuples. Sourd aux cris de l’esprit de parti, il toléra tous les cultes, permit de célébrer les mystères d’Éleusis, protégea les aruspices, et réprima l’avarice du clergé chrétien. Il défendit sagement aux magistrats d’acheter des biens-fonds dans les provinces qu’ils administraient, ne croyant. pas légitime un contrat qui pouvait ne pas être libre.

Valens était soumis à ses volontés ; mais, incapable de montrer cette fermeté qui écarte l’intrigue, il céda aux conseils d’un prêtre qui l’avait baptisé, favorisa l’arianisme, et ordonna au préfet d’Égypte de chasser Athanase de son siége.

Le peuple en armes défendit son évêque ; l’autorité se vit contrainte de plier sous l’ascendant du pontife. Athanase termina ses jours en paix, laissant après lui cette renommée durable qu’on ne doit qu’aux grands talents unis à de grandes vertus.

Sa mort fut une calamité pour son église ; l’arien Lucius lui succéda et persécuta les catholiques.

Dans le même temps, Rome était le théâtre des scènes les plus scandaleuses ; Urcin et Damase, dont saint Jérôme lui-même blâme le luxe indécent, se disputèrent, par les armes, le siége pontifical. De part et d’autre, des flots de sang furent versés au nom d’une religion qui abhorre le sang.

Les femmes ne furent pas même épargnées dans ce massacre ; Damase l’emporta, et le lendemain de son triomphe on trouva dans l’église cent trente-sept, cadavres.

Valentinien, ne voulant pas se mêler des querelles des évêques, les laissa combattre, et courut dans la Gaule s’opposer aux progrès des barbares. Malgré les victoires de Constantin et les triomphes de Julien, Rome avait conservé l’ancienne coutume de payer, sous le titre de présents, des tributs annuels aux barbares, usage funeste qui datait du temps de Caracalla et de Commode, première époque de la décadence romaine.

Ursace, grand-maître des offices, ayant refusé de payer ce tribut, les Allemands prirent les armes ; les légions bataves, qui formaient l’élite de l’armée des Gaules, démentirent en cette circonstance leur ancienne renommée ; après une courte résistance, malgré les efforts des deux généraux romains qui les commandaient, elles prirent la fuite et perdirent leurs aigles.

Valentinien, pour punir leur faiblesse, les licencia et dégrada leurs officiers. Désespérés de cette humiliation méritée, ils implorèrent tous la clémence du prince, et demandèrent à grands cris qu’on leur donnât l’occasion de réparer leur honte. L’empereur, touché de leur repentir, leur fit rendre leurs armes. Jovinus, à leur tête, marche sur Metz, surprend une division allemande, force son camp, et la taille en pièces. Après ce succès, il se porte, sans perdre de temps, sur la route de Châlons, rencontre, dans les plaines qu’arrose la Marne, la grande armée des barbares, lui livre bataille, remporte une victoire complète, tue six mille Allemands, revient à Paris, et y reçoit de Valentinien la dignité de consul pour prix de ses exploits.

L’éclat de ce triomphe fut souillé par un crime : au mépris du droit des gens, le roi des Allemands, tombé dans les fers, fut pendu par des soldats romains.

Valentinien, suivi de son fils Gratien, et accompagné par les généraux Jovinus, Sévère et Sébastien, passe le Rhin et entre dans le pays de Wirtemberg. Les Allemands s’étaient retranchés sur la montagne de Salicinium ; l’empereur, s’étant avancé imprudemment pour reconnaître cette position, se vit tout à coup entouré par une foule de barbares. Son intrépidité le sauva ; son armure fut brisée, il perdit son casque, mais il se fit jour au travers des ennemis, et revint presque seul dans son camp.

Bientôt il attaque la montagne, et, après un combat long et sanglant, s’en empare. Les Allemands prennent la fuite ; Sébastien leur coupe la retraite, et en fait, un affreux carnage. Ce succès termina la campagne ; Valentinien employa le reste de l’année à fortifier la frontière du Rhin.

Dans ce temps, un peuple, descendant des Vandales, et qui devint bientôt fameux sous le nom de Bourguignons, croissait en nombre et en force dans les forêts de la Lusace et de la Thuringe. Leur gouvernement paraissait plus républicain que monarchique. Le sacerdoce y jouissait d’une grande autorité ; le grand-prêtre Sinistus était inviolable, tandis que le chef de la nation, qui portait le titre de Hindinos, n’exerçait qu’un pouvoir très borné, et rendait compte de sa conduite au peuple, qui pouvait le destituer.                

Les Bourguignons, depuis quelques années, étendaient leur puissance par des invasions sur le territoire des Allemands. Leurs sanglantes querelles n’étaient interrompues que par de courtes trêves. Valentinien fomenta leurs divisions, et conclut avec Macrien, roi des Allemands, un traité d’alliance que les barbares exécutèrent plus fidèlement que les Romains.

D’autres peuples, devenus depuis trop célèbres par leurs ravages, infestaient alors les côtes de la Gaule c’était une foule d’aventuriers sortis dés’ rivages de la mer du Nord. Exercés à la piraterie, enhardis par de premiers succès, enrichis par de nombreux pillages, ils formaient depuis quelques années, sous le nom de Saxons, un corps de nation formidable. Les Romains repoussèrent d’abord leur invasion par la force, et ensuite, les trompant par des artifices trop communs dans ce siècle de corruption, les surprirent au moment ou ils reposaient sans défense, sur la foi d’une trêve ; ils en massacrèrent un grand nombre, justifiant ainsi d’avance, par cette trahison, les horribles vengeances que les hommes du Nord exercèrent depuis sur les peuples de l’Occident.

Les Pictes et les Calédoniens, maîtres de la Grande-Bretagne, avaient battu plusieurs fois les Romains : Théodose, envoyé par l’empereur dans cette contrée, y ramena la victoire. Après un grand nombre de combats heureux, il délivra ces provinces, termina la guerre avec autant de sagesse que de vigueur, força les Calédoniens de rentrer dans leurs forêts, et conquit sur eux un vaste territoire, qui devint une nouvelle province romaine, sous le nom de ralentie.

Le libérateur de la Bretagne, revenu dans la Gaule, et envoyé par l’empereur contre les Allemands qui avaient repris les armes, soutint sa renommée par de nouvelles victoires, et reçût pour récompense la dignité de maître général de la cavalerie.

Tandis que Valentinien défendait avec gloire le nord de l’empire, la tyrannie de Romanus, gouverneur d’Afrique, sa cruauté, son avarice, la protection intéressée qu’il accordait aux hordes sauvages de Gétulie, malgré les plaintes des villes exposées à leurs pillages, livraient ces vastes contrées à tous les malheurs inséparables d’une injuste administration. L’empereur, trompé par Romanus, le soutenait, et envoyait au supplice ceux qui osaient l’accuser.

Un prince maure, Firmus, indigné de des excès, et croyant l’occasion favorable pour rendre à sa patrie son ancienne indépendance, leva l’étendard de la révolte, et entraîna dans son parti la Mauritanie et la Numidie. Actif, courageux, rusé, on croyait voir revivre en lui Jugurtha ; il vainquit Romanus, quelquefois par la force, plus souvent par l’artifice ; chaque jour ses succès étendaient sa puissance ; déjà il entrevoyait l’espoir de se rendre maître de l’Afrique ; mais sa fortune changea lorsque Théodose parut.

Le vainqueur des Pictes et des Allemands repoussa les attaques de l’Africain, ne se laissa point surprendre par ses ruses, l’attaqua sur tous les points, le força de fuir, le poursuivit sans relâche an fond des déserts, et défit en bataille rangée une nombreuse armée de Maures.

Firmus, digne d’un meilleur destin, se vit abandonné par les hommes, dès qu’il le fût par la fortune. Un prince du pays le trahit et le livra aux Romains ; mais il échappa au supplice en se tuant.

Théodose, informé des injustices et des crimes de Romanus, l’avait suspendu de ses fonctions. Le coupable fût absous par l’empereur, qui le rétablit dans ses emplois.

La gloire de Théodose le rendait odieux aux courtisans et suspect au prince ; vainqueur des ennemis de Rome, et vaincu par les délateurs, il périt victime de la jalousie des fils de Valentinien, qui lui firent trancher la tête.

Ce supplice d’un grand homme ne souilla point la vie de Valentinien ; la délation et l’envie n’obtinrent ce honteux triomphe qu’après sa mort. L’empereur, trop cruel lorsqu’on irritait son caractère violent, était naturellement juste : ses lois et son administration générale le prouvent ; mais il fut souvent trompé, et trop souvent il fit de mauvais choix, et les soutint avec opiniâtreté.

L’Italie, perdant sa liberté, avait conservé sa licence. On y subissait la tyrannie des magistrats ; mais le peuple, qui n’osait leur résister, se vengeait d’eux par des satires et des railleries.

Terrentius, autrefois boulanger, devint, malgré son ineptie, par un jeu de la fortune et par un caprice de l’empereur, gouverneur de Toscane. Lorsqu’il parut pour la première fois sur son tribunal, plusieurs placards rappelèrent que son élévation avait été en quelque sorte prédite peu de temps auparavant par l’apparition d’un âne qui, échappé et poursuivi par son maître, était monté sur ce même tribunal.

Dans ce siècle, où l’on fit tant de lois, rien n’était réglé par elles qu’en apparence ; tout dépendait des hommes. Le sort de l’empire tenait au caractère du prince ; Rome comptait encore des savants, des orateurs, des héros, mais elle n’avait plus de citoyens. La corruption régnait dans les mœurs, et la vertu dans les maximes. Valens, despote, faible, méfiant et injuste, disait qu’il était heureux pour les peuples de se voir gouvernés par des princes qui avaient longtemps vécu dans la condition privée : et tandis qu’il sacrifiait tant de victimes à la délation, on citait de lui ces belles paroles : Les délateurs sont plus dangereux que les barbares, comme les maladies internes sont plus funestes que les maux produits par une cause extérieure.

Valentinien régna comme tyran, et cependant il serait difficile de tracer en moins de mots les devoirs d’un grand monarque, qu’il ne le fit, lorsque sentant ses forces décroître il revêtit, dans la ville d’Amiens, son fils Gratien du titre d’Auguste : Vous voilà, mon fils, dit-il à ce jeune prince, élevé au pouvoir suprême sous d’heureux auspices ; soutenez le poids de l’empire, bravez les glaces du Rhin et du Danube, marchez à la tête des troupes, versez votre sang pour défendre vos peuples, regardez les biens et les maux de l’état comme vous étant personnels. Je consacrerai le reste de ma vie à graver dans votre cœur les principes de la justice. Et vous, soldats, aimez ce jeune prince que je confie à votre foi ; songez qu’il est né et qu’il va croître à l’ombre de vos lauriers.

L’Orient éprouvait autant que l’Occident tous les maux inséparables du pouvoir arbitraire, et n’en était pas dédommagé par la même gloire militaire. Valens avait de bons généraux qui retardaient la destruction de l’empire ; mais l’incertitude et la faiblesse du prince l’empêchaient de tirer parti de leurs talents ; ils s’épuisaient en efforts stériles pour exécuter des plans mal concertés.

Sapor, qui, pendant un règne de 70 ans, releva la gloire des Perses par ses triomphes, et la ternit par ses vices et par ses injustices, employait j pour satisfaire son insatiable ambition, tantôt la force et tantôt l’artifice. Peu content d’avoir contraint, par le traité conclu avec Jovien, l’Arménie à lui payer un tribut, il voulut s’en emparer, trompa le roi Arsace par de fausses protestations d’amitié, le fit assassiner, et,réduisit  l’Arménie en province.

Une seule ville, Artogerdice, lui résista ; Olympias, veuve d’Arsace, la défendait : son courage repoussa longtemps les Perses ; mais Sapor, arrivant avec une armée nombreuse, obligea enfin la ville à se rendre. La reine conserva sa gloire et perdit sa liberté.

Le roi ne put garder paisiblement une conquête qu’il ne devait qu’à un crime ; les Arméniens et les Ibériens se révoltèrent pour ressaisir leur indépendance. Valens, regardant le traité de Jovien comme rompu par l’invasion des Perses en Arménie, se déclara pour les révoltés. Sa cause était juste, mais le moment mal choisi pour entreprendre une guerre si périlleuse contre une puissance si redoutable ; car alors Constantinople se voyait menacée par les Goths, peuplé belliqueux, et contre lequel l’empereur aurait dû réunir toutes ses forces.

Le roi de Perse, plus prompt que Valens, attaqua les Romains ; tous les efforts d’Arinthée et de Trajan se bornèrent à défendre l’Euphrate. Malgré leur vaillance, secondée par Vadomaire, roi des Allemands, autrefois captifs et depuis allié fidèle des Romains, les Perses, dont les forces augmentaient chaque jour, se seraient probablement rendus maîtres de l’Asie ; mais Sapor mourut, et les troubles qui s’élevèrent après sa mort dans son royaume sauvèrent l’empire.

Valens avait embrassé la cause des Arméniens plutôt par ambition que par justice ; après avoir feint de protéger Para, leur roi, il le trahit. Le comte Trajan, par ses ordres, invita le prince et les grands de sa cour à une fête. Ils s’y rendirent avec confiance, et, au milieu du festin, les ayant fait entourer par ses soldats, il les égorgea.

Les princes chrétiens, les peuples civilisés se montraient alors à la fois plus perfides, plus cruels et moins braves que les barbares. Il devenait facile de prévoir la chute et le démembrement d’un empire où il n’existait plus de vertus, ni de liberté.

La cruauté des vengeances exercées par Valens contre les Goths qui avaient pris le parti de Procope, armait tous les peuples contre lui. Les historiens de l’antiquité donnent peu de lumières sur l’origine de ces nations qui renversèrent l’empire et fondèrent l’Europe nouvelle. Souvent ils confondent les Goths avec les Scythes, les Sarmates et les Daces : Tacite plaçait leur berceau sur les rives de la Vistule. Une ancienne tradition nous les montre sortant d’Asie sous la conduite d’Odin, qui, en, peu de temps, conquit tout le nord et tout l’orient de l’Europe, jusqu’à la mer Baltique, et s’établit ensuite dans la Scandinavie, qui subit son joug et reçut ses lois.

D’autres auteurs, sans remonter si haut, racontent que, trois cents ans avant Jésus-Christ, plusieurs tribus de Goths, quittant les forêts de la Scandinavie, s’étendirent le long de la mer Baltique, sous les noms de Ruges, de Vandales, de Lombards et d’Hérules. Ces diverses peuplades, devenues nombreuses, envahirent les contrées voisines ; les plus belliqueuses, conservant le nom primitif de Goths, traversèrent la Sarmatie et s’établirent sur les bords du Don, près des Palus-Méotides. Ceux qui restèrent à l’ouest de la Vistule reçurent le nom de Gépides ou paresseux. Les Goths franchissant bientôt les plaines de la Scythie et les rives du Borysthène, attaquèrent, vainquirent et exterminèrent les Gètes, qui possédaient le pays situé à l’embouchure du Danube. Les Vandales, les Marcomans et les Quades cédèrent souvent à l’effort de leurs armes.

Du temps de Caracalla, Rome les regardait comme des ennemis redoutables ; sous le règne de Gallien, profitant des divisions de l’empire, ils ravagèrent l’Illyrie, la’ Grèce, l’Asie, et réduisirent Ephèse en cendres. Vaincus par Claude second, par Aurélien, par Tacite, et presque détruits, par Probus, ils s’étaient déjà relevés sous le règne de Dioclétien ; leurs troupes servirent utilement Galère, et ils donnèrent à Constantin quarante mille auxiliaires.

Les Goths, rusés dans leur conduite, infatigables dans leurs travaux, se montraient à la fois hardis et prudents : leur stature était haute, leur chevelure blonde ; leurs lois, simples et claires ressemblaient à des règlements de famille aussi, lorsqu’ils conquirent les Gaules, on préféra, dans ce pays, le Code Théodoric à celui de Théodose. Charlemagne, dans ses Capitulaires, conserva plusieurs de leurs lois qui régissent encore l’Angleterre.

Quelques publicistes prétendent que l’institution des fiefs prit naissance chez les Goths ; le mariage n’était pas plus permis entre les nobles et les plébéiens qu’entre les personnes libres et les esclaves. Le prince proposait les lois, les grands les discutaient, le peuple les acceptait ou les rejetait.

L’impôt était réparti par des magistrats élus ; on punissait rarement de mort ; l’argent expiait le crime, le coupable rachetait sa liberté ou sa vie : tout accusé était jugé par ses pairs ; souvent le duel tenait lieu de jugement.

Les Goths, devenus puissants, se divisèrent en deux peuples ; les orientaux, près du Pont-Euxin, prirent le nom d’Ostrogoths ; ceux qui occupaient les bords du Danube s’appelèrent Visigoths. On a plus conservé le souvenir de leurs ravages que la mémoire de leurs rois ; on sait seulement que deux races célèbres les gouvernèrent longtemps. Les Amales régnèrent sur les Ostrogoths, les Battes sur les Visigoths. On ne donnait à ces princes que le titre de juges, préférant sans doute le nom qui exprimait la justice à celui qui ne rappelait que l’autorité.

Lorsque Valentinien et Valens occupaient le trône romain, un prince Goth, nommé Hermann ou Hermanrick, remplissait les contrées septentrionales du bruit de ses exploits. Ce conquérant, que les barbares nommèrent l’Alexandre du Nord, subjugua douze nations ; tous les Goths reconnurent sa puissance ; et, ce qui est sans doute plus extraordinaire que ses conquêtes, c’est qu’il n’entra qu’à l’âge de quatre-vingts ans dans sa carrière héroïque, et ne la termina qu’à cent dix ans. Ces peuples belliqueux avaient encore, dans ce temps, d’autres chefs, Alavivus, Atalaric, Fritigerne et Alaric, qui méritèrent une grande renommée par leurs succès contre les Romains.

Alaric fut le premier qui prit les armes pour venger une foule de ses compatriotes captifs et dispersés dans l’Orient, et que le cruel Valens avait fait inhumainement égorger. Pendant deux campagnes, les succès fureut balancés, et l’habileté de Victor et d’Arinthée ne purent remporter aucun, avantage remarquable sur la sauvage valeur des guerriers du Nord ; mais, la troisième année, Atalaric perdit une grande bataille ; les généraux de Valens avaient promis aux soldats romains une forte somme par tête de Goth ; la cupidité rendit la poursuite ardente et le carnage affreux.

Les barbares vaincus se soumirent ; Valens conclut un traité avec leurs princes, s’affranchit des subsides, qu’il leur payait, et ne leur permit la liberté de commerce que dans l’enceinte de deux villes situées sur le Danube.

Cette paix, violée par la perfidie romaine, ne fut pas de longue durée : Marcellinus, général romain, imitant la bassesse du comte Trajan, fit poignarder Gabinius, roi des Quades ; qu’il avait invité à une conférence. A la nouvelle de ce crime, les Quades s’arment, les Sarmates se joignent à eux, mettent en fuite les Romains, ravagent la Pannonie, et battent deux légions commandées par Equitius. On croyait la Mœsie perdue ; mais le jeune duc Théodose, qui marchait sur les traces de son père, et devait surpasser sa gloire, rallie les troupes, ranime leur courage, arrête les barbares, reprend l’offensive, et force l’ennemi à la retraite. Dans ce moment, Valentinien, arrivant en Illyrie pour secourir son frère, poursuit les barbares au-delà du Danube, répand l’épouvante dans leur pays, détruit leurs villes, et revient prendre ses quartiers d’hiver à Presbourg.

Il reçoit une députation des Quades qui, dans l’intention de se justifier, à ses yeux, lui exposent avec fierté leurs griefs : ce prince emporté les interrompt, les menace, et, dans le transport de sa colère, se rompt un vaisseau dans la poitrine. Des flots de sang lui ôtent la parole et la vie.

Les Romains avaient souffert douze années des emportements de Valentinien ; il en fut lui-même la dernière victime[1].

Ce prince avait répudié l’impératrice Sévéra, parce qu’elle avait abusé de son rang pour forcer un particulier à lui céder son bien. Il s’était depuis remarié avec Justine, veuve de Magnence. Les lois et les mœurs permettaient alors le divorce que condamnait l’église.

Gratien, proclamé César par Valentinien, devait lui succéder ; son nom se trouvait joint à celui de son père dans tous les actes publics, et le respect qu’inspiraient ses qualités personnelles était encore fortifié par son union récente avec la petite-fille de Constantin. Mais que peuvent les droits les mieux reconnus, et les plus puissants motifs d’intérêt public, contre les passions privées ; Valentinien venait de mourir à Bréjiaccio, au fond de la Pannonie : Gratien était éloigné ; les généraux Equitius et Mellobaude, croyant l’occasion favorable pour se donner un chef qui leur dût le trône, font paraître dans le camp l’impératrice Justine et son fils Valentinien, âgé de quatre ans. Les soldats, excités par les ambitieux qui espéraient régner sous le nom de cet enfant, le proclament empereur.

Gratien, par sa modération, trompa les espérances de ces hommes perfides qui sacrifiaient l’empire à leurs intérêts. Ce prince, aussi sage que vaillant, aima mieux partager le trône que de l’occuper seul au prix d’une guerre civile ; et, par un édit confirmant le choix de l’armée d’Illyrie, il se déclara le collègue et le tuteur de son frère. Ainsi l’empire romain resta gouverné par Valens et par ses deux neveux.

 

 

 

 


[1] An de Jésus-Christ 375.