ANTIQUITÉS GRECQUES

DEUXIÈME PARTIE DE LA DEUXIÈME DIVISION  - ANTIQUITÉS RELIGIEUSES.

CHAPITRE SEIZIÈME. — SACERDOCE ET FONCTIONS RELATIVES AU CULTE.

 

 

D’après les caractères que nous avons attribués à la religion grecque, on ne peut s’attendre à trouver un clergé régulièrement constitué, dépositaire exclusif d’un corps de doctrine touchant les dieux et les choses divines, et intermédiaire officiel entre les dieux et les hommes. Étant données les conditions de l’anthropomorphisme et les bonnes dispositions des dieux pour la race humaine, les Grecs ne pouvaient guère croire à la nécessité de cette entremise. Dès le principe, leur religion ne semblait pas de nature à être enfermée dans les limites déterminées d’un système théologique. Les traditions et les préceptes sacrés qui auraient pu en effet composer un ensemble doctrinal avaient toujours été confondus dans le patrimoine commun des choses dont l’intelligence et la jouissance semblaient accessibles à tout le monde ; les idées que la foule se faisait de ses dieux lui venaient des poètes, qui n’étaient ni prêtres, ni soumis à l’autorité sacerdotale. Les devins et les interprètes qui, en certains cas, révélaient aux hommes la pensée des dieux, étaient également étrangers au sacerdoce ; enfin il n’était nullement nécessaire que les purifications et les expiations religieuses fussent accomplies par des prêtres ni dans les premiers temps, où ces cérémonies étaient fort simples, ni plus tard, lorsqu’elles devinrent plus compliquées. Chaque père de famille pouvait sacrifier sur l’autel domestique, sans l’assistance d’un prêtre, et ce que le père faisait pour lui et pour les siens, les Rois d’abord, plus tard les magistrats suprêmes le faisaient au nom de l’État, sans être marqués pour cela du caractère sacerdotal. Aristote distingue entre les sacrifices accomplis par les magistrats, en vertu des fonctions qui leur étaient dévolues et les sacrifices hiératiques, réservés aux prêtres[1].

Quelles étaient en réalité les attributions et la condition des prêtres ? Ils avaient, comme nous l’avons vu pour les temps homériques[2], la garde d’un lieu consacré, temple ou téménos, et devaient vaquer aux cérémonies du culte, dans le domaine qui leur était assigné. Quiconque voulait accomplir quelque office religieux dans le sanctuaire auquel ils présidaient, né pouvait certainement se passer de leur coopération[3] ; partout ailleurs elle n’était pas nécessaire, ce qui ne veut pas dire que, même au dehors, leur assistance ne fût pas quelquefois réclamée[4]. Les prêtres se distinguent des magistrats investis de fonctions sacrées, en ce que le service divin, dans le sanctuaire auxquels ils sont préposés, est leur unique affaire, tandis que pour les autres les sacrifices qu’ils doivent offrir à telle ou telle divinité ne sont qu’un des devoirs de leur charge. Il était possible sans doute que des prêtres eussent d’autres fonctions à remplir en dehors de leur ministère, et il n’existait, dans ce cas, aucun rapport entre ces fonctions et leur caractère sacerdotal.

Nous ne saurions fixer historiquement la date à laquelle remonte la création d’un clergé, dans les conditions que nous venons de dire ; mais il n’est pas douteux qu’elle ne concorde avec la fondation des temples ou des sanctuaires. Ou bien un fidèle adorateur du dieu avait établi un de ces sanctuaires, et alors il était tout naturel qu’il en devînt le prêtre et fût préposé au culte dont il avait eu l’initiative ; ou bien ce sanctuaire était l’œuvre d’une communauté, qui choisissait dans son sein celui qu’elle jugeait le plus propre aux fonctions du sacerdoce. Souvent aussi, une chapelle qu’un particulier avait inaugurée en vue d’un culte privé, uniquement pour lui et pour les siens, gagnait de la considération aux yeux de la communauté à laquelle appartenait le fondateur, et était élevée à la dignité de sanctuaire public. Il était de règle, dans ce cas, que le sanctuaire restât aux mains de l’ancien possesseur. Enfin il pouvait se faire qu’un culte institué privément sur un simple autel domestique se répandit au dehors, pour une raison ou pour une autre, qu’un sanctuaire fût construit par les soins de la communauté, et que le sacerdoce en fût transféré à celui qui en avait eu l’idée première.

Avant d’examiner d’une manière plus approfondie ce qu’était vraiment le sacerdoce, il convient de donner quelques détails sur les fonctionnaires qui, sans être prêtres à proprement parler, avaient part cependant au ministère sacré, offraient aux dieux des sacrifices officiels, avaient la surintendance du culte public, administraient les revenus du temple, donnaient leurs soins aux intérêts temporels qui ne laissaient pas d’être considérables, et y trouvaient eux-mêmes une source abondante de bénéfices. Nous avons déjà fait voir que très vraisemblablement le monnayage avait été, au début, un monopole des temples, et que le trésor public n’avait pris que plus tard cette fabrication à son compte. Il saute aux yeux que le métier devait être lucratif et ajouter notablement aux richesses des sanctuaires, qui d’ailleurs,’suivant la considération dont ils jouissaient, recevaient des offrandes plus que suffisantes pour subvenir à leurs besoins ; de là l’origine des trésors sacrés. On peut dire avec Curtius[5] que les dieux furent en Grèce les premiers capitalistes, et que les trésors des temples devancèrent les trésors publics. Nous avons fait remarquer aussi, dans le premier tome de cet ouvrage, que les États et les particuliers déposaient souvent dans les temples des sommes d’argent qui servaient à faire l’agio, ce qui a permis de comparer ces établissements religieux à de véritables banques[6]. Lorsque, au commencement de la guerre du Péloponnèse, les alliés de Sparte se consultèrent sur les moyens de se procurer des ressources, les Corinthiens signalèrent les trésors de Delphes et d’Olympie, comme une mine où l’on pouvait puiser[7]. Les Athéniens firent souvent aussi des emprunts à leurs temples ; il va sans dire que ce n’était pas sans en payer les intérêts. Nous trouvons chez les Athéniens des trésoriers des finances sacrées (ταμίαι). Des fonctionnaires de même ordre existaient assurément ailleurs, bien que sous des titres différents, qui d’ailleurs rappellent tous, de plus ou moins près, le caractère sacré des fonds qu’ils maniaient, et le penchant qu’ont toujours eu les gens d’église à thésauriser.

Parmi les fonctionnaires qui, sans être prêtres, tenaient de près au sacerdoce, mentionnons d’abord les Rois, titre que conservèrent dans beaucoup de contrées, après l’abolition de la monarchie, les magistrats héritiers de l’autorité religieuse dévolue autrefois aux souverains. Les Rois se distinguaient de leurs homonymes, ‘en ce que cet attribut de la puissance suprême était le seul qu’ils possédassent, et des prêtres, en ce qu’ils n’étaient pas attachés exclusivement au culte et au sanctuaire de tel ou tel dieu, qu’ils offraient des sacrifices publics, tantôt à l’un, tantôt à l’autre, et exerçaient une surveillance générale sur la religion officielle de l’État, d’où résultait pour eux un droit de juridiction, dans toutes les affaires litigieuses, relatives au culte. Nous trouvons trace de ces Rois en beaucoup de pays, et jusque dans les temps relativement rapprochés ; mais ce titre appartient parfois aussi à des personnages chargés uniquement d’un sacrifice public déterminé[8]. Tantôt la dignité de Rois était conférée à des descendants de l’antique race royale, dans l’ordre de succession ; tantôt le choix ou le hasard en décidaient. Il en était ainsi par exemple chez les Athéniens. On a supposé trop légèrement que le choix ou le sort ne pouvaient prononcer qu’entre les membres de familles privilégiées[9] ; il va de soi cependant que cet emploi était exercé nécessairement par des personnages remplissant certaines conditions. Outre celles auxquelles, étaient soumises d’une manière générale toutes les magistratures et toutes les fonctions ecclésiastiques, l’Archonte-roi devait être initié aux mystères d’Eleusis, sans quoi il eut été incapable de présider, comme il était tenu de le faire, aux fêtes de Déméter et de Perséphone et de prononcer sur les questions juridiques que pouvait soulever la célébration de ces cérémonies. Parmi les fêtes publiques, il avait surtout dans ses attributions les Lénéennes et les Anthestéries ; il devait aussi surveiller les luttes gymniques et choisir les Gymnasiarques et les Arrhéphores ; enfin il présidait à un certain nombre de sacrifices établis parla tradition, sur lesquels les détails nous manquent[10]. Sa femme, qui portait le titre de βασίλισσα ou βασίλιννα avait aussi à remplir des fonctions secrètes d’un haut caractère religieux, et comme il fallait pour cela que rien n’altérât sa pureté et l’honorabilité de sa vie, la dignité de Roi ne pouvait être conférée à un homme dont la femme ne donnait pas toutes les garanties nécessaires. Les deux collègues les plus étroitement associés à l’Archonte-roi, le premier Archonte et le Polémarque avaient aussi des attributions religieuses. Le premier était chargé de diriger, avec l’aide de quelques Épimélètes, les grandes Dionysiaques et les Thargélies ; au second étaient dévolus les sacrifices publics célébrés sur les autels d’Artémis Agrotera et d’Enyalios, les honneurs funèbres rendus à la mémoire d’Harmodius et les fêtes annuelles dans lesquelles était prononcé l’éloge des guerriers morts en combattant. Il était naturel que les Prytanes, dans les pays où ils exerçaient la première magistrature, à la place des Rois, eussent hérité aussi des fonctions religieuses attachées à la royauté ; le fait est d’ailleurs attesté expressément[11] ; mais là même où ils n’étaient pas les magistrats suprêmes et formaient simplement un collège consultatif, ou un comité du Sénat, comme à Athènes, ils étaient préposés à certains sacrifices publics. On sait qu’il existait d’ordinaire, dans chaque État, un Prytanée, considéré comme le foyer sacré et possédant un autel d’Hestia ; on peut en conclure que les sacrifices qui s’y accomplissaient étaient présidés non par des prêtres, mais par des fonctionnaires, qu’ils s’appelassent prytanes ou de tout autre nom. Les titres de Hiéromnémon, de Théoros, de Stéphanéphoros éveillent aussi l’idée d’attributions religieuses ; nous ne pouvons toutefois, faute de renseignements, distinguer ceux pour qui ces fonctions n’étaient qu’un accessoire de leur charge, et ceux qui réellement étaient prêtres. De même que, à Sparte, un double sacerdoce était compris dans l’exercice clé la puissance royale, que l’un des souverains était prêtre de Zeus Ouranios, l’autre de Zeiss Lakedæmon, de même, dans d’autres pays, à la magistrature suprême était associée la pratique du culte rendu au dieu que l’on considérait comme le patron de l’État. Ainsi, à Mégare, les Hiéromnémons étaient prêtres de Poseidon[12]. A Tarse, les Stéphanéphores étaient prêtres d’Héraklès, et possédaient une autorité à l’aide de laquelle l’un d’eux put s’emparer de la tyrannie[13].

On trouve encore d’autres titres indiquant des attributions sacrées, sans que l’on puisse toujours reconnaître sûrement si ceux qui les portaient étaient en réalité revêtus d’un caractère sacerdotal, ou si seulement ils exerçaient à côté ou au-dessous des prêtres, des fonctions qui leur permettaient de s’immiscer aux choses religieuses. A Agrigente, à Ségeste, à Mélite, les documents publics sont datés de l’entrée en charge des Hiérothytes[14]. Les éponymes étaient nécessairement des personnages considérables ; peut-être étaient-ils des prêtres. Ailleurs on signale un collège de Hiérothytes, ayant à sa tête un Archiérothyte. L’édifice où ils se réunissaient est appelé Hiérothysion ou Hiérothytéion ; ils y prenaient leur repas aux frais publics, et les citoyens qui avaient mérité cette faveur y étaient également nourris, de même que dans le Prytaneion d’Athènes[15]. Enfin, des Hiérothytes sont présentés comme les subordonnés des prêtres : A Messène, le prêtre de Cresphonte avait pour assistants deux Hiérothytes[16], et à Phigalie, la prêtresse de Déméter en avait trois ; le plus jeune l’aidait, dans les sacrifices qui consistaient simplement en toisons et en fruits arrosés d’huile[17]. La qualification de Hiérapolos n’est pas mieux définie ; elle désigne tantôt un prêtre, tantôt un fonctionnaire chargé du temporel[18]. Dans les petits temples, où les ressources manquaient, tout ce qui se rattache au culte, la conservation des bâtiments et du matériel, le maniement des fonds, étaient exclusivement confiés aux prêtres[19] ; mais dans les sanctuaires plus en renom, qui avaient des possessions étendues et des revenus considérables, il fallait adjoindre aux prêtres des fonctionnaires spéciaux. Les anciens textes et surtout les inscriptions nous apprennent du moins les titres de plusieurs de ces auxiliaires, s’ils nous laissent ignorants du reste. Nous y voyons mentionnés les Hiérarques, espèces d’intendants, dont la surveillance portait sur les bâtiments, sur les ex-voto et sur les deniers du temple[20] ; les Hiérophylaques chargés aussi du soin des bâtiments[21] ; les Hiéronomes, dont nous ne savons qu’une chose, c’est qu’ils n’étaient pas prêtres, et qu’ils donnaient leur concours aux prêtres, pour l’accomplissement de certaines cérémonies[22]. Les Hiéropoioi n’avaient pas seulement à s’occuper, comme leur nom l’indique, des sacrifices et des repas qui en étaient partie intégrante, ils faisaient aussi office d’économes, et avaient en garde l’argent et les objets précieux[23]. Il ne faut pas croire cependant que le même titre suppose toujours les mêmes fonctions. Chaque temple, dans Athènes, avait bien des Hiéropoioi, distincts des prêtres et auxquels s’appliquent les indications que nous venons de donner[24] ; mais il existait aussi un collège de dix Hiéropoioi tirés annuellement au sort et préposés aux sacrifices extraordinaires, tels que ceux que pouvaient ordonner les oracles, ainsi qu’aux fêtes religieuses qui revenaient tous les cinq ans et dont l’État faisait les frais[25]. Enfin trois ou peut-être encore dix Hiéropoioi, choisis vraisemblablement chaque année par l’Aréopage, étaient attachés au culte des Euménides, pour sacrifier à ces déesses au nom de l’État[26], ou du moins pour préparer les sacrifices qui devaient être accomplis par des prêtres de la race des Hésychides[27]. Ailleurs on signale des fonctionnaires renouvelés tous les mois (έπιήνιοι), comme formant une classe distincte de Hiéropoioi, qui devaient aussi donner leurs soins à certains sacrifices publics[28].

A la catégorie des fonctionnaires qui, sans être prêtres, avaient place dans les sanctuaires comme auxiliaires ou subordonnés des prêtres, et les assistaient dans les cérémonies du culte, appartiennent encore les Néocores ou Zacores ; il n’en existait pas dans les petits temples, mais les grands en possédaient plusieurs, dont le chef était plus spécialement appelé de ce nom, les autres ne portant d’ordinaire que le titre de ύποζάκοροι[29]. On peut juger d’après leur nom que les Néocores ou Zacores veillaient à la décoration et à la propreté des temples. Dans leurs attributions rentrait naturellement aussi la garde des objets précieux et des reliques[30]. Ils paraissent avoir été, en général, les personnages les plus importants parmi ceux qui composaient l’entourage des prêtres. En Asie, surtout dans les temps postérieurs, la dignité de Néocore attaché à un temple en renom était une distinction dont les hommes les plus considérables se sentaient honorés. On vit même, sous les empereurs, des villes tout entières s’intituler les Néocores des temples élevés à la divinité des Césars[31]. Dans les sanctuaires modestes, les fonctions des Néocores étaient remplies par les prêtres, ce qui explique que ces auxiliaires soient parfois désignés sous le nom de ίερεΐς.

Dans la même classe doivent être rangés encore les Parasites, dont on trouve la trace en différents lieux. Commensaux des prêtres, ainsi que leur nom l’indique ; ils vivaient comme eux de l’autel. Leurs fonctions consistaient surtout à prendre livraison des grains que devaient fournir les fermiers ou qui provenaient de quelque autre part ; mais ils en avaient certainement d’autres, dont le détail nous échappe[32]. En Attique, autant que nous pouvons savoir, quelques temples situés dans les dômes avaient seuls des Parasites ; il n’en existait pas dans la capitale. Ceux du bourg d’Acharnæ appartenaient au temple d’Apollon et étaient chargés d’y accomplir certains sacrifices, naturellement avec le concours des prêtres ; mais il est surtout question de Parasites dans le dème de Diomée, où ils étaient attachés au culte d’Héraklès et au temple appelé le Kynosarge ; ils se recrutaient au chois parmi les demi-citoyens ou leurs enfants, et offraient, toujours avec l’assistance du clergé, des sacrifices mensuels. Lorsqu’un banquet devait y être joint, comme c’était le cas dans plusieurs fêtes, l’organisation en appartenait aux Parasites ; ils étaient choisis dans les dèmes auxquels appartenaient les temples. Les obligations qui leur étaient imposées étant dispendieuses, on cherchait autant que possible à s’y dérober ; des dispositions législatives eurent même pour objet de vaincre cette résistance ; la contrainte cependant ne pouvait être exercée plus d’une fois.

Faisaient encore partie des fonctionnaires sacrés les hérauts (κήρυκες ou ίεροκήρυκες)[33] qui, à la veille des fêtes, proclamaient la suspension des hostilités, ordonnaient le recueillement durant les offices religieux, et énonçaient les formules que devaient répéter les assistants. Ils avaient eu jadis d’autres attributions, et même plus récemment, dans les pays où le personnel des temples était trop peu nombreux[34], ils s’employaient à immoler les animaux, à les dépouiller, à les dépecer, à entretenir le feu, soins dont s’acquittaient ailleurs des employés spéciaux. Ainsi nous savons que, chez les Athéniens, pendant les Bouphonies ou Diipolies, l’autel de Zens Polieus était desservi parles membres de familles dans lesquelles ces fonctions étaient héréditaires. L’un d’eux, ou plusieurs d’entre eux, menaient la victime à l’autel, un autre l’abattait, d’autres encore l’égorgeaient et la découpaient. Nous devons citer aussi parmi les auxiliaires, les οίνοχόοι ou échansons, à la tête desquels était l’άρχιοινοχόος ; les έπιθυμιάτορες, chargés des reliques, notamment dans les processions ; les Licnophores, les Trapézophores, les Canéphores, les Kernophores, qui portaient le van mystique, la table du sacrifice, les corbeilles et les vases. Les πυρφόροι, tels que ceux à qui l’on confiait le feu qui devait toujours précéder les armées spartiates en campagne, n’étaient pas non plus des prêtres, au vrai sens du mot, et appartenaient à la classe des ministres subalternes. Venaient enfin les chanteurs et les chanteuses, les joueurs de flûte ou de trompette, tous les musiciens et les figurants dont les dénominations ne sauraient être clairement expliquées[35]. Beaucoup de ces auxiliaires n’étaient pas affectés à poste fixe au service de tel ou tel temple ; ils étaient choisis dans la commune pour un temps déterminé. Il en était ainsi en particulier pour les Arrhéphores, suivantes d’Athéna Polias à Athènes, pour les Praxiergides, les Plyntrides ou Loutrides et autres encore, sur lesquelles nous reviendrons dans le chapitre suivant. Tout ce personnel était pris parmi les Hiérodules. A la domesticité du Dieu appartenait aussi le Xyleus, chargé de fournir le bois nécessaire aux sacrifices, dans le temple d’Olympie[36]. Chez Euripide, Ion est présenté comme un hiérodule du temple où il remplit les fonctions de Néocore, et des témoignages formels établissent qu’en effet les Néocores étaient tirés le plus souvent de la classe des Hiérodules[37]. Telle paraît avoir été également, sur différents points, la condition des ouvriers qui travaillaient pour le temple[38]. Enfin les familles et les corporations d’architectes et de sculpteurs, qui mettaient surtout leur art au service de la religion, paraissent avoir été en relation étroite avec les sanctuaires et le clergé, quoi qu’ils ne fussent pas à proprement parler les serviteurs du temple ; il serait moins exact encore de les considérer comme personnes sacerdotales.

Ne doivent être considérés comme prêtres proprement dits et mis à part de tous les fonctionnaires religieux, que ceux qui avaient le devoir et le droit d’accomplir eux-mêmes, dans le sanctuaire de la divinité à laquelle ils étaient attachés, les sacrifices et les cérémonies obligatoires, suivant les rites consacrés et aux époques réglementaires. Si quelque autre venait sacrifier dans le même sanctuaire, ils avaient le devoir de lui prêter leur concours, de le renseigner sur ce qu’il convenait de faire, d’immoler les victimes, de choisir la part du dieu et de la placer sur l’autel, de prononcer les prières accoutumées, en un mot d’agir comme intermédiaires entre celui qui offre le sacrifice et la divinité qui le reçoit, entremise pour laquelle une part des offrandes leur était due, sans compter d’autres émoluments. Le mot de ίερεύς ne désigne à la vérité le prêtre que comme l’opérateur chargé des sacrifices et des cérémonies religieuses ; il n’y a donc pas lieu de s’étonner si très souvent ce mot est appliqué indifféremment à des fonctionnaires chargés de ces opérations ou même à des individus qui se sont donné cette mission de leur autorité privée. Ainsi Ninus, préposée aux Sabazies, qui n’étaient nullement admises dans le culte d’État, ne portait pas moins le titre de ίέρεια[39], et les Métragyrtes, qui parcouraient le pays en mendiant, sont appelés aussi les ίερεΐς de Cybèle[40]. Il n’est pas plus surprenant de voir qualifiées de ίερωσύναι des pratiques qui, bien qu’intéressant le culte, n’étaient cependant qu’une partie accessoire et secondaire du service divin[41]. Nous croyons néanmoins devoir réserver le nom de prêtres pour ceux qui répondent à la définition ci-dessus, tout en reconnaissant qu’il se prêtait à beaucoup d’acceptions différentes, sur lesquelles nous aurons bientôt l’occasion de revenir. En fait de titres sacerdotaux, autres que ceux de Stephanéphoros, de Hiéromnémon, de Hiérapolos, dont il a été question plus haut, nous devons signaler les suivants : Le prêtre d’Apollon Isménien, à Thèbes, devait à la couronne de laurier qu’il portait comme insigne le nom de Daphnéphoros[42] ; la prêtresse d’Aphrodite, à Sicyone, était appelée Loutrophoros, en raison d’une des attributions de sa charge[43] ; de même, certaines cérémonies liturgiques avaient valu à la prêtresse d’Athéna, à Soloi, en Cilicie, le titre de ύπεκκαύστρια[44]. Un prêtre d’Aphrodite, à Cypre, était qualifié d’άγήτωρ, parce que, dans les processions solennelles, il précédait les victimes qui devaient être offertes en sacrifice[45]. Les prêtresses de Perséphone paraissent avoir porté en différentes localités le nom de Thysiades, et les femmes vouées au culte des Euménides celui de λήτειραι, peut-être à cause des sacrifices qu’elles devaient accomplir pour le bien du peuple (λήιτα)[46]. Un nom qui se représente souvent est celui de Mélissa, sous lequel sont désignées surtout les prêtresses de Déméter ; d’après d’anciens commentateurs, il serait une allusion à la pureté des abeilles ; suivant d’autres, il serait dérivé du mot μέλεσθαι, et indiquerait simplement le soin que ces prêtresses devaient prendre du culte dont elles étaient chargées[47]. Les prêtres sont souvent aussi appelés κληδοΰχοι, comme détenteurs des clefs du temple[48]. Le titre de Mégabyse, donné au prêtre de l’Artémis d’Ephèse, n’est pas grec, non plus que celui d’Essènes, que portaient quelques fonctionnaires à la suite. A Syracuse, le prêtre de Zeus, qui était entouré d’une grande considération et d’après lequel étaient supputées les années, était appelé άμφίπολος beaucoup plutôt que ίερεύς[49], et ce nom, qui d’ailleurs convenait à tous les prêtres, parait avoir été aussi, chez les Argiens, spécialement affecté au prêtre d’Apollon[50]. A Sparte, les prêtresses des Leucippides, Phébé et Hilaira, femmes des Dioscures, s’appelaient elles-mêmes Leucippides[51], et de même, à Argos, les Hérésides, attachées sinon comme prêtresses, du moins comme servantes, au culte de Véra, avaient peut-être bien emprunté ce nom à la Déesse[52] Enfin, chez les Athéniens, les prêtres de Boutès et de Bouzygès portaient les noms mêmes de ces héros.

L’exercice du sacerdoce et des fonctions relatives au culte se transmettait souvent dans certaines familles par voie d’héritage, quelquefois aussi on procédait par l’élection, ou en combinant le choix avec le sort. Il y a cependant des exemples de postes sacerdotaux cédés à prix d’argent. On a vu plus haut les circonstances qui justifiaient l’hérédité. Ou bien un sanctuaire avait été institué par un particulier et plus tard abandonné à l’État, sous la condition que le sacerdoce serait confié au fondateur et passerait après lui à ses descendants[53] ; on le culte établi privément soit dans une famille, soit dans une gens était devenu culte d’État, auquel cas il était naturel d’en laisser la présidence à ceux qui en avaient pris l’initiative. Mais alors même qu’il s’agissait dès le principe d’un culte officiel et que le sacerdoce avait été dévolu à la personne qui en avait été jugée la plus digne, la survivance pouvait en être conservée à ses descendants ; on pensait que l’hérédité était le meilleur moyen de conserver intactes les coutumes religieuses, auxquelles la divinité attachait du prix. Il y avait ainsi dans toutes les cités grecques un nombre plus ou moins grand de gentes qui, pour une raison ou pour une autre, étaient en possession d’un sacerdoce ou de fonctions ecclésiastiques. Nous avons déjà signalé, dans l’Attique, les Eumolpides et les Céryces, les Lycomides et les Phytalides, les Phyllides, les Croconides et les Hésychides ; de même les Etéoboutades présidaient au sanctuaire d’Athéna Polias et de Poseidon Érechthée. A cette liste il serait facile de joindre beaucoup d’autres noms, si ces accumulations offraient plus d’intérêt. On ne s’étonnera pas que les exemples soient moins fréquents en dehors de l’Attique ; il est certain cependant que les choses se passaient de même partout[54]. La transformation d’un sacerdoce héréditaire en sacerdoce électif était chose rare ; nous n’en connaissons qu’un seul cas, qui nous est fourni par la ville d’Orchomène en Béotie. A la suite d’une violence commise par un prêtre, la gens à laquelle il appartenait fut déchue de son privilège[55]. Il arrivait aussi que, la gens sacerdotale venant à s’éteindre, le principe de l’hérédité dont on s’était fait une habitude, passait dans d’autres familles[56]. — Comment était appliqué le principe d’hérédité et à qui devait être dévolue la place vacante ? Sur ce point les usages variaient[57]. Tantôt le père était remplacé par le fils ou, à défaut d’enfant apte à succéder, par le plus proche agnat, ou si plusieurs agnats arrivaient au même rang, par le plus âgé ; tantôt on choisissait entre tous les membres de la même gens[58], et l’élection se faisait soit par leur propre chois, soit par un acte de la puissance publique ; tantôt enfin la nomination était remise ait hasard ; il est même probable que cette manière de procéder était la plus ancienne et la plus ordinaire. On pensait que la divinité prenait soin de faire pencher le sort vers celui qui lui agréait le mieux. Des cas particuliers se présentèrent : On vit l’élu du hasard renoncer à la chance qui l’avait servi, en faveur d’un autre membre de la même gens, d’un frère par exemple[59]. S’il y avait contestation, l’affaire était portée devant l’autorité compétente, c’est-à-dire, à Athènes, devant l’Archonte-roi.

L’élection au sacerdoce est déjà mentionnée par Homère, non pas,-il est vrai, chez les Grecs, mais à Troie[60]. Théano, la prêtresse d’Athéna, est mise en possession de sa dignité par les Troyens, mais rien n’indique de, qui en réalité elle tient son investiture, ni si le chois était entièrement libre ou s’il devait être renfermé dans une famille déterminée. En Grèce, le principe de l’élection populaire sans condition d’éligibilité ne pouvait être admis que dans les états démocratiques ; encore était-il applicable seulement aux sacerdoces de nouvelle création et à ceux dont la jouissance ne dépassait pas une année ou quelques années. Le plus souvent le choix et le hasard sont combinés, c’est-à-dire que le sort décide entre plusieurs candidats élus[61]. D’après une assertion de Denys d’Halicarnasse, l’achat du sacerdoce n’était pas de son temps un fait extraordinaire[62]. Nous n’en trouvons toutefois qu’un seul exemple, qui nous est fourni par la patrie même de l’historien. Une inscription d’Halicarnasse[63], dont la date est impossible à fixer, mais qui certainement n’est pas antérieure à Denys, rappelle la fondation d’un temple consacré à une divinité identifiée avec Artémis, à l’Artémis de Perga, dont le culte, originaire de cette ville, se répandit au loin dans l’Asie-Mineure[64] et fut introduit à Halicarnasse. Le sacerdoce fut acheté par une femme ; on ne dit pas à quel prix. La prêtresse était libre de bâtir le temple où bon lui semblerait ; elle en avait la jouissance sa vie durant, et se réservait le droit de désigner son héritière, à la condition de la choisir dans une famille en pleine possession du droit de cité depuis trois générations, du côté paternel et du côté maternel. Les devoirs de sa charge et les avantages qu’elle en doit retirer sont énumérés en détail ; nous y reviendrons dans la suite. Il est évident que les revenus sur lesquels la prêtresse pouvait compter devaient être assez considérables pour l’indemniser des frais que lui coûterait tout d’abord la construction d’un temple. Il n’est pas douteux qu’elle ne se réservât aussi de faire financer à son tour la personne qui lui succéderait, et que toutes celles qui suivirent n’en aient fait autant, de telle façon que cette charge dut demeurer toujours vénale. Le sacerdoce pouvait aussi être affermé[65].

La condition spécifiée dans ce document épigraphique d’un droit de cité acquis par une double transmission doit être considérée comme s’appliquant d’une manière générale à tous les sacerdoces des cultes adoptés par l’État. Les étrangers et les demi-citoyens (νόθοι) en étaient certainement exclus partout. Les Parasites d’Héraklès, dont il a été question plus haut ne font pas exception à cette règle, attendu qu’ils n’étaient pas prêtres, à proprement parler, mais seulement les auxiliaires des prêtres[66]. La nécessité d’aller chercher dans les villes voisines les prêtres chargés de rendre à Colophon les oracles de l’Apollon de Claros autorise à présumer qu’ils étaient pris toujours dans des familles unies entre elles par le connubium[67] et faisant partie d’une gens dont les ramifications s’étendaient en différents pays. Il va de soi que l’honorabilité civique ou épitimie était de rigueur pour le sacerdoce, aussi bien que pour d’autres fonctions. Aristote va jusqu’à interdire le sacerdoce aux laboureurs et aux artisans[68], ce qui s’explique, puisqu’il leur refuse la plénitude du droit de cité. Il n’en était pas ainsi dans la vie réelle. Chez les peuples gouvernés par l’oligarchie ou l’aristocratie, il était naturel que les offices sacerdotaux ne fussent abordables qu’aux membres des classes privilégiées ; mais dans les pays démocratiques il suffisait, en laissant à part les sacerdoces héréditaires, que les prétendants fussent bien nés, c’est-à-dire que leur famille eût pleine jouissance de ses droits civiques, depuis trois générations[69]. Il est certain cependant que, malgré le silence de la loi, jamais un candidat au sacerdoce ne fut acclamé par la voix populaire, à moins d’appartenir aux classes élevées ou du moins à celles où l’on était dispensé de gagner son pain quotidien par un travail manuel[70]. C’était aussi une règle générale chez les Grecs que les défauts corporels, les infirmités et les mutilations rendaient impropre au sacerdoce[71]. Le culte de l’Artémis d’Ephèse, qui exigeait, il est vrai, des eunuques[72], n’était pas d’origine grecque, et les Grecs ne se prêtant pas volontiers à la castration, on faisait venir des prêtres de l’étranger. Les Métragyrtes se mutilaient aussi pour faire honneur à la déesse dont ils se réclamaient, mais ce culte non plus n’était pas grec, et les Métragyrtes n’étaient pas des prêtres reconnus par l’État.

Quelques sanctuaires étaient desservis exclusivement par des hommes, d’autres par des femmes ; il y en avait aussi nit les prêtres et les prêtresses étaient réunis[73]. Sans doute, ces distinctions reposaient sur des règles fixes, pour lesquelles nous manquons de renseignements. Si l’on pose ce principe général que les sacerdoces de divinités mêles étaient dévolus à des hommes, ceux des divinités femelles à des femmes, les temples que nous avons déjà cités, ceux qu’il nous reste à indiquer, prouvent qu’il y avait de nombreuses exceptions. Les coutumes variaient beaucoup aussi, en ce qui concerne les conditions d’âge. Dans plusieurs pays, le sacerdoce ne pouvait être confié qu’à des jeunes gens. A Tégée, dans le temple d’Athéna Aléa, à Elatée, dans celui d’Athéna Cranaia, des garçons impubères avaient seuls droit d’en être investis[74] ; de même, le sanctuaire de Poseidon, dans file de Calaurie, ceux d’Artémis, à Ægire et à Patræ, ne pouvaient être desservis que par de très jeunes filles, qui cessaient d’être prêtresses en devenant nubiles[75]. A Ægium, le prêtre de Zeus était aussi un enfant ; on choisissait le plus beau parmi les garçons de son âge, et il devait céder la place à un autre, dès que la barbe lui poussait[76]. A Thèbes, le Daphnéphoros, prêtre d’Apollon Isménien, était pris annuellement parmi les garçons les plus beaux et les plus forts, appartenant à des familles considérables[77]. On devine que ces adolescents devaient toujours avoir auprès d’eux des fonctionnaires plus avancés en âge, qui, sans porter le nom de prêtres, partageaient avec eux les devoirs du sacerdoce, les dirigeaient et les assistaient. La préférence donnée à des enfants d’un âge si tendre reposait sans doute sur la pensée que la fleur de la jeunesse et la pureté immaculée auxquelles on ne peut guère croire, après un certain degré de développement, étaient plus que toute autre chose agréables à la divinité. En général cependant, l’abstention de tout rapport sexuel n’était pas formellement ordonnée aux prêtres, et le célibat, exigé de quelques-uns d’entre eux, n’était pas de rigueur pour tous. Tandis que le mariage était interdit à l’Hiérophante d’Eleusis, il était permis à celui de Phlionte ; il est vrai que ce dernier n’était pas nommé à vie, mais seulement pour un laps de cinq années, qui coïncidait avec la période des mystères[78]. Le célibat était observé surtout dans les sanctuaires des divinités vierges, telles qu’Athéna et Artémis, bien que ces déesses ne soient pas toujours réputées telles. Ce qui est plus étonnant, c’est que, à Sicyone, la même condition était imposée à la prêtresse d’Aphrodite, qui n’avait nulle prétention à la virginité[79] ; ce sacerdoce ne durait, il est vrai, qu’une année. A Thespies, au contraire, la prêtresse d’Héraklès, dont les fonctions ne cessaient qu’à la mort, faisait vœu de virginité perpétuelle[80]. En Phocide, où ce même dieu était honoré sous le surnom de Mysogyne, le prêtre devait s’abstenir de tout commerce avec les femmes pendant la durée de son office qui, du reste, était annuel[81]. A Bura, en Achaïe, la prêtresse de la déesse Γή non seulement devait, après son élection, observer la chasteté la plus sévère, mais elle n’avait pu être choisie qu’à la condition de n’avoir eu jusque-là de relations qu’avec un seul homme. Les postulantes devaient, comme moyen de vérification, se soumettre à une épreuve consistant à boire du sang de taureau ; celle qui aurait menti en était punie aussitôt par l’effet de ce breuvage[82]. L’idée qu’une femme ayant eu plus d’un mari ne pouvait prétendre au sacerdoce parait avoir été très répandue[83]. Il était aussi fort d’usage, dans les pays qui exigeaient de leurs prêtres la chasteté, de choisir des vieillards ; c’est ce que faisaient en particulier les Phocidiens, pour le culte d’Héraklès Mysogyne. De même, on avait soin de prendre de vieilles femmes, dans les temples d’Hestia, chez les Delphiens, d’Athéna Poliade, chez les Athéniens, de Sosipolis, à Olympie[84]. La prêtresse d’Artémis Hymnia, à Orchomène, en Arcadie, avait été d’abord une jeune vierge, mais à la suite d’un viol commis par un certain Aristocratès, on prit aussi l’habitude de ne confier le sacerdoce qu’à des femmes à l’abri de ce danger[85]. Dans les pays mêmes où la chasteté et le célibat n’étaient pas imposés aux prêtres d’une manière absolue, la loi religieuse ordonnait l’abstinence quelque temps avant l’accomplissement des offices[86].

Il y avait dés temples où ces offices ne revenaient qu’aux époques solennelles ; dans d’autres, ils étaient journaliers, et il n’est pas douteux qu’en ce dernier cas, les prêtres ne fussent tenus à la chasteté, tant qu’ils étaient en charge ; au célibat, si leurs fonctions étaient à vie, à moins peut-être qu’il n’y en eût plusieurs et qu’ils ne pussent se relayer[87] ; l’abstinence temporaire était alors exigible, non le célibat. — Le rituel interdisait aussi aux prêtres ; dans certaines contrées, l’usage de tel ou tel aliment. A Mégare, par exemple, le poisson était défendu au prêtre de Poseidon[88] ; chez les Athéniens, la prêtresse d’Athéna Poliade ne pouvait manger du fromage du pays[89]. Il est probable qu’il s’agit ici du fromage de chèvre, les chèvres étant considérées en Attique comme mal venues de la Déesse, à cause des dégâts qu’elles causaient aux oliviers ; aussi ne lui sacrifiait-on jamais d’animaux de cette espèce. Par la même raison la prêtresse s’abstenait de leur chair et de leur lait, aussi bien que de fromage. A Orchomène, non seulement le prêtre et la prêtresse d’Artémis Hymnia étaient tenus d’apporter les précautions les plus minutieuses au choix des aliments et des vêtements, mais ils ne devaient ni se baigner dans les bains publics, ni entrer dans la maison d’un particulier, de peur d’y trouver quelque occasion de souillure. A Éphèse, le Mégabyse et les Essènes étaient astreints à des règlements semblables durant leurs fonctions annuelles[90]. A Messène, les prêtres et les prêtresses devaient résilier leur charge, lorsqu’ils venaient à perdre un enfant[91], sans doute parce que cet événement était considéré comme portant atteinte à la pureté ou comme une marque de la défaveur divine. On sait que le contact ou même le voisinage de cadavres étaient réputés des causes d’impureté ; aussi Platon, dans son livre des Lois, défend-il aux prêtres d’habiter près des tombeaux[92]. Cette interdiction existait-elle en réalité ? nous ne saurions le dire ; telle était en effet la diversité qui régnait dans les institutions religieuses et dans les prescriptions rituelles qu’en cette matière, comme en d’autres, il est très hasardeux de poser des règles générales. On peut cependant affirmer, parce que cela résulte de la nature des choses, que les prêtres chargés du service d’un temple étaient affranchis du devoir militaire, surtout pour les expéditions au dehors[93].

Plusieurs exemples ont déjà montré combien les sacerdoces différaient aussi entre eux, pour la durée des fonctions, puisque les uns ne finissaient qu’avec la vie et que d’autres étaient simplement annuels. L’Hiérophante d’Eleusis restait en charge jusqu’à la mort ; celui de Phlionte au contraire n’était élu que pour quatre ans[94]. Le jeune garçon qui desservait à Elatée le temple d’Athéna Kranaia en avait pour cinq années[95], d’où la nécessité de le choisir parmi les enfants qui ne devaient être pubères qu’après ce laps de temps. Dans d’autres pays, où les prêtres et les prêtresses ne pouvaient non plus exercer leur office que jusqu’à la puberté, on faisait varier la durée de leurs fonctions suivant l’intervalle qui les séparait de ce moment. On peut regarder comme acquis que le renouvellement annuel était surtout en usage pour les cultes de fondation récente et chez les populations démocratiques ; dans les cultes plus anciens, au contraire, et dans ceux où le sacerdoce était le privilège de certaines races, les fonctions ne cessaient que par la mort du titulaire.

En ce qui concerne la question de savoir si une seule et même personne pouvait être investie simultanément de plusieurs sacerdoces, soit que plusieurs divinités fussent réunies dans un temple unique, soit que chacune eût un sanctuaire différent, elle ne peut être résolue d’une manière affirmative, avec pièces à l’appui, que pour les temps relativement rapprochés[96]. Mais il est probable que cette combinaison s’était déjà présentée, en particulier dans les petits États où les émoluments des prêtres étaient peu considérables ; elle n’était praticable toutefois que pour les temples où le service n’était pas journalier et où l’intervention du prêtre n’étant réclamée qu’à des moments déterminés, tout pouvait se concilier facilement. En revanche, rien n’empêchait que la même personne exerçait successivement des sacerdoces temporaires, et de nombreuses inscriptions témoignent qu’il en fut souvent ainsi[97].

On peut admettre comme un fait certain que les prêtres n’entraient pas en charge sans avoir reçu préalablement une sorte de consécration[98], bien que nous ne possédions à ce sujet aucun témoignage précis, Il n’existe non plus, sur le costume professionnel et les insignes des prêtres, que des indications isolées et fortuites, d’où il semble résulter que, s’il y en avait dans le nombre de magnifiques, ils variaient beaucoup d’un lieu à un autre. Dans Homère, Chrysès porte, comme les rois, un sceptre d’or, c’est-à-dire relevé par des ornements d’or[99], et il est souvent question du bâton sacerdotal. Plus tard, les prêtres se présentent couronnés de myrte, de laurier et d’autre feuillage, suivant les préférences du Dieu[100]. Nous avons vu déjà que plusieurs prêtres empruntaient leur titre à cet usage. Il est certain que tous conservaient leurs cheveux sans les couper[101]. On trouve trace aussi de bandelettes tantôt roulées autour du corps, tantôt formant autour de la tête une sorte de diadème, quelquefois couleur de pourpre. Leurs vêtements devaient être blancs, et cette couleur est en effet celle que Platon déclare la plus agréable aux dieux[102] ; mais ce n’était pas une règle sans exceptions. Les prêtres de Dionysos avaient des robes à fond jaune, sur lesquelles se détachaient des ornements de diverses couleurs[103]. Le costume du prêtre de Sosipolis, à Magnésie sur le Méandre, était pourpre[104] ; le Stéphanéphore d’Héraklès, à Tarse, portait une tunique blanche avec une large bande pourpre, et des brodequins blancs[105]. A Athènes, les chaussures de l’Archonte-roi, que jusqu’à un certain point on peut ranger parmi les prêtres, avaient une forme particulière et s’appelaient βασιλίδες[106] ; ailleurs encore, cette partie du costume paraît s’être éloignée chez les prêtres de l’usage ordinaire ; on suppose qu’ils ne se servaient pas de chaussures de peau[107]. D’après Plutarque, le prêtre d’Héraklès, dans l’île de Cos, s’habillait en femme pour sacrifier au Dieu[108]. En général les vêtements des prêtres avaient un caractère très féminin ; cela était vrai, du moins pour la stola, qui leur tombait jusque sur les pieds. C’était la coutume, dans quelques solennités, que le prêtre remplaçât son costume officiel par un autre, qui lui donnait l’apparence du Dieu dont il célébrait la fête. Ainsi, à Pellène, une prêtresse d’Athéna, jeune fille d’un aspect imposant, se montra les armes à la main et le casque en tête[109]. La prêtresse d’Artémis Laphria, à Patrie, se faisait conduire par des cerfs[110] ; il est probable aussi qu’elle s’habillait comme la Déesse, ainsi que le raconte de la prêtresse d’Artémis, à Delphes, un témoin, à la vérité, un peu suspect[111]. Le prêtre de Déméter, à Phénée, s’appliquait, disait-on, sur le visage un masque de la Déesse, durant la célébration des mystères ; il est permis de supposer que sa toilette s’accordait avec cet accessoire[112].

L’habitation des prêtres, lorsqu’il y en avait une spéciale, était située dans le péribole du temple ou dans le téménos du Dieu. Chez Homère par exemple, le prêtre d’Apollon, Maron, demeurait dans le bosquet sacré[113] et à Élatée, le prêtre d’Athéna Kranaia occupait, avec tout le personnel attaché au culte, les dépendances du temple[114] ; mais il n’en était pas toujours ainsi la mère de Cléobis et de Biton, qui paraît avoir été prêtresse de Héra, habitait, d’après le récit que tout le monde connaît, dans un quartier assez éloigné du temple[115]. A en croire même certains témoignages, la statue de tel ou tel dieu à qui l’on n’avait pas érigé de temple déménageait à chaque élection, et était installée dans la maison ou près de la maison occupée par le nouveau prêtre[116].

Les revenus des prêtres étaient, on le conçoit, loin d’être partout les mêmes. Les prêtres préposés à des temples riches et en renom, où s’accomplissaient de nombreux sacrifices, y trouvaient naturellement beaucoup plus d’avantages que ceux de sanctuaires pauvres et rarement visités, car aux sacrifices était attaché un casuel. L’inscription d’Halicarnasse mentionnée plus haut[117] établit que la prêtresse prélevait, dans tous les sacrifices publics, les épaules des victimes avec les parties adhérentes, conformément à l’usage, le quart des intestins et les peaux ; sa part était la même dans les sacrifices privés, à l’exception des peaux ; les prières qu’elle devait prononcer chaque mois pour l’État lui valaient de plus une drachme. Enfin, elle avait le droit de faire une collecte à la fête annuelle de la Déesse et de s’en appliquer le produit ; il lui était toutefois interdit de pénétrer dans les maisons. Une inscription, malheureusement mutilée, nous fournit quelques indications sur la taxe des émoluments attribués aux prêtres dans l’Attique[118]. On y voit qu’outre les viandes et les peaux, il leur était dît une certaine somme, tant pour les soins personnels qu’ils donnaient aux sacrifices que pour la fourniture du matériel et des objets de consommation, tels que le bois, l’huile, l’orge, le miel, etc. Nous avons déjà fait remarquer que la plus grande partie au moins des fruits et des gâteaux profitaient aux prêtres[119]. Quelques-uns aussi étaient nourris sur les revenus du temple, et lorsque ces rentes étaient payées en nature, une part des redevances servait à l’entretien de leur table. Les poissons pêchés dans les Rheitoi d’Éleusis, appartenaient exclusivement au clergé[120]. Chez les Athéniens, un certain nombre de prêtres figuraient parmi les αϊσιτοι, c’est-à-dire parmi les personnages nourris aux frais de l’État, dans le Prytanée[121]. Dans la même cité, et sans doute ailleurs, les prêtres étaient astreints à rendre des comptes[122] ; les revenus des temples, eu effet, passaient le plus souvent par leurs mains, alors même qu’il existait des trésoriers spéciaux[123]. L’inscription d’Halicarnasse nous apprend aussi qu’ils touchaient sur les trésors des temples, soit la rémunération de services exceptionnels, soit un traitement fixe.

Il est impossible de porter en quelques mots, sur le degré de considération dont jouissait le clergé, un jugement général, s’appliquant à tous les temps et à tous les lieux ; cela dépendait naturellement du respect dans lequel étaient tenues la religion et les institutions religieuses, et aussi de J’estime particulière que savaient se concilier les prêtres. Ils paraissent avoir eu droit partout à la proédrie, c’est-à-dire à une place d’honneur dans les assemblées publiques et dans les spectacles[124]. Les années se comptaient chez plusieurs populations par les noms des prêtres attachés au culte des principales divinités. C’est ainsi qu’à Argos, la prêtresse de Héra était éponyme ; ailleurs, cet honneur appartenait aux Hiéromnémons et aux Stéphanéphores. Quelques sacerdoces avaient un caractère particulièrement sacré, à ce point que ceux qui en étaient investis devaient dépouiller le vieil homme et quitter le nom qu’ils avaient porté dans le monde ; ils n’étaient plus connus que par leur titre officiel. Étaient dans ce cas par exemple, chez les Athéniens, l’Hiérophante, l’Hiérophantine et le Dadouchos. Nous devons ajouter cependant que l’on ne trouve trace de l’hiéronymie, mot par lequel l’on désignait cette substitution de noms, que dans les temps postérieurs[125]. A une époque relativement récente appartient aussi le titre d’Archiprêtre, άρχιερεύς que l’on rencontre souvent dans les inscriptions de l’Asie-Mineure[126] et qui indique soit la première place dans le collège sacerdotal d’un temple, soit la prééminence sur les autres prêtres de la ville ou de la région, soit enfin un droit de surveillance sur le personnel et sur le temporel. Il était assurément dans la nature des choses que les fonctions sacerdotales fussent réputées honorables, et l’on devine bien que les prêtres ne devaient pas être insensibles à l’attrait des dignités et des avantages qu’elles procurent. L’oracle de l’Apollon Didyméen lance cet anathème contre ceux qui ne se montrent pas assez respectueux du sacerdoce : Quiconque, dans un accès de fureur, s’est oublié jusqu’à outrager un prêtre et lui refuser les respects et les témoignages de reconnaissance qui lui sont dus, sera puni de son impiété ; il n’arrivera pas au but, dans le chemin de la vie, car il a gravement manqué du même coup aux dieux immortels[127]. Cependant le terrain était mal préparé en Grèce pour l’abus des influences sacerdotales : le catéchisme, l’éducation de la jeunesse, la confession, la prédication, et en général tous les moyens d’agir sur les âmes faisaient défaut aux prêtres. Ils n’étaient pas des professeurs de religion, puisqu’il n’existait, à proprement parler, d’instruction religieuse ni dans les écoles ni dans les temples, et il ne pouvait guère y en avoir, étant données les conditions du paganisme grec. Les devoirs professionnels du prêtre se bornaient à l’accomplissement, dans la forme usitée, des cérémonies consacrées par la tradition et à la récitation des prières, sans paraphrase et sans enseignement. Aussi l’exercice du sacerdoce n’exigeait-il ni culture spéciale ni doctrine ; une connaissance facile à acquérir du rituel observé dans le service du temple suffisait. Les dignités électives, qui souvent n’étaient conférées que pour un an, pouvaient être dévolues à toute personne de bonne vie et mœurs, fût-elle idiote[128]. Tout ce que le titulaire avait besoin de savoir ne coûtait pas grand’peine ; dans les cas douteux, il avait la ressource de consulter les exégètes. On en était quitte ‘pour observer fidèlement les règlements fixés par les rites ; la culture intellectuelle, l’érudition théologique étaient un luxe inutile. Les Exégètes eux-mêmes qui, tout en se rattachant au sacerdoce, n’étaient pas, à proprement parler, revêtus du caractère sacerdotal, n’avaient guère à s’occuper que des côtés extérieurs de la religion. Ce serait d’ailleurs une duperie clé croire que, parmi les Exégètes ou les prêtres, beaucoup aient cherché à se rendre compte des choses qui rentraient dans leurs attributions, soit pour leur propre satisfaction, soit pour être à même de les expliquer à d’autres. Nous avons sur ce point le témoignage au moins implicite de Platon[129]. La suite de l’entretien entre Ménon et Socrate ne permet pas de croire que Platon demande à tous les prêtres indistinctement de discuter les causes originaires des rites, comme on le faisait pour les ίεροί λογοί ou légendes mystiques, dont un grand nombre étaient qualifiées de άπόρρητοι et qui empruntaient au mystère une apparence de sainteté[130]. Il faut admettre que Platon parle de prêtres auxquels s’attache une considération particulière, qui s’efforçaient de pénétrer le sens des choses divines et cherchaient aux questions théologiques une réponse de nature à satisfaire la foi et la raison[131]. Pour les autres, il était inévitable que, faute de principes fixés dogmatiquement et généralement acceptés, tout se réduisît à des opinions subjectives, variant suivant les lumières de chacun, et que ces opinions individuelles eussent sur la religion populaire une influence fort peu sensible. Que, dans les sanctuaires en possession d’une grande et universelle considération, dans ceux surtout auxquels étaient attachés des oracles, comme par exemple à Delphes, le crédit des temples ait rejailli sur les prêtres et qu’ils aient joué un rôle important, cela est naturel, nous l’avons déjà remarqué, mais il n’y a rien à en conclure pour la condition du sacerdoce en général. Nous ne trouvons entre les clergés des différents Etats aucune trace de relations ayant pu déterminer une entente, en vue de servir leurs intérêts communs. Si le temple d’Apollon Delphien est considéré comme le centre religieux de la Grèce, il ne faut pas en inférer que tous les prêtres aient été placés vis-à-vis du collège de Delphes dans une situation subordonnée. En voyant la part d’influence, d’ailleurs mal définie, que l’oracle pouvait avoir, sur le choix des Exégètes, quelques critiques ont supposé qu’il s’en servait comme d’instruments pour le maintien de son autorité, n’est rien moins certain ; sans compter que nous ne sommes pas à même de juger l’influence que l’oracle exerçait sur l’élection des Exégètes[132]. Rien ne fait soupçonner que le clergé de Delphes ait entretenu avec eux des communications régulières, et en admettant qu’il ait tenté de les faire servir à ses projets de domination, il resterait à savoir jusqu’à quel point ces tentatives ont réussi. Les Grecs étaient, en religion comme en politique, beaucoup trop particularistes pour qu’une telle entreprise ait été couronnée de succès. L’accord général de leurs croyances laissait place dans le détail à des dissidences nombreuses. La faculté inhérente à la religion grecque de diviser en plusieurs personnalités des dieux adorés partout sous les mêmes noms amena cette conséquence que chaque État eut ses dieux et put revendiquer son Apollon, son Artémis, etc., de sorte que les prêtres étaient avant tout les prêtres de leur pays et des divinités locales. D’ailleurs ils n’étaient pas seulement des ministres de la religion, formant dans l’État une corporation à part, ils étaient aussi des citoyens et faisaient cause commune avec leurs compatriotes. Ils étaient soumis aux mêmes autorités, et n’avaient pas d’intérêt distinct de l’intérêt général. Ils ne possédaient non plus aucun des moyens, tels que la chaire, le confessionnal et l’éducation de la jeunesse, qui permettent à un clergé ambitieux d’asservir les esprits, en dénaturant le caractère de la religion. L’idée d’un antagonisme entre l’État et l’Église répugnait au sens des Grecs et ne pouvait leur entrer dans l’esprit ; ils furent préservés par là de la domination cléricale, qui prétend établir un État dans l’État ou au-dessus de l’État.

 

 

 



[1] Aristote, Politique, VI, c. 5, § 11.

[2] Voy. Nægelsbach, Homer. Theol., p. 198 et suiv.

[3] Voy. le passage de l’Iliade (VI, v. 298 et suiv.), où les femmes troyennes, pour offrir un péplos à Athéna, s’adressent à la prêtresse Théano, qui leur ouvre les portes du temple, dépose le voile sur les genoux de la déesse et invoque la fille de Zeus.

[4] Platon, Cratyle, p. 396 E. D’après le plan idéal de Platon (Lois, X, c. 15, p. 909), les cérémonies religieuses ne peuvent s’accomplir que sous la direction des prêtres et dans tes sanctuaires de l’État. Les offices privés, tels qu’en réalité il y en avait partout, en dehors de l’intervention des prêtres publiquement reconnus, étaient donc supprimés par Platon, en raison de leur caractère souvent fort répréhensible ; voy. Schœmann, Opusc. acad., t. III, p. 428.

[5] Voy. Monatsber. der Akad. der Wissensch., 1869, p. 466.

[6] Voy. Curtius, Griech. Gramm., t. I, p. 471, 3e édit.

[7] Thucydide, I, c. 121.

[8] Il en était ainsi à Priène d’après Strabon, VIII, p. 384, où un jeune homme est nommé Roi pour les fêtes des Panionies.

[9] Voy. Kreuser, der Hellenen Priesterstaat, p. 114.

[10] Pollux, VIII, c. 90 ; Zonaras, Lexicon gr., p. 841, 3 ; voy. aussi le Schol. d’Aristophane, Acharniens, p. 1224.

[11] Aristote, Politique, VI, c. 5, § 11.

[12] Plutarque, Quæst. Sympos., VIII, c. 8, § 4.

[13] Athénée, V, c. 54, p. 215.

[14] Corpus Inscript. græc., n° 5491, 5546 et 5752.

[15] Voy. Vischer, epigr. u. archæol. Beitr., p. 18.

[16] Corpus Inscr. græc., n° 1297.

[17] Pausanias, VIII, c. 42, § 12.

[18] Voy. Ross, Inscript., n. 91 et 169 ; Keil, dans les N. Jahrb. f. Philol. u. Pædag., t. XL, p, 287 ; Ussing, Inscript., p. 48.

[19] Aristote, Politique, VI, c. 5, § 11.

[20] Corpus Inscr. græc., n° 1570. Dans l’inscription publiée par Rangabé (Antiq. hellen., t. II, n° 454), il faut lire ίππάρχων, au lieu de ίεράρχων. Voy. l’Hermès, t. I, p. 145.

[21] Corpus Inscr. græc., n° 5545 ; voy. aussi Ross, Inscr., t. III, p. 27.

[22] Corpus Inscr. gr., n° 3595 et 3597.

[23] Corpus Inscr. gr., n° 2266, v. 16 et 17, et n° 2953 b ; cf. Athénée, IV, c. 14, p. 137. Il est fait mention à Phigalie, en Arcadie (ibid., c. 31, p. 138), d’un σίταρχος, qui, dans certains banquets solennels, avait à fournir une part du menu. Ailleurs, on rencontre des πανηγυριάρχαι, des εύποσιάρχαι, des συμποσιάρχαι ; voy. Keil, dans le Philologus, t. XVI, p. 25, n. 18.

[24] Corpus Inscr. gr., n° 76, 19.

[25] Photius, s. v. ; Etymolog. Magn., p. 469 ; Lex. Seguer., p. 265 ; voy. aussi Bœckh, Staatshaush., t. II, p. 9.

[26] Voy. Bœckh, ibid., t. I, p. 302. Le fait de leur nomination par l’Aréopage ne repose, à vrai dire, que sur l’autorité douteuse d’Ulpien, dans ses notes sur Démosthène (Disc. c. Midias, p. 552, 115). Le nombre dit est donné, d’après Dinarque, par l’Etymol. magn., p. 469, 14.

[27] Voy. le Schol. de Sophocle (Œdipe à Colone, v. 489).

[28] Voy. Hesychius, s. v.

[29] Hérodote, VI, c. 134.

[30] C’est ainsi que doit être expliqué un passage d’Euripide (Ion, v. 54 et 55).

[31] Voy. Krause, dans la Real-Encycl. de Pauly, t. V, p. 534. Voy. aussi Preller, Rœm. Mythol., p. 795.

[32] Pollux, VI, 35 ; Athénée, VI, c. 27, p. 235. Vov. aussi Meier, dans la Hall. Encyklop. der Nissensch. u. Künste, t. III, 11, p. 418 et suiv.

[33] On peut s’en référer à la loi citée par Plutarque (Solon, c. 24), qui a été mal comprise ; voy. cependant R. Schœll, dans l’Hermès, t. VI, p. 24. D’un passage de l’auteur comique Diodore, rapporté par Athénée (VI, c. 36, v. 30), il ressort que ces fonctions n’étaient données qu’à des gens riches et de bonne réputation.

[34] Athénée, XIV, c. 79, p. 660.

[35] On peut en voir la liste dans Hermann, Gœttesdienstl. Alterth., § 36. On a récemment découvert des inscriptions relatives aux places d’honneur dans le théâtre d’Athènes, sous le règne des Empereurs, qui nous fournissent encore un φαιδυντής (sic) Διός Όλύμπιου έν άστει, un φαιδύντης Διός έκ Πεισής, un φαιδύντης τοΐν θεοΐν (Philistor., t. II, p. 238). Enfin Harpocration (s. v. τραπεζοφόρος) mentionne les κοσμώ d’Athéna qui, avec le Trapézophore, devaient assister la prêtresse dans différentes cérémonies.

[36] Pausanias, V, c. 13, § 3.

[37] Jul. Firmicus, Astron., VIII, c. 21.

[38] Par exemple les ίεροί τεχνΐται, cités dans une inscription de Pergame (Corpus Inscript. græc., n° 3545).

[39] Voy. Schœmann, Opusc. acad., t. III, p. 430.

[40] Apulée, Métamorphoses, IX, c. 1 et 8 ; cf. Lucien, de dea Syria, c. 42.

[41] Comme par exemple, dans Harpocration (s. v. τραπεζοφόρος), les attributions des κοσμώ et du τραπεζοφόρος. Le ίερεύς dont parle Hérodote (VI, c. 81), qui était attaché à Héraïon situé près d’Argos, ne pouvait être aussi qu’un Néocore, puisqu’on sait que la déesse avait une prêtresse. Les κήρυκες d’Eleusis, compris parmi les ίερεΐς par Démosthène (c. Ctésiphon, c. 18), ne doivent non plus être considérés comme tels que dans le sens le plus général de ce mot. Chez Euripide (Hécube, v. 222), Néoptolème est appelé ίερεύς, parce qu’il est chargé d’immoler Polyxène, et Agamemnon est qualifié de même, à cause du sacrifice d’Iphigénie (Iphigénie à Tauris, v. 360). Lorsque le même poète applique à Θανάτος, les expressions ίερεύς θανόντων (Alceste, v. 25), cela veut dire simplement que la mort, en tuant les vivants, accomplit un sacrifice. Enfin, dans Appien (de Bellis civil., II, c. 70) tous les Athéniens sont présentés indistinctement comme des ίερεΐς τών θεσμοφόρων.

[42] Pausanias, IX, c. 10, § 4.

[43] Pausanias, II, c. 10, § 4.

[44] Plutarque, Quæst. gr., n° 3.

[45] Hesychius, s. v.

[46] Hesychius, s. v. λήτειρα et θυσιάδες ; voy. aussi Callimaque, cité par le schol. de Sophocle (Œdipe à Colone, v. 439).

[47] Schol. de Pindare (Pythiques, IV, v. 104) ; voy, aussi Wernsdorf, dans ses notes sur Himérius, p. 563 ; Eckermann, Melampos, p. 148 ; Fritzsche, Notes sur les Grenouilles d’Aristophane, p. 383. D’après Bergk (Iahrb. f. Philol., t. LXXXI, p. 383), le nom de Mélissa doit avoir désigné originairement une prêtresse inspirée, ivre de vin et de miel ; Lobeck (Aglaophamus, p. 817) propose de le faire dériver de μελίσσω, μειλίσσω ; il exprimerait dans ce cas l’idée d’expiation ou d’intercession.

[48] Voy. Spanheim, dans ses notes sur Callimaque (Hymne à Déméter, v. 45).

[49] Diodore, XVI, c. 70.

[50] Plutarque, Quæst. gr., n° 24.

[51] Pausanias, III, c. 16, § 1.

[52] Etymol. magn., p. 436, 49 ; mais voy, aussi Lobeck, Aglaophamus, p. 817.

[53] Dans le passage d’Hérodote (III, c. 142), où Mæandrius demande le sacerdoce de Zeus libérateur, la condition n’est pas posée d’une manière formelle, mais ailleurs (VII, c. 153) Hérodote raconte comment Télinès, de Géla, avait fait à l’État l’abandon d’un cuite privé, en s’en réservant expressément le sacerdoce pour lui et pour ses descendants. Un cas analogue se présente dans une inscription de Gvthium en Laconie, publiée par Lebas (Revue archéologique, t. II, p. 207) : Un temple d’Apollon tombé en ruines avait été rétabli par un certain Philémon et à ses frais ; en récompense, le sacerdoce lui tut décerné par un décret du peuple et déclaré héréditaire dans sa famille.

[54] On peut citer, à Halicarnasse, un sacerdoce héréditaire de Poseidon (Corpus Inscr. græc., n° 2655) ; à Théra, le sacerdoce d’Apollon carnéen dévolu à la race des Ægides (ibid., n° 2467) ; à Messène, celui des Grandes Déesses (Pausanias, IV, c, 14, § 1, c. 15, § 7, c. 27, § 5).

[55] Plutarque, Quæst. gr., n° 38.

[56] C’est ainsi par exemple que la Dadouchie fut transférée à la race des Lycomides. Si la Dadouchie n’était pas, à proprement parler, un sacerdoce, c’était au moins une fonction religieuse et tenant de très près au sacerdoce.

[57] Voy. un programme de Bœckh, 1830, réimprimé dans le Philol. Museum, t. II, p. 452 et suiv.

[58] D’après Diogène Laërte (IX, c. 1, § 6), Héraclite résigna en faveur da son père le sacerdoce dont il était en possession, et qui était désigné sous le nom de βασίλεια.

[59] Pseudo-Plutarque, Vitæ decem Orat., VII, p. 843 E. F. Nous supposons que le mot λαχών, dont se sert l’auteur, doit être pris dans le sens strict.

[60] Iliade, VI, v. 300.

[61] Démosthène, c. Eubulicle, p. 1313, 20, § 46 ; Corpus Inscript. græc., n° 2270, 18 et 19.

[62] Antiq. rom., II, c. 21.

[63] Corpus Inscr. gr., n° 2656.

[64] Strabon, L XIV, p. 667 ; voy. aussi Preller, Mythol., t. I, p. 194.

[65] Voy. l’inscription expliquée par Keil, dans les N. Jahrb. f. class. Philol., suppl. IV, p. 618.

[66] L’inscription publiée par Rangabé (Antiq. hellen., n° 809, 2) et commentée par Keil dans les N. Jahrb. f. class. Philol., suppl. II, 1858, p. 359, ne peut être invoquée en sens contraire, puisqu’il n’y est pas question de prêtres ni de sacrifices appartenant au culte officiel. Il en est de même des inscriptions expliquées dans le Rhein. Museum, t. XIX, p. 267.

[67] Le Connubium doit avoir existé aussi entre les prêtres de Déméter et de Cora, à Lerna, et les Eumolpides d’Athènes, ainsi que l’a remarqué Bœckh (Corpus Inscr. gr., t. I, p. 450).

[68] Politique, VII, c. 8, § 6.

[69] Les mots οί εύγενίστατοι, dont se sert Démosthène dans son discours c. Eubulide, à 46, ne signifient rien de plus.

[70] D’après Pausanias (VII, c. 27, § 3), les prêtres d’Artémis Soteira, à Pellène, étaient choisis κατά δόξαν γένους μάλιστα. II est probable que là non plus il ne s’agissait pas de noblesse.

[71] Platon, Leges, VI, p. 759 C ; Etymol. Magn., p. 176 ; voyez aussi les notes de Wesseling sur les Leges atticæ de S. Petit, p. 170.

[72] Strabon, XIV, p. 641.

[73] Par exemple, dans le temple d’Artémis Hymnia, à Orchomène, en Arcadie ; voy. Pausanias, VIII, c. 13, § 1. D’après Hérodote (VI, c. 81), il dut y avoir aussi un prêtre à côté de la prêtresse, dans l’Héraion situé à Argos ou près d’Argos, à moins que peut-être l’expression de ίερεύς, ait été employée d’une manière impropre, comme nous l’avons supposé plus haut.

[74] Pausanias, VIII, c. 43, § 7, et X, c. 34, § 8.

[75] Pausanias, II, c. 33, § 2 ; VII, c. 19, § 1, et c. 26, § 5.

[76] Pausanias, VII, c. 24, § 4.

[77] Pausanias, IX, c. 10, § 4.

[78] Pausanias, II, c. 14, § 1 ; voy. aussi Origène, c. Celsum, VII, p. 365 (p. 76, éd. Lommeyer). Un homme marié pouvait être choisi comme Hiérophante d’Éleusis, mais le mariage était forcément dissous, au moment où il entrait en charge ; voy. par exemple le Corpus Inscr. gr., n° 405 et 434 ; cf. Harpocration, s. v. ίεροφάντης.

[79] Pausanias, II, c. 10. § 4. Une inscription recueillie par Rangabé (Antiq. hellen., n° 2276, 15) mentionne à Athènes une prêtresse d’Athéna marié ; voy aussi Plutarque, Vitæ decem Orat., p. 813 B. De même, il est question, dans l’Anthol. palat., VI, n° 356, d’une prêtresse d’Artémis en pouvoir de mari.

[80] Pausanias, IX, c. 27, § 6.

[81] Plutarque, de Pythiæ Orac., c. 20.

[82] Pausanias, VII, c. 25, § 13.

[83] Servius, ad Virgilii Æneidem, IV, v. 19.

[84] Plutarque, Numa, c. 9 ; Pausanias, VI, c. 20, § 2.

[85] Pausanias, VIII, c. 5, § 11 et 12.

[86] Démosthène, c. Androtion, p. 618, § 78 ; c. Neæra, p. 1371, § 78.

[87] Voy Bœckh, dans le philol. Museum, t. II, p. 453.

[88] Plutarque, Quæst. sympos., VIII, c. 8, § 4.

[89] Strabon, IX, p. 395.

[90] Pausanias, VIII, c. 13, § 1.

[91] Pausanias, IV, c. 12, § 6.

[92] Platon, Leges, XII, c. 3, p. 947 C.

[93] Voy. Nægelsbach, Homer. Theol., p. 173. Il est probable que le mot ίερεΐς, appliqué aux πυρφόροι, sur lequel Petersen s’appuie pour émettre l’opinion contraire (Zeitschr. f. die Alterthumswissench., t. XIV, 1856, p. 1147), doit être pris dans un sens plus général.

[94] Pausanias, II, c. 14, § 1.

[95] Pausanias, X, c. 34, § 8.

[96] Corpus Inscript. græc., n° 1446 et 2720 ; voy. aussi Keil, dans le Philologus, t. XIX, p. 589.

[97] Voy. aussi l’Anthologie palatine, VII, n° 728.

[98] Lucien (Lexiphanès, c. 10) emploie le mot ώσιώθησαν à propos de l’Hiérophante et du Dadouque, ce qui permet de supposer qu’il pouvait être appliqué à d’autres dignités sacerdotales.

[99] Iliade, I, v. 15.

[100] Schol. de Sophocle (Œdipe à Colone, v. 68).

[101] Hérodote, II, c. 36 ; Plutarque, Aristide, c. 5 ; Arrien, Dissert. Epict., III, c. 21, § 16 ; Artémidore, Onirocr., I, c. 18.

[102] Platon, Leges, XII, p. 956 ; voy. aussi Pollux, IV, 119.

[103] Pollux, IV, 117, et VII, 47 ; Aristophane, Ranæ, v. 46.

[104] Strabon, XIV, c. 1, p. 648.

[105] Athénée, V, c. 54, p. 215.

[106] Pollux, VII, 85.

[107] Voy. Lobeck, Aglaophamus, p. 245. L’inscription d’Andania dispose (§ 4, 23) que les ίεραί γυναΐκες auront, dans la procession des mystères, des chaussures de feutre ou fabriquées avec les peaux des victimes (δερμάτινα ίερόθυτα). Les ίεροί et les ίεραί désignés par le sort, dont fait mention ce monument épigraphique, doivent avoir joué dans la fête un rôle particulier, qui ne nous est pas expliqué.

[108] Plutarque, Quæst. gr., n° 58 ; voy. aussi Movers, die Phœnizier, t. I, p. 453.

[109] Polyen, Stratag., VIII, c. 59, p. 331, éd. Wolff.

[110] Pausanias, VII, c. 18, § 12.

[111] Héliodore, Æthiop., II, c. 4 ; V, c. 5, et VI c. 11.

[112] Pausanias, VIII, c. 15, § 1.

[113] Odyssée, IX, v. 200.

[114] Pausanias, X, c. 34, § 7.

[115] Cicéron, Tuscul., I, c. 47 ; Lucien, Charon, c. 10 ; Anthol. Palat., t. III, 18 ; voy. aussi Palæphate, de Incredibilibus, c. 51.

[116] Pausanias, IV, c. 33, § 2, et VII, c. 24, § 4.

[117] Corpus Inscr. gr., n° 2256.

[118] Voy. Bœckh, Proœm. zum Lectionskatalog,1835-1836, et Staatshaush., t. II, p. 121.

[119] Cf. Artémidore, Onirocr., III, c. 3, et Anthol. Palat., XI, 324.

[120] Pausanias, I, c. 38, § 1.

[121] Corpus Inscr. gr., n° 185 et suiv.

[122] Æschine, c. Ctésiphon, p. 405, § 18.

[123] Le tyran Hippias ordonna que, à chaque naissance et à chaque décès, on apportât à la prêtresse d’Athéna un chénice d’orge, un chénice de froment et une obole ; voy. Aristote, Œconom., II, c. 5, p. 1347, édit. de Berlin. Nul doute que ces offrandes ne profitassent à la caisse du temple.

[124] Corpus Inscr. gr., n° 101, 23 ; voy. aussi les inscriptions recueillies dans le théâtre d’Athènes, bien que les plus anciennes ne soient pas antérieures à l’établissement de l’empire romain.

[125] Lucien, Lexiphanès, c. 10 ; Anthol. Palat., append., n° 234 ; voy. aussi Lobeck, Aglaophamus, p. 62.

[126] Corpus Inscr. gr., n° 2421, 2619 et suiv., Platon établit aussi dans sa Cité modèle un pontife suprême (Leges, XII, p. 947 A). — J’ai publié dans le Philologus (t. XVII, p. 344) une inscription de Daphné, contenant un décret par lequel Antiochus le Grand place les sanctuaires de cette ville sous l’autorité d’un άρχιερεύς, mais il n’y a rien à en déduire de précis, en ce qui concerne les fonctions attachées à ce titre.

[127] Julien, epist. 62, p. 452, éd. Spanheim.

[128] C’est pour cela qu’Isocrate écrit à Nicoclès (§ 6) : τήν ίερωσύνην παντός άνδρός εΐναι νομίζουσιν, et que Démosthène se plaint (Exordia, p. 1461) que le peuple ne se comporte pas autrement dans les élections des magistrats que dans celles des prêtres, c’est-à-dire qu’il les choisit avec la même légèreté, sans tenir compte de leur aptitude et de leur valeur morale.

[129] Dans le Ménon, p. 81 A.

[130] Voy. Welcker, Gœtterlehre, t. I, p. 91, et Dilthey, Cydipp., p. 117.

[131] Nous n’avons pas à nous occuper des doctrines qu’il aurait empruntées à la prêtresse de Delphes, Themistocléa (Diogène Laërte, VIII, c. 1, § 21), non plus que de la conjecture d’après laquelle la Diotime de Platon aurait été prêtresse de Zeus λυκαΐος ; voy. le Schol. de Platon (Symposium, p. 45, éd. Jahn).

[132] Tout se borne à la mention d’un πυθόχρηστος έξηγήτης.