ANTIQUITÉS GRECQUES

DEUXIÈME PARTIE DE LA DEUXIÈME DIVISION  - ANTIQUITÉS RELIGIEUSES.

CHAPITRE DOUZIÈME. — CONJURATIONS ET SORTILÈGES.

 

 

Il était dans l’essence du paganisme que des dieux en si grand nombre, faits à l’image des hommes et partout en contact avec eux, fussent disposés à user de leur puissance pour intervenir dans le cours naturel des événements, et à témoigner aux mortels, suivant l’occasion, leur bienveillance ou leur ressentiment. Aussi les fidèles croyants invoquaient-ils l’assistance surnaturelle de la divinité, lorsqu’ils reconnaissaient l’insuffisance de leurs propres forces et des moyens dont ils disposaient. Tant qu’ils attendaient patiemment la réalisation de leurs prières, et s’en rapportaient aux dieux du soin de juger s’ils étaient dignes de l’appui qu’ils réclamaient ; il n’y avait rien de contraire aux principes de la piété païenne (εύσέβεια). Mais s’ils se figuraient qu’il y avait des moyens d’amener la divinité, en dehors des mérites qu’ils avaient pu se créer, à satisfaire leurs désirs, sans qu’elle s’inquiétât de savoir si l’objet de leur demande était bon ou mauvais, juste ou injuste, là commençait la superstition, qui n’était pas moins condamnable aux yeux des païens qu’à ceux des chrétiens ou des juifs. A vrai dire, le paganisme rendait la confusion d’autant plus facile qu’il n’imposait pas à ses dieux les conditions de sagesse, de justice et de sainteté qui semblent leurs attributs nécessaires. La pente fut surtout glissante depuis que fut admise l’existence de démons intermédiaires, sans doute fort inférieurs aux dieux en dignité, doués. néanmoins d’une puissance surhumaine, dont ils pouvaient se servir, à leur gré, pour le mal et pour le bien. La croyance que l’homme avait la faculté de mettre en mouvement, suivant sa fantaisie, les forces divines et démoniaques, ou même de se les assujettir d’autorité, est le point de départ de la sorcellerie, μαγεία. Ce nom, qui paraît trahir une origine orientale, se trouve pour la première fois dans Sophocle[1], et selon toute apparence, n’était pas en usage longtemps avant lui, bien que la chose même, au moins dans ses pratiques élémentaires, ne fût pas inconnue des Grecs. La sorcellerie était aussi appelée μαγγανεία, mot dont la dérivation ne saurait être fixée d’une manière certaine, mais qui semble appartenir à la même famille que μηχανή et μηχανάσθαι[2]. Un troisième nom γοητεία, de γοάσθαι, fait allusion aux formules d’incantation qui, dans la bouche du sorcier (γόης), ressemblaient à des gémissements[3]. Le mal avait déjà fait des progrès dans Athènes, au temps de Platon, si l’on en juge par les divers passages où il prend à partie les imposteurs qui prétendent par leurs sorcelleries, contraindre les dieux à se faire leurs serviteurs (ύπηρετεΐν)[4]. Déjà, avant ce philosophe, Empédocle se faisait fort de guérir les maladies et de prolonger l’existence à l’aide de sortilèges, même d’évoquer les fanes et de déchaîner les ouragans[5] ; mais l’homme qui contribua le plus à répandre chez les Grecs les pratiques de la magie fut un Perse nommé Osthanès, qui accompagnait Xerxès, lors de la seconde guerre médique, et écrivit, dit-on, sur cette science[6]. Démocrite, qui peu après y fut initié par un Égyptien, Apollobéchès, de Koptos, passe pour avoir mis à profit des livres attribués à Dardanus, qu’il aurait découverts dans le tombeau de ce personnage mythologique, et en avoir fait lui-même, d’où l’on doit conclure qu’il existait en effet des compositions de ce genre, couvres de faussaires mises par eus sur le compte de Démocrite[7]. On voit que les Grecs eux-mêmes considéraient la magie comme un produit exotique. Les sorciers, en effet, s’adressaient de préférence aux dieux étrangers[8] ou aux esprits intermédiaires qui pullulaient, sans qu’on pût les distinguer par leurs noms, les uns bons, les autres mauvais, ainsi qu’Empédocle, à ce qu’on rapporte, en fit le premier la remarque[9]. Parmi les divinités nationales, il en est une cependant, Hécate, qui devint avec le temps la déesse des sortilèges et obtint, en raison du rang qu’elle occupait chez les morts, une puissance magique qui n’entrait pas dans les attributs des dieux de l’Olympe. Elle apparaît pour la première fois dans la Théogonie d’Hésiode, mais elle n’y tient pas encore la place qui lui sera dévolue plus tard. Elle est la fille de Persès et d’Astéria, deux divinités de l’ancienne race titanique, dans lesquelles paraissent avoir été personnifiées les forces qui déterminent le cours des astres et le mouvement de translation du ciel. Hécate elle-même représente la force divine, à l’aide de laquelle les habitants du ciel agissent de loin (έκαθεν), sans rapprochement matériel. C’est pourquoi il est dit qu’elle participe au gouvernement des dieux dans le ciel, sur la terre et dans la mer ; pourquoi aussi on a soin, en priant, de ne pas l’oublier. Plus tard, sa physionomie est tout autre : tantôt elle se confond avec Perséphone, souveraine du royaume souterrain, ou lui est associée ; tantôt elle devient la déesse de la lune et se confond avec Artémis, adorée en cette qualité. Parfois enfin, elle s’identifie avec des divinités étrangères offrant des ressemblances soit avec elle-même, soit avec Artémis[10].

Les traces de sorcellerie que l’on trouve dans Homère se réduisent à peu de chose, et les pratiques de ce genre auxquelles se livrent ses héros, ont un caractère très innocent. Ils se contentent d’arrêter le sang et de guérir les blessures à l’aide d’incantations (έπαοιδαί). C’est le mode de traitement qu’Asclépios lui-même applique aux blessures et en général aux affections douloureuses[11] ; sans doute, il reposait sur la croyance que les dieux bienfaisants communiquent à certains mots et à certaines formules une puissance mystérieuse dont les hommes pouvaient se servir, quand ils avaient essayé inutilement d’autres remèdes. Les vertus curatives des plantes et d’autres médicaments, aussi bien que les propriétés pernicieuses de certaines substances, faisaient l’effet de mystères dont la connaissance ne pouvait s’expliquer que par une révélation divine. Remèdes et poisons portent le même nom de φάρμανα, et les médecins qui s’y connaissent, Polidarius et Machaon, sont des rejetons divins, fils d’Asclépios. Hélène a reçu en don de l’égyptienne Polydamna le Népenthès qui calme les douleurs. Les Égyptiens possèdent les secrets des φάρμανα, parce qu’ils tirent leur origine du dieu-médecin Pæon[12]. Circé, qui par ses enchantements change les hommes en bêtes, est aussi une déesse. L’épisode de Ménélas et de Protée n’est autre chose qu’une allusion détournée aux moyens par lesquels les hommes pouvaient contraindre les dieux de se soumettre à leurs désirs. Il n’y a point là de sortilège, c’est simplement une victoire remportée sur le démon de la mer, qui est un dieu d’ordre inférieur ; mais déjà Euripide fait entendre que l’on peut, par des moyens qu’à la vérité il n’indique pas, forcer les dieux à révéler ce qu’ils veulent taire[13], et Platon, comme on l’a vu plus haut, s’élève contre les imposteurs qui se vantent d’asservir les dieux ; enfin, dans Callimaque, Apollon s’écrie, en s’adressant à la ville de Thèbes : Ne me force pas à révéler l’avenir malgré moi[14]. Les exemples de contrainte abondent chez les écrivains postérieurs, et l’on voit les dieux eux-mêmes apprendre aux hommes les formules à l’aide desquelles peut être exercée cette violence[15]. Les néoplatoniciens érigèrent ce non-sens en système, et distinguèrent la sorcellerie noire et la sorcellerie blanche, la première honorée du nom de Théurgie, la seconde appelée Magie ou Goétie[16]. Les sorciers s’appliquaient surtout à faire comparaître les dieux et les démons, et à leur arracher des prédictions ou une intervention secourable. Porphyre avait écrit un traité sur la sagesse que l’on peut faire sortir des oracles et des révélations divines, περί τής έκ τών λογίων φιλοσοφίας. Nous sommes à même de nous représenter les sommations qu’on adressait aux dieux (έπαγωγαί), d’après les prétendus hymnes d’Orphée, qui ont certainement servi à des évocations théurgiques[17]. On mentionne aussi, comme faisant partie du bagage des sorciers, des pierres mystérieuses qui se mouvaient en différents sens, s’élevaient dans les airs, et d’où les démons qui les animaient faisaient entendre leur voix. Ces pierres s’appelaient Bætyles, d’un mot sémitique signifiant qu’elles étaient habitées par des dieux[18]. Le poème orphique περί λίθων parle d’une pierre animée, όστρίτης ou σιδηρίτης, remarquable par sa forme et les signes dont elle est marquée. Pour la faire servir au but qu’on se propose, il faut avoir jeûné trois fois sept jours, et s’être abstenu de tout commerce sexuel, ainsi que de bains pris en commun. On doit la laver dans l’eau pure d’une source, l’emmailloter comme un nourrisson, allumer des flambeaux dans une partie de la maison nette de souillure, brûler de l’encens et répéter des prières. Au moment où l’on fait semblant de bercer la pierre, on entend sortir la vois d’un enfant. Il faut prendre garde de le laisser tomber, car il se mettrait en colère. Une fois que l’on s’est servi de ce talisman, on le lave de nouveau, et l’on s’aperçoit que peu à peu la vie l’abandonne[19]. Ce mode bizarre de sortilège fut introduit à une époque relativement récente, lorsque c’en était déjà fait de la Grèce, et fut toujours pratiqué en Asie plus qu’en Europe. Chez les Grecs, la Thessalie fut de bonne heure un foyer de sorcellerie, entretenu surtout par des femmes. Dans les Nuées d’Aristophane, le vieux Strepsiade propose d’acheter une enchanteresse thessalienne, pour faire descendre la lune du ciel[20]. Pareil tour de force est souvent attribué aux femmes de cette classe et de ce pays, si bien que le nom de Thessalienne était devenu synonyme de sorcière, de même que celui de Chaldéen s’appliquait à tous les astronomes. Nous savons déjà, par l’exemple d’Empédocle qui se piquait d’habileté en ce genre, que certains hommes avaient le don de disposer des éléments ; on cite à Corinthe des άνεμοκοΐται qui se chargeaient de calmer les tempêtes[21]. L’Éole d’Homère a reçu de Zeus le pouvoir de les apaiser et de les exciter à son gré. Par l’outre qu’il donne à Ulysse, il faut entendre sans aucun doute un moyen magique de tenir les vents passagèrement enchaînés. A Méthana, en Argolide, on conjurait le vent du sud-ouest, qui soufflait pendant la floraison de la vigne et en desséchait les grappes. Voici comment on s’y prenait : On tuait un coq tout blanc et on le partageait en deus ; deux hommes, portant chacun l’une de ces moitiés, couraient en sens contraire autour du plant, jusqu’à ce qu’ils fussent revenus au point de départ, et là ils enterraient les restes du coq[22]. En Arcadie, lorsque la sécheresse se prolongeait, le prêtre de Zeus Lycaios se rendait à la fontaine Agné, située sur la montagne, et après avoir accompli, suivant les rites, des sacrifices et des prières, promenait une branche de chêne à la surface de l’eau ; ainsi agitée, l’eau produisait un brouillard épais, puis des nuages qui en attiraient d’autres, et finalement se déversait sur l’Arcadie en pluie bienfaisante[23]. Il y avait à Cléoné, et sans cloute ailleurs, dés surveillants spéciaux, publiquement institués pour détourner la grêle (χαλαζοφύλακες) ; ils se servaient à cet effet de sang de taupes et de linges imprégnés de menstrues, sans préjudice des sacrifices de toute espèce, qu’offraient les personnes intéressées à se préserver de ce fléau[24].

Que les magiciens pussent opérer des métamorphoses à leur gré ou revêtir eux-mêmes les formes les plus diverses, cela de faisait pas de doute pour les croyants en sorcellerie. Chez Homère, c’est le privilège des dieux et des déesses. Athéna, par exemple, touche Ulysse de sa baguette, pour le changer en un vieillard inconnu, et lui rend par le même moyen la beauté, la force et la jeunesse. Circé se sert aussi de sa baguette, mais elle a recours en même temps à des breuvages enchantés pour transformer les hommes en bêtes. Lucien et Apulée nous apprennent que les sorcières de Thessalie se servaient pour leurs métamorphoses d’une pommade[25]. Les plantes vénéneuses avaient aussi la propriété de changer les hommes en loups[26]. Les charmes auxquels on recourait le plus souvent et qui offraient les combinaisons les plus variées, étaient ceux qui avaient pour objet d’inspirer l’amour. Aphrodite, dans Homère, possède une ceinture magique, dont il suffit d’entourer sa taille pour rendre la séduction irrésistible[27]. Les simples magiciennes composaient des philtres, en invoquant les dieux ou les démons. Cette industrie fut exercée en particulier à Athènes, durant la guerre du Péloponnèse, par une femme appelée Ninus, évidemment de race étrangère, qui se donnait comme prêtresse du dieu phrygien Sabazius, et qui, citée en justice, fut condamnée à mort[28]. Il y avait aussi des méthodes plus compliquées, pour lesquelles, outre les sacrifices et les évocations, on se servait d’un oiseau appelé lynx, dont Pindare fait déjà mention[29]. Cet oiseau ou ses intestins coupés en morceaux étaient étendus sur une roue à quatre jantes, que l’on faisait tourner, en accompagnant ce mouvement de formules magiques, adressées surtout à Hécate. On faisait ensuite fondre dans le feu une figure de cire représentant l’aimé, sans compter beaucoup d’autres cérémonies dans le détail desquelles nous ne saurions entrer[30]. On pensait encore que certaines maladies pouvaient être produites par des sortilèges. Il y avait des personnes dont les yeux possédaient une puissance démoniaque, et qui rendaient malades ceux sur lesquels ils se fixaient, même sans mauvaise intention, ou leur jetaient un sort. Ce danger du mauvais œil menaçait surtout les jeunes enfants et les animaux domestiques ; aussi cherchait-on soigneusement à les en préserver[31]. Parmi les maladies dues aux divinités malfaisantes ou aux démons, figuraient en premier rang l’épilepsie, que pour cette raison on appelait la maladie sacrée, et la folie[32]. Ces affections étaient aussi celles que provoquaient le plus souvent les opérations magiques (έπαγωγαί) des sorciers ou des sorcières qui prétendaient asservir les dieux à leurs fantaisies[33].

Pour se mettre à l’abri de ces sortilèges ou pour s’en délivrer, si l’on en était déjà victime, il y avait plusieurs moyens. Déjà, dans Homère, Ulysse est protégé contre les breuvages de Circé, par la plante que lui avait remise Hermès, μώλυ[34]. Quelle était cette plante ? Nous l’ignorons[35], mais nous connaissons plusieurs végétaux, arbres, plantes ou racines, auxquels la croyance populaire attribuait la propriété de combattre les effets de la magie. Nous nous bornerons à en citer trois : le laurier, un arbuste épineux nommé le rhamnus, qui était peut-être l’épine vinette, et la scille marine. Partout où se trouvait un laurier, on se croyait suffisamment défendu contre l’épilepsie et contre toutes les atteintes des démons. De là l’usage de planter un de ces arbustes devant les maisons ou du moins d’en placer des rameaux à l’entrée[36]. On portait en outre sur soi des morceaux de bois de laurier, et les gens superstitieux en prenaient, en sortant, des feuilles dans leur bouche[37]. L’épine, à l’entrée des habitations, était également un talisman contre les maladies ; mais pour être réellement efficaces, il fallait que les branches de cet arbuste eussent été coupées à la nouvelle lune[38] ; on en attachait aux bestiaux et on en couronnait les navires[39]. La scille marine était tantôt fixée aux portes, tantôt enfouie sous le seuil[40]. Les gens de la campagne avaient aussi l’habitude, pour conjurer les sortilèges, de suspendre des têtes ou des pattes de divers animaux aux arbres plantés devant leurs maisons ou dans leurs champs[41]. Des ouvriers, par exemple les potiers et les forgerons, mettaient leur confiance dans dés poupées et des images bizarrement figurées, qu’ils exposaient devant leurs boutiques ou qu’ils peignaient sur les murailles[42] ; d’autres joignaient à des préservatifs de même genre des inscriptions qui recommandaient le logis à telle ou telle divinité, et en interdisaient l’accès à la malchance. Des tètes de loups, des têtes de méduses, des masques de silènes étaient attachés aux portes ; on en dessinait même les images sur son corps[43]. Le phallus exerçait une protection toute particulière. Non seulement on l’utilisait de la même manière que les autres emblèmes, mais on le gardait sur soi comme une amulette[44]. Il y avait aussi des amulettes en forme d’anneaux, empreintes de caractères mystérieux, auxquelles on communiquait la vertu magique par certaines cérémonies[45]. Des signes de même nature et des aphorismes propres à conjurer les maléfices, étaient inscrits sur des tablettes ou sur des morceaux de parchemin, que l’on portait au cou, clans une bourse de cuir[46]. A cette classe de talismans appartiennent les formules éphésiennes (έφέσια γράμματα) inventées, disait-on, par les Dactyles du mont Ida ou de Phrygie, ce qui sans doute les a fait appeler aussi τά τών Ίδαίων όνόματα[47]. La qualification d’ephesia leur venait de ce qu’elles étaient surtout en usage à Éphèse, où nous savons qu’un grand nombre d’ouvrages de magie furent brûlés par les chrétiens nouvellement convertis[48]. On trouve aussi mentionnés des livres égyptiens contenant des formules d’enchantements et d’exorcismes[49]. Les mots suivants, qui composaient, dit-on, une sentence éphésienne, donnent une idée des termes barbares dans lesquels ces rituels étaient conçus[50] : Aski kataski lix tetrax damnameneus aision. Un second exemple est cité comme ayant servi aux Milésiens à conjurer une épidémie, du temps de Branchus : bedy zaps chthon plectron Sphinx Knaxbi chtyptes phlegmon dropis[51]. Ces formules, dont plusieurs mots trahissent l’origine étrangère, inspiraient, à vrai dire, moins de confiance dans la Grèce proprement dite que dans les contrées où les Grecs se trouvaient mêlés aux barbares et"en rapports fréquents avec eux ; il en fut ainsi, surtout durant la période classique. Mais partout régnait la croyance que les purifications et les expiations religieuses, outre qu’elles servaient d’une manière générale à conserver ou à regagner la faveur des dieux, étaient aussi applicables aux maléfices, et pouvaient, soit les prévenir, soit en délivrer ceux qui en étaient déjà victimes ; et par là se trouve naturellement amené le chapitre suivant.

 

 

 



[1] Œdipe-Roi, v. 388.

[2] C’est l’avis de Bultmann (Museum für die Alterthumsw., t. II, 1, p. 47), mais je dois dire que ce n’est pas celui de Pott (Etymolog. Forschungen, t. I, p. 172 de la Ire édit.), ni de Pictet (Kühn’s Zeitunq, t. V, p. 41), qui tous deux remontent au mot sanscrit mañj, purificare.

[3] On lit dans Æschyle (les Perses, v. 670) : ψυχαγωγοΐς όρθιάζοντες γόοις. Vov. aussi Eustathe, ad Iliad., VI, v. 373 et XVIII, v. 352.

[4] Platon, la République, II, p. 364 D ; les Lois, X, p. 909 et XI, p. 933.

[5] Diogène Laërte, VIII, c. 59 et 60 ; voy. aussi Sturz dans son édition d’Empédocle, p. 35 et suiv.

[6] Pline, Hist. natur., XXVIII, c. 19 et XXX, c. 2. On trouvera des détails sur ce personnage dans la Bibliothèque grecque de Fabricius, t. I, c. 14, § 1, éd. Harless, et dans Schmieder, Gesch. der Alchemie, p. 37.

[7] Pline, Hist. natur., ibid. ; mais voy. aussi Aulu-Gelle (Noctes atticæ, X, c. 12), qui s’étonne avec raison que Pline ait pu se laisser tromper par ces impostures.

[8] C’est pour cela que les conjurations étaient conçues d’ordinaire en termes barbares et inintelligibles ; voy. Plutarque, de Superstit, c. 3. Ovide a dit (Metam., I. XIV, v. 366) : Ignotos que deos ignoto carmine adorat.

[9] Plutarque, de defectu Oracul., c. 17 : Apulée, de Magia, c. 43.

[10] Voy. Schœmann, de Hecate hesiodea, dans les Opusc. acad., t. I, p. 215-249, et Welcker, Gœtterlehre, t. I, p. 562 et suiv.

[11] Homère, Odyssée, XIX, v. 1157 ; Pindare, Pythiques, III, v. 91 (52).

[12] Homère, Odyssée, IV, v. 220-232.

[13] Euripide, Jon, v. 375.

[14] Callimaque, Hymne à Délos, v. 89.

[15] Porphyre, cité par Théodoret, Therapeutica, X, p. 139 (p. 380, éd. Gaisford) ; Eusèbe, Præpar. evang., V, c. 8, § 9 ; c. 10, § 8 ; c. 11, § 1 ; voy. aussi Wolff, ad Porphyrium, p. 156.

[16] Saint Augustin, de Civitate Dei, X, c. 9 et 10.

[17] Voy. surtout Dilthey, dans le N. Rhein. Museum, t. XXVII, p. 375 et suiv.

[18] Damascius, dans Photius, p, 1061, éd. Hœschel.

[19] Orphée, de Lapidibus, v. 355 et suiv.

[20] Aristophane, les Nuées, v. 7118 ; comp. les notes de Voss sur les églogues de Virgile (VII, v. 69). Cependant ce miracle n’était pas sans danger pour les magiciennes ; elles pouvaient devenir aveugles et percluses ; voy. Platon, Gorgias, p. 513 A et les remarques d’Heindorf.

[21] Eustathe, ad Odysseam, X, v. 22, p. 1645, 41 ; Hesychius, s. v. et Lexicon Sequer., p. 397.

[22] Pausanias, II, c. 34, § 2.

[23] Pausanias, VIII, c. 38, § 3.

[24] Plutarque, Quæst. Sympos., VII, c. 2, § 2 ; Sénèque, Quæst. natur., IV, 6. Voy. aussi les notes de Kühn sur Pausanias, III, c. 34, p. 191. Cf. Welcker, Kleine Schriften, t. III, p. 62 et 63.

[25] Lucien, Lucius s. asinus, c. 12 ; Apulée, Métamorphoses, III, c. 21.

[26] Virgile, Eglogues, VIII, v. 97 ; Ovide, Métamorphoses, XV, v. 359.

[27] Homère, Iliade, XIV, v, 214 et suiv.

[28] Schol. de Démosthène, de falsa Legat., 5 281. Pour la détermination du temps où cet événement arriva, voy. Schœmann, de Relig. exteris apud Athen., p. 5 et 6 (Opusc. acad., t. III, p. 430).

[29] Pindare, Pythiques, IV, v. 380.

[30] Théocrite, Id., II, et Virgile, Eglog. VIII, avec les notes des commentateurs ; Tzetzès, ad Lycophr., v. 309.

[31] Plutarque, Quæst. sympos., I. V, c. 17. Héliodore (Æthiopica, III, c. 7) donne une explication singulière de ce prétendu phénomène. Le sujet a été traité d’une manière complète et très judicieuse par O. Jahn, ueber den Aberglauben des bœsen Blickes bei den Alten, dans les Berichte der Sachs. Geselsschaft der Wissensch., 1855, p. 28 et suiv. Th. Mandt, dans son livre Rom and Neapel (t. II, p. 187 et suiv.), dit que cette superstition est encore dominante en plusieurs pays, notamment à Naples.

[32] Hippocrate, de Morbo sacro, p. 14 et suiv., éd. Diez.

[33] Voy. Ruhnkenius, ad Timæum, p. 114, et Lobeck, Aglaophamus, p. 221 et suiv. Il est question dans l’hymne à Hermès, v. 37 de l’έπηλυσίη qui est à l’έπαγωγή comme l’effet à la cause.

[34] Homère, Odyssée, X, v. 292 et 302-305.

[35] Voy. des conjectures sur ce sujet dans Tzetzès, ad Lycoph., v. 679 ; Giérig, dans son édition des Métamorphoses, XIV, v. 292, ; Wolff, ad Porphyrium, p. 196.

[36] Boissonade, Anecdota græca, t. I, p. 425 ; Geoponica, XI, c. 2.

[37] Théophraste, Charact., c. 16, avec les notes de Casaubon.

[38] Diogène Laërte, IV, c. 7.

[39] Schol. ad Anonym. de Herbis, dans les Poetæ bucol. et didact. publiés par Dübner, p. 169.

[40] Pline, Hist. natur., XX, c. 9, p. 623, éd. Gronovius. Cf. Meineke, Fragm. com., t. II, p. 151.

[41] Schol. d’Aristophane, Plutus, v. 944.

[42] Pollux, VII, 108 ; cf. Lexicon Seguer., p. 30, 5.

[43] Voy. O. Jahn, ueber den Abergl. des bœsen Blickes, p. 75, et la dissertation du même auteur ueber die Lauersforter Phaleræ, Progr., Bonn, 1860, p. 21 et suiv.

[44] Voy. O. Jahn, ueber den bœsen Blick, p. 73.

[45] Schol. d’Aristophane, Plutus, v. 885 ; voy. aussi Meineke, Fragm. com., t. II, p. 454, et t. III, p. 97.

[46] Athénée, XII, c. 70, p. 548. Sur les diverses espèces d’amulettes (περιάμματα, περίαπτα), voy. surtout Jahn, ibid., p. 41. Le mot arabe amulet, Hamâlet, de hamal, porter, répond exactement au mot grec.

[47] Plutarque, de Profect. in Virtute, c. 15, p. 85. B, avec les notes de Wyttenbach. Voy. aussi Lobeck, Aglaophamus, p. 1163 et 1330.

[48] Actes des Apôtres, c. XIX, v. 19.

[49] Lucien, Philopseudès, c. 31.

[50] Hesychius, s. v. έφέσια γράμματα.

[51] Clément d’Alexandrie, Stromata, V, c. 49, p. 674, éd. Potter. Alexandre de Tralles (Therapeut., XI, p. 657) cite quelques autres exemples du même genre. Entre autres preuves, le texte que Meineke a discuté dans l’Hermès (t. IV, p. 56), démontre que des formules semblables étaient intercalées dans les prétendus hymnes d’Orphée, durant les cérémonies magiques. Pour celle qui concernait les amoureux, on peut s’en tenir à la leçon donnée par Reineke Vos, p. 21 de l’édition de Scheller : Gaudo statzi salphenio casbou gorfous barbas as bulfrio. Il n’y a pas lieu d’après cela de s’étonner que dans certains pays on croie encore à la vertu curative de pareils grimoires.