Il n'entre pas dans le sujet de cette étude de suivre François de Montmorency dans toute sa vie politique. Maréchal de France en 1559, il ne prit aucune part à la guerre civile de 1562 et se contenta de garder, autant que possible, son gouvernement des excès des deux partis. Ses défauts, que nous avons signalés, correspondaient à de précieuses qualités dans ces temps troublés. Tandis que les autres seigneurs étaient toujours prêts à en appeler aux armes de la moindre injustice, réelle ou prétendue, le gouverneur de Paris cherchait à contenir les uns, à réprimer les autres et faisait exécuter les édits avec la rigueur d'un lieutenant de police. Si tous les seigneurs avaient montré cette modération, il ne se serait pas tiré un coup d'arquebuse en France, et la Réforme aurait passé sans verser une goutte de sang. Ces dispositions le rendaient cher à la reine-mère. Aussi, quand Charles IX partit, au commencement de 1564, pour son grand voyage en France, qui devait durer deux ans, le duc de Montmorency fut chargé de rester à Paris et de retenir cette ville turbulente. La situation était pleine de difficultés. La guerre civile de 1562-1563, les pillages des soldats des deux partis, le recours des huguenots à la reine d'Angleterre, l'assassinat du duc de Guise avaient laissé dans tous les cœurs un levain de vengeance. La paix d'Amboise n'était qu'une trêve. Parmi les lieutenants du roi, les moins clairvoyants entrevoyaient toujours quelque anguille soubz roche[1]. Catholiques, huguenots, capitaines, gens de cheval ou de pied, chacun gardait ses armes dans l'attente du grand jour de l'attaque ou de la défense prochaine. La rivalité des grands seigneurs ajoutait au danger. Les Guises haïssaient mortellement l'amiral de Coligny, qu'ils accusaient d'avoir soudoyé l'assassin Poltrot de Méré ; Condé était jaloux de Coligny ; la reine de Navarre et le parti béarnais jaloux de Condé ; les Montmorency étaient en rivalité si ardente avec les Guises que François Ier, Henri II et François II n'avaient pu les réunir ensemble au pouvoir. La haine traditionnelle des deux maisons s'était accrue en 1560 à la suite du procès du comté de Dammartin[2]. En religion, les Montmorency étaient divisés ; le connétable soutenait secrètement Coligny après l'avoir glorieusement combattu pendant la guerre civile ; son fils aîné, François, penchait vers la Réforme et était doublement l'ennemi des Guises ; son second fils, Henri, seigneur de Damville, allié aux Guises par sa femme, Antoinette de La Marck, appartenait au parti catholique[3]. A la cour, pas un seigneur, pas un page qui n'eût un ennemi à combattre et une injure à venger. Ces inimitiés se croisaient, s'enchevêtraient et se développaient d'autant plus librement que le trône était occupé par un enfant de treize ans, le roi Charles IX. Catherine de Médicis s'efforçait de prévenir les conflits
en défendant le port des armes. François Ier, Henri II, François Il avaient
impérieusement prohibé les armes à feu, ne laissant aux gentilshommes que le
droit de porter l'épée. C'est par centaines qu'on pouvait compter les édits
royaux, les arrêts du Parlement, les ordonnances des lieutenants du roi sur
cette matière. A la suite de l'édit de pacification, le roi avait renouvelé
la défense très estroictement, sur mesmes peines, à
toutes personnes, de quelque estat, dignité et qualité qu'ils soient, de
porter ne faire porter par leurs gens et serviteurs, dedans les villes ne par
les champs, aucune harquebuse, pistole ne pistolet[4]... Cet édit, bien
que vigoureusement appuyé par le roi et la reine-mère dans leur
correspondance, ne fut pas mieux exécuté que les édits précédents.
L'importunité des uns, les charges des autres obligeaient la reine à accorder
des exceptions. Le cardinal Charles de Lorraine avait obtenu le droit d'avoir
une garde[5]. Comme ce prélat
était célèbre par sa couardise, ce privilège paraissait sans danger. Congé octroyé par la royne à monsieur le cardinal de Lorraine de porter des armes défendues. Auiourd'huy vingt-cinquième jour de terrier, l'an mil cinq cens soixante-trois. Après que monsieur le cardinal de Lorraine a remonstré à la majesté de la royne mère du roy, nostre souverain seigneur, les grandes et justes occasions, pour lesquelles il est contraint de se tenir accompagné de gens portant pistolles, pistolets et harquebouzes, et autres armes nécessaires pour la seureté, défense et conseruation de sa personne, Sa Majesté a dit et déclaré qu'elle a bien aggréable ce que mondit sieur le cardinal fait en test endroit, sachant le besoin qu'il a de se tenir sur ses gardes et d'empescher par tels moyens les entreprises que l'on voudroit faire à l'encontre de sa personne, et desquels il est menacé : n'entendant que, pour raison dudit port d'armes fait en sa compagnie et par son commandement, et par ceux qui seront à sa suitte, et non ailleurs, il leur soit fait, mis ou doné aucun trouble, arrest, destourbier ny empeschement, nonobstant les édits et ordonnances faisans au contraire. En tesmoin de quoy ladite dame m'a commandé en expédier ce présent brevet, les jours et ans que dessus. Signé : BOURDIN[6]. Les seigneurs qui ne jouissaient pas de la même prérogative se fortifiaient chez eux comme en pays ennemi. Le 28 décembre 1563, le jour de la fête des Innocents, pendant une visite du roi à Coligny, l'ambassadeur d'Espagne fut frappé du nombre d'armes qui encombraient son logis. Les gens de l'amiral, les simples pages, outre la dague et le poignard, portaient tous des pistolets dans leurs chausses[7]. Quelques jours avant le départ du roi pour son voyage en France, une sanglante affaire avait troublé la cour. Parmi les capitaines de la maison du roi, aucun ne montrait plus de haine aux huguenots que Jacques Prévost, seigneur de Charry. Originaire du Nivernais[8], créature des Guises[9], il avait fait sa première campagne en Italie, sous les ordres de Blaise de Monluc[10], et s'était si bien distingué par sa bravoure qu'il avait attiré l'attention de la reine-mère. Après la première guerre civile, Catherine choisit le régiment de Charry, composé de dix enseignes de cinquante hommes[11], pour la garde du roi et lui en laissa le commandement. Dès ce jour, Charry parla un peu trop haut. François de Coligny, seigneur d'Andelot, frère cadet de l'amiral, était colonel général de l'infanterie. Charry prétendait échapper à son commandement. Un jour ils se rencontrèrent dans un escalier du Louvre. D'Andelot le tata soubs son manteau : Vous êtes armé, lui dit-il. Le reproche n'était pas fondé. Charry porta plainte au roi et en fit dans la salle grand esclandre et rumeur. D'Andelot, qui estait brave et vaillant et haut à la main autant ou plus que l'autre, se plaignit à son tour, mais le roi et la reine donnèrent raison au colonel de leur garde. On assoupit l'affaire. Toutefois Charry bravoit toujours[12]. Un jour la reine-mère trouva dans sa chambre un billet anonyme, dans lequel on la menaçait de mort si elle ne chassoit tous les papistes,....... son Laubespine et le capitaine Charry[13]. Le 31 décembre 1563, entre huit et neuf heures du matin, Charry sortit de son logis des Trois-Chandeliers, rue de la Huchette[14], pour aller prendre son service au Louvre. Il était accompagné du capitaine La Tourette[15] et d'un soldat. En passant devant le pont Saint-Michel, il fut assailli par trois hommes d'armes huguenots embusqués chez un armurier, Paul de Richieud, seigneur de Mouvons, Constantin[16] et le sire de La Tour, dit Chastelier Portaut, gentilhomme poitevin, guidon de la compagnie de l'amiral[17]. Tandis que les deux premiers s'attaquaient à La Tourette et au soldat, Chastelier Portaut s'adressa à Charry : Te souvient-il du tort que tu me tiens ? Mets la main à l'épée. Charry était un peu maladroict d'un bras à demy estropié[18]. Avant qu'il eût pu se mettre en garde, il reçut deux coups d'épée et un troisième que l'assassin luy tortilla par deux fois dans le corps. Charry tomba mort à côté de La Tourette et du soldat. Les assassins s'enfuirent par le pont Saint-Michel et par le faubourg Saint-Germain, montèrent sur des chevaux préparés d'avance et sortirent de Paris avant que la nouvelle du crime arrivât au Louvre[19]. La reine se promenait en ce moment dans la grande salle du château avec l'amiral, d'Andelot et d'autres seigneurs du conseil. Avertie par un page, elle se tourna vers d'Andelot et son premier mouvement fut de l'accuser. Les Chastillons firent bonne mine, car de leur naturel ils estoient si posez que mal aisément se mouvoient-ils. Cependant la présence de Constantin compromettait d'Andelot. Il fit un peu la mine d'astre esmeu et répondit : Madame, Constantin estoit ast'heure icy et est entré dans la salle avec moy. Il feignit de l'appeler et l'envoya chercher par les archers de la garde. Bientôt la reine apprit que Charry avait loyalement tué en duel, quatorze ans auparavant, à La Mirandole, un des frères de Chastelier Portant ; mais cette affaire avait été réglée depuis longtemps ; les deux capitaines s'étaient souvent rencontrés depuis sans animosité apparente. Toutefois le parti des Chastillons rappela cette ancienne querelle. La reine fit faire, le 1er janvier 1564, de splendides funérailles à Charry et à La Tourette et les fit enterrer à Notre-Dame de Paris, près de l'autel on était déposé le cœur du duc de Guise. Chastelier Portant et ses complices furent pendus en effigie. Le roi envoya à tous ses lieutenants l'ordre d'arrêter les coupables[20], mais on les rechercha vainement. Chastelier Portaut se réfugia dans les terres du sire de Soubise et du sire de la Rochefoucault, en Poitou et en Saintonge. Il s'y trouvait encore en 1565 et ne put être saisi malgré les ordres pressants du roi[21]. Mouvans fut tué au combat de Messignac en Périgord, le 25 octobre 1568, et Chastelier Portant à la bataille de Jarnac le 13 mars 1569. A la cour chacun garda ses soupçons. Les courtisans, suivant leur parti, accusaient ou défendaient d'Andelot[22]. Coligny, si gravement compromis dans à meurtre du duc de Guise, ne parait pas aussi étranger à ce nouveau crime qu'on le désirerait pour l'honneur de sa mémoire. Chastelier Portant était un des capitaines de sa compagnie ; l'ambassadeur espagnol fait remarquer que l'assassin était son favori, qu'il couchait habituellement dans sa chambre et que le matin du crime il avait eu avec lui un entretien de deux heures[23]. Catherine de Médicis, à la veille de son voyage, craignit de trouver de trop grands coupables. Le roi confirma les pouvoirs de François de Montmorency et lui donna Christophe Jouvenel des Ursins pour lieutenant[24]. Le crédit des Chastillons ne fut même pas ébranlé par le meurtre de Charrv. Chaque soir, écrit l'ambassadeur espagnol, quand les courtisans se retirent de la chambre de la reine, les Chastillons y demeurent jusqu'à ce qu'elle commence de se déshabiller. De là ils entrent à la chambre du roi très chrétien et y restent jusqu'à ce que le roi se couche et que les rideaux soient tirés pour dormir. Puis ils passent à la grand salle, en face de la chambre, et s'y promènent pendant une heure et même davantage, accompagnés de cent cinquante seigneurs, de leurs partisans choisis. Avec cela la reine paroit tranquille et contente[25]. Le roi combla de générosités les seigneurs de ce parti. Le prince de Condé reçut une assignation de 50.000 écus payables par le trésorier de l'épargne ; Coligny, d'Andelot et La Rochefoucault un don de 60.000 francs[26] Le départ du roi[27] laissait presque entièrement entre les mains du gouverneur de Paris la paix du royaume. Aussi le roi multipliait-il ses recommandations[28]. La fin du concile de Trente était le signal d'un certain remuement. En Poitou, les huguenots, au nombre de douze cents, prirent les armes et pillèrent quelques églises catholiques[29]. La reine-mère, attentive aux nouvelles qu'elle recevait des provinces, n'éprouvait aucune inquiétude tant que Paris demeurait calme. Un instant elle eut l'idée d'envoyer les maréchaux de France en tournée de ville en ville avec des forces et des pouvoirs illimités. Montmorency avait en partage l'Île-de-France, la Picardie, la Normandie, la Champagne, l'Orléanais et le Berry et devait être accompagné du président Seguier[30]. Mais elle renonça bientôt à ce projet pour ne pas laisser la ville livrée à elle-même[31]. Le maréchal, tenu en haleine par ces ordres, se montrait inflexible pour les infractions, inaccessible aux considérations de personnes et sans pitié à l'égard des coupables. Au mois de juillet 1564, le Parlement ordonna une grande procession pour l'intempérie des temps. Et fut descendue Madame sainte Geneviève. Et fut par lad. cour commandé au chevalier du guet d'aller bien accompagné en armes à ladite procession. Au milieu de la cérémonie, le lieutenant de François de Montmorency, le seigneur de la Chapelle, arrêta Marcel, le chevalier du guet, au nom du gouverneur. Le roi, aussitôt informé, manda Marcel et un des gens de la Chapelle pour savoir comme le faict est passé[32]. Le chevalier du guet n'osa se mettre en route et resta à Paris. Montmorency le fit emprisonner au Louvre et livrer au prévôt des maréchaux. Cette affaire excita une certaine émotion ; le gouverneur fit approcher sa compagnie de gens d'armes et celle du connétable, et se tint prêt à tout événement[33]. Grace à la fermeté du maréchal, Paris et le gouvernement de l'Île-de-France passèrent une fin d'année tranquille. La correspondance du roi et de son lieutenant ne mentionnent aucun désordre. Le 28 août, le roi lui écrit touchant un contrat de 76.000 livres de rente à passer avec les prévôts et les échevins [34]. Le 28 août, il lui expédie Artus de Cossé, seigneur de Gonnort, maréchal de France, avec un message[35]. Le 12 octobre, il lui communique une ordonnance, datée du 20 août[36], sur le fait des hosteliers, cabaretiers et taverniers du royaume, affin d'estre réglés, affin, dit le roi, que mes subjects en puissent recevoir soulagement et que l'excessif guaing qu'ont faict jusques icy sur eulx lesd. hosteliers, cabaretiers et taverniers ne soit plus toléré ne permis[37]. Au mois de novembre, la reine-mère se plaint au gouverneur de l'arrestation d'un courrier et de la saisie des lettres du roi[38] ; quelques jours après, elle lui envoie le sire d'Antibes[39]. Le 12 décembre, un sergent de justice, appelé Le Ventoier, arrête le lieutenant-criminel de robe courte, Jean Tanchon[40], à la requête du sire de Longjumeau, qui prétendait que Jean Tanchon avait pillé sa maison pendant la guerre civile. Cette affaire avait été jugée en dernier ressort par le Parlement. Le maréchal prit la défense de l'arrêt, fit mettre Tanchon en liberté et emprisonner Le Ventoier et le sire de Longjumeau. Non seulement le roi approuva son lieutenant, mais il commanda à Longjumeau de venir se justifier à la cour dans le délai d'un mois, sous peine d'y être contraint par la force[41]. La satisfaction que la reine éprouvait du bon ordre maintenu à Paris nous est révélée par cette lettre du fils favori de Catherine, le duc d'Anjou, alors âgé de treize ans, à François de Montmorency Mon cousin, j'ay esté bien fort aise d'avoir par voz lettres et par le s. de La Porte[42], présent porteur, entendu de vos nouvelles et sceu que toutes choses sont par delà en bon estat, ce que j'attribue au bon ordre que vous y donnez et me faict désirer d'y estre. Et n'estoit le bien et plaisir que je nie promets de la venue de la royne d'Espagne[43], madame ma sœur, à Bayonne, ce désir seroit encore plus grand. Et en attendant que nous y soyons, je vous prye croire que je demourray toujours Vostre bon cousin, ALEXANDRE[44]. Les passions étaient trop excitées pour que la paix durât jusqu'à la fin du voyage du roi. Depuis son retour du concile de Trente, le cardinal de Lorraine affectait de l'éloignement pour les affaires publiques. Il divisait son temps entre Reims et Joinville, entre l'administration de son diocèse et les soins de sa famille. Au commencement de 1564, son frère cadet, Claude de Lorraine, duc d'Aumale, le rejoignit à Reims. Le duc était au premier rang des mécontents. Peu de jours avant de quitter Paris, le roi, dans un but d'économie, avait ordonné un désarmement général. La compagnie du duc d'Aumale avait été réduite à trente-six hommes. Il en avait été si offensé qu'il l'avait rendue au roi et qu'il avait quitté la cour, emmenant avec lui son neveu, Henri de Guise, jeune prince de la plus grande espérance, le Marcellus du parti catholique[45]. Vers la fin de l'année 1564, l'occasion parut bonne au cardinal pour rentrer en scène. Le roi, la reine, le connétable étaient dans l'extrême midi. Après avoir présidé à Reims un concile provincial[46], Charles de Lorraine résolut de visiter son abbaye de Saint-Denis. C'était un prétexte pour se montrer à Paris, sonder les bourgeois et échafauder de nouvelles combinaisons politiques. Il se mit en marche au mois de décembre[47] et passa par Soissons. Louis de Bourbon, prince de Condé, le chef des huguenots, s'y trouvait auprès de sa sœur, Catherine de Bourbon, abbesse du couvent de Notre-Dame. Le prince et le cardinal eurent plusieurs conférences dont l'objet jusqu'à ce jour est resté un mystère. Condé était jaloux de Coligny. Partant de là le cardinal s'efforça de le détacher de la faction huguenote et même des Montmorency ; en retour, il lui proposa d'épouser une fille du duc de Guise et de prendre la direction du parti des Lorrains[48]. Cette évolution, encore qu'imprévue, ne paraissait pas invraisemblable aux politiques du XVIe siècle. Philippe II s'émut de l'alliance projetée entre les Guises et les Bourbons. On lui rapporta que Charles de Lorraine était entré en conférence, non seulement avec Condé, mais encore avec Coligny et avec le cardinal de Chastillon, marié depuis le 1er décembre 1564[49]. Le prélat lorrain, pour ne pas perdre la faveur du roi catholique, fut obligé de se disculper auprès de l'ambassadeur d'Espagne[50]. Les huguenots conçurent des soupçons à meilleur droit ; le prince avait si peu de convictions religieuses, et son interlocuteur de Soissons, avec ses grâces félines, était un négociateur si délié ! Le bruit se répandit que Condé passait au parti ennemi et que la main de la belle Anne d'Este, veuve du duc François de Guise[51], serait le prix de sa défection[52]. L'amiral vint secrètement à Paris à cette nouvelle. Un jour, la duchesse de Montmorency sortit en coche sous prétexte d'aller à la chasse au faucon. L'amiral l'attendait avec quelques cavaliers déguisés. Il monta dans le coche de sa cousine, abaissa les portières et entra sans être vu. Il demeura deux jours à l'hôtel de Montmorency en conférence avec le gouverneur de Paris, le prince de Porcian et quelques-uns de ses partisans[53]. Le cardinal s'avançait vers Paris, accompagné du duc
d'Aumale, de ses deux neveux, le duc de Guise et le marquis du Maine[54], et de sa garde
de cinquante arquebusiers, commandés par un gentil
soldat, le capitaine La Chaussée[55], recevant sur sa
route les hommages des partisans de sa maison. Beaucoup de gentilshommes se
joignaient à lui, et, de ville en ville, de journée en journée, son cortège
se grossissait de tous les mécontents. Presque en même temps, le 13 décembre,
de Nîmes le roi avait adressé au gouverneur de Paris une déclaration
impérieuse qui défendait aux seigneurs du royaume d'entrer dans
l'Île-de-France avec des troupes armées. Voici le principal article de ce
document. Nous le publions avec d'autant plus d'empressement qu'il manque à
tous les recueils[56]. .....Il est aussi défendu, sous peine de la hart, aux soldats,
qui sont paiez pour la garde des gouverneurs de leur gouvernement, d'entrer
aud. gouvernement de l'Isle-de-France, n'estant permis à seigneurs, quels qu'ilz
soient, s'ilz ne sont princes de la maison de France, d'entrer aud.
gouvernement de l'Isle-de-France avecques aucune garde[57]. François de Montmorency, informé jour par jour de la marche du cardinal, fit publier l'ordonnance à son de trompe ; mais Charles de Lorraine continua sa route. Le maréchal lui envoya alors Jean Hurault de Boistaillé, ancien ambassadeur à Venise, ancien favori de la maison de Lorraine. Le cardinal reçut fort mal le négociateur, et, au lieu d'écouter ses avertissements, il lui reprocha de s'être laissé entraîner dans le camp des Montmorency. Il ne voulut pas même communiquer au gouverneur de Paris l'exemption qui l'autorisait à avoir une garde, afin de marquer sa supériorité sur les lieutenants du roi[58]. Le cardinal de Lorraine était depuis quelques jours à Saint-Denis. En approchant de Paris, il était rejoint par des seigneurs et des bourgeois de son parti. Les seigneurs de Lignières, le révélateur de la conspiration d'Amboise, de La Vallée, de Crenay, de Villegaignon et d'autres se joignirent à son cortège, mais sans armes. Dans le cours de son voyage, il avait même recruté des dames, la duchesse douairière de Nevers, la comtesse de Savigny et la princesse de Porcian. Montmorency, averti que le cardinal se préparait à faire son entrée à Paris le lundis janvier, revint d'Écouen le dimanche soir. Les principaux membres des deux maisons allaient se trouver en présence, tous deux à la tête de leurs plus chauds partisans, loin du roi, qui ce jour-là était à Leucate près d9 Perpignan[59]. Cependant le gouverneur hésitait à trancher le conflit par la violence. Un coup d'arquebuse, tiré dans les rues de Paris, risquait d'allumer la guerre civile. D'autre part il ne pouvait reconnaître au cardinal le droit de traverser la ville à la tête d'un corps de troupes qui ressemblait à une petite armée. Que deviendraient les édits si les grands donnaient l'exemple de la désobéissance ? Décidé à mettre le droit de son côté, le lundi, à l'ouverture de l'audience, il se rendit au Parlement, sous le prétexte de prendre part aux débats d'un procès qui intéressait la duchesse de Nevers et le prince de Porcian[60]. Là il déclara avec insistance, devant les nombreux amis des Guises, qu'il ne pou-voit comporter que le cardinal de Lorraine entrât dans Paris avec sa garde d'harquebusiers, et, au contraire, que s'il venoit sans garde, soubz la protection du roy et de son lieutenant général, qu'il y seroit le très bien venu[61]. Cette déclaration fut immédiatement rapportée au cardinal. A cette heure même, le prélat, glorieux de son importance, aveuglé par les hommages dont il était l'objet, quittait Saint-Denis et marchait vers Paris. A la porte, un prévôt des maréchaux, escorté d'archers à cheval revêtus de leurs casaques, lui signifia, au nom du gouverneur, de faire déposer les armes à ses gens. Le cardinal dédaigna la sommation comme apportée par des agents indignes de son rang. Le prévôt des maréchaux et ses sergents essayèrent de procéder au désarmement de l'escorte, mais ils n'étaient pas en force et ils furent obligés de se rabattre vers le centre de la ville, poursuivis par les huées des goujats de la suite. En quittant le Parlement, le maréchal s'était rendu au Louvre, plus propre que l'hôtel de Montmorency aux concentrations militaires. Bientôt il vit arriver le prévôt et ses sergents en désordre. Il les rallia vigoureusement, leur adjoignit une compagnie de quinze arquebusiers de sa garde sous le commandement d'un capitaine et les renvoya au-devant du cardinal. Aussitôt que les deux troupes se rencontrèrent, les soldats du gouverneur furent entourés par les gens du prélat, dix fois plus nombreux, et mis en fuite. Montmorency monta alors à chevala avec bon nombre de gentilshommes de l'une et de l'autre religion, parmi lesquels était Antoine de Croy, prince de Porcian, autrefois l'ennemi du connétable, maintenant le partisan des Montmorency et huguenot déterminé. Il arriva par la rue Saint-Honoré et se heurta, près de l'église des Saints-Innocents, au coin de la rue Saint-Denis, au défilé de l'escorte. La tête de la colonne était sans armes et ne fut l'objet d'aucune menace ; mais, quand passèrent les arquebusiers, le maréchal leur fit commander de déposer les armes. Au milieu du tumulte, l'un d'eux biche son arquebuse et tue un gentilhomme de la suite du prince de Porcian. Ainsi provoquées, les troupes du gouverneur chargent les soldats du cardinal, en tuent plusieurs et dispersent les autres. Le prélat terrifié saute de cheval et se réfugie avec ses neveux dans la boutique d'un cordier appelé Garrot[62]. Le jeune duc de Guise, un pistolet à chaque main, voulait poursuivre le combat et charmait par son attitude martiale ses compagnons de voyage ; mais son oncle l'entraîna dans sa fuite. Un serviteur, en fermant la porte du cordier, tomba mort d'un coup d'arquebuse. Montmorency connut bientôt le lieu de la retraite des Lorrains ; la maison était facile à forcer ; il semble qu'il en eut la tentation ; mais la sagesse l'emporta sur la haine ; il rappela ses gens et les entraîna loin du champ de bataille. Suivant un rapport communiqué à l'ambassadeur d'Espagne, Montmorency était l'agresseur, et, dés le premier moment, en abordant le cortège du cardinal. il commanda une décharge qui renversa des hommes et des chevaux. Lui-mérite s'élança le pistolet au poing et, saisissant un gentilhomme qui ressemblait au prélat, il lui cria : Tu vas mourir, cardinal, meurs ! Et il le tua. Charles de Lorraine ne répondit à cette attaque qu'en ordonnant à ses gens de ne pas tirer ; mais, au milieu du tumulte, quelques arquebusiers ne comprirent pas l'ordre et plusieurs hommes de la compagnie du prince de Porcian furent frappés. Le duc de Guise se prit au maréchal et Montmorency ne put échapper à son jeune adversaire qu'en se jetant à bas de son cheval[63]. Dans ce récit, dicté par la passion, certains détails sont contredits par tous les témoins, d'autres semblent appartenir à la légende plutôt qu'à l'histoire. Le soir, quand la nuit fut venue, le cardinal sortit de sa cachette, traversa le pont Notre-Dame à pied et se retira dans son hôtel de Cluny. Il y trouva le duc d'Aumale qui, averti de la mésaventure de son frère, était entré sans bruit par la porte du Louvre. Les deux Lorrains tinrent conseil. Un appel aux armes était impossible ; d'ailleurs ni l'un ni l'autre n'étaient doués des qualités nécessaires à la lutte. Ils passèrent la nuit dans l'angoisse. Le lendemain et le surlendemain le cardinal et le duc se tinrent cachés, pendant que Montmorency prenait plaisir à les épouvanter par le développement de ses forces. De gros détachements de gens de pied et de cheval, l'écharpe blanche au chapeau, passaient et repassaient sous les fenêtres de l'hôtel de Cluny en proférant des menaces contre les Guises. Le peuple, toujours admirateur des actes énergiques, chantait des pasquils insolents qui se terminaient par : Mort aux Lorrains ! ou : Fi, fi du cardinal ![64] Le jour même du combat, à quatre heures du soir, le maréchal était entré au Parlement et avait raconté ce qui s'était passé, le priant, dit-il, de tenir la main à la justice comme je tiendrois la main à la force. n La Cour en majorité se composait de guisards. Cependant aucun conseiller n'osa protester, et le premier président répondit au maréchal que tout ce qui estoit passé n'estoit rien, mais qu'ils désiroient pour la continuation du repos.... qu'on n'en vint plus avant[65].... Cependant la Cour fit dresser une information par les conseillers Adrien du Drac et Robert Bouette[66] Le prévôt des marchands, Claude Guyot, seigneur des Charmeaux[67], porta au maréchal la lettre de dispense que le cardinal avait reçue du roi et pria le gouverneur, au nom du premier président et du procureur général, de permettre à l'infortuné prélat de sortir de Paris sans l'obliger à donner à sa sortie l'apparence d'une fuite. Le maréchal répondit que si le cardinal voulait lui-même remettre au gouverneur une copie des lettres du roi et l'état de ses gardes, il l'autoriserait à traverser la ville avec un train conforme à son rang. Cette réponse fut donnée par écrit et signée de la main de Falaise, secrétaire du maréchal[68]. Claude Guyot eut la sagesse de la supprimer pour ne pas envenimer la querelle, mais il en communiqua officieusement la substance au cardinal[69]. Le soir même, le mercredi r t janvier. à deux heures du matin, Charles de Lorraine s'esquiva de l'hôtel de Cluny avec le duc d'Aumale, en petit équipage, arme seule. ment de lanternes, se retira au château de Meudon[70], et bientôt après dans son archevêché de Reims. Cependant François de Montmorency n'était pas sans inquiétude sur les suites du tumulte du 8 janvier. Tout le favorisait pour le moment, la présence du connétable à la cour, l'éloignement des Guises ; mais l'avenir pouvait lui réserver de grands revirements. Le jour même du combat, il adressa à la reine-mère la lettre suivante afin d'atténuer l'importance de sa victoire : A la Royne. Madame, depuis hier soir ma lettre escripte j'ay esté ce matin au Parlement où j'av remonstré que, lorsque je pensois avoir un peu de relâche, volant le repos de cette ville et de tout mon gouvernement, il m'a fallu revenir pour le différend d'entre madame de Valentinois et sa petite-fille qui attirait grande querele, et aussi pour ce qu'ailleurs faisaient porter par leurs gens à découvert harquebuscs, pistai-lets et autres armes deffendues par les ordonnances du roy. A quoy voulant pourvoir, j'avois commandé à mes prevosts de les chastier et priais que de sa part la justice ordinaire feist le semblable ; leur déduisant qu'ung chacung qui venoyt ici debvoit estrc en la protection du roy et en la mienne, puisque je le représentais en son absence, et que je maintiendrais un chacun en seureté, suivant ses édits. sans souffrir qu'ils feussent aulcunement entrains. Et à ceste fin me feroys-je accompagner bientôt, de sorte que le roy et moy, son lieutenant, seroient les plus forts pour chastier les désobéissants. Ils ont tous advoué mon dire raisonnable. Ce que m'a semblé devoir taire entendre à Votre Majesté ; ensemble que, voulant le président Duhoys s'ingérer à faire le procès de ceux qui crochetèrent les paquets à Milly, et la vollerye faicte au sr de Longjumeau durant les troubles, je ne l'ai voulu permectre. Et pour les premiers j'ay requis Votre Majesté d'envoyer une soumission au lieutenant criminel pour faire le procès aux susdits crocheteurs de paquets. Et si ay fait délivrer Faurev et Fanchon pour ce que celui qui adroit fait l'exploit avoit mis que c'astoit par mon commandement : ce que j'ai désadvoué. Madame, apprés mon disner, mes prevosts m'ont mandé qu'ils 'festoient assez forts pour prendre plusieurs harquebnziers et pistolliers qu'ils voioient et qu'ils en avoient trop sur les bras ; qui m'a meu incontinent monter à cheval. Et estant arrivé au coing de Saint-Innocent, j'ay veu passer par la rue Saint-Denis les gens du cardinal de Lorraine, entre lesquels quand j'en ay veu qui avoient des armes deffendues, je leur ay fait commander de les rendre, et, au lieu d'obéir, ont tiré un gentilhomme de Mr le prince Porcian, nommé Mondseu[71]. Qu'a esté cause que j'ay ung peu rudement faict aster les dites armes. Et puis assurer Votre Majesté qu'en toute la rue Saint-Denys le roy a esté obéi sans que jamais un seul bourgeois de ladicte rue art faict semblant d'y prendre aulcun desplaisir. Aussy ay-je bien gardé qu'on ait faict tort ni empeschement à tous ceux qui n'avaient point d'armes deffendues, comme à Lignères, La Vallée et Crenay et plusieurs aultres. Ledit cardinal s'en est allé cependant par aultre chemin passer à pied sur le pont Notre-Dame, accompaigné de quelques harquebusiers aussy à pied ; s'est logé dans son hotel de Clugny, où bientôt après est arrivé son frère, le duc d'Aumalle, en s'accompagnant de leurs amis et serviteurs. De ma part, pour esviter aux inconvénients, j'ai retiré auprès de moi mesdames la douairière de Nevers, comtesse de Sévigny et princesse de Porcian, où elles seront en seureté, et avec elles monsieur le prince de Porcian, qui m'a accompaigné aujourd'hui pour le service du roy avec plusieurs gentilshommes. Et se sont tous si saigement gouvernés que j'ay grande occasion de m'en louer et le faire entendre à Votre Majesté, et que, s'ils eussent estés portés d'aultre passion que du service de -votre dite Majesté, ils avoient un moyen d'exécuter ce qu'ils eussent voulu. Je vous asseure, Madame, que la force demeurera au roy et à vous, et en leur absence à moy, puisque j'ay cet honneur de tenir ici celuy que je y tiens. J'ay esté à quatre heures du soir au Parlement, auquel j'ay fait entendre comme tout s'estoit passé, le priant de tenir la main à la justice comme je tiendrois la main à la force. lis m'ont respondu que tout ce qui estoit passé n'estoit rien, et que j'avois bien faim, mais qu'ils désiroient, pour la continuation du repos où j'ay estably ceste ville, qu'on n'en vint plus avant, et que ledit cardinal s'excusoit de ce qu'il avoit permission de Vos Majestés de mener garde pour faire porter à ses gens telles armes qu'il lui plaisoit en cette ville et partout. A quoy j'ay répliqué que c'estoit à moy à l'ignorer, que j'estois lieutenant du roy et que c'estoit présomption à luy si ne m'advertissoit de sondit congé et du nombre des gens armés qu'il entretenoyt, afin que, pour un homme armé qu'il auroit, j'en eusse trente. De quoy j'ay bien le moyen puisque le roy m'a faict cet honneur de me mettre en main le commandement sur les armes. Duquel je n'uzerai jamais que pour le service de Sa Majesté et la faire obéir d'un chacun, soit cardinal ou autre, de quelque qualité qu'il soit. Madame, je vous supplie ne vous troubler pour l'entreprise dudict cardinal et des siens, car je mettray bon ordre, tant qu'ils seront dans mon gouvernement, de les faire contenir en leurs limites. Ainsi que plus particulièrement vous dira le sieur de La Serre, present porteur, suivant la charge que je luy ay ordonné, s'il plaît à Votre Majesté lui donner audience, sur lequel me remettant, je supplieray le Créateur, Madame, vous donner en parfaite santé et prospérité très bonne et longue vie. Paris, ce VIII janvier 1564. Votre très humble et très obéissant subjet et serviteur, DE MONTMORENCY[72]. Trois jours après, le lendemain de la sortie du cardinal, François de Montmorency écrivit à la reine de Navarre. Sa lettre, beaucoup plus développée que la précédente, contient des détails nouveaux : A la reine de Navarre. Madame, j'eusse pensé faillir si je ne baillais à monsieur de Passy ceste lettre pour me ramentevoir toujours à rostre bonne grâce et souvenance et aussi pour vous advertir qu'il y a six mois et plus que j'ay dit en la présence des cardinaux, arcevesques, évesques, chevaliers de l'ordre, seigneurs, gentilshommes, présidens, conseillers et gens de tous estatz, mesmes d'aucuns serviteurs du carda de Lorraine, que, pour plusieurs bonnes et importantes raisons, j'estais délibéré de ne souffrir entrer en mon gouvernement de l'Isle-de-France led. cardinal avec sa garde d'harquebusiers. Et, estant dimanche arrivé bien tard en ceste ville, le lendemain matin j'allay au Parlement, où je déclaray que je ne pouvais ni devins comporter que led. cardinal entrast en ceste dicte ville avec sa garde d'harquebuziers, et au contraire que. s'il venait sans garde souks la protection du roy et de son lieutenant général, qu'il y seroit le très bien venu et que je donnerois ordre qu'il y serait en toute seureté ; mais aussi, s'il y venoit avec équipaige d'armes défendues, je luy ferais apprendre, comme à ung ehascun, de se contenir deça les limittes de sa vaccation et d'obéir aux édits du roy. Vous sçavez bien, Madame, qu'il avait bien quelques serviteurs en ceste compaignie pour l'en advertir. Et néammoings, l'asprès dînée, il ne laissa de partir de Saint-Denys et d'entrer en ceste ville avec la susd. garde et avccques telle trouppe que mes prévostz, que j'avois envolé pour constituer prisonniers ceulx qu'ils trouveraient portans armes deffendues, m'advertirent qu'ilz avoient trop de gens sur les bras et ne pouvoient exécuter mes commandemens. Par quoy je y envoyai quinze harquebuziers de ma garde, conduits par leur cappitaine, lesquelz, soudain qu'ilz feurent apperceuz des gens dud. cardinal, furent par eux environnés, leur présentans arquehuzes et pistolles à l'estomac, tellement qu'il me fut force de monter à cheval avec bon nombre de gentilshommes de l'une et l'autre religion ; car, Dieu mercv, les ungs et les autres m'obéissent volontiers en ce que je leur commande au nom et pour le service du roy. Le train dud. cardinal fut par mov rencontré au coing de Saint-Innocent ; et laissa), passer tous ceulx qui ne portoient aucunes armes deffendues. Mais quand j'apperceuz des harquebuziers et pistolliers, je m'avançay dans la rue Saint-Denys et leur fis faire commandement de mettre les armes bas. Et pour ce que, à ceste abordée, au lieu de m'obéir, un des harquebuziers dud. cardinal tua ung des gentilshommes de ma compaignie, tout ce qui fut rencontré armé fut désarmé un peu plus rudement que je n'avois délibéré. Toutefois ne fut faicte aucune offense à Lignères, La Vallée, Crenay, Villegaignon et Fossé et autres qui ne portoient armes défendues, et les feiz préserver. Led. cardinal se saulva dedans une maison aisèe à forcer. Mais pour ce que j'avois en ma compaignie assez de gens qui ne l'aymoient guières. je outre passay et feiz outre passer à toute ma compaignie lad. maison, affin de luy donner moyen de se retirer à pied dedans son hostel de Cluny. Il n'y a homme de guerre qui sache que c'est de commander, un homme de jugement, de quelque qualité qu'il soit, qui puisse excuser led. cardinal d'avoir desdaigné le roy, puisqu'il a tant desdaigné son lieutenant général que d'entrer, non seullement en mon gouvernement, mais aussi en la ville cappitale de ce royaulme avec armes deffendues sans m'en advertir. S'il avoit quelque congé, c'estoit à luy le monstrer et à moy l'ignorer pour le lieu que je tiens. Et pour ce il bailla au premier président mardv dernier au soir pour me monstrer ung congé qu'il a de faire porter à ses gens armes deffendues des le mois de février dernier, signé Bourdin. de par la rovne ; laquelle, usant de son accoustumée prudence et sagesse, ne luy a donné qu'ung simple congé qu'on ne refuze ordinairement à tous ceulx qu'on sait avoir querelle. Et, soubz prétexte dud. congé, led. cardinal se veult attribuer garde de harquebuziers et cappitaine de garde, chose quoy que S. M. tant advisée ne pensa jamais, d'aultant qu'elle feroit tort à messeigneurs ses enfans et à la maison de France, et pour ce que, entre tous ceulx qui sont nez subjects du roy, il n'y a que ceulx qu'il plaist à S. M. tant honorer que de leur donner commandement sur les armes. Toutesfois, voyant led. congé, je n'en parlay poinct. Seullement je dis que quand led. cardinal m'envoieroit le nombre et le nom de ses gens auxquelz il entend faire porter armes deffendues au gouvernement de l'Isle-de-France, en forme authentique, attaché aud. congé, deuement collationné, j'en ordonnerois selon le dire de ma charge. Sur cella il partit mercredy matin à deux heures avant jour avec dus lanternes et se retira à Meudon, où, et partout ailleurs où il sera en mon gouvernement, il ne luy sera souffert faire chose qu'il ne doibve faire pour faire obéir le roy et révérer ses ministres chacun selon son regard et vaccation. Ce que j'ay bien voullu faire entendre à V. M., d'autant que vous estes la princesse du monde de qui je désire plus mes actions estre approuvées, et que je m'assure qu'il vous plaira me faire test honneur et ceste gràce en tous endroitz de soutenir la justice de 'ma cause, sans croire les artifices dont ont accoustumé d'user ceulx qui se veulent attribuer en France plus de grandeur que les saintes loir ne permettent. Une entreprinse déclairée six mois auparavant et déclairée le jour mesure au Parlement ne peult estre dicte secrète. Et peulx dire avec vérité que j'ay préservé la vie sud. cardinal, ayant eu assez d'occasion de luy mal faire pour avoir veu ung des gentilshommes de ma suite tué par les siens près dud. cardinal. Que je ne me soucye pas s'il m'en sçait gré, d'aultant que je ne l'ay poinct faict pour l'amour de luy, mais pour ce que j'eusse esté marry qui ung tel inconvénient feust advenu en mon gouvernement et en ma présence. S'il a eu ung alarme, il l'a voullu et recherché luy-mesme. Et devoit penser que mes prédécesseurs ont de sy longtemps servy à la couronne et de sy grandes charges que je doibs bien entendre et faire mon estat. J'honore le collège dont il est, mais je ne puis honnorer quelconque mesprise mon roy, ses édicts et saintes lois, establissemens de ce royaume. Ce que la noblesse trouve sy bon qu'il y a desjà plus de 3.000 gentilshommes, qui seront dedans quatre jours en ceste ville, si je veulx. Par où vous cognoistrez que lad. cardinal et les siens n'ont quières de parti en ce royaulme, quoyqu'ils se soient voulu vanter ; aucuns disant qu'il avait confiance au peuple de Paris ; mais je à trouvay en plaine rue Saint-Denys et personne ne se bougea, respectant ung chascun mes qualités. De quoy, Madame, je m'asseure que serez bien aise pour le bien que je scay que V. M. veult à ce royaume qui ne retournera poinct aux troubles, sy chacun endroict soy y veult tenir la main au proffict du roy, contentement de ses fidèles subjects et à la gloire de Dieu. Que je supplie, après vous avoir présenté mes très humbles recommandations à s'osera bonne grâce, vous donner, Madame, en parfaite santé et prospérité très bonne et longue vye. De Paris, ce Xme jour de janvier[73] 1564. Vostre très humble et très obéissant serviteur, François DE MONTMORENCY[74]. Quelques jours après, le 15 janvier, le gouverneur de Paris écrivit a Louis de Bourbon. duc de Montpensier, prince sage et mesuré, qui s'était laissé entraîner à des excès de répression contre les huguenots pendant la première guerre civile, mais qui, depuis la paix, représentait ouvertement le parti de la conciliation Jans les conseils du roi[75]. Ces trois récits sont confirmés, au moins dans leurs points essentiels, par les historiens du temps les mieux informés, notamment par le journal de Bruslard et l'histoire de De Thou. Mais il est juste de donner place aux exposés de la partie adverse. Voici le rapport qui fut adressé de Paris à l'ambassadeur espagnol, Francis de Alava[76]. Le lecteur ne doit pas oublier que, dès les premières années du règne de Charles IX, la politique de Philippe II soutenait les Guises et le parti catholique. Hier[77] est entré à Paris, après avoir resté trois ou quatre jours à Saint-Denis, le cardinal de Lorraine, accompagné de M. de Guise, de plusieurs seigneurs et de chevaliers de l'ordre et de arquebuziers de sa garde ordinaire, au nombre de trente, et de environ deux cents chevaux montés par toute sorte de personnes en habit de voyage et non pas de guerre. Arrivé à la rue Saint-Denis, le cardinal fut conseillé de se sauver, car il couroit danger de la vie. Tout d'un coup il vit venir M. de Montmorency, armé de pied en cap, avec le prince de Porcian et nombreuse compagnie. Le cardinal, ordonnant à sa suite de ne pas faire feu et lui disant à haute voix que si elle faisoit autrement elle lui causeroit du déplaisir, se retira dans une maison. A peine y fut-il entré qu'on fit une décharge d'arquebuse dont quelques halles battirent la porte et les murs de la maison. D'autres atteignirent cinq ou six hommes et plusieurs chevaux des arquebusiers de sa garde ; l'une tua un gentilhomme du cardinal. Quelques-uns de sa suite ripostèrent aux assaillants, mais en petit nombre, à cause de l'ordre que le cardinal avoit donné. Il y eut un mort et quelques blessés parmi les gens du prince de Porcian. Montmorency et ses soldats, voyant le cardinal et ses neveux en sûreté, se retirèrent. Bientôt après, le cardinal, traversant la ville à pied, au milieu de sa garde, se retira à son hôtel de Cluny où les blessés furent visités par un médecin qui prétend leur sauver la vie. La ville n'y fit aucune attention. Il est vrai que la querelle cessa promptement. M. d'Aumale n'y assistoit pas, et il en a eu un grand regret. Je l'ai vu passer en petite compagnie et en habit de voyage. S'il oust assisté à cardinal, l'affaire se seroit passée d'une autre façon. Le prince de Porcian se retira aussitôt au Louvre. L'un et l'autre partis se sont grossis et recrutent tous les jours du monde. Le cardinal n'a pas osé rester chez lui et il est parti pour la campagne. Montmorency a parcouru aujourd'hui la ville avec quatre cents chevaux. On a remarqué que tous les gens de sa suite portoient une bande blanche à leur chapeau pour se distinguer de l'autre parti. On dit qu'il a convoqué les gens d'armes de l'amiral et d'autres de ses partisans et qu'il a écrit à l'amiral lui-même, mais je ne crois pas que l'amiral vienne à Paris. Tout au plus enverra-t-il quelques soldats. Cette coiffure à bande blanche a excité des murmures. Beaucoup disent que c'est un commencement de faction ou de sédition et une inconvenance de la part du gouverneur de la ville[78]. Le fait est jugé diversement suivant les passions de chacun, mais il est certain que Montmorency est l'agresseur. Beaucoup de témoins rapportent lui avoir entendu dire, en arrivant sur le cardinal, tenant un pistolet d'une main et le saisissant de l'autre : Tu vas mourir, cardinal, meurs ! En même temps Montmorency fit feu sur un gentilhomme qui ressembloit beaucoup au cardinal. Un Génois de la compagnie de M. de Guise m'a dit aujourd'hui que Montmorency se jeta de cheval pour ne pas être frappé par le jeune duc de Guise[79]. La fuite du cardinal de Lorraine et du duc d'Aumale laissait le gouverneur dans l'ignorance de leurs projets. La reine-mère faisait nourrir à Paris sa fille Marguerite, alors âgée de douze ans[80], et à Saint-Germain, sous le préceptorat du sieur de La Bourdaisière, son dernier fils, Hercule de Valois[81]. Les deux petits princes se visitaient souvent[82]. Le maréchal ne pouvait oublier que, trois ans auparavant, Jacques de Savoie, duc de Nemours, l'un des guisards les plus déterminés, avait essayé d'enlever le duc d'Anjou, le troisième fils de Catherine de Médicis[83]. Le 11 janvier, Montmorency offrit à La Bourdaisière du secours en cas de besoin et une garnison au château de Saint-Germain. La Bourdaisière refusa et communiqua immédiatement cette démarche à la reine. Sa lettre est celle d'un courtisan prudent, qui craint de se compromettre et qui dans aucun cas ne veut prendre parti : A la Reine, ma souveraine dame. Madame, j'ai différé jusqu'à présent d'envoyer devers Votre Majesté, estimant qu'elle sera si advertie par les deux parties de ce qui est intervenu lundy dernier à Paris, qu'elle en pourra estre esclaircie la vérité avant l'arrivée de ce porteur, auquel tant s'en fault que j'en vueille rien escrire par luy ni que je luy ayc donné commandement et charge d'en porter, que au contraire, s'il s'en avance en rien, c'est contre mon commandement, et l'en désadvoue de tout. Dont, Madame, sa charge est seulement, après avoir adverti Votre Majesté que hier après disner mons. le maresehal de Montmorency m'envoya un nommé La Junchée (?) avec lettre de créance, lequel fut de me conter le faict comme il s'estoit passé et que messieurs le cardinal de Lorraine, d'Aumalle et de Guyse s'estoient retirés à Meudon, où ils assembloynt grandes troupes, et pour ce que c'estoit près d'icy, qu'il se délibéroit de m'envoyer une bonne troupe pour la seureté et garde de monseigneur votre filz, et que de l'autre costé il assembloyt gens pour garder qu'il n'adveint aucun inconvénient à Paris. Ma response fut que mondict seigneur votre fils estoit en mayson si forte que, Dieu aydant, je l'y pouvois gardé tant qu'il m'eust envoyé secours dont je le requerroys si je voyois d'en avoir besoing, et que cependant, pour éviter la foule et crierie du pauvre peuple, je le suppliois voulloir laisser jouer mon petit maitre en liberté accoutumé avec la garde qu'il avoit pieu à Vos Majestés lui ordonner ; qu'il plaise à Vos Majestés avoir préveu les choses de deçà tendent et où elles peuvent tomber, son bon plaisir soit de me faire escrire ce qu'il luy pleist que je face, ne me sentent si dépaysé ni desprouveu d'amys et de moyens que je ne luy puisse faire service et Dieu aydant lui rendre aussi bon compte de la personne de monsr votre fils sans me rendre en quelque façon que ce soit partial, comme Dieu m'a filet la grâce de le faire en temps plus trouble que celuy-ci ne sera si luy plaist. Mondict seigneur vostre fils est, Dieu merci, en santé accoutumée. Madame, je prie le Seigneur donner à Votre Majesté parfaicte santé, très longue et très heureuse vie. De Saint-Germain ce 11 janvier. De Votre Majesté Très humble et très obéissant subject et serviteur, LA BOURDAISIÈRE[84]. Le duc d'Aumale était sorti de Paris altéré de vengeance. De Meudon il se transporta à Saint-Denis, à Carrières, à Dampierre, racola quelques gens de guerre et inaugura une série de rapines plus redoutables pour les bourgeois inoffensifs que pour le gouverneur de Paris. Celui-ci, se sentant menacé, au moins dans son œuvre de pacification, ne resta pas sans défense. On a vu dans la lettre adressée à Jeanne d'Albret que, au premier bruit de la querelle, les ennemis des Lorrains s'étaient ébranlés comme un seul homme et étaient venus se ranger sous la bannière de Montmorency. Le maréchal ne s'en tint pas aux volontaires. Il appela à Paris la compagnie de son frère, Charles de Montmorency, seigneur de Meru, et celle de l'amiral de Coligny[85]. Dans peu de jours, le gouverneur eut réuni une petite armée de plus de 700 hommes d'armes qu'il logea dans les villages voisins[86]. L'amiral vint lui-même à Paris, le 22 janvier, avec une suite de soixante-dix gentilshommes. Aussitôt après l'arrivée de Coligny, Montmorency, convoqua en conseil Guillaume Viole, évêque de Paris[87], Claude Gouffier de Boisy, grand écuyer de France, Hurault de Boistaillé, le négociateur si mal accueilli par le cardinal, et les présidents du Parlement Christophe de Thou, René Baillet, Pierre Seguier et Christophe de Harlay. Coligny fit étalage de ses sentiments pacifiques. Il reçut l'évêque de Paris, le prévôt des marchands et une députation de quarante bourgeois notables ; il harangua le Parlement et y renouvela ses déclarations. Le conseil n'arrêta aucune décision, grâce peut-être à la prudence des magistrats[88]. Cependant le roi avait reçu à Carcassonne la nouvelle du combat de la rue Saint-Denis. Chaque courtisan prit parti pour celui des deux adversaires qui se rapprochait le plus de ses opinions religieuses. Les catholiques parlèrent de guet-apens, du danger auquel venait d'échapper le premier des Lorrains. Les seigneurs du tiers-parti louèrent la discipline que Montmorency maintenait dans sa lieutenance. Heureusement il n'y avait pas de huguenots, au moins avoués, à la suite du roi. Catherine de Médicis, à mesure qu'elle se rapprochait de l'entrevue de Bayonne[89], s'était débarrassée des compagnons de voyage qui pouvaient la compromettre. Dés le premier jour, le roi, bien conseillé, adopta une attitude habile : ne point rechercher les culpabilités de peur d'envenimer la querelle, empêcher la province de s'associer au mouvement. C'est dans cet esprit, éminemment politique, qu'il adressa à ses lieutenants, le 17 janvier 1565, à Honorat de Savoie, comte de Tende, gouverneur de Provence, à Henri de Montmorency, seigneur de Damville, gouverneur du Languedoc, à Jean de Brosses, duc d'Estampes, gouverneur de Bretagne, à Charles de Coucv, seigneur de Borie, et à Blaise de Monluc, gouverneurs de Guyenne, à Jean de Daillon, comte du Lude, gouverneur du Poitou, et à Jean Prévost, baron de Sansac, gouverneur de l'Angoumois, la lettre suivante qui leur donnait le mot d'ordre[90]. Nous publions, d'après l'original, celle qui est adressée à Damville. A mon cousin, Monsieur de Damville. Mon cousin, je viens d'estre adverty présentement comme, estant à Paris, mon cousin. le maréchal de Montmorency, qui en est gouverneur, il sut qu'il y arrivoit quelques gens avec harquebuses et pistollets, lesquelles ayant commandé à son prévost leur oster, d'aultant que c'estoit contre mes édicts, ils luy mandarent qu'ils n'estoient assez forts ; où luy-mesme en personne estant allé, il trouva que s'estoient des gens de mon cousin le cardinal de Lorraine qu'il meyne pour sa garde. Et d'aultant qu'en leur voullant faire laisser les armes, il y eust quelque rumeur, ou il fut tué ung homme de chacun cossé, et que je ne doubte point que ceste nouvelle courra par tout, portée par ceux qui désireroient peut-être qu'elle feust cause de troubler le repos publicq, je vous en ay bien voulu advertir athn que n'en soyez en peine, mais pour évitter que les meschans nen facent leur proffit. Je vous prye donner ordre dans votre gouvernement que rien ne s'esmeuve pour cela et qu'il n'en parte point de noblesse d'une part ny d'autre pour aller à la lisle ; d'aultant que c'est un cas fortuittement arrivé, où il n'y a rien meslé de la religion, qui est la cause pour laquelle principallement la noblesse par cy davant s'est esmeue. Et oultre cela je y ay tellement pourveu que, je m'assure, elle ne passera plus avant, de facon que leurs allées n'y peuh estrc nécessaire. Vous scavez de quelle importance est cela pour le repos du royaume. Et pour caste occasion je vous prie tenir la main, la plus ferme que vous pourrez. à ce que personne, pour ceste légère cause, ne se remue ni parte de sa maison, mais qu'ils vivent et continuent au repos et tranquillité là où ils sont, sur peine d'estre bien chastiez là où après votre commandement ils y contraviendront. Priant Dieu, mon cousin, vous avoir en sa sainte et digne garde. De Carcassonne, le XVIIe jour de janvier 1564. CHARLES[91]. ROBERTET. Quelques membres du conseil proposèrent de rappeler François de Montmorency et de le remplacer par un autre lieutenant. Mais le connétable défendit son fils avec son âpreté ordinaire et signifia qu'il ne pouvait être suppléé que par son autre fils, Charles de Montmorency, seigneur de Méru[92]. La reine laissa tomber la proposition. Le roi ne répondit au gouverneur de Paris que le 22 janvier. Il lui avait écrit la veille, mais la lettre du 21 est muette sur l'incident du jour ; elle ne traite que d'une taxe imposée aux marchands de papier de Paris[93]. Peut-être Catherine était-elle encore indécise sur le langage à tenir à Montmorency. Voici la lettre du 22 janvier. Le lecteur sera frappé de son insignifiance ; nous y retrouvons la ferme volonté de clore l'incident : Mon cousin, j'ay eu grand plaisir que toutes choses de delà soient en si bon estat et que les nouvelles que nous en ayons eues n'ayent apporté autre mal, vous priant, pour le plus grand et le plus agréable service que sous me sauriez faire, donner ordre que tout y aille de bien en mieulx et prévoir toutes occasions qui y pourroient apporter aultre chose que ne requiert le bien de mon service et le repos que je désire y voir perpétuellement, que je m'assure axés en assez grande recommandation. Priant Dieu, mon cousin, vous avoir en sa sainte garde. De Carcassonne, le 22e jour de janvier 1564. CHARLES[94]. DE LAUBESPINE. Deux jours après, le roi écrit de nouveau au maréchal et lui envoie son frère, Guillaume de Montmorency, seigneur de Thoré, avec une mission secrète[95], celle, comme on le verra plus loin, de licencier les gens de guerre réunis à Paris. Le 30 janvier, le roi renouvelle ces ordres : Je ne me puis garder de vous dire, mon cousin, que le plus agréable service que vous me sauriez faire est de la descharger (la ville de Paris) et nettoyer de tant de gens que je scat y estre venus pour l'occasion qui s'est présentée, dont, comme je vous ay mandé, vous et moy ne pouvons avoir aucune asseurance.... Cela sera d'un bon exemple pour maintenir plusieurs villes qui ne demandent que l'umbre d'un prétexte pour se bouger et retourner au mal passé[96]. Au milieu de ces délibérations, la cour apprit que le prince de Condé se rapprochait de Paris avec une suite de 30o gentilshommes armés. L'ambassadeur d'Espagne rapporta à la reine, d'après des avis venus de Bruxelles, que le parti huguenot préparait un coup de main sur les villes de Ham, de La Fère, de Saint-Quentin et de Paris, afin de prendre un point d'appui au milieu de l'Île-de-France et de se joindre aux révoltés de Flandre. En même temps on saisit une lettre du prince à l'abbesse de Soissons, dans laquelle il se révoltait, lui, capitaine et général d'armée, contre la soumission duc à une reine étrangère et à un roi de quatorze ans. Bientôt Condé parut sous les murs de Paris, mais il y trouva le gouverneur qui lui refusa les portes. Il entra cependant à la Bastille et soudoya quelques factieux que Montmorency réprima vigoureusement. Dans la lutte, le prévôt de Paris fut tué[97]. Le prince, peu désireux de commencer la guerre, se retira alors vers les frontières de son gouvernement de Picardie et adressa au roi une plainte fortement motivée. La lettre fut lue au conseil du roi et appuyée par le cardinal de Bourbon. C'était une dénonciation en règle contre le maréchal. A cette lecture, le connétable éclata en murmures[98] et déclara que la requête du prince était un manifeste séditieux. Le cardinal de Bourbon se dressa furieux : Parce que le prince de Condé n'est pas Chastillon, dit-il, ni votre neveu, son entrée à Paris vous déplaît, même quand l'amiral y est. Il appartient plus au prince de Condé de se plaindre au roi, car il est de son sang, qu'à vos fils et à vos neveux. Le connétable ne répliqua rien ; la reine-mère leva la séance ; mais le même jour le roi dépêcha un messager au prince de Condé pour lui défendre de reparaître à Paris[99]. L'homme de guerre que la cour redoutait le plus était Gaspard de Coligny. Énergique, d'une bravoure calme, toujours prêt aux grands partis, habile à fanatiser les hommes, l'amiral était la terreur de la reine-mère. En apprenant son arrivée à Paris, elle crut la guerre commencée. Le 2 février, le roi écrivit au maréchal : Mon cousin, vous aurez par ledit sieur de Thoré, votre frère, entendu bien au long mon intention sur l'affaire pour lequel m'avez envoyé encores présentement le sr de Gausseville, et depuis par votre aultre lettre, que je vous feis avant hier. Sur quoy je veux croire que vous serez résolu de décharger Paris de tant de gens qui n'y servent de rien. Depuis j'ay seau, par la dépéche dudit Gausseville, la venue en ladite ville de mon cousin l'Amiral, et avec quelle prudence vous avez regardé et considéré ce qui despendoit de mon service en cet endroit ; aussi le soing, bon ordre et diligence dont vous avez usé pour aller au devant Je tous inconvénients, chose qui me donne daultant plu, grand contentement de vous et de votre affectionnée bonne volonté au bien de mon service. Et pour ce que je ne vois ni ne connois par tout cella encor chose qui me puisse rien faire changer de ma première résolution, de laquelle je vous av adverty par votre dit frère, j'ay advisé vous renvoyer ce porteur et par luv vous faire derechef entendre, mon cousin, que mon intention est, veulx, vous prie et ordonne que, suivant ce que vous a dict votre frère, vous donniez ordre de faire retirer et envoyer en leurs maisons tous ceulx qui sont là venus en cette occasion, déchargeant ladite ville et les environs des armes y attirées et approchées, de manière que, par ce moyen, je la voie remise en la paisible tranquillité en laquelle elle estoit auparavant, la tenant en seureté par les bons et doulx moyens que vous faisiez auparavant. En attendant et sur le contenu en la dépéche dudit Gausseville et aultres advis que j'ay eus de delà et que j'ay sceu d'ailleurs, vous entendrez plus au long mon intention du sr de Gonnort que je fais partir pour vous aller trouver ; l'allée duquel me gardera vous faire sur ce plus longue lettre. Priant Dieu, mon cousin, vous avoir en sa garde. De Toulouse, le IIe jour de février 1565. CHARLES. DE LAUBESPINE[100]. Lorsque cette lettre arriva à son adresse, l'amiral avait quitté Paris. Il était parti fièrement, avec sa troupe de gens d'armes, le 30 janvier, en médiateur satisfait d'avoir rétabli l'ordre dans la capitale du roi[101]. Le roi écrivit aussi à D'Andelot dont il craignait l'esprit brouillon et l'impétuosité. Monsieur d'Andelot, je crois que vous avez esté bien adverti de ce qui est passé à Paris entre mes cousins le cardinal de Lorraine et maréchal de Montmorency, et comme, Dieu mercy, les choses se sont en fin accomodées de façon que le sieur cardinal est à Reims et mon cousin le s. d'Aumalle en sa maison. Toutes fois mon cousin l'amiral votre frère ayant été, ce que j'ai pu entendre, mandé par le maréchal de Montmorency, craignant qu'il eust affaire de secours et de forces, sest acheminé jusques audit Paris avec bonne trouppe pour le secourir, où ayant trouvé les choses en l'estat que je le vous mande, il m'escrit n'y avoir voulu séjourner davantage et sen est incontinent retourné en sa maison. Et, pour ce que je ne doubte point que n'en ayez eu lallarme et que cette nouvelle vienne à vous, et, voiant votre frère pour cette occasion s'acheminer de là vous vous soyez préparé pour le suivre, je vous en ay bien voulu escripre pour vous avertir de l'estat en quoi sont les choses de delà et du contentement que j'ay dudit sieur admirai de ce que il s'est si promptement retiré délaissant la ville au repos et en la tranquillité là où elle est. Et vous prie et commande expressément, si vous estiés en chemin, de faire comme lui, vous retirant chez vous pour y vivre au mesme repos que j'ay sceu que vous y avez fait depuis que vous y estes. Ayant de votre part travaillé à contenir ceux de votre religion en toute paciification, obéissance et observation de mes édictz, dont je vous puis asseurer que j'as tout le contentement et satisfaction que pouvez désirer, comme en toute occasion je cous feray très bien paroistre. Et n'ayant autre chose à vous dire je prieray Dieu, monsieur d'Andelot, qu'il vous ait en sa sainte et digne garde. De Thoulouse, février 1564. CHARLES[102]. Le 3 février, autres ordres dans le même sens et envoi du chevalier Michel de Seure, capitaine cl négociateur fort avant dans la confidence de la reine[103]. Le 6 du même mois, nouvelle injonction plus impérieuse et plus pressante : Mon cousin. Encores que j'aye certaine assurence et vois bien que vous n'obmettez aulcun soing, debvoir et diligence pour faire observer et garder nies édicta et ordonnances sur le faict du port des armes, néantmoings, ayant intiniz advis que plusieurs personnes au mesprit diceux et sans respect de l'obéissance qu'ils me doibvent, dont l'intention ne peut estre bonne, vont par les champs armés de toutes armes prohibées, mesme portant cuirasse, corseletz, chemises et manches de mailles, harquebuzes, pistolles et pistolletz, dont sont advenus plusieurs meurtres, voileries, assassinats et outrages sur mes pauvres subjets, et que aucuns coupables de grands crimes, craignans la justice ou pour aultres sinistres occasions et intentions, sacompaignent et font amaz et assemblée de gens portans lesdites armes, cheminent et vont par pays au grand contemnement de mes commandements et de ma justice, chose qui me déplaist tant que je veux employer tout moien pour arrester le cours d'une si téméraire désobéissance en faisant chastier le contrevenant. je vous prie à ceste cause. sur tout le service que désirez me faire, donner ordre de faire de nouveau publier en votredit gouvernement et réitérer les defenses et prohibitions par moy faictes de porter les armes, à ce qu'ils aient encores moings d'occasion de les ignorer, négliger ou enfreindre, semblablement les prohibitions à toutes personnes de sortir hors du votre gouvernement en armes pour aller ne marcher en aucun autre lieu, si ce n'est par votre exprès commandement et permission ; et néantmoins pourvoir si diligemment et soigneusement en votredict gouvernement, que tous ceux qui s'y trouveront, assembleront ou passeront avec telles armes, aultres que ceulx auxquels par mesdites ordonnances est permis les porter, soient arrestez avec leurs dites armes et chevaulx et mis en justice, pour are mulctez des peines portées par mesdites ordonnances, advertissant les officiers des villes et magistrats, à ce que chacun de son costé y veuille et face son debvoir pour le bien de mon service et la tranquillité publique de ce royaume. Et si aucuns se levent en trouppes avec lesdites armes pour quelque occasion que ce soit, ayez y l'œil pour en entre adverty. Et soudain, avec la force et autorité que vous avez de moy en votre dict gouvernement, faites les prandre et chastier comme ils méritent, sans autre respect que ce que regarde mien commandement, m'advertissant incontinent et à toute heure qu'il en sera besoing de ceux qui se feront chefs desdites troupes et qui se mesleront de faire telles assemblées. Affin que, oultre le debvoir que je m'assure vous y ferez, je y mette d'ailleurs la main si a bon essian que je leur apreigne à mieulx m'obéir. Priant Dieu, mon cousin. vous avoir en sa sainte garde. De Thoulouse, le VIe jour de février 1565. CHARLES. DE LAUBESPINE[104]. Le 12 février, le roi écrit de nouveau au maréchal de
Montmorency. Il a appris le départ de l'amiral et en a ressenti un grand
soulagement. Aussi les éloges corrigent-ils la dureté des précédentes
injonctions : Nous estions incertains des causes de
mi la grande assemblée qu'on disoit se faire à Paris et ès environs, dont
j'ay despuis eue telle lumière que vous estes asseuré, mon cousin, qu'il en
demoure au roy, monsieur mon fils[105], et a moi tout contentement, vous priant croire que nous
avons de si longtemps et tant expérimenté rostre affection et grand debvoir au
bien de ceste couronne, que nous ne doubterons jamais que toutes vos actions
ne tendent là ; et scay aussy que vostre prévoyance est telle que vous regardez
de loin à ce qui vous peut donner moyen de rendre bien compte à rostre
maistre et tant plus soigneusement que c'est une des précieuses choses de son
royaume. Les preuves d'égard et d'amitié s'ajoutent aux louanges. Le
roi devait avoir une entrevue à Bayonne avec sa sœur ainée, Élisabeth, reine
d'Espagne, celle dont la vie et la mort ont défrayé tant de récits
romanesques. De grands préparatifs étaient faits pour donner à cette
rencontre l'éclat traditionnel des fêtes de la cour des Valois[106]. Le roi y
convoqua la maréchale de Montmorency, Diane de France, à défaut de son mari :
Je m'attends aussy que vous ne fauldrez pas à [y] faire trouver ma
cousine, la maréchale, votre femme. Et si le service du roy mon fils pouvoit
porter que feussiez de la partie, je le souhaiterois singulièrement. Mais
vous luy serez beaucoup plus utile par delà[107]. Les témoignages de satisfaction que le roi prodiguait au gouverneur de Paris ne l'empêchèrent pas de renouveler ses instructions pacifiques. Le lendemain du jour où il le félicitait si vivement, il lui envoya comme conseiller le cardinal Philibert Babou de la Bourdaisière, évêque d'Auxerre, personnage modéré, qui jouissait de la confiance générale[108]. Le 17 février, le roi ordonna à tous ses lieutenants de faire publier à nouveau les défenses et prohibitions de porter et s'assembler en armes[109]. Le 19, il adressa encore des éloges au gouverneur de Paris : Mon cousin, je vous ay tant escript le contentement que j'ay du service que vous me faites par delà et du bon ordre que vous donnez par tant que, avecques la response que vous faict la reine ras mère, je ne voys pas qu'il soit besoing de vous faire longue lettre[110]..... Le roi prit de nouvelles mesures pour l'embellissement de la ville, moyen facile et sûr de conquérir le cœur des Parisiens. A monsieur de Montmorency. Mon cousin. J'ai esté grandement satisfait, au retour du chevalier de Seure, de beaucoup de choses qu'il m'a dites de votre part et de cc qu'il a apprins et cogneu en son voyage, mesmement du repos et tranquillité en quoy il a laissé Paris, qui ira, comme je m'asseure, tousjours de bien en mieulx par votre prudence, et le bon ordre que vous y mettrez, ce que je ne vous veulx autrement recommander, sachant l'affection que vous portez à ce qui m'est agréable. Au demourant, pour ce que je désire que le dessain que j'ai faict d'accroistre et embellir Paris, s'exécutte plustôt aujourd'hui que demain et que l'on y commance du costé des Thuilleries, je vous prie voir ce que j'en escript au presvost des marchands et échevins, et, suivant cella, donner ordre que dès ceste heure l'on mette la main à la besoigne d, ce costé là et que l'on commance au boulevard qui est auprès de la rivière, suivant les dessaings que vous entendrez assez, sans souffrir qu'il soit despendu ailleurs un seul escu des derniers destinés pour la fortiffication de ladite ville, affin que tant plus tôt ce commencement là se puisse avancer selon mon intention[111]. Priant Dieu, mon cousin, vous donner ce que désirez. De Thoulouse le 15e jour de mars 1565. CHARLES. DE LAUBESPINE. Il serait oiseux de prolonger ces citations. Les éloges, mêlés aux recommandations, se succédèrent pendant toute la durée du voyage. Ces lettres prouvent que la reine, l'âme du gouvernement de Charles IX, sacrifiait toutes les considérations à la paix du royaume. Cette politique était juste et habile. Pourquoi Catherine ne l'a-t-elle pas toujours suivie ? Avant d'arriver à Bayonne, la reine essaya de réconcilier les deux maisons de Guise et de Montmorency. Le connétable, assuré de sa faveur, laissait libre carrière à la politique en crédit[112]. Nicolas d'Angennes, seigneur de Rambouillet, fut envoyé à Paris et à Reims avec le projet d'accord suivant : le gouverneur de Paris écrirait au cardinal qu'il n'avait pas eu l'intention de l'offenser et ferait amende honorable entre les mains du roi ; les deux ennemis se jureraient mutuellement une éternelle amitié. Le projet fut soumis à la duchesse de Guise, qui se mit à pleurer et refusa de l'appuyer auprès du cardinal. La mission de Rambouillet échoua devant la mauvaise volonté générale[113]. L'acharnement des deux partis ne laissait aucune place à la conciliation. Alava en cite un curieux exemple. Le roi apprenait à danser. Un jour qu'il voulait prendre sa leçon sans témoins, il fit sortir tous les courtisans de sa chambre. Méru se cacha derrière un serviteur, mais le roi l'aperçut et le chassa rudement. Méru crut que le duc de Guise[114] l'avait dénoncé. Il s'approcha furieux du groupe : Si je pensais, dit-il, que tout autre que le roi a été l'instigateur de cet ordre, je lui enfoncerais mon poignard dans la poitrine sans excepter personne. Le duc de Guise riposta : Si je pensais que vous dites cela pour moi, je vous ferais punir comme vous le méritez. Le connétable s'emporta, suivant son habitude, mais les courtisans apaisèrent la querelle[115]. Quel Met fit sur le parti catholique l'atteinte portée au prestige du cardinal de Lorraine ? A Paris, l'émotion publique, en face du maréchal, ne pouvait se manifester par les armes, mais elle se donna libre carrière par les pamphlets. Nous n'avons pas la prétention d'énumérer, même sommairement, tous les pasquils qui volèrent de main en main pendant quelques jours. Plusieurs ne parurent qu'en cachette ; d'autres furent saisis par arrêt et détruits, au grand regret des bibliophiles d'aujourd'hui. Voici une liste de ceux qui ont paru les plus intéressants. Peu de jours après la fuite du cardinal, Montmorency fit
publier le récit de sa conférence avec le prévôt des marchands au lendemain
du combat : La Response faicte par monsieur le mareschal de Montmorency
quand on luy présenta le congé obtenu par monsieur le cardinal de Lorraine de
faire porter armes défendues à ses gens et le lendemain envoyée au parquet de
Messieurs les gens du Roy à ce que personne n'en peult prétendre ignorance[116]. C'est un
exposé sans polémique irritante. Les faits y sont présentés avec une bonne
foi qui a mérité à cet opuscule d'être reproduit presque intégralement par De
Thou[117].
Ce fut le parti du cardinal, le parti battu, qui donna le signal de
l'invective par la Lettre d'un seigneur du pays de Haynault envoyée à un
sien voisin et amy suivant la cour d'Espagne[118]. L'auteur
accuse le maréchal d'avoir voulu assassiner le cardinal de Lorraine et le duc
de Guise, parce que le cardinal, à Soissons, avait tenté de réconcilier Condé
avec le parti catholique et parce qu'il avait été le témoin des engagements
de François de Montmorency avec mademoiselle de Piennes. Les amis du maréchal
ripostèrent à cette accusation par la Response à l'épistre de Charles de
Vaudemont, cardinal de Lorraine, jadis prince imaginaire des royaumes de
Jérusalem et de Naples, duc et comte par fantaisie d'Anjou et de Provence, et
maintenant simple gentilhomme de Haynault[119], apologie
attribuée à Louis Regnier de la Planche. Puis vint le Discours sur le
congé impétré par M. le cardinal de Lorraine de faire porter armes défendues
à ses gens pour la tuition et défense de sa personne et sur ce qui luy
advint, à l'occasion de cela, à son arrivée à Paris le 8 de janvier 1565[120], publié aussi
par les défenseurs de Montmorency. La même année, Louis Regnier de la Planche
écrivit un livre de beaucoup plus d'importance, en forme de dialogue, où
l'ambition des Lorrains était finement raillée : Le livre des Marchands ou
du grand et loyal devoir, fidélité et obéissance de Messieurs de Paris envers
le roy et la couronne de France[121]. Beaucoup d'autres
écrits circulèrent, des feuilles volantes, des placards insolents, des
satires, des chansons[122]. L'amiral de
Coligny fit répandre une justification de sa conduite[123]. Quel que soit
l'intérêt de ces pièces, fidèle à notre plan de ne publier que des documents
nouveaux, nous ne croyons pas devoir les reproduire[124]. Dans les provinces il était à craindre que le mouvement du 8 janvier, grossi par la rumeur publique, n'excitât une émotion plus dangereuse. Au moment même on le roi en fut informé, vers le 17 janvier, advint un incident que la reine-mère prit pour la première conséquence du combat de la rue Saint-Denis. La cour se disposait à entrer à Toulouse, quand elle apprit que les gentilshommes de Guyenne et de Languedoc, animés des plus vives passions méridionales, y étaient rassemblés en grand nombre[125]. Le roi interdit immédiatement la réunion et fit crier clans les rues que tous les étrangers eussent à quitter la ville sous peine d'are pendus[126]. Henri de Montmorency, seigneur de Damville, gouverneur du Languedoc, répondit au roi que les seigneurs de Guyenne n'étaient pas plus de 20 ; le cardinal d'Armagnac ne les évalue même qu'à sept ou huit[127]. Mais il en arrivait tous les jours de nouveaux. La reine-mère et ses conseillers, informés chaque jour de leur nombre croissant, cédèrent à une sorte d'effarement. Le roi écrivit à Damville : Mon cousin, vous scavez ce qui vous fut dict dernièrement en partant que je vouloys voir à Toulouse la noblesse du Languedoc, mais que je ne voulons que celle de la Guyenne y veinct et qu'il falloit qu'elle attendist que nous feussions à Agen ou à Bordeaux, cc que je vous priay de dire à monsieur de Monluc et de vostre costé y donner ordre. Toutes fous j'ay esté adverty qu'il y en a jà de lad. Guyenne plus de mille ou douze cents chevaulx[128], venuz tant avecques le s. de Monluc que le s. de Candalle, marquis de Trans, Terride, d'Estissac et Negrepelice. Et pour ce, si cela est, je ne me délibère poinct aller aud. Tholoze qu'ils ne soient partys ; à ceste cause je vous prye les faire desloger et ranvoyer en leurs maisons comme je mande aud. s. de Monluc de faire commandement à ceulx de son gouvernement. Je vous pryc donc, si avez envye de me voir bientost, d'y pourveoir et en tout évènement je mande au s.. de Rambouillet faire bailler logis à ces s. qui sont là pour culs et leur train seulement et n'en bailler que pour la noblesse du Languedoc, à ce que les aultres n'axent occasion à y séjourner. Priant Dieu, etc. Carcassonne, 22 janvier 1564. CHARLES[129]. Le même jour, le roi adressa d'autres avertissements à Blaise de Monluc[130]. L'auteur des Commentaires fut piqué dans son amour-propre provincial de la méfiance du roi. Il répondit aigrement à son maitre[131]. Le chancelier essaya de le calmer et fut accueilli par de vives rebuffades[132]. Le bruit s'était répandu que le roi avait pris un poison lent, qu'il était très amaigri, qu'il ne pouvait ni manger ni dormir et qu'il mourrait dans l'année[133]. Devant ces calomnies, qu'il importait de dissiper, la reine céda et le roi autorisa la noblesse de Guyenne à assister à son entrée, à la condition que chaque gentilhomme se retirerait le lendemain et reparaitrait à la cour le jour du passage du roi dans sa province[134]. Il régla une autre difficulté. Les bourgeois catholiques de Toulouse prétendaient se présenter seuls au roi et refusaient le même honneur aux huguenots. Charles IX exigea que tous indifféremment, sans aucune exception de religion, viennent ensemble avec les armes qui leur sont ordonnées, sans querelle, sans picque ni aucune dispute[135]. Cependant les hommes sages, dont l'opinion triomphe toujours à la longue des passions des exaltés, trouvaient que Montmorency avait été dur pour son rival. Le maréchal avait écrit au duc de Montpensier. Voici la réponse de ce prince. Elle voile, sous les formes d'une amitié éprouvée, un fonds de blâme et de désaveu[136] : Monsieur le Mareschal, La lettre que vous m'avez escrite du faict d'entre monsieur le cardinal de Lorraine et vous a beaucoup demeuré par les chemins, pour ne l'avoir receue que d'hier au soir ; j'en avois bien eu plus tost advertissement tout autre que ne le laites. Toutesfois je m'en remetteray à la vérite et prendray tousjours à un bien grand plaisir l'estat des affaires concernant le service du roy mon seigneur et repos public, en estant le succès selon la volonté de Sa Majesté et icelle obéir en ses édicts et commandements. Je crois, monsieur le Mareschal, que vous y avez pareille affection. Mais il me semble, si au lieu d'assembler tant de gens en armes pour aller trouver monsieur le cardinal de Lorraine, vous luy eussiez mandé vostre deslibération, qu'il se feust bien volontiers retiré de rostre gouvernement et de son voyage de Paris, et que ceste voix, propre et doulce à ceux que sa digne Majesté a honoré des premiers lieux et autorités de son royaume, estoit plus esquitable et recommandable à vous, que j'entends et cognois pour d'autres actes bien advisés et de bon et sain jugement, que toutes ces rigueurs et recherches. Estimant que, s'il y a quelque trait de mauvaise intention, qu'il provient d'aucuns que vous avez en vostre compagnie, qui ne veullent point de bien à lui, ne aux siens ; car pour le regard de son équipage, il n'est pas nouveau, l'ayant depuis son retour en France eu tel par le congé de Sadite Majesté qui lui a souffert quand il a esté près d'icelle. Tant de gens l'ont vett et scavent que je n'en scaiche guéret qui en puissent douter ne des justes occasions qui le font tenir ainsi accompaigné ne aussi de sa grande qualité et mérite, et qu'il ne soit bon et fidel subject et serviteur de la couronne, pour justement se plaindre avec tous ses parents d'avoir esté trop estrangement traité. Je ne vous dirai point les alliances du roy et des plus illustres maisons, qui sont en celle dont il est issu, pour ce que je m'asseure que ne les ignorez point, ne que moy et mon fils ne soyons du nombre pour nous monstrer tousjours à l'endroict d'eux, comme le devoir de parenté et amitié nous y tient et oblige. C'est l'endroit de ma lettre que je vois finir pour prier Dieu, monsieur le Mareschal, vous donner bonne santé. D'Argenton, ce 4e jour de février 1564. C'est LOUIS DE BOURBON, duc de Montpensier[137]. Le prince de Condé désapprouvait hautement la sanglante algarade du 8 janvier[138]. Suivant de Thou, il aurait dit : L'affaire a été poussée trop loin si ce n'était qu'un jeu, et elle ne l'a pas été assez si elle était sérieuse[139]. Le prince de Porcian, qui n'avait jamais eu à se plaindre des Guises et qui devait à l'influence du cardinal de Lorraine son mariage avec Catherine de Clèves, fille du duc de Nevers, fut blâmé sévèrement. Mais que voulez-vous, dit Brantôme, c'estoit sa religion qui l'avait ainsi charmé et offusqué comme tant d'autres[140]. La reine-mère ne laissa percer aucun jugement, au moins en public[141]. Bien plus, le roi, par exception à l'usage de n'accorder le collier de Saint-Michel qu'à l'occasion de la fête de l'ordre, le 29 septembre, versa un torrent de faveurs sur les seigneurs des deux partis, sur les battus pour les consoler, sur les vainqueurs pour les dissuader d'abuser de leur victoire ; François de Mandelot, lieutenant du duc de Nemours au gouvernement de Lyonnais[142], les sires de Ligny et de Mailly[143], de Prie[144], Jean Blosset, baron de Torcy, le sire de Brosses[145], enfin le prince de Porcian lui-même reçurent le collier de l'ordre, et François de Montmorency fut chargé de le remettre à son frère d'armes[146]. A cette liste Bruslard ajoute les noms des sieurs de Jars, maitre d'hôtel du roi, d'Albert de Gondy, seigneur du Péron, de Jean de Mouy, seigneur de la Meilleraye, de Jean de Nogaret, baron de La Valette, de Jacques de Goyon, comte de Matignon, de Germain Gaston de Poix, marquis de Trans, des sieurs de Cailleux, Rostin, de Sourdis, Brille, Haultefort, de Brion, de Monpipeau, du lieutenant du connétable et du sénéchal de Toulouse[147]. Malgré ce baume, les princes de la maison de Guise éprouvèrent une irritation qui se manifesta bientôt par des actes. S'il est vrai que la passion soit une ardente conseillère, que dire de l'amour-propre blessé ? Le cardinal s'était posé au concile de Trente comme l'arbitre de la politique du roi de France, le conseiller tout-puissant de la reine-mère, le successeur des cardinaux d'Amboise et de Tournon, et de simples lieutenants du roi osaient lui faire une escorne, jusque dans les rues de la capitale. Aussitôt après le combat de la rue Saint-Denis, le roi lui avait écrit : Mon cousin, après avoir faict veoir en mon conseil les informations faictes à la requeste de mon procureur général de ce qui passa entre vous et mon cousin le mareschal de Montmorency et aussi les lettres qu'il m'a escriptes de ce faict. il se trouve qu'il n'y a rien de prémédité par lui ni aucune animosité, comme encore depuis son arrivée le m'a esté asseuré. Il faut que je vous prie, sachant l'affection grande que vous et les rostres avez toujours eu au service de nia couronne et repos publique, ne faire difficulté à ce que je désire, qui est que demouriez ami et veuillés oublier toutes choses passées, estant asseuré que de sa part il vous demourera serviteur[148]. Cette lettre contenait presque des excuses, mais le cardinal y resta indifférent ; il ne poursuivait que sa vengeance ; il livra la lettre à l'ambassadeur d'Espagne, comme la preuve de son droit, et rédigea en même temps un mémoire justificatif que sa belle-sœur, la duchesse de Guise, lut chargée de communiquer aux ambassadeurs étrangers[149]. Il écrivit aux archevêques de Grenade et de Valence qu'il avait connus au concile. L'irascible prélat ne croyait pas sa vie en sûreté, même à Reims, et disait que Théodore de Bèze armait des assassins contre lui[150]. Ses lettres en Allemagne sont encore plus amères : ce sont ses agresseurs eux-mêmes qu'il y représente comme des assassins. Le 5 février, il écrit au baron de Polweiler[151], dans un style plein de bonhomie, qu'il a l'intention de faire son caresme à Nancy avec le duc de Lorraine et dans ses maisons de Baccarat et de Rambeviller, et il ajoute : Vous voulant bien dire que je me suis retiré en ce lieu, après m'avoir esté faict à Paris par quelques seigneurs ung si maulvais tour que je l'eschappay belle de n'y avoir esté tué, mais Dieu m'en garda ; et vous puis asseurer que telle entreprinse a esté trouvée du roy et de la royne et de tous les gens de bien, fort maulvaise, et espère bien aussi m'en resentir un jour[152]... En France, le cardinal travaillait à regagner son influence. Malheureusement le grand duc de Guise était mort, et pas un de ses frères n'était de taille à commander le parti. Le duc d'Aumale, le plus en vue, était un capitaine sans crédit parmi les gens de guerre, sans valeur dans les conseils, avide, riche, ambitieux, mais incapable de concevoir et de mener un grand dessein. Ce fut cependant le duc d'Aumale, faute de mieux, que le cardinal choisit comme l'instrument de sa vengeance. Les Lorrains avaient toujours identifié leur cause avec celle de l'ancienne religion. Tel fut le point de départ des intrigues du cardinal. Le 24 février 1565, le duc d'Aumale proposa à son frère, René de Lorraine, marquis d'Elbeuf, de se faire le promoteur d'une association de seigneurs dans l'objet avoué de sauvegarder les destinées religieuses du royaume. Cependant, mon frère, et durant le temps que vous serez là on vous estes, je suis bien d'advis que vous voiez monsieur de Montpensier, à qui j'escry la lectre de créance sur vous, selon que me mandez. Et ne scaurriez mieulx faire que de regarder avec luy et les seigneurs, nos bons amys, de praticquer une bonne association, qui deust estre faicte il y a longtemps, si chascun de son costé y oust mis peine. J'en scat' qui l'ont mise en avant, et despuis, quant ce a esté au faict et au prendre, ilz ont seigné du nez comme aussv en beaucoup d'autres choses. Et si chascun de son costé y vouloit travailler, nous en aurions bientost une bonne fin avec les belles et bonnes occasions que nous en avons. Mais ceulx à qui il touche, comme à moy, n'en font pas le compte que je désirerois bien. Et pour ceste cause, mon frère, je trouveray merveilleusement bon que lesd. seigneurs y voulussent entendre, laissant là les villes, d'aultant qu'il n'y a aulcune asseurance au peuple, comme je l'ay encore dernièrement congneu. Mais, avec la noblesse, de ma part je suis tout résolu et prest ; et n'y veuls espargner aulcune chose ; et le plus tost sera le meilleur. Qui me fait vous prier y regarder et en bien adviser toutes par ensemble avec led. seigneur de Montpensier et de m'en mander ce que vous en aurez dellibéré, affin que par là je résolve avec les seigneurs et noblesse, qui sont par deçà et en mes gouvernements, qui feront tout ce que je vouldray[153]. Cette ligue catholique n'était pas sans précédents. Le 2 mars 1563, en Languedoc, les cardinaux d'Armagnac et Strozzi, Blaise de Monluc, Antoine de Lomagne, baron de Terride, Antoine de Carmain, seigneur de Négrepelisse, et Raymond de Pavie, baron de Fourquevaux, s'étaient ligués contre les huguenots[154]. Peu de jours après, sous l'inspiration de Blaise de Monluc et de Frédéric de Foix, comte de Candale, les seigneurs catholiques de Guyenne avaient signé un acte d'union contre l'ennemi commun[155]. Mais la paix du 19 mars avait rendu l'acte inutile, et le roi avait obtenu, à force d'instances, la dissolution du contrat[156]. La ligue proposée par le duc d'Aumale présentait des apparences plus séditieuses. Elle était dirigée contre la politique du roi ; elle était secrète et ne tendait à rien moins qu'à lui forcer la main. Blaise de Monluc s'attribue l'honneur de l'avoir découverte d'après la confidence d'un gentilhomme qui voulait l'enrôler parmi les ligueurs[157]. De Thou raconte que le corps du délit, la lettre du duc d'Aumale, fut intercepté et livré au roi[158]. Aussitôt qu'ils se virent démasqués, les Lorrains se retranchèrent dans les dénégations. Le duc d'Aumale écrivit que la pièce avait été fabriquée par ses ennemis et donna un démenti formel à ses accusateurs. L'ambassadeur d'Espagne lui-même y fut trompé. Les seigneurs huguenots, mieux informés, se prétendirent menacés, et Coligny exigea du roi l'autorisation de mener une garde de cinquante arquebusiers[159]. Monluc conseillait au roi de prendre la direction de la ligue des Lorrains et de l'absorber à son profit. La reine-mère inclinait plutôt à la dissoudre. Elle tint un conseil, le 18 mai, à Mont-de-Marsan, et le chancelier interpella nominativement tous les seigneurs de la cour. Chacun jura qu'il n'en faisait pas partie. Le roi fit dresser un procès-verbal de la séance et l'envoya aux chevaliers de l'ordre absents, afin de provoquer de leur part une déclaration analogue[160]. Un seul, Guy Chabot de Jarnac, gouverneur de La Rochelle. refusa formellement sa signature. Lorsque son refus arriva au conseil, le roi, prévenu, s'écria qu'il voulait envoyer quérir ce capitaine et lui faire trancher la tête. La reine feignit de calmer le roi et expédia à Jarnac un de ses fils, présent à la cour[161], avec une nouvelle injonction[162]. Cette scène bien jouée donnait la mesure des volontés du roi. Décidée à tenir une juste balance entre les deux partis, la reine adressa aussi le procès-verbal à François de Montmorency et l'invita à y souscrire[163]. En mérite temps qu'il inspirait au duc d'Aumale l'idée de concentrer autour de lui toutes les forces catholiques, le cardinal de Lorraine résolut de se montrer à Paris avec l'appareil princier de la maison de Guise. Quel parti espérait-il tirer de cette entrée triomphale ? L'habile prélat cachait ses desseins. Les circonstances paraissaient favorables. Au mois de février, le cardinal Odet de Châtillon, marié depuis deux mois, n'avait pas craint de venir à Paris et de se présenter au Parlement en robe rouge, au grand scandale des gens de bien, même des huguenots[164]. En mars, un sieur Jehan Bellin, convaincu d'avoir attaché quelques placards, avait été condamné par le Parlement. Le chevalier du guet, Marcel, avait été remplacé par le s. de Sallevert[165]. Le prince de Porcian avait installé des prêches aux portes de la ville, au mépris des stipulations de l'édit de 1563[166]. Quelques jours après, de saintes images, des croix, des statues de la Vierge et des saints furent renversées au cimetière Saint-Sulpice[167]. Le dimanche 8 avril, François du Prat, baron de Thiern, petit-fils du chancelier du Prat, fut frappé à mort, au sortir du logis de sa belle-mère, la dame de la Verrière, veuve de Pierre Séguier, lieutenant-criminel de Paris, par Antoine d'Alegre, baron de Millaud, pour cause d'animosités religieuses[168]. Ces crimes étaient les indices d'une fermentation générale. Le prince de Condé annonçait sa prochaine rentrée à Paris. Le cardinal de Lorraine résolut d'y paraître à son tour. La nouvelle du prochain voyage à Paris des chefs des deux partis inquiéta la cour. Bien qu'adversaires, tous deux semblaient avoir associé leurs destinées. Les négociations ébauchées à Soissons avaient continué ; le cardinal, pour mieux attirer son ambitieux cousin, lui avait présenté la couronne d'Écosse avec la main de Marie Stuart comme le gage de sa réconciliation[169]. Le roi envoya au gouverneur de Paris l'ordre de faire respecter les édits[170]. Mais quelques semaines après, tiraillé en sens inverse par les sollicitations des Guises et craignant les excès de zèle du maréchal, le roi commanda à son lieutenant de ne pas troubler l'entrée du cardinal. Mon cousin, vous aurez veu par mon aultre lettre la résolution que j'ay prise par l'alois de la bonne, prudente et notable compaignye que j'ay faict assembler à ceste fin sur les choses qui passèrent dernièrement à l'arrivée de mon cousin, le cardinal de Lorraine, en ma ville de Paris et ce que je vous ordonne et commande en cest endroict, à quoy je ne pense pas que vous faictes aulcune difficulté de satisfaire. Toutesfoys, là où vous la feriez. je vous advise que j'av donné charge et commandement au s. de Rambouillet, chevalier de mon ordre et cappitaine de cinquante hommes d'armes de mes ordonnances, présent porteur, de vous deffendre de par mov très expressément, ce que je fais aussi par la présente, pour ce signée de ma main, que vous n'ayez à attenter aulcune chose à l'encontre de la personne de mond. cousin ny à le provocquer ou offenser en quelque sorte ou manière que ce soyt par parolle ou par voye de faict, et ce sur peine de la vye. J'envoyeray faire semblables défenses à mond. cousin le cardinal de Lorraine pour votre regard sitôt que led. s. de Rambouillet sera retourné par devers moy avec votre response, laquelle vous luy baillerez avec une certification signée de vostre main et scellée du scel de vos armes de la réception de la présente, où elle soyt de mot à mot insérée, et des susdictes deffenses qu'il vous aura (dictes par mon commandement. Priant Dieu. mon cousin, qu'il vous ayt en sa sainete garde. Escript à Bourdeaux le IIIe jour de may 1565. CHARLES[171]. BOURIAN. Catherine de Médicis, qui dissimulait volontiers son influence derrière la signature du, roi, sortit de son silence : J'oubliois à vous advenir, mon cousin, que le roy, monsieur mon fils, n'entend pas que la permission qu'il a baillée à mon cousin, monsieur le cardinal de Lorraine, et aussi à monsieur l'amiral d'estre accompaignez chascun d'eulx de quarante hommes, portant pistoles et harquebuses, soit comprise en ceste défense dernière, et à ceste fin leur en a de nouveau fait expédier à chascun ung brevet affin qu'ils n'y soient aucunement empêchés[172]. Ces deux lettres n'étaient pas encore arrivées à leur adresse que le prince de Condé entrait à Paris. Il arriva le 7 mai, en petite compagnie, sans autres armes que la dague et l'épée. Le maréchal sortit de la ville au-devant de lui avec une nombreuse troupe de gens de guerre, armés de pied en cap. Cet appareil militaire déplut au prince, mais le gouverneur n'en prit cure. Le lendemain, l'évêque de Paris, accompagné de six chanoines de la cathédrale, vint faire la révérence au chef des huguenots. Condé promit son appui au clergé et blâma ouvertement la bravade qui avoit esté faicte au cardinal de Lorraine. Le 10, il se rendit au Parlement et demanda impérieusement l'élargissement de l'assassin du baron de Thiern. Le 12, d'Andelot arriva à Paris en grand équipage, mais sans armes. Le 13, un dimanche, Condé, au mépris de l'édit, autorisa deux ministres de sa suite, Jean Malot et Perrocelli, à préau publiquement chez lui et à l'hôtel du cardinal de Chatillon. L'un prêchait dans une grande salle, l'autre dans un jardin. Ces nouveautés attiraient la foule ; Bruslart évalue à 4.000 et Alava à 5 ou 6.000 le nombre des assistants. Le lendemain, le Parlement adressa des remontrances au prince qui répondit audacieusement que le prêche n'estoit de sa volonté ni consentement. L'émotion allait croissant malgré les efforts du gouverneur. Heureusement, le mardi 15 mai, arrivèrent des lettres du roi et de la reine-mère, et le prince de Condé retourna dans son gouvernement en Picardie[173]. Lorsque ces nouvelles furent connues à la cour, le connétable parut triomphant. La reine-mère l'avait envoyé consulter par Lansac : Dites à la reine, dit le vieux Montmorency, qu'elle ne m'a pas soutenu dans ma discussion avec le cardinal de Botirbon à l'occasion de l'entrée du prince de Condé. Aujourd'hui le mal est arrivé. Il faut qu'elle en subisse les conséquences[174]. Le roi prit alors une décision plus utile que toutes les recommandations précédentes. Convaincu que les mouvements de Paris provenaient des allées et venues des chefs de parti, de quov les cerveaux de plusieurs se sont effarouchés, il interdit expressément aux plus remuants des deux religions de paraître à Paris en son absence. Le maréchal reçut l'ordre de s'opposer, même par la force, à leur entrée[175] ; le Parlement, d'ajourner toute instance où ils seraient intéressés[176]. A ces ordres étaient jointes les listes des seigneurs auxquels s'appliquait l'interdiction. Le duc de Guise, le duc d'Aumale, Léonor d'Orléans, duc de Longueville, Louis de Gonzague, duc de Nevers, seigneurs catholiques ; l'amiral de Coligny, d'Andelot, François de La Rochefoucault, le prince de Porcian, Jean Larchevêque, seigneur de Soubise, du parti huguenot, figurent sur la première liste[177]. La seconde porte les noms de quelques partisans de Coligny, capitaines obscurs, mais dévoués et capables de tout entreprendre et de tout braver : Jean de Ferrières, vidame de Chartres, Gabriel de Lorges, comte de Mongonmerv, Jean de Hangest, seigneur de Genlis, connu sous le nom de seigneur d'l voy, le seigneur de Bussv Sennyngham et le seigneur de Colombières[178]. Le roi écrivit à chacun d'eux une lettre bienveillante, mais impérative. Voici le texte de celle qui fut adressée au prince de Porcian : Mon cousin, quand j'ay bien cherché les occasions qui tiennent quasy tout mon royaulme en allarme et apportent subject à ceulx qui n'ont pas l'intention bien nette, je trouve qu'elles proceddcnt de tant d'allées et de venues qui se sont faictes par aucuns des princippaulx de mon royaume en la ville de Paris depuis que j'en suys parts, pour les interprétations diverses que chacun y donne selon son humeur. de façon que ce a esté le subject de tous les bruicts qui ont couru et courent encore par mond. royaulme, semez par ceulx qui ne connoissent pas quelle fiance j'av de ceux-là et combien ils sont esbignez de voulloir troubbler le repos de mond. royaulme. Et ne voyant meilleur remède pour leur osier ceste occasion durant mon absence, j'as pensé que ceulx dont leur peult naître tel soupeçon n'auront désagréable pour le bien de mond. royaulme et me satisfaire aussv en chose de telle importance, s'astenir de tels voyages jusques à mon retour, qui sera, Dieu aydant, environ la Saint-Michel prochaine. Qui me fait vous prier, mon cousin, si avez quelque procès et affaires. les faire manyer par vos gens et procureurs sans y aller vous-meme et faire en ce faisant que le zelle et sincère dévotion que je scat' que vous avez à mon contentement, au bien de mon service et repos de mond. royaulme, conduit et dispensé selon les occasions et mon intention, serve à ce que je désire et cognois entre si nécessaire pour contenir le public et tant mieulx retenir un chascun en son devoir. Ayant, pour donner plus d'effect à ceste myenne intention, escript à mon cousin le mareschal de Montmorency ne souffrir que, avant mond. retour, vous ne aultres de ceux que je luy ay envoyés par roole, entrent dedans lad. ville, et à ma court de Parlement surseoir la procédure de tous leurs procès quand ils seront en personne et en leur absence y administrer toute la plus prompte et meilleure justice que faire se pourra. Priant Dieu, mon cousin, vous avoir en sa garde. Escript au Mont-de-Marsan le 2 jour de may 1565. CHARLES DE LAUBESPINE[179]. Ces défenses ne s'appliquaient pas au cardinal de Lorraine, mais de nouveaux soucis le détournèrent de son voyage à Paris. Au mois de juin, il essaya de reconquérir certaines prérogatives dans l'évêché de Metz et prit les armes. Là encore il fut battu, et, ce qui était plus dur pour un courtisan, désavoué par le roi[180]. Un an après, au mois de janvier 1566, le roi voulut réunir à Moulins les principaux acteurs de ces événements, le cardinal de Lorraine, François de Montmorency et Coligny. Le cardinal était au château de Dampierre[181]. Le maréchal de Bourdillon alla l'y chercher de la part du roi avec une escorte de soixante gentils. hommes. En route, il fut rejoint par Sébastien de Luxembourg, seigneur de Martigues, gouverneur de Bretagne, et successivement par le duc de Montpensier, le prince dauphin, son fils, le duc de Nevers, le prince de Condé, Henri de Bourbon, son fils, le duc de Longueville et le duc de La Trémoille. C'est à la tête de ce cortège, si flatteur pour sa vanité, que le prélat fit sa rentrée à la cour le vendredi 11 janvier. Le lendemain, le roi tint un conseil oh assistaient tous les seigneurs, excepté monsieur le chancelier qui le matin avoit pris médecine. La reine-mère, qui portait la parole dans les grandes occasions, dit au cardinal que tous les messieurs de ceste compaignie estoient d'advis qu'on ne pouvoir pourveoir aux affaires du royaume ni au repos public des subjects d'iceluy que premièrement l'on n'eut apaisé les querelles particulières et qu'il y en avoit deux principales qui le concernoient : l'une en sa propre personne, contre le maréchal de Montmorency ; l'autre pour l'homicide commis en la personne de feu monsieur de Guise, contre l'amiral ; que le roy, monseigneur son fils, et elle le prioient de leur estre aydant à trouver quelque bon moyen d'en faire bon accord[182]. Le cardinal, passé maitre en fait de beau langage, commença par protester de son dévouement au roi et répondit solennellement à la reine : Vostre Majesté, sire, est le premier de nostre parenté. Car, encores que je ne sois pour parvenir à la couronne, si ay-je cest honneur d'estre de vostre sang et de vos plus prochains parents. Et de vous, madame, dieu-il à la royne, scavez très bien que j'ay aussi cest honneur d'estre vostre parent. Vous, monsieur le prince de Condé, vous, monsieur le cardinal de Bourbon, estes mes cousins germains, vous, monsieur de Montpensier, m'estes bien proche parent. Vous, messieurs de Nevers, Nemours, et vous, monsieur de Longueville, avez espousé mes niepces. Par quoy, Vos Majestés premières, et vous tous debvez garder mon honneur qui est le vostre, et me faire raison de ceste injure et outrage que j'ay receu le plus grand et avec plus grande indignité que jamais ait receu homme de ma qualité ; et ne doibs ny ne puis rien faire, comme aussi ne veux-je qu'il soit passé que par vostre opinion et advis, et signé de vos mains, encores que je veuille toute ma vie obéir à ce qu'il plaira à Vostre Majesté me commander. Mais je vous supplie, avant que me commander en cest endroict, vous plaise de bien regarder ce que me commanderez. Car je vous obéiray incontinent, mais ce sera en prenant acte que tout ce que j'auray faict je l'aurav faict par un exprès commandement, auquel je n'ai peu ni deu désobéir, et rescriray à tous les princes chrestiens. Et vous prie tous, messieurs, qui estes ici présents, vous bien souvenir de tout ce que je dis. Et considérés, sire, que je ne puis en cecy rien faire que, comme j'ay dict, ce ne soit par l'advis de messieurs qui sont mes parents icy présents et signé de leurs mains. Car celuy qui m'a offensé les a trop mesprisez de se persuader que tant de grands seigneurs, auxquels j'appartiens, endurassent que ceste injure me fust faite sans qu'ils en prissent ou voulussent faire vengeance. Et pour congnoistre la conscience et preudhomie de monsieur le connestable, je suis content qu'il en dise son advis et qu'il assiste à ceste délibération avec les srs dessus dicts mes parens. J'espère, sire, que vous me ferez la raison, et vous en supplie très humblement[183]. Ce discours n'annonçait pas des intentions pacifiques. Cependant tous les conseillers approuvèrent les réserves du cardinal. Le roi le pria de garder le silence, dans sa correspondance avec les princes étrangers, sur ses querelles particulières, et manda à Moulins le maréchal de Montmorency. En attendant son arrivée, la reine-mère put accorder le cardinal et Coligny. L'amiral jura sur l'honneur qu'il n'était pas coupable du meurtre de François de Guise, et le prélat lui donna le baiser de paix[184]. Cependant l'instinct politique du cardinal l'emporta sur la rancune. La reine-mère, depuis son voyage à Bayonne, avait changé de préférences. La faveur secrète qu'elle portait aux huguenots était passée au parti catholique. Le cardinal s'en aperçut bientôt, et, pour reconquérir son ascendant, montra plus de modération que son adversaire. Les maréchaux de Vieilleville et de Bourdillon avaient été chargés de négocier un accord entre les deux ennemis. Voici cette pièce que le roi accepta et qu'il imposa aux parties : Pour mettre une bonne fin aux choses passées entre messieurs les cardinal de Lorraine, duc de Guyze. et maréchal de Montmorency, sembleroit bon aux maréchaulx de Vieilleville et de Bordillon : Que le roi déclarast qua, après avoir veu en son conseil les informations faites à la requeste de son procureur général sur le faict passé entre eux dans sa ville de Paris et ensemble entendu le dire desdits sieurs cardinal et mareschal. son vouloir et intention astre que toutes occasions de haine cessent dans son royaume. mesmement entre ses plus grands et notables serviteurs et subjccts, les priant à ceste cause tant pour le regard de son service que du repos publicq, ils veuillent demeurer bons amys et oblyer tout ce qui pourroit nourrir inhimityé entre aulx. Et après. adressant sa parole audit s. cardinal, lui dire que Sa Majesté s'asseure tant de la grande affection qu'il a de tout temps demonstrée au service de sa couronne et aud. repos publicq qu'il n'en fera aulcune difficulté, ni pareillement ledit s. de Guyse son nepveu, Aussv qu'il ne trouve point, par lesd. informations et advis de son conseil, qu'il V aye eu aucune animosité ni chose préméditée du costé dudit sieur mareschal contre aulx. S'assurant Sadite Majesté que tant s'en fault que ledit sieur mareschal les voulust offenser que de bon cœur leur vouldroit faire service[185]. Ainsi se termina la querelle, si toutefois on peut appeler terminée une querelle qui laissa au cœur des rivaux, réconciliés par le roi, un levain de haine irrémédiable. Moins de deux ans après, la guerre civile recommença. La même année, le 5 mai, le prince de Porcian mourut à l'âge de 26 ans. Il s'était échauffé en jouant à la paume, et, pendant qu'il était encore en transpiration, le roi le fit appeler sur le quai des Tuileries ; il lui adressa des reproches sur les fortifications d'une de ses villes et le garda longtemps, la tête découverte, à la fraîcheur du soir. Rentré chez lui, le prince but avec excès, et mourut peu de jours après d'une pleurésie. Les huguenots publièrent qu'il avait été empoisonné par un agent du cardinal de Lorraine[186]. Trois cartes de vin et trois platelées d'amandes toutes vertes, dit Lestoile, voilà le poison qu'on a escrit et dit qu'on lui avoit baillé[187]. En 1572, à la Saint-Barthélemy, François de Montmorency n'échappa que par son absence à la triste destinée de Coligny. Les Guises craignirent de s'attaquer aux autres membres de cette illustre maison puisqu'on ne pouvait atteindre son chef[188]. Le gouverneur de Paris se montra, à la fin de sa vie, moins sage et moins prudent que dans sa jeunesse. Il s'engagea étourdiment, à la suite du duc d'Alençon et du roi de Navarre, dans la conspiration des Politiques (avril 1574)[189], folle équipée, conduite par de jeunes princes qui ne prétendaient à rien moins qu'à changer l'ordre de succession au trône et à remplacer Henri Ill, alors en Pologne, par le duc d'Alençon. Du moins leur prêta-t-il l'appui de son grand nom. Il fut emprisonné par ordre de la reine-mère avec le maréchal de Cossé et faillit payer de sa tête cette tentative ambitieuse. Cependant, à l'avènement d'Henri III, il reprit sa liberté et recouvra même une partie de sa faveur. Le cardinal de Lorraine mourut le dimanche 26 décembre 1574 d'un refroidissement subit ; sa mort, comme celle du prince de Porcian, fut attribuée au poison[190]. François de Montmorency ne lui survécut que de quatre ans. Le brillant cavalier qui avait séduit mademoiselle de Piennes était devenu très obèse. Au printemps de 1579, au retour d'un voyage en Normandie, il fut frappé d'une attaque d'apoplexie en plein Louvre. Il se retira à Écouen, en coche, fit son testament le 5 mai[191] et mourut le 6[192]. Il fut enterré dans l'église collégiale de Saint-Martin de Montmorency, auprès du connétable[193]. Nous ignorons la date de la mort de la belle Jeanne de Piennes. Elle perdit son mari, Florimond Robertet, à peine âgé de 36 ans, en 1569[194]. Diane de France survécut à François de Montmorency de près d'un demi-siècle. Elle avait reçu le duché d'Angoulême en récompense des soins qu'elle avait pris pour rapprocher, au commencement de 1589, Henri III et Henri IV[195]. Elle mourut à Paris le 11 janvier 1619, à l'âge de quatre-vingts ans, et fut enterrée dans la chapelle d'Angoulême, au couvent des Minimes de la place Royale, où sa tombe se voyait avant la Révolution[196]. FIN DE L'OUVRAGE |
[1] Commentaires et lettres de Blaise de Monluc, t. III, p. 78, édit. de la Société de l'Histoire de France.
[2] Mémoires de Bruslart dans les Mémoires de Condé, t. I, p. 151. Le comté de Dammartin avait été acheté par le connétable de Montmorency de Philippe de Boulainvilliers, et était revendiqué par le duc de Guise au nom du sire de Rambures qui lui avait cédé ses droits.
[3] El conestabile sempre tiene i suoi piedi in due staffe.... Vuole che Memoransi sia hugonoto sel secreto.... et de l'altra banda vuole che Danvilla, suo secondo tiglio, se nostri catholico. (Lettre d'Antonio Pecce, agent espagnol, datée du 3, mai 1565, à Conzalo Perez ; Arch. nat., K 1503, n° 108.) Cette duplicité n'avait pas échappé à Davila (Histoire de la guerre civile, in-fol., t. I, p. 179).
[4] Art. 4 de l'édit du 16 août 1563 (Isambert, Recueil des anciennes lois, t. XIV, p. 145).
[5] Cette garde se composait de cinquante arquebusiers qui ne le quittaient jamais, l'accompagnaient à l'église et au cabinet du roi, et, la nuit, veillaient à sa porte (Documents cités par M. de Bouillé, Hist. des ducs de Guise, t. II, p. 338, note).
[6] Cette pièce est publiée en tête d'un des pamphlets du cardinal de Lorraine (Discours sur le congé impétré par M. le cardinal de Lorraine de faire porter armes defendues à ses gens pour la tuition et défense de sa personne, et sur ce qui lui advint à l'occasion de cela à son arrivée à Paris le 8 de janvier 1565, s. l., 1565, petit in-8° de 72 pages).
[7] No obstante las prohibiciones grandes que ay de no llevar arcabuzes ni pistoletes, quando este rey fue a dar los inocentes en la camara del amirante como arriba esta dicho estava sa mesa, camara, y recamara cargado y atestada de pistoletes y arcabuzes armadas y aderezados como convenia y se sabe que todos los de su vanda llevan ordinariamente los muslos de los calços llenos de arcabuzielos pequenos y reforçadissimos. (Lettre originale de Chantonay au roi d'Espagne, datée de Paris et du 3 janvier 1564 ; Arch. nat., K 1501, n° 5.)
[8] Le Laboureur, Mémoires de Castelnau, 1731, t. II, p. 284.
[9] Ledit Charry avoir été fait de la main de M. de Guise, qui luy causa l'envie que l'on avoir sur luy parce qu'il aimoit la maison de Guise. (Journal de Bruslart dans les Mémoires de Condé, t. I, p. 140.)
[10] Commentaires et lettres de Blaise de Monluc, t. I, p. 381, édit. de la Société de l'Histoire de France.
[11] La Popelinière, Hist. de France, 1581, t. I, p. 374 v°.
[12] Brantôme, t. V, p. 341 et 342, édit. de la Société de l'Hist. de France.
[13] Rapport du temps, sans adresse, et dont la signature a été coupée (f. fr., vol. 3256, f. 75).
[14] Brantôme, t. V, p. 342. La rue de la Huchette, appelée aussi rue du Parvis, a été détruite pour l'agrandissement du parvis Notre-Dame. Belleforest et La Popelinière disent que Charry descendait la rue de la Harpe (Belleforest, Les grandes annales, 1579, t. I, fol. 1645 v° ; La Popelinière, Hist. de France, 1581, t. I, p. 374 v°). L'autorité de ces deux écrivains se confond, car ils se copient textuellement dans ce récit.
[15] Belleforest et La Popelinière l'appellent La Gorrette, Bruslard Agorrette (Journal de Pierre Bruslard dans les Mémoires de Condé, t. I, p. 140).
[16] La Popelinière et Belleforest ne nomment pas Constantin et le remplacent par François de Beauvais, sieur de Bricquemaut. Nous croyons que La Popelinière et Belleforest se trompent. Bricquemaut avait plus de soixante ans et son caractère grave se serait refusé à un crime. Il fut pendu en 1572, après la Saint-Barthélemy, et on ne voit pas qu'on lui ait reproché la mort de Charry (Voir l'arrêt rendu contre Bricquemaut le 27 octobre 1572, Estat de France sous Charles IX, 1578, t. I, p. 566 v°). Constantin au contraire était un aventurier des bandes de gens de pied. Au commencement de la guerre civile, il s'était attaché à d'Andelot (Brantôme, t. V, p. 344).
[17] Le Laboureur, Mémoires de Castelnau, 1731, t. II, p. 628.
[18] Brantôme, t. V, p. 341.
[19] Brantôme, La Popelinière, Belleforest et Bruslard, loc. cit. De Thou, contrairement à son habitude, donne peu de détails sur cet événement.
[20] Voyez entre autres la lettre du roi à Henri de Montmorency-Damville, datée du 8 janvier 1563 (1564) (Mémoires de Condé, t. V, p. 40).
[21] Circulaire du roi aux s. de Soubise, de La Rochefoucault, du Lude, de Lanoue et de Teligny, minutes datées du 15 juillet 1565 (f. fr., vol. 15881, fol. 191).
[22] Brantôme, t. V, p. 345.
[23] ..... Chastelles, muy gran privado del amirante, dormia ordinariamente en su camara, y aquella manana hablo el amirante con el mas de dos horas. (Lettre de Chantonay à Philippe II, du 3 janvier 1564 ; Arch. nat., K 1501, n° 5.)
[24] Lettres patentes du roi datées du 15 janvier 1564 (Félibien, Hist. de Paris, t. IV, p. 800).
[25] Cada noche quando mandas retirar a todos fuera de la camara de la reyna, los Chatillones quedan alti hasta que ella comienza a desnuedarse. Desde alli pasan à la càmara del rey christianissimo y se estan con él hasta que esté a costado y se cierran las cortinas para dormir. Despues salen à la sala grande que es lade delantey se pasean en ella una hora y mas accompanados de ciento y a las vezes de ciento y cinquenta hombres, gente escogida. Con todo esto la reyna esta muy asosegada y contenta. (Lettre originale de Chantonay à Philippe II, datée de Paris et du 3 janvier 1564 ; Arch. nat., K 1501, n° 5.)
[26] Lettre de Chantonay à Philippe II, du 27 janvier 1564, déchiffrement original (Arch. nat., K 1501, n° 40).
[27] Le roi partit de Paris le 24 janvier 1564 et passa le mois de février à Fontainebleau (Lettre du roi à Damville du 11 février, f. fr., vol. 3191, fol. 20. — Lettre du même au même du 12 mars, f. fr., vol. 3191, fol. 33). Il se trouvait à Troyes le 25 mars 1564 (Lettre du même au même, f. fr., vol. 3191, fol. 41). Abel Jouan a laissé de ce voyage une relation écrite jour par jour, que l'on trouve dans le tome I des Pièces fugitives pour servir l'histoire de France du marquis d'Aubais.
[28] Lettres originales du roi au maréchal de Montmorency, de mars et du 10 mars 1563 (1564), toutes deux datées de Fontainebleau (f. fr., vol. 3191, fol. 45, et 3185, fol. 57).
[29] Sur ces désordres voyez les lettres du roi à Guy de Daillon, s. du Lude, gouverneur du Poitou, du 25 février, du 25 août et du 3t oct. 1564 (Bibl. nat., Anjou et Touraine, vol. 10, n° 4384 et suiv.). L'une de ces lettres, celle du 25 août, contient un post-scriptum très curieux. Après avoir recommandé de ne rien épargner pour désarmer les séditieux, le roi ajoute : Vous voyez ce que je vous mande. Ne faites faute de le faire, autrement je m'en prendray à vous ; car j'ai quinze ans et veux être obéi.
[30] Lettre du roi au maréchal de Montmorency, datée de Châlons et du 20 avril 1564 (f. fr., vol. 20507, fol. 101, copie du temps).
[31] Dans une lettre du 11 mai, le roi ne parle plus de ce projet (Lettre adressée à Montmorency (f. fr., vol. 3204, fol. 23).
[32] Lettre originale du roi à François de Montmorency, datée de Roussillon et du 31 juillet 1564 (f. fr., vol. 3204 fol. 37). Dans cette même lettre, le roi renouvelle les ordres déjà prescrits pour empêcher tous désordres à la procession du 15 août prochain.
[33] Journal de Pierre Bruslard publié dans les Mémoires de Condé, t. I, p. 145 et 146. Le chevalier du guet, qui avait agi de bonne foi, ne fut pas condamné par le conseil du roi (Ibid., p. 148).
[34] Lettre originale du roi à Montmorency datée de Valence (f. fr., vol. 3204, fol. 39).
[35] Lettre originale du roi à Montmorency (f. fr., vol. 3204, fol. 55).
[36] Lettre originale du roi à Montmorency (f. fr., vol. 3204, fol. 55).
[37] Cette ordonnance est imprimée dans les Mémoires de Condé, t. V, P. 193.
[38] Lettre originale de Catherine de Médicis à François de Montmorency, datée d'Arles et du 19 novembre (f. fr., vol. 3204, fol. 61).
[39] Lettre originale du roi à Montmorency, datée de Nîmes et du 14 décembre (f, fr., vol. 3204, fol. 65).
[40] Il est appelé Tancray dans la lettre du roi citée plus bas. Nous suivons l'orthographe adoptée par Secousse dans le Journal de Bruslard. Voyez la note suivante.
[41] Cette affaire est exposée dans le Journal de Bruslard (Mémoires de Condé, t. I, p. 149), mais avec plus de détails dans une lettre du roi du 5 janvier 1564 (1565) (f. fr., vol. 32o2, fol. 64).
[42] Cette lettre est sans date, mais la mission de La Porte sert à la dater. Une lettre de Catherine, du 19 novembre, nous apprend que La Porte venait d'arriver à la cour (f. fr., vol. 3204, fol. 61).
[43] Le voyage de la reine d'Espagne à Bayonne n'était pas encore décidé, mais il en était question.
[44] Le duc d'Anjou, en recevant le sacrement de confirmation à Toulouse quelques mois plus tard, échangea ce nom d'Alexandre contre celui de Henri qu'il a porté jusque sur le trône. Les derniers mots de cette lettre sont autographes (f. fr., vol. 3206, fol. 4).
[45] Rapport sans adresse et dont la signature a été coupée, daté du 14 janvier 1563 (1564) (f. fr., vol. 3256, fol. 75).
[46] Les actes de ce concile ont été publiés à Reims sous le pontificat de monseigneur Gousset, Actes de la province ecclésiastique de Reims, 4 vol. in-4°.
[47] M. de Bouillé dit le 6 janvier, sans considérer que le cardinal, dont la paresse était connue, en se mettant en route le 6 janvier, n'aurait pu arriver à Paris le 8, surtout en passant par Soissons (Bouillé, Histoire des ducs de Guise, t. II, p. 341).
[48] Lettres originales de François de Alava à Philippe II du 18 janvier, du 7 février et du a mars (Arch. nat., K 1503, n° 33, 46 et 53). L'ambassadeur espagnol est le premier qui nous fasse connaître l'objet des conférences de Condé et du cardinal de Lorraine.
[49] Il avait épousé Isabelle de Hauteville, dame de Loré.
[50] Lettre de Francis de Alava à Philippe II, du 18 janvier 1565 (Arch. nat., K 1503, n° 33).
[51] Ce bruit était absurde, car la veuve du duc de Guise appartenait de corps et d'âme depuis longtemps à Jacques de Savoie, duc de Nemours, qu'elle épousa trois ans plus tard.
[52] Voyez notamment une lettre attribuée au seigneur de Guergne et à Claude Dubourg et adressée au prince de Condé sous la date du 15 déc. 1564 (Mémoires de Condé, t. V, p. 240).
[53] Lettre originale en espagnol de Francis de Mana à Philippe II, datée de Toulouse et du 23 janvier 1565 (Arch. nat., K 1503, n° 35).
[54] Charles de Lorraine, plus tard connu sous le nom de Mayenne.
[55] Brantôme, t. III, p. 355, et VI, p. 452.
[56] Cependant de Thou et, après lui, les historiens qui se sont occupés de cette affaire ont signalé l'existence de cette déclaration du roi (De Thou, t. III, p. 533).
[57] Rapport à l'ambassadeur espagnol en date du 9 janvier 1565, original espagnol (Arch. nat., K 1505, n° 31).
[58] De Thou, t III, p. 533 ; Félibien, Hist. de Paris, t. II, p. 1092. François de Montmorency fait allusion à la mission de Hurault de Boistaillé dans la lettre à Jeanne d'Albret que nous publions plus loin.
[59] Voyage de Charles IX par Abel Jouan (Aubais, Pièces fugitives pour sentir à l'histoire de France, t. I).
[60] Cette affaire était une des causes de l'ardeur que le prince de Porcian apportait contre le cardinal de Lorraine. La fille aînée de Diane de Poitiers avait épousé Robert de La Marck, duc de Bouillon. Elle en avait eu une fille, appelée Diane comme sa grand'mère, qui fut mariée à Jacques de Clèves, duc de Nevers. La duchesse de Nevers devint veuve sans enfants en septembre 1564 et eut des difficultés avec les héritiers de son mari à l'occasion de son douaire. Telle était l'affaire que le Parlement avait à juger.
Parmi les héritiers du duc de Nevers se trouvait le prince de Porcian, qui avait épousé Catherine de Clèves, comtesse d'Eu, sœur du duc décédé. La duchesse de Nevers, à Sedan, avait embrassé la réforme, Diane de Poitiers, désireuse de distraire sa petite-fille de ses nouvelles opinions religieuses, l'avait retirée auprès d'elle. Le prince de Porcian, accusant Diane de Poitiers et les Guises de la ténacité que la duchesse mettait à poursuivre son procès, envahit la retraite de Diane avec une foule de gens de guerre et enleva sa belle-sœur, prenant excuse que madame de Valentinois vouloit contraindre sa petite-fille d'aller à la messe. Diane de Poitiers, se sentant en défaveur à la cour, n'osa se plaindre, mais Henri de Montmorency, seigneur de Damville, parent de la duchesse de Nevers, réclama en vain au roi contre l'acte du prince de Porcian. C'est dans une lettre de Damville à la reine-mère, datée du 18 janvier 1564 (1565), que nous prenons les détails qui précèdent (f. fr., vol. 15880, fol. 97).
[61] Lettre de François de Montmorency à Jeanne d'Albret, publiée plus loin.
[62] Journal de Bruslard dans les Mémoires de Condé, t. I, p. t 50.
[63] Nous publions plus loin cette pièce.
[64] Dusommerard, Les arts du moyen âge, t. I, p. 243, note ; Bouillé, Hist. des ducs de Guise, t. II, p. 345, note.
[65] Lettre de François de Montmorency à la reine, du 8 janvier 1565, publiée plus loin.
[66] Journal de Bruslard dans les Mémoires de Condé, t. I, p. 150. Les registres du criminel, depuis le 1er janvier 1565 jusqu'à la fin de 1566, manquant aux Archives nationales, il ne nous a pas été possible de retrouver cette enquête.
[67] Claude Guyot avait été nommé prévôt des marchands le 31 août 1564 (Journal de Bruslard dans les Mémoires de Condé, t. I, p. 146 et 148). Le titre de seigneur des Charmeaux lui est donné dans le Livre des Marchands de Louis Regnier de la Planche.
[68] L'entrevue du maréchal et du prévôt Claude Guyot est racontée dans une pièce in-8°. signée du secrétaire du maréchal, datée du 10 janvier 1565 (La Response faicte par monsieur le mareschal de Montmorency quand on luy présenta le congé obtenu par monsieur le cardinal de Lorraine de faire porter armes défendues à ses gens et le lendemain envoyée au parquet de Messieurs les gens du roy à ce que personne n'en pesai prétendre ignorance, 1565, s. l., petit in-8° de 6 pages). De Thou a donné une grande autorité à cette plaquette en la reproduisant presque textuellement dans son récit. Voyez la note suivante.
[69] De Thou, liv. XXXVIII, 1744 t. III, p. 537.
[70] Lettre de François de Montmorency à la reine de Navarre, publiée plus loin.
[71] Sans doute Nicolas de Schulemberg, seigneur de Mondejeu, dont le nef, situé non loin de la principauté de Porcian (Ardennes, comm. de Saint-Lambert), fut érigé plus tard en comté pour Jean de Schulemberg, maréchal de France (Anselme, Histoire généalog., t VII, p. 589). Dans la lettre à la reine-mère, Montmorency écrit que Mondejeu était de la suite du prince de Porcian ; dans celle qui est adressée à la reine de Navarre, il le dit de sa compagnie. On trouvera ce dernier document plus loin.
[72] Lettre de François de Montmorency au roi, copie moderne (f. fr., vol. 6621, fol. 91).
[73] C'est par erreur que la lettre est datée du 10 janvier ; elle ne peut être que du 11, puisque Montmorency raconte la fuite du cardinal qui eut lieu le mercredi 11 janvier.
[74] Copie du temps (Arch. nat., K 1503, n° 2). Cette lettre nous fournit la preuve de la prodigieuse étendue d'informations de Philippe II. Elle est conservée parmi les documents rapportés d'Espagne en 1810.
[75] La lettre de Montmorency au duc de Montpensier est une copie presque textuelle de la lettre adressée à la reine de Navarre (f. fr., vol. 3188, fol. 6, copie du temps). Il est probable que le gouverneur de Paris en adressa d'analogues à tous les princes.
[76] L'ambassadeur d'Espagne suivait le roi.
[77] Cette pièce est écrite en langue espagnole. Nous la traduisons sans aucun changement.
[78] L'écharpe blanche avait été arborée par le prince de Condé pendant la première guerre civile et était devenue le signe distinctif de ses partisans.
[79] Rapport sans signature, mais qui doit être du docteur Gaspard Barchino, espion ou agent reconnu laissé par l'ambassadeur d'Espagne à Paris, persona de bien y desapasionada (Lettre d'Alava à Philippe II du 23 janvier 1565 (Arch. nat., K 1503, n° 35). Ce rapport est très exactement résumé dans une autre pièce, également sans signature, qui provient aussi de la correspondance de l'ambassadeur d'Espagne (Arch. nat., K 1503, n° 28).
[80] Peu de jours après, Marguerite fut conduite à Toulouse pour recevoir des mains du cardinal d'Armagnac le sacrement de confirmation avec le duc d'Anjou (D'Aubigné, Histoire universelle, 1630, t. I, col. 291).
[81] Marguerite de Valois, qui épousa plus tard le roi de Navarre. — Hercule de Valois, plus tard François, duc d'Alençon et d'Anjou.
[82] Voici une charmante petite lettre de ce jeune prince de huit ans et demi au connétable, qui appartient évidemment à cette époque. C'est peut-être une des premières qu'il ait écrites :
A mon parrin, monsieur le
connétable.
Mon parrin, monsieur le
mareschal de Montmorency et ma seur m'ont faict grand plaisir de me venir voir.
Elle m'a bien asseuré d'estre souvent avec moy, qui est bien le plus grand
plaisir que je scaurois avoir estant par deçà et vous prie luy escrire qu'elle
n'i faille pas et vous souvenir de
Vostre bon filleul,
HERCULES.
(Autog. sans date ; f. fr., vol. 32o2, f. 77.)
[83] Nous préparons sur Jacques de Savoie, duc de Nemours, et sur Françoise de Rohan une étude où ce fait sera exposé.
[84] Copie moderne assez peu intelligible (f. fr., vol. 6621, fol. 93). Cette lettre porte la date du 11 janvier, mais ne peut être que du 12.
[85] Journal de Bruslard dans les Mémoires de Condé, t. I, p. 151.
[86] Lettre originale en espagnol de l'ambassadeur d'Espagne à Philippe II, datée de Toulouse et du 4 février1565 (Arch. nat, K 1503, n° 44).
[87] Ce personnage est nommé dans une pièce du temps connue assistant au conseil de guerre, mais son nom n'est pas reproduit par de Thou. Voir la note suivante.
[88] Le discours du voyage faict à Paris par monsieur l'admiral au mois de janvier dernier, petit in-8°. S. I. n. d., 1565. De Thou a reproduit presque textuellement cette pièce, liv. XXXIII (t. III, p. 537).
[89] La lettre de Jean d'Hébrard, baron de Saint-Sulpice, ambassadeur de France en Espagne, annonçant officiellement au roi que Philippe II a autorisé la reine Élisabeth à prendre part à l'entrevue de Bayonne, est datée du 21 janvier 1564 (1565). Elle est rappelée dans une lettre que cet ambassadeur écrivit le lendemain au secrétaire Bochetel (500 de Colbert, vol. 395, fol. 273, autographe).
[90] Les minutes de toutes ces lettres sont conservées dans le vol. 15880 du fonds français, fol. 99. Il est probable que le roi en adressa d'analogues aux autres gouverneurs.
[91] Original (f. fr., vol. 3185, fol. 78).
[92] Lettre originale en espagnol de Francis de Alava à Philippe II, datée de Toulouse et du 4 février (Arch. nat., K 1503, n° 44).
[93] Au commencement de décembre, le conseil du roi avait établi une nouvelle taxe sur le papier. Le roi ordonna à Montmorency, par une lettre du 6 décembre 1564, de faire enregistrer l'édit au Parlement (Orig., f. fr., vol. 3204, fol. 63). Sur les représentations du maréchal et du Parlement, il consentit à soumettre la nouvelle taxe à un examen nouveau (Orig. daté du 21 janvier 1564 (1565), ibid., fol. 67). Mais dans une autre lettre, datée du 23 février, il maintint la taxe et ordonna impérieusement l'enregistrement de l'édit par le Parlement (Orig., ibid., fol. 89).
[94] Original, f. fr., vol. 3202, fol. 71.
[95] Lettre de créance, originale, datée de Carcassonne et du 24 janvier 1564 (1565) (f. fr., vol. 3202, fol. 76). La reine avait eu l'idée première d'envoyer Lansac, son homme de confiance, au gouverneur de Paris. Après réflexion, elle lui expédia son frère Thoré (Déchiffrement original d'une lettre de l'ambassadeur d'Espagne à Philippe II, datée de Toulouse et du 26 janvier 1565 ; Arch. rat., K 1503, n° 38).
[96] Lettre originale de Charles IX à François de Montmorency, datée de Castelnaudary et du 30 janvier 1564 (1565) (f. fr., vol. 3208, fol. 25).
[97] Lettre d'Alava à Philippe II du 26 avril 1565 (Arch. nat., K 1503, n° 76).
[98] ..... rumiar y hacer ruido entre si, corne le tiene de costumbre (Lettre d'Alava du 4 février 1565 ; Arch. nat., K 1503, n° 44).
[99] Lettre originale en espagnol de Francis de Alava à Philippe II, datée de Toulouse et du 4 février 1565 (Arch. nat., K 1503, n° 44).
[100] Original, fonds français, vol. 32.34, fol. 71.
[101] Le discours du voyage fait à Paris par monsieur l'admiral au mois de janvier dernier, petit in-8°, 1565.
[102] Orig., f. fr., vol. 6627, fol. 4d4.
[103] Lettre de créance datée du 3 février, originale (f. fr., vol. 3204, fol. 73).
[104] Original, f. fr., vol. 3204, fol. 78.
[105] La lettre est signée du roi et cependant le corps de la lettre est de la reine-mère. Cette singularité se présente assez fréquemment pendant la minorité de fait du roi.
[106] Voyez deux lettres du roi au sire de Martigues et au duc d'Estampes, du 1er février (f. fr., vol. 20510, tol. 127), et une de la reine-mère à François de Montmorency, du 2 février (f. fr., vol. 3184, fol. 8), qui prescrivent des dispositions d'arrangement pour cette entrevue.
[107] Lettre originale datée de Toulouse et du 12 février 1555 (f. fr., vol. 3204, fol. 81).
[108] Lettre originale de Charles IX à Français de Montmorency, datée du 14 février 1565 et de Toulouse (f. fr., vol. 3204, fol. 83).
[109] Nouvelles lettres patentes du roi partant très exprès commandement à tous ses lieutenants généraux de faire de nouveau publier et réitérer les défenses et prohibitions de porter et s'assembler en armes, petit in-8°, Paris, 1565. Il y a un exemplaire de cet imprimé, qui est rare, aux Archives nationales, K 1503, n° 49. Quelques jours avant, le 6 février, le roi avait adressé des ordres analogues à plusieurs de ses lieutenants. Voyez la lettre adressée à Damville (f. fr., vol. 3204, fol. 75).
[110] Lettre originale, datée de Toulouse et du 10 février 1565 (f. fr., vol. 3204, fol. 87).
[111] Lettre originale de Charles IX à François de Montmorency, datée du mars 1565 et de Toulouse (f. fr., vol. 3,14, fol. 94). Sur ce point le roi fut mieux obéi que dans ses prescriptions pacifiques. Lorsqu'il revint de son voyage, en juillet 1566, il posa lui-même la première pierre du a boulevard (probablement la terrasse) qui borde le jardin des Tuileries (Félibien, Hist. de Paris, t. II, col 1104).
[112] Lettre d'Alava à Philippe II, du 22 mai 1565 (Arch. nat., K 1503, n° 98).
[113] Lettre d'Alava à Philippe II, du 5 mai (Arch. nat., K 1503, n° 86).
[114] Le duc de Guise avait été conduit à la cour par le s. de Crenay (Lettre d'Alava citée plus haut).
[115] Ce dialogue est textuellement rapporté par Alava dans sa lettre du 5 Mai (Arch. nat., K 1503, n° 36).
[116] Petit in-8° de 4 pages. On en conserve un exemplaire aux Archives nationales (K 1503, ne 32), qui provient de la correspondance de Philippe II. Il est couvert de notes marginales.
[117] Livre XXXVIII, t. III, p. 537.
[118] Imprimé à Anvers par Guillaume Richman, petit in-8°, daté du 2 avril 1564 (1565). On en trouve un exemplaire aux imprimés de la Bibliothèque nationale (Coll. Fontanieu, vol. 154, fol. 49). Ce pamphlet a été cité par Bayle. Voy. Piennes.
[119] In-8° sans lieu ni pagination. On en conserve un exemplaire au département des imprimés (Coll. Fontanieu, vol. 154). Bayle a utilisé cet écrit. Voy. Piennes.
[120] Petit in-8° de 72 ou 88 pages (il y a au moins deux éditions), sans lieu, daté de 1565. On en conserve un exemplaire aux imprimés de la Bibliothèque nationale (Coll. Fontanieu, vol. 305), et un autre aux Archives nationales (K 1503, n° 27).
[121] Cet ouvrage a été réimprimé dans le Panthéon littéraire, à la suite de L'Estat de France sous François II, du même auteur. Il est analysé avec détails et exactitude par M. Lenient (La satyre en France au XVIe siècle, p. 300).
[122] M. de Bouillé en énumère un certain nombre (Histoire des ducs de Guise, t. II, p. 345 et ss.).
[123] Le discours du voyage fait à Paris par Monsieur l'admiral au mois de janvier dernier, 1565, petit in-8°. On en conserve un exemplaire aux Archives nationales avec un autre pamphlet (K 1503, n° 32).
[124] Au XVIIIe siècle, Secousse, le savant qui a le mieux connu l'histoire du règne de Charles IX, avait fait la collection de ces pièces. Il se proposait de les publier à la suite de son édition des Mémoires de Condé (5 volumes in-4°, 1743), si le public recevait favorablement cet ouvrage. Secousse devint aveugle peu d'années après cette publication. Ce fut probablement cette circonstance qui empêcha l'impression du volume qu'il avait préparé sur les démêlés du cardinal de Lorraine et de François de Montmorency. L'auteur avait légué ses papiers à la bibliothèque, mais nous y avons vainement cherché le recueil préparé sur l'affaire du 8 janvier 1563. Cette perte est d'autant plus regrettable que le catalogue de la bibliothèque de Secousse (in-8° de 595 pages, Paris, Barrois, 1755) énumère un certain nombre de pamphlets que nous n'avons pu retrouver nulle part. Voyez la préface de l'édition in-4° des Mémoires de Condé.
[125] Le récit des préparatifs arrêtés pour l'entrée de la cour à Toulouse est conservé dans les registres du Parlement (Archives du palais de justice, à Toulouse). La délibération du Parlement est datée du 13 février. La cour envoya au-devant du roi le président de Paulo et les conseillers Jehan du Tournoer, Antoine de Solier, Guérin d'Alzone et Guillaume Fabry. Ces registres donnent les détails les plus curieux sur le passage du roi. On pourrait y joindre une longue pièce sur le même sujet conservée dans les 500 de Colbert, vol. 140, fol. 485.
[126] Lettre d'Alava à Philippe II, datée de Toulouse et du 23 janvier 1565 (Arch. nat., K 1503, n° 35). Dans une autre lettre, datée du 4 février, l'ambassadeur d'Espagne constate que le roi, fatigué du voyage, était un peu amaigri (Ibid., n° 44).
[127] La lettre de Damville est du 21 janvier 1564 (1565), celle du cardinal d'Armagnac du 23. Tomes deux sont imprimées dans l'Histoire du Languedoc, t. V, preuves, col. 182 et 183. Les originaux de ces deux lettres étaient dans l'ancienne collection Saint-Germain, aujourd'hui fonds français, vol. 15880, fol. 103 et 111. Ils ont été enlevés pendant la Révolution et sont aujourd'hui conservés à la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg.
[128] Ce chiffre est confirmé par une lettre d'Alava à Philippe II, datée de Toulouse et du 23 janvier 1565 (Arch. nat., K 1503, n° 35).
[129] Lettre originale du 22 janvier 1564 (1565) (f. fr., vol. 3202, fol. 73).
[130] Copie du temps, sans date (f. fr., vol. 15880, fol. 109).
[131] Commentaires et lettres de Blaise de Monluc, t. V, p. 1, édition de la Soc. de l'Hist. de France.
[132] Villanias, dit l'ambassadeur d'Espagne (Lettre d'Alava à Philippe II ; Arch., nat., K 1503, n° 35).
[133] Lettre d'Alava à Philippe II ; Arch., nat., K 1503, n° 35
[134] L'ambassadeur d'Espagne constate qu'il y avait à Toulouse, à l'entrée du roi, 3 ou 4.000 gentilshommes (Lettre du 4 février ; Arch. mat., K 1503, n° 44).
[135] Lettre originale du roi à Damville, datée de Carcassonne et du 24 janvier 1564 (1565) (f. fr., vol. 3185, fol. 80).
[136] Le duc de Montpensier, fatigué de l'esprit séditieux des huguenots, remit en ce temps son gouvernement au roi en lui demandant une province où le nouveau culte ne serait pas autorisé (Lettre d'Alava à Philippe II, du 4 avril 1565 ; Arch. nat., K 1503, n° 68).
[137] Lettre du duc de Montpensier au duc de Montmorency (f. fr., vol. 3188, fol. 11, copie du XVIIe siècle).
[138] Brantôme, t. VI, p. 492 et 493, édit. de la Société de l'Hist. de France. Toutes les lettres de l'ambassadeur d'Espagne confirment l'appréciation de Brantôme et de de Thou (Arch. nat., K 1503, passim). Il est vrai que l'ambassadeur était convaincu que l'accord du prince de Condé et du cardinal de Lorraine était un fait accompli ou bien près de l'être.
[139] De Thou, t. III, p. 538.
[140] Brantôme, t. VI, p. 493 et 494.
[141] Brantôme insinue que le roi et la reine, dans leur particulier, blâmaient le maréchal (t. VI, p. 492).
[142] Lettre originale du roi au duc de Nemours, datée de Toulouse et du 3 février 1565 (f. fr., vol. 3211, fol. 30).
[143] Lettres patentes sur parchemin datées de Toulouse et du 8 février 1565 (f. fr., vol. 3187, fol. 57). La lettre d'envoi du roi à d'Humières se trouve dans le même fonds (vol. 3,78, fol. 27).
[144] Lettre originale du roi au s. de Prie, de même date que les précédentes (f. fr., vol. 3241, fol. 70).
[145] Lettre originale du roi à François de Montmorency, de même date (f. fr., vol. 3207, fol. 39).
[146] Lettre originale du coi à Montmorency de mène date (f. fr., vol. 3212, fol. 1).
[147] Mémoires de Bruslard dans les Mémoires de Condé, t. I, p. 153. Cette liste est peut-dire encore incomplète ; suivant une lettre du duc d'Aumale (Mémoires de Condé, t. V, p. 272), il y eut trente nominations.
[148] Arch. nat., K 1505, n° 2. Copie du temps sans date.
[149] Lettre originale en espagnol de François de Alava à Philippe II, datée du 7 février 1565 (Arch. nat., K 1503, n° 46).
[150] Lettre d'Alava à Philippe II, du 2 mars 1565 (Arch. nat., K 1503, n° 53).
[151] Nicolas de Polweiler, gentilhomme d'Alsace, gouverneur de Hagueneau, colonel au service de l'Espagne, agent de confiance de Charles-Quint et de Philippe II.
[152] Papiers d'estat du cardinal Granvelle, t VIII, p. 680, dans la Collection des documents inédits.
[153] Mémoires de Condé, t. V, p. 272.
[154] L'acte de cette ligue est publié dans les Annales de Toulouse de Lafaille, t. II, preuves, p. 62.
[155] Lettre originale de Candale au roi, du 20 mai 1563 (f. fr., vol. 15875, fol. 495).
[156] Lettres du roi et de la reine, minutes sans date (f. fr., vol. 15881, fol. 201, et 15876, fol. 472).
[157] Commentaires et lettres de Blaise de Monluc, t. III, p. 81.
[158] De Thou, liv. XXXVII (t. III, p. 548). Le récit de de Thou est plus vraisemblable, car les copies de la lettre se multiplièrent. On en trouve une dans les papiers de Philippe II (Arch. nat., K 1503, n° 51).
[159] Lettre d'Alava à Philippe II, du 8 juin 1565 (Arch. nat., K 1504, n° 6).
[160] Une copie du temps de cette importante pièce est conservée à la Bibliothèque nationale, dans le fonds français, vol. 20461, fol. 58. Le roi oblige les seigneurs à déclarer sur leurs vye et honneur qu'ils n'ont aucune intelligence ne communication avecques ceula qui font ou auroient volonté faire telles entreprinses, et que, quant à culs, ils ne scavent que c'est d'associations, ligues, sermons, promesses, escrits ne signatures baillées à cette intention, et à toutes renoncent et ne veullent avoyr aucune participation comme contraires à l'obéissance qu'ils doibvent à Sa Majesté et au repos de ce dit royaulme, qu'ils veullent de leur pouvoir maintenir et garder, et en cela ne cognoistre ne suivre autre intention que celle de Sa Majesté sans querelle particulière ni autre occasion ils prenent ne facent prendre les armes par qui que ce soit sans son exprès commandement. Et, combien que leur loyauté et fidellité soit assez cogneue de Sa Majesté et tant (comme ils estiment) qu'il n'en puisse désirer plus certaine preuve que de leurs effets, si ont-ils bien voullu (satisfaisant à son commandement) signer ce présent acte de leurs seings, à ce que soubs buis prétexte nul ne puisse couvrir de leur nom la mauvaise intention ; et afin que les princes et princesses de son sang et autres princes, gouverneurs, chevaliers de l'ordre, seigneurs et cappitaines absents scaichent et entendent le contenu cy-dessus, a voullu Sa Majesté que ce présent acte leur soit envoyé pour, par leur seing, rendre ie mesme tesmoignage de l'intention bonne qu'ils ont en test endroict non moindre (comme il s'assume) que les dessus dits estant près sa personne, voullant croire qu'ils n'en feront aucune difficulté. Car il ne pourroyt tenir ceux qui refuseraient faire semblable déclaration par leur seing autres que coupables de telles entreprinses, factions et intelligences dignes de sa malle grâce, comme contempteurs de son autherité et édict, et perturbateurs du repos publicq, et eu ce faisant crimineux de lèse majesté ; et tels en ce cas les tient et déclare dès à présent comme pour lors, et semblablement tous ceulx et celles qui sauront aucune chose des dites associations, factions et entreprisses dessus dites et ne viendront à en advenir Sa Majesté comme il appartient à tous bons et loyaulx subjects.
[161] Lettre d'Alava à Philippe II, du 13 juin 1565 (Arch. nat., K 1504, n° 12).
[162] Lettre du roi à Jarnac, minute datée de Bayonne et de juin 1565 (f. fr., vol. 15881, fol. 174).
[163] Lettre originale du roi à François de Montmorency, datée de Mont-de-Marsan et du 24 mai 1565 (f. fr., vol. 3208, fol. 29).
[164] Journal de Bruslard dans les Mémoires de Condé, t. I, p. 153.
[165] Lettre originale de Charles IX à François de Montmorency, datée de Toulouse et du 4 mars 1565 (f. fr., K. 3204, fol. 91).
[166] Lettre d'Alava à Philippe II, du 27 avril 1565 (Arch. nat., K 1503, n° 79).
[167] Lettre originale de Charles IX à François de Montmorency, datée d'Aiguillon et du 28 mars 1565 (f. fr., vol. 3185, fol. 97).
[168] Cet événement est raconté, d'après les registres de la paroisse de Saint-André-des-Arcs de Paris, dans une note des Mémoires de Condé, t. I, p. 155.
[169] Lettre d'Alava à Philippe II, du 23 juillet t565 (Arch. nat., K 1504, n° 58). Dans presque toutes les lettres de mars, avril et mai, l'ambassadeur d'Espagne présente l'alliance de Condé et du cardinal de Lorraine comme un fait imminent. Voyez notamment la lettre du mai (Arch. nat., K 1503, n° 98).
[170] Lettre originale du roi à François de Montmorency, datée de Toulouse et du 16 mars 1565 (f. fr., vol. 3194, fol. 57).
[171] Original, f. fr., vol. 3194, fol. 42.
[172] Lettre originale datée de Mont-de-Marsan et du 11 mai 1565 (f. fr., vol. 3194, fol. 47).
[173] Journal de Bruslard dans les Mémoires de Condé, t. I, p. 155 et ss.
[174] Lettre d'Alava du 26 mai 1565 (Arch. nat., K 1503, n° 107).
[175] Lettre originale du roi à François de Montmorency, datée de Mont-de-Marsan et du 21 mai 1565 (f. fr., vol. 3194, fol. 60).
[176] Les lettres patentes du roi au Parlement, de même date que la lettre adressée à Montmorency, sont imprimées dans le Journal de Bruslard (Mémoires de Condé, t. I, p. 156).
[177] Roole particulier de ceulx que le roi ne veult entrer en sa ville de Paris jusques à son retour en lad. ville (f. fr., vol. 3194, fol. 51 ; original signé du roi, contresigné par Laubespine). Bruslard a connu cette liste et la reproduit p. 157.
[178] Original signé du roi, contresigné par Laubespine (f. fr., vol. 3194. fol. 49). Cette liste est restée inconnue à Bruslard et même à de Thou.
[179] Lettre originale du roi au prince de Porcian, datée de Mont-de-Marsan et du 21 mai 1565 (f. fr., vol. 3950, fol. 30).
[180] C'est ce que les pamphlets du temps appellent la guerre cardinale. Voyez les pièces publiées par Lenglet du Fresnoy dans le t. VI des Mémoires de Condé, in-4°, 1743. On conserve dans le fonds français, vol. 3197, fol. 95, une lettre de Claude de Lorraine, duc d'Aumale, au sieur d'Auzance, gouverneur de Metz, l'un des auteurs de la déconvenue du cardinal, qui prouve combien ce nouvel échec fut sensible à la maison de Guise.
[181] Le château de Dampierre (Seine-et-Oise) avait été bâti ou du moins très embelli par lui. Peut-être cependant s'agit-il de Dampierre (Loiret).
[182] Remonstrance au roi et à son conseil par monseigneur le cardinal de Lorraine, l'an 1566, le 12 janvier (f. fr., vol. 395r, fol. 95 v°, copie). Il y a une seconde copie de cette pièce dans le vol. 86 de la coll. Dupuy.
[183] Voir note précédente.
[184] L'arrêt du roi rendu en son conseil privé, qui déclare Coligny innocent, est daté du 29 janvier 1566. On en conserve une copie aux Archives nationales (K 1505, n° 68).
L'original de l'acte par lequel les enfants, les frères et les neveux de François de Guise déclarèrent accepter l'arrêt du conseil du roi, était conservé à la Bibliothèque du Louvre fr., vol. 209, fol. 37). (Note de M. Lalance dans les Mémoires de Marguerite, p. ad.)
[185] Copie (f. fr., vol. 3243, fol. 79).
[186] Légende de dom Claude de Guise, chap. XIV, dans le tome VI des Mémoires de Condé. Brantôme accueille l'accusation d'empoisonnement (t. VI, p. 494), et de Thou ne semble pas éloigné d'y croire (liv. XLI, 1741, t. III, p. 759).
[187] Journal de Lestoile, édit. Champollion, p. 20.
[188] D'Aubigné assure que la retraite du maréchal de Montmorency, qui s'était senti malade à Chantilly, peu de jours avant les noces de Henri de Navarre, sauva du massacre les membres de la maison de Montmorency (Hist. univ., 1626, col. 537 et 539). Le duc de Bouillon émet le même jugement (Mémoires, coll. Petitot, p. 118).
[189] La plupart des pièces relatives à la conspiration des Politiques sont publiées dans les Mémoires d'estat de France sous le règne de Charles IX, 1578.
[190] Journal de Lestoile, 1744, t. I, p. 111 et note.
[191] Une copie de son testament est conservée dans les 500 de Colbert, vol. XXIX, fol. 238.
[192] Journal de Lestoile, édit. Champollion, p. 115.
[193] Duchesne, Hist. de la maison de Montmorency, t. I, p. 439. Les huguenots répandirent le bruit qu'il avait été empoisonné. Voir les Mémoires de La Huguerye, t. I, p. 394.
[194] Fauvelet du Toc, Hist. des secrétaires d'État, in-4°, p. 117.
[195]
Mémoires du duc de Bouillon, édit. Petitot, p. 216, note.
[196] P. Anselme.