TURENNE

SA VIE, LES INSTITUTIONS MILITAIRES DE SON TEMPS

 

CHAPITRE VII. — TURENNE COMBAT LA FRONDE ESPAGNOLE - 1653-1655.

 

 

État des opérations militaires après le retour de Mazarin. — Le cardinal et Turenne travaillent avec le même zèle à repousser les Espagnols. — Reprise de Rethel et de Mouzon. — Témoignage du duc d'York sur les qualités des généraux français. — Gloire de Turenne dans la campagne de 1654. — Délivrance d'Arras.

 

MAZARIN, qui était rentré à Paris le 5 février 1653, se trouvait en présence de grandes difficultés à l'intérieur et au dehors. À l'intérieur, la Fronde n'était point vaincue : elle n'avait désarmé qu'à Paris, il restait à la réduire dans les provinces. Il fallait soumettre la Guyenne, et, comme au temps de la lutte de Henri IV contre la Ligue, retirer des mains de gouverneurs révoltés ou suspects les places fortes qu'ils détenaient. Tout en travaillant à la pacification intérieure de hi France, il fallait rétablir sa prépondérance au dehors et réparer les pertes que la Fronde lui avait causées. Sur trois points nos frontières étaient entamées ; Gravelines, Dunkerque et Mardick étaient au pouvoir des Espagnols ; la Champagne était envahie ; Rethel et Sainte-Menehould nous avaient été enlevées ; aux Pyrénées, nous avions perdu Barcelone en Catalogne ; aux Alpes, Casai. L'Allemagne, déjà ingrate, protestait coutre le traité de Westphalie. Tout le fruit des victoires de Rocroi et de Lens paraissait perdu.

Mazarin ne désespéra point de cette France mutilée et saignante ; il revint à ses grands desseins de politique extérieure, et voulut porter les derniers coups à la branche cadette de la maison d'Autriche. Il trouva dans Turenne l'auxiliaire le plus actif et le plus dévoué. Depuis la mort de son frère, le maréchal était le véritable chef de la puissante maison de Bouillon, et Mazarin, comprenant tout le profil qu'il pouvait tirer de ses services, ne négligea rien pour se l'attacher étroitement. Il fit épouser Marie-Anne Mancini, la plus jeune de ses nièces, au jeune duc de Bouillon, Godefroi-Maurice de la Tour : il témoigna constamment ait maréchal une entière confiance, lui laissant la plus grande liberté d'action, le faisant renseigner sur les projets des Espagnols par ses agents secrets ou par ses dépêches, et lui assurant dans les conseils un rôle prépondérant par son empressement à accepter ses avis. Turenne lui-même s'est plu à reconnaître la confiance que Mazarin eut toujours eu lui pendant la Fronde espagnole. Cet hiver se passa dans une entière confiance du roi et de la reine pour M. le cardinal, qui avoit toujours une grande considération pour M. de Turenne, lequel sçavoit autant que personne les intérêts de la cour les plus cachés, et assurément dans une affaire difficile il eût eu la principale confiance. M. le cardinal, n'étant nullement contraint ni par le roi ni par la reine, et ayant une parfaite connoissance de tous les esprits de la cour, vivoit selon les sentiments dans lesquels il sçavoit qu'un chacun étoit, ayant une manière toute particulière de mener les esprits à son point[1].

Turenne fut digue des sentiments que lui témoignait si sincèrement l'ancien ennemi de sa maison ; il mit franchement son génie au service de la France et de son roi, et conquit une gloire inattaquable en assurant par ses victoires le triomphe des idées de Mazarin. Ce fut un rare bonheur pour le cardinal d'avoir dans son parti un pareil tacticien, car les troupes royales étaient bien inférieures à celles des Espagnols. D'après les mémoires de Turenne, l'armée ennemie se composait de seize mille hommes de pied et de onze mille chevaux. D'après les mémoires du prince de Tarente, qui servait sous les ordres de Condé, cette armée comptait vingt mille fantassins et quatorze mille cavaliers. Autre avantage : les Espagnols, maîtres de la Capelle, tiraient de leur province de Flandre tous les secours et toutes les munitions nécessaires ; par Stenay, qui appartenait à Condé, ils touchaient au Luxembourg ; par Rethel et Sainte-Menehould, ils pouvaient fourrager jusqu'aux portes de Paris. Tant que Bordeaux prolongea sa résistance. Turenne n'avait que six à sept mille hommes de pied, cinq mille chevaux, avec lesquels il fallait tenir la campagne et garnir les places, peu de munitions de guerre, peut de cavalerie, aucun équipage d'artillerie[2]. Si le prince de Condé conservait Rethel, ayant la Meuse à sa gauche avec Monzon et Stenay, à sa droite la frontière des Pays-Bas, d'où il pouvait tirer des vivres, il devenait impossible de couvrir tous les pays qu'il menaçait, tels que Verdun, Saint-Dizier et Vitry d'un côté, Guise, Laon, Soissons, Reims et Châlons de l'autre. D'après une dépêche de Mazarin à le Tellier, nous voyons que le cardinal comprenait, comme le maréchal, toute l'importance de cette place. Elle faciliteroit aux ennemis les moyens de faire de grandes conquêtes, puisque, la pouvant munir de toutes choses, elle donne jalousie quatre grandes villes et à toutes les places frontières de ce côté-là. Non seulement Turenne était convaincu de l'importance de Rethel, mais il savait encore que la dispersion des deux corps ennemis, échelonnés, dans le Luxembourg, l'autre en Flandre sur la Sambre, lui laisserait le temps d'enlever cette place avant qu'ils pussent opérer leur jonction pour la secourir ; heureux d'ailleurs de signaler son zèle et de justifier la confiance que l'on avait en lui sur un lien qui avait été le théâtre de sa révolte, il passe promptement l'Aisne et va occuper, à trois lieues au delà de Rethel, l'endroit où les corps espagnols devaient opérer leur jonction ; il ordonne au maréchal de la Ferlé, qui était à Sainte-Menehould, de marcher en même temps que lui, s'achemine avec une partie de ses troupes par Château-Porcien, prend en passant Chaumont et assiège Rethel le 5 juillet. Condé en avait confié le gouvernement au marquis de Persan, officier très expérimenté ; mais la garnison, qui ne comptait que huit ou neuf cents hommes, était insuffisante. Les deux maréchaux attaquèrent vigoureusement les dehors qui formaient la principale défense de la place, et les ayant emportés, ils dressèrent des batteries près des murailles, firent deux brèches et enlevèrent la ville en trois jours. Les Espagnols en étaient encore à décider lequel des deux corps se mettrait en mouvement pour aller trouver l'autre.

Condé s'empressa de chercher ailleurs des compensations, et il engagea les Espagnols à faire une invasion en France avec une armée de trente mille hommes. Les troupes du roi commandées par les maréchaux de Turenne et de la Ferlé ne montaient toujours qu'à sept mille fantassins et à cinq mille chevaux ; et la plupart des places étaient sans garnison, ou n'en avaient que de faibles. Les Espagnols, réunis près de la Capelle, entrèrent de là en Picardie par le pays qui est entre la Somme et l'Oise, prirent la route de Fonsomme et y séjournèrent quelques jours. Turenne vint les attendre près de Vervins, et Louis XIV, sous la conduite de Mazarin, le rejoignit avec sa maison militaire, qui devait former un utile renfort, le 24 juillet, eu deçà de l'Oise, au camp de Ribemont. Pour donner au jeune roi le spectacle d'un combat, Turenne voulut faire mie démonstration contre les ennemis campés à Fonsomme ; il franchit l'Oise, les attaqua vivement et mit leur avant-garde en pleine déroute. Jusqu'au 29 juillet, le roi resta au camp, et l'on tint. en sa présence plusieurs conseils de guerre, où l'on discuta le plan de campagne. Plusieurs officiers étaient d'avis de mettre toute l'infanterie dans les villes frontières, et de marcher avec la cavalerie aux trousses des Espagnols pour leur couper les vivres, les harceler et les empêcher d'entreprendre aucun siège. D'autres crurent qu'il ne fallait point partager l'année, mais qu'on devait gagner Compiègne et s'y porter pour défendre le passage de l'Oise et l'approche de la capitale du royaume. Mazarin était de l'avis des premiers et soutenait qu'il fallait traîner la guerre en longueur et ruiner ainsi Condé et les Espagnols. Le vicomte représentait qu'on affaiblirait trop l'année en la partageant, et, qu'en voulant garder le passage des rivières, on s'exposerait à être forcé par des troupes supérieures en nombre ; qu'il lui paraissait beaucoup plus sûr de tenir toute l'armée réunie, de s'approcher des ennemis et de les suivre dans tous leurs mouvements, en campant de manière à ne point être forcé de combattre ; que par ce moyen ils n'oseraient ni séparer leurs troupes pour faire des sièges, ni pénétrer dans le royaume, clans la crainte continuelle où ils seraient que leurs convois ne fussent coupés. Le maréchal de la Ferté partagea cet avis ; la majorité finit pal' s'y ranger ; l'armée se disposa à passer l'Oise pour surveiller l'ennemi, et la cour se retira à Compiègne, puis à Paris.

Turenne poursuivit l'exécution de son plan avec succès, et il ruina les grandes espérances que Condé avait fondées sur la supériorité de ses troupes, par la rapidité et la précision de ses manœuvres, massant son année dans le voisinage du prince, le menaçant d'une bataille et l'évitant aussitôt par des campements bien choisis, laissant à sa merci les villes sans garnison et l'empêchant de les assiéger par la crainte d'une attaque immédiate. Ou a rarement poussé si loin l'art de déconcerter un redoutable adversaire par un système de temporisation. Un exemple intéressant de la tactique de Turenne en cette circonstance, c'est l'affaire de Bapaume. Ayant surpris une lettre par laquelle il apprit pie l'ennemi, avant de rien entreprendre, voulait faire venir un détachement de Cambrai avec une grande quantité de vivres, il s'enquit diligemment par Bapaume de ce qui se passait à Cambrai, et il sut que ce détachement était prêt à partir. Il marcha aussitôt vers Péronne avec cinq mille chevaux et s'avança jusqu'à Bapaume pour l'attendre ; mais l'officier qui le commandait, en apprenant la marche de Turenne, s'empressa de retourner à Cambrai. Pendant ce temps, Condé, informé que l'infanterie française se trouvait isolée, se porta sur elle à marches forcées, dépassa Bapaume dans la nuit du 15 août, et arriva à neuf heures du matin entre Péronne et Manancourt. L'armée royale se trouvait alors à une heure de Péronne, proche du mont Saint-Quentin, le front à un ruisseau, sans cesse retranchée, entourée de hauteurs occupées par l'ennemi ; de plus, toutes ses reconnaissances ayant été prises, elle n'apprenait les nouvelles de l'ennemi que par ses coureurs. L'alarme fut grande, mais de courte durée ; Turenne avertit le maréchal la Ferté de la situation critique où l'on se trouvait, et se hâta d'envoyer Varennes, maréchal des logis de l'avinée, reconnaître le pays voisin.

Il sut bientôt qu'au delà d'un petit bois se trouvait une assez grande plaine où une grande partie de l'armée pourrait se mettre en bataille. Il y court avec sa droite, fait avertir la Ferté qui était à sa gauche, occupe le vallon vers lequel l'ennemi faisait déjà avancer quelques escadrons, s'y fortifie en deux heures, et fait mine d'une si vigoureuse résistance que ni le prince ni les Espagnols ne se risquèrent à le provoquer, bien que les deux années fussent restées en présence pendant trois jours. Le 18, les Espagnols déconcertés décampaient et remontaient, la Somme pour surprendre Guise. Turenne, prévoyant leur dessein, jeta deux mille cinq cents hommes dans cette ville, et le chevalier de Guise, qui servait sous Condé, refusant de contribuer à l'attaque d'une place qui faisait partie des domaines de son frère, celle démonstration suffit pour la sauver. On s'observa encore une quinzaine de jours à quatre lieues de distance, Condé campé à Caulaincourt, entre Ham et le Catelet, sur la droite de la Somme ; Turenne à Golancourt, à une lieue de flan, sur la gauche de la Somme. Le 1er septembre. le prince, qui était plus louché de la soumission de Bordeaux, qui venait de lui titre annoncée, que d'aucune disgrâce qu'il m'Il éprouvée, Ill marcher de nouveau l'armée espagnole par sa gauche, et se porta sur Rocroi qu'il investit[3].

Turenne ne pouvait se diriger sur Rocroi pour en inquiéter ou en retarder le siège, parce que cette frontière, à cause des grands bois qui l'entourent, est très avantageuse pour l'assiégé, et que son armée était, trop faible. Il résolut donc de la sacrifier et de se dédommager de la perle de cette ville en occupant une autre place. Il choisit Monzon sur la Meuse, entre Stenay et Sedan. Ses murailles flanquées de tours rondes étaient environnées d'un fossé sec, bien palissadé dans le milieu. Le côté le plus éloigné de la rivière, dominé par une montagne, était fortifié d'une enveloppe de trois ou quatre bastions. A la tête du pont, de l'autre côté du la rivière, il y avait, un ouvrage à corne, et le reste de la place était défendu par plusieurs demi-lunes. Wolf, vieux colonel allemand, d'une grande expérience, y commandait une garnison de quinze cents hommes d'infanterie et de trois cents cavaliers des troupes de Condé.

L'armée du roi passa l'Oise à la Fère, et arriva le 9 septembre à Rémilly, à une lieue de Monzon. Le lendemain on passa la Meuse au-dessous de la ville, et on distribua les quartiers. La cavalerie du vicomte s'étendit sur une ligne, depuis la rivière jusqu'au haut de la montagne, hors de la portée du canon de la place. Il campa avec son infanterie et les gendarmes dans une petite vallée moins éloignée ; il plaça dans un fond plus étroit, et plus près de la ville les régiments d'York et de Guyenne, et il fit ouvrir la tranchée la même nuit. Le maréchal de la Ferté commença ses approches en même temps, mais ses troupes se portèrent encore plus loin de la place que celles du vicomte. On ne Ill point de lignes de circonvallation pour ne pas perdre de temps. La petite rivière du Chiers couvrait Farinée de France du côté du Luxembourg, et empêchait les Espagnols de jeter du secours dans la place. Les six premières nuits, on poussa fort, avant les attaques du côté de l'enveloppe, et les bastions furent bientôt abandonnés par les assiégés. Ils se retirèrent aussi de l'ouvrage à corne, dès qu'on l'eut attaqué en deçà du pont ; mais le corps de la place fit une grande résistance. La descente du fossé et les logements y furent rendus très difficiles par les feux d'artifice, les bombes et les grenades que les ennemis faisaient pleuvoir sur les assiégeants. Enfin le mineur ayant été attaché à la muraille, et une partie des milles avant joué. le gouverneur capitula le 28 septembre, et sortit avec sa garnison, armes et bagages, pour être conduit à Montmédy. Le duc d'York, témoin de ce siège. et auquel j'en ai emprunté les détails, fut frappé dans celle circonstance des qualités des généraux français, et principalement de celles de Turenne. Il ne sera pas inutile de remettre ses réflexions sous les yeux de nos contemporains.

La promptitude avec laquelle les François poussent les sièges et prennent les places se doit particulièrement attribuer aux peines que se donnent leurs généraux ; au lieu que le duc d'York a remarqué que ceux des Espagnols s'en rapportent à un sergent de bataille ou à quelque autre officier inférieur, par les avis, et, pour ainsi dire, par les yeux desquels ils se gouvernent, M. de Turenne vouloit tout voir lui-même ; il alloit reconnoitre en personne et de bien près les villes qu'il vouloit assiéger ; il marquoit toujours l'endroit où il falloit ouvrir la tranchée, et y étoit présent ; il ordonnoit de quel côté il la falloit pousser, y alloit réglément matin et soir ; le soir pour résoudre ce qui étoit à faire durant la nuit, et le matin pour voir si ses ordres avoient été suivis, ayant toujours avec lui un lieutenant-général ou maréchal de camp qui devoit commander la tranchée, pour l'instruction de ses intentions ; il retournoit pour la seconde fois à la tranchée après souper, et y restoit plus ou moins de temps, suivant que sa présence y étoit nécessaire. La diligence du général excite nécessairement tous les officiers de l'armée à une grande application à ce qui est de leur devoir. M. de Turenne n'avoit pas un seul ingénieur à son attaque ; quand il en avoit dans d'autres sièges, il ne s'en servoit que comme d'inspecteurs sur les travaux : la plupart des officiers savoient comme on doit pousser la tranchée et faire un logement ; il y a un capitaine de mineurs qui a soin de les conduire suivant les ordres qu'on lui donne. Le duc d'York a reconnu, non seulement par sa propre expérience, mais encore par celle des plus habiles dans le métier de la guerre, qu'un général ne se doit jamais reposer entièrement sur quelque ingénieur que ce puisse être pour la conduite de la tranchée, parce qu'il n'est. pas raisonnable de croire qu'un homme qui doit y être à tout moment veuille s'exposer autant que des officiers qui, n'y allant qu'à leur tour, se piquent plus aisément d'honneur et d'émulation pour faire avancer leurs travaux, outre qu'ils en acquièrent plus de capacité pour tout ce qui regarde un siège. Le feu prince d'Orange qui suivoit une maxime tout opposée, en se confiant uniquement à ses ingénieurs, et n'employant ses officiers qu'à la défense des tranchées, en avoit peu qui entendissent bien à assiéger une place, à moins que ce ne fût quelque personne dont l'application et l'industrie suppléât au défaut de la pratique ; ainsi peu d'officiers ont jamais acquis beaucoup d'expérience parmi les Hollandois, et les habiles qui avoient servi avec eux croient appris ce qu'ils savoient bien dans d'autres pays[4].

Après le siège de Monzon, il ne se passa rien de considérable entre les deux armées pendant le reste de la campagne. La cour avait réuni quelques troupes venues de Bordeaux à celles de la maison du roi, et dans un conseil de guerre tenu à Laon, auquel Turenne avait été convoqué par Mazarin le 11 octobre, elle avait fait décider qu'on les enverrait assiéger Sainte-Menehould, que les ennemis occupaient encore en Champagne. Turenne couvrit le siège à l'Ouest, entre Condé et les Espagnols ; la Ferté, au Nord et à l'Est, contre le duc de Lorraine ; les lieutenants généraux Navailles, Castelnau, d'Uxelles, commandèrent les troupes jusqu'au novembre, ensuite elles lurent toutes placées sons l'autorité du maréchal du Plessis-Praslin, qui imprima à l'attaque une impulsion plus vigoureuse. Le 27 novembre la place était prise, et ce succès terminait brillamment celle campagne de 1653, glorieuse pour Turenne par ses marches audacieuses, par son habileté à juger sainement les aptitudes de l'armée qu'il commandait et à pénétrer le tempérament de son adversaire, par l'usage habile qu'il fit fréquemment des ouvrages de campagne, et par les résultats Si avantageux qu'il obtint en enlevant deux places importantes et en contribuant à la prise d'une troisième, taudis que Condé, malgré sa supériorité numérique, n'avait pu prendre que la seule ville de Rocroi. Cette année était glorieuse aussi pour Mazarin, car il avait réduit la Fronde provinciale, pendant que Turenne démoralisait les Espagnols.

La campagne de 1654 ne commença qu'après les fêtes du sacre du roi, qui eut lien le 7 juin. Mazarin tenait à l'inaugurer par quelque action d'éclat, et il avait pris tonies les dispositions nécessaires pour conserver le calme dans Paris et y ramener le roi victorieux. Condé ayant rassemblé en Flandre une armée considérable, qui semblait destinée à quelque grande entreprise, c'est contre lui personnellement que la guerre fut dirigée : on arrêta que l'on enlèverait la place forte de Stenay qui lui appartenait, et qui avait si longtemps servi d'asile aux Frondeurs. La direction du siège fut confiée à l'un des serviteurs les plus dévoués de Mazarin, Abraham Fabert, gouverneur de Sedan. Turenne dut garder la frontière de Champagne, et se porter soit au secours des assiégeants, soit vers la Flandre, si l'ennemi entreprenait quelque diversion de ce côté, soit vers Paris, si Condé essayait de s'y rendre pour répondre à l'appel de ceux qui voulaient troubler le royaume. Mazarin avait écrit à Turenne le 1er juillet qu'il comptait sur lui et sur le maréchal de la Ferlé pour faire tromper les ennemis dans leurs calculs. Sa vigilance était plus que jamais indispensable à la sûreté de l'État.

Le cardinal et le roi s'étaient rendus au camp devant Stenay, et Fabert avait ouvert la tranchée le 3 juillet. Or le G, Mazarin apprenait que les Espagnols, au lieu de tenter de secourir Stenay, avaient envahi l'Artois et mis le siège devant Arras. On jugera de l'inquiétude de la cour et du danger qui menaçait la France par ce seul mot de Condé aux Espagnols, rapporté dans les Mémoires du comte de Brienne : Si je prends Arras, vous y gagnerez et moi aussi, avec usure. Toutes les acquisitions des Français en Artois étaient menacées, et, pour conjurer ce danger, il l'allait un puissant effort en faveur d'Arras. Mazarin suit trouver les ressources pour sauver la situation, et Turenne suit en tirer parti. Arras, située sur la Scarpe, était divisée en deux villes : l'une appelée la Cité, petite, mais fortifiée de bons remparts et de solides bastions ; l'autre appelée la fille, était grande, très spacieuse, forte d'assiette et bien fortifiée. Le comte de Montjen, gouverneur de la place, n'avait que quatre mille hommes d'infanterie et mille chevaux. Condé avait préparé l'investissement, avec tant de vigueur, qu'une partie de la cavalerie, qui y tenait garnison, ayant, été envoyée en reconnaissance près de Doullens, n'eut pas le temps de rentrer dans Arras. Les maréchaux de camp, marquis d'Esquancourt et comte de Saint-Lieu, qui la commandaient, ne parvinrent à y rentrer que deux jours après l'investissement, et après plusieurs engagements où ils éprouvèrent des pertes considérables. Le maréchal de Turenne, qui était campé à Mouchy-les-Preux avec le maréchal de la Ferté, avait dessein de secourir la place en attaquant les lignes ; mais il reçut ordre de la cour de ne point tenter cette entreprise que Stenay ne fût rendu, et qu'on ne lui eût envoyé un renfort de troupes. Cette place étant prise, le maréchal d'Hocquincourt amena ce renfort composé de quatre mille hommes d'infanterie et de deux mille chevaux, ce qui, joint aux seize mille hommes qu'avaient les maréchaux de Turenne et de la Ferté, portait l'armée de secours à vingt-deux mille hommes. Condé avait réuni près de trente mille hommes. D'Hocquincourt se posta à un quart de lieue des lignes ennemies ; mais, ne s'y trouvant pas en sûreté, il alla camper à l'abbaye de Saint-Éloi. Les ennemis ouvrirent la tranchée par l'endroit le plus fort. Cette faute fit qu'après deux mois d'attaque, durant lesquels ils perdirent plus de trois mille hommes, ils n'étaient encore maitres que d'une demi-lune. Le gouverneur, n'étant attaqué que sur un seul point, n'eut pas à diviser sa garnison et put faire bonne contenance. Il concentra toutes ses troupes du côté de l'attaque et disputa le terrain pied à pied û l'ennemi. Turenne, de son côté, affamait les assiégeants ; grâce aux fortes positions de l'armée royale. il interceptait les convois de vivres et de munitions partis de Douai, Saint-Omer. Aire et Saint-Pol, et destinés à l'armée espagnole. Parmi les pertes de ce genre qui durent plus d'une fois décourager nos ennemis, le duc d'York a raconté la plus lugubre, dont il fut lui-même le témoin.

Une nuit que M. de Turenne visitoit avec le duc d'York les gardes avancées, ils aperçurent une lueur soudaine et violente, semblable à celle de la poudre ; il sembloit que c'étoit au quartier de M. de la Ferlé : mais en avançant de ce côté-là pour s'informer de ce que ce pouvoit être, les sentinelles qui étoient sur la hauteur de Mouchy, qui avoient vu la même chose, assurèrent que la chose s'étoit passée beaucoup plus loin dans la plaine qu'ils ne s'étoient imaginés, et qu'il falloit que ce fût auprès de Lens. Le lendemain au matin, on en fut éclairci, et on apprit qu'un régiment tout entier de cavalerie de cent vingt maîtres allant de Douai au camp des ennemis, et tous les officiers aussi bien que les cavaliers portant chacun un sac de poudre en croupe, outre quatre-vingts chevaux chargés de grenades que des paysans à pied conduisoient, avoient tous été brûlés, sans qu'on pût savoir comment cet accident étoit arrivé. Ce fut un triste spectacle de voir arriver ces pauvres malheureux, les visages hideux et défigurés, et le reste du corps brûlé à un point qu'il y en eut peu qui en guérirent. Des partis qui coururent où ils avoient aperçu le feu amenèrent au camp tous les hommes dans lesquels il y avoit encore quelque signe de vie, quelques chevaux des moins brûlés, et la paire de timbales qui appartenoit à ce régiment[5].

Grâce à la vigilance de Turenne, les assiégeants commencèrent bientôt à manquer de pain par la difficulté qu'ils avaient de faire venir leurs convois. D'autre part le prince de Condé, voyant qu'on perdait contre la place beaucoup de monde inutilement, ce qui faisait murmurer les troupes, proposa de lever le siège, et de détruire le corps du maréchal d'Hocquincourt qui n'avait que six mille hommes ; mais le comte de Fuensaldague s'opiniâtra toujours à continuer ses attaques, et l'archiduc partagea cet avis.

Turenne de son côté, apprenant par les espions l'état de l'ennemi, espérait toujours le réduire à lever le siège sans en venir à un combat ; il ne négligea rien pour s'opposer au passage d'un grand convoi que les Espagnols préparaient à Saint-Omer ; mais quand il sut que, malgré les précautions qu'on avait prises, le comte de Bonneville, lieutenant général de l'armée du prince de Condé, avait trouvé moyen de faire passer ce convoi, il résolut de ne pas différer plus longtemps une attaque générale. Incontinent les trois généraux allèrent reconnaître les lignes pour convenir des endroits par où on les attaquerait. Turenne dirigea cette reconnaissance avec autant d'habileté que d'audace, et les Mémoires du duc d'York complètent ici encore les siens, comme dans toutes les circonstances où il lui revient quelque gloire.

Il résolut en chemin faisant de reconnaître les lignes des ennemis de ce côté-là. Il y marcha droit en descendant du mont Saint-Éloi, et en étant approché à la demi-portée du canon, il les côtoya toujours à la même distance le long de la Scarpe, jusqu'à ce qu'il les eût observées autant qu'il le jugea nécessaire de ce côté-là : cependant les ennemis firent grand feu de leur canon ; il n'y eut point d'escadron qui ne perdit deux ou trois hommes sans les chevaux ; et quelques vieux officiers murmurèrent de ce qu'on les exposait ainsi pour rien. à ce qu'ils croyaient : c'est la seule fois que le duc d'York ait entendu, pendant qu'il a servi dans les armées de France, blâmer M. de Turenne d'exposer son monde sans nécessité. Mais ces messieurs reconnurent leur faute après qu'au eut forcé les lignes, puisque ce fut dans ce temps-là choisit, en s'exposant lui-même aussi bien que les autres, l'endroit par où l'on attaqua ; et s'il ne s'était pas approché avec toutes les troupes qu'il avoit avec lut les gardes avancées des ennemis ne se seroient retirées comme elles firent, et il n'auroit pu reconnoitre toutes choses avec tant d'exactitude. Il avança si près. avec quelques officiers volontaires, que le cheval de milord Germain fut tué sous lui d'un coup de mousquet tiré des lignes, dont la balle, après avoir passé au travers du corps de cet animal, le blessa rudement à la jambe.

Turenne a lui-même apprécié cette périlleuse reconnaissance : Cette marche seroit imprudente, disait-il en écoutant les observations auxquelles fait allusion le duc d'York, si elle étoit faite devant le quartier de Condé ; mais j'ai intérêt à bien reconnaître la position. et je cannois assez le service espagnol pour savoir que, avant que l'archiduc en soit instruit, qu'il en ait fait prévenir le prince de Condé et ait tenu son conseil, je serai rentré dans mon camp. Voilà qui tient à la partie divine de l'art de la guerre[6] !

Le lendemain, pour tromper l'ennemi sur ses véritables projets. Turenne alla reconnaître le quartier de Condé, et il rencontra le prince. qui était sorti de ses lignes avec dix escadrons ; il y eut entre eux quelques escarmouches dans lesquelles le duc de Joyeuse reçut une blessure, dont il mourut quelques jours après. Dès que les généraux eurent arrêté leur plan d'attaque, on convint de l'exécuter par trois endroits. La droite, où était la maison du roi, serait commandée par le maréchal d'Hocquincourt ; le centre par Turenne ; la gauche par le maréchal de la Ferté. L'attaque fut arrêtée pour la nuit du 24 au 25, jour de la Saint-Louis, patron de la France, et elle se fit entre minuit et une heure. Le maréchal d'Hocquincourt tomba sur les Lorrains, qui lui opposèrent lieu de résistance ; Turenne tomba sur le quartier de dom Fernando de Solis, qu'il avait reconnu avec le duc d'York ; et le maréchal de la Ferté se porta coutre Fuensaldague.

Turenne secondé par d'habiles lieutenants, le marquis du Passage, Castelnau-Mauvissière, le comte de Broglie, le duc d'York, força les retranchements de dom Fernando de Solis, et s'empara de son camp. La Ferté faiblit d'abord, mais Turenne, arrivant à son secours, acheva de mettre en fuite les Espagnols, qui laissèrent une partie de leur infanterie sur le champ de bataille. Leur déroute était complète. Restait, il est vrai, Condé, avec une armée d'autant plus redoutable qu'elle était disciplinée, et qu'elle marchait sous le commandement d'un général à qui elle témoignait autant de confiance que de dévouement. Condé tenta un retour offensif qui fut heureusement arrêté par Turenne. A la première alarme, il avait mis ses troupes en bataille pour défendre son quartier, situé du côté de Bapaume et de la France, mais quand il voit les lignes forcées, il quitte son quartier, court à celui de l'archiduc, réunit les fuyards, et, avec quatorze escadrons, marche sur Turenne. La plupart des cavaliers et soldats du maréchal, qui étaient entrés dans les lignes, s'étaient débandés pour piller le camp des ennemis, dont les tentes étaient toutes dressées. Condé les surprend et les taille en pièces. A cette vue, la Ferté, qui occupe une excellente position sur une hauteur, perd la tête, court à la rencontre du prince, et ne tarde pas à être mis en pleine déroute. Turenne monte au galop, avec du canon et quelques escadrons, sur la hauteur que la Ferté a eu l'imprudence d'abandonner ; il pointe quelques pièces d'artillerie sur Condé, et celui-ci fléchit sous la mitraille. Reconnaissant à cette manœuvre la présence de son rival, le prince, qui ne s'était avancé que pour donner le temps au quartier de l'archiduc de se retirer, croit sage de se retirer à son tour[7]. Il réunit en passant les troupes qui restaient dans la tranchée, et les ayant fait marcher devant lui, il opéra sa retraite d'Arras jusqu'à Cambrai, ayant avec lui le comte de Fuensaldague, le comte de Boutteville et M. de Ligneville ; il se retira de défilé en défilé, faisant tête de temps en temps aux Français qui le suivaient de près, et il sauva ainsi une partie de l'armée, ce épi lui valut ce compliment de Philippe IV : J'ai su que tout était perdu, et que vous avez tout sauvé. Philippe IV était réduit à ce moment à se contenter de peu. Condé avait sauvé son armée moins son artillerie qu'il avait dû abandonner ; les Espagnols laissèrent quatre mille hommes sur le champ de bataille, trois mille prisonniers, soixante-trois pièces de canon et tons leurs bagages. Le roi, qui était à portée avec la cour, arriva après l'action, et quoiqu'il n'eût pas encore seize ans, il fut sept ou huit heures à cheval pour visiter les lignes et le champ de bataille. Il donna une somme d'argent pour enterrer les morts, fit son entrée dans Arras, et témoigna à M. de Montjen la satisfaction qu'il avait de la belle défense qu'il venait de faire, et aux troupes combien il était satisfait de leur valeur. Turenne eut les principaux éloges, et sans rien diminuer de son mérite et de sa gloire, l'histoire doit reconnaître qu'il avait été admirablement secondé par les efforts du cardinal pour secourir les assiégés ; Fun avait sauvé Arras par son infatigable activité à trouver des hommes, des vivres, du matériel ; l'autre par son habileté à employer les ressources à mesure qu'il les recevait. Une multitude de personnages s'empressèrent de féliciter le maréchal, eu particulier le duc de Lorraine, que les Espagnols avaient emprisonné au commencement de l'année[8].

Il n'est peut-être pas de campagne qui nous révèle mieux que celle-ci la vigilance de Turenne, son attention à veiller à l'approvisionnement de l'année, à l'entretien du matériel. Au milieu des soucis incessants que lui donnent la présence de Condé, l'insuffisance de la garnison d'Arras, le mauvais étal de ses propres troupes, il entretient une correspondance, fréquente avec le Tellier et Mazarin, les informant de tous les détails de sa situation, ne se plaignant jamais, mais signalant sans cesse ce qui lui semble nécessaire pour assurer le succès partout où l'honneur de la France est engagé. L'admiration pour ce vaillant soldat redouble quand on constate avec quelles misérables ressources il fit de si grandes choses. Quelques D'ails de sa correspondance permettront d'en juger.

Comme nous marchons auprès de l'ennemi, on manquera de voitures pour les vivres. On fait d'ici ce qu'on peut pour cela, mais il seroit nécessaire d'une personne d'autorité de la part de son Éminence. Je suis fort incommodé de n'avoir personne ici qui fasse la charge d'intendant.... Il n'y a rien au monde qu'on ne fasse pour empêcher qu'Arras ne se perde.

..... Je vous supplie de faire avec le temps un amas d'outils à Bapaume. Il faut user du plus de diligence que l'on pourra polir faire venir les vivres.

..... Il ne faut pas perdre de temps à faire venir les farines à Bapaume.

Il serait impossible que la cavalerie subsistât si on ne lui donne du pain ; M. le Tellier s'en peut assurer.

Il est fort nécessaire... de faire venir des armes, à sçavoir, piques et mousquets, et des outils, à Bapaume.

Les demandes de ce genre reviennent dans la correspondance de Turenne jusque vers la mi-août, et malgré ce dénuement, on marche, on veille, on prend les convois de l'ennemi, ou saisit ses espions ; où est toujours sur la brèche, le soldat fidèle à son général, le général dévoué au soldat, l'un et l'autre vivant misérablement, mais courant avec la même ardeur à la gloire ou à la mort partout où l'ennemi les menace, partout où il faut combattre pour l'honneur du roi et le salut de la France !

Mazarin avait considéré la délivrance d'Arras comme le gage d'une paix prochaine, mais il fut bientôt détrompé. Le roi d'Espagne, un peu tardivement désillusionné sur le mérite de ses généraux, se détermina à confier à Condé la réorganisation de l'année et le commandement suprême pour tenter un dernier effort avant la fin de la campagne. Turenne ne lui donna pas le temps d'empêcher l'armée française de profiter du succès qu'elle avait eu sous les murs d'Arras, et manœuvrant habilement entre Bouchain et Cambrai, il passa l'Escaut et, le 6 septembre, s'empara du Quesnoy, place importante qui resserrait extrêmement les quartiers des Espagnols en Flandre, et pouvait être une excellente base d'opérations pour une marche en avant. C'est une échelle, disait Mazarin, par laquelle ils connoissent bien que nous pouvons monter bien liant l'année prochaine. Aussi prit-il toutes les précautions pour empêcher les Espagnols de la ressaisir. On travailla avec tant de diligence à la garnir d'hommes et de vivres que tous les dehors étaient déjà en état de défense le 1er novembre, et que Mazarin espérait bien la conserver quand même les Espagnols se préparaient à faire tous les efforts imaginables pour la reprendre.

Turenne acheva la campagne en continuant sa route sur Bruxelles. Il empara de Binch, se porta sur Maubeuge, prit position à Cateau-Cambrésis, enleva les châteaux d'Anvillers et de Girondelle, près Rocroi, et rejoignit le roi à Guise. On décida en conseil de guerre que la Ferté assiégerait la ville de Clermont en Argonne, qui avait été donnée à Condé en récompense de ses glorieux services pendant la minorité de Louis XIV. La tranchée fut ouverte le 5 novembre, et la garnison se rendit le 22.

On comprendra aisément le grand retentissement de la délivrance d'Arras, si l'on songe que notre réputation militaire avait perdu son prestige depuis la fin de la guerre de Trente ans ; qu'elle s'était affaiblie dans les mêlées aussi peu glorieuses que fréquentes de la guerre civile, et que la victoire de Turenne rendait à nos armes tout leur éclat. On comprendra aussi le grand service rendu à la couronne par le maréchal si l'on songe qu'à Paris on se préparait à renouveler la Fronde, et que Cromwell n'attendait que la prise d'Arras pour rompre avec la France, quand la France avait tant besoin de son concours ! Aussi la délivrance d'Arras éleva au plus haut degré dans l'Europe la renommée du maréchal de Turenne.

 

 

 



[1] Mémoires de Turenne, p. 475.

[2] Mémoires de Turenne, p. 453-454.

[3] Chéruel, Mazarin, II, 106 : Mémoires de Turenne, p. 454 sq.

[4] Mémoires d'York, p. LXXII.

[5] Mémoires d'York, p. LXXVI ; Mémoires de Turenne, p. 460-464.

[6] Mémoires d'York, p. LXXXI ; Napoléon, p. 157.

[7] Armagnac, p. 170.

[8] Mémoires de Turenne, p. 461, lettres du 8 juillet 1654, au camp devant Caulaincourt ; du 20 et du 21 juillet 1654, au camp de Mouchy-le-Preux. — La Gazette de France nous fournit, pour l'histoire de Turenne en l'année 1655, deux renseignements intéressants : Paris, le 21 juin 1655. Le 16, le maréchal de Turenne avant presté entre les mains de Leurs Majestez le serment du gouvernement du Limosin, prit congé d'elles, partit de cette ville pour aller à Fismes joindre l'armée du roi qu'il doit commander. Ses lettres de provision furent enregistrées au Parlement de Guyenne au mois de décembre de la même année. Gazette de France, la Réole, 16 décembre 1655 : La semaine dernière furent registrées au Parlement de Guyenne, transféré en cette ville, les lettres de provision du gouvernement du Limosin, dont le mareschal de Turenne a esté pourveu par le roy, en considération des grands services rendus à Sa Majesté dans ses armées, et particulièrement aux derniers troubles. De Cosnac, II, 271, 272.