RECHERCHES SUR LA XIVe DYNASTIE DE MANÉTHON

 

XI. Synchronisme de l’Exode avec l’histoire d’Égypte. — Autre synchronisme résultant d’un passage du livre des Juges. Sentiment du P. Petau, qui substitue le passage du Jourdain à la sortie d’Égypte. — C’est le roi Horus qui aurait laissé partir les Hébreux. — Conciliation des difficultés.

 

 

On lit au 3e livre des Rois[1] que la 4e année du règne de Salomon, dont la chronologie, du moins très approximative, peut être fixée sans peine, coïncidait avec la 480e depuis la sortie d’Égypte. D’autre part un passage de l’Exode, tel que le donnent et les manuscrits hébreux et la Vulgate[2], fixe à 430 ans la durée du séjour des Israélites en Égypte. Si donc l’on établit, avec D. Calmet, que la dédicace du temple de Salomon eut lieu 1004 ans avant l’ère vulgaire[3], et si l’on remonte les 13 années qui furent employées à le construire[4], on trouvera l’an 1017 pour le commencement des travaux (4e année du règne), c’est-à-dire l’an 1013 avant la date réelle de la naissance de J.-C., d’après le même chronologiste : c’est pour cela, je pense, que le tableau des rois de Juda, dans le Rationarium temporum du P. Denys Petau, porte l’an 1012 pour cette 4e année[5].

Il semble donc que, pour connaître d’une manière approchée le temps de l’histoire d’Égypte auquel correspond la fuite triomphante de Moïse, il n’y a plus qu’à ajouter 479 ans à 1017, et à voir où nous conduit l’année 1496 dans les tableaux établis aux paragraphes précédents de ces recherches. Quatre cent trente ans de plus nous conduisent à l’an 1926 ; en ajoutant un peu plus de deux siècles pour le temps qui sépare cette émigration du voyage d’Abraham en Égypte, nous arriverons, pour ce dernier fait, à 2240 environ.

Mais des difficultés de détail, provenant surtout de la variété des textes, compliquent une solution si simple en apparence : avant de les examiner l’une après l’autre, voyous quels synchronismes donnerait l’application pure et simple de la méthode que je viens d’exposer.

Nous avons vu que, d’après les dates astronomiques étudiées par M. Biot, l’avènement de Ramsès III, Hik-Pen, doit être placé vers 1300 ; mais pas plus tôt, s’il n’est déclaré majeur et couronné, que vers 1299. L’année 1496 nous conduit un peu avant l’avènement de Séti Ier ; d’après l’estimation proposée plus haut, elle se placerait vers le commencement du règne très court de Ramsès I, son prédécesseur. Si maintenant l’on accorde 127 ans à Séti Ier et Ramsès II réunis, en laissant à leurs successeurs la moyenne que j’ai indiquée, on fera concorder l’Exode avec la 9e année du 1er des grands règnes, et si l’on adopte seulement une de ces variantes, elle coïncidera avec le début du gouvernement de Séti.

Il serait assez difficile de comprendre, si l’on s’en tenait à ces seules données, comment les conquêtes, soit de Séti Ier, soit de Ramsès II, dans l’Asie occidentale, auraient pu être contemporaine des guerres de Josué contre les peuples de la Palestine, sans que, dans la Bible, il fût fait aucune mention du passage des Égyptiens ; et, cependant, ces guerres se placeraient alors vers les dernières années de Séti, bientôt suivies des courses victorieuses de Ramsès, un peu plus tôt ou un peu plus tard, selon les chiffres auxquels on s’arrêterait pour ces deux règnes. Sans doute les livres historiques des Hébreux ne sont pas des récits ordinaires, sans doute l’inspiration qui les a dictés, a constamment un but religieux ; cela est évident même pour ceux qui ne reconnaissent pas à cette inspiration un caractère divin Mais l’intervention de la Providence ne serait pas moins visible dans les incidents de ce passage des Égyptiens, s’il n’eût pas troublé la conquête, que dans le récit même de la victoire. D’un autre côté, rejeter la période de 480 ans, et se borner, pour évaluer la durée de l’époque des juges, à mettre bout à bout leurs gouvernements avec le temps des différentes captivités et avec ces temps indéterminés que l’on ne peut négliger pourtant ; faire en un mot ce qu’a fait Josèphe, et ce qu’on a fait souvent dans les temps modernes pour arriver à reporter l’Exode au 17e siècle, est un parti auquel je ne puis aucunement me résoudre. Je conçois l’hésitation entre les leçons diverses des différents manuscrits, mais je ne conçois pas l’omission délibérée de l’un de ces résumés si rares dans la Bible, et que nous recueillerions si ardemment dans l’histoire d’Égypte, si, au lieu de quelques manuscrits du Bas-Empire, horriblement maltraités par les copistes, nous avions, pour nous les fournir, ce que nous présente l’Ecriture sainte, savoir, des centaines de manuscrits anciens et des versions diverses, parfaitement d’accord pour le sens. D’ailleurs, même abstraction faite de ce chiffre, l’addition pure et simple des périodes partielles mentionnées au livre des Juges n’est point un procédé réclamé par la critique. Le système de Marsham, qui reconnaît des administrations et des captivités locales, susceptibles par conséquent d’être simultanées, comme certaines dynasties de l’histoire d’Égypte[6], n’est contredit par aucun texte de la Bible, et semble même indiqué par quelques uns d’entre eux[7]. Il est certain d’ailleurs, comme le fait observer M. Wallon, dans ses intéressantes Leçons à l’Ecole normale, que le relâchement du lien religieux, et surtout l’apostasie déclarée, entraînait presque nécessairement le relâchement du lien politique dans le gouvernement théocratique des Hébreux.

Mais, si l’on y réfléchit bien, on n’est réduit ni à placer l’Exode au 17e siècle, ni à faire coïncider la vieillesse de Josué avec les exploits de Sésostris, avec la renaissance de la domination égyptienne en Asie. D’abord nous ne savons guère à quelle année de la vie de Séthos rapporter les victoires qui rétablirent cette domination, et, quand les Juifs seraient partis d’Égypte au commencement de son règne, ou peu d’années auparavant, leur long séjour dans le désert laisserait beaucoup de temps libre pour ses campagnes[8] ; ils auraient eu à leur tour, plus de temps qu’il n’en fallait pour leur conquête, avant le passage de Ramsès. Mais ce n’est pas tout : le P. Petau ouvre un avis, bien étranger dans son esprit aux synchronismes de l’histoire d’Égypte, que personne ne prévoyait alors. Il ‘y a été conduit par les difficultés de la chronologie des Juges, difficultés qu’il s’exagérait, quoiqu’il en ait au moins entrevu la vraie solution[9]. Il dit que le point initial des 480 ans n’est pas le passage de la mer Rouge, mais celui du Jourdain, et il montre par le rapprochement de divers passages de l’Écriture, qu’en effet les écrivains hébreux employaient quelquefois le terme de sortie d’Égypte pour exprimer toute la pérégrination des Israélites fugitifs jusqu’à leur entrée dans la Terre-Promise[10]. Sans doute, je le répète, il n’est pas besoin de recourir à cette explication pour placer la période des Juges ; sans doute encore on peut à la rigueur, sans cela, éloigner des conquêtes de Josué le temps des exploits de Séthos et de Ramsès, et je montrerai tout à l’heure comment, si elles furent réellement postérieures à l’établissement des Juifs, les expéditions égyptiennes purent demeurer presque étrangères à leur histoire. Néanmoins, comme cette séparation entre les deux ordres de faits se conçoit d’autant mieux que la conquête israélite était plus ancienne et mieux affermie, du moins dans les contrées de l’Occident, avant les guerres de Sésostris, comme d’ailleurs nous aurons à examiner d’autres synchronismes égyptiens que le passage de la mer Rouge, je tiens pour précieuse l’indication du P. Petau et dois examiner les synchronismes qu’elle peut donner.

Reportant le temps de l’Exode à 40 années plus haut que la date précédemment indiquée ; c’est-à-dire à 1536, je trouve qu’en prenant un moyen terme pour les chiffres des deux grands règnes, ne laissant à Séti, dont les dernières années restent obscures dans l’histoire, que 51 ans, et en donnant 68 ans à Ramsès, comme semblait le supposer un fait astronomique mentionné plus haut, nous arrivons, pour l’avènement de Séti, vers 1492, et, pour 1536, vers la 3e année de Horus. Nous serons reportés vers la 11e, si nous admettons que Séti ait gouverné l’Égypte pendant 59 ans.

Horus serait donc le Pharaon qui laissa partir les Hébreux après une si opiniâtre résistance. Les faits connus de l’histoire d’Égypte sont loin de s’opposer à cette concordance, ou plutôt, si on les examine de près, ils l’auraient donnée, même abstraction faite du calcul qui vient, d’être produit.

Il faut, en effet, pour rentrer dans le sens le plus naturel des paroles de l’Écriture, que ce Pharaon succède à un long règne[11], et le prédécesseur de Horus, Aménophis III, nous a laissé la date de sa 36e année, tandis que les deux prédécesseurs de Séti, Achérès et Ramsès I paraissent fort loin de ce compte. Il faut que le départ des Hébreux ait été précédé d’une très longue oppression, puisqu’elle remonte plus haut que la naissance même de Moïse, et qu’il avait 80 ans quand Aaron commence à opérer des prodiges devant le roi pour délivrer son peuple ; or, est-il croyable que les Israélites, arrivés déjà à former un peuple nombreux, eussent supporté de pareils traitements pendant la période de morcellement, d’anarchie et probablement de troubles religieux (à cause des innovations d’Akhen-aten), que nous avons reconnue vers la fin de la 18e dynastie, Il est donc plus que probable qu’ils étaient déjà partis alors ; et cet état de troubles et de faiblesse intérieure de l’Égypte, cette circonstance, que Horus ne laissa point d’enfants pour,lui succéder, ne s’accordent-ils pas bien avec le souvenir d’un désastre qui aurait fait disparaître en un jour, et son armée et peut-être une partie de sa famille ? Il n’est d’ailleurs nullement besoin de terminer à cette même catastrophe le règne de l’oppresseur, puisque la Bible ne dit nulle part qu’il ait lui-même péri dans les flots[12].

II y a plus, ce que nous savons des débuts de ce règne nous sert à mieux comprendre les détails de la délivrance des Hébreux, et cette résistance sans cesse renouvelée d’un prince qui cependant ne peut méconnaître qu’il ne lutte pas seulement contre un homme. Ses succès contre les Éthiopiens[13], et les honneurs même religieux qui lui furent rendus[14], dorent augmenter en lui l’orgueil ordinaire aux despotes orientaux et spécialement à ceux de l’Égypte, où la confusion des termes était si fréquente entre les dieux et les rois. On conçoit, en se reportant à ces époques si différentes de la nôtre que, tout en reconnaissant au futur guide des Israélites un pouvoir surnaturel dont les effets frappaient ses yeux, le Pharaon ait cru pouvoir lui résister, et lui opposer le secours de son père Ammon.

En acceptant ce résultat, on aurait un espace assez long de troubles et de faiblesse intérieure entre le départ des Hébreux et les conquêtes des Égyptiens en Asie ; néanmoins celles de Séti auraient eu lieu avant que Josué se fût avancé au cœur de la Terre-Promise, les conquêtes des Israélites se trouvant d’ailleurs achevées bien avant le passage de Ramsès. Seulement on observera que, pour maintenir les limites en dehors desquelles doivent rester les dates des invasions égyptiennes, si l’on ne veut pas toucher au chiffre assez incertain de 67 ans écoulés entre les deux grands Ramsès, il faudra accepter 59 ans pour Séti, en ne laissant à Horus que 27 ans après l’Exode (y compris le temps d’anarchie), en conservant d’ailleurs le chiffre de 16 années pour les règnes réunis du prêtre Achéréï et de son fils Ramsès Ier. Cette combinaison n’expliquerait qu’avec grand’peine comment les Égyptiens auraient traversé la Palestine occidentale tout à fait au commencement du règne de Séti, tandis que les Juifs s’étendaient aux environs du Jourdain, sans qu’il y eût ni conflit ni concours entre l’action des deux peuples.

Mais, pour échapper à des bornes si étroites, dans lesquelles les faits historiques seraient mal à l’aise, j’en conviens, il suffira de déranger un ou deux des chiffres que, pour la 19e dynastie, j’ai choisis un peu arbitrairement, ne pouvant espérer là autre chose qu’une approximation raisonnable. Admettons seulement une tombe d’Apis, perdue entre la mort de Meïamoun et la seconde invasion des Pasteurs, comme il a fallu nécessairement l’admettre pour le premier Apis inauguré après Ramsès, et rendons à Miaïenphtha les 20 années que Julius Africanus lui accordait et que j’ai réduites à 5 par une simple conjecture : de cette façon, Séti II règnera dès 1509. Toute difficulté disparaît : ses conquêtes seront faites et achevées en Syrie avant la mort de Moïse, et, si l’on ne veut reporter l’avènement du roi Horus que le moins longtemps possible avant le passage de la mer Rouge, on sera libre d’arrêter avant sa 3e année, le règne de Ramsès Ier, ce que, ni Manéthon ni les monuments ne nous interdisent.

Horus mourrait alors en 1522, et arriverait au trône vers 1555. Comme aucun de ses frères ne paraît avoir régné longtemps, les 14 années qui suivraient le désastre de son armée, suffiraient très bien pour le temps où l’Égypte fut démembrée ou déchirée.

Nulle part, à ma connaissance, la Bible ne dit que Moïse fut appelé de Dieu à la délivrance de ses frères aussitôt après la mort de Pharaon dont il avait fui le pouvoir ; rien ne s’oppose non plus à ce qu’un règne de plus de 30 années ait successivement laissé des traces profondes et dans l’histoire de la grandeur et dans celle des désastres de l’Égypte. D’ailleurs, si l’on ramène le règne de Séti à 51 ans de durée, Horus remplira les années 1550 à 1514, l’Exode aura lieu vers sa 14e année, et la première campagne de Séti pourra encore se placer quelque temps avant la mort de Moïse.

Quand Ramsès II et surtout le grand Ramsès III pénétrèrent en Phénicie pour combattre les peuples de la Syrie[15], de la Mésopotamie et de l’Asie-Mineure[16], le souvenir de ces désastres devait être assez éloigné chez les Égyptiens pour qu’ils ne fussent pas emportés par la vengeance à chercher et à combattre leurs anciens sujets, et pouvait être assez bien imprimé encore dans leur esprit pour qu’ils ne fussent pas très empressés de les provoquer ; nous verrons en effet bientôt que ce souvenir se conserva chez eux. Les deux Ramsès, qui possédaient des flottes, ont dû suivre la côte, s’assurer la soumission des Philistins et des Phéniciens proprement dits, déjà terrifiés ou domptés dès le règne du premier Séti, et tourner les montagnes soit par la Cœlé-Syrie, soit par la trouée de l’Oronte. Les grandes expéditions de Sésostris furent, selon Diodore, terminées en neuf années[17], témoignage qui est à peine modifié ou interprété par les textes égyptiens aujourd’hui connus, puisque, selon M. Lenormant, les principales campagnes de Ramsès contre les Schétos eurent lieu l’an 5, l’an 7 et 11 de son règne. Il est vrai que, malgré ces trois campagnes, où les principales forces de l’empire semblent avoir été engagées, les redoutables Schétos... menaçaient les possessions des Pharaons dans la Mésopotamie. Mais, l’an 31, des ambassadeurs vinrent à Thèbes, de la part du prince des Schétos, et conclurent avec le roi un traité de paix... religieusement gardée de part et d’autre, jusqu’à la fin du règne du conquérant égyptien[18]. On voit donc que ce long règne ne fut nullement une suite continue d’expéditions où les Juifs se seraient trouvés enveloppés malgré eux, et qu’il n’est pas nécessaire de les reporter au temps où ils erraient dans le désert. On conçoit, après ce que je viens de rappeler, que l’armée égyptienne ne se soit pas jetée, à travers les chaînes et les contreforts de l’Anti-Liban, dans les contrées habitées par les tribus israélites, dont les rivages étaient bien peu considérables, puisqu’elles ne possédaient ou ne gardèrent, à ce qu’il semble, ni Acco ni Joppé, et que les Chananéens continuèrent à demeurer en différents lieux, spécialement dans le territoire des tribus maritimes de Zabulon, d’Ephraïm et de Manassé[19]. Ces cantons maritimes furent seuls traversés par les troupes des deux Ramsès, en supposant même qu’elles aient fait tout le chemin par terre, et l’on peut y rapporter ce que dit Hérodote des monuments laissés par Sésostris dans la Syrie-Palestine[20]. Quant aux Philistins, bien qu’ils aient pu reprendre une indépendance complète pendant les règnes obscurs de la 19e dynastie, et surtout pendant la révolte des impurs, ils furent certainement exposés pendant de longues années à l’ambition des rois d’Égypte, et l’on peut observer qu’ils ne paraissent pas avoir été bien redoutables aux Juifs jusqu’au gouvernement d’Héli[21], c’est-à-dire jusqu’à la décadence de la 20e dynastie, après laquelle l’empire asiatique des Égyptiens ne se releva jamais.

Tout s’accorde donc, la chronologie, l’histoire, la géographie elle-même, à fixer l’Exode au temps de Horus. Je sais néanmoins que reporter cet événement si haut dans l’histoire de l’Égypte, c’est se permettre une innovation dans la science. Champollion ne croyait devoir le placer que vers l’avènement de Ramsès II (qu’il appelait, comme on sait Ramsès III) ; M. de Rougé, dans sa Critique des travaux de Bunsen, incline, malgré quelque hésitation, à choisir pour date de la sortie des Hébreux, le règne obscur du fils de Ramsès, et, dans la préface de sa Notice sur les monuments égyptiens du Louvre, il s’en tient encore à cette opinion. Enfin, dans l’article du Correspondant, que j’ai cité tout à l’heure, M. Lenormant, fils du savant professeur d’archéologie au collège de France, descend plus bas encore et ne s’arrête qu’au règne de Séti II. Puisque j’ai soulevé la question, je dois examiner, avec l’attention qu’elles méritent, des opinions si bien recommandées ; je commence, suivant l’usage parlementaire, par l’amendement le plus éloigné de ma proposition.

 

 

 



[1] III Rois, VI, 1.

[2] Habitatio autem filiorum Israel qua manserunt in Ægypto, fuit quadringentorum triginta annorum (Ex., XII, 40).

[3] Hist. de l’Anc. et du Nouv. Testament, l. IV.

[4] III Rois, VI, 1.

[5] Rationarii temporum, pars II, l. II. — Cf. pages 84 et 108. — En effet, on voit à la page 178 (l. X, c. 1), qu’il penche vers cette opinion qui place la naissance du Sauveur quatre ans avant l’ère commune. Je n’entre pas dans la discussion des années pleines ou caves, qui serait sans aucune importance pour les dates égyptiennes qu’il s’agit de déterminer, puisque le synchronisme de ces dernières ne peut s’établir en chiffres rigoureux.

[6] V. l’exposition détaillée de ce système dans la Bible de Vence. On peut critiquer tel ou tel point des calculs de Marsham ; mais l’idée fondamentale de son système, la distinction des invasions à l’est et à l’ouest de la Palestine, tue parait incontestable, et si l’on prend le soin de dresser le tableau comparatif de cette double chronologie des Israélites, on verra que l’on se trouve fort à l’aise même pour y placer les périodes indéterminées.

[7] V. et cf. Jug., III, 12-13 ; VI, 3.4, 35 ; VII, 23 ; X, 7-9, 17 ; XI, 26, 29 ; XII, 1.

[8] Il parait que nous ne savons absolument rien de la 2e moitié de l’inscription comme (du moins il y a quelques années) étant de l’an 23. (V. Ann. de phil. chrét., juin 1847 ; Champ.-Fig. p. 327.)

[9] Rationarii temporum, pars II, l. II, c. 6, pp. 84-6.

[10] Ibid., c. 6, p. 86-7.

[11] Exode, II, 11-15, 23-4 ; III, 7-10 ; VII, 7 ; Act., VII, 23, 29, 30.

[12] Exode, XIV, 23-28.

[13] Champollion (lettre 12e, description des bas-reliefs de Silsilis). Il parait que ces tableaux ne sont pas datée, mais il y a lieu de croire que les événements qu’ils rappellent sont antérieure au démembrement de la monarchie par les frères de Horus, puisque Amontou-onkh a régné en Nubie, et que Morus n’a pas substitué son nom à celui de son frère, sur le monument de Barkal, tandis qu’il l’a fait pour des bas-reliefs employés à Karnak (Athen., juin 1855). Le démembrement de l’empire et la mort d’Amontou-onkh ont peut-être amené l’indépendance de l’Éthiopie et rendu nécessaire une nouvelle conquête sous la 19e dynastie.

[14] V. dans l’Égypte ancienne de Champollion-Figeac (page 153 et planche 86), son triomphe après la victoire. L’inscription de ce tableau traduite clans la lettre citée, contient ces paroles : Le Dieu gracieux revient, porté par les chefs de tous les pays. Son arc est dans sa main comme celui de Nandou, le divin seigneur de l’Égypte... Ce roi, directeur des mondes, approuvé par Phré, fils du Soleil et de sa race... Le nom de sa majesté s’est fait connaître dans la terre d’Éthiopie, conformément aux paroles que lui avait adressées son père Ammon. — Un bas-relief du temple de Ghebel Addèh, en Nubie, représente le roi Horus enfant, allaité par la déesse Anouké... Dans un autre bas-relief, une divinité protectrice présente le roi Horus, enfant, au dieu Horus, son homonyme, qui lui remet le signe de la vie divine. (Champ.-Fig. p. 319.) Ajoutons que c’est avec les Séti, le seul roi d’Égypte qui ait porté, comme nom propre, le nom isolé d’un dieu du pays ; car je ne crois pas que l’on ait conservé dans la science l’idée émise par Champollion dans sa 11e lettre que Ramsès s’employait comme l’un des noms du dieu soleil. Le sens propre de ce mot est enfanté par le soleil. Si le Ramsès, dieu grand, des niches de Ghirsché, n’est par le fondateur même de l’hémi-spéos, élevé à l’apothéose, ce doit être la trace d’un culte local.

[15] V. sur l’ethnographie des ennemis de Ramsès III, la curieuse notice de M. de Rougé publiée dans l’Athenæum français du 3 nov. 1855, pour rendre compte des découvertes de M. Greene. M de Bougé reconnaît dans la grande Inscription du 2e pylône de Médinet-Habou, avec la mention des Chéta et autres adversaires des dynasties précédentes, la description d’une flotte égyptienne, une bataille navale, et cette circonstance que les Tamahou avaient violé la frontière de l’empire du coté de la Syrie septentrionale. Divers peuples mentionnés par Hérodote dans la description des préfectures de Darius, se reconnaissent dans cette Inscription, d’après le savant égyptologue, ainsi que les Philistins, peut-être et un peuple (les Tabi) qui parait avoir habité vers la Cœlé-Syrie ; mais il n’est question ni de la Judée ni des Juifs.

[16] Selon M. F. Lenormant (V. Correspondant de février 1858, t. VII, p. 274-5, 2e série), on peut suivre avec vraisemblance, sur une carte de la Mésopotamie ancienne, la campagne de l’an 5 de Ramsès II, qui est racontée dans un papyrus de la collection Sallier et dans des inscriptions d’Ibsamboul et de Karnak. — Pour l’Asie mineure, V. Hérodote, II, 103-6.

[17] Diodore, I, 55.

[18] Corresp. ibid., pages 272-3. Manéthon dit aussi : Αύτός δέ έπί Κύπρον καί Φοινέκην καί πάλιν Ασσυρίουστε καί Μήδους στρατεύσας... ύποχειρίους έλαβε. (Ap. Jos., contra Apion, I, 15.)

[19] V. Josué, XVI, 10 ; XVII, 11-13 ; XIX, 46 ; Jud., I, 27-30.

[20] Hérodote, II, 106. — On a trouvé, près de Tyr, des vestiges du passage de Ramsès V. Revue archéol., 21e et 22e volumes.

[21] Cf. Jos., XV, 46-47 ; Jud., X, 7 ; I, Reg. IV, et la dissertation citée plus haut de la Bible de Vence.