RECHERCHES SUR LA XIVe DYNASTIE DE MANÉTHON

 

VIII. — Chronologie des 18e et 19e dynasties. — Rectification de quelques leçons de Josèphe. — Date de l’expulsion des Hyksos.

 

 

Il semble que, pour passer du connu à l’inconnu, il serait à propos de remonter par une série continue de dates, de faits et de monuments, depuis l’avènement de la 20e dynastie jusqu’à l’expulsion des Pasteurs. Mais, comme les dernières années de chacune des dynasties que je dois examiner dans ce paragraphe sont de beaucoup les plus obscures, j’aime mieux, en rattacher l’histoire à celle des règnes précédents, et je suivrai l’ordre des temps d’Ahmès à Ramsès Hik-pen, en ayant grand soin de n’enchaîner d’abord- que des dates relatives : on jugera ensuite si ce travail présente des garanties suffisantes pour qu’en l’adaptant aux dates absolues déjà déterminées, il soit permis d’en conclure des dates approximatives,et finalement celle de la délivrance du pays, qui nous donnera la limite inférieure du temps où la 14e dynastie a régné dans le Delta.

Ahmés, le vainqueur des Hyksos, le véritable libérateur de l’Égypte, et dont une inscription de Massara mentionne la 24e année[1], figure dans les extraits de Manéthon, conservés par le Syncelle, d’après le texte d’Africain, sous le nom à peine altéré d’Amosis. Il avait pour surnom officiel Ra Neb ros. C’est, ainsi qu’il est désigné dans la table d’Abydos, comme dans le tableau du Rhamesséium (1er du 2e pylône)[2], et, d’après les raisons aussi simples qu’ingénieuses présentées par M. de Bunsen[3], il n’est guère possible de douter que ce surnom n’ait fourni à Josèphe, et par suite à Africain, le personnage de Chebron ou Chebros, dont ils font le second roi de la 18e dynastie. Une difficulté plus grande, c’est le nom de Tetkmosis, que Josèphe, ou plutôt Manéthon lui-même[4], donne au prince égyptien qui fit évacuer Avaris par les étrangers, tandis que la succession des noms propres : Ahmès, Amenotph I, Thouthmès I, Thouthmès II, Thouthmès III, est attestée, non seulement par la table d’Abydos, mais, pour les 3 premiers, par le grand tableau funéraire du Rhamesséium de Kourna[5] où la 19e dynastie est en concordance parfaite, non pour le nombre, mais pour l’ordre des rois, avec ce monument, et de plus, pour tous les cinq, par un document contemporain, l’inscription tumulaire d’Ahmès Pensowan[6]. On a cru d’abord, lorsqu’on a commencé à reconstituer l’histoire d’Égypte, que le Tothmosis de Josèphe et Amenotph (Aménophis I), étaient un seul et même personnage ; on était enhardi à le croire par un passage du Syncelle, sur les deux ou trois noms portés par les anciens rois d’Égypte ; mais il est certain, comme l’a fait observer depuis M. Raoul Rochette[7], qu’il devait s’agir là du prénom officiel et du nom de bannière : plusieurs noms propres appartenant réellement à un seul et même Pharaon ne se trouvent nulle part. Du reste, Aménophis II ne se retrouve ni dans Josèphe ai dans Africain, et son existence n’est pas contestable ; mais Josèphe dit bien nettement que Tethmosis régna avant Aménophis I, et il faut convenir avec M. Rochette, que la difficulté reste grave. Peut-être cependant serait-il permis, sinon de l’éluder, du moins de l’atténuer, en admettant, comme l’a fait M. Lepsius[8], que ces deux princes étaient frères. Si le fait est vrai, et s’ils régnèrent ensemble, Thouthmès put d’abord présider à la délivrance de son pays, à l’évacuation d’Avaris[9], peut-être par une association au pouvoir qui aurait eu lieu du vivant de leur père ; et plus tard survivre à son frère et régner seul après sa mort. Il se trouverait donc ainsi le prédécesseur, le collègue et le successeur de son frère : rien de très étonnant dès lors à ce que la chronique de Manéthon eût d’abord parlé de lui, et que pourtant il suive Aménophis sur les tableaux généalogiques d’Abydos et du Rhamesséium, qui ont dû placer la descendance de Thouthmès à la suite de son nom ; rien d’étonnant à ce que Thouthmès succède à Aménotp dans l’épitaphe d’Ahmès Pensowan, celui-ci ayant combattu tour à tour sous les ordres des deux frères. Ramenée à ces termes, la question chronologique se simplifie : les 20 ans d’Aménophis I seront compris en entier dans les 25 ans et 4 mois pendant lesquels, selon Josèphe, Thouthmosis survécut à la prisé d’Avaris, et les trois premiers règnes, même en les comptant de l’avènement d’Ahmès dans la haute Égypte, pourraient ne comprendre ensemble qu’environ 50 années.

Vient ensuite la question débattue de la succession de Thouthmès I. Il est reconnu aujourd’hui que l’Amessès de Josèphe, ou l’Amensis d’Africain, est cette reine dont le cartouche se retrouve sous la forme presque identique d’Amentsé ou Amensé[10], si l’on omet l’article féminin, c’est-à-dire fille d’Ammon, et qui porta, avec l’épithète d’Amen-mai ou Meri-Amen, chérie d’Ammon[11], le surnom officiel de Ma-ké-ra. Il est démontré aussi qu’elle était fille de Thouthmès[12] et non sa sœur comme on l’a cru : Champollion l’avait déjà reconnue pour sœur de Thouthmès II et pour mère de Thouthmès III[13]. Associée dans un même cartouche à Thouthmès II, et portant d’ailleurs le double cartouche, attribut ordinaire de la royauté à cette époque, il est plus que probable qu’elle fut associée au pouvoir de ce prince, et plus tard régente pour Thouthmès III. Fut-elle la femme de son frère, comme le pensait R. Rochette, et comme cela se pratiqua au temps des Lagides, à l’imitation des dieux de l’Égypte 4 Cela est bien possible ; cependant Champollion distingue le Thouthmosis, frère d’Amensé, du Thouthmosis qui fut son premier mari. Il a reconnu aussi l’existence d’un second mari de la reine qu’il appelle Amenemthé, Nemt-amen, comme écrit R. Rochette[14], ou Amen-hé-net selon, M. Leemans[15]. Mais comme le nom de celui-ci a été martelé sur les monuments, il est peu vraisemblable qu’il ait été père de l’un des plus glorieux souverains de l’Égypte, dont il géra seulement la tutelle de concert avec Amensé ; du reste, il faut reconnaître que le nom de cette reine a été martelé également, ce qui donne lieu de croire que Thouthmès III fut plutôt son frère cadet que son fils. Le règne de Thouthmès II, que Josèphe ne nomme pas, ni Africain non plus à son exemple, doit, si ce Thouthmès fut réellement mari et collègue de sa sœur (ce que cette omission même fait supposer) compter dans les 21 ans et 9 mois que l’historien attribue à Amensis, qu’il appelle ou plutôt que Manéthon appelle sœur ; mais on doit entendre, on le voit maintenant, sœur de Thouthmosis II et non pas d’Aménophis, que Josèphe nomme auparavant : ce Thouthmosis sera, si l’on veut, le Ptolémée Néoteros d’une première Cléopâtre. Du reste, nous verrons bientôt une preuve plus évidente que ce chapitre n’est pas, dans les manuscrits de Josèphe, tel que Manéthon l’avait écrit, et que des coupures d’abréviateur ou des bévues de copistes y ont introduit des erreurs heureusement faciles à réparer aujourd’hui. Observons, avant d’aller plus loin, que les chiffres de 20 ans et 7 mois, 21 ans et 9 mois, empruntés à Manéthon par Josèphe, qui ne lui est postérieur que, de trois siècles, sont garantis par Africain, qui se borne à les convertir en nombres entiers (21 et 22 ans) C’est une vérification sue nous retrouverons plus d’une fois à cette époque, et qui diminue sensiblement les probabilités d’erreur dans la chronologie relative de la 18e dynastie.

L’accord des listes avec la table d’Abydos ne sera pas non plus trop laborieux à établir pour les noms suivants, si l’on admet que le Méphrès et le Mephramoutosis de Josèphe, rendus imparfaitement, mais avec des chiffres semblables, par Jules Africain, sont un dédoublement de Maïphra ou Maïré-Thouthmès, car ce prénom (aimé du Soleil), qui a causé l’opinion, longtemps répandue parmi les égyptologues, sur l’autour et la date du lac Mœris ; ce prénom, dis-je, appartenait bien à Thouthmès III[16], quoique son prénom ordinaire et officiel fût Ra-men-ter (soleil stabiliteur du monde)[17]. Ce dédoublement n’a rien d’invraisemblable en soi sur ces listes si maltraitées, et, si l’on a peine à l’admettre à cause de la différence des chiffres, on pourra s’en tenir à une autre explication proposée ou du moins entrevue par M. de Bunsen[18], savoir, que le premier de ces noms représente le surnom Maképhra de la reine Amensé, alors régente pour Thoutkmès III ; dans les deux cas, l’accord de la table et des listes est également maintenu. Les années de la régence sont reprises plus tard sur les monuments par Thouthmès, de qui se trouve mentionné l’an 42[19], chiffre supérieur aux années de Mephramouthoris (ou Misphragmonthoris), dans la liste de Josèphe (25 ans et 10 mois), et dans celle d’Africain, chiffre que l’un n’atteint pas même tout à fait en ajoutant à celui-là les 12 ans et 9 mois attribués à Mephrès[20]. Ici encore, nous sommes presque certains d’avoir les chiffres mêmes de Josèphe, à cause du contrôle d’Africain, qui se borne à compléter les fractions d’années.

Le successeur de Thouthmès III[21] porte le nom d’Amenotp (Amenophis II). Ce nom se trouve, en effet, accolé au prénom (grand soleil des mondes), qui sur la table d’Abydos suit immédiatement Ra-menter (soleil stabiliteur du monde), et précède celui de Thoutmès IV (soleil stabiliteur des mondes). Mais Aménophis II est complètement omis dans les textes de Manéthon que nous possédons aujourd’hui. M. de Rougé fait observer[22] que ce prince est fils de Thouthmès III et père de Thouthmès IV, et que, par conséquent, il n’y a jamais eu lieu d’omettre sous nom, comme faisant double emploi dans un travail de chronologie ; rien ne donne à penser que Manéthon l’ait rayé comme indigne ; mais la durée de son règne est inconnue, puisqu’on n’en rencontre aucun monument daté[23], et il est à croire que ce règne fut court ; peut-être le fils de ce prince lui fut-il associé de bonne heure ou le fut-il lui-même à son père. On connaît une date appartenant à la 7e année de Thouthmès IV, prince qui figure sur le monument d’Abydos, au Rhamesséium et dans le tableau dynastique de Kourna[24], et qui est évidemment le Thmôsis inscrit dans Josèphe et dans Africain avec un règne de 9 années. Après lui, sur la table d’Abydos, comme dans Manéthon et ailleurs[25], vient Amenotp (seigneur de justice), (Aménophis III, le Memnon des Grecs), qui, d’après Josèphe, contrôlé ici, comme à l’ordinaire, eut un règne de 30 ans et 10 mois ; le chiffre des unités a été omis, car on a une inscription de sa 36e année. Enfin régna Horus, le vainqueur des Ethiopiens, à qui la table d’Abydos, le tombeau de Kourna et les deux tableaux du Rhamesséium, donnent le même rang que les listes, et dont aucun monument ne vient d’ailleurs infirmer le chiffre de 36 ans et 5 mois (37 ans dans Africain) ; son prénom officiel est Ra-sor-térou-sot pen-ra. On le trouve aussi à la suite d’Aménophis III, dans un tableau de Médinet-Abou[26].

Nous arrivons à la question, sinon la plus difficile, du mains la plus compliquée de toutes celles qui concernent la chronologie de la 18e dynastie : la conciliation des listes[27] qui donnent une demi-douzaine de noms entre : Horus et Ramsès, et les tableaux généalogiques[28] qui font suivre sans intervalles leurs cartouches prénoms. M. Bœckh[29] a indiqué la clef de cette contradiction apparente, en reconnaissant là une complication de Pharaons légitimes et illégitimes, et des découvertes, remontant à quelques années déjà, permettent d’en rétablir, du moins pouf la plupart, la filiation et les cartouches.

Les recherches de M. Lepsius paraissent avoir établi l’existence de deux frères, et d’une sœur du roi Horsts, connus sans doute, par d’autres monuments, mais dont la filiation restait presque entièrement ignorée et l’époque fort incertaine, pour l’un d’eux surtout. Amontou onkh, l’un de ces princes, figure dans l’inscription de l’un des lions de Barkal, en des termes où, malgré le martelage, on voit qu’il se désigne lui-même comme fils d’Aménophis III[30]. Il porte le double cartouche de la royauté[31] et la tombe de l’un des Apis est datée de son règne[32], dont, comme on le voit, les monuments s’étendent de la Nubie à Memphis. D’autre part, le nom de Horus, son frère, se trouve en surcharge sur celui d’Amontou onkh, martelé tant à Karnak qu’à Louqsor ; il figure ainsi sur un monument qu’a élevé Horus lui-même[33]. Il faut donc qu’Amontou onkh ait régné avant lui, ou du moins avant la fin de son règne. M. Bœckh pense qu’il a quelque temps partagé son pouvoir[34] ; mais il le croit cadet de ce prince (ce qui l’aura fait considérer comme usurpateur).

Aménophis IV, ou, comme il voulut plus tard être appelé Akhenaten ou Becken aten Ré, fut également frère de Horus, et même son frère aîné,   selon M. Bœckh ; la tentative de ce prince pour changer la religion de son pays[35], en y introduisant le culte du soleil rayonnant, et en proscrivant le nom d’Ammon, jusque sur les cartouches des princes, explique assez qu’il ait été exclu de tableaux généalogiques. Cependant je dois ajouter que M. Mariette, bien qu’écrivant après la publication des Denkmâler de M. Lepsius, conserve, dans l’article cité, quelques doutes sur la place précise du règne d’Aménophis IV, qui lui parait avoir partagé ou usurpé temporairement le pouvoir d’Aménophis III plutôt que celui de Hor ; mais je n’ai point à entrer ici dans une discussion dont l’issue serait indifférente à la question qui m’occupe : deux résultats restent acquis, quoi qu’il en soit : Akhen aten régna entre l’avènement du premier de ces deux rois et la mort du second, et son nom, exclu des listes généalogiques, doit faire supposer que son règne fut intérimaire ou collatéral.

Il n’y a donc rien à ajouter à la somme des années d’Aménophis et de Hor.

Il n’importe pas plus ici de juger si sa veuve lui succéda[36], ou si le personnage qui, après lui, essaya de maintenir le culte nouveau ne fut pas plutôt un roi comme on l’admet plus généralement[37]. Rien de tout cela n’infirme la filiation directe, et la succession considérée comme légitime, ou même immédiate pour une partie de l’Égypte, entre Aménophis III et le roi Hor. De plus, les règnes d’Akhen aten et de son héritier paraissent avoir été courts[38], aussi bien que celui d’Amontou onkh, ce qui rend plus facile encore à soutenir la conclusion générale à laquelle je me tiens.

Enfin Teti, sœur de Horus, fut, d’après MM. Lepsius, Bœckh et Bunsen, l’épouse de cet Achéreï, prêtre roi, dont les cartouches, imparfaitement reproduits, avaient donné lieu à des erreurs qui n’étaient pas toutes de simples erreurs d’orthographe. M. Prisse, qui en a fait l’objet d’une étude spéciale[39], a réuni les raisons les plus fortes, même avant de savoir de qui ce prince fut beau-frère, pour lui assigner une place dans la 18e dynastie, résultat que du reste le sentiment de l’artiste avait fait entrevoir à N. L’Hôte, à une époque où l’inexpérience du philologue l’empêchait d’y adhérer[40]. Ce roi, M. Prisse a cru devoir l’assimiler à l’Achérés de Manéthon, et si, en 1847, M. de Rougé a émis un doute sur la lecture de ce savant archéologue, en proposant, comme une conjecture, de prononcer Aï, conjecture nettement acceptée par M. Mariette, il ne faut pas oublier que, vers 1850, dans le 7e volume de la Revue archéologique, le même M. de Rougé se montrait favorable aux conclusions de M. Prisse.

Je dirai de plus que, si la lecture Achéréï a paru admissible aux savants français de nos jours, elle a pu l’être pour Manéthon, et ainsi, lors même qu’il faudrait v renoncer enfin, on ne devrait pas pour cela renoncer à l’argument d’homophonie pour assimiler ce roi à l’un des Achérès mentionnés dans la liste d’Africain. Le règne du dernier Achérès, celui qu’il faut identifier avec notre Achéreï, surtout si, comme le dit M. Bœckh, il est père de Ramsès I, ne dépasse pas 12 ans dans cette liste, et les monuments ne donnent point à l’époux de Téti de date postérieure à sa 8e année[41].

Cette filiation, établie d’après les découvertes de M. Lepsius, ne me paraît pas démentie par ce fait que le prêtre-roi est absent des tableaux généalogiques, et son cartouche royal martelé. Il n’a dû la couronne qu’à sa femme, et Ramsès I ne la tenait que de sa mère. Mais rien n’obligeait Manéthon, historien ; à omettre, même dans un sommaire, le nom de la reine, et il ne l’a pas fait, puisqu’il nomme une Akenchrès que la copie de Josèphe qualifie de fille de Horus[42]. La ressemblance du nom et même des années dans la leçon de cet historien permet de la rétablir à son véritable rang, malgré le désordre introduit ici dans la suite des règnes, désordre que nous verrons se reproduire pour des noms plus fameux. Josèphe ou les copistes ont donné à la reine elle-même le nom de son mari ; mais leurs règnes doivent être confondus. Le Rathos ou Ratholis, que Josèphe désigne comme frère de cette princesse, me paraît, comme à M. de Bunsen, être le même qu’Aten Ra, c’est-à-dire le disque solaire (Aménophis IV, Akhen aten), dont le règne n’est pas connu par les monuments après la 6e année, et qui ne gouverna que 6 ans, à après la liste d’Africain. Chébrès, qui le suit sur cette liste, est probablement, comme l’a pensé R. Rochelle, l’héritier de son pouvoir et de son entreprise[43]. Quant à Amontononkh et à son fils[44], comme ils sont exclus de la succession considérée comme légitime, qu’ils n’ont eu qu’un règne simultané avec celui de Horus, et qu’ils n’ont pas laissé dans l’histoire de trace aussi mémorable que l’innovation religieuse tentée par Akhen aten, Manéthon a pu es omettre dans le résumé chronologique copié par Josèphe : ce sera, si l’on veut, le premier Acherrès d’Africain, abrégé d’(Amontou) Onkh-Ra (Neb terou). Quant à l’Armessès d’Africain, prédécesseur immédiat de Ramsès I[45], j’avoue que je ne puis voir en lui qu’un dédoublement de ce dernier, d’autant plus que, clans Josèphe, les nombres des mois et des années sont respectivement échangés entre ces deux règnes fort courts (4 ans et 1 mois ; 1 an et 4 mois) : Africain se borne ici, selon sa coutume, à remplacer des nombres fractionnaires par des nombres entiers.

Que maintenant chacune ou quelqu’une de ces assimilations ne soit pas certaine ; que l’on puisse, avec M. de Rougé, assimiler Akhen aten et son successeur aux deux derniers Akenkérès de Josèphe[46], ou, avec M. Bœckh, faire d’Atholis ou Rathotis la reine-mère de Ramsès I ; faire de Chébrès, Akhen aten lui-même[47] ; je n’y contredirai pas : c’est assez, pour l’objet des présentes recherches, de reconnaître que l’on peut rendre raison de la liste complète, sans altérer le nombre des générations compris dans la table d’Abydos ; que ce nombre est ici historique ; que, si Ramsès n’est pas fils de Horus, il est au moins son neveu, et qu’enfin il nous suffira d’insérer entre les chiffres de leurs règnes celui du règne collectif d’Achéreï et de la sœur du dernier roi, les autres chiffres faisant double emploi en chronologie. En attribuant aux parents de Ramsès les 12 années qui se trouvent écrites trois fois sur quatre dans la double liste de Josèphe et d’Africain, lorsqu’ils inscrivent séparément l’époux et l’épouse, et en accordant les 4 ans du prétendu Armessès à Ramsès I, dont il paraît que, les inscriptions ne mentionnent plus de date passé sa 2e année ; puis égalant, si l’on veut, le règne d’Aménophis II, demeuré sans chiffres dans l’histoire écrite et sculptée, à celui de Thouthmésis IV, son fils, on obtiendra le tableau suivant, que je ne donne certainement pas pour rigoureusement exact, mais que je puis et dois accepter maintenant comme expression d’une vérité approchée :

18e DYNASTIE.

Ahmosis

22.

 

Aménophis I et Touthmosis I

26.

 

Touthmosis II et Amessès

22.

 

Touthmosis III

(42 ou 47.)

 

Aménophis II

8.

 

Touthmosis IV

9.

 

Aménophis III

36.

 

Horus

37.

 

Téti et Achéreï

12.

 

Ramsès I

5.

De la prise d’Avaris à l’avènement de Séthos, on a donc 199 ou 204 ans.

On n’oubliera pas que si, pour certains règnes, j’admets un minimum incertain, d’autre part je compte pour entières des années qui, au commencement et à la fin de : chacun, étaient incomplètes.

J’ai conduit cette 1re liste jusqu’à Ramsès I, le faisant, à l’exemple d’Africain, entrer dans la 18e dynastie ; mais, si l’on doit définitivement adopter le tableau généalogique de M. Lepsius, il s’ensuit qu’il faudra, comme MM. de Bunsen et R. Rochette, le placer en tête de la 19e, puisqu’il n’est neveu de Horus que par sa mère, tandis qu’il est certainement père de Séti I, qui lui succède, et sur la table d’Abydos et sur les tableaux du Ramesseium et de Médinet-Habou[48].

Sur un des bas-reliefs du palais de Médinet-Habou, dit M. R. Rochette, où le roi Ramsès le grand est représenté faisant des offrandes devant l’image de son aïeul Ramessou, assis dans un naos, entouré de légendes, l’inscription hiéroglyphique adossée au naos dit que le Pharaon a fait orner » le monument du père de son père, désigné par le cartouche-prénom de Ramsès I, dans la demeure de son père, désigné n pareillement par le cartouche-prénom de Séti I[49].

On ne peut plus douter d’ailleurs que Séti I, Séti Maïemphthah[50], le Ménéphtha I de Champollion, ne soit le Séthos d’Africain. C’est le conquérant dont les exploits sont sculptés dans la grande salle hypostyle de Karnak, où ils forment, comme l’a dit M. Ampère, une Séthéïde sculptée et vivante. La longueur aussi bien que la gloire de son règne est attestée par les monuments. C’est l’auteur du palais de Kourna, le Ménéphthéum de Champollion.

Rosellini, dit M. de Rougé, rapporte qu’il a lu à Silsilis la 22e année de ce roi. Il suffit d’étudier ses différents portraits pour s’assurer que son règne fut extrêmement long ; nous en connaissons des empreintes entre lesquelles l’œil d’un artiste place sans hésiter 30 ans au moins de différence dans l’âge du roi..... Aucun archéologue ne sera tenté de raccourcir les 59 années que lui attribue Josèphe[51].

Cependant, comme j’exposerai tout à l’heure combien le passage de cet historien est corrompu en ce qui concerne Séthos, on voudra peut-être, au lieu de son chiffre, adopter celui d’Africain (51 ans), qui satisfait pleinement aux conditions énoncées par le savant critique ; cependant une addition de chiffres faite par Josèphe montre qu’il avait bien écrit 54.

La question de l’héritage de ce prince, question dont les égyptologues se sont beaucoup occupés il y a quelques années, reposant sur une variante hiéroglyphique, demande, pour être discutée, des juges plus compétents que moi. Je me bornerai donc à la résumer en disant, après N. l’Hôte[52], que Champollion et Rosellini ont cru reconnaître deux frères portant le même nom de Ramsès, pour fils et successeurs de ce Maïenphthah, tandis que MM. Wilkinson et Lenormant les regardent comme un seul et même personnage. J’ajouterai que si M. Champollion-Figeac maintenait, il y a vingt ans, l’opinion de son frère, aussi bien que-le savant conservateur du Musée de Leyde, aujourd’hui le sentiment opposé, adopté par MM. de Bunsen, R. Rochette, de Rougé, Mariette, semble avoir définitivement prévalu. Je donnerai donc à Ramsès le Grand le nom de Ramsès II, et, quand même je commettrais ici une erreur, elle serait insignifiante pour la question chronologique que je poursuis, puisque la date la plus élevée des inscriptions qui ne portent pas la variante Sotpenra est celle de la 4e année[53], et qu’on ne peut répondre de la date d’une dynastie ni de celle d’un règne de ce temps-là avec une approximation certaine de quatre ans. Du reste, Manéthon ne donne pas plus ce règne que les tableaux généalogiques[54]. Quand on devrait admettre qu’il faut confondre ce personnage avec Armaïs, le frère infidèle de Ramsès le Grand, celui-là ne figure pas et ne pouvait pas figurer sur les listes dynastiques ; ses années né peuvent donc être ajoutées à celle du Pharaon légitime.

Ramsès II le Grand, le Sésostris ou Sésooris des Grecs, celui qui porte dans son cartouche-nom-propre l’épithète de Maï-Amon, ne peut être que le Rapsakès d’Africain, le Rampsès de Josèphe, à qui sont attribués, dans les listes de ces deux écrivains, les chiffres de 61 et 66 ans, tandis que la date 62, (62e année commencée) qui concorde rigoureusement avec le premier de ces nombres, se trouve sur un de ses monuments[55] ; ses années 30, 34, 35, 37, 38, 40, 44, se trouvent inscrites à Silsilis et à Ibsamboul[56], et Eusèbe va jusqu’à la 66e[57]. Tenons-nous en au chiffre bien constaté, 62, qui, ajouté au règne de son père, donnera 113 ou 121 ans.

Après lui, Maïenphthah, son fils, le Ménéphtha II de Champollion, se reconnaît dans l’Aménéphthès d’Africain, d’autant plus qu’il eut pour prénom[58] Baï en ra, Maï en Amon (âme du soleil, aimé d’Ammon). Africain lui attribue 30 années de règne. A Médinet-Habou, son cartouche-prénom figure à la suite de celui de son père[59] ; quant à la table d’Abydos, œuvre de Ramsès le Grand, et au tombeau de Kourna, si souvent cité, qui paraît dater de son prédécesseur, il ne peut plus en être question ici. Ajoutons que M. Champollion-Figeac, ne trouvant aucun monument de ce prince, dont la date dépasse la 4e année et voyant son tombeau inachevé, a cru devoir limiter son règne à 5 ans[60].

Quant au Ramsès, qui, selon Africain, aurait gouverné l’Égypte pendant 60 ans après ce prince et dont aucun monument ne porte la moindre trace, il est sans doute inutile de s’arrêter à combattre son existence. C’est, comme l’admettent sans hésiter tous les égyptologues, un lapsus calami qui a répété le grand règne de Ramsès au deuxième rang après sa véritable place, ou plutôt ce sera une correction marginale de la fausse leçon Rapsakès, qu’un copiste ignorant aura fait passer dans le texte ; mais il n’y a pas lieu pourtant de supprimer tout à fait cet intervalle et d’inscrire l’Aménemnès d’Africain (Amenmésès) à la suite de Maïenphthah. En effet, un Siphthah Maïenphthah, dont le cartouche se voit aux carrières de Silsilis, qui, à Kourna, rend hommage à Ramsès le Grand défunt[61], et dont le tombeau fut usurpé par le second successeur d’Aménemnès[62], ce Siphthah, époux d’une reine Thaoser[63], qui fut probablement la sœur ou la fille de Maïenphthah, doit être reconnu pour successeur immédiat de ce dernier[64]. Les dates de son règne ne sont indiquées nulle part, à ma connaissance ; mais, comme il a été considéré plus tard comme un usurpateur, il est possible que plusieurs de ses inscriptions aient été détruites à dessein ; aussi, malgré la rareté des monuments qui le mentionnent, il ne paraît pas invraisemblable que ses années, jointes à celles de son beau-père, atteignent l’espace de 20 ans que M. Champollion-Figeac croit devoir refuser à celui-ci. Cette confusion est d’autant plus admissible que Siphthah eut pour épithète, dans son cartouche-nom-propre, ce même nom de Maïenphthah, qui fut celui de l’héritier de Ramsès : une telle erreur était donc facile, et Manéthon, écrivant à 12 siècles de distance, a bien pu en être le premier auteur.

Mais il ne m’est pas possible d’accepter l’opinion exprimée dans la Lettre à Salvolini, que le prince alors désigné sous le nom de Ménéphtha III ait été le premier successeur de Siphthah. Avec M. de Rougé, je reconnais l’Aménemnès d’Africain, l’Amenmésès des monuments pour le père de ce Maïenphthah dont le nom propre fut Séti (II)[65]. Selon toute probabilité, pour ne rien dire de plus, cet Amenmésès est l’Aménophis de Josèphe, fugitif en Ethiopie devant la révolte des impurs et la seconde invasion des Pasteurs, père d’un Séthos qui, renouvelant avec Aménophis lui-même les exploits d’Ahmosis et de Thouthmosis Ier, devint le libérateur de son pays. Ces événements, il est vrai, Josèphe paraît les placer avant le règne de Ramsès le Grand ; mais rien n’est plus confus, plus contradictoire que cette indication chronologique, telle que la donnent les éditions on même les manuscrits actuels. Je dis les textes actuels et non le texte primitif de l’écrivain : ceci mérite peut-être une courte digression que jusqu’ici les égyptologues semblent avoir négligé de faire. La croyant sans doute superflue en présence de faits si manifestes, ils ont tout au plus signalé l’erreur, puis passé outre ; mais il n’est pas sans intérêt, ce me semble, de montrer par Josèphe même que cette erreur, non plus que le dédoublement de Ramsès, n’existait ni dans Manéthon, ni chez l’historien juif, au moment où il avait les textes originaux sous les yeux : Parlons-en à notre aise.

Examinons d’abord ce que les manuscrits font dire à cet écrivain. Le règne de Séti Ier, se trouve placé à la fois, avant et après celui de Ramsès II, puisque Josèphe l’inscrit, dans sa liste[66], après un Armessès Méiamon, et plus loin avant un Rampsès, qui tous les deux auraient gouverné l’Égypte durant 66 ans. En outre, il a paru confondre Séthos le Grand avec son fils, et il semble enfin placer immédiatement avant Séthos l’Aménophis dont il raconte et critique l’histoire, et qui est l’Amenmésès, père de Séti II. Cette dernière erreur appartient, je le reconnais, à. de très anciens manuscrits, si c’est elle qui a conduit Africain à mettre avant Séti Ier un Aménophath, dont les monuments ne disent rien et qui attrait gouverné 19 ans l’Égypte, ainsi qu’à omettre tout le règne de Séti II. On conçoit d’ailleurs qu’Amenmésès soit devenu Aménophis sous la plume des copistes de Josèphe, qui avaient transcrit le tableau de la 18e dynastie, surtout si l’on songe que celui qui se trouve avant Séthos le Grand peut bien être un vrai Aménophis[67], un peu déplacé ; plus tard, un copiste du Bas-Empire, reproduisant la liste d’Africain et soupçonnant là une erreur, puisque la série des Ramsès est commencée, aura cru faire merveille en remplaçant ce nom par celui d’Aménophthah, que nous retrouvons avec une légère variante (Aménephthès au lieu de Maïenphthah) après celui de Rapsakès ; le copiste ne se doutait pas qu’un nom propre égyptien n’est jamais composé des noms de deux divinités différentes, sans une assimilation mythologique (comme Amon-Ra) qui explique ce rapprochement, ou sans une liaison logique (comme dans le nom de Har-si-Hési). Mais si ancienne que soit la confusion des deux Séthos et de Ramsès, elle ne remonte ni à Manéthon, ni même à Josèphe, attendu que, s’il en était ainsi, Josèphe se serait, comme nous le verrons, contredit lui-même sur un point auquel il tenait beaucoup.

Dans le passage où l’auteur du Livre contre Apion donne un extrait de l’historien de Sébennytus, en résumant la chronologie des premiers siècles écoulés depuis l’expulsion des Hyksos, nous lisons : 'Ραμέσσης έν (έτος) καί μήνας τέσσαρας. Τοΰ δέ Άρμέσσης Μιαμμοΰ έξήκοντα έξ καί μήνας δύο. Τοΰ δέ Άμένωφις δέκα καί έννέα καί μήνας έξ. Τοΰ δέ Σέθωσις καί 'Ραμέσσης ίππικήν καί ναυτικήν έχων δύναμιν. Ici l’auteur place le récit abrégé des conquêtes d’un roi que le texte actuel nomme Séthosis et l’histoire de son perfide frère Armaïs, qui, selon lui, doit être le Danaüs des Grecs ; ce sont évidemment le Sésostris d’Hérodote et son frère[68], que nous retrouvons ici. L’erreur se trahit d’abord par le nom de Séthosis, employé pour Sésostris, quand il est certain que le Sésostris des Grecs est Ramsès II ; elle se trahit même par la construction de la phrase : Τοΰ δέ Σέθωσις καί 'Ραμέσσης, au lieu de Τοΰ δέ Σέθωσις avec un chiffre, τοΰ δέ 'Ραμέσσης. Manéthon avait inscrit Séthos entre les deux premiers Ramsès, comme les monuments ne permettent pas d’en douter ; le développement qui suit τήν δύναμιν est donc une glose dont le sujet Οΰτος représentait, dans l’original, Ramsès et non Séthosis ; si l’on eût sous-entendu ce dernier nom, la grammaire demanderait έκεΐνος. D’ailleurs, s’il fallait prendre à la lettre le passage que nous avons sous les yeux, Ramsès serait le frère de Séthos, ce qu’on n’a jamais prétendu, ou bien il faudrait supposer un double nom ; or Séti ne s’est pas appelé Ramsès, et il y aurait une génération omise ; enfin la tournure à employer en pareil cas serait : Τοΰ δέ Σέθωσις ό καί 'Ραμέσσης, que nous allons voir employer par Manéthon lui-même[69]. Enfin, en regard de cette invraisemblance compliquée, se présente l’explication la plus naturelle et la plus simple. Ramsès II était connu des Grecs sous le nom de Sésostris ; ce nom s’est trouvé dans la glose dont je parle ; un copiste, travaillant sur un texte dont le sens était altéré par l’omission du dernier Τοΰ δέ, s’est figuré que Ramsès et Séthos étaient un seul et même personnage et aura cru corriger un lapsus léger et manifeste en écrivant Séthosis à la place de Sésostris.

Maintenant arrivons au chapitre 46 du livre contre Apion, chapitre où se trouve le récit de la révolte des impurs et de la seconde invasion des Pasteurs, également extrait de Manéthon. Là Josèphe rectifie d’avance l’erreur de ses copistes, en disant, avant d’entrer dans ce récit, que le règne de 66 ans est celui de Ramsès, fils de Séthos. Et ce morceau bien compris exclut formellement la mention faite au chapitre 15 par les copistes d’un Armessès Miamon, fils de Ramsès I. Comptons en effet avec Josèphe. Les règnes énumérés par lui au chapitre 15, depuis Thouthmès I jusqu’à l’avènement de Séthos, donnent 266 ans et 10 mois, en excluant le Mianon imaginaire. Ajoutez-y 59 ans pour Séthos et 66 pour Ramsès son fils, chiffres qu’il donne au chapitre 36, et vous aurez 391 ans et 10 mois, bien entendu en acceptant ses chiffres tels qu’il les donne et non tels que j’ai cru devoir les établir ci-dessus, puisqu’il ne s’agit que de retrouver sa pensée. Supposez quelques mois en sus pour ces deux derniers règnes, donnés ici en nombres entiers contre l’ordinaire de l’auteur, et vous arrivez au chiffre 393, en y comprenant, il est vrai, les 19 ans du dernier Aménophis, ce qui donne lieu de croire que Josèphe a réellement écrit ce nom, et qu’il voulait parler d’Akhen aten, puisque nous allons voir qu’il se servira de ce nombre 393 et qu’il résultait bien de sa propre addition.

Ce que Josèphe veut faire dans ce chapitre 36, c’est mettre Manéthon en contradiction grossière avec lui-même, parce que cet écrivain, après avoir raconté l’expulsion des Hyksos par Thouthmosis, place une seconde guerre des Pasteurs après le règne de Ramsès le Grand. D’après Josèphe, ces deux événements doivent être confondus entre eux et avec l’Exode ; il croit que l’Égyptien a dédoublé en même temps que défiguré le fait de la sortie des Hébreux, pour jeter sur eux plus de défaveur, et Josèphe l’accuse expressément d’avoir forgé le personnage d’Aménophis pour le besoin de sa narration ; il ajoute que Manéthon n’a point osé assigner la durée de ce règne, sans doute afin de cacher sa fraude[70], ce qui montre déjà clairement que ce n’est point, dans l’esprit de Josèphe, l’Aménophis aux 19 ans et 6 mois, inscrit par lui dans l’autre extrait de Manéthon ; Josèphe a fait son addition de 393 années pour mesurer l’anachronisme dont il veut charger l’historien de Sébennytus. Je sais bien qu’il va plus loin encore et qu’il y ajoute 125 ans pour les règnes de Séthos I et de Ramsès le Grand, de manière à obtenir 518 années. Mais il n’y a point ici de difficulté sérieuse. Josèphe avait fait son addition un autre jour, en composant le chapitre 15 ; il s’est rappelé la somme, mais en oubliant qu’il y avait compris les deux grands règnes, et il les a comptés une seconde fois ; ce n’est peut-être pas la plus grande de ses étourderies. Dans ce même chapitre 26, il prétend qu’Armais était le frère de Séthos I, et je pense avoir prouvé suffisamment qu’il n’avait pu commettre cette faute lorsqu’il avait le texte sous les yeux. Mais il citait ici de mémoire, et c’est pour cela peut-être qu’il n’appelle plus Séti le grand, Séthosis, mais lui donne le nom de Séthos, que, dans le dernier passage, Manéthon attribue à Séti II[71].

Sans doute il a contribué ainsi à tromper ses propres copistes ; il l’a fait peut-être encore lorsqu’il dit, deux pages plus loin, que Séthos, le fils d’Aménophis, s’appelait aussi Ramessès du nom de con aïeul[72]. De tout cela est résultée la confusion dont Africain héritait déjà et qui l’a induit à corriger Manéthon, d’après son exemplaire de Josèphe, faisant des deux Séti un seul roi père de Ramsès le Grand et fils d’un Aménophis, ou Aménophat.

Il y a peu de raison pour refuser à Ametimésès les 19 ans que Josèphe ou ses copistes ont donnés au frère de Séthosis, quand on considère que le séjour en Ethiopie du roi fugitif a duré 13 ans, selon Manéthon, et que les événements qui précèdent demandèrent sans doute plusieurs années : la différence est de 6 ans, ce qui, si l’on tient compte des mois toujours négligés par Africain, nous ramène aux 5 années qu’il donne à son Aménemnès. Quant à Séti II, le libérateur de l’Égypte après la seconde invasion, aucun monument ne fait connaître la durée de son règne, ce qui donne à penser qu’il ne survécut pas de beaucoup à sa victoire. Africain n’en parle pas du tout, je le répète ; mais un fait qu’il n’est pas inutile de rappeler, c’est que le Sérapéum de Memphis n’a fourni à M. Mariette aucune tombe d’Apis depuis la mort de Ramsès II jusqu’à la 26, année de Ramsès III[73]. Or les caveaux qui sont postérieurs à la 30e année de Ramsès II et antérieurs à la 20e de Psammétichus ayant été creusés dans un même souterrain, l’éboulement qui s’y est produit à cette dernière époque[74], a pu rendre les recherches difficiles, mais n’a pas leu dérober à la science un grand nombre de catacombes, puisqu’elles n’étaient point dispersées, et j’admettrais avec peine que deux ou trois tombes contiguës aient échappé à notre zélé compatriote. Sans doute l’intervalle écoulé de la mort de Maïamon à la 26e année de Hik pen est, dans tous les cas, trop considérable pour être occupé par la vie d’un seul Apis ; mais il ne faut pas oublier que l’invasion s’acharna particulièrement sur les animaux sacrés[75]. Par conséquent l’Apis qui vivait sous Amenmésès n’a pas reçu les honneurs funèbres et n’a pu être remplacé jusqu’à ce que Memphis fut retombé au pouvoir des troupes royales.

Or, l’invasion n’étant séparée de l’avènement de Ramsès-Hik pen que par deux règnes, dont le second paraît avoir été assez court, rien de plus facile que de comprendre celui de Séti II, et peut-être celui de son successeur, dans la vie d’un seul Apis, mort vers le commencement de Ramsès III, et de supposer que l’Apis, sacrifié par les impurs, avait vécu depuis la fin du règne de Ramsès II. On aurait ainsi, sans aucune invraisemblance, l’explication de cette lacune et les bornes étroites clans lesquelles l’archéologie notes conduit à la resserrer, fournissent un argument de plus pour refuser à Séti II un très long règne, d’autant plus que M. Mariette, tout en refusant d’admettre que 25 années aient été le ternie fixé à la vie d’un Apis, ne nie pas l’existence d’un ternie et incline vers celui de 28 années, durée de la vie mortelle d’Osiris, qu’Apis représentait sur la terre[76]. Du reste, s’il est probable que Séti II survécut peu de temps à son triomphe, il a pu combattre assez longtemps.

Le successeur de Séti, le Thuôris d’Africain, ingénieusement converti par M. de Bunsen en Phouôro (le Nil)[77], régna 7 ans, selon le chronographe. M. R. Rochette a fait observer que les extraits de Manéthon le font contemporain de la prise de Troie, et que le scholiaste d’Apollonius de Rhodes a placé, d’après Dicéarque, un roi Nilus 436 ans avant la 1re olympiade, c’est-à-dire en 1212. Assurément la date est trop récente, puisque Ramsès III vivait vers 1300 ; mais on sait combien les Grecs aimaient à retrouver chez d’autres peuples les souvenirs de leurs propres traditions : ce ne serait pas la seule fois que les Egyptiens du temps des Lagides se seraient prêtés à ce goût[78] ; mais il n’est pas besoin d’accuser Manéthon de mensonge. Les vieilles dates de l’histoire grecque, calculées par générations, laissaient le jeu libre à des combinaisons fort arbitraires, et, si la date alexandrine de la guerre de Troie la porte seulement au commencement du 12e siècle, les marbres de Paros l’ont conduite, si je ne me trompe, environ 100 ans plus haut. Un rapprochement, que je n’ose appeler un synchronisme, peut avoir été en vogue du temps de Manéthon et lui avoir dicté sa phrase sur le règne de Phuôris. Rien ne s’oppose d’ailleurs à ce qu’on s’en tienne au chiffre de 7 années. Si le nom propre de Phouôro ne s’est encore trouvé nulle part sur les monuments, le prénom officiel du prédécesseur de Hik-pen est bien connu aujourd’hui, et se trouve à sa place naturelle dans le tableau généalogique déjà cité de Médinet-Habou. C’est Ra-sésor Schaou Méri-Amon[79], et M. de Rougé inscrit en face, comme nom propre, Set-nascht Méri-Ra Méri-Amoun. Phouoris, c’est donc le Raméri de Médinet-Habou, c’est le Rhamerré, de M. Leemans, roi dont le nom se trouve plusieurs fois écrit sur une colonne de granit rouge du Musée britannique, portant aussi les cartouches d’Aménotph III et de Maïenphthah[80]. L’auteur croit que ces inscriptions, où l’on ne voit pas de surcharge, furent en effet tracées sous les règnes respectifs de ces princes, et, ne trouvant nulle part le nom de Rhamerri sur des édifices distincts, il pense avec quelque raison, qu’il a gouverné peu de temps l’Égypte[81]. Ce qui vient encore à l’appui de cette opinion, c’est que ce Meri-Ra s’est emparé du tombeau de Siphtha et de sa femme, sans les chasser toutefois de leur chambre sépulcrale. Il semble donc qu’il n’ait pas eu le temps de creuser son tombeau, comme les princes de cette époque le faisaient durant tout leur règne[82], et que sa dernière volonté ait seulement fait agrandir pour lui-même le sépulcre de celui qu’il regardait comme un usurpateur. Il ne faut pas s’étonner, du reste, de voir M. de Rougé donner à Méri Ra un nom propre qui ne rappelle pas celui du Nil. Set Nascht[83] signifie Set le Victorieux ; or, avec l’extrême variété de prénoms et d’épithètes, dont jouissent les princes de cette époque et de la suivante, je verrais aussi volontiers dans cette formule un titre honorifique qu’un nom propre ; il est vrai qu’on le voit réuni dans le même cartouche et sans nom propre, ni prénom officiel, aux épithètes de Méri Ra et de Méri Amon[84], ce qui paraît contraire à l’usage, mais non sans exemple[85] ; je n’ai jamais remarqué le mot Nascht, ni en général un adjectif-épithète uni au nom d’une divinité dans le nom propre d’aucun souverain[86]. Et en supposant même qu’il faille l’admettre ici, qui nous dit que ce prince n’a pas d’abord porté le nom de Phouôro, comme l’avant-dernier roi de la liste d’Eratosthène, pour l’échanger ensuite contre le nom plus relevé de Set Nascht, d’autant plus que Phouôro, c’est, je crois, le Nil terrestre, simple figure du Nil céleste, Nen-Moou[87] ; M. Leemans a bien montré, par l’inscription de l’un des lions de Barkal[88], que le roi Aménophis III avait, durant un certain temps, eu pour nom propre Ra neb Ma, qui ne lui est resté que comme prénom officiel.

Résumons donc cette seconde série, et nous aurons :

Séti I

59.

Ramsès II

62.

Maïenphthah et Siphtha

20.

Amenmésès

19.

Séti II et Mérira

28.

 

188 ans.

qui, ajoutés au total précédent, déduction faite des 22 années d’Ahmès, nous donneront 386 ans, ou 391 ans, comme intervalle approximatif entre la délivrance de l’Égypte et l’observation astronomique du règne de Ramsès III : l’expulsion totale des Hyksos se trouvera donc reportée vers le commencement du 17 siècle.

 

 

 



[1] Champollion, Lettre 4e, et M. de Rougé, Ann. de phil. chrét., juin 1847.

[2] V. Brunet de Presle, p. 171-2. Il porte le n° 14 dans la 2e ligne de la table d’Abydos en donnant le n° 9 au 1er cartouche conservé.

[3] V. Journ. des Sav. juillet 1848, art. de M. R. Rochette, où l’auteur joint à l’exemple cité par M. de Bunsen sur l’aspiration qui pouvait se placer devant l’n, un autre exemple emprunté à la mythologie égyptienne, celui du dieu Noum on Knef.

[4] Josèphe, Contre Apion, I, 15.

[5] V. Brunet de Presle, p. 166.

[6] Revue archeol., mai 1855. V. aussi ibid., la citation de Champollion.

[7] Journ. des Sav., juillet 1848.

[8] Journal des savants, ibid.

[9] Cf. n° 64 des planches de la Lettre à Salvolini. Le surnom, ou plutôt l’épithète composée qui suit l’orthographe abrégée du nom d’Amenotp, peut sans doute s’interpréter : l’abondance ou la récolte des deux régions (est) à lui ; mais serait-il trop téméraire de décomposer le premier groupe et de lire : la demeure, porte des deux régions (est) à lui. Ce ne serait pas le seul calembour qu’ait fait un hiérogrammate, et celui-là ne serait pas trop mal trouvé pour le souverain de l’Égypte qui, le premier depuis plusieurs siècles, se trouvait, à son arrivée au pouvoir, maître d’Avaris, la clef du pays.

[10] V. Champollion, Lettre XV, passage reproduit dans l’Égypte ancienne de Champollion-Figeac, p. 304-5. V. aussi R. Rochette, Journ. des Sav., juillet 1848.

[11] R. Rochette, ibid.

[12] R. Rochette, ibid. Les deux cartouches, noms et prénoms, se trouvent accolés ; Méri amen se trouve uni au nom propre, et ailleurs, avec une variante enfermé dans un cartouche avec le prénom royal.

[13] Cette notion, dit le même critique, résulte d’un monument du 1er ordre d’un des grands obélisques restés debout dans les ruines du palais de Karnak, dont la légende, littéralement expliquée par M. Le Sueur, témoigne que ce monument a été dédié par la reine à son père Thouthmès I : Le nom de son père ; au père d’elle.

Le cartouche prénom de Thouthmès I, vient immédiatement après.

[14] Ubi supra. M. de Rougé (Ann. de phil. chrét., juin 1847 et Moniteur du 7 mars 1851), la nomme Hat-asou et croit que Thouthmès III fut aussi son frère. Je ne connais pas ses motifs, mais ceci n’importe pas à la détermination de la date cherchée.

[15] Cf. Lettre à Salvolini, p 50, 58, fig. 81 et Descr. raisonnée, etc., p. 78.

[16] V. la Notice de M. Prisse sur la salle des ancêtres (p. 12-3), et la Lettre de M. Leemans à Salvolini (fig. 98, 99, 102).

[17] V. Prisse, ibid. Leemans, ibid., fig. 82, 85-97 ; tableaux généalogiques d’Abydos, d’un tombeau de Kourna (Br. de Presle, 105-6), et du 2e pylône du Rhamesséium (Id., 172).

[18] R. Rochette (Journ. des Sav., juillet 1848). Ce critique admet le double emploi.

[19] De Rougé (Ann. de phil. chrét., juin 1847, tableau de la 18e dynastie ; de même pour le chiffre monumental de Thouthmès IV (Cf. Champ., Lettre XI), et celui d’Aménophis III, cités un peu plus bas.

[20] Je crois qu’il est facile de donner de cette erreur une explication qui la réduit à des proportions très infimes : Josèphe aura écrit κξ, ce qu’un copiste aura aisément rendu par κέ ; 27 ans et 10 mots, ajoutés à 12 ans et 9 mois, font 40 ans et 7 mois, ce qui peut très bien suffire pour expliquer la mention de la 42 année (commencée), si l’on se rappelle que l’on comptait pour une année de règne le temps, quel qu’il fût, qui s’écoulait depuis l’avènement du souverain jusqu’au 1er thot suivant. (V. Peyron, Ad pap. taurin., p. v, 1. 30-2, et Letronne, Commentaire sur la ligne 6 de l’Inscr. de Rosette : Recueil des inscr. gr. et lat. de l’Ég., XXV.) Cependant s’il n’y a pas une faute d’impression dans la mention que fait M. Bruggsch, d’une stèle d’Héliopolis (Nouv. rech. sur la divis. de l’ans. des anc. Ég.), il faut admettre l’an 47 de Thouthmès III.

[21] Celui-ci est appelé Thouthmosis Ier par quelques savants, entre autres par M. Leemans, qui a cru devoir compter à part, en le distinguant de Thouthmès II, le premier mari d’Amensé.

[22] Ann. de phil. chrét., ubi supra.

[23] Ibid. Cependant son cartouche se trouve sur un assez grand nombre de monuments, surtout en Nubie (Champollion-Figeac, Ég. anc., p. 312). Cf. Champollion le jeune, Lettre XI.

[24] V. Br. de Presle, 166, 172.

[25] Tombeau de Kourna, 2e pylore du Rhamesséium.

[26] Brunet de Presle, p. 112-3. M. Mariette reconnaît pour incontestable la filiation de Touthmosis IV, Aménophis III et Horus. (Athenæum français), juin 1855, V.

[27] V. Josèphe, Africain, Eusèbe, la chronographie du Syncelle et celle de Théophile d’Antioche, d’après M. Bœckh et R. Rochette (Journ. des Sav., juillet 1848).

[28] Abydos, Kourna, le Rhamesséium, Médinet-Habou : c’était évidemment un système bien arrêté dans la généalogie officielle.

[29] V. R. Rochette, Journ. des Sav. août 1848. MM. Bœckh et Bunsen annonçaient dès lors la communication des découvertes de M. Lepsius, et avaient dressé leur tableau d’après elles.

[30] V. Leemans, Lettre à Salvolini, p. 68, et fig. 168, 139, 140. Il avait d’abord cru Amontou onkh frère d’Aménophis, mais il est revenu de cette première opinion, et dans le 8e volume de la Revue archéologique, il suit celle qui a désormais prévalu (cf. Rev. arch., 5e vol., art. de M. Prisse, 7e vol., art. de M. de Rougé) ; seulement il croit Amontou onkh aîné de Horus.

[31] V. Leemans, Lettre à Salvolini, fig. 139, 141. N. L’Hôte, Lettres, p. 94, 186. R. Rochette, ubi supra.

[32] Athenæum français, juin 1855, art. de M. Mariette, II.

[33] V. Leemans, Lettre à Salvolini, p. 70 ; Mariette, Ath. franç., juin 1855.

[34] Journ. des Sav., août 1948, art. de M. R. Rochette.

[35] Id., ibid. Cf. Mariette, ubi supra ; de Rongé (Ann. de phil. chrét., juin 1847. Moniteur du 1er mars 1851), et la 3e Lettre de N. L’Hôte.

[36] Selon l’opinion de M. Bœckh, Journ. des Sav., août 1848 ; Rev. archéol., 7e vol.

[37] R. Rochette, ubi supra ; Mariette, ubi supra.

[38] Les monuments ne vont pas plus loin que la 6e année d’Akhen-aten (Journ. des Sav., ubi supra) ; sur le règne de son successeur, v. l’Athen. franç., ubi supra.

[39] Revue archéol., 2e volume.

[40] Lettres écrites d’Égypte, p. 8.

[41] De Rougé, Ann. de phil. chrét., juin 1847.

[42] Champollion dit dans sa XIIIe Lettre : Je m’étais trompé à Turin, en prenant l’épouse même d’Horus, la reine Tmauhmot, pour la fille de ce prince.

[43] Les monuments n’ont pas donné d’une manière lisible le nom propre de ce prince ; son prénom de règne, découvert par M. Prisse, est Ra onch Térou (V. de Rougé et R. Rochette, ubi supra). Ce nom propre pouvait ressembler à Chébrès.

[44] Ra neb ma, d’après M. Prisse. V. R. Rochette, ubi supra.

[45] Ou Ramessès, ce qui offre précisément l’anagramme d’Armessès.

[46] Revue archéol., 7e vol.

[47] Journ. des Sav., août 1848 (art. de R. Rochette).

[48] Journ. des Sav., août 1848. Cf. Brunet de Presle, p. 166, 171, 173.

[49] Journ. des Sav., ibid.

[50] M. de Rougé (Ann. de phil. chrét., juin 1847), rappelle que M. Lenormant a le premier fixé la lecture, aujourd’hui sans doute incontestée, de ce cartouche, qui assure l’accord des monuments et de Manéthon. C’est aussi M. Lenormant qui a reconnu le vrai Mœris. Le nom de Séti (avec l’épithète de Méri en Amon), et son prénom d’Abydos (Ra men Ma), sont accolés sur les cartouches d’un monument où son fils Ramsès lui fait hommage (Lettre à Salvolini, fig. 148.149). Cf. L’Hôte, Notice sur les ob., p. 14. La page 85 de l’ouvrage de M. Leemans montre qu’il entrevoyait du moins la véritable lecture du nom.

[51] Ann. de phil. chrét., ubi supra, aux deux dernières pages de l’article.

[52] Notice sur les obélisques, p. 53-4.

[53] V. Champollion-Figeac, l’Ég. ancienne, p. 330-1.

[54] A moins qu’il ne faille le reconnaître à la fin de la 2e ligne d’Abydos.

[55] De Rougé, Ann. de phil. chrét., article cité, p. 433 du vol. ; R. Rochette, ubi supra ; Leemans, Lettre à Salvolini, p. 96 ; Champollion-Figeac, Ég. ancienne, p. 339. Dix Apis au moins appartiennent à ce règne, dont 6 à partir de la 30e année. La date 55 se trouve dans un de ces caveaux (Ath. français, juillet et octobre 1855).

[56] Champollion-Figeac, ibid. Champollion le jeune, Lettre XII.

[57] V. R. Rochette, ibid. ; le Syncelle va aussi jusqu’à 68.

[58] De Rougé, ibid., tableau, p. 435, et R. Rochette, tableau à la fin de l’article cité. Cf. Brunet de Presle, p. 172.

[59] Brunet de Presle, p. 113.

[60] Égypte ancienne, p. 342.

[61] Id., ibid.

[62] Id. 342-3. Leemans, Lettre à Salvolini, p. 103-4.

[63] Leemans, ibid. Champollion-Figeac, ibid.

[64] D’après R. Rochette, les monuments découverts par M. Lepsius reporteraient plus haut le règne de ce personnage ; la seule raison que cite l’écrivain français, savoir une vague analogie entre son cartouche et celui d’Akhen aten, m’a paru peu solide.

[65] V. les tableaux dressés dans les Annales et dans le Journal des Savants (ubi supra). V. aussi Leemans (p. 98-9 et fig. 195-7 de la Lettre à Salvolini), et Brunet de Presle, p. 172-3 ; ces deux derniers l’appellent Ménephtha III comme Champollion-Figeac, qui le croit fils du véritable Maienphthah (p. 343).

[66] Jos., contre Apion, l. I, ch. 15 et 26 : les deux noms sont déjà dans le premier de ces passages, mais les chiffres se trouvent l’un dans le premier, l’autre dans le second, où le nom de Rampsès est répété.

[67] Ibid., I, 26, 27, 28, 29. Il semble, du moins au premier aspect, que ce prince et le dernier Aménophis du ch. 15, aient tous deux un fils appelé Ramsès-Séthos, et doivent être pris pour le même personnage. Je critiquerai tout à l’heure ces extraits de Manéthon.

[68] Hérodote, II, ch. 107.

[69] Pour l’usage de cette locution dans l’Égypte grecque, v. aussi le 3e papyrus de Turin.

[70] Il est vrai que Manéthon a confondu les Hébreux avec les impurs, mais non avec les pasteurs de la 1re invasion.

[71] Jos., contre Apion, l. I, ch. 26, récit de la fuite en Éthiopie et du retour de la famille royale.

[72] Σεθών τόν καί Ράμεσσην άπό Ράμψεως τοΰ πατρός (ibid.), ici la forme grammaticale est observée. Ces mots faisant partie de l’extrait textuel de Manéthon (κατά λέξιν οΰτω γέγραφεν), je n’oserai dire qu’il y a ici une bévue de Josèphe : Séti II a pu porter le nom de Ramsès à cause de la gloire populaire de son bisaïeul, comme Ramsès le Grand fut appelé Séson ou Sésourtésen. Le nom de Ramsès est devenu commun à toute la 20e dynastie, comme chez les Romains celui de César, et c’est probablement de même qu’il faut expliquer l’embarras que le nom de Tharaka a causé dans la chronologie des rois de Juda.

[73] Athenæum français, oct. 1855.

[74] Athenæum français, mai 1855.

[75] Man. ap. Jos. contre Apion, l. I, ch. 26.

[76] Ath. fr., novembre 1855. Cf. oct.

[77] V. R. Rochette, Journ. des Sav., août 1848.

[78] V. Lenormant, Éclairc. sur le cerc. de Mycérinus, note L, et dans le Décret de Rosette, confusion des deux mythologies, sans parler des inscriptions tracées par les Grecs.

[79] V. Br. de Pr. 172, et Ann. de phil. chrét., juin 1857, t. XV, p. 435. Cf. Lettre à Salvolini, fig. 199.

[80] Lettre à Salvolini, p. 100-102, fig. 199-200.

[81] Leemans, Lettre à Salvolini, p. 102-3.

[82] V. Champollion, Lettre 13 et Champollion-Figeac, p. 54-5 où elle est citée.

[83] Ou Set Necht.

[84] Fig. 200 de la Lettre à Salvolini. Voir p. 102-3 et fig. 201.

[85] V. Lettre à Salvolini, p. 55 et fig. 98. Je ne parle pas des noms d’étendard.

[86] Il est uni au nom du soleil dans le prénom d’Aménophis I. V. Lettre à Salcolini, fig. 61. Cf. fig. 144, 146, le prénom de Horus, et v. aussi fig. 99-103, les bannières de Touthmès III (Mnévis victorieux). Il faut aussi reconnaître que le nom d’Amen-Nascht ou Nascht-Amon a été porté par des particuliers. V. Descr. rais. des mon. ég. du musée des P.-B., p. 49, 50, 54, 56, 82, 103, 272. V. aussi Hor-Nascht, 10, 57, 146, 218, Naschti-Thot, 213, Sebek-Naschti, 289.

[87] V. Champollion, Lettre 121.

[88] Lettre à Salvolini, p. 67.