RECHERCHES SUR LA XIVe DYNASTIE DE MANÉTHON

 

IV. — Arguments géologiques, prouvant que la 14e dynastie, ayant régné sur la basse Égypte au temps des Pasteurs, n’a pu laisser des traces de sa domination.

 

 

Mais il est des faits d’un autre ordre, qui ne reposent point sur l’interprétation plus ou moins légitime de textes antiques,et obscurs, des faits aujourd’hui encore visibles et palpables, qui expliquent comment, si l’on admet que la 14e dynastie a régné seulement dans la basse Égypte et au temps des Pasteurs, on devra aussi admettre qu’elle n’a guère pu laisser de traces actuellement visibles de son existence ; des faits qui, par conséquent, fout encore de la disette même de monuments qu’on doive lui rapporter, une confirmation indirecte, mais nette et précise, de l’opinion qui m’a paru la plus conforme aux rares donnes de l’histoire sur ces temps reculés. Ces faits sont ceux que présente la constitution géologique des diverses contrées de l’Égypte et que je résumerai ici, surtout d’après le témoignage des savants de l’expédition française entreprise à la fin 4u siècle dernier, et en empruntant souvent leurs propres paroles. Il ne s’agit point ici de comparer leurs systèmes avec l’état actuel de la science, mais de recueillir les faits qu’ils ont observés.

Le Nil, à son entrée en Égypte, à la hauteur de l’île de Philae, dit M. Girard, coule dans une gorge étroite, bordée sur chaque rive par des rochers de granit. Ces rochers traversent le fleuve à un demi-myriamètre environ au-dessus de la ville de Syène ; et c’est en franchissant ; cette espèce de barrage qu’il forme la dernière de ses cataractes... L’Égypte semble commencer, en quelque sorte, là où finit le sol granitique[1].

A son tour, M. de Rozières désigne les environs de Philae, de Syène et de la cataracte comme la contrée où se présentent les terrains de granit[2] ; et, en ce qui concerne spécialement le syénit, dont les variétés rouge et grise furent bien souvent employées pour les monolithes égyptiens[3], l’auteur dit expressément : En remontant la vallée d’Égypte et suivant le à cours du Nil, on ne commence à rencontrer cette roche qu’à une demi-lieue au nord de Syène ; elle se prolonge beaucoup au sud de la cataracte et de l’île de Philae[4].

Ce n’est, dit-il ailleurs, que vers Syène, une heure avant d’arriver à la cataracte, que paraissent sur les bords de la vallée les terrains primitifs et ces montagnes granitiques si renommées par la beauté des roches qui les composent, par la grandeur des blocs qui ont fourni ces temples monolithes, ces obélisques, ces statues colossales et tant d’autres objets qui décoraient les édifices de l’Égypte ancienne[5].

Il est vrai que la vallée de Qoceyr contient aussi du granit et que les Egyptiens sont allés parfois y chercher certains matériaux, bien qu’en petite quantité, à cause de la difficulté du transport[6] ; mais on verra que, quand il y aurait eu là des carrières en pleine exploitation, comme aux environs de Syène, le résultat serait le même pour le raisonnement dont j’établis ici les bases. Au-dessous de cette vallée, on trouve des cailloux roulés en assez grande abondance[7], des matières dures, mais non du granit[8] ; et la pierre généralement employée pour les monuments de la vallée supérieure, c’est le grès, qui occupe une place importance dans la constitution géologique de ce pays.

Le grès commence ou plutôt recommence[9] à se montrer dans les deux chaînes, arabique et libyque, au point où cesse le granit, et toutes deux serrent d’abord de fort près les bords du fleuve, puisque, pendant un certain temps, les deux bancs de grès ne sont distants entre eux que de trois à quatre milles[10]. A six myriamètres de Syène, la vallée du Nil est resserrée par les montagnes au point qu’elle forme un véritable défilé. C’est là que se trouvent les vastes carrières de Selseleh (l’ancienne Silsilis), qui, grâce à leur position, offraient tant de facilité pour le transport par eau des matières exploitées[11]. La chaîne arabique continue à border le Nil[12]. A 20 kilomètres au nord d’Esné, un nouveau défilé se présente : c’est celui de Gibeleyn, après lequel on entre dans les plaines d’Hermonthis et de Thèbes[13] ; mais déjà le grès monumental a cessé de se montrer, du moins en bancs continus. En effet, M. de Rozières, après avoir indiqué une petite vallée située à cinq lieues au sud d’Esné, et par conséquent à 40 kilomètres au moins de Gibeleyn, ajoute : C’est un peu au nord de cette vallée et sur la même rive que l’on commence (en remontant) à trouver le gisement de l’espèce particulière de grès qui a été employée par les Egyptiens à la construction des édifices de la Thébaïde[14]. Et, vers le commencement de son ouvrage, il fixait à 10 myriamètres de la cataracte le point où le terrain de grès rejoint le terrain calcaire dans les montagnes d’Égypte[15]. Il faut ajouter ici que toutes les parties de cette zone n’étaient pas également propres à fournir des matériaux pour la construction des palais et des temples. M. de Rozières nous apprend en effet que, vers la partie septentrionale, le grès est de qualité fort médiocre et se sépare en feuillets, surtout au long contact de l’air[16]. De plus, la transition du grès au calcaire ne s’opère pas brusquement. Après l’avoir fixée, pour la rive orientale, à cinq lieues environ au-dessus d’Esné, et par conséquent à une petite distance du point où commence la roche exploitée pour les monuments, roche qui se retrouvait même vers le nord, dans les couches inférieures[17], l’auteur ajoute : La zone des montagnes de grès se dirige du nord-est au sud-ouest. Sa limite est très irrégulière ; elle forme plusieurs saillies et plusieurs enfoncements considérables, occupés par des montagnes calcaires, de sorte qu’on voit se succéder à plusieurs reprises, soit dans le désert, soit sur les bords de la vallée, les deux sortes de terrains. Sur la rive gauche, ces alternatives sont plus prononcées et le calcaire se prolonge sur une plus grande étendue : on le voit reparaître jusqu’au delà d’Edfou[18]. De même aussi le grès n’est pas rigoureusement limité par la latitude d’Esné, et M. Girard, après avoir parlé des montagnes calcaires de Thèbes, nous dit : Ces bancs calcaires continuent d’encaisser la vallée, en descendant vers le nord : on ne voit qu’accidentellement reparaître le grès en rochers isolés, et encore faut-il pour cela s’avancer à quelque distance dans l’intérieur du désert[19] ; ceci nous reporte à la description de la vallée de Qoceyr.

Enfin, pour ne rien omettre de ce qui peut toucher à la question archéologique dont je vais bientôt montrer le rapport avec ces détails, pour ne pas négliger une roche dure et capable de résister au temps, que les Egyptiens employèrent aussi dans leurs monuments, je dirai qu’une brèche siliceuse agatifère a fourni aux anciens de grands blocs durables, entre lesquels on ne peut, oublier le fameux colosse dit de Memnon, puisque les propriétés de cette roche ont fourni l’explication du phénomène qui avait tant occupé les esprits au temps de l’empire romain[20]. Mais cette pierre, la plus dure après le syénit, dit M. de Rozières, se trouve dans les mêmes gisements que le granit lui-même, c’est-à-dire aux environs de Syène[21]. Cependant l’auteur cite ailleurs, à Qoceyr et même aux environs du Caire, des exploitations de brèches de variétés différentes[22], et ajoute que l’on trouve, dans les décombres, divers cailloux provenant de blocs de poudingues et employés dans la décoration des édifices ; que spécialement à Karnak on rencontre beaucoup d’agates et de grains de quartz étrangers au sol. Mais évidemment les cailloux des vallées, pas plus que les poudingues qui séparent les couches de grès de celles du sol primitif, ne pouvaient être employés comme éléments constitutifs d’un monument tant soit peu considérable ; d’ailleurs ces dernières couches cessent de se montrer même avant le point où le, grès a disparu, loin se prolonger au delà[23].

Or, depuis les environs de Thèbes, les deux chaînes qui suivent la vallée du Nil sont calcaires et ne cessent plus de m’être jusqu’à la basse Égypte inclusivement, où l’on sait que la chaîne libyque se détourne vers le nord-ouest et la chaîne arabique droit à l’est. Au passage de M. Girard, que j’ai cité il y a peu d’instants sur la nature de ces montagnes, je puis joindre ces lignes non moins formelles de M. de Rozières : Depuis leur extrémité septentrionale jusqu’à dix myriamètres de la cataracte, elles (ces deux chaînes) sont l’une et l’autre de formation secondaire et de nature calcaire[24]. L’auteur, dans sa description de la vallée de Qoceyr, montre presqu’à chaque pas le mélange ou l’alternative de roches calcaires et de siliceuses[25] ; mais cette vallée, terminée d’ailleurs du côté de la Mer Bouge par des montagnes purement gypseuses ou calcaires[26], est encore dans la Haute-Égypte ; celle de l’Egarement, objet d’une description spéciale par M. Girard, est de même nature que les grandes chaînes. Il est vrai que près de son embouchure dans celle du Nil, on aperçoit une carrière de grès blanc, d’où on tire des pierres à meules ; mais la vallée est, en ce lieu même, pleine de monticules gypseux, bientôt resserrée par des hauteurs calcaires et coquillières, et présentant, sur le chemin des caravanes, ici un sol de marne, là des cristaux de gypse. Plus loin on découvre un monticule isolé de grès rouge, auquel succède, vers le sud, une série de rochers calcaires et bientôt, au nord, des mamelons gypseux. Quand ensuite une gorge se rencontre sur la route, le calcaire se montre à droite et à gauche, et il est visible aussi sur le sol de la plaine d’où les voyageurs commencent à apercevoir la mer Rouge[27] ; la silice ne se montre guère dans cette vallée que sous forme de cailloux roulés.

Que le calcaire ait été exploité pour les monuments de l’Égypte, cela n’est pas douteux. Des carrières nombreuses sont encore visibles sur divers points des chaînes calcaires et toute difficulté sur l’âge de certaines exploitations disparaît devant les dates qui s’y trouvent inscrites. On sait même que, sauf les revêtements en granit, la matière de la grande pyramide provenait, sinon du sol même où elle est bâtie, du moins des carrières de Tourah[28]. Et, comme il est reconnu que les maisons particulières étaient généralement en briques[29], ces carrières étaient destinées surtout à la construction de monuments qui auraient pu laisser des traces intéressantes pour l’histoire, sans préjudice de la destination funéraire que les habitants des localités voisines pouvaient donner aux excavations. Quant au Delta, formé d’un terrain d’alluvion ou du moins de terre végétale et meuble[30] et de sable, il ne peut être question d’y chercher ni carrière ni pierres d’aucune sorte[31], sauf la ligne de rochers calcaires qui s’étend le long des lacs Maréotis et d’Aboukir qu’elle sépare de la mer[32] ; dès Rosette, la côte devient sablonneuse ; elle est tout à fait marécageuse quand on a dépassé Damiette en avançant vers Péluse[33].

Admettons maintenant une royauté égyptienne réduite aux contrées qui s’étendent de la branche Canopique à la bouche Mendésienne ; quel moyen lui reste-t-il d’élever des monuments qui puissent transmettre à la postérité le souvenir de sa munificence ou de ses combats ? Sur les lieux, on trouve des briques ; on en peut avoir en quantité illimitée, cela est vrai ; il est vrai aussi que des monuments ainsi construits peuvent être durables. Il suffit d’en donner pour preuve la grande pyramide sud de Daschour et celle d’Howara[34], et ces enceintes[35], et ces pylônes[36], qui, bien loin même du Delta, montrent comment les Egyptiens savaient user de ces matériaux. Mais on sait aussi avec quel acharnement (le mot n’est pas de moi) les populations ignorantes de ces contrées ont ruiné les monuments antiques pour en utiliser les débris[37], et, à plus forte raison, comment elles ont fait disparaître en les taillant et en les dispersant, ceux qu’elles ont trouvés abattus par les ravages de la guerre. Voyageurs et archéologues sont d’accord là-dessus. Les monuments en pierre calcaire qu’auraient pu fournir soit la branche nord-ouest de la chaîne arabique, soit, ce qui est bien plus probable à cause de la facilité du transport par les canaux, la ligne des rochers d’Aboukir, ont été détruits également, car c’est sur ceux-là surtout[38] que s’est exercée l’avidité paresseuse des habitants de l’Égypte, qui veulent s’épargner des travaux d’excavation : je doute que les pyramides elles-mêmes, celles du moins dont les dimensions n’effrayaient pas trop les démolisseurs, eussent résisté à leurs efforts, si elles s’étaient trouvées plus voisines de populations agglomérées et sédentaires[39], comme celles du Delta.

L’archéologue, il est vrai, n’a pas toujours besoin de trouver des monuments entiers, et les débris, même dispersés, lui suffisent souvent, lorsque, comme en Égypte, ils sont couverts d’inscriptions. Là, d’ailleurs, les simples grottes funéraires de particuliers, même assez obscurs, peuvent fournir à l’histoire de précieux documents. Mais encore faut-il que ces débris ne soient pas réduits en minces fragments, que la surface n’en soit pas brisée ; encore faut-il que ces tombeaux puissent être reconnus. Or, est-il vraisemblable que beaucoup de briques on de pierres calcaires aient conservé les sculptures ou les hiéroglyphes qu’elles portaient, lorsque tant de générations les ont employées aux plus vulgaires usages, pour ne rien dire de l’action possible des vapeurs de la mer, qui eût agi sur des pierres plus dures, sur des éléments minéralogiques moins accessibles à l’humidité ? Est-ce dans le sol meuble de l’humus, sur un terrain sujet à des inondations annuelles et irrégulières, où de plus le cours des eaux varie, que les sépulcres seraient restés intacts ? Et les monticules factices où devaient S’élever les villes antiques n’ont-ils pas eu mille fois leurs flancs déchirés par l’inondation[40] ?

Enfin, si l’on cherche à se rendre compte des restes de l’antiquité découverts dans la basse Égypte par les rares visiteurs qui l’ont choisie pour champ de leurs explorations, on n’y trouvera guère de monuments dont les matériaux soient empruntés au pays. Feuilletez les Mémoires de la Commission d’Égypte relatifs à la topographie antique du Delta ; vous y trouverez sans cesse mentionnés des monuments de granit, dont la provenance lointaine n’est pas douteuse et a été remarquée par ces savants eux-mêmes, soit dans les descriptions, soit dans les études générales sur la géologie de l’Égypte. L’intérieur du Delta, dit M. de Rozières, quoiqu’il n’ait été visité qu’en partie, a offert aux voyageurs qui l’ont parcouru nombre de monuments tirés des carrières de Syène ; le plus considérable de tous est le grand édifice de Bahbeyt ; qui, construit entièrement en granit, ne le cédait point en étendue à la plupart des temples de la Thébaïde. Puis, après avoir dit qu’on trouve peu de monuments intéressants vers la branche occidentale du Nil (sauf Alexandrie), tandis qu’il en a signalé plusieurs dans l’est, il ajoute : Dans le Delta, dont le sol n’est formé que de terre végétale, on ne pourrait trouver de matériaux assez solides qu’à d’assez grandes distances, et il devenait naturel d’attacher plus d’importance à leur choix[41] ; aussi la proportion du granit aux grès est-elle ici beaucoup plus forte que dans la Thébaïde.

L’énumération complète et détaillée des débris considérable, de granit qui ont été signalés par la Commission d’Égypte, après une exploration incomplète parmi les ruines du bas pays ; serait trop longue et peu utile à reproduire ici. Je signalerai seulement, à côté des fameux obélisques d’Héliopolis : 1° Les énormes blocs et les nombreux débris, en granit rouge de Syène, trouvés avec une multitude de fragments de grès dams l’enceinte encore reconnaissable de Tanis, ainsi que les blocs informes de granit, aperçus à peu de distance de là, sur les monticules et dans la plaine, le tronçon de statue en granitelle noire de Syène et les 24 colonnes enterrées presque à fleur de terre dans la plaine au midi de la ville et formant une avenue monumentale[42] ; 2° les vastes ruines sculptées du temple en granit noir et en granit rouge de Bahbeyt, à 8 kil. ½ au nord de Semennoud (Sebennytus)[43] ; 3° les antiquités trouvées à Méhallet et Kebyr et consistant en un assez grand nombre de fragments de granit de différentes couleurs, en blocs de grès siliceux, semblables à ceux qu’on extrait de la Montagne-Rouge, aux environs du Caire, et en quelques pierres cubiques de grès-brèche, pareil à celui des statues colossales de la plaine de Thèbes[44] ; 4° les pierres granitiques reconnues à Saïs, où Hérodote signale des édifices si importants en granit, construits peu avant l’invasion des Perses[45] ; 5° les blocs de granit qui indiquent, à Teli-Mokhdem (avec les distances itinéraires), l’emplacement de Cynopolis ou Lycopolis, sur le canal Busiritique[46] ; 6° les grandes corniches de granit qui figurent dans les ruines de Bubaste[47] ; 7° enfin les blocs et l’énorme sanctuaire monolithe orné d’hiéroglyphes de Tmây et Emdyd (Thmuis), près du lac Mendésien, ainsi que le torse en granit noir d’une statue assise, avec des hiéroglyphes au dossier, et les sarcophages de même matière trouvés au même lieu[48].

C’en est assez pour constater l’importance que les anciens attachaient à se procurer pour la basse Égypte, même à grand’peine et à de grandes distances, des matières plus solides que celles qu’ils trouvaient dans ce pays. Mais la Commission d’Égypte ne pouvait fixer l’âge de ces monuments, et Champollion ne s’est point arrêté dans l’intérieur du Delta. Nestor L’Hôte, en le parcourant[49], a suppléé en partie à cette grande lacune des premières explorations. Voici les passages de son rapport[50] qui touchent à la présente question : la citation sera un peu longue, mais elle me paraît ici d’une importance capitale pour les conclusions que je vais présenter.

Après avoir dit que les emplacements d’Athribis, Pharbœtus, Leontopolis, Thmuis, n’offrent plus que des monceaux de décombres, le zélé voyageur, qui venait de parcourir le Delta oriental et central, poursuit en ces termes :

On reconnaît encore dans les ruines de Bubaste cette disposition observée par Hérodote, qui dit que de toutes les parties de la ville on pouvait voir le grand temple.... Il ne reste aujourd’hui qu’une douzaine de blocs de granit ensevelis dans le limon ou en partie couverts d’eau ; le peu d’hiéroglyphes qu’on y retrouve donne la légende d’un roi originaire de cette ville, Osorkon, de la 22e dynastie.... Rhamsès le grand.... avait contribué à l’embellissement de Bubaste. Il suffit pour l’attester, d’une très belle colonne en granit, enlevée des ruines et qui gît maintenant à peu de distance du canal de Zagazig. Le cartouche d’Osorkon se lit également sur cette colonne ; mais il n’y est qu’en surcharge sur celui du grand Rhamsès.

Les ruines de Tanis couvrent un espace encore plus étendu que celles de Bubaste ; les blocs de granit amoncelés, les obélisques renversés et rompus indiquent l’emplacement de son grand temple et en attestent la magnificence. C’est encore le nom du grand Rhamsès qu’on lit sur ces vastes ruines, ainsi que le nom plus rare de son fils, Menephtah.... La terre et le sable recouvrent aujourd’hui toutes ses ruines.

Les ruines de Thmuis (Tell-Tmay) ne sont plus guère qu’un vaste amas de décombres. Le seul monument de quelque importance qu’on y voie encore est la chapelle de granit qui ornait le sanctuaire du temple. Ce monolithe a plus de 21 pieds de hauteur sur 12 de largeur, et peut passer pour un des blocs les plus volumineux que les Egyptiens aient transportés. La légende du Pharaon Amasis se distingue à peine sur l’encadrement usé de cette chapelle. Plusieurs blocs de granit, épars autour du monolithe et qui faisaient partie du sanctuaire, sont les seuls restes du temple, qui, ayant été construit en pierre calcaire, a complètement disparu.

L’auteur parle ensuite d’autres blocs de granit, qui portent la légende de Rhamsès le grand. Sur l’emplacement présumé de Leontopolis, il n’a vu qu’un mur d’enceinte en briques, et, sur les rives de la branche de Damiette, il reconnaît à peine des vestiges de monuments aujourd’hui cachés par le limon ; mais il mentionne des restes de grands édifices épars dans les villes de Samannoud (Sebennytus) et Méhallet et Kébir (près de Xoïs)[51]. Quant au grand temple de Behebeyt, entièrement ruiné aujourd’hui, mais dont les débris sont couverts de sculptures, il s’exprime ainsi :

Il serait impossible de se rendre compte de l’étendue et du plan de l’édifice sans déplacer les blocs et dégager le terrain jusqu’aux fondements... Il faudrait avoir vu cette ruine pour se faire une idée des énormes travaux et du temps qu’a dû coûter l’extraction de tant et de si volumineux blocs, leur transport de Syène, à l’extrémité de l’Égypte, leur érection et enfin la sculpture de tant de bas-reliefs, d’ornements et d’hiéroglyphes sur une matière aussi dure. Mais ce temple n’est commencé que sous Amyrtée (28e dynastie), et n’est achevé que sous les rois grecs. A Samanhoud, N. L’Hôte a également reconnu le nom d’Amyrtée sur les ruines d’un temple et de plus le cartouche d’Alexandre sur un fragment de bas-relief. Il ajoute que les noms de Psammétik III, d’Amasis et d’Amyrtée se lisent sur plusieurs fragments dispersés dans la ville de Méhalet et Kebir, et résume ainsi ses impressions archéologiques sur cette contrée :

Je n’ai, dit-il, rencontré, dans mes nombreuses recherches, qu’un seul fragment hiéroglyphique appartenant au vieux style, qu’on pourrait appeler Memphite, et qui caractérise l’époque très ancienne de l’art. — Il est permis de croire, d’après la fréquence du nom de Rhamsès le Grand sur les ruines subsistantes, que ce ne fut pas avant l’époque de ce Pharaon que cette partie de la basse Égypte, longtemps soumise aux Pasteurs, vit, sur beaucoup de points, s’élever des édifices sacrés.

Ainsi les rois d’Égypte ont fait venir de fort loin dans le Delta les matériaux qui leur paraissaient nécessaires pour élever des monuments propres à transmettre leur souvenir aux âges les plus reculés ; mais l’obélisque de Sésortesen I, trouvé à Héliopolis[52], est le seul ou presque le seul de ces monuments aujourd’hui reconnaissables, qui soit antérieur à l’expulsion des Hyksôs. Avant l’invasion peut-être on n’avait pas aussi bien senti l’utilité de ces pierres dures que les rois de l’âge postérieur aiment à mentionner dam leurs inscriptions[53] ; cependant on l’avait sentie, et l’on en avait fait usage ; le revêtement des grandes pyramides en est un exemple que l’on ne peut oublier[54]. Mais, si l’on admet l’existence, dans la région de Xoïs, d’une dynastie tantôt vassale des Pasteurs, tantôt leur ennemie, on doit comprendre maintenant que toutes les difficultés relatives à l’absence de monuments, pour les cinq siècles qu’Eusèbe attribue aux rois Xoïtes, disparaissent totalement ; on doit comprendre que l’on ne peut guère espérer de rencontrer comme documents de leur existence, des fragments tels que ceux qui, dans la plaine de Thèbes, ont subsisté après les ravages des Pasteurs, certainement poussés jusque-là et arrêtés tout au plus au défilé de Gibeleyn. Dans la Thébaïde inférieure et moyenne, ces fragments d’édifices en pierres dures ruinés par les envahisseurs, ont servi à reconstruire aux mêmes lieux des temples dédiés sans doute aux mêmes divinités[55], et les ravages des Vandales modernes, bien que déplorables pour l’art, ont pu être utiles quelquefois à l’histoire, en mettant au jour ces inscriptions des vieux âges, que l’on n’eût pas toujours aperçues à la surface des bâtiments relevés avec ces ruines. Si donc la 14e dynastie eût, comme la 13e, précédé l’invasion et régné sur cette vallée, elle eût sans doute laissé comme elle des inscriptions, des stèles, des statues. Mais reléguée vers les bouches du Nil, le pouvait-elle également ? Outre que, d’après Manéthon lui-même, le pays où elle a régné a été le théâtre d’hostilités affreuses et prolongées, ex-posé par conséquent à de fréquentes dévastations ; outre que l’orgueil de ces Pharaons a probablement trouvé durant cet intervalle, peu d’occasions de se produire aux yeux des contemporains et de la postérité, comment pourrions-nous retrouver les monuments funèbres ou les monuments religieux qui ont dû être construits durant cet intervalle ? Est-il croyable que les rois de Xoïs et leurs officiers en aient tiré la matière des carrières de Syène, ou de Silsilis ? Personne ne le soutiendra sans doute. Lorsqu’ils étaient eux-mêmes en guerre avec les rois Pasteurs de Memphis, ceux-ci, maîtres du fleuve, c’est-à-dire de la seule voie de communication possible, n’auraient point permis un commerce pacifique entre eux et ce qu’ils nommaient probablement la mauvaise race de la Thébaïde, comme les rois thébains ont dit plus tard la mauvaise race de l’Ethiopie ou de la Syrie ; et lors même qu’ils étaient soumis, l’étranger n’eût point permis aux Thébains, ennemis plus difficiles à dompter à cause de la distance, et par conséquent ennemis plus irréconciliables de la domination étrangère, de commercer avec le Delta. Assurément nos distinctions fort sages et fort louables du pavillon couvrant la marchandise et de la marchandise neutre sous le pavillon ennemi, de la propriété privée et de la contrebande de guerre, étaient bien inconnues des Grotius et des Vattel d’Avaris ; surtout l’abolition de la course les eût trouvés obstinément rebelles ; et d’ailleurs les Xoïtes eux-mêmes, lorsqu’ils baissaient la’ tête, n’étaient plus sans doute aux yeux des habitants de la haute Égypte que des traîtres et des fauteurs de l’ennemi.

Il faut cependant reconnaître que ces périodes de paix avec la 14e dynastie durent occuper une grande partie de la domination des Pasteurs. Nombreux, belliqueux et ayant le siège de leur puissance à l’entrée même du Delta, ils n’auraient pu poursuivre habituellement et durant des siècles contre les populations du Delta occidental, une guerre comme ils savaient la faire, sans les exterminer ou être exterminés par elles, si même les deux peuples ennemis n’avaient à la fois disparu, dévorés l’un par l’autre dans ce furieux acharnement. Si donc on regarde comme établi le fait de la simultanéité entre la dynastie Xoïte et la puissance des étrangers, il faut presque forcément admettre que leurs rapports devinrent pour longtemps pacifiques, et c’est en effet ce qui semble résulter du texte de Manéthon que nous avons vu plus haut. Or rien n’empêche de croire que, durant cet intervalle, les indigènes de la basse Égypte aient pu se procurer paisiblement des grès à meule et des brèches des environs de Memphis, peut-être aussi quelques pierres de dimension médiocre, extraites de ce monticule de grès qui, dans la vallée de l’Égarement, interrompt la série des roches calcaires. Enfin il n’est pas inadmissible à la rigueur que, pendant quelques années de paix générale, ils aient pu, par exception, tirer des pierres de la haute Égypte. il faut donc se garder de porter des jugements trop absolus, de tirer des conséquences trop précises sur ce qui dut se faire à des époques que nous connaissons si peu ; mais il faut aussi avouer que ces faits n’altèreraient guère la valeur des déductions auxquelles je suis arrivé. Il est en effet reconnu que la brèche agatifère de Syène composée, dit M. de Rozières, de grains de quartz de toute grosseur, tantôt anguleux, tantôt arrondis, noyés dans une pâte formée de petits grains de quartz, peut s’écailler à la surface sans l’intervention de l’homme, attendu que par le laps du temps et par l’action alternative de l’humidité et de la chaleur du jour, elle est exposée à se fendre[56], et que le craquement ainsi produit est l’explication véritable des sons que faisait entendre au lever du jour le colosse d’Aménophis, durant les années où, brisé par un tremblement de terre, il laissait la rosée pénétrer à travers une surface déchirée. Le même auteur nous apprend, nous l’avons vu, que certains grès, même dans la Thébaïde, se fendent en feuillets, par suite d’une longue exposition à l’air[57]. Le granit même peut, comme la brèche de Syène, s’imbiber, se dessécher, s’altérer par suite, surtout les surfaces qui ne sont pas polies. Outre que les rois de la basse Egypte n’avaient guère le choix des espèces, M. de Rozières dit que le syénit, qui se conserve parfaitement dans la haute Égypte, subit quelque altération dans le voisinage de la mer, soit par suite d’un choc, soit par la désagrégation de ses éléments et l’exfoliation de la surface, surtout quand elle n’est pas polie, sous l’influence de l’humidité atmosphérique[58]. La géographie physique expliquerait donc ici la perte de certaines inscriptions, même tracées dans des conditions plus favorables que celles des pierres calcaires ; elle s’expliquerait encore, comme je l’ai déjà dit, par la mobilité du sol, qui en a sans doute englouti un grand nombre[59], et qui peut-être nous en rendra plusieurs, si des fouilles, dont l’importance a déjà été plus d’une fois entrevue, mais qui présentent des obstacles de plus d’une sorte et qui demanderaient probablement des précautions extrêmes dans l’intérêt de l’humanité[60], sont dirigées dans ce but.

Mais n’existe-t-il présentement, sous les yeux de l’Europe savante, de monuments d’aucune espèce qui puissent donner quelques lumières sur l’histoire ou la chronologie de ces temps inconnus ? C’est ce que j’essaierai d’examiner avant de terminer ce travail, en faisant observer toutefois que je suis loin d’avoir la science et les ressources nécessaires pour traiter ce sujet délicat dans tous les détails qu’il peut comporter ; néanmoins, puisque j’ai entrepris d’appeler sur un point de cette importance l’attention des hommes compétents en mettant sous leurs yeux les considérations qui peuvent faciliter la solution du problème, en éclaircissant les questions préalables, on me pardonnera d’Aller jusqu’au bout dans la carrière bien courte que mes forces me permettront de fournir.

 

 

 



[1] Description de l’Égypte, Histoire naturelle. — Mémoires. — observations sur la vallée d’Égypte, par M. Girard (init.).

[2] Desc. de l’Ég. antiquités, ch. IV. Descr. d’Ombos et des environs, section II (par M. de Rozières) ; descript. de Gebel Selseleh, et des carrières.

[3] De la constit. phys. de l’Ég. et de ses rapports avec les anciennes institutions de cette contrée, par M. de Rozières. — Introd. § 7 ; 5e partie, chap. I, §§ 1 et 2.

[4] Antiq., Appendice I, 1re partie, § 2. — Cf. De la confit. phys., etc., 1re part., ch. III, § 1.

[5] De la constit. phys. de l’Ég., 1re partie, chap. VII, § 2. — Le feldspath et un grès quartzeux, dont on a fait des colosses, se trouvaient dans le voisinage (5e partie, ch. II).

[6] Desc. minéral. de la vallée de Qoceyr, par M. de Rozières, §§ 2 et 4. L’auteur, après avoir signalé dans cette vallée différentes sortes de roches (grès, brèches, granits, porphyres, schiste, gypse, quartz, feldspath), ajoute : L’observation nous a montré constamment que les Égyptiens n’ont été chercher au loin que ce qu’il leur était impossible de trouver près d’eux : c’est dans les deux chaînes de montagnes, qui bordent la vallée du Nil, que se trouvent toutes leurs carrières de granit, de pierres calcaires et de grés de différentes sortes, seules matières généralement employées dans la construction des anciens monuments. Celles qui n’existent que dans le fond des déserts ne l’ont été qu’en petite quantité et le plus souvent pour des monolithes d’un volume médiocre. Ibid., § 4, sub fin. V. aussi l’introduction de ce mémoire et la 6e partie, ch. VI du grand mémoire sur la constitution physique de l’Égypte.

[7] Girard, Descr. de la vallée de l’Égarement, § 2.

[8] Cependant, d’après Malte Brun (l. 156) on en trouve encore près de Selseleh, et il s’en mêle au grès friable de la Haute-Égypte.

[9] Les montagnes granitiques de Syène interrompent le terrain de grès et ne le terminent pas. Ses lambeaux.... se prolongent dans la Nubie, couverte également d’édifices en grès. Const. phys. de l’Eg. (4e partie, ch. I, 16). Plus haut, (1re partie, ch. III, § 1), l’auteur a fait observer que le terrain granitique s’étend au sud de Syène.

[10] Girard, Observ. sur la vallée d’Ég. (sub init.).

[11] Ibid. — Cf. de Rosières, De la const. phys. de l’Ég., 4e partie, ch. I, § 4 ; et Antiq., descr., ch. IV, sect. II, § 1.

[12] Girard, Lieu cité.

[13] Girard, Lieu cité.

[14] De Rosières, De la constit. phys. de l’Égypt., 4e partie, ch. I, § 1. Cf. 4e partie, ch. III, passim. — Et Antiq. (Descr.) ch. IV, sect. II, § 2. C’est, dit-il, un grès à grains quartzeux, liés par un gluten ordinairement calcaire.

[15] 1re partie, ch. I, § 2.

[16] 4e partie, ch. I, § 4 et surtout ch. II, à la fin duquel l’auteur, déterminant à 25 lieues la longueur des terrains de grès, fait observer qu’il n’y a de grandes carrières que dans la partie moyenne. Voir aussi ch. III, n. 1, 3, 7, et Antiq. (Descr.) ubi supra.

[17] Id. ibid., chap. II, et 1re partie, ch. I, n. 1.

[18] 4e partie, ch. I, n. 2.

[19] Observations sur la vallée d’Égypte (sub init.)

[20] V. le beau Mémoire de M. Letronne, sur la statue vocale de Memnon. — Cf. De Rozières, De la constit. phys. de l’Égypt., 6e partie, ch. I, n. 4 et ch. II.

[21] De Rozières : De la constit. phys. de l’Égyp., 6e partie, ch. I, n. 1, 2, 3.

[22] Ibid., chap. III et VI. — Cf. ch. I, n. 2.

[23] 4e partie, ch. I, n. 2.

[24] 1re partie, ch. I, § 2. — Cf. Antiquités (Decr.), chap. IV, sect. 2, vers le commencement.

[25] Quartz, grès calcaire et quartzeux (§ 1), montagnes de grès, puis de brèches et de poudingues quartzeux, puis granitiques, puis encore de brèches et de porphyres (§ 2), auxquelles succèdent des montagnes de schiste, puis gypseuses et calcaires (§ 3) ; et enfin de granit (§ 4).

[26] Même mémoire, § 4.

[27] Description de la vallée de l’Égarement par M. Girard, § 1.

[28] Outre les célèbres tombeaux de la Thébaïde ; décrits dans la 13e Lettre de Champollion, et les carrières de marbre des anciens Égyptiens que Malte-Brun (l. 156) indique dans l’Égypte moyenne, sur un terrain fort étendu au N. de Syout (Lycopolis), les carrières et les hypogées calcaires se montrent comme d’étape en étape dans les Lettres de N. L’Hôte, tandis qu’il traversé cette région et une partie du Saïd. C’est d’abord (dans la 2e lettre) l’hypogée situé à une demi-lieue de Scharone (un peu au S. de Fayoum) près de ruines qu’il croit être celles d’Hipponon (p. 31). Un peu plus loin sont les vastes carrières de Scheik-Hassan, situées dans la chaîne arabique et portant, dit le voyageur, le vernis d’une prodigieuse vétusté (p. 35), et celles de Babeyn, où l’on voit un hypogée-spios œuvre du fils de Ramsès le Grand (p. 36), près de Samallout (Cynopolis). Un peu au N. de Minieh, et par conséquent à une faible distance de là, est un hypogée fort mutilé, où l’on reconnaît des figures de divinités égyptiennes (pp. 36, 38, 39, 41, 42). Sur la même rive du fleuve, ajoute N. L’Hôte, et à peu près vis-à-vis de Minteh, commence une longue suite de carrières et d’excavations antiques. On rencontre sur tout cet espace, des monticules plus ou moins étendus. Ce qu’ils offrent de remarquable, c’est l’énorme quantité de fragments d’albâtre travaillé qui, partout, couvrent le s sol et forment presque la partie constitutive des décombres. L’Hôte y a reconnu, dans deux tombes inachevées, deux cartouches appartenant aux plus anciennes dynasties (p. 42-3). Bientôt viennent les grottes de Beni-Hassan et les carrières d’Antinoé (p. 44) ; celles d’Hermopolis-magna, près de Deyr (p. 45), situées aussi dans la montagne de l’est (et par conséquent moins propres à une destination funéraire, d’après les idées égyptiennes, au moins des dernières époques) ; on y trouve la date de l’an 32 de Thoutmosis IV (III) (p.46). La 3e Lettre est consacrée aux grottes de Tell-Amarna. Dans la 4e, l’auteur mentionne les innombrables excavations (carrières et tombeaux) le plus souvent ébauchées du Gebbel Abou-Fedah, qui ne se terminent que vers Manfalout, peu avant Syout (p. 80-2), celle de Samoun (82), les hypogées presque détruits de Syout même (p.83), hypogées qu’il croit fort anciens et dont la destruction est toute récente. Les carrières hypogées de Qaoû El-Kebir (Antæopolis) sont à peu près dans le même état et portent aussi des vestiges d’antiquité (p. 84), ainsi que les excavations de Girgeh, près de l’ancienne This (p. 88). V. encore dans la 5e Lettre, la nécropole d’Abydos (p. 112) et les hypogées des environs d’Akmyn (Panopolis, p. 126), mais ceux-ci sont de l’époque grecque. — V. encore Champ, lettre 6, et Journal des savants, janvier 1841 (art. de N. L’Hôte).

[29] V. Ampère (Recherches en Ég. et en Nubie, Revue des Deux-Mondes, 15 nov. 1846) — Cette carrière porte le cartouche d’un Amenembé et celui d’Ahmès (4e lettre de Champollion). V. pour d’autres édifices, Champ., lettres 15e, 16e, 18e ; L’Hôte, pages 31, 113-21.

[30] N. L’Hôte, Lettres, p. 127. Descr. de l’Ég. ant., ch. IV, sect. II, § 2. Aucun vestige de constructions anciennes, dit M. de Rozières, n’a pu faire soupçonner que les maisons particulières fussent construites en pierres. Les ruines des anciennes villes n’offrent partout que des débris de poteries, des fragments de briques crues et des amas de poussière.

[31] Descr. de l’Ég. Descr. des monum. anc. Appendice I, 1re partie, § 5 (fin).

[32] Girard, Observations sur la vallée du Nil, § 1.

[33] Malte-Brun, L. 158 et additions de Huot.

[34] Journ. des Sav., juillet 1844.

[35] V. Champ., lettres 3e, 9e ; N. L’Hôte, lettres, pages 109,122. — Cf. 123, 128, et Appendice Il. — Descr. de l’Ég., Descr. des ruines de Sân (Tanis), où l’on constate l’emploi de la paille hachée dans ces briques. — Description des principales ruines situées entre les branches de Rosette et de Damiette (Jollois et Du Bois Aymé), §§ 1 et 3. — Cf. Descr. des ruines d’Athribis, etc. par M. Jomard, sect. I, § 1. V. aussi J. J. Ampère, Revue des Deux-Mondes, 15 nov. 1846, 1er avril 1848.

[36] V. N. L’Hôte, lettres, page 85.

[37] Ce ne sont pas seulement les populations qui les ont détruits pour des usages privés.

[38] Quant aux monuments en pierre, dit M. Jomard (lieu cité), si, aujourd’hui on n’en voit pas pour ainsi dire de traces (à Athribis), pas même à les matières dont on les avait construits, il ne faut pas en être surpris, en songeant avec quel acharnement les habitants modernes ont converti en chaux tout le marbre et la pierre calcaire qu’ils ont trouvé dans les villes anciennes. Il ajoute qu’on n’a épargné que ce qui était trop éloigné des habitations modernes. — V. aussi section II, § 1 ; et Descr. des ruines de Sân, surtout vers la fin. N. L’Hôte nous dit (page 129) : Quant au beau portique égyptien qu’on admirait encore ici (à Achmouneyn ou Hermopolis magna) il y a quelques années, il a disparu, comme s’en sont allés tous les monuments en pierre calcaire.

[39] V. Journal des Savants, 1844.

[40] Sur les variations du Nil, v. supra, § II, note 17e. — N. L’Hôte dans son rapport au Ministre (Journ. de l’instr. publ., 10 juillet 1841), dit que ces ruines peu visitées ne sont que des débris recouverts par les eaux ou le limon. — Cf. Maury : Des trav. mod. sur l’Ég. anc., § 2. V. encore la Description des villes de l’ancien Delta, comprises entre les bouches de Damiette et de Rosette (par MM. Jomard et Du Boys Aymé) et la Description d’Athribis, etc. (par M. Jomard), dans la Description de l’Égypte.

[41] Appendice aux descriptions des monuments anciens, I, par M. de Rozières, Ire partie, § 5.

[42] Descr. des ruines de Sân, par Louis Cordier (Desc. de l’Ég.).

[43] Descr. des principales ruines situées entre les bouches de Rosette et de Damiette, § 1.

[44] Descr. des principales ruines situées entre les bouches de Rosette et de Damiette, § 2.

[45] Descr. des principales ruines situées entre les bouches de Rosette et de Damiette, § 3. — Cf. Champ., lettre 3e. — Pour les monuments d’Amasis, V. Hérodote, II, 173, 175-6.

[46] Descr. des ruines d’Athribis, etc., sect. I, § 2.

[47] Descr. des ruines d’Athribis, etc., sect. I, § 4.

[48] Descr. des ruines d’Athribis, etc., sect. II, § 1.

[49] Dans son dernier voyage, postérieur aux lettres citées plus haut.

[50] Journal de l’Instruction publique, 10 juillet 1841.

[51] Si, comme il est bien probable, l’ancienne ville arabe de Sakha correspondait à l’emplacement de Xoïs (V. Quatremère, Mém. géogr. sur l’Ég., art. Skôou, il faut se souvenir que dans le chapitre 25e de la Description de l’Égypte (Antiquités), MM. Jollois et Du Boys Aymé admettent que les restes d’antiquités retrouvés à Mehallet et Kébir pourraient y avoir été apportés de quelque ville voisine, telle qu’Isidis oppidum ou Sabennytus. On peut aussi bien admettre qu’ils le furent de Xoïs, puisque Sebennytus est représenté par Samanhoud.

[52] V. N. L’Hôte, Notice sur les obélisques, pages 40-1. Les deux autres obélisques datés, qui d’Héliopolis ont été transportés à Rome appartiennent, l’un au père de Rhamsès le Grand (Séti Maïenphtah), l’autre à Psammétik I (Ibid., pages 14-17).

[53] V. dans les lettres de Champollion : Dédicace du temple d’Amada par Thoutmosis III (lettre 11e), celle d’un monument de Louqsor par un Aménophis (lettre 12e), celle de la salle hypostyle du Rhamesséion (lettre 13e), celle d’un temple élevé par la 18e dynastie à Thèbes (lettre 18e) et l’inscription du père de Rhamsès le Grand à Kourna (lettre 20e).

[54] V. Journ. des Sav., avril 1841, mars 1844. — Cf. Lenormant, éclairc. sur le cerc. de Mycerinus, A et H. — Appendice I aux descriptions des antiquités de l’Égypte, Ire partie, § 5.

[55] Cf. Champ., lettre 4e, Champ.-Figeac, l’Ég. anc., page 301 ; l’Appendice II, aux lettres de N. L’Hôte ; De Rougé, Ann. de phil. chrét., juin 1847 (p. 415-6 du t. XV, 3e série) ; J. J. Ampère, Revue des Deux-Mondes, 15 déc. 1847 (reproduit dans les Ann. de phil. chrét., sept. 1858). Cf. Descr. de l’Ég. antiquités, ch. VIII, § 2, ch. IX, sect. I, § 2.

[56] De la constit. phys. de l’Egyp., 6e part., chap. I, § 4.

[57] De la constit. phys. de l’Egyp., 4e partie, ch. III, §§ 1, 3, 6, 7, 8,11 ; — 7e part., ch. I, § 1.

[58] Antiq., appendice I, 1re part, § 6.

[59] V. plus haut le rapport de N. L’Hôte et aussi les Mémoires de la commission d’Égypte.

[60] A cause des exhalaisons malsaines provenant des terres remuées. On sait l’effroyable mortalité causée parmi les ouvriers, par l’ouverture du canal d’Alexandrie.