Texte numérisé par Marc Szwajcer
I. Formation de la province. Son étendue. — A la mort d’Amyntas, dit Dion Cassius (LIII, XXVI), Auguste ne confia point son royaume à ses enfants, mais en fit une province romaine. Ainsi la Galatie, avec la Lycaonie, eut un gouverneur romain ; les contrées de la Pamphylie qu’Amyntas avait possédées furent rendues à leur autonomie (τώ ίδίω νόμω). Strabon nous apprend, de son côté, que Sagalassus était déjà, de son temps, sous le même gouverneur romain que tout le royaume d’Amyntas[1]. Dès l’origine donc, la province de Galatie eut des limites bien différentes de celles du pays galate proprement dit. C’était peut-être la même politique qui, dans la Gaule européenne, minait les nationalités indigènes, en créant une Aquitaine et une Belgique de convention. Quatre-vingts ans plus tard, Pline (V, XLII), décrivant cette province, la représente comme occupant d’abord une grande partie de la Phrygie (territoire des Tolistoboyes, des Votures et des Ambitues), avec Gordium, l’antique capitale du pays. Il la limite, à l’est et au nord, par la Cappadoce, prise, comme on le voit, dans le sens primitif, c’est-à-dire comprenant le Pont, mais dans laquelle il étend le territoire des Galates eux-mêmes (Tectosages et Teutobodiaques)[2], plaçant les Trocmes en Paphlagonie et en Méonie : tout cela est assez confus, car les Trocmes étaient entre le Pont et les Tectosages. Enfin il ajoute que la Galatie va, au sud, jusqu’à la Cabalie, en Pamphylie, exclusivement[3], jusqu’à la Myliade de Baris et au territoire de Cyllante et d’Oroanda, en Pisidie. Elle touche aussi, dit-il, à la partie de la Lycaonie que l’on appelle l’Obigene ; ce qui donne à penser qu’Amyntas n’avait jamais possédé la Lycaonie tout entière, et confirme ainsi le double témoignage de Strabon et de Dion Cassius. Pline conserve à la Phrygie Cotyœum, Midæum, Célènes (Apamée)[4] ; à la Lycaonie, qui dépendait de la province d’Asie, Philomelium, Thymbrée, Peltæ ; tandis qu’Iconium est dans la tétrarchie lycaonienne[5], c’est-à-dire apparemment que ce district était laissé à la Galatie. De Cibyra, dépendaient, dans l’ordre judiciaire, Hiérapolis et Themisonium ; de Synnada, dépendaient la Lycaonie non galatique et la Phrygie septentrionale ; il y avait à Apamée un autre conventus juridicus[6] ; ces détails peuvent servir à déterminer les frontières de la Galatie impériale. Quant au Gallus, que Pline comprend dans la Galatie, mais qu’il distingue du Sangarius, comme il prétend que les Galles de Cybèle en tiraient leur nom[7], il est à croire qu’il veut parler du Sangarius de Pessinonte. Le véritable Gallus est au nord-ouest de Dorylée, et ne peut, en aucun cas, être compris dans la Galatie de Pline. Cet écrivain, en nommant les trois oppida, Ancyre chez les Tectosages, Pessinonte chez les Tolistoboyes, et Tavium chez les Trocmes, ajoute que la Galatie comprend cent quatre-vingt-quinze peuples ou tétrarchies[8], c’est-à-dire cent quatre-vingt-quinze cantons, car des tétrarchies comme celles-là ne rappellent pas plus les douze tétrarques indépendants que nos baillis royaux du XVIIe siècle ne rappellent ceux du XIIIe. Pline nomme quelques-uns de ces peuples, et le P. Hardouin, son annotateur, croit reconnaître quelquefois, sous les noms qu’il transcrit, ceux de localités d’Isaurie, de Pisidie et même de Lycie intérieure ; mais on voit par là qu’il attribue au mot attingit, cité plus haut, un sens trop étendu. Il semble, d’après le texte de Pline, que, de son temps, Iconium (Konieh), Isaura, Antioche-Césarée, Oroanda et Sagalassus, n’appartenaient pas à la province de Galatie[9], bien qu’il y comprenne Séleucie et Lystre, l’une pisidienne, l’autre isaurienne ; elle aurait donc été restreinte au sud depuis le temps de Strabon. Au siècle suivant, Ptolémée distingue aussi de la Galatie le Pont galatique[10], ainsi que l’Arménie mineure[11], la Lycaonie[12], la Pisidie[13], la Pamphylie, même intérieure[14], la Cabalie[15], la Phrygie pisidique[16] et la Cilicie-Trachée[17] ; mais il ne la borne point, tant s’en faut, au territoire des trois peuples Gaulois. Il lui donne en effet pour frontières : à l’est, la Cappadoce ; au sud, la Pamphylie ; à l’ouest, l’Asie et la Bithynie[18], et, au nord, le Pont et la Paphlagonie[19]. Après avoir énuméré les villes des Tolistoboyes, des Tectosages et des Trocmes, il désigne comme limitrophes des Gaulois, mais compris dans sa carte de Galatie, les Proserliménites[20], avec les Byzènes et une partie de la Lycaonie[21]. Ce dernier mot me fait penser qu’il y a, dans le premier, une faute de copiste et qu’il faut lire Proslimnites, c’est-à-dire riverains du lac Tatta. Dans la dernière division, Ptolémée comprend Laodicée Katakekauméné ; puis il nomme une partie de la Pisidie[22], avec Antioche et même Apollonie ; ici encore, comme en Lycaonie, on retrouve des domaines d’Amyntas ; ainsi la restriction que Pline avait laissé entendre se trouve effacée. La Lycaonie galatique de Ptolémée s’étend un peu au sud et bien à l’est de Laodicée. Enfin Lystre (en Lycaonie) et Isaura appartiennent également à la Galatie de Ptolémée. On en peut conclure que, sous le haut empire, ces limites n’ont pas subi de variations bien considérables. Néanmoins, comme Ptolémée comprend[23] dans la carte de Pamphylie la Pisidie presque tout entière (une Antioche, Cormasa, Cremna, Pednelissus, Seigé), il est possible que, depuis le temps de Pline, la Galatie eût, à la fois, regagné au sud et perdu au sud-ouest. Les monuments sont d’un faible secours touchant l’étendue et les variations de la Galatie impériale. Un petit nombre d’entre eux, sans toucher à aucun grand fait politique, mentionne des provinces ou des contrées en les distinguant de la Galatie ; mais ils procèdent par simple énumération, ou même se bornent à énoncer un nom de province. Ainsi l’on trouve dans le Corpus inscriptionum græcarum un procurateur de Tiberius Claudius et de Nero Claudius, pour la province galatique, honoré dans Iconium comme bienfaiteur par le peuple de cette cité[24], ce qui s’accorde avec les faits rappelés plus haut sur l’étendue de la Galatie au sud, dès les premiers temps de sa réunion à l’empire ; tandis qu’une inscription d’Eumenia[25] nous fait comprendre que cette ville était restée dans le proconsulat d’Asie. D’autre part, l’inscription en l’honneur de Cæsenius Gallius, citée dans le paragraphe sur la topographie et datée du temps de Vespasien, distingue de la Galatie, la Cappadoce, la Lycaonie et la Pisidie, en accord avec les passages de Pline, auteur contemporain, qui désignent comme en dehors de la province galatique la Cappadoce et la Lycaonie occidentale et en distinguent aussi la Pisidie ; chez lui, d’ailleurs, Iconium paraît rejetée hors des limites de la Galatie, ce que l’inscription de cette ville ne permettra pas sans peine d’accorder pour le temps de Claude, mais ce que celle de Meulk-Koi ne nie pas pour le règne de Vespasien. Deux inscriptions désignent le consulaire A. Julius Quadratus comme ayant été lieutenant en Cappadoce et propréteur de Lycie et de Pamphylie[26]. Vers la seconde moitié du second siècle, un Crescens a été procurateur de Phrygie[27] ; un proconsul du non de Tatius Titianus était, au temps de Septime Sévère, proconsul d’Asie, et l’Asie comprenait encore la Phrygie pisidique, puisqu’une ville de ce pays, Lacina (Iarisli), date de son proconsulat une inscription tracée en l’honneur de la famille impériale[28]. Dans les inscriptions latine du recueil d’Orelli et Henzen, on trouve[29] un fonctionnaire ayant été (successivement peut-être) lieutenant impérial et propréteur de Galatie, de Pisidie, de Phrygie, de Lycie (ou Lycaonie : LYC.), d’Isaurie, de Paphlagonie, du Pont galatique, du Pont polémoniaque et de l’Armélie (mineure ?). Cette inscription, découverte par Hamikon à Antioche de Pisidie[30], montre que les dénominations anciennes n’étaient pas oubliées. Elle ne prouverait peut être pas que les deux Ponts et la Paphlagonie aient fermé trois provinces sous le haut empire (auquel appartient ce texte, puisqu’il y est question de la XIIIe et de la XXIIe légion[31]) ; il serait donc un peu téméraire d’invoquer cette inscription, si l’on n’avait pas d’autre preuve pour montrer que la Pisidie et l’Isaurie étaient administrativement séparées du pays des Galates. Mais, si l’on rapproche de ces lignes une inscription de Cagliari[32] en l’honneur d’un Cosconius Fronto, qui fut successivement procurateur du vingtième dans le Pont et Bithynie, le Pont intérieur (galatique) et Paphlagonie, l’Asie, la Lycie, la Phrygie, la Galatie et les Cyclades, il sera permis de penser que les subdivisions officielles furent plus souvent qu’on ne le pense conformes aux divisions historiques. Le Pont galatique se trouve ici joint à la haute Paphlagonie, mais en conservant son nom, comme le Pont proprement dit était uni à la Bithynie et à la Paphlagonie maritime, comme la Phrygie gardait sa dénomination dans l’ordre civil, tout en formant deux circonscriptions judiciaires. II. Le gouvernement impérial en Galatie. — Quelle fut, sous le haut empire, la condition politique de la Galatie ? C’est ce qu’il n’est pas difficile de déterminer. Dion Cassius, il est vrai, dans son tableau des provinces publiques et des provinces de l’empereur[33], ne nomme point la Galatie, dont il ne raconte l’annexion qu’un peu plus loin ; mais il vient de dire que les provinces faibles, pacifiques, non exposées à des mouvements hostiles, furent seules données au sénat, et il ajoute presque aussitôt que les provinces réunies postérieurement à ce partage furent dans le lot de l’empereur. Strabon, d’ailleurs, avait tranché la question, si toutefois c’en était une, et il l’avait fait avec l’autorité d’un contemporain, voisin du territoire dont il parie, quand, exposant, à la fin de son ouvrage[34], la géographie générale du monde romain, il énumère les provinces, consulaires ou prétoriennes, laissées par Auguste au peuple romain, et qu’il y comprend l’Asie en deçà de Malys et du Taurus, Sauf les Galates, les peuples qu’avait gouvernés Amyntas, la Bithynie et la Propontide. Quelques lignes plus loin, il dit que la part du sénat s’augmenta de ces deux dernières, et il ajoute : τάς δ' άλλάς έπαρχίας έχει Καΐσαρ. La Galatie et le reste du royaume d’Amyntas étaient donc, depuis Auguste, au nombre des provinces du prince. Dion Cassius explique très clairement en quoi consistait le gouvernement des provinces, tant sénatoriales qu’impériales, et il décrit ainsi l’administration de ces dernières, les seules qui doivent nous occuper ici : Le gouverneur, nommé par le prince, portait le titre de propréteur, quand même il eût été consul. Il ‘avait l’épée et l’habit militaire, en signe de la juridiction qu’il exerçait sur les soldats, et il était accompagné de six licteurs ; mais il ne prenait les insignes de son pouvoir qu’en entrant dans son gouvernement, et le terme de son administration n’était point fixé d’avance. Ainsi, moins pressés de s’enrichir, les propréteurs pouvaient être moins habituellement pillards et trouver le temps d’exécuter des réformes utiles[35]. C’étaient ordinairement d’anciens préteurs, quelquefois d’anciens questeurs ou autres magistrats d’un rang moyen dans l’ordre sénatorial, les chevaliers étant plutôt réservés pour le commandement des forteresses. Des procurateurs, chargés de la levée des revenus du prince, étaient envoyés dans les provinces, et l’administration financière devait rester étrangère aux propréteurs. Gouverneurs et procurateurs reçurent, depuis Auguste, un traitement fixe, et ne durent rien toucher de plus, sans l’ordre du pouvoir central ; lorsqu’ils recevaient un successeur, ils devaient quitter la province dans un délai de trois mois[36]. Pour ce qui concerne la Galatie au point de vue militaire, une inscription funéraire du recueil de MM. Lebas et Waddington nous signale la présence, à Ancyre, de la légion prima adjutrix[37], et M. Texier en donne une autre, tracée par la légion Macédonienne Auguste[38] en l’honneur d’Hadrien. M. Cavedoni a fait observer, d’après un passage de Suétone (in Vespasien), que, du temps de Vespasien et à cause d’incursions de barbares, un ordre impérial réunit temporairement la Cappadoce et la Galatie, et qu’il y plaça un consulaire avec des légions[39]. M. Schœnemann, dans sa docte dissertation de Bithynia et Ponto, provincia romana[40], décrit, à son rang, l’administration de la Bithynie, quand elle fut passée, au temps d’Hadrien, sous la domination exclusive du prince, et il trouve là peu de détails nouveaux ; mais, grâce à la mission temporaire que Pline le jeune avait exercée un peu auparavant dans ce pays, comme délégué extraordinaire de Trajan, il a pu tirer de leur correspondance beaucoup de renseignements pour éclairer les détails de cette administration, à laquelle, sauf le mérite et la probité du personnage, nous pouvons assimiler, en thèse générale, le gouvernement des propréteurs. Nous le voyons exercer sur l’administration, même municipale, une surveillance active, utile peut-être dans certaines conjonctures, comme celles qui avaient amené sa mission, mais passablement minutieuse ; il ne lui manque qu’un Tocqueville pour revêtir l’aspect d’un intendant de l’ancien régime. Choix des sénateurs (échevins et capitouls), condition d’entrée dans ces diminutifs de sénats[41], droit de faire des largesses au peuple, vérification détaillée et rigoureuse des comptes municipaux[42], édifices à réparer ou à construire, tout est de son ressort[43]. . . en apparence, bien entendu, car, sur ces graves matières, il en réfère à chaque instant à Rome[44] ; quand il s’agit de créer une compagnie de pompiers, l’autorité centrale décide en dernier ressort que, vu les désordres qui pourraient s’ensuivre, l’initiative locale ne doit pas aller jusque-là[45]. Le gouverneur avait aussi à présider la cour impériale (conventus juridicus), à juger les causes des provinciaux, à sévir contre les soldats dont il disposait[46]. Les employés qui figurent dans cette correspondance sont un conseiller et des contubernales (peut-être à titre officieux), un préfet de la côte du Pont, qu’on ne retrouverait pas en Galatie, trois procurateurs, dont deux sont appelés à prendre part aux travaux de la juridiction contentieuse[47] ; on voit aussi, par les lettres de Pline, que les postes étaient établies pour le service de l’État[48]. Quant à la Galatie en particulier, les inscriptions nous apprennent peu de chose sur les fonctionnaires romains qui ont présidé au sort de ses habitants. Eusèbe et Eutrope[49] disent que le premier propréteur de ce pays fut un certain Lollius ; quant au Cæsenius Gallius dont j’ai parlé plus haut, on l’appelle, au temps de Vespasien, Leg[atum] propr[ætore], dans l’inscription de Meulk. D’autres monuments trouvés en Galatie, mais non datés, du recueil de MM. Lebas et Waddington, désignent comme Leg[atum] Aug[usti] pr[o]prætore L. Petronius Verus[50] ; comme procurateur de Galatie, puis procurateur du vice-président de la même province et du Pont[51], un certain Senecion, et enfin[52] L. Didius Marinus comme ayant été aussi procurateur en Galatie, et, plus tard, procurateur des familles de gladiateurs en Asie, [Bit]hy[nie], Galatie, Cappadoce, Lycie, Pamphylie, Cilicie, Chypre et Pont. On en peut conclure que le Pont et la Bithynie étaient alors séparés. Nous avons vu tout à l’heure qu’une inscription citée par M. Texier était tracée en l’honneur d’un ancien chef de légion, devenu ensuite propréteur de la province de Galatie et de celle de Cilicie : j’y reviens pour faire observer qu’il avait été préteur (à Rome) et proconsul de Pont et Bithynie avant de remplir ces trois fonctions, énumérées après celles-là dans son cusus honorum, comme si le commandement d’une province militaire et impériale était considéré comme un titre supérieur aux deux autres ; je ne pense pas d’ailleurs que les mots Prpr. provinc. Galatiæ, provinc. Ciliciæ, indiquent une réunion, même temporaire, de ces deux gouvernements. Dans les inscriptions d’Orelli et Henzen nous trouvons encore, outre celle de Meulk, deux textes latins dont on peut trouver, par induction, la date approximative[53]. J’ai déjà parlé de tous deux à propos des limites de la Galatie romaine, mais c’est ici l’occasion de les rappeler pour suivre, autant que possible, la série des gouverneurs, et surtout pour constater le maintien du régime des propréteurs et procurateurs en Galatie. L’inscription trouvée à Yalobatch (Antioche de Pisidie) par M. Hamilton appelle leg[atum] Aug[usti] propr[ætore] provinc[iæ] Gal[atiæ]... Ponti Gala[tici], etc. un certain Steil. Sollers (P. I. Stell. So[ller]ti) que M. Henzen reconnaît, d’après d’autres données, pour avoir été consul suffectus vers le principat de Trajan ; le Cosconius Fronto, fils de Marcus, qui, d’après l’inscription de Cagliari, a été procurateur du vingtième en Galatie et autres lieux pour les Augustes, doit avoir exercé cette fonction sous Marc-Aurèle et Verus, car, sous la tétrarchie de Dioclétien, on ne trouverait pas apparemment, ni la province de Pont et Bithynie, ni celle de Pont intérieur et Paphlagonie. Quant à la légion première italique, qui figure dans le même texte, il faut avouer que la Notitia dignitatum contient une désignation semblable, avec le titre de Pseudocomitatensis, pour un des corps attachés au diocèse d’Orient. Tout au moins faudrait-il reporter ce texte aux premiers temps de Dioclétien et Maximien ; mais il est plus naturel de voir dans Cosconius. Fronto M. F. un fils de M. C. Fronto, le cher maître de Marc-Aurèle. C’est aussi au second siècle, au principat d’Hadrien, qu’appartient la propréture de C. Julius Scapula, honoré par un décret d’une tribu d’Ancyre[54] ; seulement nous ne pouvons affirmer positivement qu’il ait exercé cette fonction en Galatie, non plus qu’un consulaire, portant le nom de C. Julius Severus (consul en 155, dit M. Franz), et qui n’est désigné comme propréteur que pour la Palestine dans l’inscription ancyriote[55] rédigée en son honneur. Calpurnius Proculus, proconsul d’Asie et propréteur en Belgique, est signalé comme bienfaiteur et sauveur de la grande cité galate[56], sans désignation de date. Quant à Fulvius Rusticus Æmilianus, lieutenant de l’empereur, propréteur et consul, dont le sénat et le peuple d’Ancyre honorent égaiement les bienfaits, son consulat est de l’année 206[57]. Le gouvernement d’un autre consulaire, Minucius Florentius, est désigné ailleurs, sans titre ni date, comme celui où un travail très utile à Ancyre a été exécuté[58]. Il y a une monnaie ancyriote de T. Pomponius Bassus propr[ætore][59]. Quant aux inscriptions grecques du Corpus, trouvées en Galatie autre part qu’à Ancyre même, aucune d’elles ne mentionne de gouverneur du pays. Ancyre, en effet, fut toujours la métropole de la Galatie entière, durant le haut empire. Elle porte le titre de Métropole de Galatie dans l’inscription en l’honneur de Calpurnius et de Fabius Silo, et elle y joint à son propre nom l’épithète de Sébaste (Augusta) ; elle s’appela aussi Antoninienne, sous le règne d’Antonin Caracalla[60]. Ailleurs[61] elle est qualifiée simplement de métropole, sous Vespasien peut-être, certainement sous Marc-Aurèle et au IIIe siècle, comme sur les monnaies de Néron, Antonin et Caracalla. On ne peut guère en méconnaître les habitants dans les Sébasténiens Tectosages du texte rédigé en l’honneur de Cocceius Alexander[62]. On a voulu pourtant trouver une Sébaste tectosage différente d’Ancyre elle-même. Eckhel, il faut en convenir, refuse à cette dernière ville les médailles qui portent la légende CΕΒΑCΤΗΝΩΝ avec les mots ΚΟΙΝΟΝ ΓΑΛΑΤΩΝ, soutenant que, quand Ancyre a pris cette épithète, elle a toujours maintenu son nom è côté ; que, d’ailleurs, le nom d’Ancyre figure seul sur une médaille de Néron, et que le nom de Sébaste n’est jamais uni au titre de métropole. Eckhel rappelle aussi une Sébaste de Galatie, distinguée d’Ancyre par Pline, mais je ne vois aucune raison pour la placer chez les Tectosages. Il me semble que toutes raisons purement négatives ont une bien mince valeur en présence des mots Κοινόν Γαλατών, qui ne pourraient guère être accolés au nom d’une cité de quatrième ordre ; elles balanceraient tout au plus la mention du sénat et du peuple des Sébasténiens Tectosages dans l’inscription citée. L’abbé Belley, dans son mémoire inséré au trente-septième volume de l’Académie des inscriptions, est assez pressant à cet égard quand il signale, sur le revers où se trouve le mot Σεβασίήνων avec (Κοινόν Γαλατών au droit), une représentation qu’il pense être celle du fameux temple d’Auguste, existant encore à Angora ; mais les détails donnés par Eckhel lui-même sont plus concluants encore contre la thèse qu’il soutient, puisqu’il nous dit que ce temple est hexastyle ; c’est donc bien, comme l’a fait remarquer M. Texier, l’effigie même du temple d’Auguste, lequel est hexastyle et périptère. De plus, sur les huit médailles rapportées par Eckhel à Sébaste, parce qu’elles portent le nom de Σεβασίήνων sans celui d’Άγκυριτάνων, quatre présentent la figure de Men, qu’on trouve aussi comme type ancyriote ; enfin le sénat de Sébaste, nommé sur l’une de ces médailles, y porte le titre de sacré, par allusion sans doute au néocorat d’Ancyre, constaté aussi par la numismatique ; or l’une des tribus ancyriotes s’appelait Ίερά Βουλαία. |
[1] T. III, p. 60 de l’éd. Tauchnitz.
[2] Ces derniers étaient apparemment une tribu germanique.
[3] Attingit Galatia et Pamphyliœ Cabaliam. L’Oroanda dont Pline va parler ne saurait être celle dont parle Tite-Live ; ce n’est pas certes Œnoanda, qui faisait jadis partie de la Cibyratique et se trouvait au sud de la Cabalie. Il faut plutôt, arec Hamilton, la chercher au bord du lac Hoïran (II, 359). On serait là en Pisidie, entre Antioche et Sagalassus. (Voyez Pline, V, XXIV.)
[4] V, XLI ; cf. XXIX.
[5] V, XXV.
[6] V, XXIX ; cf. XXVIII.
[7] Pline, V, XLII.
[8] Pline, V, XLII.
[9] V, XXIII-XXIV et XLI ; cf. XXVIII.
[10] Ptolémée, V, VI, § 3, 9.
[11] Ptolémée, V, VII.
[12] V, VI, § 6.
[13] V, V, § 8.
[14] V, V, § 7.
[15] Voyez Ptolémée, livre V, chapitre V, § 6.
[16] Ptolémée, V, V, § 4-5.
[17] Ptolémée, V, V, § 3.
[18] Ptolémée, V, V, § 1.
[19] Ptolémée, V, IV, § 1, 5.
[20] Ptolémée, V, IV, § 10.
[21] Ptolémée, V, IV, § 10.
[22] Ptolémée, V, IV, § 11.
[23] Ptolémée, V, IV, § 12.
[24] Corpus inscriptionum græcarum, n° 3991.
[25] C. I. G., n° 3902 b. Décret de la province l’Asie en l’honneur du proconsul Paulus Fabius Maximus, proclamé dans les jeux augustaux et aussi dans les jeux césariens de la cité. M. Franz pense que c’est celui qui fut, consul l’an 11 avant Jésus-Christ.
[26] C. I. G., n° 3532, 3548. La Pamphylie restait donc en dehors de la Galatie, de même que la Cappadoce.
[27] La date se conclut de son nom, M. Aurelius Crescens, puisqu’il est dit affranchi des empereurs, c’est-à-dire de Marc-Aurèle et de J. Verus. (Voyez n° 3888.)
[28] C. I. G., n° 3956.
[29] C. I. G., n° 6912.
[30] Yalobatch, n° 178 de l’appendice.
[31] Leg[atus] leg[ionis] XIII cen [l.] geminæ, et plus loin Trib. leg. XXII primig.
[32] Henzen, 6940.
[33] Dion Cassius, LIII, XII.
[34] Strabon, t. III, p. 502-503.
[35] Voyez, dans le Voyage en Chine, par M. Huc, les fâcheux effets qu’a produits dans ce pays le système des mutations à époques fixes et rapprochées.
[36] Dion Cassius, LIII, XII, IV. — Suétone, Auguste, XLVII.
[37] C. I. G., n° 1796. L’abbé Belley, dans son Mém. sur Ancyre (Acad. des Inscriptions, anc. série, t. XXXVII), dit sur ce sujet : Ancyre avait une garnison romaine, représentée par l’aigle légionnaire, au milieu de deux enseignes militaires, sur les médailles frappées en l’honneur de Septime Sévère, de Julia Domna et de Caracalla.
[38] Cantonnée, dit l’auteur, à Galatgik, à 18 milles d’Angora et 25 de Sangra. (Voyage en Asie Mineure, p. 190.) Quant à l’inscription de la page précédente, elle ne parait pas être l’œuvre d’une légion, mais elle semble tracée en l’honneur d’un propréteur de Galatie, puis de Cilicie, ex-questeur de la 3e légion Augusta, ex-lieutenant de la 6e légion Ferrata. — Voyez aussi Henzen, n° 6913.
[39] Voyez Franz, Addenda ad Corp. inscr. gr., t. III, n° 4015.
[40] Gœttingen, 1855.
[41] Lors de la réforme municipale de 1764, un intendant consulte les officiers municipaux d’une petite ville sur la question de savoir s’il faut conserver aux artisans et autre menu peuple le droit d’élire leurs magistrats. (L’Ancien régime, p. 167.)
[42] Cette assemblée démocratique de la paroisse..... n’avait pas plus le droit de faire sa volonté que le conseil municipal de la ville. Elle ne pouvait même parler..... qu’après avoir sollicité la permission expresse de l’intendant..... fût-elle même unanime, elle ne pouvait ni s’imposer, ni vendre, ni acheter, ni louer, ni plaider, sans que le conseil du roi le lui permit. (L’Ancien régime, p.99.)
[43] Schœnemann, p. 35. — Dans Pline, voyez spécialement les lettres 35, 43, 46, 48, 91 et 114 du Xe livre.
[44] Pour arriver à tout diriger de Paris, il a fallu inventer mille moyens de contrôle..... Je n’ai jamais remarqué qu’il s’écoulât moins d’un an avant qu’une paroisse pût obtenir la permission de relever son clocher ou de réparer son presbytère. (L’Ancien régime, p. 118.)
[45] Schœnemann, p. 36.
[46] Schœnemann, p. 36.
[47] Schœnemann, p. 36-37.
[48] Schœnemann, p. 38.
[49] Voyez Texier, Revue des deux Mondes, août 1841, et Contzen.
[50] C. I. G., n° 1790.
[51] C. I. G., n° 1793.
[52] C. I. G., n° 1794.
[53] C. I. G., n° 6912 et 6940.
[54] C. I. G., n° 4022.
[55] C. I. G., n° 4029.
[56] C. I. G., n° 4011. - Un L. Fabius Cilo (sic), deux fois consul (pour la seconde fois en 204, dit Franz), est désigné, au n° 5896 (Addenda), comme gouverneur et comme patron (ώροσίατήν) d’Ancyre, métropole de Galatie.
[57] C. I. G., n° 4012.
[58] C. I. G., n° 4050.
[59] Eckhel, Doctr. numm. vet., t. III, Galatia. — L’abbé Belley, dans le § 4 de ses Observations sur l’Histoire et les monuments de la ville d’Ancyre (Acad. des inscr., ancienne série, t. XXXVII), signale aussi, d’après les médailles, cette propréture de Pomponius Bassus, sous Nerva et Trajan, celle de L. Fabius Silo, au temps de Septime Sévère, et quatre autres dont la date lui est inconnue, y compris celle d’Æmilianus.
[60] Voyez Eckhel, ubi supra et Belley, § 3.
[61] C. I. G., n° 4012, 4015, 4020, 4042, et diverses médailles de Commode et de Gallien, dans les Nummi antiqui populorum et urbium illustrati de Hardouin.
[62] C. I. G., n° 4010.