HISTOIRE DES GAULOIS D’ORIENT

 

CHAPITRE XIII. — HISTOIRE DES GALATES, DEPUIS LA PAIX AVEC LES ROMAINS JUSQU’À LA RÉUNION À L’EMPIRE.

Texte numérisé par Marc Szwajcer

 

 

I. Les Galates jusqu’à la fin du IIe siècle. — Dès la troisième année de la 149e olympiade, sept à huit ans après l’expédition de Manlius, la Galatie, fort affaiblie par les pertes énormes qu’elle avait faites, se trouva envahie par un voisin dont nous ne connaissons pas précisément les griefs, mais qui, en cette conjoncture, ne crut pas devoir attendre les effets du recours adressé à Rome sur les points en litige. Pharnace, roi de Pont, envoya un de ses généraux, nommé Léocrite, pour piller la Galatie, tandis que lui-même pénétrait dans la Cappadoce[1], et il trouva chez les Galates des partisans, Carsignat et Gésétorix[2]. Léocrite pénétra même jusqu’à Tius[3], où il fit capituler ulve garnison de mercenaires. Cette garnison, étant sortie de la place, fut égorgée à l’arrivée d’ordres envoyés par le roi, qui voulait satisfaire contre elle d’anciens ressentiments[4].

Effrayés des progrès que faisaient les troupes de Pharnace, Eumène et Attale se portèrent en armes à la rencontre de Léocrite, qui n’osa pas les attendre ; Carsignat et Gésétorix leur envoyèrent une promesse de complète soumission[5]. Ne trouvant aucune résistance en Galatie, les deux princes pergaméniens ne s’y arrêtèrent pas ; en quelques jours ils furent arrivés sur l’Halys, et, le lendemain, ils étaient à Parnasse, bourg qui n’est point nommé ailleurs, mais qui devait être sur les confins des Cappadociens et des Trocmes. Là leur marche triomphale se trouva suspendue par l’arrivée d’une ambassade romaine[6], qui venait apporter son arbitrage précédemment sollicité par Attale[7]. Eumène n’avait pas l’intention de le décliner, quoiqu’il se crut assuré du succès ; il rentra sur le territoire galate, puis dans sa capitale ; mais il fut impossible d’amener les ambassadeurs de Pharnace à des engagements qui parussent satisfaisants[8]. On ignore comment la lutte fut alors poursuivie ou éludée ; seulement le fragment qui suit, dans les Extraits de Polybe, nous montre une trêve conclue entre Pharnace et Attale, qui se rend à Rome pour solliciter une solution définitive et favorable[9]. Il ne paraît pas cependant qu’elle ait été nécessaire, car Pharnace, attaqué de nouveau et brusquement, demanda la paix aux rois de Cappadoce et de Pergame. Pour l’obtenir, il promit non seulement d’évacuer la Paphlagonie, de rendre les prisonniers et de satisfaire à certaines créances, mais de ne jamais remettre le pied en Galatie et de renoncer aux avantages du traité qu’il avait conclu avec les Galates[10], traité, soit d’alliance déclarée avec des chefs comme ceux dont j’ai parlé tout à l’heure, soit de recruteraient sur une grande échelle. Les habitudes de ce peuple rendent bien probable que tel était au moins un des objets de cette convention : les Galates, soumis par Rome à un régime de paix forcée, ne pouvaient manquer d’y échapper par quelque côté, leur État, comme le dit Contzen, ne subsistant que par et pour la guerre[11].

Une nouvelle lacune se présente ici dans l’histoire de ce peuple. Les Gaulois illyriens se virent, quelque temps après, sur le point de jouer un râle considérable en Europe, C’est-à-dire de prendre part à la lutte entre Persée et Rome ; mais ils en furent aussitôt écartés par le refus de subside que, soit impuissance, soit avarice, le roi de Macédoine leur fit éprouver[12]. Mais, à peine Persée fut-il abattu, qu’Eumène, allié des vainqueurs, et qui semblait favorisé par les événements de la guerre, se vit tout à coup exposé aux plus grands périls par une attaque inattendue des Gallo-Grecs, malgré les nombreux reîtres qu’il avait recrutés chez eux pour la guerre de Macédoine[13].

Les détails de cette guerre sont inconnus ; mais Eumène, soit par suite de l’exhibition de ses forces dans les événements de 182[14], soit plutôt par suite des bruits répandus sur ses intentions comme favorables à Persée, ou même sur des relations secrètes avec lui[15], était devenu suspect aux Romains. Ils ne cachèrent pas leurs sentiments à son égard, et, en l’effrayant lui-même, ils rendirent confiance à ses ennemis[16]. Ceux-ci, après un succès que Diodore qualifie d’inespéré, réunirent leurs prisonniers, sacrifièrent les plus beaux à leurs dieux et tuèrent les autres à coups de javelot, sans épargner même ceux qui étaient unis à des Gaulois par les liens de l’hospitalité[17]. Rome leur imposa la paix, mais à des conditions singulièrement douces, eu égard aux habitudes de sa politique d’alors. On ne se choqua pas du fier langage de Solovette à l’entrevue de Synnada ; on invita même Attale à n’y point paraître[18], afin de ne pas irriter les ennemis, et l’on se borna à leur défendre toute excursion armée en dehors de leurs frontières[19]. Aussi, après Polybe, qui disait de la députation envoyée aux Galates par le sénat, S’il n’est pas facile de dire quelles instructions elle reçut, il n’est pas difficile de le conjecturer d’après ce qui se passa[20]. M. Contzen ne craint-il pas de dire[21] que cette entrevue de Synnada fut une comédie, et l’éloignement d’Attale un artifice, les Romains arrivant avec l’intention bien arrêtée de favoriser les Gaulois.

Il était temps pour eux que cette médiation arrivât, car, grâce aux bons procédés d’Eumène envers ses mercenaires, ils étaient chez lui si nombreux et si fidèles, qu’il avait réduit la Galatie entière à merci[22]. Eumène peut avoir alors montré de l’humeur et donné prise aux accusations de Prusias, qui le dénonçait à Rome comme n’ayant pas complètement abandonné la Galatie[23] ; peut-être même à celles des cités d’Asie, au sujet de relations entre lui et le roi de Syrie[24]. Le sénat, défiant et inquiet à la pensée d’une ligue entre les princes les plus puissants de l’Orient, résolut d’y opposer un contrepoids, en se ménageant, au centre de la presqu’île, un point d’appui redoutable ; il montra un grand zèle pour la liberté des Galates et leur accorda coup sur coup plusieurs avantages[25]. On vit même les Trocmes demander l’appui de leurs nouveaux alliés pour obtenir satisfaction du roi de Cappadoce[26]. M. Contzen, rappelant ici un passage de Strabon, pense qu’il s’agissait de préjudices subis par des marchands galates, par suite d’un débordement de l’Euphrate qu’avaient causé des travaux imprudents sur soit affluent, le Mélas[27].

Deux ou trois générations se passent sans que les Gaulois d’Asie se montrent dans aucune guerre, à moins que ce ne fût pour fournir des auxiliaires aux légions romaines dans les rares occasions où elles durent alors se déployer en Asie ; peut-être aussi faut-il admettre qu’il y eut des Gaulois dans ces barbares mercenaires que le dernier des Attales employa comme bourreaux[28]. Comme le fait observer M. Contzen, cette paix forcée amena un notable changement dans les mœurs des Galates et dans leurs croyances religieuses[29]. Ainsi, dit-il, on trouve, dans Cicéron, un Galate, Brogitaras, désigné comme prêtre de Cybèle ; dans Strabon, un autre, Dytoitès, prêtre de Ma, à Comane[30], et même deux femmes galates employées au service de divinités étrangères. C’est alors aussi, ou du moins dans un temps où la Galatie devait être encore autonome, puisqu’ils sont mis par Polyen[31] au nombre des tétrarques, que vivaient Sinorix et Sinat, dont il raconte brièvement la tragique histoire. Sinat avait une femme, nommée Camma, d’une grande beauté et d’une singulière énergie. Elle était prêtresse d’Artémis, c’est-à-dire de la déesse de Comane, la même que Strabon assimile à Ényo ou Bellone[32] et que les Galates, dit Polyen, vénéraient tout spécialement. Sinorix en devint épris ; ne pouvant la gagner, il assassina son mari et bientôt la demanda en mariage. Camma, cédant aux instances de ses amis et de ses proches, promit d’y consentir et de célébrer son mariage dans le temple de la déesse. Sinorix y arrive, accompagné des plus notables Galates ; là, elle partage avec lui un vase de liqueur qu’elle avait empoisonnée, et elle expire en remerciant la déesse d’avoir pu venger son mari. Ce sont là des traits de mœurs intéressants à noter et une preuve de la transformation opérée dans les habitudes des Galates ; mais la présence d’une colonie gauloise à Comane donne lieu de penser que ce trait appartient au temps de l’extension temporaire de la Galatie dans le Pont, c’est-à-dire au premier siècle avant l’ère chrétienne. On voit aussi que la licence du culte de Diane pontique n’avait pas abâtardi les mœurs de toutes les femmes gauloises.

II. Guerres de Mithridate. - Enfin, après quatre-vingts ans d’une obscurité à peine interrompue par la guerre d’Aristonic, l’Asie Mineure redevient le théâtre de grands événements. Sans doute ici les faits qui concernent la Galatie disparaissent presque dans ces luttes terribles où, plus d’une fois, durant un quart de siècle, la puissance romaine se trouva tenue en échec. Néanmoins il n’est pas impossible de suivre, dans ses phases principales, l’histoire des Galates durant cette période, et leur rôle fut peut-être plus important que les historiens de Rome ne l’ont voulu dire, si l’on en juge par la manière dont, après la victoire, Pompée en usa avec un de leurs chefs.

Accoutumés depuis longtemps à se regarder comme les alliés de Rome, les Galates ne firent point difficulté de lui fournir des recrues, lorsque la guerre de Mithridate fut sur le point de commencer et qu’il s’agit de replacer sur leurs trônes Ariobarzane et Nicomède, dont l’expulsion avait été le signal de la lutte[33]. La Phrygie en avait fourni de même ; les cités phrygiennes jouissaient, surtout depuis la défaite d’Antiochus, d’une sorte d’autonomie. Qu’elles fussent expressément affranchies de toute domination, par suite du traité de paix, comme l’avait été Antioche de Pisidie, ou qu’elles fussent soumises au tribut envers Pergame[34], il ne parait pas qu’aucune d’elles ait passé, avec la Mysie et la Lydie, sous l’autorité directe des proconsuls. L’ancien roi de Pont, qui s’en était rendu maître, ne s’était donc pas constitué par là en état de guerre formelle contre les Romains, non plus que ceux-ci n’avaient envahi un royaume étranger, en contraignant le Pont à y renoncer, durant l’enfance de Mithridate[35]. Cependant ce dernier événement avait probablement amené le sénat à considérer la Phrygie comme une conquête, comme réunie, au moins implicitement, à la province d’Asie ; mais, pour la Galatie, la position était plus nette ; elle formait un État ou plutôt trois États distincts ; c’était bien à titre d’alliée qu’elle fournissait des soldats ; peut-être même n’étaient-ce que des volontaires.

Par suite de ces premières démonstrations, le glaive est tiré, la guerre se trouve engagée. En même temps qu’il fait appel, en Europe, aux Sarmates, aux Bastarnes et même aux Cimbres, c’est-à-dire aux Cimmériens du Danube, Mithridate cherche à entraîner les Galates vers sa cause[36]. Il ne parait pas y avoir réussi d’abord. Les généraux romains, dit Appien, réunirent les troupes de Bithynie, de Cappadoce, de Paphlagonie et de la Gaule asiatique, outre les soldats que L. Cassius avait dans l’Asie romaine. Cassius s’établit entre la Bithynie et la Galatie[37] ; Manius à l’entrée de la Bithynie, du côté du Pont, et Appius vers la Cappadoce, ayant chacun environ 40.000 hommes, s’il en faut croire Appien : j’incline fort à penser que ce chiffre représente plutôt celui de leurs forces réunies. Nicomède avait, en outre, selon le même récit, 50.000 fantassins et 6.000 cavaliers, mais Mithridate, qui disposait des aventuriers circassiens, géorgiens et scythes, avait, dit-on, 40.000 chevaux et 250.000 fantassins.

Archélaüs remporta une victoire complète, dans le bassin de l’Amnias, sur les troupes de Nicomède[38], que Manius apparemment n’avait pas su appuyer. Les généraux romains, qui avaient commencé la guerre sous leur responsabilité[39], furent effrayés de ce mouvement, qui découvrait entièrement leur gauche, car l’armée bithynienne était anéantie ; ils le furent peut-être encore plus de la politique alors employée par Mithridate, qui renvoyait ses prisonniers sans rançon et avec des frais de voyage. Manius essaye de reculer ; il est atteint, défait, et perd 10,000 hommes, avec son camp. Il s’enfuit à Pergame, où Nicomède arrivait aussi en fugitif, n’osant, ne pouvant plus même défendre son royaume, ni se maintenir sur sa frontière à côté de Cassius, puisque celui-ci se repliait sur Apamée[40]. Mithridate prend alors possession de la Bithynie entière, de la Phrygie, de la Lycie et de la Pamphylie. Appius, dont les communications étaient, comme on le voit, coupées, voulut tenir dans Laodicée (Katakékauméné ?), et fut livré par les habitants[41]. Manius fut aussi fait captif et mis à mort ; Pergame et tous les pays de l’ouest tombèrent aux mains de Mithridate[42] ; Nicomède avait fui jusqu’en Italie[43].

Complètement isolés entre l’Asie conquise et- bientôt compromise par le massacre des Romains[44], le Pont lui-même et la Cappadoce, qui fut également soumise, même avant la campagne de Grèce[45], les Galates n’auraient pu soutenir la cause romaine que par un très énergique dévouement. Aussi ne faut-il pas s’étonner de voir, sur le champ de bataille de Chéronée, où Archélaüs voulut tenir tête à Sylla, soit armée composée de Pontiques, de Thraces, de Bithyniens, de Cappadociens, de Phrygiens, de Galates, et de tous les autres peuples nouvellement soumis à l’empire de Mithridate, dit Appien[46].

L’issue de la bataille ne fut point douteuse et dut laisser peu de confiance à Mithridate sur celle de la seconde expédition qu’il préparait, pour disputer encore ses conquêtes européennes. Ses succès ayant cessé, il craignit dès lors des défections, même en Asie. Accoutumés à la pensée qu’ils pouvaient tout par la crainte, les rois de ce continent ne savaient pas conserver longtemps une politique large et confiante. Aussi Mithridate, en même temps qu’il faisait les levées[47] avec lesquelles Dorylaüs alla perdre la bataille d’Orchomène, se mettait en garde contre ses voisins les plus suspects, et, en cherchant à les contenir par des moyens terribles, il s’en fit des ennemis dangereux. Lui-même ou ses lieutenants, en effet, voulurent empêcher ainsi un soulèvement des Galates, qui avaient été amenés à son alliance par les événements plutôt que par leur volonté, et qui n’étaient pas compromis avec Rome autant que les Grecs d’Asie. D’ailleurs, ils n’entendaient pas être traités en sujets ; des symptômes d’opposition ne manifestaient[48], compliqués même, selon Plutarque, d’un projet d’assassinat[49].

Les tétrarques, à l’exception de trois, qui parvinrent à s’échapper[50], leurs femmes, leurs enfants, ceux de leurs amis qui se trouvaient auprès d’eux et ceux qui se montraient indociles à l’autorité nouvelle furent massacrés, les uns dans des embuscades, les autres en une seule nuit, sous leur toit[51]. Le roi s’appropria leurs trésors et mit garnison dans les villes de Galatie, où il installa un satrape ; mais le soulèvement fut général, irrésistible, surtout dans la situation où se trouvait déjà Mithridate. Les paysans accoururent sous les ordres des tétrarques échappés à la mort ; toutes les garnisons furent chassées et poursuivies jusque hors du pays, et il ne resta au roi de Pont que les trésors enlevés[52] ; ils pouvaient être considérables, mais il est bien douteux qu’on ait eu le temps de les mettre tous en sûreté. Les événements qui se précipitaient ne lui permirent d’ailleurs aucune revanche. Il dut signer la paix et évacuer toutes ses conquêtes.

Il crut avoir trouvé une occasion plus favorable, quand Sertorius, tenant occupées à l’extrémité de l’Europe les troupes du sénat, consentit à négocier avec lui. Appien[53] prétend même que ce général promit à Mithridate l’Asie, la Bithynie, la Paphlagonie, la Cappadoce et la Galatie ; mais, selon Plutarque[54], Sertorius, malgré l’avis de son sénat, lui refusa l’Asie romaine et lui permit seulement de s’emparer de la Bithynie et de la Cappadoce, έθνη βασιλευόμενα, récit qui s’accorde mieux avec le caractère du héros ; il est possible que Sertorius ait compris la Galatie parmi les pays alliés cédés au roi.

Mithridate n’eut pas le temps de tirer grand avantage de ce traité. Il put, il est vrai, avec des moyens militaires qui paraissaient plus stars que ceux des campagnes précédentes[55], occuper de nouveau la Bithynie, où Nicomède venait de mourir sans enfants, léguant, dit-on, ses États à Rome ; mais il vint se heurter sans succès contre Cyzique, et là il se vit bloquer, devant la ville qu’il assiégeait, par Lucullus, qui, à la tête de cinq légions, réduisit les barbares à se nourrir de chair humaine[56]. Il est clair qu’il ne pouvait être maintenant question pour le roi de recruter des volontaires en Galatie. Durant les premiers temps du siége, un de ses lieutenants avait parcouru la Phrygie, soumis la Pisidie, l’Isaurie, la Cilicie. On ne sait s’il voulut prendre une revanche contre les Galates, mais, agresseur ou non, il fut attaqué au milieu de ses succès par le tétrarque tolistoboye Déjotar, qui, à la tête de ses Gaulois, le mit en déroute[57].

Cet échec, en découvrant les frontières sud-ouest du Pont, contribua peut-être plus qu’on ne l’a pensé à faciliter la tâche de Lucullus, qui put tout à loisir conquérir la côte de l’Euxin. Il paraît aussi, d’après Memnon[58], que les troupes galates rejoignirent l’armée romaine et se firent remarquer à la poursuite de l’ennemi, lorsqu’un sauve qui peut général se fit entendre dans les troupes de Mithridate, car on racontait à Héraclée que ce fut à ces Gaulois qu’échappa le roi, en laissant derrière lui un mulet chargé d’or et d’argent que se disputèrent les soldats.

Mais il restait d’autres Gaulois sur lesquels Mithridate comptait encore, même après ses désastres en Arménie, même après la dernière bataille par laquelle Pompée le rejeta vers le Bosphore cimmérien, même après que l’effroi causé par ses gigantesques projets et aussi les intrigues de quelques traîtres eurent commencé à semer la révolte parmi ses propres soldats. Il comptait alors encore, selon Appien[59], sur l’alliance des Celtes établis dans l’Europe orientale, pour se frayer le chemin de Rome, qu’ils avaient vue conquérir la Macédoine et s’établir dans les Alpes Juliennes.

Ils savaient que, sur eux prêt à se déborder,

Ce torrent, s’il l’entraîne, irait tout inonder,

Et vous les eussiez vus, prévenant ce ravage,

Guider dans l’Italie et suivre son passage.

Mais le plus grand roi de l’Orient, plus grand encore depuis sa défaite, fut arrêté par la révolte de Pharnace. Quand Mithridate ne vit plus de refuge que dans la mort, ce fut, dit-on, le Gaulois Bituit, le chef de ses troupes celtes, qu’il chargea de lui ôter la vie[60]. La guerre était terminée, et Pompée pouvait, à son gré, disposer de l’Asie Mineure.

III. Règne de Déjotar. César en Asie Mineure. — Les services de Déjotar ne furent pas mis en oubli, et l’étendue des États que Pompée lui donna, tandis qu’il ne laissait à Pharnace que le royaume du Bosphore, prouve qu’il le considérait comme un des plus utiles appuis de la puissance romaine en Asie Mineure. Appien dit seulement, il est vrai, qu’il l’établit, avec quelques autres, comme tétrarque en Gallo-Grèce[61] ; mais Strabon, dont le grand-père pouvait avoir vu de ses yeux l’état de choses que je vais décrire, est un garant bien plus sir et bien plus précis.

D’abord il est certain, par son témoignage, que Déjotar eut la haute main sur toute la Galatie : Εΐτα είς ένα (ήγεμόνα) ήκεν ή δυνασίεία, είς Δηϊόταρον[62]. Son assertion serait d’ailleurs confirmée, s’il en était besoin, et, en tous cas, elle est expliquée et conciliée avec celle d’Appien par l’auteur du De bello alexandrino, qui dit de Déjotar[63] : Tetrarches Gallo-Græciæ tune quidem pene totius, quod ei neque legibus neque moribus concessum esse ceteri tetrarchæ contendebant. L’anonyme latin ajoute, Sine dubio autem rex Armeniæ minoris ab senatu appellatus, et il ne dit pas assez, car voici comment Strabon décrit les possessions de Déjotar, en dehors de la Galatie, telles que Pompée les régla.

Une partie de la Gadilonite, pays maritime situé à droite du fleuve Halys, appartint à la cité d’Amisus ; une autre partie fut donnée par le conquérant à Déjotar, aussi bien que les environs de Pharnacée et de Trébizonde, jusqu’à la Colchide et à la petite Arménie (l’Arménie en deçà de l’Euphrate), avec le titre de roi[64] ; la petite Arménie était séparée de Pharnacée et de Trébizonde par les Tibaréniens et les Chaldéens[65], gouvernés, au temps du géographe, par la veuve de Polémon[66], et devant, en conséquence, représenter ce qu’on a nommé le Pont polémoniaque, celui que Ptolémée[67] met à l’est des bouches du Thermodon ; il comprenait, sous l’empire, Zela et Néocésarée, avec beaucoup d’autres villes moins connues, tandis que le Pont galatique de Ptolémée, c’est-à-dire la partie du Pont qui fut temporairement rattachée à la Galatie, comprenait la plaine de Phanagorée, Thémiscyre, Amasée, Comane du Pont, etc.[68] Le royaume de Zela, auquel Pompée ajouta la Kalupène et la Kamisène, voisines de la petite Arménie et de la Laviniasène, se trouvait au sud du Pont galatique[69]. Comane, nous l’avons vu, était administrée par le prêtre de la déesse[70].

La puissance de Déjotar était trop étendue pour être solide ; et d’ailleurs, outre la prise qu’elle offrait aux accidents ordinaires de la politique, outre le peu de cohésion entre les diverses parties du nouvel État, Déjotar avait le malheur de vivre à une époque où les guerres civiles de Rome allaient exposer ses alliés, même sans imprudence de leur part, à la colère du vainqueur. Déjotar avait acquis, s’il en faut croire Cicéron[71], une renommée assez rare de moralité et de sagesse ; il avait reçu du sénat et des généraux qu’il avait assistés en différentes occasions de nombreux témoignages d’estime[72] ; il s’était fait enfin une position aussi flatteuse qu’elle pouvait l’être au temps

Où, parmi tous les rois, nul n’était assez vain

Pour prétendre égaler un citoyen romain ;

mais la lutte éclatait entre César et Pompée. Or Pompée était le bienfaiteur de Déjotar, son hôte, son ami[73] ; il avait pour lui le sénat et les consuls. Des sentiments de reconnaissance envers ce général et envers le sénat même[74], l’habitude de l’obéissance envers les pouvoirs publics de Rome[75], enfin la position géographique des deux partis, pendant les campagnes d’Espagne et de Pharsale, lui imposaient en quelque sorte la nécessité de se déclarer contre César. Il hésita cependant, et il ne se décida que sur un message personnel dé Pompée[76] ; mais enfin il voulut faire preuve de zèle, et, quoique âgé, il amena lui-même au camp pompéien des troupes assez nombreuses[77], lorsque déjà la cause de Pompée se trouvait gravement compromise[78].

Du reste, il ne s’attacha pas bien résolument au parti républicain. Après la bataille de Pharsale, il rentra chez lui, tandis que son petit-fils Castor cherchait à faire naître ou à entretenir de nouvelles espérances de succès[79]. Bien peu de temps après, durant la guerre d’Alexandrie, Déjotar fit parvenir plus d’une fois à Éphèse de l’argent pour César, qui cependant l’avait contraint de partager la petite. Arménie avec Ariobarzane[80] ; au dernier envoi, il lui fallut vendre des meubles et des domaines pour se procurer ces fonds[81].

Quant à cette guerre d’Asie à laquelle il prit une part plus active du côté de César, il faut convenir qu’elle était sienne, et que, sur ce point, il ne lui était pas dû une bien vive reconnaissance. Pharnace, en effet, voyant les Romains occupés à se déchirer entre eux, avait espéré recouvrer l’héritage de son père, et, quoiqu’il se fût décidé ou préparé un peu tard, il ne voulut pas renoncer à cette espérance. Il s’empara d’abord de la Colchide, ce qui contribua peut-être notablement à retarder son arrivée sur le théâtre des conquêtes de Pompée ; mais enfin il parut en Asie Mineure et tomba sur la petite Arménie et la Cappadoce[82].

En apprenant cette invasion dans ses nouveaux États, Déjotar écrit à Domitius Calvinus qu’il ne peut plus suffire aux envois demandés, tant qu’on ne l’aura pas débarrassé de cet ennemi[83]. Domitius avait trois légions, mais César, de son côté, demandait un prompt secours ; il lui en détache deux, et marche résolument avec la troisième à la recherche de Pharnace. Il est d’ailleurs rejoint[84] par deux légions de Déjotar, organisées à la romaine, et, à Comane, par des troupes mandées du Pont et de la Cilicie. Il entame aussi des négociations avec Pharnace[85], mais elles n’eurent point de suite, parce que ce prince demandait la petite Arménie, que Domitius n’avait ni la volonté ni le pouvoir de lui céder ; ou, du moins, elles n’eurent pour effet que de retenir momentanément Domitius dans son camp, prés de Nicopolis, et de faire ainsi manquer une embuscade préparée par Pharnace[86]. La bataille se livra donc dans le voisinage de cette ville. Le centre de l’armée de Domitius était formé par les deux légions galates, mais elles soutinrent à peine le premier choc, et Pharnace demeura pleinement victorieux. Domitius se retira dans la province romaine ; le fils de Mithridate devint maître de tout le Pont[87].

Il est à peine besoin de rappeler que, vainqueur des troupes alexandrines, César fut bientôt arrivé en Asie Mineure. Déjotar vint le trouver, pour lui présenter ses excuses de ce qu’il avait paru dans le camp de Pompée : Neque enim se judicem debuisse esse controversiarum populi romani, sed parere prœsentibus imperiis[88]. Il devait savoir d’ailleurs qu’au ressentiment possible de César se joignaient les sollicitations des autres tétrarques, qui se plaignaient de ce que, contre toutes les lois et tous les usages, l’héritier de la royauté tolistoboye eût étendu son pouvoir sur leurs États, par la volonté de Pompée[89]. César ajourna sa décision jusqu’après la victoire : ce n’était pas l’ajourner pour longtemps. Cependant il rendit à Déjotar les insignes royaux, qu’il avait déposés, mais que ses rivaux ne lui contestaient pas pour la petite Arménie[90] ; il lui emprunta une légion et de la cavalerie pour cette journée, où, dit Florus (IV, II), l’ennemi fut vaincu avant d’être vu ; cette fois, comme de coutume, l’hyperbole du rhéteur en dit moins que l’exposé du grand capitaine. Le combat fut livré à Zela, lieu rendu fameux par la victoire de Mithridate sur Triarius[91] ; l’armée de Pharnace y fut anéantie[92], et le prince, fugitif avec un millier de cavaliers, alla périr dans son royaume du Bosphore par la révolte d’un de ses lieutenants[93].

Aussitôt après sa victoire, César renvoya ses auxiliaires galates[94]. Il respecta en partie les attributions de territoire faites par Pompée[95], bien que les titulaires se fussent montrés fidèles à leur bienfaiteur ; et, si le royaume de Zela ne subsista pas tel qu’il avait été créé, si le prêtre de Comane (changé lui-même par César[96]) et Atéporix, issu d’une famille de tétrarques gaulois, en eurent une partie[97], il ne paraît pas que ce démembrement appartienne au passage même de César. Mais Déjotar perdit une grande partie de sa puissance. César lui enleva l’autorité suprême en Galatie, tout en lui laissant le titre royal pour lui-même et pour son fils[98] ; mais il ne donna point aux divers tétrarques l’autonomie pure et simple. Il attribua, soit la suzeraineté sur eux, soit une portion du pays, à Mithridate le Pergaménien[99], qui passait pour fils du grand Mithridate, et qu’il fit aussi roi du Bosphore. Mais, quand M. Contzen ajoute[100] que César enleva à Déjotar ses possessions d’Arménie, il oublie que, selon Dion Cassius, dans le passage même qui figure parmi ses autorités (XLI, LXIII), César la partagea de nouveau, après la fuite de Pharnace, entre Ariobarzane et le prince galate ; il est donc visible que l’auteur allemand a confondu la partie et le tout.

Ce fut pour se venger de cette restriction de ses domaines que Déjotar, au dire de son petit-fils Castor, trama un complot contre la vie de César, pendant le passage de celui-ci en Galatie[101]. Le dictateur semble avoir tenu un compte médiocre de cette accusation. Il écouta le plaidoyer de Cicéron, puis ajourna après la guerre des Parthes, c’est-à-dire indéfiniment, l’éclaircissement de cette affaire ou de cette intrigue[102] ; mais Déjotar se vengea cruellement sur sa propre famille. On ne peut guère, en effet, douter que cette dénonciation n’ait été la première cause des scènes affreuses brièvement racontées par Strabon : Déjotar fit périr dans Gorbius, résidence du jeune Castor, le père de celui-ci, c’est-à-dire Saocondat, son propre gendre ; et la mère de Castor, la fille du roi gaulois, fut aussi enveloppée dans cette catastrophe[103]. Cet événement fut sans doute postérieur à la mort de César ; Déjotar reprenait en ce moment sa puissance perdue, qu’Antoine lui rendit ou lui confirma en vertu des volontés, fort complaisantes, comme on sait, du dictateur défunt[104] ; le Pergaménien était mort.

La guerre civile recommença, et Déjotar, après quelques hésitations encore, après avoir repoussé les demandes de Cassius[105], se laissa entraîner vers la cause républicaine par les, instances de Brutus et la domination temporaire que ce parti exerça en Orient. Mais il était maintenant trop âgé pour combattre lui-même. Il envoya à la tête de son contingent son secrétaire, Amyntas, qui passa aux triumvirs entre les deux batailles de Philippes, bien qu’il eût pris part au premier combat dans l’aile victorieuse que commandait Brutus. La défection d’un corps aussi considérable contribua, dit-on, à décider chez Brutus la fatale résolution de livrer un engagement général, et put contribuer à en assurer l’issue[106]. Elle mérita au traître l’amitié du vainqueur.

IV. L’héritage de Déjotar. Règne d’Amyntas. — C’est à cette époque, à ce qu’il semble, que Déjotar mourut, et sans héritier direct, car son fils l’avait précédé[107]. Un certain Castor lui succéda en Galatie[108], et, si rien, dans le texte de Dion Cassius, ne donne à penser qu’il l’ait partagée avec Amyntas, comme le dit l’auteur des Migrations des Celtes[109], la chose n’est pas invraisemblable : la conduite d’Amyntas à Philippes ne devait pas attendre longtemps une récompense des triumvirs. Ce qui est certain, c’est que, peu d’années après, il contribuait à accabler Sextus Pompée[110], et que, déjà maître d’un petit État, il reçut d’Antoine, à cette occasion, une portion de la Pamphylie et de la Lycaonie[111], où il posséda, dit Strabon, plus de trois cents troupeaux[112]. Antoine le déclara en même temps prince des Galates[113].

Que devenait son prédécesseur ou collègue, et qui était-il ? Était-ce le Castor de Phanagorée, récompensé de sa révolte contre Mithridate par le titre d’ami des Romains ? Était-ce le Castor, père de Déjotar-Philadelphe, qui fut le dernier roi de la haute Paphlagonie et qui eut Sangra pour capitale[114] ? Qu, comme le pense Contzen, ce dernier était-il le descendant du Déjotar galate ? Nous n’avons aucun moyen de le savoir avec certitude. Cependant, comme Strabon nous dit que la haute Paphlagonie fut annexée par les Romains après l’extinction de la famille dés anciens rois, et comme Cicéron assure que le gendre de Déjotar était d’une famille obscure, ou pourrait penser que le Castor de Sangra était bien le descendant de Pylamène, qu’il avait épousé une autre fille de Déjotar, dont son fils porta le nom, et qu’il succéda momentanément à son beau-père en Galatie. Qui sait si la rivalité des deux branches n’explique pas l’accusation portée par l’autre Castor ? Wernsdorf (ch. IV, § 26) est d’avis que le successeur de Déjotar était son petit-fils, quoique Dion Cassius l’appelle un certain Castor, et qu’il était le père du Déjotar dernier roi de Paphlagonie.

Un autre dynaste gaulois eut, vers cette époque, une fin tragique. Adiatorix, fils du tétrarque Domnéclée, avait reçu d’Antoine, peu avant la bataille d’Actium, une partie de la ville d’Héraclée, le reste formant une colonie romaine. Il attaqua de nuit cette dernière et fit un grand carnage des habitants ; mais, après la victoire d’Octave, il ne lui servit de rien d’alléguer une commission, vraie ou prétendue, d’Antoine ; il fut traîné en triomphe et mis à mort avec l’un de ses fils[115]. L’ordre portait d’exécuter l’aîné ; mais le second, s’étant présenté aux bourreaux pour sauver la vie de son frère, l’emporta après un long débat, ses parents l’ayant ainsi prononcé, pour que l’aîné, Dytuit, pût être le soutien de sa mère et de son plus jeune frère. Octave, ému à ce récit, mais ne pouvant rendre la vie aux morts, chercha à compenser par des bienfaits la rigueur de sa sentence, et fit de Dytuit un roi-prêtre de Comane[116].

Amyntas, devenu roi, chercha à étendre ses États dans le midi, où il avait déjà des possessions importantes ; et il put le faire aussi bien sous Octave que sous Antoine, car on ne peut douter qu’il n’ait su changer à temps d’amitié. Il devint maître d’Isaura et de Derbé, ville située sur la frontière de l’Isaurie et de la Cappadoce[117], et qu’il enleva à un certain Derbète ; pour Isaura, il la reçut des Romains[118]. Il fit d’Isaura sa capitale, et disposa de tout à son gré dans l’ancienne Isaurie. II était maître aussi d’Antioche de Pisidie et de tout ce canton jusqu’à l’Apolloniade[119], c’est-à-dire jusqu’au territoire d’Apollonie, près d’Apamée Kibotos. Quelques districts de la Parorée (versant du Taurus) lui appartenaient encore. Mais, comme des Ciliciens et des Pisidiens descendaient du Taurus pour faire des courses dans ses domaines de Phrygie et de Cilicie, il résolut d’en finir avec eux et S’empara de plusieurs places considérées jusque-là comme imprenables, entre autres de Cremna[120] ; mais il n’osa attaquer Sandale, située entre cette ville et Sagalassus[121]. Il commença aussi la conquête de l’Omonadée, en Cilicie ; c’était une vallée fertile, située au milieu des escarpements du Taurus[122], près du territoire de Seigé, en Pisidie[123], et dont les habitants, protégés par leur forteresse naturelle, étaient d’infatigables pillards[124]. Leur chef fut tué, mais sa veuve le vengea[125] en faisant tomber Amyntas dans un piège : il fut pris, et les Omonades le mirent à mort. Il fut le dernier prince de la Galatie autonome ; mais on peut dire que, de son temps, l’histoire de la Galatie romaine avait commencé déjà.

 

 

 



[1] Polybe, XXV, IV.

[2] Polybe, XXV, IV.

[3] Diodore, fragm. liv. XXIX.

[4] Diodore, fragm. liv. XXIX, s. a. 182.

[5] Polybe, XXV, IV.

[6] Polybe, XXV, IV.

[7] Diodore, fr. liv. XXIX, s. a. 189. Ce fait est placé, dans les fragments de Diodore, immédiatement avant l’expédition de Léocrite contre Tius (Diodore, t. VI, p. 126, de l’éd. Tauchnitz). La date est celle que nous trouvons dans les fragments de Polybe (éd. Didot) pour le commencement de la guerre, c’est-à-dire encore la troisième année de la 149e olympiade ; et Polybe (ubi supra) nous apprend aussi que le voyage d’Attale à Rome précéda immédiatement cette campagne.

[8] Polybe, XXV, V.

[9] Polybe, XXV, VI.

[10] Polybe, XXVI, VI.

[11] Wie... bei einem Staate dessen Gesammteinrichtungen nur auf Kriege berechnet waren. (§ 40, init.)

[12] Polybe, XXIX, I h. — Diodore, fragm. livre XXX. — Tite-Live, livre XLIV, chap. XLIV.

[13] Um so auffallender als wir kurz vorher noch galatische Reiterei in nicht unbedeutender Anzahl is dem Heere des Königs finden, das unter seiner eignen Anführung den Römern gegen Perseus von Makedonien zu Hülfe zog. — Ce n’est pas ma faute si la traduction historiquement la plus exacte ici du mot Reiterei consiste à ne pas le traduire.

[14] Polybe, XXV, IV.

[15] Diodore, fragm. liv. XXXI. - Polybe, XXX, I-III.

[16] Polybe, XXX, XVII.

[17] Diodore, fragm. du liv. XXXI (t. VI, p. 144 de l’éd. Tauchnitz). C’est par conjecture que je rapporte ce fait à la présente guerre et même aux Gaulois d’Asie. Il précède immédiatement celui auquel j’emprunte la citation ci-dessous.

[18] Tite-Live, XLV, XXXIV.

[19] Polybe, XXXI, II (153e ol. 3e année).

[20] Polybe, XXX, III, fin. (Ad ol. CLIII. a. 1.)

[21] Besonderer Theil, § 39.

[22] Diodore, XXXI, s. a. 167.

[23] Polybe, XXXI, VI.

[24] Polybe, XXXI, VI. — Cf. Diodore, fragm. livre XXXI, a. 167. Il parle de plaintes portées aussi par les Gaulois.

[25] Polybe, XXXI, VI.

[26] Polybe, XXXI, XIII (dernière année de la cent cinquante-troisième olympiade, 165-164).

[27] Besonderer Theil, § 39. — Strabon, XII, II (t. III, p. 10 de l’éd. de Leipzig).

[28] Diodore, fragm. l. XXXIV (t. VI, p. 207, 208).

[29] Besonderer Theil, § 40, init. - Cf. Am. Thierry, Ire partie, chap. II.

[30] Dyteut, fils d’Adiatorix ; il était contemporain de Strabon. (Voyez t. III, p. 42.) Nous avons vu que Ma est la même que Cybèle.

[31] VIII, XXXIX ; et Plutarque, De mulierum virtute.

[32] Cf. A. Maury, Hist. des rel. de la Gr. ant., III, p. 171-176 ; sur l’Artémis-Patroa de Galatie, voyez p. 165. Ce ne devait pas être la même que l’Artémis-Ma de Comane, puisque sa prêtresse gardait une réclusion sévère et n’entretenait aucun rapport avec les hommes, dit M. Maury, qui cite, à ce sujet, des écrits de Plutarque, tandis que Camma était mariée. Il ne faut pas, d’ailleurs, penser ici aux petites tétrarchies fictives de la Galatie romaine, qui ne comprenait pas ce canton.

[33] Appien, De bello mithridatico, XI.

[34] Voyez supra, XII, III.

[35] Voyez Appien, XI-XII. - Cf. Saint Martin, art. Mithridate, dans la Biographie universelle.

[36] Justin, XXXVIII, III.

[37] Appien, XVII ; c’est-à-dire apparemment sur l’Orminius, ou peut-être sur les bords du Sangarius moyen, pour en commander le passage et garder ses communications avec les Galates.

[38] Appien, De bello mithridatico, XVIII. – Strabon, XII, III.

[39] Appien, De bello mithridatico, XVII.

[40] Appien, De bello mithridatico, XIX.

[41] Appien, De bello mithridatico, XX.

[42] Appien, De bello mithridatico, XXI.

[43] Strabon, ubi supra.

[44] Appien, De bello mithridatico, XXII, XXIII.

[45] Plutarque, Sulla, XI.

[46] Appien, De bello mithid., XLI. — Plutarque, XVI-XIX.

[47] Appien, De bello mithid., XLVI. — Plutarque, XX.

[48] Appien, De bello mithid., XLVI.

[49] Plutarque, De mul. virt.

[50] Il paraît donc qu’il y en avait encore douze.

[51] Appien, De bell. mithr., ub supra.

[52] Appien, De bell. mithr., ub supra.

[53] Appien, De Bell. mithr., LXIX.

[54] Plutarque, Sertorius, XXIII.

[55] Mithridate, dit la traduction d’Amyot, quand ce vint à la seconde guerre, reséca toute pompe superflue de son armée..... au contraire fit forger des espées longues et fortes à la romaine, des boucliers pesants et massifs, et il eut 120.000 hommes ordennez et équippez ne plus ne moins qu’une bataille de Romains.

[56] Plutarque, Lucullus, XI.

[57] Appien, De bello mithridatico, LXXV.

[58] Memnon, Ap. Phot., p. 235.

[59] Appien, De bello mithr., CVIII, CIX.

[60] Appien, De bello mithir., CXI.

[61] Appien, De bello mithr., CXIV.

[62] Strabon, XII, V.

[63] De bello al., LXVII. — Strabon dit ailleurs, nous l’avons vu, que Pompée donna quelques cités aux descendants de Pylamène, comme les Gaulois à leurs tétrarques.

[64] Strabon, t. III, p. 23 (éd. Tauchnitz). — Pompée fonda Nicopolis dans la petite Arménie et colonisa Eupatoria, sous le nom de Magnopolis. (Appien, De bello Mithr., CXV.)

[65] Strabon, p. 35.

[66] Strabon, p. 38.

[67] Ptolémée, V, VI, § 4 et 10.

[68] Ptolémée, V, VI, § 3 et 9.

[69] Strabon, p. 45.

[70] Quelques années après, on voit chez les Trocmes la royauté éphémère d’un certain Brogitar, φιλορωμαιον, comme il s’appelle sur sa monnaie, aux types du Jupiter de Tavia et de la couronne de chêne. Aux monogrammes de Tavia et des Trocmes, la pièce joint l’initiale de Pessinonte. (De Luynes, Revue numismatique, tome X, 1845.)

[71] Pro rege Dejotaro, IX.

[72] Pro rege Dejotaro, XIII, XIV.

[73] Ad eum igitur rex Dejotarus venit... quocum erat non hospitio solum, verum etiam familiaritate conjunctus. (Pro rege Dejotaro, V.)

[74] Is rex quem senatus hoc nomine sæpe honorificentissimis decretis appellavisset. (Pro rege Dejotaro, III.)

[75] Quique ilium ordinem ab adolescentia gravissimum sanctissimumque duxisset. (Pro rege Dejotaro, III.) Qui senatui parere didicisset. (ibid., V.)

[76] Usque eo se tenuit quoad a Cn. Pompeio ad eum legati literæque venerunt. (Pro rege Dejotaro, IV.)

[77] Cicéron, Pro rege Dej., III.

[78] Postremo vent ut ad fugientem, non ut ad insequentem. (Pro rege Dej., V.)

[79] Pro rege Dej., V, X.

[80] Dion Cassius, XLI, LXIII.

[81] Cicéron, Pro rege Dej., V, IX. — Cf. De Bello alex., XXXIV.

[82] De Bello alex., XXXIV. - Dion Cassius, XLII, XLV.

[83] De Bello alex., XXXIV.

[84] De Bello alex., XXXIV.

[85] De Bello alex., XXXV.

[86] De Bello alex., XXXVI, XXXVII.

[87] De Bello alex., XXXVII à XLI. — Dion Cassius, XLII, XLVI.

[88] De bello alex., LXVII.

[89] De bello alex., LXVII.

[90] De bello alex., LXVIII.

[91] De bello alex., LXXII.

[92] De bellot alex., LXXIV-LXXVI. L’auteur semble avoir été témoin oculaire. (Voyez LXXIV.) — Dion Cassius, XLII, XLVII. — Appien, De Bello mithridatico, CXX.

[93] Dion Cassius, XLII, XLVII ; cf. XLVI. — Appien, ubi supra.

[94] De Bello alex., LXXVII.

[95] Appien, De Bello mithr., CXXI.

[96] De Bello alex., LXVI.

[97] Strabon, t. III, p. 44. Ce dernier État ne fut que viager.

[98] Cicéron, Pro rege Dej., IX.

[99] Tetrarchiam Gallo-græcorum, dit l’auteur de la Guerre d’Alexandrie (LXXVIII) ; Τετραρχίαν τε έν Γαλατία καί βασιλείας όνομα, dit Dion Cassius (XLII, XLVIII). — Wernsdorf fait observer qu’il était, par sa mère, issu des tétrarques gaulois.

[100] § 42, sub init.

[101] Voyez Cicéron, Pro rege Dej., VI, VII, X.

[102] Voyez Contzen, § 42, sub init.

[103] Strabon, XII, V.

[104] Voyez Contzen, § 42, sub init. Il cite la deuxième Philippique.

[105] Dion Cassius, XLVII, XXIV. — Contzen, ubi supra.

[106] Dion Cassius, XLVII, XLVIII. — Contzen, ubi supra. — Wernsdorf, ch. IV, § 25. Cet écrivain fait monter, d’après Appien, le corps galate à 5.000 cavaliers et une division d’infanterie.

[107] Contzen, ubi supra.

[108] Dion Cassius, XLVIII, XXXII.

[109] Ubi supra. — Wernsdorf le conjecture aussi d’après Strabon, mais dit avoir lu dans Appien qu’Antoine le fit roi de Pisidie (§ 26).

[110] Appien, De bell. civ., V, CXXXVII, CXL-CXLI.

[111] Dion Cassius, XLIX, XXXII.

[112] Strabon, t. III, p. 58. C’est là que se trouvaient la ville d’Iconium et les lacs Coralis et Trogilis. — Cf. Dion Cassius, ubi supra.

[113] Dion Cassius, ubi supra. — Il existe des pièces d’Amyntas en grand nombre, provenant, pour la plupart, de découvertes assez récentes. Celles que l’on connaissait depuis longtemps portaient le nom du roi et des images de divinités grecques, Hercule, Artémis, Hermès. Quant aux tetradrachmes de ce prince, trouvés en Asie, vers le milieu de ce siècle, M. de Luynes fait observer qu’ils ont une ressemblance frappante avec ceux de Sidé, sur la côte de Pamphylie, qui pourtant ne fut pas cédée au roi des Galates, et, trouvant sur une de ces pièces le chiffre I B (de l’ère césarienne d’Antioche), c’est-à-dire l’an 36 avant notre ère, il en conclut que c’est là une médaille commémorative de l’avènement d’Amyntas, demandée par lui aux artistes de Sidé, lorsqu’il vint recevoir du triumvir la souveraineté d’une partie de la Pamphylie. (Revue de numismatique, tome X, pages 253-965.)

[114] Strabon, t. III, p. 49.

[115] Strabon, t. III, p. 17.

[116] Strabon, t. III, p. 42-43.

[117] Dans l’Antiochienne, au sud-ouest de la Lycaonie (Ptolémée, V, VI, § 16-17) — Nous verrons bientôt que le Pont galatique et la petite Arménie étaient probablement détachés alors de la Galatie.

[118] Strabon, t. III, p. 59 (édition Tauchnitz).

[119] Strabon, t. III, p. 59-60.

[120] En Pisidie, aussi bien que Selgé, Pednelissus, Sagalassus, Sinda et Termesse (Strabon, t. III, p. 61). - Pour Pednelissus et Selgé, voyez Schönborn, Beiträge Zur Geographie Kleinasiens, p. 90-94. — Ptolémée V, LIIII-LXXVI. — Strabon, t. III, p. 62-63. — Cremna est à l’ouest de Pednelissus, un peu au nord-est de Selgé, selon Ptolémée (V, V, § 8).

[121] Strabon, t. III, p. 60.

[122] Strabon, t. III, p. 59-60.

[123] Strabon, t. III, p. 61.

[124] Strabon, t. III, p. 60-61.

[125] Strabon, t. III, p. 59-60.