HISTOIRE DU PEUPLE D’ISRAËL

TOME QUATRIÈME

LIVRE IX. — AUTONOMIE JUIVE

CHAPITRE XIV. — FIN DES ASMONÉENS. CONQUÊTE ROMAINE.

 

 

Dès qu'il apprit la mort de sa mère, Aristobule, s'appuyant sur les corps disséminés en province, s'attribua le titre de roi, tandis que Hyrcan, déjà grand-prêtre, était proclamé à Jérusalem. La bataille entre les deux frères eut lieu près de Jéricho.. Les soldats de Hyrcan passèrent presque tous à Aristobule ; l'inepte grand-prêtre alla se réfugier dans Baris, puis capitula. Aristobule devint roi et pontife[1] ; Hyrcan ne garda que le droit de jouir de sa fortune dans une complète oisiveté. Son misérable règne avait duré trois mois.

Il semble qu'un tel état de choses aurait pu être durable ; mais les mauvaises mœurs de la Syrie avaient totalement gâté Israël ; le minimum de moralité sans lequel une dynastie ne peut durer n'existait plus. Le faible Hyrcan fut le jouet d'intrigues, auxquelles son esprit borné le livrait sans défense. Le mal vint surtout d'une grande famille iduméenne, qui, dès à présent, va jouer dans les affaires juives un rôle capital[2].

Alexandre Jannée avait choisi pour gouverneur de l'Idumée, un certain Antipater[3], probablement originaire de la ville libre d'Ascalon, qui s'était laissé circoncire lors de la conquête du pays par Jean Hyrcan. Son fils Antipater occupa probablement la même position après lui. Vers le moment où nous sommes, il naissait à ce dernier un fils que nous verrons appelé aux plus extraordinaires destinées ; il sera roi en Jérusalem.

Antipater n'était un Juif fervent ni par la religion, ni par le patriotisme. Ses rapports étaient surtout avec les Nabatéens de Pétra ; il avait avec Hareth III Philhellène les relations les plus intimes. Brave et entreprenant, Aristobule ne pouvait servir les projets d'un tel ambitieux. Le faible Hyrcan, au contraire, était bien ce qu'il lui fallait. Antipater lui répétait sans cesse qu'il était le souverain légitime. Il lui fit croire que sa vie n'était plus en sûreté à Jérusalem et le détermina à se réfugier à Pétra, chez Hareth, roi des Nabatéens. Antipater persuada à Hareth de ramener Hyrcan dans ses États, à condition que Hyrcan rétabli rendrait aux Arabes les villes que son père Alexandre Jannée leur avait prises.

Aristobule, battu par Hareth, alla se renfermer dans l'enceinte du temple. Jérusalem se partagea entre les deux frères ; le siège du temple fut commencé ; la guerre civile fut ardente sur la colline sacrée. Les vrais Juifs, indignés, quittèrent la ville et se réfugièrent en Égypte, pour n'avoir pas de contact avec les profanateurs.

Le siège se prolongea. A la fête de Pâques (de l'an 65), les assiégés n'avaient pas de victimes ; ils en demandèrent à prix d'or aux assiégeants, qui les trompèrent, ou, selon d'autres, leur firent monter un porc[4]. Un certain Onias, saint homme, fut plus sage. Il passait pour thaumaturge[5] ; les partisans de Hyrcan l'amenèrent de sa cachette pour maudire Aristobule et ses gens : Ô Dieu, roi de l'univers, dit-il, puisque les gens que voilà autour de moi sont ton peuple, et que les assiégés sont tes prêtres, je te prie de ne pas exaucer ceux-là contre ceux-ci, et de ne pas réaliser ce que ceux-ci te demandent contre ceux-là. Le saint homme avait raison ; aussi tout de suite fut-il lapidé[6].

Or, pendant que les fils d'Israël se livraient ainsi à une guerre abominable autour de la maison de Dieu, une force colossale courait le monde, broyant tout sur son passage, mais rétablissant partout la paix et même un semblant de raison. Rome, depuis plus d'un siècle, régnait, moralement parlant, en Orient, par son influence, qui faisait et défaisait les rois, donnait une victoire assurée à celui qui s'appuyait sur elle. Maintenant, c'est l'armée romaine elle-même qui parcourt l'Asie comme un rouleau terrible, auquel ni les armées assyriennes, ni les armées perses, ni l'armée d'Alexandre n'auraient pu être comparées. Mithridate a été enlevé comme une paille par le torrent auquel il voulait opposer une digue. Pompée est en Arménie, maître absolu de l'Asie. C'est lui qui va d'un vigoureux coup de poing mettre un terme à ces divisions misérables, à ces dynasties locales, à ce système de mercenaires, sous lesquels la Syrie agonisait. Rome ne s'occupe pas de religion ; elle laisse cette question à la liberté de chacun ; voilà son immense supériorité. Rome est une raison grossière ; mais c'est une raison. Elle ne fera pas la sottise d'Antiochus Épiphane ; elle gardera la religion romaine pour les Romains[7]. Mais elle donnera au monde ce dont il a soif, la paix, l'ordre, la possibilité pour l'individu de vivre à sa guise sous la haute protection de l'État.

Tous les égoïsmes étaient ainsi satisfaits. Rome avait la domination ; le provincial avait le repos. Par suite de cette envie, souvent déplacée, parfois bienfaisante, de mettre la main sur tout ce qui remuait, Rome devenait vite la policière des pays où la portait son ambition. La police est une chose excellente, pourvu qu'elle soit bien faite. Celle de Rome l'était presque toujours. Du fond de l'Arménie, Pompée surveillait l'Orient. Il envoya en Syrie Æmilius Scaurus, son lieutenant (65 av. J.-C.). Toutes les villes, tous les dynastes se livrèrent à l'instant à un assaut de bassesses pour obtenir ses faveurs. Tyr lui éleva une statue et le nomma son patron[8]. Les deux partis qui se battaient autour du temple de Jérusalem lui envoyèrent un ambassadeur. Chacun d'eux offrait quatre cents talents. Scaurus eut plus de confiance dans les propositions d'Aristobule et se décida pour lui. Hareth leva le siège au plus vite et regagna Pétra, poursuivi par les forces d'Aristobule. Aristobule régna ainsi quelque temps, s'appuyant sur l'armée, faisant sur terre et sur mer des expéditions que l'on qualifiait de forbanneries[9], et qui peut-être y ressemblaient beaucoup.

Au commencement de 63, Pompée, après avoir exercé en Syrie une sorte d'inspection de police et exécuté un certain nombre de tyrans, dont quelques-uns étaient juifs[10], arrivait à Damas, où la Syrie, l'Égypte, la Judée vinrent lui rendre hommage. L'envoyé d'Aristobule lui apporta une vigne d'or du prix de cinq cents talents, qui fut déposée au temple de Jupiter Capitolin, à Rome[11]. Une sorte de procès, sous la présidence de Pompée, eut lieu à Damas. La nation juive y fut représentée par un avocat. Au nom du peuple juif, cet avocat soutint, dit-on, que l'ethnos juif était également détaché des deux compétiteurs, qu'il n'avait aucune préférence pour la royauté, que la coutume nationale était d'obéir aux prêtres du Dieu qu'on adorait, que les deux rivaux, issus de la race des prêtres, cherchaient à changer la forme du pouvoir et à faire d'eux des esclaves[12].

Aristobule affectait un air dur, violent, agressif, qui déplut à Pompée. Celui-ci ne voulut pas se prononcer sur-le-champ ; il tâcha de calmer les deux rivaux et annonça qu'il viendrait à Jérusalem quand il aurait réglé les affaires des Nabatéens. La conduite d'Aristobule, dans les mois qui suivirent, fut un tissu d'inconséquences, de manques de parole, d'étourderies. Il eût préféré recevoir la couronne de Pompée, qui la lui eût par cela même garantie ; mais il ne reculait pas devant l'idée folle de tenir tête aux Romains. Pompée s'impatientait. Son camp était dans la plaine de Jéricho. Un matin il partit pour Jérusalem. Toutes les finesses d'Aristobule lui retombaient sur la tête. Vers le milieu de la route, Pompée le voit venir à lui, plein de protestations, s'offrant pour introduire lui-même pacifiquement les Romains dans Jérusalem. Pompée accepte, envoie Gabinius, un de ses lieutenants, pour prendre possession de la ville. Rien n'était vrai dans ce qu'avait dit Aristobule. Gabinius fut fort mal reçu. Pompée, furieux, fait mettre Aristobule en prison et s'approche de Jérusalem pour en faire le siège[13]. Il était dans le caractère de Pompée de tout grossir et de faire des esclandres avec ce qui ne le regardait qu'à demi.

L'armée assez solide d'Aristobule était l'élément qui portait le plus à la résistance. Les pharisiens, en somme indifférents, étaient plutôt pour qu'on reçût les Romains sans coup férir. Hyrcan agissait activement pour que la population ne fit pas cause commune avec son frère. Ce ne fut pas une guerre contre le peuple juif, mais seulement contre le parti d'Aristobule et ses mercenaires.

La ville proprement dite fut ouverte à Pompée ; son légat Pison prépara toutes choses ; le général romain s'installa dans le palais royal des Asmonéens, à deux pas du mur d'enceinte du temple. Les soldats et quelques prêtres se renfermèrent dans l'enceinte sacrée ; on coupa le viaduc qui mettait le temple en communication avec la ville, pardessus la vallée de Tyropœon. L'attaque se fit surtout par le côté nord. Hyrcan aidait de toutes ses forces les travaux des Romains ; les terrassements durent être énormes. On fit venir de Tyr les machines de siège, et bientôt on put lancer sur le temple des quartiers de rochers. L'espèce de frénésie avec laquelle les Juifs s'attachent à la pratique, quand des difficultés particulières s'y opposent, alla dans cette circonstance jusqu'à la folie. Le principe adopté était que, le jour du sabbat, on pouvait repousser les attaques et rendre coup pour coupa mais non empêcher l'ennemi de faire les travaux que bon lui semblait. Cela nuisit beaucoup aux assiégés ; l'ennemi préparait sans obstacle ses machines le samedi, et s'en servait le lendemain. Malgré les pierres qui tombaient sur le temple, le culte ne fut pas interrompu un seul jour ; le sacrifice perpétuel, qui se célébrait le matin et à la neuvième heure, ne manqua pas une fois. Le jour de l'assaut final, le carnage fut horrible autour du sanctuaire ; ceux qui étaient chargés du culte n'en continuèrent pas moins, dit-on, les cérémonies habituelles.

Le 10 octobre de l'an 63, après un siège de trois mois, la brèche s'ouvrit largement par la chute de la principale tour. L'armée romaine s'avança comme une force irrésistible ; Cornélius Faunus, fils de Sylla le dictateur, monta le premier à l'assaut avec sa cohorte.

Les partisans d'Aristobule se défendirent énergiquement ; presque tous furent tués ou se tuèrent de désespoir. Comme la ville proprement dite était avec les assaillants, l'ordre fut bien vite rétabli ; les pertes des Romains avaient été très faibles.

L'exploit n'avait rien eu de bien difficile, en effet, et les gens d'esprit de Rome, même dans le parti de Pompée, Cicéron par exemple, quand ils voulaient rappeler le penchant qu'avait ce grand capitaine, un peu solennel, à triompher pour peu de chose, l'appelaient Hierosolymarius[14]. Se faire décerner un triomphe pour la prise d'une bicoque, d'un temple ! cela fut trouvé un peu ridicule. Pompée, malgré son grand mérite, était porté à l'emphase et à exagérer toutes choses par vanité.

Pompée, entouré de ses officiers, entra dans le temple, pénétra jusqu'au fond du sanctuaire, vit la table d'or, le chandelier, les patères, les parfums entassés, et, dans les trésors, des monceaux d'or allant à deux mille talents. Il ne toucha à rien, se comporta avec la plus grande décence[15]. Les Juifs en furent émus, presque fiers. Le lendemain, le général romain fit tout nettoyer et ordonna de reprendre la liturgie journalière.

Ainsi tomba, vers la fin de l'an 63 (l'année du consulat de Cicéron), la royauté sortie de l'héroïsme des Asmonéens et qui n'avait jamais été qu'un contresens. Les Juifs furent très peu sensibles à cette chute. Les sources talmudiques ne mentionnent pas le siège de Pompée ; la Megillath Taanith, le livre des jeûnes, qui consacre des anniversaires insignifiants, n'a pas de souvenir pour cet événement. Les vaincus de l'an 63 n'eurent pas la consolation ordinaire des vaincus, qui est de noircir leurs vainqueurs. Pompée ne fut nullement traité par la légende comme Nabuchodonosor et Titus. On admira sa modération ; on trouva qu'il s'était comporté selon ce que l'on attendait de sa vertu[16]. Pas une trace de deuil ni de colère. Quand on compare cela au siège qui eut lieu cent trente-trois ans plus tard ! La chute des Asmonéens fut évidemment une délivrance, un soulagement pour Israël[17].

Israël, en effet, en était venu à se réduire exclusivement au parti pharisien. Le parti pharisien était to ethnos, et ce parti n'aimait pas la royauté. En somme, il n'y eut de vaincu par Pompée que le parti militaire, patriote, si l'on veut. Si l'auteur du premier livre des Macchabées vivait encore en 63, il dut faire d'amers retours, en relisant ce qu'il avait écrit une trentaine d'années auparavant, dans son enthousiasme républicain :

Cependant Juda entendit le nom des Romains, combien ils étaient forts et puissants, combien ils montraient de bienveillance à tous ceux qui s'attachaient à eux, quelle fidélité ils gardaient à leurs alliés. On lui raconta leurs guerres, les exploits par lesquels ils s'étaient signalés contre les Gaulois[18], comment ils les avaient vaincus et rendus tributaires ; puis, ce qu'ils avaient fait en Espagne... qu'ils restaient invariablement les amis de ceux qui s'étaient confiés à eux, tandis qu'ils réduisaient tous les royaumes voisins ou éloignés, et que tous ceux qui entendaient leur nom les craignaient ; qu'ils venaient en aide à qui ils voulaient et qu'ils étaient arrivés au plus haut degré de puissance ; et qu'avec tout cela, nul d'entre eux n'avait ceint le diadème ou revêtu la pourpre, pour faire parade de magnificence ; mais qu'ils s'étaient créé un sénat, où chaque jour trois cent vingt conseillers s'assemblaient pour délibérer sur le bien-être du peuple ; et qu'ils confiaient le gouvernement chaque année à un seul homme, qui devenait ainsi le chef de tout leur pays, et à qui tous obéissaient ; que chez eux il n'y avait ni cabales ni envie...

Voilà celui qui dut éprouver une déception. Quant au peuple, pourquoi eût-il pris le deuil ? Non seulement le peuple n'aimait pas la royauté ; il se souciait peu de l'indépendance nationale ; il ne voulait que la liberté religieuse ; il ne tenait qu'à un état de choses où il pût librement pratiquer la loi et se livrer à ses subtilités de casuistique. Les pharisiens, au fond, préféraient Rome, qui ne s'occupait pas de religion, à une dynastie, nationale, il est vrai, mais antipathique le plus souvent à leurs idées. Au fond, le pharisien était opposé à la politique. La politique, de façon ou d'autre, amène l'inégalité des classes. Le Juif est démocrate par nature ; il a le goût de l'égalité ; il n'aime pas la force armée ; il n'admet d'autre mérite que la sainteté. Le docteur, qui explique la Loi, est pour lui plus que le prêtre, plus que le prince, plus que le temple, plus que la patrie.

Ainsi le pharisaïsme sortit plus fort d'une crise qui semblait devoir être le tombeau de la nation. Le prêtre, d'après la constitution juive, était l'aristocrate, le riche. La petite aisance des pharisiens était une critique du luxe de ces hauts personnages. Nous avons à cet égard un témoignage du temps même où nous sommes. Strabon, qui s'occupa des Juifs avec tant de conscience, les questionnant sur leur organisation intérieure, tomba sur un Juif libéral, opposé au sacerdoce et au pouvoir temporel. Il eut de la peine à se faire une idée claire de ses sentiments à l'égard du temple : Ils le détestent comme repaire de tyrans ; ils le révèrent comme sanctuaire[19]. Les paroles, vraies ou supposées, que Josèphe prête à l'avocat, en y admettant même un peu de rhétorique, sont de la plus pure démocratie. La révolution opérée par Pompée fut ainsi considérée comme s'étant faite au profit du peuple[20]. La nationalité fut perdue ; mais en fait, la république gagna. Aime le travail, hais la domination et n'aie aucun rapport avec l'autorité[21] était une maxime de Schemaïah, successeur de Siméon ben Schatah, peut-être en souvenir du temps d'Alexandra, après lequel le parti pharisien paya si durement la faute qu'il avait commise de s'occuper de politique.

Hyrcan fut naturellement confirmé par Pompée dans le pontificat ; mais toute autorité profane lui fut enlevée[22]. Le grand-prêtre fut vassal de Rome, nommé par l'autorité romaine[23]. Ceux qui avaient le plus poussé à la guerre furent décapités. Jérusalem devint tributaire des Romains. Les conquêtes de Jean Hyrcan et d'Alexandre Jannée en Cœlésyrie furent annulées. Toute la côte fut perdue. Les villes libres que les Juifs avaient détruites ou assujetties, Hippos, Scythopolis, Pella, Dium, Marissa, Azote, Jabné, Aréthusa, Gaza, Joppé, Dora, la tour de Straton, furent rendues à la liberté. Gadare, que les Juifs avaient détruite peu auparavant, fut rebâtie par l'ordre de Pompée, à la prière de Démétrius de Gadare, son affranchi.

Samarie ne fut pas reconstruite encore ; mais le joug affreusement dur que les Juifs avaient fait peser sur leurs frères schismatiques fut levé. La Samarie ne dépendit plus de la Judée. Le domaine juif se composa de deux groupes territoriaux, la Judée et la Galilée, séparés par une zone hostile, la Samarie.

La Syrie tout entière devint une province romaine ; Scaurus en fut le premier proconsul. Au milieu de ce monde de haines et de rivalités, ce fut comme un podestat, comme le pacier du moyen âge. La justice romaine coûtait cher : plus de dix mille talents furent payés en peu de temps[24]. Mais l'occupation romaine n'en fut pas moins une œuvre bienfaisante, une œuvre de délivrance. Les villes libres de la région du Jourdain, ce qu'on appellera bientôt la Décapole, doivent leur existence à Pompée et sont datées par l'ère de Pompée (64-62)[25]. Le passage de Pompée fut pour tout l'Orient une renaissance ; ce fut aussi la chose la plus heureuse pour l'évolution du judaïsme. Le christianisme n'aurait pu se développer sous une monarchie nationale, le plus lourd des obstacles à la liberté.

Le malheureux Aristobule suivait son vainqueur, enchaîné, avec ses deux fils et ses deux filles. Un des fils, Alexandre, s'échappa. Un autre, Antigone, fut conduit à Rome avec ses deux sœurs, et figura au triomphe de Pompée (64)[26]. Un très grand nombre d'esclaves juifs furent amenés à Rome à cette occasion ; ils servirent de noyau à la colonie juive de Rome, qui eut de si brillantes destinées[27].

 

 

 



[1] Josèphe, Ant., XV, III, 1 ; XX, X.

[2] L'origine iduméenne de la famille d'Hérode est certaine. Josèphe, B. J., I, VI, 2. Ce que dit Nicolas de Damas (dans Josèphe, Ant., XIV, I, 3) d'une origine purement juive est une flatterie à l'adresse d'Hérode. La version d'une origine infâme, propagée par Jules Africain, est une invention des chrétiens et, ce semble, de la famille de Jésus, Origines du christ., V, p. 190. Quant à l'origine ascalonite, elle est assez probable. Hérode fait des constructions à Ascalon, y a un palais, qui passe après sa mort à Salomé (Josèphe, Ant., XVII, XI, 5 ; B. J., I, XXI, 11 ; II, VI, 3) ; les noms d'Antipater et d'Hérode sont ascalonites (Corpus inscr. semit., 1re partie, n. 115 ; Corpus inscr. lat., t. X, n° 1746) ; les monnaies d'Ascalon paraissent avoir des analogies juives (Saulcy, Ann. Soc. num., III, 253-258). La fable répandue par Jules Africain a. pour point de départ l'origine ascalonite : Ascalon aura conduit la pensée au temple d'Ascalon ; le temple, aux hiérodules. Le témoignage de saint Justin (Dial., 52) est indépendant de ladite fable. L'objection c'est qu'Ascalon n'a jamais été du domaine juif, ni même de celui des Hérodes.

[3] C'est par erreur que Jules Africain (II, XXIX) nomme Hérode le grand-père d'Hérode le Grand ; il s'appelait Antipater.

[4] Josèphe, Ant., XIV, II, 2 ; B. J., I, VI, 2 ; Talmud de Jérusalem, Berakoth, IV, 1 ; Talmud de Babylone, Berakoth, 7 b ; Sota, 49 b ; Menahoth, 64 b ; Baba Kama, 82 b.

[5] Derenbourg, p. 112, 115.

[6] Josèphe, Ant., XIV, II, 1.

[7] Cuique genti sua religio est ; nostra nobis.

[8] Miss. de Phénicie, p. 533 et suiv.

[9] Josèphe, Ant., XIV , III, 2.

[10] Josèphe, Ant., XIV, III, 2. Σίλας ό Ίουδαΐος, tyran de Lysiade. Dionysios de Tripoli est probablement le Bacchius Judæus du denier d'argent d'Aulus Plautius. Voir Schürer, p. 237, note 13 a.

[11] Josèphe, Ant., XIV, III, 1 (la citation de Strabon va jusqu'à la fin du paragraphe). Strabon la vit : l'inscription était ΑΛΕΞΑΝΔΡΟΥ ΒΑΣΙΛΕΩΣ ΙΟΥΔΑΙΩΝ. Il faut supposer que l'objet avait été fait sous Alexandre Jannée, gardé à Jérusalem dans le trésor, et donné seulement par Aristobule.

[12] Josèphe, Ant., XIV, III, 2. Cf. Strabon, XVI, II, 37 et 40.

[13] Josèphe, Ant., XIV, IV, 2-4 ; B. J., I, VII, 3-5 ; Dion Cassius, XXXVII, 16 ; Strabon, XVI, II, 40 ; Tite-Live, Epit., 102 ; Tacite, Hist., V, 9 ; Appien, Syr., 50 ; Mithrid., 106.

[14] Cicéron, ad Att., II, 9. C'est le plus ancien exemple du nom de Hierosolyma pour Jérusalem. Peut-être se mêla-t-il à cette transcription une pointe d'ironie.

[15] Cn. Pompeius captis Hierosolymis victor ex illo fano nihil attigit. Cicéron, Pro Flacco, 67.

[16] Josèphe, Ant., XIV, IV, 4.

[17] Josèphe, Ant., XIV, V, 4. B. J., I, VIII, 5. Voir Psautier de Salomon, ps. XVII. Les versets 6, 7, 8, 21-22 contiennent les allusions les plus malveillantes contre les Asmonéens.

[18] Conquête de la Gaule cisalpine en 183.

[19] Strabon, XVI, II, 37, 40. Cf. Origines du christ., t. IV, p. 287.

[20] Josèphe, Ant., XIV, IV, 5.

[21] Pirké Aboth, I, 9.

[22] Josèphe, Ant., XX, X.

[23] Comparez les patriarches et évêques d'Orient, nommés par le Grand Turc.

[24] Josèphe, Ant., XIV , IV, 5.

[25] Schürer, I, p. 240, 669 ; II, 50 et suiv. 240 (résumant Norris, Belley, Eckhel, Mionnet, de Saulcy).

[26] Josèphe, XIV, IV, 5 ; B. J., I, VII, 7 ; Plutarque, Pompée, 45 ; Appien, Mithrid., 117. Comparez Psautier de Salomon, ps. XVII, v. 14.

[27] Philon, Leg. ad Caium, § 23 ; Ps. de Sal., XVII, 14. Voir Origines du christ., t. III, p. 177-181.